dimanche 6 septembre 2015

L'AMOUR GREC, vu par PARMÉNIDE, DÉMOCRITE, ÉPICURE, BION, LUCRÈCE, VIRGILE, HORACE, PROPERCE ET OVIDE

Voir également : Plutarque et Athénée

Martial et Juvénal


TABLE



PARMÉNIDE d'ÉLÉE (fin -VIe siècle / milieu -Ve siècle), philosophe, fondateur de l'école éléate,

Je reproduis ici une communication personnelle de Patrick Négrier, que je remercie.
« Parménide au fragment XII attribue au daimôn le mélange (coït sexuel) d'un mâle avec une femelle puis à l'opposé du mâle " avec UN (et non pas une !) plus féminin que lui " : Αἱ γὰρ στεινότεραι πλῆντο πυρὸς ἀκρήτοιο, αἱ δ' ἐπὶ ταῖς νυκτός, μετὰ δὲ φλογὸς ἵεται αἶσα· ἐν δὲ μέσῳ τούτων δαίμων ἣ πάντα κυϐερνᾷ· πάντα γὰρ στυγεροῖο τόκου καὶ μίξιος ἄρχει πέμπουσ' ἄρσενι θῆλυ μιγῆν τό τ' ἐναντίον αὖτις ἄρσεν θηλυτέρῳ. »

De la nature, in Les Présocratiques, Paris : Gallimard, 1988, collection " Bibliothèque de la Pléiade " :
Fragment B xviii : conflit des sexes lors de la conception [cité par Célius Aurélien, Des maladies chroniques, livre IV, chapitre ix].




DÉMOCRITE (vers -460/vers -370), philosophe grec matérialiste,

Fragments, in Les Présocratiques, Paris : Gallimard, 1988, collection " Bibliothèque de la Pléiade " :
fr. B LXXIII : Éros est légitime quand il poursuit sans excès les belles choses.

B CXXVII : " Et Démocrite : La masturbation procure une jouissance comparable à l'amour. (Hérodien, Prosodie générale, cité par Eusthate de Thessalonique, Commentaire sur l'Odyssée, XIV, 428, page 1766).


ÉPICURE (-341/-270), philosophe athénien,

Lettres et sentences, Bibliotheca Teubneriana ; traduction PUF, 1987 : Diogène Laërce, Vie..., X :
X, 5 : À Pythoclès : ton retour charmant et divin ; 6 : Épictète l'appelle cinédologue ;
X, 132 : À Ménécée : la jouissance des garçons et des femmes n'engendre pas la vie heureuse.


BION de Smyrne (-IIe siècle), poète bucolique grec,

Bucoliques grecs, CUF, LCL ; Remacle :
Fragment VIII : Je rends visite à mon berger ; Hespéros avec sa lumière s'associe à l'amour d'un amant [cité par Goethe]
Fragment IX : Heureux sont ceux qui aiment, lorsqu'ils sont aimés en retour ; Thésée et Pirithoüs, Oreste et Pylade [cf Pindare], Achille et Patrocle [cité par Edward Carpenter et par Gide dans Corydon, IV].


LUCRÈCE (vers -98/-55), philosophe latin disciple des atomistes et poète,

De la nature, Collection Budé, Loeb Classical Library :
IV, 1053-1056 : traits de Vénus lancés par un garçon [puer] aux membres féminins ou par une femme ; umor lancée de corps à corps ;
V, 1111 : la beauté [masculine] eut alors grande valeur.


VIRGILE (vers -70/-19), érudit et poète national de Rome,

Bucoliques, Bibliotheca Teubneriana, CUF, Loeb Classical Library, Folio classique, GF :
II : 1 : Formosum pastor Corydon ardebat Alexim, le berger Corydon brûlait pour le bel Alexis [devise de la pédérastie selon Roger Peyrefitte] qui faisait les délices de son maître [cité par Properce et par Edward Carpenter] ;
Cette églogue, celle de l'amour grec entre Alexis et Corydon,
fut étonnamment la première des neuf à être traduite en français,
en 1543 ; le libraire-traducteur en était Loïs Grandin
et l’achevé d’imprimer datait du 20 septembre.

II : 65 : trahit sua quemque voluptas, chacun est entraîné par son plaisir [cité par Rabelais, Shenstone, Voltaire (" la pédérastie enseignée à la jeunesse "), Stendhal, Friedrich Nietzsche, etc. ; églogue entière traduite pour la première fois par Loïs Grandin en 1543].

Paul SÉRUSIER (1864-1927) Le Berger Corydon, 1913,
huile sur toile 73 x 99 cm © MuMa Le Havre / David Fogel


III [amour de Ménalque pour Amyntas ; thème repris par André Gide ] ; V ; VII.

Catalepton [d'Horace ?], Bibliotheca Teubneriana, CUF, Loeb Classical Library :
XIII, 13-14 : ces banquets que tu as partagés avec des mecs, étant puer ; 35-38 : cinède Lucien ; tu n'as rien à part des frères [cf Pétrone] et un Jupiter coléreux.

Énéide, Bibliotheca Teubneriana, CUF, Loeb Classical Library, Folio classique, GF :
I, 28 : honneurs rendus à Ganymède [cité par Macrobe]; 188 : fidèle Achate [cité par Lafitau ; cf aussi X, 332].
V, 252 : le garçon royal [Ganymède] ; 294-296 : amour de Nisus pour le garçon Euryale.
IX, 18 ; 424-430 : Nisus veut mourir à la place d'Euryale ; 614-620 : Phrygiens traités de Phrygiennes, car leurs tuniques ont des manches [cité par Aulu-Gelle].
X, 185 : Cycnus et son aimé Phaëthon ; 324-327 : Clytius et Cydon [commenté par Servius].

Géorgiques, Bibliotheca Teubneriana, CUF, Loeb Classical Library, Folio classique :
IV, 521 : Orphée déchiré par les femmes pour les avoir méprisées [cité par Forberg].


HORACE (-65/-8), poète lyrique et satirique,

Art poétique [Épître aux Pisons], Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, GF :
85 : mission de chanter les amours pour des jeunes gens [juvenem curas] ; 161-165 : caractère, goûts, désirs extrêmes de l'adolescent imberbe.

Épîtres, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, GF :
I, xviii, 72-73 : chez un ami, ne pas s'enflammer pour une servante ou pour un jeune esclave.

Épodes, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, GF :
XI : l'amour pour les jeunes garçons [mollibus in pueris] ou pour les jeunes filles m'embrase ; j'aime Lyciscus, qui l'emporte sur n'importe quelle petite femme ; je ne serai libéré que par un autre amour pour une fille ou pour un garçon [cité par Naigeon] ; XIV : Anacréon et Bathylle.

Odes, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, GF :
I, 32 : Lycus [éphèbe chanté par Alcée] ; II, 5 : ambigïté sexuelle de Gygès [cité par Montaigne] ; III, 20 : Ganymède enlevé par Jupiter ; IV, 1 : ni femme ni garçon ne sont plus pour me plaire ; cruel Ligurinus ; 10 : cruel Ligurinus [cité par Marbode de Rennes].

Satires, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, GF :
I, ii, 32-35 [cité par Chateaubriand] ;117-118 : posséder une servante ou un jeune esclave [puer ; cité par Voltaire] ; vi, 84 : mon père me garda de tout soupçon infamant [cité par Festugière] ; II, iii, 325 : éprouvait des passions pour mille filles, mille jeunes garçons [cité par Festugière].


PROPERCE (vers -47/vers -15), poète latin imitateur des Alexandrins,



Loeb Classical Library :
Élégies, Paris : Belles Lettres, 1929 (rééditions en 1947, 1961, 1964, 1980, 1990,1995) :

I, 20 : Gallus aime un garçon qui ressemble à Hylas, fils de Théodamas ;
II, 4 : à mon ennemi, je souhaite d'aimer les filles ; à mon ami, de se réjouir avec les garçons ; 30 : Jupiter vola jusqu'aux maisons de Troie sous la forme d'un oiseau ; 34 : Alexis et Corydon [cf Virgile] ;
III, 7 : douleur d'Agamemnon à la mort de son aimé Argynnus ;
IV, 8 : un débauché, un épilé dont le sort est de se vendre, qui a honte de sa barbe.


OVIDE (-43/17 ou 18), poète latin dit « de la décadence »,

Amours, Collection Budé, Loeb Classical Library :
I, 20 : aut puer aut [...] puella.

Art d'aimer, Collection Budé, Loeb Classical Library, Folio classique :
I, 33-34 : nous chanterons les liaisons permises [cité par César de Rochefort] ; 524 : homme dévirilisé qui cherche à avoir un homme ; II, 682-684 : je hais les embrassements où l'un et l'autre ne se donnent pas : je trouve moins d'attraits dans l'amour des garçons [amor pueri ; cité par Edward Gibbon et Forberg] ; III, 437-438.

Fastes, Collection Budé, Loeb Classical Library :
III, 407 : Ampélos aimé de Bacchus [alias Dionysos ; cité par César de Rochefort].

Métamorphoses, Collection Budé, Loeb Classical Library, Folio classique ; traduction Actes Sud, 2001:
III Tirésias : 326 : Tirésias changé d’homme en femme ; Narcisse : 351-353 : âgé de 16 ans, il pouvait être pris à la fois pour un enfant et pour un jeune homme ; il était désiré par beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles ; V, Persée contre Phinée, 47-73 : amour authentique de Lycabas pour Athis ;
VIII Le sanglier de Calydon, 302 : Thésée et Pirithoüs, unis par une tendre amitié ; 403-404 : Thésée à Pirithoüs : Toi que je chéris plus que moi-même ;
IX Iphis et Ianthé : 712 : Iphis habillée en garçon ;715 : fiancée à la blonde Ianthé ; 720 : l’amour toucha leurs deux jeunes cœurs ; 725 : fille,
Iphis brûlait pour une fille ; 727-728 : sentiment amoureux ignoré de tous, incroyable et étrange ; 731 : une vache ne brûle pas d'amour pour une vache, ni une jument pour une jument [cf Longus] ; 746 : passion aberrante, insensée ;
X, Orphée et Eurydice, 83-85 : Orphée apprit aux peuples de Thrace [nord-est de la Grèce, Turquie d'Europe et sud de la Bulgarie] à transférer leur amour sur des enfants mâles et à cueillir les premières fleurs de ce court printemps qui précède la jeunesse [cité par Voltaire ; c'est Thamyris ou Laïos qui aurait été le premier, selon d'autres auteurs] ; Cyparissus, 106-142 : Cyparissus consolé par Apollon ; Chant d’Orphée : Ganymède, Hyacinthe, 152-153 : aujourd’hui, c’est d’un ton plus léger que je vais chanter les garçons aimés des dieux et les filles aveuglées par des passions interdites ; 155-156 : le roi des dieux brûla d’amour pour un Phrygien, Ganymède [cité par Pierre Bayle] ; 200-201 : Phoebus : à moins que ce soit une faute d’aimer [Hyacinthe] :
XI Mort d'Orphée et châtiment des Ménades, 7 : l'homme qui nous méprise, disaient les Furies.


Voir également : Plutarque et Athénée

Martial et Juvénal

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