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mercredi 17 juin 2020

DONO (Don Sauveur PAGANELLI)

Mon grand-oncle Don Sauveur Dominique Antoine Paganelli, Dono pour les intimes (déformation du corse Donu), né le 4 août 1888 (acte n° 17) à 4 heures du matin à Sainte-Lucie-de-Tallano, canton de ce nom, Corse (actuelle Corse-du-Sud), décédé le 19 juin 1979 (acte n° 390) à 12 heures 30 avenue Napoléon III, à Ajaccio (Corse-du-Sud).Il fut universitaire, haut fonctionnaire et essayiste.


A / Généalogie
B / Biographie
C / Ouvrages publiés
D / Bibliographie



A / Généalogie :

Ses parents :
 - Marc Marie Paganelli, né à Sartène (Corse-du-Sud) le 6 juillet 1866 (vue 81D/143), commis auxiliaire puis employé des Postes et Télégraphes, puis comptable et fondé de pouvoir, et

 - Marie Françoise Orsatti, née à Ghisoni (Haute-Corse) le 4 octobre 1862, sans profession.
Marc Marie Paganelli était fils d'Antoine Marc Paganelli, laboureur et journalier, et d'Angèle Marie Olivieri, ménagère.
 - Mariage AM Paganelli x AM Oliviéri le 12 février 1866 à Sartène.


Antoine Marc (Anton Marco) Paganelli (1) né à Foce (Corse-du-Sud, arrondissement de Sartène, canton de Sartenais-Valinco) le 15 octobre 1829 (vue 69D/183), laboureur-journalier, fils de
 - feu Michel Paganelli décédé à Foce le 26 mai 1858 et de - feue Angèle Marie, décédée à Foce le 2 juin 1858,
ET
Angèle Marie Olivieri, née à Zérubia, canton de Scopamèna, arrondissement de Sartène, le 8 mars 1827 (vue 76G/237), fille de
 - Louis Olivieri, né en 1790, décédé à Zérubia le 15 mars 1829 (vue 96G/237) et de - Marie Félicité née Tramoni, née à Molo hameau de Sartène en 1791, décédée à Zérubia le 4 septembre 1854 (vue 44/126).
en présence des nommés Olivieri Alphonse 55 ans [né en 1811] propriétaire, frère de l'épouse et Paganelli Charles 42 ans frère de l'époux.


1. Secondes noces le 21 novembre 1877 à Sartène (vues 93D-94/150):
Paganelli Paul Marie, 28 ans, né dans la commune de Foce le 4 janvier 1850 (vue 100G/117), laboureur, fils majeur
 - du nommé Paul Marie Paganelli dit Antoine Marc, né vers 1825, journalier domicilié à Sartène, et de
 - feue Anne Marie née Andréani, née vers 1825
ET
la demoiselle Andréani Blanche Marie, 24 ans, née dans le courant du mois de novembre 1854 à Saint Michel territoire de Sartène, bergère, fille de
 - Paul Noël Andréani et de
 - Marie Angéline Alfonsi.

en présence de Paganelli Michel 24 ans frère de l'époux, Andréani Pierre Marie, 35 ans, frère de l'épouse.

Marie Françoise Orsatti était la fille de Don Sauveur Orsatti (d'où le prénom de mon grand-oncle), né en 1822 à Sainte-Lucie-de-Tallano,
(fils légitime de Orsatti Jean Augustin et de Marie Françoise Quilichini),
maréchal des logis de gendarmerie à pied, décédé à Sainte-Lucie-de-Tallano le 8 septembre 1870 (vue 217D-218G/229), et d'Angèle Marie Filippi, propriétaire, demeurant à Sainte-Lucie-de-Tallano.

Mariage MM Paganelli x MF Orsatti le 18 avril 1887 à Sartène (Corse-du-Sud), acte N° 10.


Village natal du grand-oncle Dono,
Sainte-Lucie-de-Tallano (Corse-du-Sud)


B / Biographie :

Études au collège Rollin (devenu depuis lycée Jacques-Decour) de Paris et à la Faculté de lettres (Sorbonne) de Paris. 

1908 :


Mariage le 11 juillet 1919 à Paris IIIe arrondissement à trois heures du soir avec la sœur unique de ma grand-mère corse Marie Madeleine, Jacqueminette Baptistine Olivieri (née le 24 juin 1895 à Ajaccio, sans profession, décédée le 18 janvier 1984 à Ajaccio.), " Tantine " pour les intimes. Ils n'ont pas eu d'enfants.
Témoins du mariage :
Louis Ornano, 59 ans, chef de service dans une compagnie d'assurances, oncle de l'époux ;
Alphonse Olivieri, 29 ans, interne en médecine, cousin de l'épouse ;
Édouard Éon, 47 ans, carrossier, beau-frère de l'épouse ;
Paul Olivieri, 30 ans, inspecteur au Contentieux du Phénix espagnol, cousin de l'épouse.

Domicile parisien : rue d'Orsel, 18e, puis Bd du Temple, 3e. Agrégé de lettres classiques, il fut notamment professeur délégué au lycée Charlemagne à Paris en 1919 puis au lycée de Reims (Marne) jusqu'en 1922, inspecteur d'académie du Gard, et inspecteur général (lettres) de l'Enseignement secondaire.

Il fut aussi résistant (contact dès décembre 1942, action individuelle jusqu'en janvier 1944, entre alors au Front national), puis il fut le 56e préfet du Gard : d'abord désigné dans la clandestinité par le MLN et le Front national pour occuper ces fonctions, puis nommé par le général de Gaulle à la Libération, du 25 août 1944 jusqu'à sa démission le 1er février 1946 ; il participa assez activement à l'Épuration.

« Il fallait faire vite, aussi a-t-on improvisé, et les groupes de résistance, les F.F.I., la police, chacun pour son compte, ont arrêté ou libéré suivant leurs tendances et leurs vues strictement personnelles. » Rapport au ministre de l'Intérieur, début octobre 1944, cité dans Henri Amouroux, La Grande histoire des Français après l'Occupation, tome 9, pages 250-251.



Une rue de Nîmes porte son nom depuis juin 1994.
Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 08/11/1920 avec prise de rang le 16/06/1920 sur proposition du Ministère de la Guerre, en qualité de lieutenant hors cadres.
Officier par décret du 19/05/1924 avec prise de rang le 28/02/1947
Commandeur par décret du 02/03/1947, sur proposition du ministère de l'Éducation Nationale en qualité d'inspecteur général de l'enseignement du second degré.

Il fut président de l'Académie de Nîmes en 1945, 1654 et 1960 :
Bulletin des séances, Séance du 2 février 1945

Séance du 16 novembre 1945 :
Procédant à la réception de M. Dupont, M. le Préfet Paganelli s'exprime ainsi :
Monsieur, « Souffrez, dès l'abord, ce vocable protocolaire et froid, que le frère doit dire au frère et l'ami à son ami, dans une réception comme celle-ci et souffrez aussi que, sans attendre, je déclare, dès le début de cette trop modeste allocution, tout l'attachement que je vous ai, — discret, profond et de longue date. Vous rappelez-vous, en Alès, certaine matinée d'il y a. vingt ans, — guère moins, — où un jeune professeur de talent, d'une élégante distinction, à la ,parole simple, aisée, au regard clair et lumineux, à la ferveur contenue mais communicative, faisait gravir à de jeunes lycéens, dans un enthousiasme appollinien, aux flancs de l'Acropole, les hauteurs du Parthénon ? Par un privilège dont, jamais, plus que ce jour-là, je n «ai apprécié la faveur, j'étais à vos côtés, rajeuni, et de cette heure ensoleillée date notre connaissance. Nous nous sommes retrouvés plus voisins et plus familiers à Nimes ; j'y ai suivi des yeux et du cœur votre ascension universitaire et, avec tous ceux que le vrai, que le rare mérite enchante et satisfait pleinement, ainsi qu'une victoire de l'homme sur la fortune, je me suis félicité de vous voir monter, vous la modestie par excellence, à votre place, la première, dans une chaire de l'Enseignement Supérieur, tout comme je me félicite et comme nous nous honorons tous de vous accueillir au sein de notre Compagnie, à ce siège qu'occupait noblement Monsieur Jacques Sagnier. 1 Il était la distinction même et son érudition raffinée, qui sentait son siècle et sa race, nous le rendait précieux en même temps que cher ; que notre souvenir ému, ce soir, se tourne vers lui et salue ses mânes, telle une invisible présence. Dirai-je, Messieurs, pour recevoir son successeur, dans l'appareil et l'apparat d'un discours, ce que la science et l'histoire doivent à Monsieur Dupont ? Non, je ne saurais l'exprimer avec compétence et d'ailleurs vous le savez assez de vous-mêmes. Formé aux disciplines sévères, nuancées et, — quoiqu'en dise le trop sceptique Renan, — aux disciplines positives de la recherche, notre nouveau confrère nous a donné, il donne au Languedoc, comme tant d'autres de ses fils, sa part et une belle part. Plus encore que votre carrière, plus même, que votre œuvre d'historien, ce que séduit et retient en vous, mon cher ami, c'est le sentiment, — la certitude bienfaisante que l'on acquiert à votre contact, — que vous êtes non seulement un humaniste mais un homme, — de ces hommes qui nous manquent tant en cette époque de désarroi ; oui, la certitude le sentiment que, quelle que soit votre culture, en raison même de son élévation, vous faites passer l'humanité avant les humanités ; aussi bien ne devraient-elles pas être toujours inséparables et se fondre, harmonieuse et vivante synthèse, dans cette « humanitas », dont parle et que vante avec amour ce gréco-latin, avant la lettre, qui s'appelle Cicéron. Jadis, en des temps très anciens, on parlait des têtes bien pleines et des têtes bien faites ; il nous suffirait peut-être aujourd'hui qu'elles fussent bien droites et que la notion, la simple notion de bon sens ne fût point altérée ou perdue. Que de productions, que de manifestations, en France ou a l'Etranger, dans tous les ordres d'activité, — la technique exceptée, — qui donnent une piètre idée et de nos cerveaux et de nos cœurs ! Les traits d'une bêtise savante, perfectionnée, prétentieuse, aux essais absurdes et malsains pour notre hygiène générale, sont innombrables ; mais à quoi bon découvrir le mal, si ce n'est pas pour en guérir ? Mes chers confrères, je vous dois des excuses et encore plus de regrets ; en remerciant et en félicitant Monsieur le Colonel Blanchard de sa présidence, j'avoue que je l'ai plus d'une fois envié : sera-ce un titre suffisant pour mériter votre indulgence et me faire pardonner ces quelques réflexions non découragées mais irritées ? Vous me pardonnerez tout à fait, je l'espère, quand j'aurai ajouté que je reviens de Paris, que j'y ai vu le Louvre s'éveillant de sa longue léthargie et retrouvant, avec la foule des adorateurs, l'élite des connaisseurs : n'y a-t-il pas là, mon cher ami, Messieurs, un signe, entre tant d'autres, un signe et un témoignage de résurrection ? ».

Séance du 25 janvier 1946 :

« M. le Président sortant Paganelli s'étant excusé de ne pouvoir assister à la séance, M. le Colonel Blanchard, nouveau président, remercie ses confrères de l'avoir élevé à cette présidence. Mes chers collègues, « Dans une Académie telle que la nôtre, il est d'usage que chaque année les membres du bureau, entrant en fonctions, soient installés par le président du bureau sortant. Cette année-ci, à titre exceptionnel, il n'en sera pas de même. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un coup de force des nouveaux venus ou d'une entorse volontairement donnée .par eux à nos statuts. Non pas, rassurez-vous; la raison en est bien plus simple. Notre président sortant, M. Paganelli, qui a eu à faire face si longtemps à des obligations écrasantes, a été obligé de s'absenter aujourd'hui, comme il le fera après-demain, jour fixé pour notre séance publique. Nous le regrettons vivement ; car, nous perdons, à deux reprises, l'occasion d'entendre sa parole chaude et vibrante ; et particulièrement, dans la séance de ce jour, nous sommes privés du plaisir que nous aurions eu à lui adresser ici, dans l'intimité, nos respectueuses félicitations pour la sagesse et la fermeté avec laquelle il avait su administrer notre département dans des circonstances particulièrement difficiles.»

Séance du 22 janvier 1954 :
M. Dupont :
« Je rentre dans le rang en toute sérénité, avec le sentiment que ma succession est recueillie par une personne de qualité. Je n'ai pas à faire l'éloge de M. l'Inspecteur Paganelli qui est connu de nous tous et dont le renom dépasse largement les limites de cette salle et de cette cité. Sa vaste et sûre érudition ; ses connaissances extrêmement étendues, son humanisme courtois ; l'inlassable activité qu'il a déployée et qu'il déploie dans tous les domaines ; l'autorité souple et ferme dont il a su faire une heureuse application dans des circonstances parfois délicates ; son passé d'universitaire et de chef, sont le gage d'une présidence dont notre Compagnie, j'en suis convaincu, retirera le plus grand profit. C'est donc avec le plus grand plaisir que je le prie de vouloir bien occuper le fauteuil présidentiel. »

D. S. Paganelli :
M. Paganelli prend alors la parole. « Monsieur le Président, Mes chers confrères, L'honneur qui m'est fait, ce soir, pour toute une année, j'en apprécie, croyez-le bien, et la qualité et la portée. Et j'aurais voulu que ce bref remerciement ne vous parût pas trop indigne des suffrages que vous m'avez si libéralement apportés ; retenez du moins, je vous prie, la sincérité de mon intention comme la force de ma gratitude. Vous dirai-je, Messieurs, que cette installation me donne l'impression quant à moi d'une seconde investiture académique ; agréable rajeunissement, mais illusion coupable. A quelque chose retard est bon, cependant, puisque ce fauteuil, dans lequel je suis invité à m'asseoir, je le reçois, si je puis ainsi parler, je le reçois des mains d'un ami, le Président André Dupont, que j'eus, vous le savez, le privilège, avec la profonde satisfaction, d'accueillir dans cette enceinte, le 8 Juin 1945, en une heure d'éphémère présidence. Messieurs, dussé-je vous paraître immodeste, dès rencontres de cette nature, si je ne.. saurais les dire providentielles je ne puis les estimer fortuites : laissez-moi croire, Messieurs, que l'harmonie préétablie peut avoir d'humbles, mais non moins réconfortants effets. Depuis huit ans, vous avez pu juger combien lut heureuse la cooptation de cet homme de science et de talent, aussi généreux de cœur que d'esprit, qui honore sa petite patrie cigaloise, la grande métropole de Némausus et tout cet État de Languedoc, dont il est l'historien vivant, le fils aimant. Votre succession, cher ami, m'impose une double obligation, facile, douce, pour ce qui est de vous exprimer, et avec chaleur, en notre nom à tous, les félicitations, la reconnaissance que vous vaut, que vous vaudra, dans les annales de notre Compagnie, votre belle année de charge ; l'autre, dangereuse, qui est, précisément, de vous remplacer et dont la perspective ne laisse pas de me troubler...
Académie de Nîmes - 16 rue Dorée, Nîmes ® Académie de Nîmes 2020

Mes chers confrères, vous tous que je vois couronnant cette table, centre et symbole de vos travaux ; anciens et nouveaux membres de l'Académie de Nîmes, je vous assure de mon dévouement et de mon assiduité ; permettez-moi de me tourner, en toute amitié, vers le Bureau que vous avez élu et de saluer nommément, votre Vice-Président, Monsieur Hubert-Rouger, heureusement rétabli ; votre Secrétaire perpétuel, Monsieur Emmanuel Lacombe, à l'expérience et à l'autorité de qui je ferai, sans cesse, appel ; je leur dis cordialement, je vous dis à tous : pour le renom de notre Compagnie, pour son labeur à venir, sinon « ad multos aunos » (encore que nous soyons immortels) ; du moins « ad multos » et félices-menses ; oui, de longs mois, et féconds et heureux ».

Séance du 23 avril 1954 :
Il est procédé à la réception de M. Barnouin. M. Paganelli l'accueille en ces termes : « Monsieur, L'Académie de Nimes s'est constamment honorée de compter, dans son sein, des magistrats ; à votre tour, vous venez vous insérer dans la haute lignée de la Justice ; et votre élection nous vaut le privilège de poursuivre une tradition avec la satisfaction d'accueillir une personnalité marquante. Retracerai-je votre carrière} ? Je ne le saurais, car votre concision et votre modestie m'ont mesurés les détails et les précisions. Je dirai seulement que vous êtes magistrat depuis 1913. On le demeure, vous le savez, toute sa vie, en vertu de cette ordination intime qui se trouve à la source ainsi qu à la base des grands Ordres. Si vos préférences furent toujours pour cette magistrature debout, dont la tâche, parfois rude dans sa noblesse, vous avait une fois pour toutes conquis, lorsque vous avez pris place au Tribunal et à la Cour, vous y avez apporté, également, et votre savoir de juriste et votre expérience d'homme. Dans des circonstances difficiles, en des heures douloureuses, vous avez témoigné d'une belle indépendance, d'un grand courage, au point d'en être victime. Qu'importe,' ! la conscience était satisfaite. Vous vous êtes souvenu, sans cesse, que l'impartialité, la sérénité, — sinon l'impassibilité —, doit être la qualité souveraine du Juge et du Jugement. La passion, d'où qu'elle souffle, est, comme la colère, une courte, mais terrible folie. Dès 1937, à l'Audience solennelle de Rentrée, vous avez prononcé un discours magistral sur l'Assassinat du Maréchal Brune : Le 2 Août 1815, en Avignon, dans une période de Terreur, — blanche ou rouge elle est toujours le Crime, — le Maréchal Brune avait été assassiné ; les magistrats avaient conclu au suicide ; quatre ans après, — après avoir réuni assez de preuves, — la Maréchale présentait au roi sa requête et le Procureur Général près la Cour royale de Nimes ordonnait des poursuites ; ce fut la Cour de Riom et le Procureur général Pagès qui « soulevant le voile d'iniquité » reconnurent que le Maréchal Brune, avait été assassiné. Vous avez vous-même écrit, Monsieur, en conclusion de votre étude, que « ce douloureux épisode comportait certainement des enseignements profitables ». Je n'en dirai pas plus. Je rappellerai seulement ce que M. le Procureur Général, en 1937, déclarait, après votre discours il citait les instructions de M. le Garde des Sceaux : « Il n'est pas sans intérêt qu'au cours d'une audience solennelle un magistrat, prenant la parole en présence des autorités civiles et militaires, du barreau, des auxiliaires de la Justice et de l'élite de la société locale, témoigne, par une dissertation érudite et élevée, de l'aptitude et du goût de la magistrature pour la science du droit et les choses de l'esprit». Et M. le Procureur général de conclure : « M. le conseiller Barnouin a répondu pleinement aux préoccupations de M. le Garde des Sceaux et prouvé que la science du droit savait s'allier chez lui au goût des choses de l'esprit. Son étude très fouillée d'un sujet particulièrement intéressant de notre histoire a fait revivre, de façon saisissante, un des épisodes les plus émouvants de cette terreur Blanche, qui a fait tant de victimes dans nos régions. Il l'a fait sobrement, avec le seul souci d'être à la fois impartial et juste ; il a pleinement réussi ». Je me permets d'ajouter : il a pleinement réussi dans le fond et dans la forme. Monsieur, en 1910, âgé de vingt-trois ans, vous faisiez vos premières armes sous la direction et l'autorité d'un Administrateur de grande classe, M. 'le Préfet Maitrot de Varenne ; pendant la Grande Guerre, durant 43 mois de front, vous avez combattu dans les rangs de cette Infanterie sublime et martyre, dont on n'exaltera jamais assez le sacrifice ; si vous êtes né en Algérie, et c'est une patrie adoptive dont vous pouvez vous montrer fier, vous n'en êtes pas moins de souche gardoise, tant et si bien que les traditions régionales voire régionalistes et l'histoire locale ont votre amour ; et nous espérons bien goûter prochainement ce que vous appelez votre essai sur .le village de Sauzet, votre village. Et, par là encore, vous rejoignez votre prédécesseur Henry Bauquier. Prenez donc place à ce fauteuil qu'il a illustre et soyez, mon cher confrère, le bienvenu parmi nous »

Séance du 21 janvier 1960 :
« Monsieur le Président, Mademoiselle, Messieurs, Sur le point de m'asseoir de nouveau à votre fauteuil présidentiel, j'éprouve, — comment ne pas l'avouer, dès l'abord — sinon des scrupules, du moins des regrets et une crainte. Je vous les dirai très simplement ; mais permettez que je commence par vous remercier de l'honneur, de la confiance et de l'amitié que votre désignation me manifeste. Je ne les mériterais guère, si votre indulgente et compréhensive bienveillance ne suppléaient aux mérites qui me manquent et ne surestimaient les qualités que vous pourriez me reconnaître. Aussi bien, pourquoi des doyens, — comme moi, par l'âge, ou bien par l'élection, — notre Compagnie s'énorgueillit et se réjouit d'en compter de nombreux dans son sein, pourquoi n':ont-ils pas pu prendre place, aujourd'hui, au centre de cette table qui, d'évidence, tout ovale qu'elle soit, n'en est pas moins ronde. C'est mon regret et ma crainte de ne pouvoir vous apporter ce dont leur absence vous privera à coup sûr. Mon cher Président et ami, nulle investiture ne pouvait m'être plus agréable que celle de ce soir; confiée à vos soins, vous m'en remettez, vous m'en transmettez la charge ainsi que le bénéfice. Vous succéder ? certes ; vous remplacer? assurément pas. Vous ne l'ignorez pas, Messieurs, chacun de nous colore son activité, voire son action, des nuances ou des reflets multiples de son tempérament propre ; et cette vision prismatique, sans devenir jamais un jeu, encore moins une illusion, n'est dépourvue ni de charme ni de profit ; elle constitue la singulière originalité de nos modestes sociétés, dites savantes, où la science, sans l'appareil ou l'apparat de ce qu'on nomme les spécialités, s'appelle, le plus souvent, réflexion, sagesse, personnalité. Avec notre sens de la mesure et de l'ironie, grâce à votre courtoisie d homme et d'humaniste, mon cher Président, vous avez tout au long de ces douze mois, conduit notre Compagnie comme elle doit l'être, activement, libéralement, dans une mutuelle et fraternelle intelligence de nos fins et moyens respectifs ; à fa haute et vivifiante atmosphère des « templa serena ». Soyez félicité. Chers confrères, souffrez, je vous prie, que, par ma voix, nous témoignions à notre Président nos sentiments unanimes d'affectueuse gratitude. Messieurs, les lettres de noblesse, exceptionnelles, de notre Académie, lui créent des devoirs hors série. Je sais de quelle conscience avertie vous y répandiez, et animés de quelle fierte ! La sévérité de vos choix, le sérieux de vos travaux, le prestige de votre renom, tout concourt à ce rayonnement qui demeure votre, ambition. Que, demain, nos portes s'ouvrent, encore, à d'autres mérites ; que, sans les rechercher, nous ne perdions aucune de ces occasions qui sont la moitié de l'influence ; mieux, de l'ascendant qu'il nous faut légitimement exercer ; que nos liaisons, que notre collaboration méthodique se fassent de plus en plus suivies et effectives, avec le monde de l'esprit, avec le monde de l'âme, ici et ailleurs. Une Académie, nous le pensons tous, ne saurait être un théâtre ; elle ne doit pas rester un cénacle. M. le Président, mes chers confrères, vous me pardonnerez, j espère, ces quelques réflexions ou souhaits, à peine des anticipations, puisque tout cela est déjà en train et qu'il nous suffirait, Messieurs, de lui imprimer une plus grande accélération. »

Séance du 18 novembre 1960 :
Il est ensuite procédé à l'installation de M. le Chanoine Homs.
M. le Président Paganelli l'accueille ainsi :
« Marseillais d'origine, Gardois d'adoption, Nîmois d'élection ;
Helléniste de culture; professeur par vocation, orateur car conviction ;
Combattant des deux guerres et capitaine d'artillerie ;
avant tout, au-dessus de tout, prêtre, prêtre au service des âmes et de votre saint-ministère ;
Tel vous voient, Monsieur le Chanoine — et vous admirent — ceux qui vous connaissent ;
tel vous estiment et vous louent ceux qui apprennent à vous con- naîtra... Oui, Marseille-Saint-Victor, Marseille-Notre-Dame-de-la-Garde, chères et douces images, hautes résonances de votre cœur d'enfant ou d'adolescent, demeureront toujours associées, dans la fidélité du souvenir, au grand nom universitaire d'Aix-en-Provence. C'est d'abord le Petit Séminaire de Beaucaire qui devait vous prendre, cultiver et épanouir votre jeune saison, « spes messis in semine » ; vous deviez, un jour, par votre professorat, lui rendre en science et en dilection, tout le bienfait que vous aviez reçu de ses )maîtres.
En 1920, vous quittiez Beaucaire pour Nîmes, — et la chaire de Philosophie de Saint-Stanislas : durant vingt années, la qualité de vos dons le disputera à la durée; de vos leçons.
N'aviez-vous pas, à Aix, suivi l'enseignement accepté l'empreinte d'un Blondel ? Et ne semble-t-il pas que ces lignes aient été écrites pour vous ? ...
« Notre vie est faite de problèmes qui se posent et s'imposent à nous du dedans et du dehors, — du dehors peut-être plus encore que du dedans —, et que, pour le salut de notre corps et de notre âme, il nous faut avoir effectivement résolus en temps utile. Le terre à terre de nos occupations quotidiennes; l'habituelle placidité de notre horizon ont beau nous voiler ce que l'existence a avant tout de dramatique, nous sentons ' bien qu'une activité faite de programmes, une volonté réduite à des décrets, un vouloir enfin, qui ne serait pas un agir, — tôt ou tard, nous conduiraient, matériellement ou moralement, à la catastrophe et à la mort ».
Mais la pensée du philosophe si attachante qu'elle fût, ne vous détournait pas de vos études grecques ; elles devaient vous valoir, aux examens de la Licence ès lettres, un succès éclatant, exceptionnel. C'est ii vous que M. Fougères, Directeur de l'Ecole française d'Athènes, fit offrir une Bourse de séjour ; insigne honneur qui fut décliné, bonne fortune intellectuelle qui fut refusée, parce que vous vouliez servir, de nouveau et sans délai, dans les cadres du clergé diocésain.
La Ville et l'importante paroisse de La Grand'Combe vous ont retenu cinq ans ; Saint-Baudile vous retiendrait encore si votre état de sante l'eût permis et s'il, n'avait tenu qu'à vos paroissiens, — à d'autres aussi... Vous aviez fait de Saint-Baudile la Paroisse de Nîmes, — dont le Bulletin rayonnait au-delà et où l'on venait vous entendre ; goûter votre parole claire, apprécier la netteté de vos idées, la rigueur de votre logique. Profonde harmonie d'un tempérament de chef, à la volonté éclairée et tenace, — qui ne parle pas pour parler, n'écrit pas pour écrire, mais va droit au but comme au devoir ; au réel quotidien comme à l'idéal immuable ! Directeur de l'œuvre liturgique « du Suffrage », — grande œuvre, catholique, s'il en fut, dont l'universalisme convient à votre esprit de synthèse et d'humanisme, en même temps que de divine Charité, — vous lui apportez, vous lui consacrez et votre Foi et votre Espérance. Promoteur de valeurs spirituelles, — qu'elles soient de l'ordre terrestre ou de l'ordre céleste, qu'elles s'appellent l'Église ou la Patrie, — sans cesse, loin de composer avec les complaisances ou les lâchetés, loin de capituler, vous maintenez le Drapeau ; vous prônez ces richesses morales de vérité et de beauté, dont l'historien Thucydide disait déjà qu'elles sont un lien durable, une acquisition pour l'éternité. Noble exemple, rare modèle d'élégance et de conscience, mon cher confrère, — notre Compagnie ne pouvait vous ignorer ni manquer de vous honorer ; recevez donc, je vous prie, notre investiture académique ». 

* * * * *

Je l'ai connu surtout lors de vacances d'été à Génolhac (Gard), avec ma mère. Il n'était pas catholique (à la différence de sa femme), je le soupçonne d'avoir été franc-maçon. Ma mère était la dernière de quatre enfants ; pour soulager ma grand-mère, Dono et sa femme Jeannette, qui n'avaient pas pu avoir d'enfant, ont élevé ma mère pendant plusieurs années. Le retour chez ses parents, vers l'âge de 4 ans, fut une rupture douloureuse pour ma mère ; par la suite, Dono l'aida à s'orienter dans ses études ; notamment, il lui enseigna le grec ancien pendant l'été 1936 précédant son entrée en hypokhâgne (Lettres supérieures au Lycée Fénelon, Paris, VIe). Influence intellectuelle dont j'ai bénéficié indirectement. Dono fut mon troisième grand-père...

Ma mère m'avait dit qu'il eut une liaison avec une demoiselle Soboul, tante de l'historien Albert Soboul. Il s'agit de Marie Victorine Rose Soboul, née en 1884, professeur à l'École normale d'institutrices du Gard depuis 1909 et directrice de cet établissement en 1926.


Un dossier de carrière est conservé aux Archives nationales, site de Paris, 60 rue des Francs-Bourgeois :

Professeur au lycée de Reims (Marne)
Fin du dossier : 1922
Cote
AJ/16/1336
Sorbon : Pers. scient. et adm. Académie de Paris (1870-1940) AJ/16

Préfet du Gard
Date du dossier
1945 ; 1956-1958
Démissionnaire le 1er févr. 1946
Cotes
F/1bI/822  et F/1bI/1103
Personnel de ministère de l’Intérieur (XIXe-XXe s.)

Inspecteur général de l'enseignement secondaire
Cote
F/17/25339
Enseignants et personnels scientifiques de l'Instruction publique XIXe-XXe siècles

D'autre part, un autre dossier (que je n'ai pas encore pu consulter) est conservé sous la cote CA 780 aux Archives départementales du Gard, 20 rue des Chassaintes, Nîmes.


C / Ouvrages publiés :

Un petit-fils de Renan, Ernest Psichari, Saint-Raphaël : Éditions des Tablettes, 1923.

Édition et traduction du poète latin Properce (vers -47/vers -15), Élégies, Paris : Belles Lettres, 1929 (rééditions en 1947, 1961, 1964, 1980, 1990, 1995).




En collaboration avec Georges Prévot, Textes anciens traduits en français, lectures suivies et dirigées pour la section moderne des classes de 6e, 5e, 4e, 3e des lycées et collèges et pour les cours complémentaires, Paris : Delagrave, 1950. 
Ernest Renan, Uzès : Ateliers Henri Péladan, 1966.
Jean Racine, Uzès : Ateliers Henri Péladan, 1966.
Laurent Spadale, 1914-1971, Uzès : H. Peladan, 1972. (Laurent Spadale fut sous-préfet de la Libération d'Alès).


D / Bibliographie :

René Bargeton (1917-2007), Dictionnaire biographique des préfets, Paris : Archives Nationales, 1994, sub nomine.

Patricia Boyer, « L'épuration et ses représentations en Languedoc et Roussillon (1944-1945) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 68, octobre-décembre 2000, pages 19, 24, 26.

J'ai créé sa Notice wikipedia ; un contributeur anonyme y a ajouté l'appartenance à l'Académie de Nîmes.