Deux passages relèvent de l'ethnographie, les 24 autres concernent tous l'Antiquité gréco-latine. Le chapitre V a fait l'objet d'une édition séparée, commentée et annotée par Jean Terrel aux Classiques Garnier en 2019.
1* iii " De Trois Commerces ", 827 (868) : (Beauté masculine) quoi qu'elle désire des traits un peu autres, n'est en son point que confuse avec la leur [celle des femmes] puérile et imberbe. On dit que chez le grand Seigneur ceux qui le servent sous titre de beauté, qui sont en nombre infini, ont leur congé, au plus loin, à vingt-deux ans. [Cf Guillaume Postel, Histoire des Turcs, II].
2* v " Sur des Vers de Virgile ", 841 (883) : " Me vais amusant en la recordation des jeunesses passées,
animus quod perdidit optat,
Atque in praeterita se totus imagine versat. "
[esprit obsédé du regret de l'illusion perdue ; voir le contexte de cette citation de Pétrone, Satiricon, 128 : J'allai au lit sans Giton [...] Je redoutais de perdre le souffle au contact de mon frater]
3* v, 845 (886) : Ayant pour suspecte toute mine rébarbative
[...]
Et habet tristis quoque turba cynaedos (Cf Martial, Épigrammes, VII, lviii, 9)
5* v, 853 (895) : la beauté, l'opportunité, la destinée ; citation de Juvénal, IX, 32-34 : fatum est in partibus illis
Quas sinus abscondit: nam, si tibi sidera cessent,
Nil faciet longi mensura incognita nervi,
[À Névolus qui vend ses charmes à l'un et l'autre sexe : " il y a un destin même pour les organes qu'on cache ; si on n'a pas le Ciel avec soi, une longue mesure ne sert à rien "]
6* v, 855 (898) : Vigueur du mari répandue ailleurs [avec de jeunes blondins : cf Martial XII, xcvii, 6-9].
[DL, IV, §§ 17 et 21. Pour Polémon ; sur l'expression " semer en champ stérile " voir mon Dictionnaire..., sv].
garçons à jouir [EB88 pour et des garçons].
10* v, 864 (906-907) : Braves hommes furent cocus, et le surent sans en exciter tumulte. Il n'y eut, en ce temps là, qu'un sot de Lepidus qui en mourut d'angoisse.
Ah'tum te miserum malique fati,
Quem attractis pedibus, patente porta,
Percurrent mugilésque raphanique. [Catulle, Poésies, XV, 17-19 : chaste adolescent que rien n'a défloré ; préserve la pudeur de mon puer (Juventius), toi et ton pénis fatal aux bons et mauvais garçons ; qu'on te punisse comme on fait des adultères]
11* v, 868-869 (911) : Phédon le philosophe prostitua sa beauté [DL, II, § 105]
13* v, 878 (921-922) : Ils disent que Zénon [de Cittum] n'eut affaire à femme qu'une fois en sa vie: et que ce fut par civilité, pour ne sembler dédaigner trop obstinément le sexe (DL, VII, § 13)
15* v, 884 (928) : Platon montre qu'en toute espèce d'amour, la facilité et promptitude est interdite aux tenants. Ratures successives sur EB88 : " Platon dit qu'en contrées de la Grèce où à quelque condition estimée utile l'amour des garçons était licite et où les poursuites, les flatteries les veillées, les services et les passions étaient vus en public d'un bon œil et favorable si la hâte de complaire et de se rendre était ce néanmoins très réprouvée aux tenants et condamnée; "
17* v, 894 (938) : ce philosophe ancien [Bion de Borysthène] et son tendron [DL, IV, § 47]
(Ambiguïté sexuelle de l’adolescent) [Horace, Odes, II, v, 21-24] :
Exemplaire de Bordeaux, folio 400 verso
Le sophiste Bion [de Borysthène ; pertinente correction de Dion, signalée dès l'édition Tardieu-Denesle des Essais (Paris, 1828, tome cinquième), selon la source Plutarque : " σοφιστὴς Βίων "] appelait les poils follets de l’adolescence Aristogitons et Harmodiens [Plutarque, Dialogue sur l'amour, 770bc] [...] Que ne prend-il envie à quelqu'une de cette noble harde Socratique du corps à l'esprit, achetant au pris de ses cuisses une intelligence et génération philosophique et spirituelle, le plus haut pris où elle les puisse monter ? Platon ordonne en ses lois [République, V, 468b-c] que celui qui aura fait quelque signalé et utile exploit en la guerre ne puisse être refusé durant l'expédition d'icelle, sans respect de sa laideur ou de son âge, du baiser ou autre faveur amoureuse de qui il la veuille.
19* vii " De l'incommodité de la grandeur ", 919-920 (965) : la paillardise s'en est vue en crédit, et toute dissolution ; comme aussi la déloyauté, les blasphèmes, la cruauté ; comme l'hérésie; comme la superstition, l'irreligion, la mollesse; et pis, si pis il y a.
20* ix " De la Vanité ", 989 (1035) : En toutes les chambrées de la philosophie ancienne ceci se trouvera, qu'un même ouvrier y publie des règles de tempérance et publie ensemble des écrits d'amour et débauche. Et Xénophon, au giron de Clinias, écrivit contre la volupté Aristippique [DL, II, § 49]
21* ix, 990 (1036) : Antisthène permet au sage d'aimer, et faire à sa mode [DL, VI, § 11 : ἐρασθήσεσθαι]. [...] Il n’est si homme de bien [...] qu'il serait très grand dommage et très injuste de punir et de perdre.
Olle, quid ad teDe cute quid faciat ille, vel illa sua ? [Martial, VII, x, 2 : " qu'importe l'usage que chacun fait de sa peau " ; allusion probable à Anthony Bacon et/ou à Marc-Antoine Muret]
22* x " De Ménager sa Volonté ", 1015 (1061) : Zénon [de Citium] amoureux de Chrémonides [DL, VII, § 17]
23* xii " De la Physionomie ", 1057 (1104) : Socrate, " si amoureux et si affolé de la beauté. Nature lui fit injustice. ".
* * * * *
« Un jour qu’on lui demandait si la pédérastie n’était pas un crime : " À Dieu ne plaise", répondit-elle, " que je condamne ce que Socrate a pratiqué. " À son sens, la pédérastie est louable ; mais cela est assez gaillard pour une pucelle. »
Tallemant des Réaux, Historiettes, « Mademoiselle de Gournay ». [Marie Le Jars, dite de Gournay, 1565-1645, était une grande amie de Michel de Montaigne, et s’en disait la " fille d’alliance "].
Edward Carpenter :
« Parmi les prosateurs de cette période [la Renaissance], il ne fut pas oublier Montaigne, qui traite le sujet d'une façon enthousiaste et non équivoque (Voir Montaigne, par [William Carew] Hazlitt, ch. XXVII.) »
" L'Amour homogénique et sa place dans une société libre ", La Société nouvelle - Revue internationale - Sociologie, Arts, Sciences, Lettres, septembre, octobre 1896, tome 2, pages 297-308 et 433-447).
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Voir le chapitre 4 " Montaigne's Itchy Ears " dans Gary Ferguson, Queer (Re)Readings in the French Renaissance: Homosexuality, Gender, Culture, Farnham (UK) : Ashgate, 2008, Routledge 2016, pages 191-243 (extraits sur Google)
Dans le Journal d'Italie :
Vitry-le-François : « Depuis peu de jours il avait été pendu à un lieu nommé Montirandet, voisin de là, pour telle occasion : Sept ou huit filles d’autour de Chaumont en Bassigni complotèrent, il y a quelques années, de se vêtir en mâles, et continuer ainsi leur vie par le monde. Entre les autres, l’une vint en ce lieu de Vitry sous le nom de Mary, gagnant sa vie à être tisserand ; jeune homme bien conditionné et qui se rendait à un chacun ami. Il fiança audit Vitry une femme, qui est encore vivante ; mais pour quelque désaccord qui survint entre eux, leur marché ne passa plus outre. Depuis étant allé audit Montirandet gagnant toujours sa vie audit métier, il devint amoureux d’une femme laquelle il avait épousée, et vécut quatre ou cinq mois avec elle avec son contentement, à ce qu’on dit ; mais ayant été reconnu par quelque un dudit Chaumont, et la chose mise en avant à la justice, elle avait été condamnée à être pendue : ce quelle disait aimer mieux souffrir que de se remettre en état de fille, et fut pendue pour des inventions illicites à suppléer au défaut de son sexe. »
« […] Je rencontrai au retour de Saint Pierre un homme qui m’avisa plaisamment de deux choses […] que ce même jour la station était à Saint Jean Porta Latina, en laquelle église certains Portugais, quelques années y a [en 1578], étaient entrés en une étrange confrérie. Ils s’épousaient mâle à mâle à la messe, avec mêmes cérémonies que nous faisons nos mariages, faisant leurs pâques ensemble, lisaient ce même évangile des noces, et puis couchaient et habitaient ensemble. Les esprits romains disaient que, parce qu’en l’autre conjonction, de mâle et femelle, cette seule circonstance la rend légitime, que ce soit en mariage, il avait semblé à ces fines gens que cette autre action deviendrait parfaitement juste, qui l’aurait autorisée de cérémonies et mystères de l’Église. Il fut brûlé huit ou neuf Portugais de cette belle secte. »
18 mars 1581.On pourra comparer le récit de Montaigne avec celui dû à Antonio Tiepolo, le 2 août 1578 :
" Sono stati presi undeci fera Portughesi e Spagnuoli, i quali adunatisi in une chiesa, ch'e vicina san Giovanni Laterano, facevano alcune lor cerimonie, e con horrenda sceleraggine bruttando il sacrosante nome di matrimonio, se maritavano l'un con l'altro, congiongendosi insieme, come morito con moglio. Vintisette si trovano, et piu, insieme il piu delle volte, ma questa volta non ne hanno potuto coglier piu che questi undeci, i quali anderamo al fuoco, e come meritano. " Cf F. Mutinelli, Storia arcana e aneddotica d'Italia, Venise : P. Naratovich, 1856.
Sur ce genre de mariages, on pourra se reporter à : Gary Ferguson, Same-Sex Marriage in Renaissance Rome: Sexuality, Identity, and Community in Early Modern Europe, Ithaca (NY) : Cornell University Press, 2016.
2 commentaires:
Il s'agit bien, là encore, de jeunes garçons pubères mais évidemment de moins de dix-huit ans ou à peine plus. Et notre époque de persécuter et calomnier toujours les pédérastes. Quand donc pourrons nous sans conséquences librement aimer et se faire aimer de la beauté adolescente ?
Ce n'est pas demain la veille !
Louis
Actuellement la limite est à 15 ans. Tu la trouves trop élevée ? Tu proposes quoi ?
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