mercredi 22 octobre 2025

INDEX ZEMMOUR, LA MESSE N'EST PAS DITE ...

 

Paru en octobre 2025.


Ce que Eric Zemmour attribue à Edward Gibbon (« Les évêques ont fait le royaume de France », page 16) ne se retrouve pas dans l'original anglais ; c'est seulement l'interprétation qu'en fit Joseph de Maistre.
Eric Zemmour cite entre « », mais de travers, toujours dans " La Messe n'est pas dite ", page 70.
" de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-romaine " ; alors que de Gaulle plaçait la culture avant la religion et l'Europe avant la race.
Opuscule néanmoins très intéressant, très fort, jusqu'au chapitre 5 inclus. Beaucoup moins après (pages 85 et suivantes). Le baptême ne peut être une solution politique valable dans un pays où les " sans religion " sont devenus majoritaires.


INDEX NOMINUM


Abraham, patriarche 24, 30, 33, 49
Alexandre le Grand 82
Arendt, Hannah 96
Augustin, saint 93, 116
Aznavour, Charles 14

Bach 14
Balzac, Honoté de 7
Barrès, Maurice 15, 31, 45, 55, 58, 92, 107-108, 117
Basile, saint 74
Beatles 14
Beaune, Colette 34
Benoist-Mechin, Jacques 40, 41, 47-48, 51
Benoît, saint 56
Benoit XVI, pape 19
Bernanos, Georges 17-19, 109, 125
Besançon, Alain 53
Biden, Joe 71
Bloch, Marc, historien 78-80
Bloom, Allan 67
Bodin, Jean 34
Bonaparte 95, 105
Boniface VIII, pape 59
Bossuet, Jacques-Bénigne 45, 93
Bottum, Joseph 67
Brasillac, Robert 39
Brassens, Georges, chanteur 14, 45
Brel, Jacques 14

Chamaï, talmudiste 49
Charlemagne 22
Chateaubriand 8, 13, 58, 60-61, 109
Claudel, Paul 38
Clermont-Tonnerre, Stanislas de 98-99, 101
Conrad, Joseph 112
Constantin Ier, empereur romain 21, 33, 54
Crémieux, Adolphe 10
Chevènement, Jean-Pierre 12

Daniel prophète 25
Danton, Georges Jacques 69
Daoud, Kamel 90
David, roi d'Israël 33, 34
Deleuze, Gilles 68
Derrida, Jacques 68
Descartes, René 61-62
Dickès, Christophe 57
Dreyfus, Alfred 89
Drieu la Rochelle, Pierre 39
Drumont, Édouard 10
Dumas père, Alexandre 7

Élie prophète 25
Engels, Friedrich 70

Falloux, Alfred de 110
Fauré, Gabriel 14
Fénelon, François 92-93
Ferrat, Jean 14
Ferré, Léo 14
First Things 15
Floyd, George 64
Foucault, Michel 68
Fourquet, Jérôme 88
François, pape 19, 82, 93, 115
Freud, Sigmund 23
Fukuyama, Francis 55, 58, 80, 83

Galilée 62
Gauchet, Marcel 114
de Gaulle, Charles 41, 70
Gibbon, Edward 16
Girard, René 23, 38, 116
Grégoire VII, pape 59
Grousset, René, historien 82
Guattari, Félix 68

Hassan II, roi du Maroc 40
Hillel, rabbin 49
Hitler 39, 41
Hobbes, Thomas 35
Houellebecq, Michel 111
Huntington, Samuel 81

lbn Seoud, Mohammed 40, 48, 52
Isaac, patriarche 24

Jacob, patriarche 48
Jacques, apôtre 27, 94
Jean XXIII, pape 42
Jean Eudes, saint 115
Jean-Paul II, pape 16, 19, 42
Jérémie prophète 25
Jésus de Nazareth, Christ 10, 23, 25-30, 32, 39, 41, 45, 47, 56, 57, 64, 74, 94, 111, 113, 122
Julien l'Apostat, empereur romain 39

Kadhafi, Mouammar 40
Kennedy, John F. 117
King, Martin Luther 64
Kundera, Milan 77-78

Lagarde et Michard 7
Lamartine, Alphonse de 107
Lavigerie, cardinal 110
Le Goff, Jacques 61
Lénine, Vladimir O. 44
Léon XIV, pape 115-116
Lévi-Strauss, Claude 50-51
Louis IX, roi de France 34
Louis XIV, roi de France 45, 92
Louis XV, roi de France 93
Louis XVI, roi de France 93
Louis-Philippe, roi de France 107
Luther, Martin 64, 101
Lyotard, Jean-François 68

Macias, Enrico 11
Macias, Sylvain 11
Macron, Emmanuel 71
Mahomet 41, 47-48, 51, 74, 101-102, 125
Maistre, Joseph de, 13, 75-76
Malraux, André 125
Marie, Vierge 14
Marx, Karl 9, 70
Maurras, Charles 29-31, 89, 110
Mélenchon, Jean-Luc 69
Millet, Richard 32
Moïse 24, 30, 47
Montesquieu 68, 122
Montherlant, Henry de 38-39
Mozart, Wolfgang A. 14
Musso, Pierre 57

Napoléon Ier 9, 37, 99, 102-103
Nasser, Gamal Abdel 40
Newton, Isaac 62
Nietzsche 39

Pascal, Blaise 6-8, 12, 13, 58
Paul, saint 23, 27, 28, 33, 44, 54, 64, 94, 119
Paulhan, Jean 38
Pergolèse, Jean-Baptiste 14
Pie XI, pape 111
Pierre, apôtre 27, 28, 44, 94
Pirenne, Henri 59
Platon 28
Portes ouvertes 19

Racine, Jean 13
Rebatet, Lucien 39
Régis, Max 10
Renan, Ernest 9, 13, 22, 25, 26, 35, 36, 50, 74, 87, 108
Ribéry, Franck 114
Rodinson, Maxime 53
Rolling Stones 14
Rothschild, banquiers 37
Rousseau, Jean-Jacques 68, 123
Roussel, Éric 40

Sangnier, Marc 110
Senghor, Léopold Sédar 81
Sensal, Boualem 90
Suarès, André 13

Taine, Hippolyte 13
Tartuffe 119
Thérèse de Lisieux, sainte 115
Thomas d'Aquin, saint 61
Titus, empereur romain 35
Tocqueville, Alexis de 66
Toynbee, Arnold 82
Trump, Donald 116-117

Urbain II, pape 75

Vance, J. D. 93, 116
Vermeule, Adrien 117
Vianney, Jean-Marie, curé d'Ars 115
Vivaldi, Antonio 14
Viviani, René, président du Conseil 90
Voltaire 8, 9, 50, 110

Waldeck-Rousseau, Pierre 89

Zemmour, Éric 88-89




mercredi 15 octobre 2025

L'AFFAIRE DE LENOIR ET DIOT (Paris, 1750)




Paris, janvier - juillet 1750


   La proposition de l'ancien maire de Paris Bertrand Delanoë tendant à l’apposition d’une plaque commémorative à la mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot à l’angle des rues Bachaumont et Montorgueil (Paris IIe) réveilla le souvenir de cette lamentable affaire. Cette plaque fut dévoilée le 18 octobre 2014 par la maire PS de Paris, Anne Hidalgo.


  Sujet de roman en 2024, l'exécution capitale de Lenoir et Diot en juillet 1750 constitue la dernière affaire connue de répression judiciaire de l'homosexualité per se, c'est-à-dire non compliquée de violence ou de pédophilie, en France. L'affaire précédente qui soit comparable, en mars 1720, tout aussi triste mais bien moins médiatisée, concernait deux tout jeunes parisiens, Philippe Basse et Bernard Mocmanesse, également accusés des énormes crimes de blasphèmes, il faut dire ...

Lien : Procès de sodomie en France



  La surveillance policière des lieux de rencontre des "gens de la manchette" par les mouches, que j'ai décrite dans Les Assemblées de la manchette, n'est pas responsable de l'arrestation de Lenoir et Diot ; ils ont été surpris par le guet royal, institution ancienne qui coexistait avec la police, près de ce que l'on appelle aujourd'hui le Forum des Halles. Sans doute faut-il voir là une des raisons de cette sévérité, exceptionnelle au XVIIIème siècle.


I / L'arrestation

   Le commissaire en dressa ce procès-verbal :

L'an 1750 le [dimanche] 4 janvier 11 heures et demie du soir par devant nous Jacques François Charpentier conseiller du Roi, commissaire au Châtelet à Paris, en notre hôtel est comparu Julien Dauguisy, sergent du guet [...] lequel a dit que passant rue Montorgueil entre la rue St Sauveur et la rue Beaurepaire, il a vu deux particuliers en posture indécente et d'une manière répréhensible, l'un desquels lui a paru ivre. Il les a arrêtés tant sur ce qui lui a paru de leur indécence que sur la déclaration que lui a faite un particulier passant, qui a dit les avoir vu commettre des crimes que la bienséance ne permet point d'exprimer par écrit ; pour quoi il les a conduits par devant nous, et a signé en notre minute.

Par l'un des particuliers a été dit qu'il se nomme Bruno Lenoir, âgé de 20 ou 25 ans, garçon cordonnier [...], qu'il ne connaît point l'autre particulier arrêté sinon qu'il l'a rencontré il y a une demie heure, que ce particulier lui a demandé s'il voulait venir avec lui et qu'ayant refusé, ce particulier lui a défait sa culotte et a commis sur lui des indécences, et que la garde étant survenue les a arrêtés et conduits par devant nous. Et a signé en notre minute.

Par l'autre particulier, a été dit qu'il se nomme Jean Diot, âgé de 40 ans, garçon domestique chez la dame Marin, chaircuitière rue de la Fromagerie [...], qu'il ne connaît point l'autre particulier arrêté, que l'ayant trouvé sur le pas d'une porte endormi, il n'avait d'autre intention que de lui rendre service et n'était point en posture indécente comme on lui reproche, et n'avait point ôté sa culotte quand on l'a arrêté. Et a déclaré ne savoir écrire ni signer (Archives nationales, manuscrit Y 10132).


  On verra plus loin les détails apportés par l'avocat parisien Barbier sur les circonstances de ces arrestations. Lenoir et Diot sont mis en détention, et interrogés cinq jours plus tard :
Bruno Lenoir, garçon cordonnier âgé de 21 ans [...] a déclaré aujourd'hui 9 janvier 1750 que le 4 du présent mois, passant à 9 heures du soir rue Montorgueil, il y a été rencontré par un particulier à lui inconnu, et qu'il a su depuis s'appeler jean Diot, [...] que ce Jean Diot est venu l'accoster et lui a proposé l'infamie, qu'il l'a même prié de le lui mettre par derrière, que pour cet effet Jean Diot a défait sa culotte et que lui déclarant le lui a mis par derrière, sans cependant finir l'affaire [d'ou mon titre ...], attendu qu'ils ont été surpris par le guet qui les a arrêtés et qui après les avoir conduits devant un commissaire les a amenés à la prison du grand Châtelet [...] Jean Diot nie le fait (Archives de la Bastille, manuscrit 11717, folio 247).
Ce cas de sodomie en pleine rue n'est pas le seul connu ; en octobre 1727, un certain Jean Duvu racontait qu'il avait " foutu en cul, au milieu de la rue des Saints-Pères, un jeune homme qu'il avait entretenu longtemps, nommé Picard " (Archives de la Bastille, 10257 ; Les Assemblées de la manchette, N° 26)


II / Le procès

  Le 11 avril 1750, le procureur requiert que les inculpés soient brûlés vifs (Archives nationales, mss Y 10132). La sentence, rendue le 27 mai, nous est connu par cet arrêt du 5 juin :

Sr Berthelot.
Vu par la Cour : le procès criminel fait par le Prévôt de Paris ou son lieutenant-criminel au Châtelet à la requête du substitut du procureur général du Roi, demandeur et accusateur, contre Bruno Lenoir garçon cordonnier et Jean Diot domestique, défendeurs et accusés, prisonniers en la Conciergerie du Palais, appelant de la sentence rendue sur le procès le 27 mai 1750 par laquelle ils auraient été déclarés dûment atteints et convaincus du crime de sodomie mentionné au procès ; pour réparation ils auraient été condamnés à être conduits dans un tombereau à la place de Grève, et là y être brûlés vifs avec leur procès, leurs cendres ensuite jetées au vent, leurs biens acquis et confisqués au Roi ou à qui il appartiendra, sur chacun d'eux préalablement pris la somme de 200 livres d'amende envers le Roi, au cas que confiscation n'ait pas lieu au profit de sa Majesté.
Ouïs et interrogés en la Cour Bruno Lenoir et Jean Diot sur leur cause d'appel et cas à eux imposés.
Tout considéré.
La Cour dit qu'il a été bien jugé par le lieutenant-criminel du Châtelet, mal et sans grief appelé par Bruno Lenoir et Jean Diot, et les amendera. Et pour faire mettre le présent arrêt à exécution renvoie Bruno Lenoir et Jean Diot prisonniers par devant le lieutenant-criminel du Châtelet.
Fait en Parlement le 5 juin 1750
Arrêté que Bruno Lenoir et Jean Diot seront secrètement étranglés avant de sentir le feu (Archives nationales, Parlement criminel, x/2b/1006 ; arrêt signé Demaupéou et Berthelot).

L'interrogatoire auquel il est fait allusion ci-dessus n'est connu que par ce procès-verbal :

" Bruno Lenoir après serment :
23 ans, cordonnier.
S'il a passé dans la rue Montorgueil : n'en sait rien.
S'il a défait sa culotte : ne sait ce qu'on veut lui dire.
S'il a commis des indécences avec un autre particulier : n'en sait rien.

Jean Diot, après serment :
40 ans, gagne deniers.
S'il a été rue Montorgueil : oui.
S'il a commis avec Lenoir des indécences : non et ne le connaît pas.
S'il a défait sa culotte : oui, pour lâcher de l'eau.
Si l'autre avait aussi sa culotte défaite : n'en sait rien. "
(Archives nationales, Parlement criminel, x/2a/1114, registre du Conseil du 5 juin 1750 ; procès-verbal signé Berthelot.)


III / L'exécution

  Voltaire, qui signala l'exécution de Deschauffours en 1726, semblait ne pas avoir eu connaissance de ce procès ; il était alors en Prusse, auprès de Frédéric II, dont les mœurs ne le choquaient pas (soit dit en passant). L'exécution des deux hommes resta aussi inconnue des auteurs des Mémoires secrets, qui écrivaient, le 11 octobre 1783, le jour de l'exécution de Paschal, que " depuis le supplice de Deschauffours [1726] on n'avait point exécuté de sodomiste ".

  L'avocat E.J.F. Barbier nota le fait dans son Journal historique et anecdotique ; plusieurs éditeurs omirent les deux passages concernés, que je reproduis ci-dessous d'après le manuscrit que j'avais pu consulter à la BnF :

Juin 1750
On devait brûler ces jours-ci deux ouvriers que le guet a trouvé le soir en flagrant délit culotte bas pour fait de b.... Le fait est fort singulier, mais on dit qu'on a commué la peine par prudence, et qu'ils seront apparemment enfermés pour le reste de leur vie à Bicêtre.

Chronique de la Régence et du règne de Louis XV ou Journal de Barbier, avocat au

Parlement de Paris, quatrième série, Paris : Charpentier, 1858, page 441.

Juillet 1750
Aujourd'hui, lundi 6, on a brûlé en place de Grève, publiquement, à cinq heures du soir, ces deux ouvriers : savoir, un garçon menuisier et un charcutier, âgés de 18 et 25 ans, que le guet a trouvés en flagrant délit, dans les rues, le soir, commettant le crime de sodomie ; il y avait apparemment un peu de vin sous jeu pour pousser l'effronterie à ce point. J'ai appris, à cette occasion, que devant les escouades du guet à pied, marche un homme vêtu de gris qui remarque ce qui se passe dans les rues, sans être suspect, et qui, ensuite, fait approcher l'escouade. C'est ainsi que nos deux hommes ont été découverts. Comme il s'est passé quelque temps sans faire l'exécution, après le jugement, on a cru que la peine avait été commuée à cause de l'indécence de ces sortes d'exemples, qui apprennent à bien de la jeunesse ce qu'elle ne sait pas. Mais on dit que c'est une contestation entre le lieutenant-criminel et le rapporteur [...] Bref, l'exécution a été faite pour faire un exemple, d'autant que l'on dit que ce crime devient très commun et qu'il y a beaucoup de gens à Bicêtre pour ce fait. Et comme ces deux ouvriers n'avaient point de relations avec des personnes de distinction, soit de la Cour, soit de la ville, et qu'ils n'ont apparemment déclaré personne, cet exemple s'est fait sans aucune conséquence pour les suites [...] On n'a point crié le jugement pour s'épargner apparemment le nom et la qualification du crime. On avait crié en 1726 pour le sieur Deschauffours, pour crime de sodomie ( BnF, mss français 10289, folios 149 et 152).



Chronique de la Régence et du règne de Louis XV ou Journal de Barbier, avocat au
Parlement de Paris, quatrième série, Paris : Charpentier, 1858.


 Journal et Mémoires du marquis René Louis d'Argenson, à la date du 18 juillet 1750 (tome 6) :

" On a brûlé ces jours-ci deux manants pour sodomie, et fustigé une belle maquerelle par les rues, pour avoir voulu prostituer une fille de dix ans à un jeune bénéficier du collège de Bourgogne. "

IV / Retentissement immédiat, et échos plus ou moins lointains

  La seule réaction littéraire immédiate connue se lisait dans cet écrit satirique et allégorique attribué à Blanchet de Pravieux, Les Réclusières de Vénus (1750) :

Vénus accourt, et d'un œil satisfait souffle le feu ; la flamme dévorante chez ses rivaux va porter l'épouvante qui ne dura qu'autant que les tisons flambaient, grillaient les deux nouveaux Chaussons (a). 
a. Jacques Chausson, condamné pour impiété et prostitution de jeunes garçons, fut exécuté avec son complice Fabry à Paris en décembre 1661 ; son nom était depuis parfois employé comme nom commun (cf mon DFHM, entrée "Chausson").

L'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot la signala en 1765, à l'article très rétrograde "Sodomie" de Boucher d'Argis, après avoir rappelé la base juridique de genre d'exécutions, soit la peine en usage pour "ce désordre abominable". Comme cet article donne, théoriquement, le point de vue des élites éclairées de l'époque, il mérite que je le cite entièrement :



« SODOMIE, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est le crime de ceux qui commettent des impuretés contraires même à l'ordre de la nature ; ce crime a pris son nom de la ville de Sodome, qui périt par le feu du ciel à cause de ce désordre abominable qui y était familier.
  La justice divine a prononcé la peine de mort contre ceux qui se souillent de [ce] crime, morte moriatur ; Lévitique, ch. XX .
  La même peine est prononcée par l'Authentique, ut non luxurientur.
  La loi cum vir au code de adult. veut que ceux qui sont convaincus de ce crime soient brûlés vifs.
  Cette peine a été adoptée dans notre jurisprudence : il y en a eu encore un exemple en exécution d'un arrêt du 5 juin 1750, contre deux particuliers qui furent brûlés vifs en place de Grève.
  Les femmes, les mineurs, sont punis comme les autres coupables.
  Cependant quelques auteurs, tels que Menochius, prétendent que pour les mineurs, on doit adoucir la peine, surtout si le mineur est au-dessous de l'âge de la puberté.
  Les ecclésiastiques, les religieux, devant l'exemple de la chasteté, dont ils ont fait un voeu particulier, doivent être jugés avec la plus grande sévérité, lorsqu'ils se trouvent coupables de ce crime ; le moindre soupçon suffit pour les faire destituer de toute fonction ou emploi qui ait rapport à l'éducation de la jeunesse. Voyez Du Perray.
  On comprend sous le terme de sodomie, cette espèce de luxure que les canonistes appellent mollities, & les latins mastupratio, qui est le crime que l'on commet sur soi-même ; celui-ci lorsqu'il est découvert (ce qui est rare au for extérieur) est puni des galères ou du bannissement, selon que le scandale a été plus ou moins grand.
  On punit aussi de la même peine ceux qui apprennent à la jeunesse à commettre de telles impuretés ; ils subissent de plus l'exposition au carcan avec un écriteau portant ces mots, corrupteur de la jeunesse. Voyez les novelles 77 & 141 ; du Perray, des moyens can. ch. viii ; Menochius, de arbitr. cas. 329 n. 5 ; M. de Vouglans, en ses Instit. au Droit criminel, page 510. »

Encyclopédie, tome XV, colonne 266, 1765, par Antoine-Gaspard Boucher d'Argis (1708-1791).



On retrouvera cet article, avec des notes d'éclaircissement, dans mon DFHM, article "sodomie".

L'article "sodomie du Dictionnaire des Sciences Médicales de Panckoucke fit le même rappel :

" En France, avant la réforme de notre code criminel, on se conformait à la loi Cum vir, et les sodomites étaient brûlés vifs : en 1750, deux pédérastes furent brûlés en place de Grève [tome 51, 1821. La loi Cum vir ..., édit de l'empereur Constant en l'an 342, punissait de mort les unions masculines]. "

L'article "pédérastie" rédigé par le Dr A. Lacassagne dans le Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales, notait encore, en 1886, cette exécution, rappelant une disposition du XIIIe siècle mentionnée par Voltaire :
" D'après les Etablissements de Saint Louis, les individus convaincus de bougrerie sont jugés par l'évêque et condamnés à être brûlés. Au siècle dernier, nos lois étaient aussi sévères ; en 1750, on brûla deux pédérastes en place de Grève (vol. 22). "
Le Code pénal annoté de Me Emile Garçon (Paris : Sirey, 1956) mentionnait cette exécution, à l'article 331, mais elle resta inconnue des auteurs de l'ouvrage Les Procès de sodomie au 16ème, 17ème et 18ème siècle, Fernand Fleuret et Louis Perceau (Paris : Bibliothèque des curieux, 1920, sous le pseudonyme du Dr Hernandez). Pour un inventaire des procès de sodomie, au sens homosexuel du terme, en France, voir mon article.


Ma première auto-édition de cette étude parut en octobre 1980 (ISBN 2-86254-001-3), sous le titre L'affaire Lenoir-Diot.

* * * * *

Un article de Michel Rey (1953-1993), " Police et sodomie à Paris au XVIIIème siècle : du péché au désordre " (Revue d'histoire moderne et contemporaine, volume XXIX, janvier-mars 1982). rappela l'affaire en lui donnant la date erronée de 1580. Ailleurs, Michel Rey tenta maladroitement de relier cette exécution aux soulèvements populaires de mai-juin 1750 (" Ganymède, Clio et compagnie ", Masques, n° 23, automne 1984) ; ma réponse au courrier de Masques, n° 24, hiver 1985 :




Ces soulèvements, qui commencèrent le 19 mai, d'après le témoignage du Journal du lieutenant de police d'Argenson (tome 6, page 203, à la date du 26 mai 1750 ; cité partiellement par Arlette Farge dans Vivre dans la rue à Paris au XVIIIème siècle, 1979), avaient pour cause des arrestations d'enfants, arrestations dont le nombre fut vite amplifié par la rumeur. Mais la simple chronologie interdit toute liaison, puisque c'est dès le 11 avril que le procureur avait requis la peine de mort.

De plus, à la différence de l'affaire Deschauffours, aucun enfant n'était en cause ici. S'il y a un déterminant extérieur à chercher, ce peut être dans les suites de la surveillance policière qui s'était établie au début des années 1720 (voir Les Assemblées de la manchette) ; beaucoup se laissèrent prendre aux " mouches " dans un premier temps, beaucoup moins par la suite. Le fichier ainsi constitué avait alors permis, à partir de 1748 environ, de convoquer un certain nombre d'individus afin d'obtenir d'eux des dénonciations. Certains d'entre eux, catalogués " infâmes d'habitude ", furent enfermés à Bicêtre. Cela ne fut peut-être pas considéré comme suffisant pour l'effet dissuasif recherché.

En 1985, l'historien Maurice Lever (1935-2006) commenta l'affaire dans Les Bûchers de Sodome Histoire des "infames", Paris : Fayard, 1985 (réédition 1996 en collection 10-18), chapitre IX, " Derniers bûchers, nouvelles Bastilles ".
Reprise en 2000 de ma publication de 1980 dans Homosexualité, Lumières et droits de l'homme, suivi de L'affaire de Lenoir et Diot, Paris : C. Courouve, 2000, ISBN 2-86254-025-0.

16-18 décembre 2013 : suite à un vœu du groupe PCF/PG en 2011, délibération du Conseil de Paris relative à une plaque apposée à l'angle des rue Bachaumont et Montorgueil à Paris IIe, dans le périmètre historique correspondant au lieu de leur arrestation, plaque commémorative à la mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot :

Le 4 JANVIER 1750
RUE MONTORGUEIL, ENTRE LA RUE SAINT-SAUVEUR
ET L'ANCIENNE RUE BEAUREPAIRE, FURENT ARRËTÉS
BRUNO LENOIR ET JEAN DIOT.
CONDAMNÉS POUR HOMOSEXUALITÉ,
ILS FURENT BRÛLÉS EN PLACE DE GRÈVE LE 6 JUILLET 1750
CE FUT LA DERNIÈRE EXÉCUTION POUR HOMOSEXUALITÉ EN FRANCE

Le Conseil de Paris siégeant en formation de Conseil Municipal
Vu le code général des collectivités territoriales et notamment ses articles L 2511-1 et suivants ;
Vu la délibération du 5 mars 1979 réglementant les hommages rendus par la Ville ;
Vu le projet de délibération en date du par lequel M. le Maire de Paris soumet à son approbation l’apposition d’une plaque commémorative à la mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot à l’angle des rues Bachaumont et Montorgueil, Paris IIe
;
Vu l'avis du conseil du 2e arrondissement en date du ;
Sur le rapport présenté par Mme Catherine Vieu-Charier au nom de la 9eCommission,
Délibère :
Article 1 : Est approuvée la proposition de M. le Maire de Paris tendant à l’apposition d’une plaque commémorative à la mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot à l’angle des rues Bachaumont et Montorgueil à Paris IIe.
Article 2 : Le texte de la plaque est : « Le 4 janvier 1750, rue Montorgueil entre la rue Saint-Sauveur et l’ancienne rue Beaurepaire, furent arrêtés Bruno Lenoir et Jean Diot. Condamnés pour homosexualité, ils furent brûlés en place de Grève le 6 juillet 1750. Ce fut la dernière exécution pour homosexualité en France.»
Article 3 : La dépense correspondante, estimée à 4 868 euros sera imputée sur le budget d'investissement de la Ville de Paris, exercice 2013, rubrique 324, nature 2313, mission 40000-99-040, individualisation 13V00149 DAC.

Cette plaque fut dévoilée le 18 octobre 2014 par la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo :



Roman paru en 2024 chez Actes-Sud : 



Voir aussi mes pages

CYCLE AMOUR GREC

LÉGITIMISATIONS ET DÉPÉNALISATIONS DE L'HOMOSEXUALITÉ EN FRANCE






dimanche 12 octobre 2025

DOXOGRAPHIE DE LA DIALECTIQUE


Kant, Critique de la raison pure.

Marx : « Il est possible que je me sois mis dans l'embarras. Mais avec un peu de dialectique, on s’en tirera toujours. J’ai naturellement donné à mes considérations une forme telle qu’en cas d'erreur, j’aurais encore raison. [Es ist möglich, daß ich mich blamiere. Indes ist dann immer mit einiger Dialektik zu helfen. Ich habe natürlich meine Aufstellungen so gehalten, daß ich im umgekehrten Fall auch Recht habe]. » Karl Marx, lettre à Friedrich Engels, 15 août 1857.
Jean Wahl : « MATÉRIALISME DIALECTIQUE

Deux beaux mots. Le premier fait appel à une forme de l’entendement révolutionnaire, à l’instinct de "honte arborée", et le deuxième à l’orgueil. De sorte que le snobisme à rebours et le rebours tout court trouvent à la fois leur compte. Mon premier est ce qu’il y a de plus bas. Mon second est ce qu’il y a de plus haut. Reste à savoir si mon tout n’est pas un attrape-nigauds. » (" Satire ", Nouvelle Revue Française, juin 1938). 


   Parmi les conséquences dans les différents domaines de la philosophie de la sociologie de la connaissance, ou sociologie de la culture, qui considère l'objectivité scientifique comme relevant du politique ou du sociologique que du logique, on pense à l'opposition entre l'histoire dite bourgeoise et le matérialisme historique, à la science prolétarienne opposée à la science bourgeoise, puis à un dualisme logique. La dialectique marxiste, qui admet et promeut le contradictoire, l’identité des contraires (renouvelant la coïncidence des opposés du théologien allemand du XVe siècle Nicolas de Cues), le raisonnement circulaire, et que Lénine appelait, a-t-on dit,  " l'algèbre de la révolution ", est opposée à la logique qui exigeait et exige toujours la non-contradiction.

   En 1947, Jean Kanapa opposait le « rationalisme des Facultés de philosophie, confit, desséché et momifié, simple précepte épistémologique » à pas moins que le « rationalisme total, vivant, dialectique ». Mais Staline finit par être obligé, vers 1950, de réintroduire l'enseignement universitaire de cette logique. Dualisme biologique aussi, le temps que dura la renommée de Mitchourine et Lyssenko, négateurs de l'hérédité. Quant au dualisme linguistique, un temps envisagé, il fut écarté, en 1950, par l'указ de Staline : la langue n'est pas une superstructure, elle n'émane pas de la bourgeoisie – mais une « guerre du genre des mots » se trouve pratiquée par le mouvement PC (politically correct), notamment par ses composantes féministe et homosexuelle, cette dernière s’incarnant actuellement dans une " Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT) ", annonciatrice des LGBTQQIA+. Enfin, on assiste depuis peu à l'émergence d'une inquiétante écriture dite " inclusive " qui réveille ce dualisme.

  La dialectique apparaissait dans la France des années 1950 comme la panacée, la solution des problèmes du monde (un peu à la manière dont la Scientologie de Ron Hubbard présente sa dianétique). Elle se définit tantôt comme une méthode, tantôt comme une logique, mais elle n’est finalement qu’une indigente et inféconde grille de lecture, notamment quand on la compare aux Lois de la pensée de George Boole (1815-1864) et aux travaux semblables de William Stanley Jevons (1835-1882), œuvres quasi contemporaines de celles du militant Karl Marx, et d’où découle toute la science et la technique de l’information. Jean Grenier (1898-1971) décrivait cette dialectique comme « l’illogisme érigé en méthode suprême ». Par ailleurs, des grilles antérieures de bien meilleure qualité que cette dialectique marxiste avaient été avancées sous les dénominations anciennes de genres, catégories ou universaux.

« La dialectique n'est qu'un savoir logique implicite, qui ne formule aucune de ses lois, et, en tant qu'art du dialogue, elle est parfois plus proche de la rhétorique que de la logique, entendue comme science de la déduction. [...] Les Stoïciens appelaient " dialectique " ce que nous nommons " logique ". » (Jean-Pierre Belna, Histoire de la Logique, chapitre I " La logique grecque ", Paris : Ellipes, 2005)

Genres, catégories, universaux :

Cinq genres platoniciens :
« L’Être, le Repos, le Mouvement, l’Autre, le Même […] il n’y a pas moins de cinq genres […] la nature des genres comporte la communication réciproque. » (Platon, Le Sophiste, 254e-257a).
Cette « communication réciproque », et la présence du Mouvement, répond par avance aux reproches que les marxistes firent à la métaphysique classique (qu’ils ne connaissaient pas) d’ignorer les relations, le contexte, le mouvement.


Dix catégories aristotéliciennes  de l’être : substance, quantité, manière d’être, relation ; endroit, moment, position, équipement, action, passion. » (Aristote, Catégories, IV, 1b)


Quatre catégories stoïciennes : substrat ou substance, qualités stables, manières d’être contingentes et manières d’être relatives (Stoicorum Vetera Fragmenta, II, 369 sqq.)

Sept catégories cartésiennes : esprit, grandeur, repos, mouvement, relation, figure, matière.

Douze catégories kantiennes :
Quantité
unité
pluralité
totalité 

Qualité
réalité
négation
limitation

Relation
inhérence et subsistance
causalité et dépendance
communauté [Causalité d’une substance dans la détermination des autres]


Modalité
possibilité – impossibilité
existence – non-existence
nécessité [Existence donnée par la possibilité] - contingence


Deux catégories marxistes : la matière, le mouvement.

Cinq universaux :
Le philosophe néo-platonicien Porphyre de Tyr (vers 234 / vers 305) : le genre, l’espèce, la différence spécifique, le propre, l’accident.


Doxographie :

Héraclite, fragment B 8 : l’opposé est utile, et des choses différentes naît la plus belle harmonie [et toutes choses sont engendrées par la discorde]
B 10 : peut-être la nature se réjouit-elle des contraires et sait-elle en dégager l’harmonie, alors qu’elle ne s’intéresse pas aux semblables ; tout de même sans doute que le mâle se rapproche de la femelle, ce que ne font pas les êtres de même sexe.
B 51 : les hommes ne savent pas comment le différent concorde avec lui-même
B 53 : conflit [guerre, combat] est le père de tous les êtres, le roi de tous les êtres.
B 87 : Un sot à chaque λόγος [mot, argument ou vérité] paraît hébété.

Zénon d’Élée [paidika de Parménide] : Aristote [Sophiste, ouvrage perdu] dit que Zénon fut l’inventeur de la dialectique (Diogène Laërce, L, Vies ..., IX, v, 25 ; voir aussi Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 7)

L’ancienne dialectique :

Platon, République, VII, 532ab : dialectique : entreprendre par l’exercice du dialogue, sans les sens mais avec la raison, de tendre vers l’être de chaque chose et de parvenir au terme de l’intellection
534b : dialecticien : celui qui est capable de saisir la raison [concept socratique] de l’essence [concept central de la métaphysique des formes] de chaque chose
534e : la dialectique réside au sommet de nos enseignements
536d : la formation propédeutique doit être inculquée avant la formation dialectique
537c : produire une vue synoptique de la parenté des enseignements : épreuve pour distinguer le naturel dialectique de celui qui ne l’est pas ; celui qui peut accéder à une vue synoptique est dialecticien539.

Dialectique : savoir qui appartient aux hommes libres ; division des choses par classes, éviter de croire qu’une classe est une autre, ou qu’une classe différente est identique (Platon, Sophiste, 253cd).

Dialecticien : celui qui sait interroger et répondre (Cratyle, 390c)

Phèdre, 261d : technique de l’Éléate Palamèdes [Zénon d’Élée] capable de donner [aux] auditeurs l’impression que les mêmes choses étaient à la fois semblables et non semblables, unes et multiples, en repos et en mouvement.

Ménon, 75d : manière dialectique : faire usage de ces éléments que la personne questionnée dit connaître.

Dialegesthai : controverser afin d’arriver à un accord sur un sens. Mais la langue devient la pire des choses (Ésope) lorque l’on bavasse sans se soucier du sens des mots, ou en jouant sur leur sens.


Aristote : Rhétorique, dialectique, analytique

Les substances n’ont pas de contraires (Catégories, V, 3b25). Aristote critique par avance la nouvelle dialectique marxiste.

La dialectique procède par interrogations ; elle n’est concernée par aucune classe d’objets. (Seconds analytiques, I, 77a)

Il est impossible pour le même attribut d’appartenir et de ne pas appartenir à la même chose et dans la même relation. (Métaphysique, Γ (IV), 1005b20).

Des propositions contradictoires relatives à un sujet ne peuvent être vraies (Sur l’interprétation, XII)

« L’invraisemblable est vraisemblable » : ce qui produit la duperie, c’est que l’on n’ajoute pas : dans quelle mesure, sous quel rapport, de quelle manière. Rhétorique, 1402a13.

La vie est dans le mouvement. (De anima, I, 2)


Commentaire d'Henri Bergson :
« Un Platon, un Aristote adoptent le découpage de la réalité qu’ils trouvent tout fait dans le langage : « dialectique », qui se rattache à διαλέγειν, διαλέγεσθαι, signifie en même temps « dialogue » et « distribution » ; une dialectique comme celle de Platon était à la fois une conversation où l’on cherchait à se mettre d’accord sur le sens d’un mot et une répartition des choses selon les indications du langage. »

Diodore d’Iasos (-IVe / -IIIe siècle) : toute proposition est, en vertu du principe du tiers exclu, vraie ou fausse.

Chrysippe de Soles (-IIIe siècle) : Contre ceux qui pensent que ce qui est faux peut être en même temps vrai.

Cicéron (-106/-43) : Diodore [d'Iasos], puissant dialecticien ; proposition faite de propositions contradictoires, et l’événement, selon le principe posé [principe de non-contradiction], ne peut avoir lieu. (De Fato [Du destin], VI, 12).
Si une assertion qu’on énonce n’est ni vraie ni fausse, du moins elle n’est pas vraie ; mais comment ce qui n’est pas vrai pourrait-il n’être pas faux, ou ce qui n’est pas faux n’être pas vrai ? On tiendra donc, comme le soutient Chrysippe [de Soles, -IIIe siècle], que toute assertion est ou vraie ou fausse. (De Fato, XVI, 38)

Diogène Laërce : « Parmi les philosophes [...] dialecticiens furent appelés tous ceux qui s'occupent de la subtilité des raisonnements. [...] La dialectique est la partie qui s'occupe des raisonnements des deux autres parties [la physique et l'éthique]. » Vies et doctrines... I, Prologue, § 17.

Diogène Laërce : « La dialectique, comme le dit Posidonios [d'Apamée], est la science de ce qui est vrai, de ce qui est faux et de ce qui n'est ni l'un ni l'autre. Elle concerne, comme le dit Chrysippe [de Soles], les signifiants et les signifiés (1). » Vies et doctrines... VII, Zénon, § 62.
1. " une véritable science du langage et du raisonnement, portant sur les signifiants et les signifiés. Par cette conception, les Stoïciens ont préparé la dialectique à devenir un des arts libéraux. " (Jean-Baptiste Gourinat).



Métaphore du bâton courbé :

Solution classique : Sénèque le Jeune (vers 4/65) : « On ne redresse ce qui est tordu qu’avec une règle. » (Lettres à Lucilius, XI, 10).

Solution dialectique : Plutarque : « Voulant redresser un morceau de bois, on le courbe de l’autre côté. » (Comment distinguer le flatteur de l’ami, 66D). [Idée reprise par Montaigne (Essais, III, x, 1006, et

« Il faut avertir à coups de fouet les mauvais disciples, quand la raison n'y peut assez, comme par le feu et violence des coins nous ramenons un bois tortu à sa droiture. » III, xii, 1045

puis par Descartes (lettre à Mersenne, janvier 1630)]

Louis Althusser (1918-1990) :
« Lorsque Lénine dit : pour redresser le bâton, il faut le courber dans l’autre sens, il refuse l’idéologie de l’efficacité de la vérité pure. Il reconnaît que les idées ont un corps, qui résiste, qu’elles ont une existence matérielle (...) Pour changer les idées, il ne suffit pas de ’dire la vérité’, il faut modifier le rapport de forces qui donne aux idées (fausses, vraies) leur existence sociale ». Projet d’ entretien avec Luis Crespo et Juan Senent-Josa, 1974, Archives Imec (cote ALT2. A46-02.01 1).
‎"Le bâton courbé" par François RICCI [mon prof de philosophie en terminale au lycée Masséna de Nice]
Résumé :
" Quand un bâton est courbé dans un sens, il faut le courber dans l'autre sens", cette idée que Althusser avait présentée dans sa Soutenance d'Amiens comme caractérisant le marxisme est déjà dans l'expérience cartésienne du doute et de la pensée. Si, pour forcer les idées à changer, il faut, selon Althusser, leur imposer une contre-force qui annule la première, ne va-t-on pas alors de courbure en contre-courbures et contre-contre-courbures, c'est-à-dire en déviations ? " Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, Nice 1977, n° 32, pages 117-129.
* * * * *

Augustin : la dialectique est l’art des arts, la discipline des disciplines ; elle sait apprendre, elle sait instruire ; elle veut rendre les hommes sages, et le fait. (De Ordine, II, xiii, 38).

Commentaire de Martin Heidegger : dialectique : la plus haute dimension de la pensée dans le cours historique de la métaphysique (Principes de la pensée, 1958)


Au Moyen Âge :

Trivium : Rhétorique, dialectique, grammaire (arts libéraux). Les quatre opérations de cette dialectique (qui n’a rien de pré-marxiste) sont alors la division, la résolution, la définition et la démonstration.
Quadrivium : arithmétique, musique, géométrie, astronomie.

On peut voir une source lointaine de la dialectique hégéliano-marxiste chez Jean Scot Érigène (vers 812 - 877), inventeur de la fameuse méthode super, qui note le dépassement de la contradiction par synthèse de deux jugements contraires :
Dieu est essence ;
Dieu n’est pas essence :
Dieu est superessentiel.

Et chez Nicolas de Cuse (1401-1464) : coïncidence des opposés en Dieu.



Schéma Cl. Collin


Blaise Pascal (1623-1662), Pensées :

On y trouve, étonnamment, les principaux éléments des dialectiques hégélienne et marxiste : mouvement, contradictions, unité des contraires.

« Ces extrémités se touchent et se réunissent à force de s’être éloignées [Cf Montaigne, Essais, I, liv, page 311 de l'édition Villey/PUF : " choses qui se tiennent par les deux bouts extrêmes ".], et se retrouvent en Dieu, et en Dieu seulement. » (Br. 72)
« Notre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort. » (Br. 129)
« Les sciences ont deux extrémités qui se touchent. » (Br. 327)
"Nous avons détruit l’opinion qui détruisait celle du peuple. Mais il faut détruire maintenant cette dernière proposition, et montrer qu’il demeure toujours vrai que le peuple est vain, quoique ses opinions soient saines." (Br. 328)
« Tous leurs principes sont vrais [pyrrhoniens, stoïciens, athées] leurs conclusions sont fausses, parce que les principes opposés sont vrais aussi. » (Br. 394).

« Cette duplicité de l’homme est si visible, qu’il y en a qui ont pensé que nous avions deux âmes.»  (Br. 417)
Critique de Voltaire : « J’aimerais autant dire que le chien qui mord et qui caresse est double »

« Suivons nos mouvements, observons-nous nous-mêmes, et voyons si nous n’y trouvons pas les caractères vivants de ces deux natures [avant et après le péché]. Tant de contradictions se trouveraient-elles dans un sujet simple ? » (Br. 430)
« Les deux raisons contraires. Il faut commencer par là : sans cela on n’entend rien, et tout est hérétique.
En Jésus-Christ toutes les contradictions sont accordées. » [Cf Nicolas de Cues]. (Br. 684)
« La source de toutes les hérésies est de ne pas concevoir l’accord de deux vérités opposées [juste - pécheur, mort - vivant, élu - réprouvé, etc.]. » (Br. 862)

« Les parties du monde ont toutes un tel rapport, un tel enchaînement l’une avec l’autre, que je crois impossible de connaître l’une sans l’autre, et sans le tout. » (Br. 72). Critique par Voltaire de cette anticipation de la pensée systémique : « Consolons-nous de ne pas savoir les rapports entre une araignée et l’anneau de Saturne, et continuons à examiner ce qui est à notre portée. »

Édition de Port-Royal des Pensées (1670) : « Ne parier point que Dieu est, c’est parier qu’il n’est pas » ; cf  l'Évangile selon Matthieu, XII, 30 : "Qui n'est pas avec moi est contre moi [Qui non est mecum, contra me est]." Objection de Voltaire : « Celui qui doute et demande à s’éclairer ne parie assurément ni pour ni contre. »

Spinoza : Toute détermination [ou limitation] est une négation (1). (Lettre, 50, à Jarig Jelles)

Gottfried Wilhelm Leibniz : « Sa théorie s’appuie sur un faux principe qu’il [Descartes] s’efforce à nouveau d’introduire ici [article 59] (à savoir que le repos serait le contraire du mouvement) ». (Remarques sur la partie générale des Principes de Descartes).

 
Dialectique selon Immanuel Kant (1724-1804) :
" Usage de la logique générale pour donner l’illusion d’affirmations objectives ; la dialectique n’était rien d’autre [pour les Anciens] que la logique de l’apparence. " (Critique de la raison pure, LT, Introduction, III)
Dialectique transcendantale : étude et critique de l’illusion. (DT)
Penchant à sophistiquer contre les règles du devoir. (FMM)

Et selon Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) :
La vérité n’est complète que dans l’unité de l’identité avec la différence (Science de la logique). Pour le philosophe de Iéna, le vrai est le tout, et le tout est l’essence s’accomplissant à travers son développement (Phénoménologie de l’esprit, Préface, II). Il y a là « définitions » circulaires de la vérité, de la totalité et du mouvement. La contradiction (ou négativité) serait la racine de tout mouvement [À quoi on peut objecter que l’opposition des contraires est tout autant facteur d’équilibre que du changement] et de toute vivacité ; « ce n’est que dans la mesure où quelque chose a en soi une contradiction qu’elle se meut, qu’elle possède une force et une activité. » 

Triade « thèse, antithèse, synthèse [certains diront : foutaise] » ; union des contradictoires en une catégorie supérieure ; c’est une élaboration de la " méthode super "de Scot Érigène.


Arthur Schopenhauer (MVR) :

Dialectique : art puéril de déraisonner ; combinaisons les plus insensées de termes contradictoires.
Les hégéliens ont une vénération pour le principe de [Baruch] Spinoza : « Toute détermination [ou limitation] est une négation » (Lettre, 50, à Jarig Jelles) ; fidèles à l’esprit charlatanesque de leur école, ils ont l’air de considérer ce principe comme s’il était capable de faire sortir le monde de ses gonds.


Karl Marx (1818-1883) et les marxistes :

Karl Marx affirmait en 1844 que Ludwig Feuerbach (1804-1872) avait remis la dialectique sur ses pieds alors qu’elle marchait sur la tête.

« La question : s'il y a lieu de reconnaitre à la pensée humaine une vérité objective, n'est pas une question de théorie, mais une question pratique. Dans la pratique l'homme doit prouver la vérité, c'est à dire l’effectivité et la puissance,  la Diesseitigkeit [l’immanence, le caractère terrestre] de sa pensée dans ce monde et pour notre temps. La discussion sur l’effectivité ou la non effectivité d'une pensée qui s'isole de la pratique est une pure question  scolastique. » (Karl Marx, L'Idéologie Allemande - Deuxième thèse sur Feuerbach. 1846).

« La nature de Proudhon le portait à la dialectique. Mais n'ayant jamais compris la dialectique vraiment scientifique, il ne parvint qu'au sophisme. En fait, c'était lié à son point de vue petit-bourgeois. Le petit-bourgeois, tout comme notre historien [Friedrich Ludwig Georg von] Raumer, se compose de " d'un côté " et de " de l'autre côté ". Même tiraillement opposé dans ses intérêts matériels et par conséquent ses vues religieuses, scientifiques et artistiques, sa morale, enfin son être tout entier. Il est la contradiction faite homme. » (Karl Marx, lettre à Jean Baptista von Schweitzer, 24 janvier 1865).

« Toute action humaine peut être envisagée comme une abstention de son contraire. » (Karl Marx, Le Capital, XXIV, iii). Mais n’est-ce pas s’aventurer que d’affirmer qu’une action a un unique contraire, bien défini ?

Prophétie d’origine hégélienne : La lutte des classes doit aboutir à une société sans classes ni État.

« Le mouvement de la pensée n’est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l’homme » (Marx, Le Capital, t. I)

« Principe fondamental de la dialectique : il n’existe pas de vérité abstraite, la vérité est toujours concrète » (Vladimir I. Lénine).

« La dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses » (Vladimir I. Lénine, Cahiers philosophiques).

« La dialectique est la théorie qui montre comment les contraires peuvent être et sont habituellement (et deviennent) identiques – dans quelles conditions ils sont identiques en se convertissant l’un en l’autre [Cf George Orwell : « WAR IS PEACE, FREEDOM IS SLAVERY, IGNORANCE IS STRENGTH. » (1984)] – l’entendement humain doit prendre ces contraires pour vivants, conditionnés, mobiles, se convertissant l’un en l’autre » (V. I. Lénine, Cahiers philosophiques).
Ainsi un progressiste devient réactionnaire, un ami de 30 ans un rival, les premiers les derniers. Mais pas sous le même rapport, comme avertissait déjà Aristote de Stagire.

La dialectique, « science fondamentale du prolétariat » (Jean-Toussaint Desanti).

Nietzsche, Le Crépuscule des Idoles, " Le problème de Socrate ", § 6 :
« On ne choisit la dialectique que lorsque l’on n’a pas d’autre moyen. On sait qu’avec elle on éveille la méfiance, qu’elle persuade peu. Rien n’est plus facile à effacer qu’un effet de dialecticien : l'expérience de toute réunion, où l’on discourt, le prouve. Ce n’est qu’à leur corps défendant que ceux qui n’ont plus d’autre arme l'emploient. Il faut qu’on ait à arracher son droit, autrement on ne s’en sert pas. C’est pourquoi les juifs furent des dialecticiens ; Maître Renard l’était : eh quoi ? Socrate l’était aussi ? — »  traduction Henri Albert, 1908, revue.—
Man wählt die Dialektik nur, wenn man kein andres Mittel hat. Man weiss, dass man Misstrauen mit ihr erregt, dass sie wenig überredet. Nichts ist leichter wegzuwischen als ein Dialektiker-Effekt: die Erfahrung jeder Versammlung, wo geredet wird, beweist das. Sie kann nur Nothwehr sein, in den Händen Solcher, die keine andren Waffen mehr haben. Man muss sein Recht zu erzwingen haben: eher macht man keinen Gebrauch von ihr. Die Juden waren deshalb Dialektiker; Reinecke Fuchs war es: wie? und Sokrates war es auch? —


Contraires et contradictoires, au sens strict : les propositions contradictoires ne sont jamais ni vraies ni fausses ensemble ; les contraires ne peuvent jamais être vraies ensemble ; mais elles peuvent être toutes deux fausses.
Actuellement, notamment en théorie des probabilités, contraire prend la signification de contradictoire.

Les dichotomies théorie-pratique, création-production, bourgeois-prolétaire, abstrait-concret, dialectique-mécanique, forces productives – rapports de production, vie-mort, sont des postulats qui   ne s’avouent pas, présentés comme des évidences. La dialectique binaire s’oppose à la continuité des formes et surtout à la connaissance ouverte, non instrumentalisée. Or ce dualisme n’est pas pertinent ; la mort n’est pas le « contraire » de la vie (X avant sa naissance n’est ni mort ni vivant) ; strictement parlant, la négation est un opérateur qui ne s’applique qu’aux propositions ; « Voltaire est mort » est bien le contraire de « Voltaire est vivant ». Cf la remarque de Jacques Monod.

De plus, il y a la mort propre et la mort de l’autre, la mort réelle, la mort imaginée, la mort symbolique, etc.

Paradoxes de la non-contradiction (dus à des confusions entre contraires et contradictoires) : Russell : le roi de France (n’) est (pas) chauve. Chrysippe : ce que tu n’as pas perdu, tu l’as.


Jacques Monod, biologiqte, né à Paris en 1910 - décédé le 21 mai 1976 à Cannes (Alpes-Maritimes) : « Puisque, donc, la pensée est partie et reflet du mouvement universel, et puisque son mouvement est dialectique, il faut que la loi d’évolution de l’univers lui-même soit dialectique. Ce qui explique et justifie l’emploi de termes tels que contradiction, affirmation, négation, à propos de phénomènes naturels. […] le prophétisme historiciste fondé sur le matérialisme dialectique était, dès sa naissance, lourd de toutes les menaces qui se sont, en effet, réalisées. Plus encore peut-être que les autres animismes, le matérialisme dialectique repose sur une confusion totale des catégories de valeur et de connaissance. C’est cette confusion même qui lui permet, dans un discours profondément inauthentique, de proclamer qu’il a établi "scientifiquement" les lois de l’histoire auxquelles l’homme n’aurait d’autre recours ni d’autre devoir que d’obéir, s’il ne veut entrer dans le néant. » (Le Hasard et la nécessité, 2, 9, Paris : Seuil, 1970).


André Comte-Sponville :
« Au sens ontologique, ce [la contradiction] serait la présence, dans le même être, de deux propriétés incompatibles (auquel cas l’être en question ne saurait subsister) ou opposées. En ce dernier sens, qui est un sens vague, mieux vaut parler d’ambivalence, de discordance ou de conflit. Cela évitera de prendre la dialectique pour une nouvelle logique, quand elle n’est qu’une nouvelle grille de lecture, voire une nouvelle  rhétorique. » (Dictionnaire philosophique, « Contradiction »)
« La dialectique, c’est sa fonction, a réponse à tout […] C’est l’art de se donner raison dans le langage, quand bien même tout le réel nous donnerait tort. C’est bien commode. C’est bien vain. Un dialecticien un peu talentueux est toujours invincible, au moins intellectuellement, puisqu’il peut à chaque fois intégrer la contradiction même qu’on lui oppose dans son propre développement, et la dépasser par là. Si tout est contradictoire, que nous fait une contradiction ? Ainsi la dialectique est sans fin. C’est le bavardage de la raison, qui fait mine de se contredire toujours pour ne se taire jamais. » (Dictionnaire philosophique, « Dialectique)


Dans son Traité d'athéologie (2005), Michel Onfray semblait favorable au marxisme, comme d'ailleurs à Sigmund Freud qu'il a démoli récemment (2). Il y évoque à trois reprises une dialectique, très probablement marxiste : "jeux dialectiques" (Théocratie, III, 4), "pensons de manière dialectique" (III, 10), "avançons de manière dialectique" (III, 12).

Jean-Claude Michéa, "la méthode dialectique, qui procède toujours « de l’abstrait au concret »".  C'est bien la faille de cette méthode, la pensée devant procéder par allers et retours entre l'abstrait et le concret, ou plus précisément entre les différents niveaux d'abstraction et de concrétisation. Cette faille est fréquente chez les gens qui n'ont aucune formation scientifique.


NOTES

1. Négations active et passive de : A croit p.
Non (A croit p) = A ne croit pas p
A croit Non (p)
La négation passive du mouvement est le repos, les négations actives les mouvements dans des directions différentes. Déjà Leibniz : « Je pense que le mouvement opposé est plus contraire à un autre mouvement que ne l’est le repos. » (Remarques sur Descartes, articles 54, 55).
La négation passive de l’obligation est la non-obligation, la négation active l’interdiction.

2.  " Les Lumières qui suivent Kant sont connues : Feuerbach, Nietzsche, Marx, Freud entre autres. " (Introduction, 5). " Le désir de faire rentrer par la fenêtre la Bible et autres colifichets monothéistes que plusieurs siècles d'efforts philosophiques ont fait sortir par la porte - dont les Lumières et la Révolution française, le socialisme et la Commune, la gauche et le Front populaire, l'esprit libertaire et Mai 68, mais aussi Freud et Marx, l'école de Francfort et celle du soupçon des nietzschéens de gauche français ... - c'est proprement et étymologiquement consentir à la pensée réactionnaire. " (Athéologie, II, 4). " Tout ce qui définit habituellement le fascisme se retrouve dans la proposition théorique et la pratique du gouvernement islamique [...] la haine des Lumières - raison, marxisme, science, matérialisme, livres. " (Théocratie, III, 8).

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