Sodomites en Enfer, illustration
toscane de l'ouvrage de Dante
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N° 20 : l'abbé Gillot, grand vicaire de Poitiers, 8 janvier
1726 :
Ayant rencontré rue Fromenteau l'abbé Gillot, grand vicaire de Poitiers,
qui m'a proposé une bouteille de vin, nous sommes allés au Franc Pinot, où nous
avons déjeuné ensemble avec le nommé Adelon, que nous avons rencontré ; pendant
le déjeuner, l'abbé n'a cessé de jurer le saint nom de Dieu, avec des jurements
extraordinaires ; et nous ayant quittés, il nous a donné rendez-vous pour le
soir à cinq heures au même cabaret, où Adelon s'est trouvé le premier, et
l'abbé ensuite ; et lorsque je suis venu, Adelon m'a dit qu'il l'avait mis deux
coups à l'abbé, et l'abbé est convenu que cela était véritable, mais qu'il
n'avait point déchargé dedans ; et pendant le souper, l'abbé n'a cessé de
jurer, sacrer et renier le nom de Dieu, et il s'est branlé le vit avec Adelon,
et ils mettaient leurs vits tremper dans leurs verres pleins de vin, avant de
boire ; et il y avait un autre particulier, blond, assez beau, grand, vêtu de
rouge, qui demandait l'aumône près de l'Opéra lorsque l'abbé l'a fait
raccrocher ; il loge sur la ville neuve, et il est allé coucher avec Adelon ;
ce particulier s'est aussi branlé le vit avec l'abbé.
Nota : le nommé Jallan,
garçon de Monsieur Symonnet, a entendu les jurements de l'abbé, et le nommé
Adelon lui a répété les actions qui s'étaient passées avant et pendant le
souper.
(AB, 10256)
N° 21 : Jean Gibeor, 35 ans, homme marié, 7 avril 1726 :
Etant sous les arcades St Louis, j'ai été raccroché par Jean Gibeor qui
m'a montré son cul ; et quand il a eu remis sa culotte, il m'a accosté et m'a
montré son vit, et se l'est branlé devant moi ; il m'a dit que si on n'était
point interrompu par le monde, il ferait bon se divertir en cet endroit, mais
qu'il y venait trop de monde ; que si je voulais revenir ce soir, il y aurait
plus d'apparence de faire son affaire ; ensuite nous sommes partis ensemble, et
comme il me disait adieu, le sieur Symonnet, qui l'avait suivi, est survenu,
l'a arrêté de l'ordre du Roi, et conduit au petit Châtelet.
Nota : Ce Gibeor a aussi été vu par un autre
particulier à qui il a montré aussi son cul, et qu'il a voulu aussi accoster
auparavant.
(AB, 10256)
N° 22 : Fermeluis, fils d'un médecin demeurant près les
Filles St Thomas, 3 mai 1726 :
Ayant remarqué sur les huit heures du soir que Fermeluis rôdait dans les
bosquets le long des palissades et dans des endroits suspects, qu'il regardait
ceux qui passaient avec affectation et semblait vouloir les accoster, le sieur
Haymier se serait attaché à le faire examiner et il aurait vu qu'il avait
accosté un jeune homme, et qu'un instant après il l'avait entraîné derrière les
palissades, ce qui avait déterminé Haymier d'aller au plus vite vers cet
endroit pour arrêter Fermeluis. Celui-ci ayant entendu du bruit était sorti
avec le jeune homme et s'était sauvé pour sortir des Tuileries, mais le sieur
Haymier l'a fait arrêter avant qu'il soit sorti ; le jeune homme lui ayant
soutenu que Fermeluis avait voulu lui faire violence pour lui mettre la main
dans la culotte, le toucher, se faire aussi toucher, et qu'il lui avait proposé
de se laisser faire la sodomie, Haymier l'a conduit chez le magistrat.
[Note en marge] Il a tout nié, j'ai signé un ordre de
liberté ce 8 mai 1726.
(AB, 10254)
N° 23 : Alexandres des Barres, 39
ans, natif de Rouen, homme marié, compagnon teinturier, fin juin 1726 :
Etant à la Demie Lune, sur les huit heures du soir, j'ai été accosté par
des Barres qui m'a dit que le monde restait bien tard en cet endroit. Pendant
qu'il me parlait, il avait la main dans sa culotte, se maniant le vit, et il
s'est mis à côté de moi à pisser.
Lui ayant demandé pourquoi il trouvait mauvais que ce monde reste, il
m'a dit : " C'est qu'autrefois on se divertissait ici ; cela n'empêche pas
qu'on se divertisse encore, mais non pas en cet endroit, parce qu'il y vient
des archers ". En même temps il m'a demandé si je le mettais, ou si on me
le mettait, que pour lui il était de tout ; il m'a demandé si je voulais qu'il
vienne coucher avec moi, il m'a dit qu'il avait le vit petit, qu'il avait
autrefois fait connaissance aux Tuileries d'un jeune laquais de 17 ans avec qui
il s'était foutu trois fois derrière les Charmilles, que depuis ce temps-là il
avait eu une habitude avec ce laquais, mais qu'il était mort à la Charité ;
parfois il lui mettait jusqu'à dix fois, non pas qu'il déchargeât dix fois,
mais quelques fois cinq ou six. Il m'a dit que s'étant trouvé, il y a environ
six semaines, dans un cabaret, et entendant un des garçons du cabaret parler de
la fouterie des hommes, il avait cru qu'il en était, mais ce garçon n'avait
point voulu qu'il le foute, ni le foutre ; ils s'étaient seulement branlé le
vit, ce qu'il n'aimait point.
Arrivés à la Grève, il m'a dit : " Mon vit pleure ". Lui ayant
demandé pourquoi, il m'a dit qu'il se l'était branlé dans sa culotte, et que sa
chemise en était encore toute mouillée ; il m'a dit : " J'espère que vous
serez content de moi, car je veux que nous nous foutions tout notre
saoul. " Il m'a demandé de lui montrer mon vit plusieurs fois, et comme il
venait pour coucher avec moi, passant sous le petit Châtelet, ce des Barres a
été arrêté, de l'ordre du Roi, par le sieur Symonnet, et mis au petit Châtelet
sur les dix heures du soir.
[Notes en marge] Convient de tout ; gardera prison pendant
deux mois ; 29 juin 1726.
J'ai signé un ordre
de liberté ce 21 août 1726.
(AB, 10256)
N° 24 : Jean Baptiste Fautray,
homme marié, soldat aux gardes françaises, étant travesti en bourgeois, ayant
une canne à la main, 30 avril 1727 :
Etant sur le quai de Conti à neuf heures du soir, j'y ai trouvé ce
Fautray, qui aussitôt qu'il m'a vu m'a donné le signal ordinaire des infâmes,
et étant passé du côté du Collège des Quatre Nations [aujourd’hui Institut de
France], il a fait semblant de pisser, et m'a montré son vit, se retournant
vers moi pour me le faire voir ; dans la rue Mazarine, Fautray m'a suivi et m'a
encore montré son vit, se l'est branlé devant moi, et il est venu à moi pour
mettre sa main dans ma culotte, me demandant si je bandais, et il m'a dit que
nous pouvions fort bien nous divertir en cet endroit, qu'il n'y avait rien à
craindre, et brusquement il voulut mettre sa main dans ma culotte, et le sieur
Symonnet étant survenu l'a arrêté, de l'ordre du Roi, et conduit chez M. le
commissaire Parent, et de là au petit Châtelet.
[Note en marge] Fautray est
convenu de tout, et qu'il y a vingt-quatre mois qu'il n'est point avec sa
femme.
(AB, 10256)
N° 25 : Jean Durand, 45 ans, domestique hors de
condition, 2 juillet 1727 :
Au bord de l’eau, sur les 10 heures du soir, ce Durand venait de dessous
l’arche du Pont-Neuf, et m’ayant vu, il est venu me regarder sous le nez ;
étant monté sur le quai des Orfèvres, Durand m’y a suivi, ayant sa chemise hors
de sa braguette. M’étant appuyé sur le parapet, il est venu à côté de moi,
ayant son vit à la main ; me le montrant, il m’a demandé si je ne bandais
pas en voyant son vit, et comme il a voulu mettre sa main dans ma culotte, la
sentinelle du guet qui est en cet endroit-là, s’étant approchée de nous, l’a
empêché de faire son dessein. Etant allé plus loin, il m’a demandé si je
voulais aller coucher avec lui dans les champs parce que, comme il demeurait
aux jacobins, la porte était fermée et il ne pouvait pas rentrer ;
lui ayant dit que j’avais été portier aux Jacobins pendant trois ans, il m’a
dit : puisque c’est comme ça, je ne peux pas me fier à vous parce qu’on
m’a dit qu’il y avait un jeune homme qui avait été portier aux Jacobins qui
faisait arrêter ceux qui étaient de la manchette.
N° 26 : Jean Duvu, 34 ans, homme marié, domestique hors de
condition, 23 octobre 1727 :
Etant à la Demie Lune, entre cinq et six heures du soir, j'ai été
accosté par le nommé Jean Duvu, qui m'a montré son vit, et m'a dit que je
l'avais bien fait bander. Il m'a demandé dans quel quartier je demeurais, me
disant qu'il était du faubourg St Germain ; lui ayant dit que j'en étais aussi,
il m'a dit que si je voulais, nous nous en irions ensemble, et en chemin il m'a
demandé si je ne connaissais pas quelque endroit où nous pourrions nous
divertir. Ayant dit que non, il m'a demandé quand il pouvait me voir, qu'il
serait bien aise de faire ma connaissance, que si je voulais lui donner
rendez-vous quelque part il y viendrait. Lui ayant dit qu'il me trouverait le
lendemain à huit heures porte Dauphine, il m'a dit qu'il ne manquerait pas de
s'y trouver ; en causant nous sommes venus sur le quai de Conti, et voyant
qu'il y avait du monde, nous sommes allés rue Mazarine, et à l'entrée de la
rue, il m'a encore montré son vit et a voulu mettre la main dans ma culotte. Il
m'a dit qu'il avait foutu en cul, au milieu de la rue des Saints-Pères, un
jeune homme qu'il avait entretenu longtemps, nommé Picard ; il s'était diverti
avec Chenille à Orléans, et avec le sieur Dufour, marchand de draps et de
toile, qui demeure près de la Sainte Croix à Orléans. Il avait foutu un
religieux de Ste Geneviève dans son couvent à Beaugency [Loiret], et
actuellement il se divertit avec un garçon menuisier dont il a fait la
connaissance dans une guinguette. Causant de la sorte, et venant à passer
vis-à-vis de la porte de M. le commissaire Parent, ce Duvu a été arrêté, de
l'ordre du Roi, par le sieur Symonnet, et conduit au petit Châtelet.
(AB, 10257)
N° 27 : Vers sur Hérault, lieutenant de police, en 1732 :
Petit
lieutenant de police,
Tu rends
plaisamment la justice,
D'envoyer
si facilement
Les
sodomites à Bicêtre;
Toi qui le
fut de tous les temps,
Dis-moi,
n'y devrais-tu pas être?
N° 28 : Pierre Bunel, 25 ans, marié, soldat aux gardes
françaises, 9 mai 1736 :
Ils saluèrent tous Lalonde, faisant la révérence en femmes. Lalonde me
dit : " Prenons notre bouteille et allons dans leur chambre. " Y étant
allés, ils vinrent tous à l'entour de moi, voulant faire des attouchements sur
moi ; mais les ayant rebutés sous prétexte que j'étais malade, ils ont fait des
attouchements les uns sur les autres, faisant mille extravagances, excepté le
petit Belmant, qu'ils tourmentaient et qui se défendait. L'Ecrivain dit qu'il
n'en était point, mais Baillet dit, en termes impropres : " Il est venu ce
matin dans ma chambre, et a commis l'action avec moi, j'ai été le
patient. "
(AB, 10258)
N° 29 : Jean Champ, 35 ans, marié, brodeur, 10 mai 1736 :
Aujourd'hui j'ai vu Champ qui était sur le sable du Pont-Neuf et
regardait les baigneurs, et quand il en voyait de jeunes, il s'approchait
d'eux, leur maniait les fesses et le devant, leur disant : " Diable, vous
avez un beau vit, vous ne l'avez pas perdu dans l'eau. " Ce qu'il a fait à
plus de dix qui l'ont rebuté. Ensuite il est allé auprès d'un jeune homme qui
sortait de l'eau et qui mettait sa chemise, et l'a manié. Ce jeune homme l'a
rebuté, voulant lui donner un soufflet, en lui disant : " Hé, chien, as-tu
lavé tes mains, et as-tu les mains nettes? "
(AB, 10258)
N° 30 : Lambert, marchand de bière, 24 mai 1736 :
Etant dans le cabaret, il m'a fait entrer dans un cabinet dont il m'a
fait fermer la porte et s'est mis tout à découvert, me demandant si j'étais en
humeur ; il s'est jeté sur moi voulant mettre sa main dans ma culotte ; il
s'est montré à moi tout à découvert par devant et j'ai aperçu qu'il y était
rasé ; je lui ai demandé pourquoi il était rasé dans cet endroit ; il m'a dit
que c'était à cause qu'on disait qu'il était châtré parce que la nature a été
très ingrate pour lui de ce côté-là. Je lui ai dit : " Allons-nous en plutôt
chez vous, nous ne sommes pas bien ici " — et cela dans le dessein de le
faire arrêter — Il m'a demandé à voir mon derrière, je lui ai dit : "Vous
en verrez assez quand nous serons chez vous". Il m'a dit que nous ne
pouvions point aller chez lui parce qu'il était marié, il m'a demandé à venir
plutôt chez moi. Je lui ai dit que j'avais un camarade, il m'a dit : "Vous
irez voir devant si votre camarade y est, et vous resterez dans la rue pour me
le dire". Il m'a proposé de consommer l'action avec lui, et qu'il serait
le patient, qu'il aimait fort cela, et que cela le mettait en humeur pour être
ensuite l'agent [...] Il m'a dit qu'il était allé se baigner cette année, et
qu'il y avait eu un jeune homme qui avait passé entre ses jambes, et avait pris
ses parties dans sa bouche, faisant les mouvements de l'action.
(AB, 10258)
N° 31 : X, 13 juin 1736 :
Vous n'aimez pas les femmes non plus que moi. Et c'est à la mode à la
Cour, il n'y a plus que les hommes qui y président, les femmes n'y ont plus de
voix [...] Je lui ai demandé quel était son goût, il m'a dit qu'il était de
tout, et qu'il aimait à être l'agent et le patient.
(AB, 10258)
N° 32 : Jean Fleuriette, 22 septembre 1736 :
Il m'a dit, en termes infâmes : " On commet l'action l'un avec
l'autre ". Je lui ai dit : " Est-ce que vous aimez cela ? " Il m'a
dit : "Quand on est ensemble, on fait ce qu'on veut." [...] Dans la
conversation, il m'a dit que tous ceux qui étaient pour détruire la sodomie en
étaient eux-mêmes.
(AB, 10258)
N° 33 : Avisse, 4 novembre 1737 :
Avisse tient assemblée d'infâmes tous les mardis après-midi pendant que
sa femme est à la rivière et il appelle cela le conseil, et Avisse dit qu'il
donne audience ce jour-là.
(AB, 10258)
N° 34 : Anselme Guiart, 17 ans,
dit François du Garce, natif de Savoie, domestique, 20 mai 1738 :
Il nous a dit que dans son pays ils étaient une vingtaine de jeunes gens
qui allaient baigner ensemble, et qu'en se baignant ils s'enfilaient tous.
[Note en marge] Il nie tout ; liberté le 12 juin.
(AB, 10258)
N° 35 : Anselme Guiart, 20 juin 1738 :
Il [Anselme] m'a demandé si je m'étais manuélisé avec lui [un autre
particulier], et s'il m'avait piquoté, en voulant me faire entendre s'il avait
fait l'action infâme avec moi [...] Il m'a dit qu'il y avait quinze jours qu'il
était allé boire avec un mousquetaire, qu'il l'avait manuélisé, que ce
mousquetaire avait un gros membre qui était bon pour commettre l'action infâme
parce qu'il était pointu par le bout.
(AB, 10258)
N° 36 : abbé Clisson, 24 juin 1738 :
L'abbé a fait tomber la conversation sur l'infâmie et il m'a dit :
"J e crois que vous êtes en bonne disposition dans les Tuileries, et
lorsque je vous ai vu, vous m'avez frappé tout d'un coup. J'aime beaucoup,
Monsieur, ceux qui pensent dans ce goût-là. " [...] Il m'a dit qu'il
connaissait un limonadier à Rouen, qui avait le membre viril monstrueux, avec
lequel il s'était bien diverti et que c'était la plus belle chose du monde, et
qu'il n'y avait pas plus de mystère à coucher avec un garçon qu'avec une femme.
[Note en marge] Liberté le 26 juin 1738.
(AB, 10258)
N° 37 : Flamand, soldat aux gardes françaises, 6 juillet
1738 :
Revenant des Porcherons, Flamand est venu m'accoster me disant :
" Bonjour Madame ", ensuite il nous a proposé bouteille que j'ai
acceptée, il nous a fait monter dans une chambre, au deuxième, dans le cabaret
où pend pour enseigne le Bacchus ; il a fermé la porte. Ensuite il voulait
mettre sa main dans nos culottes, se montrant à nous à découvert, disant qu'il
se moquait des espions, et comme il nous tourmentait trop fort à plusieurs
reprises, nous avons été obligés de le laisser là et de nous en aller.
Cependant il n'a pas laissé que de me prier d'aller le voir à sa boutique à la
foire St Laurent, où il vend du pain d'épice d'Allemagne. Je lui ai dit :
" Vous en serez donc toujours ". Il m'a dit qu'il n'en était qu'avec
ses amis d'ancienne date.
(AB, 10258)
* * * * *
J. B. Mars, 30 octobre 1743 :
« Il [Mars] m’a dit devant quinze personnes qu’il avait acheté son
congé 600 F. et que la plus grande partie de cet argent lui avait été fournie
par M. le duc de Villars qu’il avait vu à Strasbourg il y a deux ans et qui il
y a quelques temps le fit venir à Fontainebleau dans sa chambre où après lui
avoir fait différentes propositions qu’il n’avait pas voulu accepter il lui
avait fait certains attouchements. Je ne vous rends pas les termes dont il
s’est servi, mais je suis sûr que vous
les devinez.
J’ai envoyé ce drôle-là en prison simplement de l’ordre du Roi dans
l’appréhension que si je le laissais à la justice ordinaire, dans les
interrogatoires qu’on lui ferait subir, il n’alla déclarer le fait sur M. de
Villars ce qui serait fort embarrassant. »
BHVP, mss 719, rés. 21, lettre du
lieutenant de police Marville au ministre Maurepas.
J. B. Mars, 12 novembre 1743 :
[En septembre dernier] M. de
Villars porta la main dans la culotte de lui déclarant, qu’il manuélisa en lui
faisant des reproches de ce qu’il n’avait pas l’érection, de ce qu’il
n’agissait pas réciproquement avec la même liberté avec lui duc de Villars qui,
pendant qu’il touchait d’une main lui déclarant, se manuélisait de l’autre, et
parvint seul à l’éjaculation. »
BHVP, mss 719, rés. 21, interrogatoire par un commissaire du
Châtelet.
* * * * *
N° 38 : André Salomon Picard, 15 janvier 1748 :
André Salomon Picard, faiseur de bas au métier, demeurant rue et porte
St Antoine, a déclaré au sieur Framboisier qu'il y a environ quatorze ans qu'il
a été débauché dans le goût de l'infamie à Reims où il était pour lors. Il y a
environ douze ans, étant à Versailles à se promener dans le parc, il rencontra
en différents temps deux particuliers avec lesquels il a eu affaire dans le
même goût ; depuis il est resté un an et demi au mont Valérien en qualité de
frère du couvent, et pendant ce temps-là il n'a eu affaire avec personne. Deux
ans après, il s'est marié ; comme il demeure près de la Demie Lune de la porte
St Antoine, il allait fréquemment s'y promener le soir, principalement en été,
et il a rencontré souvent des gens qui pensaient de même que lui et avec
lesquels il a eu aussi affaire dans le même goût. Depuis environ un an, il a
fait des infamies avec le sacristain des Anglaises qui sont rue de Charenton,
et cela deux fois : la première au commencement de l'été dernier, s'étant
rencontrés le soir sur le boulevard à la Demie Lune et ayant été pour cet effet
dans une ruelle ; et la deuxième fois à la fin de l'été dernier sur ce
boulevard. Ce sacristain a des cheveux crêpus, le visage un peu long, il est
loueur de chaises dans ce couvent. Il a pareillement fait des infamies avec le
nommé Charpentier, officier sur les grains, demeurant derrière le petit St
Antoine, et ce lors des danses de la place Royale [aujourd'hui place des
Vosges] l'été dernier. Dimanche dernier, il a rencontré sur le boulevard une
personne à lui inconnue avec qui il a fait encore des infamies ; il a fait la
même chose l'été dernier sur ce boulevard avec un ébéniste du faubourg St
Antoine, dont il ne sait pas le nom ; cet ébéniste est petit de taille, âgé
d'environ 35 ans. Il est bien repentant d'être tombé tant de fois dans un vice
aussi odieux, et il fera tout ce qui dépendra de lui pour s'en corriger.
(AB, 10259)
N° 39 : Jean Nicolas Bacon, 25 janvier 1748 :
Jean Nicolas Bacon, âgé d'environ vingt-cinq ans, bedeau de la Madeleine
en la cité, demeurant rue de la Juiverie chez la dame Manseau, a déclaré
aujourd'hui qu'il y a six ou sept ans qu'il a été débauché par un domestique
dans le goût de l'infamie ; que depuis il a eu affaire avec beaucoup d'autres
domestiques qu'il ne connaît pas, qu'il y a environ six mois qu'il s'est
manuélisé en revenant de la Courtille avec un domestique nommé St Jean dont il
ne sait pas la demeure, que depuis il a été à confesse et que son confesseur
fait ce qu'il peut pour le détourner de ce vice odieux, qu'il est bien
repentant de l'avoir commis.
(AB, 10259)
N° 40 : Laurent Garçon, janvier-février 1748 :
Dénonciation portant que le 27 octobre dernier Laurent Garçon, marchand
de vin demeurant à la Tour d'argent rue des prêtres St Germain l'Auxerrois, se
trouva lui sixième chez le père Fraere, portier d'une maison proche de l'hôtel
de Soubise ; que tous étaient de la manchette, que dans cet endroit la plupart
des domestiques de ce goût-là s'y donnent rendez-vous, et que ce Laurent y a
fait des infamies avec un particulier.
(AB, 10259)
N° 41 : Harault,
10 mai 1748 :
Nicolas Harault, demeurant
rue Xaintonge au Marais, a déclaré ce jour à Framboisier qu'il y a bien trois
ou quatre ans qu'il a eu le malheur d'être débauché à l'infamie ; que depuis ce
temps il a eu affaire avec un garçon limonadier dont il ne sait pas le nom, ni
la demeure actuelle ; avec Charpentier, gainier, demeurant dans St Denis de La
Chartre ; avec le nommé Patrot, horloger rue vieille du Temple, une fois
seulement il y a eu deux ans le dimanche gras dernier. Que cet été il s'est
trouvé sept ou huit fois dans les assemblées qui se sont tenue dans différents
cabarets de la Courtille, et notamment trois ou quatre fois au cabaret du Fer à
cheval ; que dans ces assemblées il s'en est trouvé qui ont contrefait les
manières des femmes, que cependant lui n'y a point fait d'infamies ; qu'il est
bien vrai que dans une de ces assemblées on amena un jeune garçon serrurier, et
cette assemblée s'est appelée le mariage du serrurier ; lui et les sus nommés,
en sortant de cette assemblée, ont emmené le jeune serrurier et dans le chemin
il s'est manuélisé avec ce garçon serrurier et cela le 5 novembre dernier ;
qu'il est bien repentant d'être tombé dans ce crime.
[Note en marge] Il a comparu par
devant le magistrat et a promis de ne plus récidiver ; a été renvoyé le 11 mai
1748.
(AB, 10259)
N° 42 : Le sieur Martin, 18 mai 1748 :
Le sieur Martin, marchand de vin rue St Germain l'Auxerrois, a été
déclaré par le nommé Patrot, horloger, pour avoir fait ensemble des infamies il
y a dix-huit mois dans un cabaret faubourg St Marceau où ils se sont trouvés
environ une douzaine de personnes ; Patrot en a convenu devant le magistrat le
3 du présent mois. Plus, il a été déclaré pour être connu de ce goût-là par
Guillaume Martin, garçon patissier, qui a comparu devant le magistrat le 11
février dernier.
Plus, a été déclaré pour s'être trouvé aux assemblées de gens de la
manchette qui se sont tenues dans différents cabarets l'été dernier ; le nommé
Valois, domestique de Mlle Duquesnoy, en a fait la déclaration le 3 du présent
mois.
(AB, 10259)
N° 43 :
Letellier, 18 mai 1748 :
Le sieur Letellier, marchand
de vin rue de Lappe, connu pour être du goût de la manchette et déclaré comme
tel par le nommé Patrot, horloger, qui a comparu.
(AB, 10259)
N° 44 : Veglay,
21 mai 1748 :
Etant au Palais-Royal sur
les dix heures du soir sous les petits arbres, le dénommé est venu rôder autour
de moi, et comme je me promenais d'une allée à l'autre, Veglay qui entrecoupait
les mêmes allées s'est arrêté plusieurs fois devant moi sa partie à la main en
se manuélisant, et après plusieurs tours l'heure a sonné. Il m'a demandé si
c'était dix heures, ce qui a donné occasion à la conversation pendant une demie
heure, conversation qui a été indifférente. Après quoi, voyant qu'il se faisait
onze heures, je lui ai dit que j'allais me retirer, et comme nous nous étions
arrêtés l'un devant l'autre, Veglay se manuélisait et m'a demandé si je voulais
venir dans sa chambre, qu'il demeurait dans le grand Palais-Royal par le grand
escalier tout en haut, qu'il y avait même plusieurs personnes comme moi avec
qui il s'était manuélisé. Je l'ai quitté en lui disant qu'il était trop tard,
que s'il voulait revenir demain je me trouverais de meilleure heure au même
endroit. Je m'y suis trouvé, Veglay y était, je ne lui ai pas parlé et il ne
m'a pas reconnu. Il y est tous les soirs, avec des bardaches de toutes façons ;
il est en liaison avec plus de quarante.
Le maître chez qui il était a été arrêté pour ça.
(AB, 10259)
N° 45 : Pierre Ferret, boulanger, 23 mai 1748 :
Il est vrai aussi que lui déposant s'est trouvé plusieurs fois dans des
cabarets où il y avait des assemblées de ces gens-là, qu'on y parlait beaucoup
de la manchette, mais qu'il n'y a fait de mal avec personne. Il s'est trouvé il
y a environ dix-huit mois ou un an dans un cabaret derrière la petite halle au
Fb St Antoine où il y avait plusieurs personnes du même goût, savoir entre
autres les nommés Alais marchand de vin de la Tour d'Argent, Cléru, Le Fèvre,
fripier du Fb St Antoine, et Martin, marchand de vin quartier St Germain
l'Auxerrois. On y but bouteille, on y parla beaucoup sur la manchette. C'était
Le Fèvre qui avait amené le déposant dans cette assemblée ; ce déposant, étant
sorti du cabaret, a été suivi par le sieur Martin qui a insisté à lui faire
faire des infamies, qui lui a même cassé l'attache de sa culotte par derrière,
avec Alais et Cléru, lesquels trois le provoquèrent ainsi que d'autres à lui
inconnus ; et voyant qu'il ne consentait point à leurs desseins, ils se sont
dit l'un à l'autre : "Laissons le s'en aller, il n'entend pas le
latin."
(AB, 10259)
N° 46 : Mingot, rôtisseur, 17 juin 1748 :
Passant sur le boulevard sur les onze heures du soir du côté de la rue
de Richelieu, j'ai vu Mingot, en veste blanche et en bonnet, qui cherchait à
raccrocher et qui m'a suivi pendant une demie-heure en s'arrêtant devant moi,
sa partie à la main, en se manuélisant, et cela plusieurs fois. Je suis revenu
du côté de la rue de Richelieu où je me suis arrêté ; Mingot est passé devant
moi et il m'a demandé si ce n'était pas moi à qui il avait parlé contre la
porte St Denis il y a quelques jours, et que j'étais en robe de chambre. Je
n'ai pas voulu le détromper. Il m'a dit : "Voilà un cabaret où il y a
encore du monde ; voulez-vous que je vous donne une demie bouteille?" Je
lui ai dit d'entrer le premier et je m'en suis allé.
[Note en marge] Liberté le 22.
(AB, 10259)
N° 47 : Veglay, garçon bourrelier, 25 juin 1748 :
Passant sur le quai vis-à-vis du Collège des Quatre Nations sur les onze
heures du soir, j'ai vu Veglay en veste blanche qui était avec un autre infâme
comme lui, qui portait épée. Ces deux infâmes m'ayant vu passer m'ont suivi
pendant une demie heure ; j'ai été contre les maisons du Collège, ils m'y ont
suivi et se sont arrêtés dans un renfoncement en manière de porte où ils se
montraient sans rien dire, habitude que présentement une partie des infâmes a
prise, principalement ceux qui ont été convoqués. Veglay est tous les soirs sur
le quai de Conti avec une douzaine d'infâmes comme lui qui raccrochent tout ce
qu'ils peuvent attraper jusqu'à deux heures du matin. Il m'est revenu que
Veglay a dit qu'il avait été convoqué à la police et qu'il avait comparu devant
un monsieur Chaban ; que ce monsieur avait voulu l'intimider en le menaçant de
la prison pour lui faire dire les personnes avec lesquelles il était en
commerce infâme, mais que Veglay ayant répondu sur un autre ton, il l'avait
renvoyé, et que le vrai moyen de bien se tirer de là était de ne jamais
déclarer ses amis.
(AB, 10259)
N° 48 : Veglay,
29 juin 1748 :
Passant sur le quai de Conti
sur les minuit j'ai vu Veglay, qui était lui quatrième [avec trois autres
personnes], qui faisait les figures et gestes des infâmes ; je me suis promené
un tour et je suis passé à quatre pas d'eux. Veglay a dit : " En voilà un
qui a bien l'air d'en être. Séparons-nous par deux, voyons ce que c'est que
cette sœur-là. " C'est un terme d'infâme.
(AB, 10259)
N° 49 : Rodolphe, laquais, 31 juillet 1748 :
Rodolphe, laquais de Mr Le Moine, m'a raccroché mardi dernier pour la
troisième fois. Il a voulu me mener chez lui, disant qu'il me ferait voir son
maître ; que nous nous divertirions ensemble ; qu'il le met et qu'on lui met,
et à son maître de même. Qu'il allait raccrocher à la Comédie. Il a raccroché
Mr Tessier et Mr de Colandre et d'autres de leurs amis, de quoi il avait reçu
six louis d'or. Et que si je pouvais lui donner quelques jeunes gens de belle figure,
qu'ils pourraient en avoir autant. Et que je serais bien récompensé. [...]
Couche avec son maître.
(AB, 10259)
N° 50 : Beaulieu, fils d'un tailleur, 1er octobre 1748 :
Il y a environ deux mois qu'il a paru devant Monsieur Chaban lequel l'a
envoyé en prison. Il dit à tous les infâmes qu'il rencontre qu'il s'en fout, et
que si Chaban l'envoyait chercher encore une fois, il n'irait pas, et qu'il se
fout de Framboisier, et qu'enfin il est bougre et s'en fait honneur.
(AB, 10259)
N° 51 : Antoine Charpentier, 27 octobre 1748 :
Antoine Charpentier, gainier, dit qu'il y a quatre ans qu'il a fait
connaissance avec Peuvret, pour lors compagnon gainier, demeurant rue du Haut
Moulin, et à présent maître gainier rue de la Vannerie, que dans ce temps-là
ils ont couché ensemble même pendant trois ans, qu'il leur est arrivé une
infinité de fois de faire des infamies ensemble, s'étant manuélisés et le
déposant l'ayant mis bien des fois à Peuvret, la dernière fois il n'y a pas
plus de quatre mois.
[Note en marge] Infâme d'habitude qui ne se corrige pas.
L'enfermer à Bicêtre.
(AB, 10259)
NOTES
N° 21 : rapport de la "mouche".
N° 22 : rapport de la "mouche".
N° 23 : l'expression "être
de tout" indique une sorte de bivalence interne à l'homosexualité
masculine ; cf N° 31.
N° 24 et 26 : rapports de la "mouche".
N° 27 : F. Ravaisson-Mollien, Archives de la Bastille. Documents inédits ..., Pédone-Lauriel, 1866-1904, volume XII, page 126.
N° 28 : rapport de la
"mouche". Il peut s'agir de Jean-Pierre Lécrivain, 26 ans, marchand
forain, accusé de sodomie en 1741 et maintenu en détention provisoire ; il
obtint un non-lieu par arrêt du 4 juillet 1741 (Archives nationales, N, x/2/a 729).
N° 29 à 31 ; rapport de la "mouche".
N° 32 : rapport de la
"mouche". La dernière phrase évoque l'accusation portée contre
Hérault ; cf N° 28.
N° 33 : rapport de la "mouche".
N° 34 et 35: rapport de la
"mouche". À rapprocher des remarques du Dr Tardieu sur les pénis de
pédérastes (Études médico-légales sur les attentats aux moeurs, 1857, page 147)
N° 36 et 37 : rapports de la "mouche".
N° 38 et 39 : déclaration à Louis
Alexandre Framboisier, "inspecteur de police chargé des ordres de Sa
Majesté [Louis XV] pour la recherche des sodomites" (AB, 10259).
N° 41 : déclaration à
Framboisier. L'horloger Patrot avait été arrêté le 3 mai et libéré le 4. Sur
Charpentier, voir le N° 48 ; sur Patrot, voir les N° 42 et 43.
N° 42 et 43 : notes de police. Sur Martin, voir aussi N° 45.
N° 44 : rapport de la "mouche".
N° 45 : déclaration à
Framboisier. La brasserie la Tour d'Argent existe toujours au coin de la rue du
faubourg St Antoine et de la place de la Bastille. L'expression "entendre
le latin" s'explique par le fait que la langue latine possède trois
genres, masculin, féminin et neutre ; l'homosexuel masculin est assimilé au
genre neutre ; au XIXème siècle, Balzac parlera de troisième sexe ; cf
DHHM, entrées « neutre » et « troisième sexe ».
N° 46 : rapport de la "mouche".
N° 47 : rapport de la "mouche". Chaban était
secrétaire du lieutenant de police.
N° 48 : rapport de la
"mouche". "Lui quatrième", c'est-à-dire avec trois autres
personnes. Veglay a été arrêté le 11 octobre 1748 chez un nommé Le Page et
conduit en la prison de fors l'Evêque, conformément aux "ordres de sa
majesté pour la recherche des sodomistes" (AB, 10259, du 12 octobre 1748).
N° 49 et 50 : rapport de la "mouche".
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