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dimanche 11 septembre 2022

DFHM : Homo à homosocialité en passant par homogénique, homophobie et homosexualité


Photo Ungarische Nationalbibliothek.
Noter que l'on y trouve aussi heterosexual.


HOMO, substantif, et adjectif invariable.

Abréviation apparue en 1905, dans un article du Dr P. Näcke :

« M. [Magnus] Hirschfeld, qui est actuellement probablement le meilleur connaisseur de l’homosexualité du monde entier, n’a certes pas exagéré en disant que Berlin a plus de 50 000 homo et bisexuels parmi les hommes. »
« Le monde homosexuel de Paris », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 135, 15 mars 1905.

 « La Plume : - Doit-on consentir à croiser le fer avec un individu convaincu d'homosexualité ? [...]
Jacques Fersen : - Oui, on doit se battre. D'abord, il suffit de déplaire aux concierges pour être accusé d'horreurs. Et le concierge, c'est la réputation. Ensuite, un homo – je ne sais plus quoi – peut être aussi chic, aussi honorable, aussi respecté que Pierre ou Paul.
Pourquoi mêler l'honneur au derrière ? »
La Plume, n° 387, 15 mai 1912, page 230.

« Que la convoitise soit homo- ou hétérosexuelle, la vertu c’est de la dominer. »
André Gide, Corydon, Paris : Gallimard, 1924 [1920].

Jacques Lacan : « Il est tout à fait certains que les homos, ça bande bien mieux, et plus souvent, et plus ferme. (…) Ne vous y trompez pas tout de même, il y a homo et homo. Je ne parle pas d’André Gide. Il ne faut pas croire qu’il était un homo. Ne perdons pas la corde, il s’agit du sens. Pour que quelque chose est du sens, dans l’état actuel des pensées, c’est triste à dire, mais il faut que ça se pose comme normal. C’est bien pour ça qu’André Gide voulait que l’homosexualité fut normale. Et, comme vous pouvez peut-être en avoir des échos, dans ce sens il y a foule. En moins de deux, ça, ça va tomber sous la cloche du normal, à tel point qu’on aura de nouveaux clients en psychanalyse qui viendront vous dire - Je viens vous trouver parce que je ne pédale pas normalement. Ca va devenir un embouteillage. » 
Le Séminaire, livre XIX (1971-1972), … Ou pire, Paris : Le Seuil, 2011, page 71. Cité par Lionel Le Corre, " Gide l'homo de Lacan : quelques remarques à propos de Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir " , Sygne, N° 3, 2020.

Concurrencé par gay, le terme ne disparaît cependant pas complètement :

« Si je dois me définir sexuellement, j’emploierai de préférence le mot "homo". Je n’emploie pas le mot "pédé" ; parce que pour moi, employé de manière sérieuse, c’est péjoratif. […] Je ne dirais pas "gay" non plus, car pour moi c’est vraiment synonyme du Milieu, de quelqu’un qui sort, qui va en boîte, et cela ne me correspond pas. »
Justin, cité par Emmanuel Ménard, Il n’est jamais trop tard pour parler d’homosexualité, chapitre 3, 2002.

« La dénonciation de la sexualité entre hommes s’inscrit alors dans un rejet plus large des comportements gays. Un homo ne serait pas vraiment un homme puisque, pour le gayphobe, l’homme doit être viril dans son comportement et actif dans son lit ; les manières, tout comme la passivité sexuelle, sont réservées aux femmes. Pas question donc qu’un homme se dandine, se maquille, pousse des cris, glousse, porte du rose, ait peur ou dise "ma chérie" ; encore moins qu’il se fasse sodomiser ou pratique une fellation. Tout homme qui se comporterait ainsi ne serait qu’une "tapette". »
Julien Picquart, Pour en finir avec l’homophobie, Paris : Léo Scheer, 2005, 1ère partie, chapitre 3.

HOMOCONJUGALITÉ

« Évidemment, c'était les Verts, le MDC et le PC qui étaient favorables à l'homoconjugalité, à l'époque il ne s'agissait pas encore du PaCS, mais enfin ils étaient plutôt d'accord. Et c'est le groupe HES qui est au cœur du PS qui a œuvré pour que le PS prenne, disons « en charge », cette revendication. C'était pas gagné d'avance. Parce que le PS se sentait plus impliqué dans le pouvoir, ce qui faisait qu'il fallait sacrifier des questions un petit peu gênantes. Et c'est en grande partie grâce à HES, qu'ils ont accepté d'en faire l'une de leurs revendications propres. Et à partir de là, quand la majorité plurielle a été élue, effectivement, ils ont accepté de prendre en compte cette revendication, qui est au point que l'on sait. […] Il y a les sections qui s'occupent en effet d'homoconjugalité, donc PaCS, etc. Je pense qu'ils vont bientôt s'engager sur les questions de l'adoption. »
Louis-George Tin,  entretien avec François Bitouzet, Terrains et travaux, n° 2, 2001.

HOMOCRATE 

Marie-Jo Bonnet : " Le militantisme homosexuel est dirigé par un petit groupe politiquement organisé, autoproclamé qui impose ses intérêts, ses désirs et ses choix, en taxant d' « homophobes » tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. Le débat démocratique a été pris en otage par ce groupe, que certains qualifient d' « homocrates », à l'intérieur même du mouvement LGBT où on ne peut plus discuter des modalités de reconnaissance de l'homosexualité, des stratégies à développer, des contre-pouvoirs culturels. Les rapports de pouvoir à l'intérieur même du mouvement ont changé: les revendications féministes ne peuvent plus s'y faire entendre car malheureusement, le mouvement homosexuel ne s'intéresse plus vraiment à l'égalité hommes-femmes. Il est devenu impossible de militer ensemble, hommes et femmes, gays et lesbiennes, car nous n'avons plus les mêmes objectifs et priorités. Le féminisme et la cause gay, jadis unis dans un même combat pour la liberté, sont aujourd'hui deux causes divergentes. "
" Marie-Jo Bonnet, lesbienne, féministe, de gauche et opposée à la PMA et à la GPA ", Le Figaro, 18 juillet 2014).

HOMOFAMILLE

« VERS UN DROIT DE L'HOMOFAMILLE »
Association des parents gays et lesbiens, septembre 2005.

HOMOGÉNIQUE

" Dans la forme de l'amitié - celle dont nous nous occupons - elle [la passion de l'amour] a des fonctions que nous espérons mettre en lumière dans cette étude.
D'aucuns trouverons exagéré que nous placions cette dernière forme d'attachement, comme importance, au niveau des autres formes. Ces lecteurs sont peut-être enclins à méconnaître dans l'amour homogénique ou homosexuel (1) ainsi qu'on l'appelle, ce caractère intense, pénétrant et parfois subjuguant qui permettrait de le considérer comme une grande passion humaine. Mais cette opinion, quand elle est bien fixée, provient d'une ignorance des faits actuels ; et il ne sera pas inopportun ici, avant de passer à nos propres considérations, d'indiquer, de la façon la plus sommaire possible, ce que l'histoire, la littérature et l'art peuvent nous dire à ce sujet. "
1. Le terme «  homosexuel  », généralement employé dans les ouvrages scientifiques, est cependant un mot bâtard. « Homogénique  » fut proposé comme étant composé de deux racines grecques : homos, même, et genos, sexe. "

Edward Carpenter, " L'Amour homogénique et sa place dans une société libre ", La Société nouvelle - Revue internationale - Sociologie, Arts, Sciences, Lettres, septembre, octobre 1896, tome 2, pages 297-308 et 433-447). 

HOMOÏOUSIEN

« Cet érotisme homoïousien, quelque spiritualiste qu’en soit le principe, n’en demeure pas moins un délit contre le droit mutuel des sexes, et ce mensonge à la destinée, après de si beaux commencements, méritait d’avoir une fin épouvantable. Un des interlocuteurs de Plutarque, celui qui défend la cause de l’amour androgyne ou bisexuel, fait à son adversaire, qui protestait au nom des sectateurs du parfait amour contre les accusations dont on les chargeait, l’objection suivante : Vous prétendez que votre amour est pur de tout rapprochement des corps, et que l’union n’existe qu’entre les âmes ; mais comment peut-il y avoir amour là où il n’y a pas possession ? »
Pierre-Joseph Proudhon, Amour et mariage, XXVI, 1858.

HOMOÏTÉ

Traduction de homo-ness ; terme proposé par Leo Bersani, Homos, Paris : O. Jacob, 1998. Redéfinition du relationnel fondé sur sur le même, plutôt que sur une hiérarchie de différences antagonistes (selon Leo Bersani lui-même).

HOMONORMALITÉ

« Louis-Georges Tin a fondé et présidé de plusieurs associations, dont Homonormalité [1997], première association LGBT de l’École normale supérieure »

HOMOPARENTAL, HOMOPARENTALITÉ

Homoparentalité est un néologisme créé par l’Association des parents et des futurs parents gays et lesbiens en 1996.

« Êtes-vous pour ou contre la reconnaissance juridique des familles homoparentales (composées de deux parents du même sexe et de leurs enfants) ? »
Le Nouvel Observateur, n° 1859, juin 2000.

« À l'occasion du deuxième anniversaire du pacte civil de solidarité, les revendications relatives à l'homoparentalité ont ressurgi en France. […] L'homoparentalité soulève trois questions principales : l'autorité parentale, l'adoption et l'assistance médicale à la procréation. »
Sénat, Service des affaires européennes, L’Homoparentalité, Etude de législation comparée, 2002.

Michel Chauvière : « S’il est fondamentalement hétérosexuel, le familialisme institutionnel ne peut ignorer l’homoparentalité. Il ne peut ignorer l’existence d’une forme de cohabitation entre des hommes ou entre des femmes, revendiquant explicitement et quant à eux seuls une sexualité différente du modèle dominant, vivant avec des enfants mineurs, issus de relations hétérosexuelles antérieures, de procréations assistées ou encore adoptés, comme suite dans bien des cas à un désir partagé. »
Homoparentalités, état des lieux, Toulouse : Érès, 2005, chapitre " Le familialisme face à l'homoparentalité ".

« L’impossibilité pour un couple homo de donner naissance à un enfant oblige […] à imaginer de nouvelles façons de concevoir, non plus à deux, mais à trois, voire à quatre, et à créer un modèle de famille pluriparentale qui complèterait le traditionnel schéma biparental. L’homoparentalité pousse à l’institutionnalisation de la pluriparentalité et à la reconnaissance de trois types de parents : les parents biologiques (qui ont donné leurs gamètes), les parents légaux (qui ont la charge de l’enfant) et les parents sociaux (qui l’éduquent), ces trois niveaux n’étant pas nécessairement distincts. »
Julien Picquart, Pour en finir avec l’homophobie, Paris : Léo Scheer, 2005, conclusion.

Dans une interview au quotidien Les Échos du 19 mai 2006, Ségolène Royal, candidate à l’Élysée, a déclaré  « défendre les familles dans leur diversité : nucléaire, recomposée, monoparentale, homoparentale ».

« La recherche sur l'embryon et le clonage thérapeutique, qui exige un don d'ovocyte, et qui est encore balbutiant, ne soulèvent pas la même objection dirimante. Ces recherches, dont le but est de sauver des vies, ne portent atteinte ni à la dignité, ni à l'intégrité de la personne, dès lors que les ­embryons seraient, en toute hypothèse, voués à être détruits et que les dons d'ovocytes sont rares. On n'en dira pas autant des reven­dications d'homoparentalité, ou des formes aberrantes de procréation médicale assistée, comme la pratique des mères porteuses, qui subordonnent le sort de l'enfant à l'unique satisfaction des désirs. »
Alain-Gérard Slama, « Bioéthique : les limites de la loi », Le Figaro, 11 décembre 2006.

« Esko 10.02.07 | 01h23
"Les enfants élevés dans des familles homoparentales ont une certaine inquiétude face au regard d'autrui..." Encore une loi imbécile qui va nous tomber dessus: délit d'homoparentalitéphobie, je la sens venir! En deux ans, on sera passé d'une situation inimaginable à une acceptation immédiatement suivie d'une réprobation générale contre ceux qui sont contre: des demeurés, des rétrogrades. Des phénomènes aussi brutaux ne PEUVENT PAS s'intégrer correctement dans l'évolution de la société. »
Réaction de lecteur à l’article d’Anne Chemin, « Les révolutions de l’homoparentalité », Le Monde, 10 février 2007.

Débat sur le projet de loi Taubira :

« Comme le rappelle Mme Martine Gross dans un ouvrage consacré à ce sujet, le terme « homoparentalité » est un néologisme relativement récent, introduit en France en 1997 par l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) « pour désigner toutes les situations familiales dans lesquelles au moins un adulte qui s’autodésigne comme homosexuel est le parent d’au moins un enfant ».

La parentalité recouvre l’exercice des responsabilités découlant de l’autorité parentale à l’égard d’un enfant (sa prise en charge, sa protection et son éducation) ; elle se distingue de la « parenté » (du latin pario, engendrer) qui renvoie à la filiation.

De fait, le terme « homoparentalité » est assez ambigu : les relations homosexuelles qu’entretiennent les personnes avec qui vit l’enfant ne concernent que les adultes ; elles ne concernent en rien l’enfant et moins encore les liens juridiques qui unissent les adultes à ce dernier. On devrait donc sans doute davantage parler de « parentalité monosexuée », reposant sur l’indifférence sexuée, plutôt que de parentalité homosexuelle qui se fonderait sur la sexualité partagée par le couple alors qu’il s’agit bien de la question de la parentalité exercée par deux personnes de même sexe. Pour autant, le terme « homoparentalité » est aujourd’hui entré dans le débat public et parfaitement compris de tous. »

Erwan BinetRAPPORT N° 628, COMMISSION DES LOIS SUR LE PROJET DE LOI (N° 344), ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, 17 janvier 2013.


HOMOPHILE, adj. et subs., HOMOPHILIE, HYPERHOMOPHILE, adj.

Homophilie est apparu en 1928 sous la plume du médecin Heimsoth, et a été repris en 1949 par le militant homosexuel hollandais Arent Van Santhorst pour désigner soi l’amour-sentiment, soit l’amour charnel. Si l’homophilie d’un individu implique une attirance pour les personnes du même sexe, elle n’entraîne pas forcément des relations sexuelles. Depuis, le mot a été introduit en français et souvent employé dans la revue mensuelle Arcadie.

« Si, depuis des siècles, on ne croit plus en un problème homophile, c'est parce que les homophiles se sont rendus trop souvent indéfendables. Il faut d'abord redonner aux homophiles le sens de leur destin. »
André Baudry, « Tactique », Arcadie, n° 18, juin 1955.

« Dans la part d’homophilie de Gauguin entre également une attitude libertaire vis-à-vis de la liberté sexuelle. »
Daniel Guérin, « Gauguin et les jeunes Maoris », Arcadie, n° 230, février 1973.

Certains, parmi lesquels Dominique Fernandez, ont critiqué ce terme :

« Homophile ! Ça, c’est la meilleure ! Homophile ! On dirait une marque de dentifrice. »
L'Étoile rose, IV, Paris : Grasset, 1978.

Les policiers, qui ont une longue expérience de surveillance du milieu homosexuel, se sont intéressés à cette question de vocabulaire :

« On use depuis quelques années du terme : homophile voulant désigner davantage la tendance (ainsi cette passion inavouée pour la jeunesse qui, selon Porot et Bardenat [Manuel alphabétique de psychiatrie, 1955] ne serait pas étrangère à la vocation de certains éducateurs). Mais les deux termes (homosexualité et homophilie) doivent être regardés comme synonymes. »
M. Le Clère, Manuel de police technique, 1974.

En 1975, la revue Arcadie adopta le sous-titre « Mouvement homophile de France ». D’autres ont essayé, sans succès, de promouvoir les termes hétérophile et biphile qui ont connu une certaine diffusion en Hollande. La diffusion de l’abréviation homo et la disparition d’Arcadie en 1982 ont fait régresser l’emploi des termes homophil- à un niveau proche de zéro, d’autant plus que dans le même temps on assistait à la dissusion de gai puis de gay.

« On tirera donc un trait, dans les milieux hyperhomophiles de 1998, sur vingt ou trente siècles de ferme opposition biblique de la part de l'Ancien puis du Nouveau Testament, à l'encontre de tout ce qui avait trait par exemple à la sodomie. »
E. Le Roy Ladurie, « Pourquoi le Pacs contredit l’héritage judéo-chrétien », Le Figaro, 19 octobre 1998.

HOMOPHOBE, adj. et subs.

Prend la relève d’antihomosexuel (1912). « Je ne vois pas en quoi un homme d’honneur pourrait être carencé pour avoir refusé de se battre avec un individu déchu moralement de toute honorabilité. Agréez, cher confrère, mes entiments les meilleurs et les plus antihomosexuels qui existent. »
Georges Turpin, réponse à l’enquête de La Plume, n° 387, 15 mai 1912.

" Les chercheurs se sont intéressés de près au personnage de l'homophobe. "
Claude Courouve, Les Homosexuels et les autres, Paris : Athanor, 1977.

« Il faudrait dénoncer, comme un symptôme névrotique caractérisé, la peur et la haine que nous inspirions. Les homophobes : voilà les vrais malades de notre société, les seuls 'patients' à guérir. D'où vient l'homophobie ? Peut-on en venir à bout ? Par quels moyens ? »
Dominique Fernandez, L'Étoile rose, VI, Grasset, 1978.

" Tout au long de cette éducation sentimentale, se dessine et s'étoffe un vigoureux acte d'accusation contre la société homophobe
Hector Bianciotti, « Le 'gay' savoir », Le Nouvel Observateur, 25 septembre 1978.

"L'attitude du Gouvernement approuvant par son silence le maintien d'une législation raciste, le vote homophobe unanime de la majorité et l'absence quasi-totale des sénateurs du P.C. et du P.S. ont permis l'enterrement définitif de tout espoir de revenir aux conquêtes démocratiques [plutôt aristocratiques …] de la révolution de 1789."
Communiqué du C.U.A.R.H., octobre 1980.

" Au Sénat - Un vote 'homophobe'. "
Le Monde, 19-20 octobre 1980, page 18.

« En fonction des réponses qu'il aura (ou n'aura pas) reçues, le CUARH envisage d'appeler à ne pas voter pour tel ou tel candidat homophobe. »
Albert Rosse, "Vers un vote 'rose' ? ", Tribune Socialiste, n° 21, mars 1981.

« Giscard parti, enfin ! Nous avons au CUARH contribué à sa défaite de toutes nos forces au vu du bilan d'un septennat homophobe. »
Tract du CUARH, mai 1981. D'une rare injustice, puisqu'en 1974 Giscard réduisit le champ du délit d'homosexualité de 15-21 ans à 15-18 ans ; - et qu'en 1980 Giscard supprima la circonstance aggravante d'homosexualité en cas d'outrage public à la pudeur (disposition issue du sous-amendement Mirguet de 1960)

« La fin de la loi "homophobe" ».
Josyane Savigneau, Le Monde, 24 juillet 1982, page 7. Il s'agit de l'abrogation  de la disposition introduite par Pétain en 1942.

Daniel Guérin, « Le mot devrait tomber en désuétude au fur et à mesure que disparaîtraient les homophobes, les préjugés à l’égard de la chose, et enfin les foudres d’une Église.  » (Homosexualité et révolution, Paris : Le vent du ch'min, 1983 ; cité dans l'article d'Alexandre Marchant, " Daniel Guérin et le discours militant sur l'homosexualité masculine en France (années 1950-années 1980) ", Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2006/4).

« Le terme d’homophobie s’est imposé : ce mot piégé confond (volontairement) le refus de la normalisation symbolique et sociale de l’homosexualité avec l’animosité à l’égard de la personne des homosexuels. L’homophobe, c’est le fasciste d’aujourd’hui. »
Jean Sévillia, Le Terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours, Paris : Perrin, 2000.

"Ce n'est plus la question homosexuelle (somme toute banale du point de vue institutionnel) mais bien la question homophobe qui mérite dorénavant une problématisation particulière."
Daniel Borrillo, L'Homophobie, Introduction, Paris : PUF, 2001, collection " Que sais-je ? ".

« Il est tout de même étonnant – et effrayant – que, par l’intermédiaire de la revue Esprit, l’imprécateur homophobe et fascistoïde qu’est Pierre Legendre soit devenu le maître à penser du Parti socialiste. »
Didier Éribon, « Réflexions sur la question socialiste », Têtu, n° 68, juin 2002.

« [Bertrand] Delanoë poignardé par un homophobe. »
Le Figaro, 7 octobre 2002.

« L'agression du maire de Paris, Bertrand Delanoë, dimanche, à l'arme blanche, ne peut être cataloguée "comme un geste homophobe", a déclaré, mercredi à l'A.F.P., l'avocate de l'agresseur Azedine Berkane, Me Anna Salabi. »
A.F.P., 9 octobre 2002.

« POINT DE VUE
La droite homophobe ?, par SOS-Homophobie
LE MONDE | 01.12.03 | 14h30 »
Le Monde, 2 décembre 2003.

LIONEL JOSPIN, ancien Premier ministre :

« Je vois s’esquisser une nouvelle tentation bien-pensante, voire une crainte de l’imputation homophobe qui pourrait empêcher de mener honnêtement la discussion [sur le mariage homosexuel et l’adoption] On peut pourtant réprouver et combattre l'homophobie, tout en n'étant pas favorable au mariage homosexuel, comme c'est mon cas. […] Je ne crois pas qu’il soit pertinent d’en [les institutions] dénier le sens. Le mariage est, dans son principe et comme institution, " l’union d’un homme et d’une femme ". Cette définition n’est pas due au hasard. Elle renvoie non pas d’abord à une inclination sexuelle, mais à la dualité des sexes qui caractérise notre existence et qui est la condition de la procréation et donc de la continuation de l’humanité. C’est pourquoi la filiation d’un enfant s’est toujours établie par rapport aux deux sexes. Le genre humain n’est pas divisé entre hétérosexuels et homosexuels – il s’agit là d’une préférence –, mais entre hommes et femmes. Quant à l’enfant, il n’est pas un bien que peut se procurer un couple hétérosexuel ou homosexuel, il est une personne née de l’union – quelle qu’en soit la modalité – d’un homme et d’une femme. […] On peut respecter la préférence amoureuse de chacun, sans automatiquement institutionnaliser les mœurs. »
"Mariage homosexuel : un problème d’institutions", Le Journal du dimanche, 16 mai 2004.

Loi 2004-1486 du 30 décembre 2004, dite loi HALDE.
Pierre Saint-Amand : " Dans un passage de son essai sur le théâtre, Mercier reviendra sur l’affectation du personnage [le petit-maître]. Il mentionnera « le ton apprêté de leur mollesse […] ». C’est ici le terme homophobe qui désigne le plus directement l’effémination du fat, l’adoption des postures du sexe opposé. "
Suite libertine. Vies du XVIIIe siècle, chapitre « Le Théâtre des Beaux », Paris : Classiques Garnier, 2021.

« La question n’est pas de savoir si cette nouvelle ministre a, dans son entourage, des amis parmi “ces gens-là”, comme un masque sur ses préjugés. Elle a choisi délibérément de maintenir des propos homophobes : c’est certainement répréhensible. Et seul un juge devrait en décider. »
« « À tous ces gens-là » : des élus de la majorité et des personnalités dénoncent les propos de Caroline Cayeux », Journal du dimanche, 16 juillet 2022. Plus d'une centaine de personnalités dénoncent les propos de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.

HOMOPHOBIE

L’histoire de l’homophobie, comme concept, passerait en partie par celle de la raillerie et du préjugé (voir ces mots).

On trouve homophobia dans un article de Kenneth Smith (« Homophobia : a tentative personality profile », Psychological Reports, 1971, puis dans l’ouvrage de George H. Weinberg Society and the Healthy Homosexual (1972). En russe, гомофобия existe désormais. J'ai traduit, sans bien y réfléchir, ce terme dans la langue française, et Dominique Fernandez, que j'avais eu le plaisir de rencontrer à cette époque, l'avait repris.

« Le lien entre homophobie et misogynie apparaît clairement dans certaines bandes de jeunes où le terme "pédé" ne désigne pas seulement l'homosexuel, mais aussi celui qui aime une femme et s'attache à elle. L'amour est alors perçu comme dévirilisant. »
Claude Courouve, Les Homosexuels et les autres, Paris : Athanor, 1977.

Mais fin 1975 ce terme figurait déjà dans la traduction d'un article de Mark Freedman :
« Je pense que l'homophobie est un sévère désordre de la personnalité qui affecte gravement les gens qui en sont atteints et leur rend difficile le contact affectif avec leurs contemporains. » " L'homophobie est une sociopathie ", Don. Les cahiers de l'homophilie dans le monde, décembre 1975 ; cité par Massimo Prearo, Le Moment politique de l'homosexualité, chapitre 4, page 174, Lyon : Presses universitaires de Lyon, 2014.
et en février 1976, toujours dans Don... :
« Il est maintenant évident que l'homophilie en soi n'est ni une maladie ni une imperfection. En conséquence, l'homophobie — la crainte irrationnelle des homophiles — est un trouble grave qui affecte de nombreuses personnes dans notre société [...] L'état d'homophobie est à l'origine des agressions et des meutres d'homophiles " notoires " et place ainsi les homophiles dans un climat d'insécurité. » Traduction d'un autre article de Mark Freedman, cité par Massimo Prearo, Le Moment politique de l'homosexualité, chapitre 4, page 174, Lyon : Presses universitaires de Lyon, 2014.

« D'où vient l'homophobie ? Peut-on en venir à bout ? Par quels moyens ? Ce seraient là des questions bien plus intéressantes, que de se demander, en pleurnichant, si nos pères épluchaient les légumes à la cuisine pendant que nos mères nous bordaient dans nos lits. »
Dominique Fernandez, L'Étoile rose, VI, Grasset, 1978.

Le mot passa dans le langage militant :

" Prix de l'homophobie 1980 " décerné à Jean Foyer par le C.U.A.R.H.

Cet usage du terme par un militantisme malhonnête fit que je ne le repris pas dans mon Vocabulaire... de 1985, me refusant à encourager ce qui m'apparaissait alors, la suite le confirma,  comme la création d'un délit d'opinion.

" Il faut concéder que l'achrianophobie pas plus que l'homosexophobie ne sont attestés dans le lexique contemporain [...], alors que l'homophobie, dès son invention, a fait florès."
Pierre Duthey, Homophobie : des mots aux maux..., novembre 1993.  

« L’hétérophobie n’est pas antinomique avec l’homophobie ; tel homosexuel et hétérosexuel ils représentent tous deux les deux faces d’une même réalité, la peur de l’étrange ou de l’étranger dans l’autre ou à l’intérieur de soi. L’homophobie et l’hétérophobie sont constituantes du racisme en tant que théorie ou pratique qui conclut à la nécessité d’imposer une norme dite supérieure sur une autre. Dans ce sens, l’homophobie correspondrait plus à la haine antisémite, tandis que l’hétérophobie correspondrait à la haine antimaghrébine.
L’homophobie, dans sa version générique en tant que peur de l’autre en soi, combinerait ses différentes racines étymologiques et la peur du différent que certains appellent hétérophobie, elle permettrait une meilleure compréhension du vécu des hommes homosexuels et hétérosexuels dans une société dominée par le sexisme et l’hétérosexualité. »
Christophe Gentaz, Épistémologie de l’homophobie, mémoire de DEA, 1993.

« L'homophobie est la discrimination et la stigmatisation des personnes qui montrent, ou à qui l'on prête, certaines caractéristiques majoratives ou péjoratives, attribuées à l'autre genre. »
Définition adoptée par l’équipe du CREA à l’issue de sa recherche sur l’homophobie et reprise par Daniel Welzer-Lang, "L'homophobie", in La peur de l'autre en soi, du sexisme à l'homophobie, VLB Éditions, 1994 [cité par Christophe Gentaz].

" L'homophobie, en tant que forme particulière de la stigmatophobie, représente bien une stigmatisation des homosexuels dans un monde à dominante hétérosexuelle. "
Christophe Gentaz, "L'homophobie masculine : préservatif psychique de la virilité", dans La Peur de l'autre en soi, 1994.

" La peur de l'homophobie, obsession récurrente des militants homosexuels. "
Frédéric Martel, Le Rose et le noir, Paris : Le Seuil, 1996, Épilogue.

" L'homophobie de [André] Gide est évidemment regrettable. "
Leo Bersani, Homos. Repenser l'identité, Paris : O. Jacob, 1998. Traduit de Homos, Harvard : Harvard University Press, 1995.

« La simple réflexion sur le sujet (alors que nous ne sommes pas dans l’ignorance quant à ses structures psychiques) et toute critique des projets qui visent à l’inscrire dans la loi, se voient systématiquement neutralisés sous couvert d’homophobie. Mais cette invective n’est-elle pas d’abord un déficit de la pensée dont l’objet est surtout de mieux paralyser l’interlocuteur ? »
Tony Anatrella, « À propos d’une folie », Le Monde, 26 juin 1999.

« Le terme d’homophobie s’est imposé : ce mot piégé confond (volontairement) le refus de la normalisation symbolique et sociale de l’homosexualité avec l’animosité à l’égard de la personne des homosexuels. »
Jean Sévillia, Le Terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours, Paris : Perrin, 2000.

L'année 2000 vit l'entrée dans la prestigieuse collection Que sais-je ? aux P. U. F. d'un volume intitulé sobrement « L'HOMOPHOBIE » et dû au juriste Daniel Borrillo. On trouvera sur ce blog la critique que j'en fit.

« Moins préoccupés par le sida, les étudiants ont pris conscience, avec le vote de la loi sur le PACS, qu'il était tout à la fois nécessaire de militer contre l'homophobie et plus aisé de le faire, dans un contexte de banalisation de la question homosexuelle. »
Le Monde, 23 juin 2000.

« Qui oserait, en France, déclarer à propos de la Gay Pride : "Une parade de folles déchaînées n'a pas grand chose à voir avec les vrais homos" ? Cette phrase a été prononcée par le réalisateur Franco Zeffirelli, qu'on ne saurait accuser d'homophobie. Et d'en appeler aux "vrais homos", Michel-Ange, de Vinci et César, qui avaient une trop haute idée de leur "virile préférence" pour se transformer en ridicules poupées! Bref, homos ou hétéros, il y a toujours des "tendances" et c'est plutôt bon signe ! »
Marianne, n° 168, 10-16 juillet 2000.

« Tout homosexuel qui n'accepterait pas en bloc les propositions formulées ici [dans un ouvrage de D. Éribon] sur son destin est accusé d'avance de faire preuve d'"homophobie intériorisée" et se voit assimilé à l'image sans appel du juif antisémite. »
Jean-Claude Bonnet, "Des mots pour le dire", Critique, n° 637-638, juin-juillet 2000.

« Chaque individu a droit au respect, au nom du principe d’égale dignité de l’être humain. L’homophobie, qui désigne tout comportement manifestant une hostilité à la personne homosexuelle en tant que telle, est inadmissible. Elle est autant condamnable que le sexisme et le racisme. À l’instar du dispositif en place pour d’autres phénomènes de rejet, il faut à l’évidence une condamnation de l’homophobie. […] Il conviendrait également d’inclure dans les cours d’éducation civique la condamnation de toute forme d’homophobie. »
Jacques Chirac, interviewé dans Têtu, n° 66, avril 2002, page 60.

« Ce sera peut-être, mais alors dans un avenir extrêmement lointain, un sujet d’intense rigolade de se souvenir qu’on a pu voir, cette année [1999], un très curieux « Réseau Voltaire » exiger une législation réprimant l’homophobie. »
Philippe Muray, Exorcismes spirituels III, V, « La cage aux phobes », Paris : Les Belles Lettres, 2002.

" En langue française, le mot [homophobie] fait son apparition en 1977 sous la plume de Claude Courouve (2), mais ce n'est qu'en 1994 qu'il fait son entrée dans le dictionnaire.
2. Claude Courouve, Les Homosexuels et les autres, Paris, Les Editions de l'Athanor, 1997. "
Louis-Georges Tin, Introduction, in Louis-Georges Tin, dir., Dictionnaire de l'homophobie, Paris : Presses universitaires de France, 2003 (mai), page X.


« POINT DE VUE
La droite homophobe ?, par SOS-Homophobie. »
Le Monde, 2 décembre 2003.

« L'adjoint (Vert) au maire de Paris chargé de la Culture Christophe Girard a dénoncé jeudi les propos de l'évêque d'Evry (Essonne), Mgr Michel Dubost, qui s'est étonné mercredi que les Verts soutiennent le mariage des homosexuels." Je n'imaginais pas que l'abstinence pût rendre aussi irrespectueux et sectaire", a déclaré par téléphone à l'AFP M. Girard. « Comment un chrétien peut-il tenir des propos d'une telle homophobie ? La Bible ne dit-elle pas "aimez vous les uns les autres" ? ». L'adjoint (Vert) au maire de Paris a ajouté attendre des excuses, "ne serait-ce que par respect pour le grand nombre de prêtres, évêques et cardinaux homosexuels". Mgr Dubost avait estimé mercredi "surprenant que les mêmes qui luttent contre les OGM au nom du respect de la nature disent avec le même élan que la nature n'a pas d'importance pour l'homme", au sujet du mariage homosexuel que s'apprête à célébrer le député Vert Noël Mamère à Bègles, en Gironde. »
AFP, 6 mai 2004.

LIONEL JOSPIN, ancien Premier ministre :

« Je vois s’esquisser une nouvelle tentation bien-pensante, voire une crainte de l’imputation homophobe qui pourrait empêcher de mener honnêtement la discussion [sur le mariage homosexuel et l’adoption] On peut pourtant réprouver et combattre l'homophobie, tout en n'étant pas favorable au mariage homosexuel, comme c'est mon cas. […] Je ne crois pas qu’il soit pertinent d’en [les institutions] dénier le sens. Le mariage est, dans son principe et comme institution, " l’union d’un homme et d’une femme ". Cette définition n’est pas due au hasard. Elle renvoie non pas d’abord à une inclination sexuelle, mais à la dualité des sexes qui caractérise notre existence et qui est la condition de la procréation et donc de la continuation de l’humanité. C’est pourquoi la filiation d’un enfant s’est toujours établie par rapport aux deux sexes. Le genre humain n’est pas divisé entre hétérosexuels et homosexuels – il s’agit là d’une préférence –, mais entre hommes et femmes. Quant à l’enfant, il n’est pas un bien que peut se procurer un couple hétérosexuel ou homosexuel, il est une personne née de l’union – quelle qu’en soit la modalité – d’un homme et d’une femme. […] On peut respecter la préférence amoureuse de chacun, sans automatiquement institutionnaliser les mœurs. »
"Mariage homosexuel : un problème d’institutions", Le Journal du dimanche, 16 mai 2004.

« Louis-Georges Tin, coordinateur du Dictionnaire de l’homophobie (PUF, 2003), lance un appel en direction des associations françaises pour la Journée Mondiale de Lutte Contre l'Homophobie qui aura lieu dans 34 pays le 17 mai prochain. L’universitaire, correspondant pour la France de cette journée organisée en partenariat avec l'International Lesbian and Gay Association (ILGA), appelle en effet l’ensemble des associations à organiser ces actions ce jour-là. « Cette journée mondiale a pour but de promouvoir des actions contre l'homophobie, qui peuvent prendre des formes très diverses : des débats dans des classes, des conférences publiques, des expositions artistiques, des campagnes de sensibilisation, des animations de rue, des soirées, des spectacles ou des concerts, des projections de films, des émissions radio ou télé, etc. », explique le coordinateur du Dictionnaire de l’homophobie. La première Journée Mondiale aura donc lieu le 17 mai 2005, soit 15 ans jour pour jour après la décision de l'Organisation Mondiale de la Santé de retirer l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Contact : tin@idahomophobia.org »
http://www.tetu.com , le 29 décembre 2004.

« Daniel Borrillo note les critiques dont a fait l’objet ce néologisme d’homophobie, notamment par le grand historien gay, John Boswell, qui fait remarquer a juste titre qu’il signifie étymologiquement "crainte du semblable", homo désignant en grec le même, et phobé la crainte. Il propose donc "homosexophobie" ; qui est plus précis bien qu’hybride puisque joignant un terme latin aux deux termes grecs. »
Thibaud Collin, Le Mariage gay. Les enjeux d’une revendication, chap. 3, Paris : Eyrolles, 2005.

« Le deuxième concours de nouvelles contre l'homophobie est ouvert. Comme l'an passé, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie qui aura lieu le 17 mai prochain, le président du Comité IDAHO (International Day Against Homophobia), Louis-Georges Tin, et Têtu lancent un concours de nouvelles autour de la question de l'homophobie. Il est ouvert à tous, jeunes, moins jeunes, trans, bi, gays, lesbiennes, hétéros. »
http://www.tetu.com , 7 mars 2006.

« J'aimerais tellement que dans la vie politique, à gauche comme à droite, on arrête avec ces propos blessants qui n'amènent rien. J'ai donné ma position sur le mariage homosexuel et l'adoption par des couples homosexuels ; mais tout ce qui de près ou de loin peut paraître comme de l'homophobie, je l'ai en horreur. Par conséquent, on n'a rien à faire avec des personnes qui ne comprennent pas qu'au XXIe siècle, ce type de propos, ça tire tout le monde vers le bas. » Nicolas Sarkozy, Tf1, 15 février 2012 [En réaction au buzz créé par un exposé du député Christian Vanneste sur libertepolitique.com].

« La ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement [Najat Vallaud-Belkacem], a présenté les principes du programme d'actions contre les violences et les discriminations commises à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre que le Premier ministre l'a chargée d'élaborer début septembre. […] l'État s'engagera pour la première fois dans une politique coordonnée contre l'homophobie déclinée en cinq axes :
1. lutter contre les violences : le Gouvernement communiquera chaque année sur les chiffres de l'homophobie. Pour que personne n'hésite à déposer plainte contre une violence ou une discrimination à caractère homophobe, une campagne d'information sera mise en œuvre en 2013. Des sessions de formation pluridisciplinaires à la lutte contre ces violences seront organisées à l'attention des policiers, gendarmes et magistrats, à partir de la rentrée 2013. Pour faciliter le recueil des plaintes, des trames d'audition seront élaborées ;
2. s'appuyer sur la jeunesse pour faire évoluer les mentalités : les questions liées à l'orientation sexuelle seront davantage abordées dans les programmes scolaires. Les personnels intégreront ces questions dans leur enseignement, en relation avec les thématiques abordées en cours, et avec des approches différenciées, du primaire au lycée. Les associations qui proposent des interventions en milieu scolaire contre l'homophobie feront l'objet d'un agrément national. » (Communiqué du Conseil des ministres du 31 octobre 2012).

Question écrite au gouvernement & réponse : Lutte contre l’homophobie.

LAURENCE VANCEUNEBROCK MIALON, L'ALLIER, UN TERRITOIRE DE RÉUSSITE·MARDI 17 JUILLET 2018

Question écrite N° 10713 Lutte contre l'homophobie
Question publiée au Journal officiel le : 17/07/2018 :
" Mme Laurence Vanceunebrock-Mialon interroge M. le Premier ministre sur la lutte contre l'homophobie. En dépit de l'intérêt de l'organisation des états généraux de la bioéthique depuis le début de l'année 2018, ceux-ci ont aussi malheureusement fait ressurgir les craintes de la communauté des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT). La loi pour le « mariage pour tous » de 2013, autorisant le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe, avait été un signal fort de reconnaissance d'une minorité mais dans la pratique, de nombreuses défaillances persistent, au premier rang desquelles, les cas d'homophobie dans la vie quotidienne. En 2017, SOS homophobie a recueilli 1 650 témoignages d'actes « LGBTphobes », soit 4,8 % de plus qu'en 2016. Depuis plus de 10 ans, une agression « LGBTphobe » a lieu tous les trois jours et on constate une augmentation de 15 % du nombre d'agressions physiques« LGBTphobes » par rapport à 2016. Deux contextes connaissent une explosion du nombre de cas d'homophobie et de transphobie dans la vie quotidienne en 2017, voisinage (+84 %) et milieu scolaire (+38 %). Pour la communauté LGBT, la révision de la loi bioéthique constitue une grande opportunité de reconnaître enfin ses droits et notamment, l'existence d'une famille sociale, au même titre que la famille biologique. Certains craignent une « revanche » des opposants à la loi de 2013 et espèrent ne pas revivre les confrontations et les violences subies à l'époque. Les membres de la communauté LGBT ne devraient plus être des sujets de débat mais devraient enfin être considérés comme des sujets de droit. Dans ce contexte, elle lui demande ce que compte faire le Gouvernement, concrètement, dans la lutte contre l'homophobie. "

Texte de la réponse :
" Sur les mesures relatives à la sanction des actes anti-LGBT et à la protection des victimes : Une meilleure connaissance des actes de haine anti-LGBT : - Depuis 2017, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l'Intérieur publie un bilan annuel des victimes de crimes ou de délits enregistrés par les forces de sécurité (police et gendarmerie) et commis en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, réelle ou supposée, des victimes. Ces statistiques sont donc désormais officielles et détaillées par type d'actes (injures, outrages, violences, menaces, discriminations, etc.) et caractéristiques des victimes (genre, âge, lieu géographique). Les chiffres 2016 ont fait l'objet d'une note détaillée du SSMSI en septembre 2017. 1 084 infractions, subies par 1 020 victimes, ont ainsi été commises en 2016 du fait de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre, réelle ou supposée. En mai 2018, la DILCRAH révèle que les forces de police et de gendarmerie ont comptabilisé 1 026 victimes d'infractions à caractère homophobe ou transphobe en 2017. 262 actes de violences physiques ou sexuelles ont été constatés. Ces chiffres, bien que stables, montrent une haine anti-LGBT toujours persistante dans la société. Ils feront l'objet d'une étude détaillée dans les prochains mois. - En juin 2018, une enquête IFOP de victimation réalisée auprès de personnes LGBT pour l'Observatoire LGBT+ et la DILCRAH révèle que 53 % des LGBT ont déjà été confrontés au cours de leur vie à au moins une forme d'agression anti-LGBT, les homosexuels y ayant été plus exposés (65 %) que les bisexuels (45 %). Les formes verbales d'homophobie sont les plus répandues : plus d'un quart (28 %) des LGBT (et jusqu'à 49 % chez les homosexuels) ont déjà fait l'objet d'insultes ou d'injures homophobes au cours de leur vie. Mais l'ampleur des agressions physiques est loin d'être marginale : un quart des LGBT (24 %) ont déjà été agressés sexuellement et plus d'un sur six (17 %) ont fait l'objet d'actes de violences physiques, dont 39 % des homosexuels résidant dans des banlieues « populaires ». Un meilleur accueil des victimes d'actes anti-LGBT - Une expérimentation de la pré-plainte en ligne pour les injures, diffamation et discriminations à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre va être mise en œuvre. Le ministère de l'Intérieur a publié son décret d'application le 25 mai 2018. Cette expérimentation, qui concernera également les propos racistes, a pour but de faciliter les démarches des victimes et d'anticiper en amont leur accueil lors de la prise de plainte « physique » au commissariat ou en brigade. - La DILCRAH assure des actions de formation et de sensibilisation sur l'accueil des victimes et les enquêtes relatives notamment à des actes et discours anti-LGBT, au sein de l'Ecole nationale de la magistrature (formation initiale et formation continue), ainsi qu'au sein des écoles de police et de gendarmerie (gendarmes et officiers de gendarmerie). - En outre, la DILCRAH a élaboré des fiches techniques diffusées par le ministère de l'intérieur à l'ensemble des unités d'enquête, afin de mettre à leur disposition l'ensemble des informations de nature à faciliter le traitement des atteintes aux personnes, et atteintes aux biens aggravées par l'orientation sexuelle ou l'identité de genre, réelle ou supposée, de la victime, ainsi que des discours de haine à l'encontre des personnes LGBT, qui constituent des infractions pénales au regard de la loi du 29 juillet 1881. - Le ministère de l'Intérieur travaille aussi avec l'association de policiers et gendarmes LGBT, Flag !, pour intervenir au sein des écoles de police et de gendarmerie et pour sensibiliser les services chargés de l'accueil des victimes, en garantissant notamment la bonne connaissance de la spécificité de l'accueil des personnes trans. Une note a été adressée en avril 2018 aux commissariats sur les préconisations sur l'accueil et le traitement des personnes trans (accueil, traitement judiciaire, palpation et fouille, locaux de garde à vue ou de rétention, etc.) - Des trames d'audition pour les victimes de violences ou de discriminations commises à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre existent, mais restent encore peu visibles. Flag ! a par ailleurs diffusé un document reprenant tous les codes NATINF relatifs aux infractions à caractère anti-LGBT. - La DILCRAH et le ministère de l'Intérieur sont partenaires de la conférence biannuelle de l'European LGBT Police Association, rassemblement des policiers et gendarmes LGBT d'Europe, organisée cette année à Paris du 27 au 29 juin 2018. Cette conférence a pour but d'échanger sur les meilleures pratiques de lutte contre la haine anti-LGBT dans les polices européennes, de présenter les différentes actions menées par la police et la gendarmerie nationales en matière de lutte contre les discriminations et d'améliorer la chaine pénale police/justice pour combattre plus efficacement la haine anti LGBT. Une meilleure connaissance des droits des victimes anti-LGBT - Dans le cadre de ses appels à projets, la DILCRAH soutient des guides sur les droits des victimes d'actes anti-LGBT tels que le guide pratique contre les LGBTphobies de SOS homophobie, en partenariat avec le Défenseur des droits, un guide de l'Inter-LGBT sur comment agir dans les communes pour les personnes LGBT et contre les discriminations, des brochures d'information d'ACTHE sur la transidentité, un guide des bonnes pratiques du GISS sur les questions intersexes, etc. - La DILCRAH soutient par ailleurs des campagnes de lutte contre les discriminations et violences à l'encontre des personnes LGBT réalisées par des associations (Grey Pride, SIS-Animation, Fédération LGBT). Des campagnes de communication contre les LGBTphobies sont également diffusées sur les sites internet de plusieurs ministères et via leurs réseaux sociaux (Education nationale, Sports, Egalité Femmes-Hommes, etc.) Sur les actions de la DILCRAH : - La DILCRAH pilote le plan de mobilisation gouvernemental contre la haine et les discriminations anti-LGBT de décembre 2017, conçu pour une durée de trois ans et qui développe cinq priorités : Une République exemplaire contre la haine et les discriminations anti-LGBT Sanctionner chaque acte de haine anti-LGBT et protéger au mieux les victimes Eduquer contre la haine et les discriminations anti-LGBT Agir contre les discriminations anti-LGBT au quotidien Poursuivre le combat international pour les droits des personnes LGBT Le plan met l'accent sur sa déclinaison territoriale et sur les personnes LGBT invisibilisées, trop souvent oubliées des politiques publiques (les seniors, les personnes incarcérées, les personnes trans, les personnes LGBT vivant en milieu rural, en quartier de politique de la ville, dans les outre-mer, etc.). Un budget de 1,5 M€ a été alloué en 2017 et 2018 pour conduire des actions de niveau national et local, et notamment soutenir les associations qui interviennent en matière d'information, de prévention, de formation et d'aide aux victimes, ainsi que pour la conduite d'actions de communication, l'organisation d'événements et le soutien à la recherche. - En 2017, 157 projets, répartis dans 42 départements, ont été subventionnés dans le cadre d'un appel à projets national contre la haine et les discriminations anti-LGBT et sont venus compléter la mobilisation et l'action des services de l'Etat et des collectivités territoriales contre la haine et les discriminations anti-LGBT : lignes d'écoute, guide sur les droits des victimes d'actes anti-LGBT, guide sur les droits des personnes trans et intersexes, interventions en milieu scolaire, modules de formation dans le milieu scolaire, professionnel et sportif, centres LGBT locaux, festivals LGBT, campagnes de prévention santé, projets de recherche, etc. En 2018, l'appel à projets a été déconcentré aux préfectures. Il a rencontré un vif succès et a permis de soutenir financièrement 212 projets locaux, dans 82 départements différents, en plus des projets nationaux. Ces projets contribuent à la lutte contre la haine et les discriminations envers les personnes LGBT et proviennent essentiellement de structures dont l'objet principal est de lutter contre la haine et les discriminations, de type associatif ou non, ancrées sur des territoires ruraux, ultra-marins et/ou urbains. "

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Du 20 juin 2023






HOMOPHOBIQUE

AFP, mars 2001 : « attaques homophobiques du président namibien Sam Nujoma ».

HOMOSEXOPHOBIE

« Daniel Borrillo note les critiques dont a fait l’objet ce néologisme d’homophobie, notamment par le grand historien gay, John Boswell, qui fait remarquer a juste titre qu’il signifie étymologiquement "crainte du semblable", homo désignant en grec le même, et phobé la crainte. Il propose donc "homosexophobie" ; qui est plus précis bien qu’hybride puisque joignant un terme latin aux deux termes grecs. »
Thibaud Collin, Le Mariage gay. Les enjeux d’une revendication, chapitre 3, Paris : Eyrolles, 2005.

HOMOSEXUALISME

« Il me semble, si je m'occupais de ces questions, que les Allemands ont fort embrouillées, que je distinguerais assez franchement l'homosexualisme de l'amitié charnelle. Des deux sentiments, le premier est un choix exclusif nécesssité par des tendances physiques ; le second est une simple confusion de sentiments ; il n'est pas absolu, il est passager. L'un est un sentiment spécifique ; le second est un sentiment individualiste. L'homosexuel tend vers tous les êtres de son sexe ; l'être soumis à une amitié charnelle tend vers son ami, et vers son ami seul. Une passion hétérosexuelle peut très bien le remettre, à une occasion prochaine, dans la voie que nous appelons normale. »
Remy de Gourmont, "Dialogue des amateurs", Mercure de France, 1er janvier 1908.

Maxime GORKI, sur L'Ami du marié de Serge Boulgakov : « Son livre prêche quelque chose entre l'homosexualisme et l'émasculation. »
La Culture et le peuple, " Le ver solitaire " (1930), Paris : Éditions sociales internationales, 1938, page 59 (traduction anonyme).

« Les prosélytes et militants se réclamant de l'homosexualisme proposent effectivement un modèle d'intolérance, voire d'agression conceptuelle : il est vécu comme une insulte par des couples hétéros « normaux », pour lesquels le mariage « usuel » (square, comme disent les Anglais) correspond avant tout, entre autres mérites, à une certaine manière d'élever les enfants et de les garantir, en particulier, contre ces fléaux modernes que sont le sida ou la pédophilie. »
E. Le Roy Ladurie, « Pourquoi le Pacs contredit l’héritage judéo-chrétien », Le Figaro, 19 octobre 1998.

HOMOSEXUALITÉ

« Le mot "homosexualité", à forte connotation médicale, fut inventé par Benkert, médecin hongrois, en 1869. »
Dominique Fernandez, préface à Carlier, La Prostitution antiphysique, 1981 [1887].

La lettre ouverte au ministre prussien de la Justice dans laquelle on trouve les mots Homosexualität, homosexual (adj.) et Homosexual (subs.) a été attribuée à K. M. Benkert par K. H. Ulrichs, selon le témoignage du professeur Karsch. Benkert n’était pas médecin (comme l'affirme encore dans les années 2000 le mensonge constructionniste) mais homme de lettres, sous le pseudonyme de Kertbeny ; dès 1864, il avait eu connaissance des écrits de K. H. Ulrichs. Benkert, personnalité un peu excentrique, était connu de Karl Marx et Friedrich Engels (qui le considéraient comme un âne utile), de Charles Baudelaire et George Sand.

La formation d’homosexual en 1868 et d’Homosexualität en 1869, à partir du grec ομος, semblable, n’avait de plus rien d’inattendu. Pierre-Joseph Proudhon avait déjà utilisé en 1858, dans son étude Amour et mariage, très probablement connue de l'écrivain Kertbeny, le substantif unisexualité et l’adjectif homoïousien (voir plus haut) appliqué à l’érotisme. Le nietzschéen Raphaël Cor trouvait ce composé gréco-latin barbare, « comme si on l’eût voulu forger tout exprès pour compromettre en bloc l’Antiquité classique toute entière » (1930). L’emploi français d’homosexualité et d’homosexuel fut préparé, dans les années 1870-1880, par celui d’unisexualité et d’unisexuel, et ne constituait donc pas la révolution linguistique que certains (Jeffrey Weeks, Guy Hocquenghem) imaginèrent.
À partir de 1880, les néologismes de Benkert ont été adoptés par les psychiatres allemands Gustav Jäger et R. v. Krafft-Ebing ; leur introduction en français s’est faite à l’occasion du compte-rendu de la 6e édition de Psychopathia Sexualis de Krafft-Ebing :

« Diminution ou abolition complète de l’appétence normale. L’individu n’a de goût que pour son propre sexe : inversion de l’instinct génital, homosexualité congénital ou acquise. »
Dr Chatelain, « Bibliographie », Annales Médico-psychologiques, septembre 1891.

« L’homosexualité augmente et augmentera. »
Marc-André Raffalovich, " L'Uranisme (inversion sexuelle congénitale) ", Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 55, 15 janvier 1895.

Après les procès d’Oscar Wilde et la traduction la même année de Psychopathia Sexualis, ces mots sont passés dans la langue littéraire à l’occasion d’une polémique survenue dans La Revue Blanche ; citons d’abord cet extrait traduit d’un article du dramaturge allemand Oskar Panizza :

« Dans Parsifal, le héros et les chevaliers du Graal sont conçus de façon absolument unisexuelle. Ils sont frères. De plus, Parsifal délivre et guérit un vieillard (Amfortas) dégoûté du monde. C’est par son éloignement pour les femmes que le jeune homme possède cette puissance libératrice (on sait que les partisans de l’homosexualité se sentent offensés si leurs jeunes protégés viennent à se divertir avec des femmes […] Cette tendance doit être considérée ici d’un point de vue purement psychologique comme une liaison sentimentale et suprahumaine qui trouve sa satisfaction complète dans les sensations de la vue et de l’ouïe, en même temps que dans l’éloignement pour la femme. Louis II de Bavière, que charmait surtout les sonorités, est un exemple remarquable de ces relations d’homosexualité intellectuelle. »
Oskar Panizza, « Bayreuth et l’homosexualité », Revue Blanche, 15 mars 1896.

« Il ne leur suffisait pas d'être pédérastes ... comme tout le monde ... ils ont inventé l'homosexualité ... Où la science va-t-elle se nicher, mon Dieu ? ... Ils font de la pédérastie comme ils font de l'épigraphie. Ils savent qui a été l'amant de Wagner, et de qui Alcibiade et Shakespeare ont été les maîtresses. Ils écrivent des livres sur les amours de Socrate, et sur celles d'Alexandre le Grand ... »
Octave Mirbeau, La 628-E8, 1907.

La revendication homosexuelle s’exprima alors à l’aide des nouveaux termes :

« L’homosexualité n’est pas seulement passionnante pour notre investigation, elle exige notre respect  et la révision d’un procès inique. Elle ne relève plus de la criminologie, ni même de la pathologie, mais du droit commun de l’amour libéré. »
Guy Debrouze [sur la couverture, dans le sommaire, et la table du 2e semestre 1909 ; Delrouze en signature à la fin de l'article], « Le préjugé contre les mœurs », Akademos, n° 7, 15 juillet 1909.

Marcel Jouhandeau (1888-1979) récusait le « droit commun » au profit de l’élitisme :

« L’homosexualité n’est tolérable que dans l’exception, n’est supportable que si l’on a affaire à une âme, à un être exceptionnel. Les Grecs interdisaient l’homosexualité aux esclaves. Je souhaiterais qu’elle ne soit permise qu’aux Sages. »
« Éthique du péché », Nouvelle Revue Française, n° 336, janvier 1981.

Michel Foucault : « Il ne faut pas oublier, écrivait-il, que la catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l’homosexualité s’est constituée du jour où on l’a caractérisée […] par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d’intervertir en soi-même le masculin et le féminin. L’homosexualité est apparue comme une des figures de la sexualité lorsqu’elle a été rabattue de la pratique de la sodomie sur une sorte d’androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l’âme. Le sodomite était un relaps, l’homosexuel est maintenant une espèce » (La Volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976)

Michel Delon : « Rares sont les auteurs qui se servent, pour désigner ce que nous nommons au XXe siècle l'homosexualité, des termes propres que l'époque met à leur disposition, sodomie ou pédérastie, termes beaucoup plus flous alors qu'aujourd'hui. La plupart d'entre eux utilisent des périphrases moralisantes : passion honteuse, passion infâme, le péché qui est contre nature, celui des vices qui est le plus abominable et qui révolte le plus la raison, cette débauche qui choque l'ordre de la nature et pervertit l'instinct animal... On trouve même parfois des formules pittoresques comme « cette faute d'orthographe de la nature humaine. ». Autant d'expressions qui indiquent une non-conformité par rapport à trois instances confondues en une seule : la nature, la raison, la morale (1). Ces circonlocutions indiquent à elles seules que l'interdit porte autant ou presque sur les mots que sur les choses. »
« Du goût antiphysique des Américains », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, tome 84, n° 3, juin 1977.
1. Certains auteurs chrétiens diront la chose contraire à la nature, la raison et la grâce.

Là où Michel Foucault parlait de naissance d'une catégorie médico-psychologique, certains, constructivistes, ont vu la naissance de l'homosexualité tout court...

La médecine avait emprunté à la revendication allemande son vocabulaire ; en France, le chemin inverse a été suivi, d’où certaines réticences bien compréhensibles :

« Les homosexuels sont "gay". Ce mot à double paternité franco-anglaise est présent dans presque toutes les langues ; un adjectif qui, en peu de temps, est devenu adulte, qu'on emploie aussi comme substantif car il souligne cette volonté d'en finir avec les connotations médicales du mot "homosexualité". » Gilles Barbedette/Michel Carassou, Paris Gay 1925, Paris : Presses de la Renaissance, 1981.

C’est une médecine un peu embarrassée qui s’exprimait dans ce manuel de médecine légale :
« L’homosexualité (dite encore "homophilie") est un penchant sexuel pour les individus du même sexe qui, lorsqu’elle est constitutionnelle, reste limitée à ce même sexe (c’est l’uranisme) et qui, lorsqu’elle est acquise, peut s’étendre, paradoxalement, y appliquant aussi les même pratiques, au sexe opposé – c’est la pédérastie, mieux alors et plus généralement appelée "sodomie". »
Pierre Ceccaldi & Michel Durigon, Médecine légale à usage judiciaire, Paris : Cujas, 1979 ; chapitre " Perversions sexuelles " dans la partie "Sexologie".

Selon Daniel Guérin, « Le mot devrait tomber en désuétude au fur et à mesure que disparaîtraient les homophobes, les préjugés à l’égard de la chose, et enfin les foudres d’une Église.  » (Homosexualité et révolution, Paris : Le vent du ch'min, 1983 ; cité dans l'article d'Alexandre Marchant, " Daniel Guérin et le discours militant sur l'homosexualité masculine en France (années 1950-années 1980) ", Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2006/4).

Gabriel Attal : « Être français en 2024, c'est, dans un pays qui il y a dix ans seulement se déchirait encore sur le mariage pour tous, pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité. »
" Déclaration de politique générale ", Assemblée nationale, 2e séance du 30 janvier 2024. (ma transcription d'après la vidéo sur la chaine LCP).

HOMOSEXUALITÉ LATENTE, HOMOSEXUEL LATENT

Le concept de latence fut formulé par le médecin hollandais A. Alétrino en 1901 :

« La période d’indifférence sexuelle (selon Conolly, Max Dessoir et W. James) et l’aptitude qui s’ensuit à un développement bilatéral, soit par suggestion, soit par l’influence du milieu, soit par la coutume, prouvent qu’un penchant uraniste n’est pas toujours un cas pathologique mais est inné dans l’homme. La preuve de cette aptitude de l’instinct sexuel à se manifester dans une des deux directions nous est fournie, en plus, par le fait connu qu’il y a tant d’hommes hétérosexuels qui nouent des relations homosexuelles, quand l’occasion de manifestations hétérosexuelles leur manque, p. e. pendant de longs voyages sur mer, dans les prisons et dans les colonies pénitentiaires. On m’objectera peut-être que ces gens-là doivent être plus ou moins dégénérés ! Mais cela ne diminue en rien le fait que la plupart de ceux qui, dans les situations indiquées plus haut, nouent des relations homosexuelles, n’ont jamais senti ce penchant homosexuel pendant tout le temps où ils avaient l’occasion de satisfaire leur penchant hétérosexuel. Et puis, il n’est pas admissible que l’individu puisse acquérir à l’âge adulte le penchant homosexuel s’il n’a pas en lui l’aptitude, la disposition, le germe dont le développement peut être favorisé par les circonstances. Tout au plus pourra-t-on dire que le penchant homosexuel, latent chez chacun, peut être réveillé plus aisément et plus vite chez les dégénérés en question. »
Dr A. Alétrino, « La situation sociale de l’uraniste », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 95, 15 septembre 1901

« Je ne crois pas qu’un hétéro-sexuel puisse jamais, à la suite de lectures, de séduction ou par la suggestion, devenir un inverti […] Le cas toutefois est différent lorsqu’il s’agit d’un bi-sexuel ou d’une inversion latente. »
Dr P. Näcke, « Le monde homo-sexuel de Paris », Archives d’Anthropologie Criminelle, 15 mars 1905.

On sait que Sigmund Freud avait rejeté les théories de la dégénérescence et du troisième sexe, et conservé le concept d’homosexualité latente ; on lit dans la traduction de l’Introduction à la psychanalyse :

« La prétention par laquelle les homosexuels et les invertis affirment qu’ils sont des êtres exceptionnels disparaît devant la constatation qu’il n’est pas un seul névrosé chez lequel on ne puisse prouver l’existence de tendances homosexuelles et que bon nombre de symptômes névrotiques ne sont que l’expression de cette inversion latente. Ceux qui se nomment eux-mêmes homosexuels ne sont que les invertis conscients et manifestent, et leur nombre est minime à côté de celui des homosexuels latents. »
20e conférence ; traduction Serge Jankélévitch, éditions Payot.

Jacques Corraze distinguait trois sortes d’homosexualité :

« Envisager une homosexualité latente ne consiste pas à penser que nous sommes tous des homosexuels en puissance mais à constater que, dans certaines de nos conduites, on trouve la preuve du règlement plus ou moins heureux de nos tendances homosexuelles […]. Il conviendrait de bien différencier l’homosexualité latente, avec la présence de fantasmes homosexuels inconscients, de l’homosexualité fantasmatique, se nourrissant de fantasmes conscients, ces deux formes étant bien séparées de l’homosexualité ouverte avec ses propres fantasmes.
Les Dimensions de l’homosexualité, 1969.

HOMOSEXUEL, adj. et subs.

Du grec ομος, semblable, via l’allemand homosexual (mai 1868). La notion de similitude était présente dans ces lignes d’un médecin de l’armée d’Afrique :

« Ce militaire nous signala un fait dont nous pûmes vérifier l’exactitude. Il nous fit voir un coq qui, après avoir terrassé son adversaire, cherchait à le sodomiser, et insistant quelques fois jusqu’à l’éjaculation, quand l’ennemi battu était acculé de manière à ne pouvoir fuir. L’observateur prétendait avoir vu assez souvent les chiens se livrer au rapprochement de sexes semblables. »
Dr F. Jacquot, « Des aberrations de l’appétit génésique », Gazette médicale de Paris, 28 juillet 1849.

En 1878, le Dr Ritti parlait de « l’attraction des sexes semblables ». Le préfixe iso aurait pu être proposé, mais la série des termes en homo- est consacrée par l’usage.

« Les homosexuels purs, chez lesquels toute appétence normale pour l’autre sexe disparaît absolument. »
Dr Chatelain, « Bibliographie », Annales Médico-psychologiques, septembre 1891.

Homosexuel, comme adjectif, s’est trouvé dans un autre écho de l’ouvrage de Krafft-Ebing, lors du 3e Congrès international d’Anthopologie criminelle, en août 1892 : le Dr Léon de Rode commentait les observations de son confrère allemand :

« Il les divise en trois groupes qu’il désigne sous les noms d’hermaphrodisme psychique, d’instinct homosexuel, d’effemination ou  de viraginité […] dans le second groupe se rangent ceux qui éprouvent un sentiment de répulsion absolument invincible vis-à-vis des personnes de l’autre sexe et sont au contraire attirés vers celles de leur sexe propre. »

" On croyait autrefois, lorsqu'un homosexuel avait maltraité ou même tué un individu masculin, que le fait  était très fréquent parmi les homosexuels. Pourtant, lorsque l'acte de cruauté a une origine sexuelle, il est très rare et dans tous les cas pas plus fréquent que dans les cas d'amour hétérosexuel [heterosexualen Triebe]. "
Dr Albert Moll, Les Perversions de l'instinct génital, 1893.

« Il n'y a pas de ligne de démarcation entre les hétérosexuels et les homosexuels [...] L'homme qui se laisse dominer par sa sexualité est sexuel avant d'être uraniste ou hétérosexuel. L'homme qui est au-dessus de sa sexualité peut, sans danger pour lui ou pour les autres, être homosexuel ou hétérosexuel. »
A. Raffalovich, "L'Uranisme (inversion sexuelle congénitale)", Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 55, 15 janvier 1895.

« M. Oscar Wilde est maintenant torturé pour avoir été un uraniste, un hellénique, un homosexuel, comme vous voudrez. »
Alfred Douglas, « Une introduction à mes poèmes, avec quelques considérations sur l’affaire Oscar Wilde », Revue Blanche, 15 juin 1896.

Edward Carpenter : " Dans la forme de l'amitié - celle dont nous nous occupons - elle [la passion de l'amour] a des fonctions que nous espérons mettre en lumière dans cette étude.
D'aucuns trouverons exagéré que nous placions cette dernière forme d'attachement, comme importance, au niveau des autres formes. Ces lecteurs sont peut-être enclins à méconnaître dans l'amour homogénique ou homosexuel (1) ainsi qu'on l'appelle, ce caractère intense, pénétrant et parfois subjuguant qui permettrait de le considérer comme une grande passion humaine. Mais cette opinion, quand elle est bien fixée, provient d'une ignorance des faits actuels ; et il ne sera pas inopportun ici, avant de passer à nos propres considérations, d'indiquer, de la façon la plus sommaire possible, ce que l'histoire, la littérature et l'art peuvent nous dire à ce sujet. "
1. Le terme «  homosexuel  », généralement employé dans les ouvrages scientifiques, est cependant un mot bâtard. « Homogénique  » fut proposé comme étant composé de deux racines grecques : homos, même, et genos, sexe. "
Edward Carpenter : " L'Amour homogénique et sa place dans une société libre ", La Société nouvelle - Revue internationale - Sociologie, Arts, Sciences, Lettres, septembre, octobre 1896, tome 2, pages 297-308 et 433-447).

Le mot peut s’appliquer aux relations non sexuelles entre individus du même sexe, comme le montrent les deux exemples qui suivent :

« Il y a entre l’attraction homosexuelle de l’homme normal et l’attraction homosexuelle de l’uraniste la différence qu’il y a entre la communion d’idées, l’amitié, l’affection même et le désir, la différence qu’il y a entre l’amour fraternel et l’amour conjugal. »
Dr J. Crocq, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthropologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. Article reproduit dans le Journal de Neurologie, 1901, pp. 591-596, et dans le Bulletin de la Société de Médecine d’Anvers, août 1901, pp. 116-122.

« On pourrait aussi distinguer les greffes en homosexuelles et hétérosexuelles. »
Y. Delage, L’Hérédité, 1903, p. 114 ; exemple cité par le TLF, mais sans que le sens particulier soit signalé …

Depuis, le sociologue Alain Touraine avait décrit dans le mouvement féministe la « séparation homosexuelle absolue des hommes et des femmes » et avait caractérisé ce mouvement comme « homosexuel avant tout » (La Société invisible, Paris : Le Seuil, 1977, pp. 179-180.

Revenons au début du XXe siècle :

« Ils ont relevé, sur les vieilles pierres, tous les noms de tous les mignons de tous les pharaons de toutes les dynasties ... Pédérastes avec emphase, sodomites avec érudition ! ... Et au lieu de faire l'amour entre hommes, par vice, tout simplement, ils sont homosexuels, avec pédanterie."
Octave Mirbeau, La 628-E8, 1907.

Le retentissement des procès allemands de 1907 et 1908, qui opposèrent le journaliste Harden au diplomate Eulenburg et au militaire Moltke, fit davantage connaître au grand public les termes en homo-. En 1908, un ouvrage d’Hirschfeld, Berlins Drittes Geschlecht, soit Le Troisième sexe de Berlin, fut traduit sous le titre Le troisième sexe. Les homosexuels de Berlin. Homosexuel y était opposé à normalsexuel, terme lui aussi dû à Karl Benkert.

Marcel Proust commenta cette évolution linguistique dans cette note du cahier 49 (vers 1901-1911) :
« Ce terme [tante] conviendrait particulièrement, dans tout mon ouvrage, où les personnages auxquels il s'appliquerait, étant presque tous vieux, et presque tous mondains, ils seraient dans les réunions mondaines où ils papotent, magnifiquement habillés et ridicules. Les tantes ! on voit leur solennité et toute leur toilette rien que dans ce mot qui porte jupe, on voit dans une réunion mondaine leur aigrette et leur ramage de volatiles d'un genre différent. « Mais le lecteur français veut être respecté » et n'étant pas Balzac je suis obligé de me contenter d'inverti. Homosexuel est trop germanique et pédant, n'ayant guère paru en France — sauf erreur  et traduit sans doute des journaux berlinois, qu'après le procès Eurlenbourg.» (cité par Antoine Compagnon, Préface à Sodome et Gomorrhe, Paris : Gallimard, 1989, collection folio classique n° 2047).

En 1909, Guy Debrouze se proposait d’étudier

« les types infiniment variés de l’homosexuel, depuis l’ordinaire à caractères féminins prédominants, jusqu’au type supra-viril en qui s’essaye une formule supérieure du sexe . Entre ces deux extrêmes, qu’elle le veuille ou non, est comprise toute l’humanité. »

Une étude sur ces types (L’Homosexualité et les types homosexuels fut publiée en 1910 par le Dr Saint-Paul. Marcel Proust n’avait pas manqué d’évoquer la diversité homosexuelle :
« J’essayais de peindre l’homosexuel épris de virilité parce que, sans le savoir, il est une Femme. Je ne prétends nullement que ce soit le seul homosexuel. Mais c’en est un qui est très intéressant et qui, je crois, n’a jamais été décrit. »
Lettre à André Gide, 11 juin 1914.
« Les homosexuels mettent leur point d’honneur à n’être pas des invertis. D’après la théorie, toute fragmentaire du reste, que j’ébauche ici, il n’y aurait pas en réalité d’homosexuels. Si masculine que puisse être l’apparence de la tante, son goût de virilité proviendrait d’une féminité foncière, fût-elle dissimulée. Un homosexuel ce serait ce que prétend être, ce que de bonne foi imagine être, un inverti.  »
Marcel Proust, " Esquisses IV ", À la recherche du temps perdu, tome III, Paris : Gallimard, 1988.

Dans des « Feuillets inédits » publiés en 1935 mais écrits vers 1918, André Gide déclarait distinguer « trois sortes d’homosexuels », les pédérastes, les sodomites et les invertis ; Marcel Jouhandeau appela homosexuel le sodomite de Gide :

« L’homosexuel, au mépris de ce que la nature semble avoir voulu, recherche plus volontiers les individus de son propre sexe que ceux du sexe opposé. Mâle, contrairement à ce qui arrive au pédéraste, il préfère l’adulte à l’adolescent. »
« Corydon résumé et augmenté », Ces Messieurs, 1951.

« Je suis persuadé que tous les êtres humains sont homosexuels ; je suis tellement de cet avis qu'il m'est difficile de comprendre qu'on puisse être d'un autre. L'être humain s'aime d'abord lui-même : il s'aime avec toutes les éventualités de la passion, cherche à assouvir tous ses appétits selon sa nature et comme il est lui-même homme ou femme, il est d'emblée soumis à la passion de son propre sexe. » Georg Groddeck, Le Livre du ça, § 27, Paris : Gallimard, 1963 [1923]

Roland Leroy, député PCF : « Quelques centaines de gens, y compris des éléments extérieurs à l'Université, prétendent décider, au nom de quinze mille étudiants, une grève dont l'objectif est de maintenir les locaux ouverts aux drogués et aux déclassés. Le fait que quelques enseignants confondent les franchises universitaires avec l'ouverture des facultés aux dépravés est un signe supplémentaire d'une crise morale que le pouvoir entend utiliser à son profit. Et, finalement, on a toujours en réserve, comme un feu couvant sous la cendre, une petite barricadette pour la veille du référendum, des homosexuels pour le 1er mai, une aile entière de la faculté des sciences pour les " états-majors " gauchistes. » (L'Humanité, 5 mai 1972).

Michel Foucault (1926-1984), professeur au Collège de France : « La catégorie psychologique, psychiatrique, médicale de l’homosexualité s’est constituée du jour où on l’a caractérisée […] par une certaine qualité de la sensibilité sexuelle, une certaine manière d’intervertir en soi-même le masculin et le féminin. L’homosexualité est apparue comme une des figures de la sexualité lorsqu’elle a été rabattue de la pratique de la sodomie sur une sorte d’androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l’âme. Le sodomite était un relaps, l’homosexuel est maintenant une espèce » (La Volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976).

Là où Foucault parle de naissance d'une catégorie médico-psychologique, certains ont vu la naissance de l'homosexualité tout court...

« Songe que "pédéraste" faisait partie de la langue française depuis 1584, alors que "homosexuel" n’y est pas entré,  selon le Petit Robert, avant 1907. Ce mot ne suffit pas encore. Terme trop scientifique, il indique tout juste la tolérance dont la société, éclairée maintenant par la psychiatrie et par la sexologie, daigne nous gratifier. »
Dominique Fernandez, L'Étoile rose, III, Grasset, 1978.

« La volonté de Dieu, pour les croyants, s'exprime à deux niveaux : dans le livre de la Révélation et dans celui de la Création. Les doctrines juive, chrétienne et musulmane affirment unanimement que Dieu seul est le créateur de toute chose. Or nous demandons : qui a créé le virus du sida ? Observez que la personne qui respecte strictement les commandements divins est à l'abri de cette infection, qui ne peut atteindre, à moins d'une erreur de transfusion sanguine, un individu qui n'entretient aucun rapport extraconjugal, qui n'a pas de pratique homosexuelle et qui évite la consommation de drogue. Par rapport à ces principes de base, seuls s'exposent à la contamination ceux qui ont un comportement déviant. »
Hani Ramadan, « La charia incomprise », Le Monde, 10 septembre 2002.

« Pour le lobby gay, le mot même d’ « homosexuel » peut être vu comme le signe d’une catégorisation, manifestation concrète d’un ordre hétérosexiste qui classe, normalise et exclut. »
Thibaud Collin, Le Mariage gay. Les enjeux d’une revendication, Paris : Eyrolles, 2005. Pourtant, le mot d’ hétérosexualité est déjà le signe d’une symétrisation de la question homosexuelle, d’un déni de la marginalité.

Éric Zemmour : « Les publicitaires n’annoncent pas la société qui vient ; ils sont chargés de l’imposer à grands coups de propagande. Ils sont grassement payés pour cela. Ils ont jugé que, homosexuels ou hétérosexuels, tous les hommes devaient adopter les valeurs ludiques et festives des « gays » : homosexuel est d’ailleurs un mot d’un autre temps, qui signifiait une tentative scientifique de les cataloguer, encadrer, contenir, au profit d’une vision familiale, hétérosexuelle, de la société. Pour traduire la nouvelle société, où les homosexuels non seulement ne sont plus discriminés, mais au contraire incarnent l’humanité future, un nouveau mot s’imposait : ce sera gay. À relier à « macho ». Les deux faces d’une même médaille. À gay la lumière, à macho l’ombre. A gay le bien, à macho le mal. A gay l’homme féminisé porté aux nues, à macho l’homme bêtement viril, dénigré, méprisé. Ostracisé. »
Le Premier sexe, Paris : Denoël, 2006.
« ... par extension de l’hérésie religieuse à l’hérésie sexuelle. Au XIVe siècle un certain Remion fut condamné à être brûlé à Reims pour « péché de bougrerie ». Bougrerie servit à désigner le crime innommable. Bougre donna lieu à des anagrammes : ainsi parurent à Amsterdam en 1733 des Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors, sous la signature de Medoso (autre anagramme transparente). Agrippa d’Aubigné utilise bathylle, du nom d’un personnage d’une idylle d’Anacréon (de même que le héros du Satiricon de Pétrone a donné giton pendant des siècles). Mignon se trouve chez Ronsard et chez Montaigne. Brantôme, Tallemant des Réaux les appellent bardaches (avec la variante bredache chez Rabelais), mot qu’utilisent fréquemment Sade ou Nerciat, et encore Balzac (Le Chef-d’œuvre inconnu) et Flaubert dans ses Lettres d’Égypte. Dans une épigramme contre Campistron, auteur dramatique et (s’il vous plaît) académicien, on lit ces deux vers (1685) : « Sauvez­vous petits bardaches / Du plus bardache des humains. » Philandrique et androphile n’ont jamais réussi à s’imposer, malgré Restif de La Bretonne. Diderot, Voltaire les appellent antiphysiques. André Gide corydons, Marcel Proust bergers de Virgile ou exilés de Sodome. Ou encore salaïstes, de Salaï, jeune amant de Léonard de Vinci. Ou encore mômes, sobriquet que Montherlant nous explique par une note des Garçons : « Le français du Moyen Âge appelait un gamin un mahom, c’est-­à­-dire un sectateur de Mahomet, par allusion à tous les défauts et vices qu’étaient censés avoir les Mahométans, et qu’ont les enfants. » Mais c’est dans les Mémoires du préfet de police de Paris {Pierre-Louis] Canler (1862) qu’on trouve la liste la plus succulente des synonymes et des surnoms. Il y a pour lui quatre catégories d’antiphysitiques (sic), que d’ailleurs il classe tous sous la rubrique « prostitution », n’imaginant pas que ce goût puisse être le fait d’hommes libres. 1° Les persilleuses : jeunes ouvriers qui ont fui le labeur de l’atelier et sont tombés « dans ce degré d’abjection » par désir du luxe ; nommés ainsi par analogie avec les filles qui racolent en offrant du persil aux passants. 2° Les honteuses, qui, au contraire des persilleuses qui imitent la démarche des femmes, « cachent avec le plus grand soin le vice qui les domine » ; ils, elles, appartiennent à toutes les classes de la société. 3° Les travailleuses, ouvriers qui continuent à vivre de leur travail, mais ont le même goût que les honteuses, moins la honte. 4° Les rivettes, difficiles à distinguer, situées sur toute l’échelle sociale, et qui tirent leur nom de l’expression « river son clou à quelqu’un ». Canler mentionne aussi les serinettes (ce sont les maîtres chanteurs, par allusion à la boîte à musique qui « fait chanter » le serin), et les corvettes, parce qu’une corvette « rôde de la poupe » plus qu’un vaisseau. Les jésus sont ceux qui attirent les clients. Ce dernier mot fera fortune sous la plume de Francis Carco, qui parle aussi des truqueurs et des lopes. Uraniste fut lancé en vain, en 1865, par un magistrat allemand, par référence à l’Aphrodite Ourania de Platon, laquelle préside aux amours sans fin procréatrice. Germiny, qu’on trouve chez E. de Goncourt en 1884, fit également long feu. C’était le nom d’un conseiller municipal de Paris surpris avec un bijoutier dans un lieu peu convenable. D’où vient le mot homosexuel ? De l’écrivain hongrois Karl­ Maria Benkert, qui le forgea en 1869, avec l’intention louable d’introduire un terme « scientifique » débarrassé des connotations morales infamantes attachées à ceux de « vice », « dépravation », « dégénérescence », etc., alors couramment employés dans le langage médical. Il ne s’était pas rendu compte qu’en mettant l’accent sur le « sexuel », il stigmatisait à nouveau les ex-­bougres et ex-­bardaches en les réduisant à des obsédés du sexe, incapables de sentiments, de cœur, d’amour. »


Parmi les dérivés d’homosexuel, l’adverbe homosexuellement : Henri Bauche signalait en 1946 que l’expression « faire une touche » s’employait aussi « homosexuellement parlant ».



HOMOSOCIABILITÉ, HOMOSOCIALITÉ

« 1er Salon de l’homosocialité, 26 & 27 janvier 2002, Cité des Associations, 93 la Canebière, Marseille 1er. »

« La Maison de l’Homosocialité : 30/32, rue Paul Bert, 33000 Bordeaux
Tel/fax : 05 56 01 12 03
Courriel:
m.homo@free.fr
http://m.homo.free.fr »
Têtu quotidien, 29 octobre 2002.


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