Extraits de mon Dictionnaire français de l'homosexualité masculine.
UGOBER
Anagramme
de bougre dans l’ouvrage de Beauchamp, 1722 ou 1728.
ULTRAMONTAIN, adj. et subs.
« Le commencement du mois de juin [1682] fut signalé par l’exil d’un grand nombre de personnes considérables accusée de débauches ultramontaines. Tous ces jeunes gens avaient poussé leurs débauches dans des excès horribles, et la Cour était devenue une petite Sodome. »
Louis François marquis de Sourches (1645-1716), Mémoires sur la fin du règne de Louis XIV.
« Au jeu d’amour, une gente donzelle
Voulut induire un cavalier romain ;
L’ultramontain, à son culte fidèle,
La refusait, et même avec dédain,
Quand pour lui plaire, elle tourna soudain
Ce qu’à Jupin, Ganimède réserve ;
Mais dans son goût, malgré l’offre affermi,
Me fourrer là, dit-il, Dieu m’en préserve !
Je logerais trop près de l’ennemi. »
Jean-Baptiste Rousseau, Épigrammes, XXIII
« En réputation de préférer les plaisirs ultramontains, à ceux qu'il aurait pu prendre avec les Dames. »
Pierre de L'Estoile, Journal du règne de Henri III, 1587.
Édition Pierre Gosse, La Haye, 1744 (tome 2).
« Ultramontain : pédéraste, appelé
ainsi à cause des vices hors nature attribués aux habitants de l’autre côté des
montagnes alpines, l’Italie. »
Hector France, Dictionnaire de la langue verte,
1907, réédition Nigel Gauvin, 1990.
UNISEXUALITÉ
« L’unisexualité, tel est le dernier mot
de cette dégradation de l’amour. Or, comme il ne se peut rien concevoir par
l’entendement qui ne tende à se réaliser par le fait, l’unisexualité a
pour expression pratique, chez tous les peuples, la PÉDÉRASTIE. »
Pierre Joseph Proudhon, Amour et mariage (1858),
XIX.
Proudhon entendait pédérastie au sens de sodomisation,
comme la plupart des médecins-légistes de l’époque, dont Tardieu, qu’il venait
de lire.
« Les hommes qui ont séduit, corrompu, souillé
les âmes et les vies de leurs semblables plus jeunes sont d’habitude des
pervertis. Ils n’ont pas toujours été unisexuels. Ils ont plus de prise. Ils
sont plus vicieux. L’unisexuel qui s’essaye à la bissexualité devient aussi
corrompu que l’homme sexuel normal qui s’essaye à l’unisexualité :
ils ont tous les vices, ceux qui leur reviennent et les autres. »
Marc-André Raffalovich, Archives d’Anthropologie
Criminelle, mars 1894.
« Les
femmes d’aujourd’hui s’intéressent beaucoup à l’unisexualité
masculine. »
A. Raffalovich, « Quelques observations sur
l’inversion », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 50, 15 mars
1894.
A. Raffalovich publia en 1896 l’ouvrage Uranisme et
Unisexualité, puis trois séries de longs articles dans les AAC :
« Annales de l’unisexualité » en 1897, « Chronique de l’unisexualité »
en 1907 et 1909.
« L’unisexualité
se ressemble chez les femmes comme chez les hommes ; l’inversion est
une. »
Dr
H. Legludic, Attentats aux mœurs, 1896.
UNISEXUEL(LE), adj. et subs.
Unisexuel et unisexué ont d’abord été appliqués aux
végétaux et animaux n’ayant qu’un seul sexe. Puis Charles Fourier a parlé d’affection
unisexuelle, de couples unisexuels et d’orgies
unisexuelles. ; il a aussi utilisé les expressions amour
ambigu et amour unisexuel :
« En amour, il y a ultragamie entre deux
femmes saphiennes. Ce lien sort des attributions de l’amour qui comprennent les
unions bisexuelles. Dans ce cas, les deux ressorts de l’amour engrènent dans la
passion d’amitié ou affection unisexuelle. »
Charles Fourier, Œuvres complètes, Anthropos,
1967, t. IV, p. 367.
« De
toutes nos relations, il n’en est pas de plus fausse que celle de
l’amour ; on y a introduit une dissimulation si générale que nous ne
pouvons plus lire les modernes du bon vieux temps ni les ouvrages anciens qui
traitent de l’amour franchement, comme ceux de Plutarque, Virgile et autres […]
À cette époque on admettait l’ambigu, l’amour unisexuel. Si les grands
hommes de la Grèce revivaient aujourd’hui, ils seraient tous brûlés vifs.
Solon, Lycurge, Agésilas, Épaminondas, Sappho, Jules César et Sévère seraient
tous conduits à l’échafaud pour pédérastie ou saphisme. Ces même anciens
méprisaient le trafic et le mensonge qui sont aujourd’hui en honneur, la
banqueroute et l’agiotage qui sont devenus des usages aussi innocents
qu’autrefois l’amour ambigu. »
Charles
Fourier, Œuvres complètes, tome XI, vol. 4, pp. 219-220.
Les audaces de l’utopiste ont
été sévèrement jugées par Proudhon :
« Je
sais même que Fourier, qu’on n’accuse pourtant pas d’avoir eu des goûts
socratiques, a étendu fort au delà des barrières accoutumées les relations
amoureuses, et que ses spéculations sur l’analogie l’avaient conduit à
sanctifier jusqu’aux conjonctions unisexuelles. »
Pierre-Joseph
Proudhon, Avertissement aux propriétaires, 1841.
« Aussi l’amour unisexuel
est-il susceptible d’inspirer une jalousie effrenée. »
Proudhon, Carnet n° 7,
1849.
« On me racontait hier que
l’abbé de Lamennais pratiquait le culte d’Anacréon pour les
petits garçons ; que même le vieux Barbet l’économiste lui
avait servi d’amante. Une amante mâle de 60 ans !... Ce goût
n’est pas rare aujourd’hui parmi les gens de lettres, les
artistes et les grands. – On cite entr’autres, [Jean-Louis-Eugène] Lherminier [professeur au Collège de France],
Germain Sarrut, et une foule que j’oublie. Nos mœurs tournent à
la pédérastie, terme ordinaire, fatal, du développement érotique
dans une nation. Quand la femme, prise d'abord pour organe de luxure,
est devenue, par le raffinement de la volupté, un objet d'art, de
l'art luxurieux, l'érotisme ne s'en tient pas là, il va jusqu'à
l'affection unisexuelle. C'est logique. Qu'est-ce en effet que la
volupté ? L'art de la masturbation, soit solitaire, soit à deux, de
même ou de différent sexe. C’est bien ainsi que toutes nos
notabilités de la politique, de la philosophie, du clergé, etc.
entendent l’amour. […] Changarnier, Lamoricière, ont rapporté
d’Afrique le goût des amours masculines. On assure que tous nos
officiers et soldats qui tombent aux mains des Arabes passent tous
par l’étrivière socratique. Courby de Cognord n’y aurait pas
échappé. C’est même là une des causes des atrocités commises
par nos troupes, notamment par le colonel Pélissier aux grottes de
[le nom manque] .»
P. J. Proudhon, Carnet n° 8, année 1850.
P. J. Proudhon, Carnet n° 8, année 1850.
Dans un pamphlet, le Dr Agrippa employait les
expressions plaisir unisexuel, pratiques unisexuelles et amour
unisexuel :
« Dans l’amour unisexuel, il y a une
brutalité que ne s’accommode pas des soupirs et du dévouement délicat de
l’amour honnête. »
La Première flétrissure, 1873.
Ce vocabulaire se retrouve dans le roman de Paul
Bonnetain :
« Une demi-heure après, le crime irrémédiable
était accompli ; l’ignorantin avait fait un nouvel élève à qui les
monstrueux mystères des pratiques unisexuelles seraient désormais
familiers. À jamais, il était détraqué, le petit malheureux qui souriait
maintenant, l’œil humide de plaisir. »
Charlot s’amuse,
1883.
« Laissez passer la légion des solitaires, des unisexuels,
des benjamites [cf Juges, XX] et des tribades. […] La chronique scandaleuse prétend que jamais
ne fut si répandu le goût unisexuel, qu’il se propage singulièrement de
par le monde, et que le bataillon de Lesbos, formé de recruteuses et
d’entremetteuses, va grossissant chaque jour. »
Frédéric Loliée, Les Immoraux – Études
physiologiques, Livre 2, VI-VII, 1891.
Digression sur le mot tribade :
Digression sur le mot tribade :
Dictionnaire français... de Pierre Richelet, 1680 et 1706.
« D’autres croient que la similarité est une
passion comparable à celle suscitée par la dissimilarité sexuelle. Hommes, ils
aiment un homme ; mais ils affirment que s’ils étaient femmes, ils
aimeraient une femme. Ce sont les unisexuels par excellence. Ce
sont aussi les supérieurs, les plus intéressants. […] C’est une erreur de
croire que les unisexuels, les invertis, se reconnaissent entre eux.
C’est une de leurs vantardises, et qui a été fort répétée. Mais un de leurs
sujets de conversation est justement de se demander si tel ou tel partage leurs
goûts, leurs habitudes ou leurs tendances. Les efféminés se reconnaissent
naturellement, mais on les reconnaît aussi aisément sans être efféminé
soi-même. Mais la prudence, l’amour-propre, l’orgueil, le respect de soi-même,
une affection profonde, mille sentiments empêchent un unisexuel de se
livrer ainsi s’il n’est pas un débauché, ou très efféminé […] Les femmes
d’aujourd’hui s’intéressent beaucoup à l’unisexualité masculine. On en parle
beaucoup à présent ; les femmes sont très renseignées à ce sujet ;
non seulement les femmes unisexuelles (qui sont toutes complices des
hommes unisexuels à tous les degrés, du platonisme à l’abjection) mais
aussi les femmes honnêtes. Les femmes n’ont pas peu contribué au sans-gêne de
l’unisexualité masculine mondaine. Arrivées à un certain âge, les femmes qui ne
s’attirent plus l’hommage des vrais hommes, s’entourent d’hommes unisexuels
qui leur font la cour pour la galerie. »
André Raffalovich, « Quelques observations sur
l’inversion », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 50, 15 mars
1894.
« Lorsqu’ils font semblant d’ignorer l’amour unisexuel
ou de s’en indigner, les "gens honnêtes" mentent à dire d’expert.
Cela fourmille au grand jour, sous le regard complaisant des sergots [agents de
police] et de la foule. Maquillés, impudiques et frôleurs, vont et viennent les
cynèdes en troupeau. Qui les désire n’a qu’un signe à faire pour en être
obéi. »
Laurent Tailhade, La Touffe de sauge, édition de La Plume, 1901.
« Il y a un rapport constant entre la conduite et
les principes des unisexuels et la conduite et les principes des
hétéro-sexuels. Le relâchement des uns est le relâchement des autres.
Sexuellement tous les hommes sont solidaires. »
André Raffalovich, « Les groupes uranistes à Paris et à Berlin », Archives
d’Anthropologie Criminelle, n° 132, 15 décembre 1904.
« Quant au vice unisexuel masculin, quelques
écrivains ont tenté de l’expliquer, sinon de l’excuser, chez les Grecs par la
beauté même des hommes de l’Attique. »
« Puisque la législation barbare et injuste de
certains États condamne avec sévérité les unisexuels, M. [Stuart]
Merrill ne pense-t-il pas qu’il est du dernier intérêt de montrer qu’il a pu y
avoir des hommes de génie parmi les unisexuels ? Le prestige de ces
hommes ne peut-il aider à défaire la barbarie et l’injustice des législations
citées par M. Merrill ? Par quelle rage singulière MM. Les Humanitaires,
chaque fois qu’un grand homme est donné comme unisexuel, s’efforcent-ils
de dénier aux autres unisexuels le droit de le considérer comme un des
leurs ? Si nous avions l’avantage de donner dans l’unisexualité, M.
Merrill ou moi, la question ne nous serait pas indifférente. »
Guillaume Apollinaire, « Revue de la
quinzaine », Mercure de France, tome 106, 16 décembre 1913.
URANIE, VÉNUS URANIE, VÉNUS URANIENNE
Vénus Uranie est le nom francisé de l’Aphrodite Ourania, amour intellectuel (ou céleste) et pédérastique, en opposition à l’Aphrodite Pandémos, amour vulgaire (ou terrestre), bisexuel ou hétérosexuel ; cette distinction apparaît dans les Symposia [Banquets ou Beuveries] de Platon (180d-181) et deXénophon (viii, 9-10).
« Qui doute qu’il n’y ait deux Vénus ? L’une ancienne, fille du ciel, et qui n’a point de mère : nous la nommons Vénus Uranie ; l’autre plus moderne, fille de Jupiter et de Dioné [compagne de Zeus, forme locale de la Terre-Mère] : nous l’appelons Vénus populaire. Il s’ensuit que de deux Amours, qui sont les ministres de ces deux Vénus, il faut nommer l’un céleste, et l’autre populaire. ».
Jean Racine, traduction du Banquet de Platon, dans Œuvres complètes, tome II, Paris : Gallimard, 1952, collecton " Bibliothèque de la Pléiade "..
L’abbé François-Marie Coger, dans son Dictionnaire anti-philosophique pour servir de commentaire et de correctif au Dictionnaire philosophique (Avignon : Veuve Girard et François Seguin, 1767), écrivait : « Les Anciens ont connu deux sortes d'amour, le premier fils de Vénus Uranie, c’est-à-dire céleste ; le second engendré par Vénus terrestre...
Aussi Chateaubriand, dans Génie du christianisme : « Ce qu’il y avait de plus sublime et de plus doux dans la fable [antique] possédait la virginité ; on la donnait à Vénus-Uranie et à Minerve, déesses du génie et de la sagesse ; l’Amitié était une adolescente. » Première partie « Dogmes et doctrines », livre I « Mystères et sacrements », chapitre ix, « Sur le sacrement d’ordre ».À leur suite, le Complément du Dictionnaire de l’Académie française (1842) définissait ainsi Uranie : « Nom de Vénus comme déesse de l’amour pur. »
« {…] ces Orientaux dont parle Julius Firmicus [Lib. De Errore prof. Relig] lesquels consacraient, les uns à la déesse de Phrygie, les autres à Vénus Uranie, des prêtres qui s’habillaient en femmes, qui affectaient d’avoir un visage efféminé, qui se fardaient. »
Joseph-François Lafitau (1681-1740), Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps, tome 1, 1724.
« L’amour des hommes, dit-il, est en lui-même un sentiment pur, noble, divin. C’est l’amour des âmes. C’est un présent de Vénus Uranie. »
Dupin, La Prusse galante ou Voyage d’un jeune homme à Berlin, 12e journée, 1800.
« Carthage où l’on adore Vénus-Uranie [d’après Salvien, Du gouvernement de Dieu, VII]. »
Alfred de Vigny, Journal d’un poète, 16 juin 1837.
« Apollonius. La connais-tu la Vénus uranienne, qui brille sous son arc d' étoiles ? T' a-t-on dit les mystères de l' Aphrodite prévoyante ? As-tu jamais palpé la poitrine sèche de la Vénus barbue, ou médité les colères d' Astarté furieuse ? N' aie souci, j' arracherai leurs voiles, je briserai leurs armures ; avec moi tu marcheras d' un pied robuste sur la crête de leurs temples, et nous atteindrons ensemble jusqu' à la mystérieuse et l' inaltérable, jusqu' à celle des maîtres, des héros et des purs, la Vénus apostrophienne, qui détourne les passions et tue la chair. »
Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1849.
« Socrate veut prouver (dit-il dans le Banquet de Xénophon) que l’amour de l’âme l’emporte de beaucoup sur l’amour du corps. Néanmoins, en établissant la différence entre la Vénus Uranie et la Vénus Pandème, il admet comme un usage établi qu’un garçon ait commerce avec un homme. »
Audé [O.-J. Delepierre], Dissertation sur les idées morales des Grecs et sur le danger de lire Platon, 1879.
« M. André Gide est pédéraste. Ce n'est pas le diffamer que de le dire, il s'en fait gloire. Il a écrit un petit livre (Corydon) pour s'en flatter et défendre l'uranie, et un gros bouquin (Si le grain ne meurt...) pour s'en confesser.
Je ne le lui reproche pas. Je m'en moque éperdument. Chacun prend son plaisir où il le trouve. Il me semble seulement aussi puéril d'avouer et de proclamer le goût qu'on a pour les jeunes gens qu'il me parait déplacé d'ouïr les confidences d'un érotomane déclarant n'aimer que les dames à gros derrière ou les jeunes filles aux seins inexistants.
Ce n'est pas du non-conformisme. C'est de l'exhibitionnisme... Une triste manie, sans plus.
Cependant, voici un article du réquisitoire d'André Gide contre l'U.R.S.S. (note au bas de la page 63) qu'il vient de publier et par lequel il accède pour la première fois, à soixante et un ans, aux gros tirages : " Que penser, au point de vue marxiste (sic) de celle (la loi) plus ancienne contre les homosexuels qui, les assimilant à des contre-révolutionnaires (car le non-conformisme est poursuivi jusque dans les questions sexuelles) les condamne à la déportation pour cinq ans, avec renouvellement de peine s'ils ne se trouvent pas amendés par l'exil ? "
On a le droit et peut-être le devoir de penser que ces dispositions sont bien rigoureuses. Mais on ne peut pas sous-estimer le poids dont elles ont pesé, au trébuchet de M. Gide, et la mesure dans laquelle elles ont aidé à sa déception.
Passons. Au sens propre du mot, M. André Gide est un pauvre bougre. »
" Un pauvre bougre : André Gide " Le Merle blanc siffle et persifle le samedi, N° 140, 5 décembre 1936, page 1.
URANIEN, adj. et subs., URNIEN, adj.
« Apollonius. La connais-tu la Vénus uranienne, qui brille sous son arc d' étoiles ? T' a-t-on dit les mystères de l' Aphrodite prévoyante ? As-tu jamais palpé la poitrine sèche de la Vénus barbue, ou médité les colères d' Astarté furieuse ? N' aie souci, j' arracherai leurs voiles, je briserai leurs armures ; avec moi tu marcheras d' un pied robuste sur la crête de leurs temples, et nous atteindrons ensemble jusqu' à la mystérieuse et l' inaltérable, jusqu' à celle des maîtres, des héros et des purs, la Vénus apostrophienne, qui détourne les passions et tue la chair. »
Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1849.
« C’est toute une révolution sociale que M. Marx [Heinrich Marx] propose. Il veut que la loi, après avoir créé le genre Urnien, garantisse à l’Urning un état social équivalent à celui de la jeune fille et de la femme […] il fonde une société pour la défense des intérêts Urniens. »
François Carlier, La Prostitution antiphysique, 1887.
La société nouvelle, 1896
« L’auteur [Magnus Hirschfeld] connaît les milieux spéciaux d’uraniens qu’il décrit et consacre de nombreux passages aux réunions d’homosexuels, notamment au Club Lohengren, à la Société des monistes et à la société des Platoniques qui ont un caractère plus littéraire et aux cabarets fréquentés spécialement par des uraniens. […] Le conseiller, Dr Necke, évalue à plus de vingt le nombre des tavernes uraniennes à Berlin. […] C’est par certains propriétaires de locaux fréquentés par les uraniens, mais pas exclusivement par eux, que sont organisés, surtout durant le semestre d’hiver, ces grands bals d’uraniens qui tant par leur cachet spécial que par leur extension, constituent une spécialité de Berlin. »
« Les Homosexuels de Berlin – Le troisième sexe, par le Dr Magnus Hirschfeld », Revue de Droit pénal et de criminologie, 1908
Dans Corydon, IV, André Gide évoque les « périodes uraniennes » de l’histoire : « nullement des périodes de décadence »
Pierre Lièvre a parlé du « caractère uranien » de L’Immoraliste, et proclamé que lui était étrangère une « œuvre à tendance uranienne »
« André Gide », Le Divan, n° 131, juillet-août 1927.
URANISME
De l’allemand Uranismus, néologisme dû au magistrat K. H. Ulrichs, par référence à l’Aphrodite Ourania de Platon (Banquet, 180-181). Ulrichs fut suivi par Heinrich Marx, auteur en 1875 d’une brochure intitulée Urningsliebe [L’Amour de l’uraniste]. Les termes de cette famille sont associés à une réévaluation positive de l’homosexualité.
Marc Raffalovich a entendu par uranisme l’inversion sexuelle congénitale masculine (Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 55, 15 janvier 1895) ; il publia en 1896 l’ouvrage Uranisme et unisexualité.
"Le mot Adelphisme serait plus juste et moins médical d'aspect qu'Uranisme, malgré son exacte étymologie sidérale."
Alfred Jarry, Les Jours et les nuits, II, 1, 1897.
« Pour pouvoir juger l’uranisme il faut l’examiner – tout comme l’hétérosexualité – neutralement ; le considérer comme une expression de la sexualité. On oublie et on a toujours oublié que pour juger de la situation sociale de l’uraniste, une morale sexuelle préfixée doit fatalement induire en erreur.
La période d’indifférence sexuelle, aussi bien que le fait qu’un individu qui a toujours été hétérosexuel acquiert parfois, sous l’influence du milieu, des penchants homosexuels qui disparaissent aussitôt que les circonstances sont favorables à la manifestation hétérosexuelle, prouvent que l’uranisme n’est pas une anomalie. »
Dr A. Alétrino, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901.
Selon le principal contradicteur d’Alétrino, J. Crocq,
« L’uranisme n’existe pas sans désir charnel, mais il se complique fréquemment d’amour cérébral ; l’amour cérébral est même très souvent le point de départ de l’uranisme. Mais l’uranisme ne naît que le jour où le désir sexuel paraît. »
Dr J. Crocq, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. Article reproduit dans le Journal de Neurologie, 1901, pp. 591-596, et dans le Bulletin de la Société de Médecine d’Anvers, août 1901, pp. 116-122.
Pour un autre participant, M. Ferri,
« L’uranisme est encore un symptôme de la crise sociale qui marque toujours la transition d’une époque à une autre et qui maintenant se manifeste par exemple dans la répulsion psychologique que plusieurs gens ont pour le mariage, lequel du reste pour certaines classes sociales ne peut s’effectuer pour des raisons économiques que longtemps après la puberté. L’uranisme n’est qu’un autre reflet de cette crise morale et sociale que nous traversons et dont il faut aider la société à sortir. »
Ce à quoi M. Steinmetz avait répondu en anthropologue :
À notre époque on parle beaucoup d’uranisme, de suite M. Ferri fait la généralisation : aux époques de crise l’uranisme fait des progrès. C’est une induction un peu rapide ! Certainement le savant italien n’avait pas présente à l’esprit la statistique ethnographique assez riche de M. R. Burton dans les notes de sa belle traduction des Mille et une Nuits [The Book of the Thousand Nights, 1886], que je pourrais enrichir beaucoup moi-même. L’uranisme se trouve chez des peuples primitifs d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, chez les anciens Perses et chez les Afgans modernes. Rien n’indique que ces peuples se trouvent dans des crises sociales. »
Remy de Gourmont fit un grand usage de ce terme dans son article de 1907 :
Léon Bocquet, appréciation sur Georges Eekhoud :
« Georges Eekhoud est le poète épique de la paysannerie paillarde et de la gouaperie des faubourgs, des plèbes attirées de corps et d'âme vers la terre et la boue. Il est le défenseur et l'admirateur des réfractaires et des révoltés. Son anarchisme érotique n'est point d'ailleurs complaisance délibérée aux perversités, ni dévergondage d'esprit calculé, mais bien plutôt un sensualisme impérieux et instinctif, analogue à celui des hétérodoxes et érotomanes dont il a conté l'histoire dans ce livre admirable d'érudition folkloriste : Les Libertins d' Anvers. L'uranisme, sous sa plume, devient art et mysticisme. Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'une large sincérité dicte ses audaces. »
La Société nouvelle — Revue internationale — Sociologie, arts, sciences, lettres, 19e année, janvier 1914.Plusieurs textes avaient mis en œuvre une argumentation dont on retrouve une bonne part dans les quatre dialogues de Corydon. Dans ces dialogues, uranisme et uraniste sont fréquents ; la traduction américaine de Hugh Gibb les avait rendus par homosexual et homosexuality, modernisant ainsi considérablement le texte de Gide.
« Remarquez je vous prie que Schopenhauer et Platon ont compris qu'ils devaient, dans leurs théories, tenir compte de l'uranisme ; ils ne pouvaient faire autrement. Platon lui fait, même, la part si belle que je comprends que vous en soyez alarmé. » (Corydon, Deuxième dialogue, II)
« Remarquez je vous prie que Schopenhauer et Platon ont compris qu'ils devaient, dans leurs théories, tenir compte de l'uranisme ; ils ne pouvaient faire autrement. Platon lui fait, même, la part si belle que je comprends que vous en soyez alarmé. » (Corydon, Deuxième dialogue, II)
« Je reconnais avec vous que, après tout, la question de l'uranisme n'a pas, en elle-même, une grande importance ; mais je crois qu'après lecture de mes Mémoires vous reconnaîtrez que, pour moi, elle put en avoir une capitale, et que, du même coup, vous vous expliquerez mieux ce besoin de justification qui vous gêne dans mes écrits. Car ce n'est pas le fait d'être uraniste qui importe, mais bien d'avoir établi sa vie, d'abord, comme si on ne l'était pas. C'est là ce qui contraint à la dissimulation, à la ruse, et... à l'art. » (André Gide, lettre à André Rouveyre, 22 novembre 1924).
« Il ne se faisait pas sur la pédérastie une idée bien précise, avait besoin d’explications. L’entretien fut atrocement pénible. Ce n'est pas seulement à l'uranisme que Charlie [Du Bos] ne comprenait rien ; c'est à la vie. »
André Gide, Ainsi soit-il, 1951.
Le Manuel alphabétique de psychiatrie contenait dans sa 5e édition (PUF, 1975) un article intitulé « INVERSION SEXUELLE (URANISME, SAPHISME » ; par « uranisme classique », le Dr Bardenat semblait entendre l’homosexualité masculine associée à l’efféminement. Pour d’autres médecins, uranisme désigne plutôt l’homosexualité masculine en général :
« Quant à l’homosexualité, qu’elle soit lesbianisme ou uranisme, source possible de liens affectifs respectables, elle n’obéit pas cependant aux règles biologiques les plus élémentaires. »
M. Nicoli & B. Cviklinski, « La sexologie traverse aujourd’hui une crise conceptuelle », Quotidien du médecin, 7 novembre 1978.
Le Grand Robert de 1985 définissait uranisme par « homosexualité masculine ; les éléments de congénitalité, d’hermaphrodisme somato-psychique selon Ulrichs et de revendication militante néo-platonicienne sont oubliés, dans une progression assez fréquente du sens particulier au sens général.
« Signalons que le terme d' "uranisme" désigne l'homosexualité masculine et que Gide semble l'utiliser comme synonyme d' "homosexualité masculine", alors qu'il est généralement employé pour des hommes refusant tout comportement et toute occupation virils et se conduisant comme des femmes. » (Alain Goulet, Les Corydon d'André Gide, Paris : Orizons, 2014, II, 2., page 100).
« Signalons que le terme d' "uranisme" désigne l'homosexualité masculine et que Gide semble l'utiliser comme synonyme d' "homosexualité masculine", alors qu'il est généralement employé pour des hommes refusant tout comportement et toute occupation virils et se conduisant comme des femmes. » (Alain Goulet, Les Corydon d'André Gide, Paris : Orizons, 2014, II, 2., page 100).
URANISTE
De l’allemand Urning, néologisme dû au magistrat K. H. Ulrichs, par référence à l’Aphrodite Ourania de Platon (Banquet, 180-181). Ulrichs fut suivi par Heinrich Marx, auteur en 1875 d’une brochure intitulée Urningsliebe, L’Amour de l’uraniste. La transposition en français se fit avec la traduction de Moll :
« Il est probable qu’une modification des dispositions pénales aurait pour effet d’améliorer la situation sociale des uranistes. »
Les perversions de l’instinct génital, 1893.
« L’éducation de l’uraniste est un devoir ; ce sera bientôt une nécessité. Si nous nous appliquons à découvrir l’uraniste enfant et à le perfectionner et à l’améliorer, si nous lui facilitons la continence, la chasteté, le sérieux, les devoirs, nous nous trouverons en face d’une classe nouvelle, apte au célibat, au travail, à la religion – puisque la réalisation de leurs désirs n’est pas de ce monde. »
Raffalovich, « L’uranisme (inversion sexuelle congénitale) », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 55, 15 janvier 1895.
Pour le Dr Saint-Paul, uraniste était synonyme d’inverti congénital, conformément à la théorie du troisième sexe d’Ulrichs. Le mot a rapidement diffusé hors des milieux médicaux :
« M. Oscar Wilde est maintenant torturé pour avoir été un uraniste, un hellénique, un homosexuel, comme vous voudrez. »
Alfred Douglas, « Une introduction à mes poèmes, avec quelques considérations sur l’affaire Oscar Wilde », Revue Blanche, 15 juin 1896.
" Ce n'est pas le fait d'être uraniste qui importe, mais bien d'avoir établi sa vie, d'abord, comme si on ne l'était pas. C'est là ce qui contraint à la dissimulation, à la ruse, et... à l'art. " (André Gide, lettre à André Rouveyre, 22 novembre 1924).
Dans les milieux médicaux, le sens s’est dilué :
« Uraniste. Syn. Homosexuel. Nom sous lequel on désigne, en médecine légale, les individus qui présentent une inversion de l’instinct sexuel, bien que leurs organes génitaux soient normalement conformés. »
Garnier & Delamare, Dictionnaire des termes techniques de médecine, 1900.
Le mot a occupé une large place dans la grande polémique de 1901, lors du Congrès international d’anthropologie criminelle :
« Malgré les autres noms qu’on a essayé de faire adopter, celui de « Urning », gracieusement transformé par les Français en « Uraniste », s’est maintenu, et sert encore à désigner une classe déterminée d’hommes chez lesquels existe cette particularité que le sexe propre a plus d’attraction sur eux que le sexe opposé. En classant les hommes d’après leur manifestation sexuelle, les Uranistes forment une classe distincte. Il ne faut donc pas les confondre avec les sadistes, les masochistes, les nécrophiles, les fétichistes, les flagellants et les efféminés, qui tous sont des personnes présentant des anomalies sexuelles. […] En parlant ici d’Uranistes, j’ai avant tout en vue les hommes qui, comme hommes, se sentent attirés vers d’autres hommes, sans me demander si ces derniers se sentent plus, autant, ou un peu moins virils qu’eux. Par conséquent j’écarte tous les efféminés, aussi bien les efféminés proprement dits que que ceux qui le sont devenus par perversion, par l’influence de l’exemple ou par dépravation. »
Dr A. Alétrino, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. André Gide lui aussi écartera les efféminés.
« Il y a entre l’attraction homosexuelle de l’homme normal et l’attraction homosexuelle de l’uraniste la différence qu’il y a entre la communion d’idées, l’amitié, l’affection même et le désir, la différence qu’il y a entre l’amour fraternel et l’amour conjugal. »
Dr J. Crocq, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. Article reproduit dans le Journal de Neurologie, 1901, pp. 591-596, et dans le Bulletin de la Société de Médecine d’Anvers, août 1901, pages 116-122.
« Pour un médecin, un … uraniste est un malade. Pour un poète aussi délicat que le créateur de Michel, c’est un … convalescent. »
Rachilde, « L’Immoraliste, par André Gide », Mercure de France, n° 151, juillet 1902.
Dans les années 1904-1905, l’écrivain Raffalovich décrivit les « groupes uranistes à Paris et à Berlin », et même un « syndicat des uranistes ».
« L'uraniste est une variété normale de l'homo sapiens. »
A. Alétrino, "Uranisme et dégénérescence", Archives d’Anthropologie Criminelle, 1908.
Dans Corydon, écrit entre 1909 et 1918, uranisme et uraniste sont employés fréquemment ; mais on ne les trouve pas chez Proust.
« Je ne prétends pas que tous les uranistes le soient [bien portants et virils] ; l'homosexualité, tout de même que l'hétérosexualité, a ses dégénérés, ses viciés et ses malades [...] mon livre traitera de l'uranisme bien portant ou, comme vous disiez tout à l'heure : de la pédérastie normale. » (Corydon, Premier dialogue, III)
« Calmez-vous ! calmez-vous ! votre uraniste est un grand inventeur. » (Corydon, Deuxième dialogue, I)
« Je ne prétends pas que tous les uranistes le soient [bien portants et virils] ; l'homosexualité, tout de même que l'hétérosexualité, a ses dégénérés, ses viciés et ses malades [...] mon livre traitera de l'uranisme bien portant ou, comme vous disiez tout à l'heure : de la pédérastie normale. » (Corydon, Premier dialogue, III)
« Calmez-vous ! calmez-vous ! votre uraniste est un grand inventeur. » (Corydon, Deuxième dialogue, I)
Robert de Saint Jean : « Dans ses romans [ceux de François Mauriac] aucun personnage important n'est uraniste ; à peine quelques silhouettes à peine esquissées çà et là. »
Passé pas mort, III " En revenant de la revue ", Paris : Grasset, 1983.
USAGE DES GARÇONS
« Un
jeune abbé dissolu qui, pour s’égayer, avait parlé dans sa diatribe des filles
de joie de Babylone, de l’usage des garçons, de l’inceste, et de
la bestialité. »
Voltaire, La Défense de mon
oncle [1767], Avertissement.
* * * * *
VAGIN MASCULIN
Plaute, L'Imposteur, acte IV, scène 7 : " BALLION à HARPAX : La nuit, quand le militaire était de service, allais-tu avec lui ? son épée entrait-elle bien dans ton fourreau ? "
VAISSEAU
« La
pédérastie est dans les habitudes des forçats. Au bagne, on appelle vaisseau
le pédéraste et frégate son complice. »
Revue pénitenciaire et des
institutions préventives,
octobre-décembre 1846, page 493.
VARIANTE, VARIATION
Naecke,
1904, 1909 ; Sigmund Freud, vers 1924.
VAUTRIN
D’après le nom du personnage des romans d’Honoré de
Balzac.
« Bichon : Petit jeune homme qui joue le
rôle de Téhodore Calvi auprès de n’importe quels Vautrins. »
Alfred Delvau, 1866.
VÉNUS
« L’une
et l’autre Vénus »
Lettre
de Guez de Balzac sur Nicolas Vauquelin des Yveteaux (1567-1649) qui pratiquait « L’une et l’autre Vénus »
Sonnet
de François Ogier à propos de Vauquelin des Yveteaux : « Un sérail qui comprend
l’une et l’autre Vénus [...] des valets, mais infâmes. » (Réponse au sonnet XIII).
VÉNUS URANIE cf URANIE
VEUVES
« Allée
des Veuves : guinguettes inféodées à la secte dominatrice des
sodomites.
Veuve
était, dans la langue imagée des
sodomites, le synonyme de patient, avec le sens du mot latin patiens. »
Paul Lacroix (1808-1884), cité par Pisanus Fraxi [Henry Spencer Ashbee], Centuria librorum absconditorum, London, privately printed, 1879.
« Allée
des Veuves, s ; f. :
Avenue qui se trouve dans les Champs-Elysées. Ancien lieu de rendez-vous
[parisien] de Messieurs et Mesdames les pédérastes. Aujourd’hui, ils et elles
se rencontrent partout. »
J.
Ch.x, Le Petit Citateur, 1881..
VICE À
LA MODE
« L’hypocrisie
est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour
vertus. »
Molière,
Dom Juan, V, 2, Dom Juan à Sganarelle.
De Madame, princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV : « Quand on a raconté à Mme Cornuel la vie dévergondée des dames du faubourg (car on les appellent ainsi pace qu’elles habitent toutes au faubourg St Germain), elle a dit : "Mon Dieu, ne les blâmez pas, vous verrez que c’est une mission qu’on aura envoyée là, pour ramener les jeunes hommes du vice à la mode". Cette dame a maintenant 87 ans. »Lettre à Sophie de Hanovre, 1er février 1693.
« Ce
vice, qui s’appelait autrefois le beau vice, parce qu’il n’était affecté
qu’aux grands seigneurs, aux gens d’esprit ou aux Adonis, est devenu si à la
mode qu’il n’est pas aujourd’hui d’ordre de l’État depuis les ducs
jusqu’aux laquais et au peuple qui n’en soit infecté. Le commissaire Foucault,
mort depuis peu, était chargé de cette partie et montrait à ses amis un gros
livre où étaient inscrits tous les noms de pédérastes notés à la police ;
il prétendait qu’il y en avait à Paris presque autant que de filles,
c’est-à-dire environ 40 000. »
Mémoires
secrets …, 13 octobre 1783.
VICE DE NON-CONFORMITÉ
« […]
un certain vice de non-conformité dont on l’accusait [Cambacérès]. Vice
qui, du reste, est fort ancien en France. »
Aubriet,
Vie de Cambacérès, 1824.
VICE GREC
« Pendant deux siècles [VIIe-VIe] nous avons vu les deux institutions qui forment le corps humain, l'orchestrique et la gymnastique, naître, se développer, se propager autour de leurs points de départ, se répandre dans tout le monde grec, fournir l'instrument de la guerre, la décoration du culte, l'ère de la chronologie, offrir la perfection corporelle comme principal but à la vie humaine, et pousser jusqu'au vice (1) l'admiration de la forme accomplie.
(1) Le vice grec, inconnu au temps d'Homère, commence, selon toutes les vraisemblances, avec l'institution des gymnases. Cf Becker, Chariclès (Excursus).
Hippolyte Taine, Philosophie de l'art en Grèce, Paris : Germer Baillière, 1869, III " Les institutions ", ii " La gymnastique ". »
VICE ITALIEN
« À
l’exemple de la plupart des jeunes Français, il [le comte de Guiche] avait
compromis sa santé par la pratique du vice italien et
particulièrement au service des plaisirs de Monsieur. Mais il m’a été
assuré, d’autre part, que le duc de Nevers [neveu de Mazarin] avait été le
premier à corrompre Monsieur [frère de Louis XIV], lequel était un prince d’une
grande beauté. Aussi la reine-mère avait-elle éloigné Monsieur du duc de
Nevers, que l’on accusait d’avoir importé en France la mode du vice italien.»
Primi Visconti, Mémoires
sur la Cour de Louis XIV, 1908 [1673].
VICE PHILANDRIQUE
« mon éloignement extrême pour le vice
philandrique [régnant dans l’école janséniste de Bicêtre]. »
Restif de la Bretonne, Monsieur
Nicolas, seconde époque.
VICE SOCRATIQUE
" Les Anglais pratiquent, en
grand, le vice socratique. "
Carrefour, 16 juin 1965.
VILLETTE
À
cause de l’homosexualité supposée du marquis Charles Michel de
Villette.(1736-1793).
« Mad. Durut : si j'étais un aussi joli garçon que vous, je ne me contenterais pas de tourner la tête aux femmes, je voudrais m'amuser encore à me faire lancer par tous les Villettes du Royaume. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 1ère partie, quatrième fragment, Lampsaque : 1793.
« […] jour de solennité le Jeudi, en l'honneur de Jupiter, le Villette de l’Olympe, comme tout le monde le sait. »
Andréa
de Nerciat, Les Aphrodites, 2e partie, premier fragment "L'Œil du maître", Lampsaque : 1793.
VIRER SA CUTI
Changer d’opinions en
général, et spécialement « devenir homosexuel » (Grand Robert 1985),
ou hétérosexuel.
Anciennement, on
disait : changer de religion ou changer de côté. Noter la
connotation homosexuelle de côté, repérée pendant la Révolution
française ; connotation qui implique l'opposition droite/gauche.
VIRIL
En 1909, Guy Debrouze se
proposait d’étudier
« les
types infiniment variés de l’homosexuel, depuis l’ordinaire à caractères
féminins prédominants, jusqu’au type supra-viril en qui s’essaye une
formule supérieure du sexe . Entre ces deux extrêmes, qu’elle le veuille
ou non, est comprise toute l’humanité. »
« Le
préjugé contre les mœurs », Akadémos, n° 7, 15 juillet 1909.
"
[...] le vieux Monsieur n'est pas du tout l'amant de Mme Swann, mais un
pédéraste. C'est un caractère que je crois assez neuf, le pédéraste viril,
épris de virilité, détestant les jeunes gens efféminés [...]."
Marcel
Proust, Lettre à Gaston Gallimard, novembre 1912, Lettres à la NRF,
Gallimard, 1932 (Cahiers Marcel Proust, n° 6).
VOILE ET VAPEUR
« Voile
et vapeur : navigation entre les deux sexes. »
Delpal,
Paris bleu tendre, 1972.
VOYAGE
EN TERRE JAUNE