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mardi 23 août 2022

L'ARTICLE "GAYSSOT" (Loi du 13/7/1990) ET LA DÉFUNTE LOI BOYER

Voir aussi 

POLICE DE LA PAROLE ET CORRECTION POLITIQUE
Denis Diderot : « Nous parlerons contre les lois insensées jusqu’à ce qu’on les réforme ; et, en attendant, nous nous y soumettrons. Celui qui, de son autorité privée, enfreint une mauvaise loi, autorise tout autre à enfreindre les bonnes. » (Supplément au Voyage de Bougainville, 1796, écrit en mai 1776). 

A /  Le politiquement correct, ou, mieux dit, la correction politique (correction au double sens de rectification et de punition), incarne aujourd'hui ce Big Brother d'Orwell à la fois guide, surveillant, censeur médiatique et pénal des paroles. La " Gayssot attitude ", initiée dès 1986 par des députés socialistes au nom de la " défense de la vérité ", en acte en 1990 et prolongée par les lois mémorielles de janvier et mai 2001, et février 2005, par la loi Perben/Halde du 30 décembre 2004, puis par le vote de l'Assemblée du 22 décembre 2011 et du Sénat le lendemain (loi "génocide arménien" retoquée par le Conseil constitutionnel, mais qui faillit nous être resservie en décembre 2015), bloquent la marche du savoir, selon l'expression de l’historien français François Furet [1], car par la censure qu'elle établit, elle empêche la double confrontation des arguments et des éléments de documentation.

Dans Le Monde du 28/29 janvier 1990, le journaliste militant Edwy Plenel dénonçait un maître de conférences de l'université Lyon III-Jean Moulin, Bernard Notin, auteur dans le n° 32 hors-série (août 1989) d'Économies et Sociétés (P.U. de Grenoble), d'un article contenant ces lignes :
   " Le réel passe alors en jugement devant l'irréel [Belle formule, que je reprends souvent]. Le thème, historique, des chambres à gaz homicides, est très révélateur de ce procès. Les preuves proposées pour en démontrer l'existence évoluent au gré des circonstances et des époques mais s'extraient d'une boite à malices comprenant trois tiroirs : Tout en bas : la visite des locaux (peu crédibles). Au milieu : l'affirmation des vainqueurs (elles ont existé). En haut : les on-dits (histoire de l'homme qui a vu l'homme qui...). Au total, on en postule l'existence, et qu'importe la réalité de cette réalité. On reconnaîtra là le fondement de toute tyrannie. "
Bizarrement, cet article n'est même plus mentionné dans l'index de la revue...

* * * * *
" Ils [les historiens] savent que la recherche, qui a beaucoup progressé, n’a pas hésité à transgresser des tabous déjà inscrits dans la mémoire : non, nous n’avons pas de preuves du fonctionnement d’une chambre à gaz à Dachau ; non, quatre millions d’êtres humains n’ont pas disparu à Auschwitz. [...] La loi impose des interdits, elle édite des prescriptions, elle peut définir des libertés. Elle est de l’ordre du normatif. Elle ne saurait dire le vrai. Non seulement rien n’est plus difficile à constituer en délit qu’un mensonge historique, mais le concept même de vérité historique récuse l’autorité étatique. L’expérience de l’Union soviétique devrait suffire en ce domaine. Ce n’est pas pour rien que l’école publique française a toujours garanti aux enseignants le libre choix des manuels d’histoire. "
Madeleine Rebérioux, « Le génocide, le juge et l’historien », L’Histoire, n°138, novembre 1990.

Ce que l’on appelle aujourd'hui « loi Gayssot » (loi 90-615 du 13 juillet 1990), instituait, en son article 9, le nouvel article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Article modifié par la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l'égalité et à la citoyenneté et par l'article 38 de la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République.

  La Cour de cassation refusa quatre fois la possibilité d'un examen de cet article par le Conseil constitutionnel via une QPC :
Arrêts des :
7 mai 2010,
21 juin 2011 (Dieudonné),
5 décembre 2012,
6 mai 2014 (Vincent Reynouard).

Le 6 octobre 2015, cette même Cour accepta enfin la QPC posée par Vincent Reynouard, pour la raison suivante :
" La disposition critiquée, qui incrimine la seule contestation des crimes contre l’humanité définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis, soit par des membres d’une organisation criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale, est susceptible de créer une inégalité devant la loi et la justice. "
QPC 2015-512 : Le Conseil constitutionnel jugea ensuite que cette disposition n'était contraire ni à la liberté d'expression
" 7. les dispositions contestées ont pour objet de réprimer un abus [incitation au racisme et à l'antisémitisme] de l'exercice de la liberté d'expression et de communication qui porte atteinte à l'ordre public et aux droits des tiers [...] seule la négation, implicite ou explicite, ou la minoration outrancière de ces crimes est prohibée. "
ni au principe d'égalité
" 10. la négation de faits qualifiés de crime contre l'humanité par une décision d'une juridiction française ou internationale reconnue par la France se différencie de la négation de faits qualifiés de crime contre l'humanité par une juridiction autre ou par la loi "
Décision n° 2015-512 QPC du 8 janvier 2016. (séance du 7 janvier 2016, où siégeaient : M. Jean-Louis DEBRÉ, Président, Mmes Claire BAZY MALAURIE, Nicole BELLOUBET, MM. Guy CANIVET, Renaud DENOIX de SAINT MARC, Jean-Jacques HYEST, Lionel JOSPIN et Mme Nicole MAESTRACCI).


B / Alinéas de l'article 24 bis de cette loi sur la liberté de la presse :


[« 2° Ou la négation, la minoration ou la banalisation de ce crime constitue une incitation à la violence ou à la haine à l’égard d’un groupe de personnes ou d’un membre d’un tel groupe défini par référence à la prétendue race, la couleur, la religion, l’ascendance ou l’origine nationale. » : Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par la décision du Conseil constitutionnel n° 2016-745 DC du 26 janvier 2017, considérant 197]


Références que cet article ne donne pas :

[I] Article 6 (c) du Statut :
" Les Crimes contre l’Humanité " : " C’est-à-dire l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne du pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du Tribunal, ou en liaison avec ce crime. "
[II] Article 9 du Statut :
" Lors d'un procès intenté contre tout membre d'un groupe ou d'une organisation quelconques, le Tribunal pourra déclarer (à l'occasion de tout acte dont cet individu pourrait être reconnu coupable) que le groupe, ou l'organisation à laquelle il appartenait était une organisation criminelle. Après avoir reçu l'acte d'accusation, le Tribunal devra faire connaître, de la manière qu'il jugera opportune, que le Ministère Public a l'intention de demander au Tribunal de faire une déclaration en ce sens et tout membre de l'organisation aura le droit de demander au Tribunal à être entendu par celui-ci sur la question du caractère criminel de l'organisation. Le Tribunal aura compétence pour accéder à cette demande ou la rejeter. En cas d'admission de la demande, le Tribunal pourra fixer le mode selon lequel les requérants seront représentés et entendus. "


L’expression « chambres à gaz » ne figure pas dans les textes cités aux §§ [I] et [II].

Parmi les auteurs signataires de cet Accord concernant la poursuite et le châtiment des grands criminels de guerre des Puissances européennes de l'Axe et statut du tribunal international militaire. Londres, 8 août 1945, figuraient les Français Henri Donnedieu de Vabres (1880-1952) et Robert Falco (1882-1960). 


Dispositions annexes :

Article 48-2
Toute association régulièrement déclarée depuis au moins cinq ans à la date des faits, qui se propose, par ses statuts, de défendre les intérêts moraux et l'honneur de la Résistance ou des déportés peut exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne l'apologie des crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi et en ce qui concerne l'infraction prévue par l'article 24 bis.

Article 50-1 (créé par l'article 39 de la Loi Sarkozy n°2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance)

Lorsque les faits visés par les articles 24 et 24 bis résultent de messages ou informations mis à disposition du public par un service de communication au public en ligne et qu'ils constituent un trouble manifestement illicite, l'arrêt de ce service peut être prononcé par le juge des référés, à la demande du ministère public et de toute personne physique ou morale ayant intérêt à agir.

Article 65-3
Pour les délits prévus par les septième et huitième alinéas de l'article 24, l'article 24 bis, les deuxième et troisième alinéas de l'article 32 et les troisième et quatrième alinéas de l'article 33, le délai de prescription prévu par l'article 65 [al. 1 : trois mois] est porté à un an.
« Pour ces délits, le deuxième alinéa de l'article 65 n'est pas applicable. » »

* * * * *

   Une société de connaissance ouverte, héritière des cultures grecque et romaine, ne peut plus accepter une disposition telle que l'article 24bis de la loi Gayssot soumettant le débat, public ou spécialisé, présent et futur aux décisions d’un tribunal militaire selon les Accords de Londres (et l'annexe dite Statut de Nuremberg) du 8 août 1945 ;  cela il y a plus de 78 ans, alors même que l'histoire de la Seconde guerre mondiale en était au point zéro, que l'État totalitaire de Staline était partie prenante de ce tribunal militaire. Comme l'écrivait l'historien François Furet six ans après l'adoption de cette loi, « L’Holocauste [...] doit d’autant moins faire l’objet d’un interdit préalable que bien des éléments en restent mystérieux et que l’historiographie sur le sujet n’en est qu’à son commencement. »

De plus, le Gouvernement provisoire de la République française (juin 1944 / octobre 1946) signataire de ces accords n'émanait pas du suffrage universel (les premiers scrutins n'ayant eu lieu que le 21 octobre 1945), ce qui n'assure pas à ces Accords de Londres la condition constitutionnelle de l'article 55 C., soit des " traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ".

  Georges Clémenceau aurait déclaré : " La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique. " La France supprima la justice militaire de la Cour de sûreté de l'État (loi 81-737 du 4 août 1981) ; et voilà qu'elle institue durablement l'histoire militaire ...

  Enfin, le caractère rétroactif et ad hoc de la définition du crime contre l'humanité heurte les fondements du droit, dont le principe général du droit (PGD) de non-rétroactivité de la loi pénale.

  L'application  concrète de cette disposition Gayssot oscille entre une injonction de proclamer une croyance aux gazages ou au chiffre mythique de six millions, et l'interdiction d'émettre une incroyance ou un doute quelconque. C'est ici un obscurantisme, un refus de savoir, qui est à l'œuvre, comme d'ailleurs dans la loi Halde (loi Perben) du 30 décembre 2004 sur la question de l'homophobie
" TITRE III : RENFORCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LES PROPOS DISCRIMINATOIRES À CARACTÈRE SEXISTE OU HOMOPHOBE "
avec cette ahurissante et liberticide notion de " propos discriminatoires ".


C /  La loi du 26 janvier 1984, article 3, alinéa 1 (devenu l'article L. 141-6 du Code de l'Éducation), énonce un principe fondamental reconnu par les lois de la République (PFRLR) :
  " Le service public de l’enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l’objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l’enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique. "
  La mécanique de la  correction politique va-t-elle si vite que ces mots ne veuillent plus rien dire aujourd’hui ? Dans la culture occidentale, on se devrait, pour la qualité de l’Instruction publique, de fournir en permanence les éléments objectifs établissant les faits scientifiques ou historiques, justifiant les diverses théories ou politiques élaborées à partir de ces faits. On ne peut s’en tenir à la position irréfléchie et improvisée de 34 historiens français qui eurent ce que le philosophe Paul Thibaud, alors directeur de la revue Esprit, appela "un réflexe de cordon sanitaire" ; ils proclamèrent leur refus de débattre :
 "Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été techniquement possible puisqu’il a eu lieu. [...] Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz." (Le Monde, 21 février 1979).
  Plusieurs d’entre eux s'opposèrent par la suite à cet "article Gayssot", et aucun des historiens français alors spécialistes de la Seconde guerre mondiale : Henri Amouroux, Henri Michel, René Rémond, n'avait signé cette proclamation. Le linguiste Noam Chomsky rappela, à Ce soir ou jamais (31 mai 2010), les raisons pour lesquelles il défendait en 1980, par une préface remarquée au Mémoire en défense de Robert Faurisson, sa conception radicale de la liberté d'expression.

   Le philosophe Jean-François Lyotard (1924-1998) posait cette " question de méthode " :
" Comment savoir que l’adversaire est de mauvaise foi, tant qu’on n’a pas cherché à le convaincre et qu’il n’a pas manifesté par sa conduite son mépris des règles scientifiques ? " (Le Différend, Paris : Minuit, 1983, paragraphe 34).
La « Gayssot attitude » rencontra l’opposition, répétée deux fois, du Sénat ; cette loi du 13 juillet 1990, longtemps non contrôlée à par le Conseil constitutionnel [2], fut déplorée par la majorité des historiens et des juristes, de même que l’ensemble des lois ou résolutions mémorielles : reconnaissance du génocide arménien par la loi du  29 janvier 2001loi Taubira sur l'esclavage du 21 mai 2001 et  loi du 23 février 2005 sur la colonisation.


Appel du 12 décembre 2005 de "Liberté pour l’histoire" :
  " Émus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l’appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs, nous tenons à rappeler les principes suivants : L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant. L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique. L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui. L’histoire n’est pas la mémoire. L’historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas. L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’État, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire. C’est en violation de ces principes que des articles de lois successives - notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005 - ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique. "

   Les signataires de cet appel : " Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Jean-Jacques Becker, Françoise Chandernagor, Alain Decaux, Marc Ferro, Jacques Julliard, Jean Leclant, Pierre Milza, Pierre Nora, Mona Ozouf, Jean-Claude Perrot, Antoine Prost, René Rémond, Maurice Vaïsse, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pierre Vidal-Naquet et Michel Winock. " http://www.lph-asso.fr/

   Parce que pris sous le coup de l’émotion exploitée politiquement de la profanation du cimetière juif de Carpentras (nuit du 8 au 9 mai 1990), Jacques Toubon, ancien Défenseur des droits, déplora cet article Gayssot :
« Certains objectent que si c'est bien l'histoire qui fait la vérité et si ce n'est pas à la loi de l'imposer, certains propos vont trop loin et il ne faut pas permettre de les exprimer. Mais c'est glisser insensiblement vers le délit politique et vers le délit d'opinion. [... ] Sur le principe, l'article 24 bis représente, à mon avis, une très grave erreur politique et juridique. Il constitue en réalité une loi de circonstance, et je le regrette beaucoup. Une année s'est écoulée. Nous ne sommes pas à un mois des événements de Carpentras. [... ] Il est parfaitement clair que l'institution d'un délit de révisionnisme a fait régresser notre législation, car c'est un pas vers le délit d'opinion. Cela a fait régresser l'histoire parce que cela revient à poser que celle-ci peut-être contestée. Je suis contre le délit de révisionnisme, parce que je suis pour le droit et pour l’histoire, et que le délit de révisionnisme fait reculer le droit et affaiblit l’histoire ». [Assemblée Nationale, IXe législature, troisième séance du 21 juin 1991].
  Le 7 octobre 1996, l’Académie des Sciences Morales et Politiques, à l’unanimité, souhaita que l’on revienne sur cette disposition (Le Figaro, 18 octobre 1996). Plusieurs juristes français exprimèrent rapidement réticences et inquiétudes face à une disposition d’inspiration totalitaire, comme le souligna Noam Chomsky sur France 3. Selon François Terré, professeur agrégé de philosophie du droit à Paris-II,
« En érigeant le révisionnisme - lequel est aberrant - en infraction pénale, on porte atteinte : a) à la Déclaration de 1789 : " Nul ne doit être inquiété pour ses opinions [...] " b) à la libre recherche scientifique, consacrée par les lois de la République, et dont la liberté d’expression est une illustration [en fait : la source]. » (Le Figaro, 29 juin 1990, page 2)
L’historien de la littérature russe Georges Nivat (ENS-Ulm), contacté au sujet de " La littérature témoin de l'inhumain ", son article dans l'Encyclopaedia Universalis, écrivit : « Je n’approuve pas la loi qui institue un délit de contre-vérité historique » (communication personnelle).

   Les procès contre Robert Faurisson, puis des affaires récentes ont montré que cette disposition est devenue, sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, la clef de voûte de la police de la parole. Mais en assimilant le révisionnisme historique à une intifada, puis en cherchant des soutiens du côté des islamistes, Faurisson s'était, il me semble, complètement déconsidéré ; cependant le problème de la liberté de la recherche historique demeure entier.

  Dans une décision Garaudy du 24 juin 2003, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) considéra que " la contestation des crimes contre l'humanité [commis pendant la seconde Guerre mondiale] apparaît comme l'une des formes les plus aiguës de diffamation raciale envers les Juifs et d'incitation à la haine à leur égard. La négation ou la révision de faits historiques de ce type remettent en cause les valeurs qui fondent la lutte contre le racisme et l'antisémitisme et sont de nature à troubler gravement l'ordre public. " Mais il est bien loin d'être certain que ce privilège d'incontestabilité accordé à ce point de l'histoire soit de nature à contrer efficacement l'antisémitisme.

   Les condamnations (T.G.I., puis appel) du député européen Bruno Gollnisch ont été cassées sans renvoi par arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation le 23 juin 2009 ; les propos imputés par la citation du procureur Richaud à Bruno Gollnisch :
« l’existence des chambres à gaz, c’est aux historiens d’en discuter…moi je ne nie pas les chambres à gaz homicides mais la discussion doit rester libre….je pense que sur le drame concentrationnaire, la discussion doit rester libre. »
 - ne constituent donc pas, pour cette Cour, le délit de contestation d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité.


§ D / 1  Rares, hélas, sont ceux qui comprennent que la liberté d’expression est constitutionnellement la première des libertés, la liberté étant le premier des quatre droits fondamentaux de 1789, et que le principe d’attribution de ces droits est l’égalité.


La liberté d’expression doit donc valoir pour tous et pour tous les sujets, sinon elle se réduit à un simple privilège de classe ou de caste. La démocratie n’est ni « Ferme ta gueule », ni « Cause toujours », mais cet esprit d'abord socratique puis voltairien qui fait suivre le désaccord d’une argumentation, d’une réfutation si nécessaire :
  « En général, il est de droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à ses périls, risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en connais point qui aient fait de mal réel. [...] Mais, paraît-il parmi vous quelque livre nouveau dont les idées choquent un peu les vôtres (supposé que vous ayez des idées), ou dont l’auteur soit d’un parti contraire à votre faction, ou, qui pis est, dont l’auteur ne soit d’aucun parti : alors vous criez au feu ; c’est un bruit, un scandale, un vacarme universel dans votre petit coin de terre. Voilà un homme abominable, qui a imprimé que si nous n’avions point de mains, nous ne pourrions faire des bas ni des souliers [Helvétius, De l’Esprit, I, 1] : quel blasphème ! Les dévotes crient, les docteurs fourrés s’assemblent, les alarmes se multiplient de collège en collège, de maison en maison ; des corps entiers sont en mouvement et pourquoi ? Pour cinq ou six pages dont il n’est plus question au bout de trois mois. Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ; vous ennuie-t-il, ne le lisez pas. » Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie, article « Liberté d’imprimer ».
   Il faudrait rétablir une " liberté d’expression globale ", comme le souhaita le fondateur d’Agora Vox au forum  Liberté de la presse et concentration dans les médias, site du Nouvel Obs, 21 février 2007 : Question [la mienne en fait] : « " L’omerta autour du 11 septembre 2001 est un autre cas intéressant à étudier " [réponse de Revelli à une question précédente] Parleriez-vous aussi d’omerta autour de l’Holocauste ? » 
Réponse de Carlo Revelli : « Je ne pense pas que j’associerais ces deux termes entre eux... En revanche, je pense que le fait qu’on puisse mal discuter de l’Holocauste tend à favoriser l’essor "underground" des thèses négationnistes. Je suis pour une liberté d’expression globale. »

§ D / 2 Petit dialogue dans Répliques (émission produite par Alain Finkielkraut) du 6 juillet 2002, sur France Culture :
Élisabeth Lévy à BHL : Je sais que vous connaissez Alain Finkielkraut, vous ne pouvez pas le soupçonner je crois de complaisance à l'antisémitisme [...] vous répétez "Renaud Camus est un fieffé antisémite", pourquoi, BHL, ne vous êtes-vous pas demandé, à aucun moment : mais si AF le soutient, peut-être que je peux me tromper ?
BHL : A ce compte là, il y a dix ans, j'aurais dû me dire : attention, si Noam Chomsky préface Faurisson,
BHL : alors je devrais ... Noam Chomsky est un grand intellectuel [...] j'aurais dû me demander, me poser la question : tiens ! tiens ! tiens ! si Chomsky préface Faurisson, c'est peut-être qu'il y a un noyau ...
ÉL : excusez-moi, c'est pas exactement la même chose, mais non ...
ÉL : Vous n'avez pas le moindre doute, c'est ça que je veux dire.
BHL : Comment voulez-vous que j'ai des doutes ? On est dans un univers bizarre, voilà un type, RC, qui arrive et qui dans un Journal d'abord, compte les juifs de France Culture.
Ce jour-là, à Répliques, il y en avait trois sur trois ... L'interdit sur le révisionnisme verrouille les débats, cloue le bec à Élisabeth Lévy elle-même ; c'est l'argument ad Faurissonem ; si on a le droit de juger sans examiner dans l'affaire Faurisson, droit accordé par la correction politique, on l'a donc aussi chaque fois que l'on est moralement indigné... 

   À la question de Montaigne : « Est-il chose qu’on vous propose pour l’avouer ou refuser, laquelle il ne soit pas loisible de considérer comme ambiguë ? » (Essais, II, xii, page 503 de l’édition PUF/Villey),
Kant répondait : « Chacun est, qu’il le veuille ou non, forcé de croire à un fait tout autant qu’à une démonstration mathématique, pourvu que ce fait soit suffisamment avéré. » Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ? (1786) ; traduction Pierre Jalabert, in Œuvres philosophiques, tome 2, Paris : Gallimard, 1985, collection "Bibliothèque de la Pléiade".
D’où l'exigence de pouvoir examiner librement si le fait est, ou non, avéré. " Ma créance [croyance] ne se manie pas à coups de poing ", osa Montaigne (Essais, III, xi). À défaut de ce libre examen, on porte tort, comme le nota, avant Sigmund Freud, John Stuart Mill, au développement mental de ceux que l’on intimide par la crainte de l’hérésie (On Liberty, chapitre II, « Of the Liberty of Thought and Discussion », 1859). Il y a là un interdit public, de type religieux, archaïque, défavorable à la fonction intellectuelle, et contraire, par son aspect religieux, à la laïcité, prise sous son angle essentiel de la liberté de conscience.


§ D / 3 L'hebdomadaire Rivarol fut condamné en Cour d'appel de Paris le 21 janvier 2009 pour "contestations de crimes contre l'humanité", pour un entretien avec Jean-Marie Le Pen qui estimait que l'occupation allemande n'avait pas "été particulièrement inhumaine" (a). Rivarol souleva alors une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). "Tout a été dit sur le caractère liberticide de cette loi, selon le conseil de M. Le Pen, Bruno Le Griel, rappelant que la Cour de cassation avait invalidé, en juin 2009, la condamnation de Bruno Gollnisch. Intervenant pour la Fédération nationale des déportés, Arnaud Lyon-Caen jugea que la question n'était pas sérieuse car il était " inconcevable que le Conseil constitutionnel abroge la loi Gayssot ", rappelant que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait décidé qu'elle ne portait pas atteinte à la liberté d'expression. Pour lever "les divisions et les doutes", l'avocate générale Anne-Marie Batut demanda, sans succès, que cette question soit transmise au Conseil constitutionnel. La condamnation de Rivarol devint définitive après le rejet, en juin 2013, de son pourvoi en cassation.

a.
« En France, du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés […]. Il y a donc une insupportable chape de plomb qui pèse depuis des décennies sur tous ces sujets et qui, comme vous le dites, va en effet être réactivée cette année […]. Mais le plus insupportable à mes yeux, c’est l’injustice de la justice […]. Ce n’est pas seulement de l’Union européenne et du mondialisme que nous devons délivrer notre pays, c’est aussi des mensonges sur son histoire, mensonges protégés par des mesures d’exception. D’où notre volonté constante d’abroger toutes les lois liberticides, Pleven, Gayssot, Lellouche, Perben II. Car un pays et un peuple ne peuvent rester ou devenir libres s’ils n’ont pas le droit à la vérité dans tous les domaines. Et cela quoi qu’il en coûte ».
Je peux donner un témoignage personnel : mes parents, instituteurs dans une école occupée de l'Eure, m'ont toujours dit qu'ils avaient pu compléter leur maigre ordinaire grâce à un cuisinier fridolin anti-Hitler, les paysans du coin étant surtout préoccupés des activités et gros revenus du "marché noir", et leur proposant seulement ce dont " les cochons ne voulaient plus ".

E /  Par la loi mémorielle du 29 janvier 2001, la France reconnut le "génocide arménien", et une proposition de loi de Valérie Boyer (réélue députée UMP de Marseille) demanda d'instaurer la répression pénale de sa contestation ; proposition, adoptée par l'Assemblée nationale le 22 décembre 2011 et par le Sénat ; mais le Conseil constitutionnel déclara cette loi Boyer contraire à la Constitution (2012-647 DC) :

6. Considérant qu'une disposition législative ayant pour objet de « reconnaître » un crime de génocide ne saurait, en elle-même, être revêtue de la portée normative qui s'attache à la loi ; que, toutefois, l'article 1er de la loi déférée réprime la contestation ou la minimisation de l'existence d'un ou plusieurs crimes de génocide « reconnus comme tels par la loi française » ; qu'en réprimant ainsi la contestation de l'existence et de la qualification juridique de crimes qu'il aurait lui-même reconnus et qualifiés comme tels, le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication ; que, dès lors, et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres griefs, l'article 1er de la loi déférée doit être déclaré contraire à la Constitution ; que son article 2, qui n'en est pas séparable, doit être également déclaré contraire à la Constitution, 
D É C I D E :

Article 1er.- La loi visant à réprimer la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi est contraire à la Constitution. 
Article 2.-La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.

Délibéré par le Conseil constitutionnel dans sa séance du 28 février 2012, où siégeaient : M. Jean-Louis DEBRÉ, Président, M. Jacques BARROT, Mme Claire BAZY MALAURIE, MM. Guy CANIVET, Michel CHARASSE, Renaud DENOIX de SAINT MARC, Valéry GISCARD d'ESTAING et Pierre STEINMETZ.

En juillet 2012, François Hollande annonce sa recherche d'une telle loi, contre l'avis de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Le 14 octobre 2014, l'infatigable Valérie Boyer déposa une nouvelle proposition de loi N° 2276 visant à " réprimer la négation des génocides et des crimes contre l’humanité du XXème siècle" ; ce texte est venu en discussion en séance publique les 1ère, 2e et 3e séances du jeudi 3 décembre 2015. Mais rejet de cette ppl par la Commission des lois le 25 novembre 2015. Voir le rapport de Valérie Boyer. et, plus haut, les développements avec le PjL Égalité et citoyenneté.

NOTES

[1] Dans la revue Commentaire, n° 80, hiver l997-98, les historiens Ernst Nolte et François Furet s’accordaient sur la légitimité de ce débat. Leur correspondance fut publiée sous le titre Fascisme et communisme (Paris : Plon, 1998 ; Hachette Littératures, collection Pluriel, n° 971, 2000).

Le 5 septembre 1996, Nolte écrivit à Furet :

Ernst Nolte, 1923-2016

« Il faut répondre aux arguments révisionnistes par des arguments et non en engageant des procès. [...] Je me sens provoqué par [le révisionnisme], et je ne me vois pourtant pas m’associer à ceux qui veulent mobiliser les procureurs et la police contre lui. [...] Je considère comme fondamentalement fausse l’affirmation selon laquelle, si l’essentiel est incontestable, aucune affirmation particulière n’aurait plus besoin d’examen, et tous les doutes ne pourraient provenir que d’intentions mauvaises. Je crois qu’on menace, au contraire, le noyau de la chose, lorsque on veut soustraire l’écorce à la discussion. Non pas certes le caractère factuel de ce noyau, mais le rang et l’importance qu’on lui accorde. »

Ce à quoi François Furet répondit, le 30 septembre 1996 :

François Furet, 1926-1997

« Rien n’est pire que de vouloir bloquer la marche du savoir, sous quelque prétexte que ce soit, même avec les meilleures intentions du monde. C’est d’ailleurs une attitude qui n’est pas tenable à la longue, et qui risquerait d’aboutir à des résultats inverses de ceux qu’elle prétend rechercher. C’est pourquoi je partage votre hostilité au traitement législatif ou autoritaire des questions historiques. L’Holocauste fait hélas partie de l’histoire du XXe siècle européen. Il doit d’autant moins faire l’objet d’un interdit préalable que bien des éléments en restent mystérieux et que l’historiographie sur le sujet n’en est qu’à son commencement. »

* * * * *

   Dans leurs Mémoires, ni Winston Churchill, ni Charles de Gaulle, ni Dwight D. Eisenhower, ni le maréchal Guéorgui K. Joukov, ne mentionnèrent ces chambres à gaz nazies. Par ailleurs, les tenants de cet " article Gayssot " restent partagés entre ceux qui disent qu’il y a abondance de preuves et ceux qui prétendent que toutes les preuves ont été effacées ; il faudrait choisir ...

[2] Les professeurs de droit public Pierre Avril, Olivier Duhamel et Jean Gicquel s'étonnaient que cette "loi Gayssot" n’ait pas subi de contrôle de constitutionnalité. (Le Monde, 15-16 juillet 1990 ; Pouvoirs, n° 56, 1991.) Certains parlementaires firent alors état d’une intimidation qui les en aurait dissuadé.

Le 27 juillet 1990, Alain ROLLAT écrivit dans Le Monde : « Voilà un texte, qui, d’un point de vue strictement juridique, soulève une question fondamentale, au regard de la liberté d’opinion et d’expression, puisqu’il voue aux Tribunaux, en visant les prétendus historiens “révisionnistes”, les citoyens “qui auront contesté l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité. Or, faute de saisine du Conseil Constitutionnel, cette question ne sera pas tranchée. Sauf peut-être si, un jour, quelque avocat avisé se tourne vers les institutions européennes pour pallier cette anomalie. »
On a vu plus haut que le Conseil constitutionnel présidé par Jean-Louis Debré trancha, le 8 janvier 2016, dans le sens de la conformité.



lundi 17 janvier 2022

NOTES HISTORIQUES CONTRE LA PÉDOPHILIE, dont " LE BAZAR DE D. C.-B. "


PORTAIL DU BLOG



          CHRONOLOGIE SOMMAIRE

§ - En 1536, le prêtre Benoît Gréalou, " convaincu d'avoir commis le péché sodomite avec trois ou quatre jeunes enfants ses disciples ", fut brûlé vif à Cahors (Archives départementales du Lot, F 179).

- Le musicien et maître des Enfants de chœur de la Sainte Chapelle du Roi à Dijon, Richard Renvoisy, fut condamné à mort en mars 1586 et exécuté à Dijon pour relation coupable avec un de ses enfants de chœur. Il avait traduit les Odes d'Anacréon.



- Brantôme rapporta un cas d'exécution capitale d'un homme coupable d'avoir engrossé une fille de neuf ans (Les Dames galantes), et précisa que l'âge de maturité pouvait être à l'époque de douze ou treize ans.

- Jean Imbert Brunet, prêtre du lieu d'Ollioules [Var actuel], prévenu de « sodomie abominable commise à la personne de Gabriel Maistral âgé de cinq ans », fut condamné en 1599 par la justice ecclésiastique à la réclusion dans un monastère ; puis, réclamé par la justice civile qui fait prévaloir sa compétence sur celle de l'Official [juge ecclésiastique], il fut condamné à mort, à être brûlé, en avril 1601 ; peine exécutée, malgré les efforts de l'archevêque d'Aix-en-Provence pour le sauver en refusant de le dégrader avant l'exécution (mss 1787, consulté, fonds Peiresc, de la Bibliothèque Inguibertine de Carpentras)..


- Dans ses Mémoires-Journaux, Pierre de L'Estoile cita le cas d'un vicaire du quartier parisien de Vaugirard accusé d'avoir violé une fille de neuf ans, et qui, sachant que le prince de Conti voulait le faire arrêter, alla se constituer prisonnier à l'Évêché (Paris : Édition Alphonse Lemerre, 1879, tome VII, page 324) ; autre scandale, un moine de l'ordre des Carmes, le père Camus, accusé de sodomie avec un novice " âgé seulement de quinze à seize ans " (id., ibid.). En août 1608, un prêtre de St Honoré, « dans l’église même, bougeronne un jeune garçon » (id., tome IX, page 122)

Pierre Jarrige : Les Jésuites mis sur l'échafaud pour plusieurs crimes capitaux par eux commis dans la province de Guyenne. Avec la réponse aux calomnies de Jacques Beaufés, jésuite, Leide (Pays-Bas) 1649.

Chapitre V " Les impudicités des jésuites dans leurs classes" : pages 42-45.

Les mollesses , les attouchements sensuels, les pollutions, et les ordures sont si communes à leurs jeunes gens, qu'ils en laissent les marques et les vestiges partout avec tant d'horreur, que leur lascivité n'est pas imaginable. il s'est trouvé des régents parmi eux, qui n'ont pas fait difficulté de se faire toucher déshonnêtement à leurs écoliers, pour se faire exciter à cette abominable infamie, jusque-là que quelques uns de ces enfants s'étant faits dû depuis de leur société ont accusé ces vilains à leur maître de novices. Mon encre rougit écrivant ces saletés. Le collège de Limoges ne peut nier qu'un de ses régents nommé Sanguinière n'ait appelé plusieurs fois un beau garçon les dimanches et jours de congé, sous prétexte de lui corriger ses compositions, ne l'ait entretenu de discours amoureux, et se soit fait toucher avec tant de passion, que l'habitude au mal depuis l'aveugla, et le porta même à le faire venir dans sa grande chaire, ut intermanus illuis se pollueret, pendant que ses disciples étaient attentifs à composer dans la classe. J'ai surpris moi-même, étant préfet dans le collège d'Agen, le maître de la quatrième, nommé François Mingeloussaux baisant ardemment, et serrant entre ses genoux et ses bras un petit gentilhomme de ses écoliers ; l'enfant qui était innocent s'estimait bien chéri ; mais si son père, l'un des plus généreux de ce pays, avait appris ces infamies, quelque crédit que les jésuites aient, il lui eût coupé les oreilles. Si j'avais à nommer les autres qui dans leur régence tombent et sont tombés dans cette infirmité, je m'arrêterais premièrement dans le collège de Bordeaux, puis parcourrais les autres l'un après l'autre, et finissant par celui de Fontenay, je devrais voir que dans chacun est arrivé quelque saleté de telle nature. Ils ne peuvent tenir les mains sans toucher, ni la bouche sans baiser, et cette parole est ordinaire dans l'entretien des écoliers les plus clairvoyants, un N.N. (*) est la Demoiselle de notre Régent. Ces horribles sodomies que quelques uns de leurs régents exercent ne se rencontrent pas seulement dans les grandes académies où ils ont à choisir; mais elles règnent encore dans les plus petits collèges et résidences, tant aujourd'hui le mal est général dans cette société. Deux écoliers de la petite ville de Saint Macaire se sont plaints à leurs parents, et les parents au supérieur du lieu, qu'un certain Gervaise leur maître les avaient forcés, et marquaient si distinctement le lieu, la façon, les circonstances, qu'il fut aisé de convaincre ce gomorrhéen et ce sodomite. Christophe Penaud son préfet est un témoin irréprochable de cette conviction puisqu'il eut la commission du recteur de Bordeaux d'en faire de véritables et secrètes informations. Il y a des seigneurs d'éminente condition dans la ville de Bordeaux qui savent que Léonard Alemay les a fait déchausser, non pour autre fin que pour contempler leur nudité. Les fesser de la main par délices est un passe-temps à ces infâmes, que Dieu brûlera de son feu s'ils ne se retirent d'un péché qui couvre de honte et de confusion la nature.
*. Nomen nescio (je ne connais pas le nom), abrégé ici en N.N., est une expression utilisée pour parler d'une personne anonyme ou non définie.

Réponse aux calomnies....
Toute la province sait que du temps du provincial Malescot , le général de l'ordre Mutius Vitelleschi avait écrit de n'attendre plus et de le renvoyer, puisqu'il était incorrigible ; le principal crime dont il était chargé était qu'il avait touché déshonnêtement quelques petits écoliers d'une rare beauté, et même dans la maison une nuit il s'était levé de son lit pour aller coucher avec un certain jeune philosophe mon condisciple, nommé Martial Lamy religieux jésuite.


§ - Tallemant des Réaux fit apparaître dans ses magnifiques Historiettes qu'au XVIIe siècle un garçon de 15 ans pouvait encore être considéré comme innocent ; il notait d'une fille que " dès treize ans, elle fut débauchée " (collection " Bibliothèque de la Pléiade ", Paris : Gallimard, 1961 : tome I, page 418 ; tome II, page 273).

- Le diplomate allemand Ézéchiel Spanheim, évoquant la séduction dont fut l'objet, en 1682, un fils naturel de Louis XIV âgé de quatorze ans, mentionnait " le vilain commerce entre de jeunes seigneurs de la Cour, où, sortant à peine de l'enfance (souligné par moi), on trouva qu'il avait été entraîné, et dont il fut châtié sévèrement par ordre du Roi son père" (Relation de la Cour de France en 1690, édition Renouard, 1682, page 101).

- Dans une lettre du 3 décembre 1705, Madame, belle-sœur de Louis XIV, stigmatisait les mœurs  de la Cour de France et exposait une typologie précise des anomalies sexuelles où figurait notamment l'attrait pour les enfants de dix, onze ans (Briefe, 1676-1706, 1867).

- Le 18 novembre 1725, l'abbé Gillot déclara au Lieutenant de Police de Paris : " C'est le sieur Milly, supérieur des clercs de la paroisse St Eustache, qui [m]'a séduit dès l'âge de 14 ans en me faisant des attouchements". (Archives de la Bastille, Bibliothèque de l'Arsenal, Paris, manuscrit 10256).

- En 1731, l'avocat Mathieu Marais et le magistrat Jean Bouhier s'échangèrent des informations sur l'affaire de Bordeaux, envers de celle du Père Girard à Aix, et à la suite de laquelle MM. du Parlement auraient retiré leurs enfants du collège des jésuites.

- Une archive de la police parisienne, (6 octobre 1743), mentionna un écrivain de 60 ans qui avait violé une petite fille de 4 ans : " Je l'ai envoyé en prison et vais prendre des mesures pour lui faire faire son procès à la requête du procureur du Roi s'il est possible. J'ai cru devoir donner cette satisfaction à son quartier, qui dans le moment qu'on l'a arrêté s'est mis à crier qu'il fallait le mener à la Grève [lieu d’exécution des peines capitales]. " (Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, manuscrit 719, réserve 21, folio 233, verso).

- En 1750, Charles Collé, secrétaire du duc d'Orléans, nota au sujet d'une maquerelle fustigée, une certaine dame Moyon : " Son crime était d'avoir débauché de petites filles de 9 ou 10 ans et de les avoir prostituées. Je ne comprends pas pourquoi elle n'a pas été condamnée à la mort ; les lois infligent la peine capitale dans les cas de rapt, même le rapt de séduction ; le crime de la Moyon me paraît plus grand. " (Journal et Mémoires, édition 1868, tome I, page 200).

- Février 1752 :
D'Argenson, Journal et Mémoires, volume VII, 12 février 1752, page 109.

D'Argenson, Journal et Mémoires, volume IX, 4 septembre 1755, page 80.

- En 1764, critique anglaise de l’article (Amour socratique, Dictionnaire philosophique) de Voltaire : “ Our courts of justice are sufficiently convinced, by hateful experience, that, if very young persons are ever made accessory to this horrid species of guilt, the principal, the seducer, is ever some hypocritical monster, old enough to be hackneyed in the ways of vice and iniquity. ” (Monthly Review, volume 31)

« Est-il vrai que le jésuite qui avait enfondré (1) le cul du prince de Guéménée (2) est mort ? Ne s’appelait-il pas Marsy (3) ? On dit d’ailleurs [par ailleurs] que c’était un garçon de mérite. »
Voltaire, lettre à D’Alembert, 16 mars 1765.
1. Selon Alfred Delvau, « Effondrer = Enfoncer, dans l’argot des voyous. » (Dictionnaire de la langue verte).
2. Henri Louis Marie, prince de Rohan.
3. François Marie de Marsy, 1714 / 16 décembre 1763. 


- En 1771, Thévenau de Morande signala dans son Philosophe cynique que l’abbé Grizel « a été accusé par le sacristain de sa paroisse d’embrasser les petits enfants qu’il confesse pour leur pénitence ».

   L'Ancien Régime n'était donc pas aussi laxiste que les travaux superficiels de l'ancien élève des Jésuites Philippe Ariès  (1914-1984) avaient pu le laisser envisager (sur le seul cas de Louis XIII enfant), même si certains poissons arrivaient à passer au travers des mailles du filet et si l'application des lois était moins rigoureuse sous le tandem Louis XV - Pompadour. Je regrette de ne pas avoir pu prendre connaissance de la communication " Le mythe de l'adolescence " que Philippe Ariès annonça pour le congrès homosexuel de 1955 à Paris, congrès organisé, puis annulé  en dernière minute, par la revue mensuelle Arcadie.

Pour la période révolutionnaire, on lit dans un rapport de police du 19 octobre 1793 :
" Le jardin de la Révolution, les galeries surtout proches le théâtre de la Montansier, sont remplies de jeunes gens de l'un et de l'autre sexe, depuis l'âge de sept ans jusqu'à quatorze et quinze, qui se livrent presque publiquement aux polissonneries et aux excès de la débauche la plus infâme ; ils sont presque nus comme la main, et offrent aux passants le plus avilissant spectacle" (Cité par Charles-Aimé Dauban, La Démagogie à Paris en 1793, Paris : Plon, 1867, page 471).
- Le 24 mai 1798, le commissaire Picquenard écrivit au président du Directoire exécutif : " On vient d'amener, au bureau central, plusieurs enfants de sexe masculin, dont le plus âgé avait à peine six ans, tous infectés du virus vénérien. Ces petits malheureux, dont on ne peut entendre les propos sans frémir d'horreur, sont amenés au Palais-Royal par leur mère pour servir d'instrument à la plus infâme comme à la plus horrible débauche. Les leçons de l'exécrable roman de Justine sont mises en pratique avec une audace qui n'eut jamais d'exemple. " (BnF, manuscrit français, N.A. [Nouvelles acquisitions] 3533, folios 351-352). Le roman de Sade Justine ou les Malheurs de la vertu avait été publié l'année précédente.

Le XIXe siècle n'était pas mieux disposé.

« La médiatisation des abus sexuels dont sont victimes les enfants – c'est-à-dire leur recensement, leur analyse et leur dénonciation dans l'espace public – ont longtemps été voués à une grande discrétion, pour ne pas dire au silence presque total : durant le XIXe siècle, ils ne sont que très rarement évoqués dans la Gazette des tribunaux et uniquement s'ils sont accompagnés de crimes de sang. »
Anne-Claude Ambroise-Rendu, " Un siècle de pédophilie dans la presse (1880-2000) : accusation, plaidoirie, condamnation ", Le Temps des Médias, n° 1, automne 2003.

En fait, la discrétion n'était pas si grande.

- " Lorsque le Père Contrafatto, prêtre italien officiant à Paris, est accusé, en 1826, de violence sexuelle sur une enfant de 5 ans, son long procès révèle d’abord l’incompréhension des juges. Comment un homme aussi discret, aux mains aussi blanches, à l’apparence aussi raisonnable, peut-il se livrer à des actes aussi abjects  ? Comment son apparente normalité peut-elle recéler sa redoutable duplicité  ? Contrafatto, condamné, sera d’ailleurs rapidement libéré, protégé par l’Église autant que par le pouvoir d’une Restauration craignant les effets politiques de la querelle religieuse. "
" Pédophilie : il y a loin du pardon à la justice ", LE MONDE | 28.03.2016

- En 1847, le ministre de la Justice Nicolas Martin du Nord se serait suicidé après la révélation par la presse de son intérêt pour les petites filles de dix à douze ans (cf Proudhon, Carnets, n° 8, et Karl H. Ulrichs, Vindicta, page 32).

- En 1856, Alexis Dupont, ancien ténor à l'Académie Royale de Musique, se suicida en prison après avoir été arrêté, avec deux complices, pour attentat à la pudeur sur enfants des deux sexes au-dessous de huit ans (cf Maxime Du Camp, lettre à Gustave Flaubert, 30 août 1856, et Horace de Viel-Castel, Mémoires sur le règne de Napoléon III, à la date du 7 septembre 1856).

- Le Journal de Rouen révélait le mercredi 11 septembre 1861, en page 3, une affaire impliquant un certain Philémon Delaurier, 22 ans, en religion Frère Catulle, et vingt-cinq enfants de six à dix ans de la maison des Frères de la Doctrine chrétienne à Saintes (Charente-Maritime). Le frère Catulle fut condamné par la Cour d'assises aux travaux forcés à perpétuité.

- Entre 1837 et 1862, le curé Charles-Eugène Pelletier commit de nombreux attentats à la pudeur sur de jeunes garçons ; condamné par contumace en 1838, il fut signalé, parfois sous un faux nom, à Paris et en province, et même une fois en Belgique, avant d'être arrêté, puis condamné en mai 1863 aux travaux forcés à perpétuité (cf Le Siècle, 4 juin 1863).

 - " En 1865 un frère des écoles chrétiennes de Versailles est accusé d’attentats à la pudeur sur 87 enfants, provoquant la colère et le désarroi des parents, leur vindicte aussi, certains proposant même de «  brûler et saccager la maison des frères  ». "
" Pédophilie : il y a loin du pardon à la justice ", LE MONDE | 28.03.2016

- En 1868, fut publié l'ouvrage d'Émile Alexis, Les Immoralités des prêtres catholiques ; l'auteur proposait la solution radicale de la castration des prêtres.

- En 187., scandale du vicaire de Villiers-le-Bel (Val d’Oise). « Sous prétexte de continuer leur instruction religieuse, il emmena un jeudi sept ou huit de ces garçonnets dans la forêt d’Ermenonville, et là, dans un fourré, il se déshabilla, se mit complètement nu, et entourant son corps de petites branches et de tiges de lierre arrachées aux arbres du fourré, il prit devant ces enfants des poses de faune au bois et les excita par des caresses – auxquelles quelques uns se prêtèrent. Au retour l’un d’eux, que ce spectacle avait révolté, en fit le récit au chef de l’institution, qui prévint immédiatement, non pas le parquet, de crainte d’un scandale qui portât préjudice à la maison, mais l’évêque de Versailles : celui-ci se contenta de changer le vicaire de commune. » (Léon Fiaux, La Police des mœurs en France, Paris : E. Dentu, 1888).

- En 1873, Louis Baudier publie chez Millière Arlequin démocratique et on y trouve, pages 89-240, une partie intitulée " Sur les genoux de l'Église ".

- Dans une lettre à Mme Léonie Brainne, Gustave Flaubert signalait que la maîtresse d'asile de Suresnes était en prison pour « corruption d'enfants au-dessous de dix ans », et ajoutait : « Pauvre humanité » (lettre du 15 mars 1877).

Bibliothèque municipale de Rouen, mm 265, pièce 87.

La Pléiade, édition Bruneau/Leclerc, tome V (2007), page 204.

Centre Flaubert



- « En 1885, dans la commune de Gleizé [Rhône], la plupart des enfants de l'école congréganiste furent souillés par un de leurs maîtres », écrivait le Dr Alexandre Lacassagne en 1886 (Article "Pédérastie", Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales, volume 22).

- Le Journal de Rouen du 29 octobre 1890, page 3, parlait d'une " scène épouvantable " avec un enfant de 12 ans dans l'affaire du journalier Léon-Honoré Duboc.


§ Lyon, encore...

Le journaliste Luc Rosenzweig, aujourd'hui retraité du quotidien Le Monde, a donné un témoignage précieux sur les années 1950. Dans sa chronique " Pêle-Mêle " du quotidien Le Monde du 6 mars 2001, il interrogeait : 

« Pourquoi, vers le milieu du siècle dernier, a-t-on laissé "œuvrer" pendant plusieurs lustres, dans un prestigieux établissement public d'enseignement secondaire de Lyon, deux aumôniers catholiques, le Père A. et le Père G. dont les comportements nous semblent, aujourd'hui, sans équivoque ? »

Dans un e-mail, il me précisait : 
« Les aumôniers auxquels je faisais allusion étaient en fonction dans l'établissement que je fréquentais alors. Assistant, (à l'insu de mes parents, qui n'étaient pas catholiques) à des cours d'instruction religieuse en sixième, j'ai été alors intrigué, mais pas plus que ça, par les méthodes de ces deux abbés, qui prenaient les gamins sur les genoux pour leur caresser les cheveux, organisaient des séances de "confessions", à genoux sur un petit banc au fond de la classe, au cours desquelles ils faisaient raconter aux enfants leurs pratiques nocturnes avec force détails. En ce qui me concerne, les choses n'ont pas été plus loin, mais bien des années après, quelques anciens condisciples rencontrés par hasard m'ont confirmé que pour certains d'entre eux, notamment au cours des camps de scouts que l'un des aumôniers animait, on était allé bien plus avant dans des pratiques aujourd'hui qualifiées de pédophiles. Au milieu des années 60, ils ont, paraît-il, été discrètement mis à l'écart, sans que le scandale n'éclate publiquement...Tout cela, naturellement, demande à être vérifié, et fera peut-être l'objet d'une recherche que je mènerai […]. L'allusion faite dans ma chronique était, dans cette optique, destinée à déclencher des témoignages me permettant de l'amorcer. »

§ 

Affaire Dugué, juillet 1978.


§ LE BAZAR DE COHN-BENDIT

  Au cours de la polémique Roman Polanski - Frédéric Mitterrand, Daniel Cohn-Bendit (né en 1945) fut amené à demander la démission de Benoît Hamon de son poste de porte-parole du Parti Socialiste. Cela entraina en retour des imputations de pédophilie à l'égard de Dany le vert.
   Il importe de préciser que D. C.-B. n'a, je crois,  jamais été vraiment pédophile, que sa "pédophilie" est toute politique et en aucun cas véritablement sexuelle (mis à part cependant un léger trouble). Ce que l'on peut lui reprocher, c'est, bien qu'il soit de langue maternelle allemande, une incompréhension totale des idées de Sigmund Freud et Wilhem Reich, incompréhension qui servit de base à une promotion inconsidérée de la sexualité des enfants.

– LE BAZAR DE COHN-BENDIT

Daniel Cohn-Bendit, Le Grand Bazar, Paris : P. Belfond, 1975. Dans le chapitre IX, « Little big men », on lit : 
« [page 198] J’ai travaillé pendant deux ans dans ce jardin [d'enfants ; de 1972 à 1974]. Il y avait des gosses entre deux et cinq ans. C’était une expérience fantastique. Si l’on est un peu ouvert, les enfants nous aident beaucoup à comprendre nos propres réactions. […] Au début j’étais plein d’énergie. Je jouais énormément, je me battais, bref je m’identifiais totalement à eux. Je me suis alors rendu compte que j’avais besoin d’être inconditionnellement accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi et je faisais tout pour qu’ils dépendent de moi. Je crois que c’est le problème de toutes les grandes personnes avec les enfants. […] [199] Mon flirt permanent avec les gosses prenait vite des formes d’érotisme. Je sentais vraiment que les petites filles à cinq ans avaient déjà appris comment m’emmener en bateau, me draguer. C’est incroyable. La plupart du temps j’étais assez désarmé. […] [203] Les conflits avec des parents n’ont pas manqué. Certains enfants avaient souvent vu leurs parents faire l’amour. Un soir, une petite fille va voir sa copine chez elle, et lui demande : " Veux-tu faire l’amour avec moi ? " Et elle parlait de baisage, de bite, etc. Alors les parents de la copine, qui étaient des catholiques pratiquants, sont venus se plaindre, très, très choqués. Il m’est arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : "Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi vous m’avez choisi, moi, et pas les autres gosses ?" Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même. Alors on m’accusait de "perversion". Il y a eu une demande au Parlement pour savoir si j’étais payé par la municipalité, toujours au nom de la loi qui interdit aux extrémistes d’être fonctionnaires. J’avais heureusement un contact direct avec l’association des parents, sans quoi j’aurais été licencié. En tant qu’extrémiste, je n’avais pas le droit d’être avec des enfants. […] Pendant toute une période, je m’étais identifié aux gosses. Mais à partir d’un certain moment, les problèmes des enfants ont [204] commencé à ne plus m’intéresser. Ces gosses venaient d’un milieu social en fin de compte inintéressant. Ce n’était pas un jardin d’enfants normal, et l’expérience n’était pas assez radicale.[…] [209] Reich, c’est la lutte pour la sexualité, et surtout la sexualité des jeunes. Un des problèmes du jardin d’enfants, c’est que les libéraux admettent, à la rigueur, l’existence de la sexualité, alors que nous, on essayait de la développer, d’avoir un comportement qui permette aux enfants de réaliser leur sexualité. » (Daniel Cohn-BenditLe Grand Bazar, Paris : P. Belfond, 1975, chapitre IX, « Little big men »).


   Sigmund FREUD ne vit jamais dans la "sexualité infantile" une justification de la pédophilie ; cela apparaissait dès 1905 avec le premier des Trois essais sur la théorie de la sexualité (section I, B) ; la même année, il déclarait à un quotidien viennois que la pédophilie homosexuelle devait être poursuivie devant les tribunaux, mais dans les mêmes conditions que la pédophilie hétérosexuelle (Die Zeit, 27 octobre 1905, page 5) ; le seuil de consentement en Autriche était alors de quatorze ans (soit le seuil du droit canon). Freud pensait (on voit aujourd'hui avec quelle raison !) qu'une activité sexuelle précoce diminuait l'éducabilité de l'enfant, et que la construction de la personnalité psychologique et sociale (acquisition du principe de réalité) requérait que la fonction sexuelle ne soit pas sollicitée précocement.

   Le freudo-marxiste Wilhelm REICH considérait l'homosexualité comme une sorte de satisfaction parallèle à la satisfaction hétérosexuelle et souhaitait qu'elle soit dénuée de toute sanction pénale, sauf précisément dans le cas de séduction d'enfants (Die Sexualität in Kulturkampf, 1936).


   C'est donc à tort que Daniel Cohn-Bendit, qui bien qu'Allemand (1) semblait vers l'an 2000 se prendre pour le sauveur de la vie politique française, invoqua ces deux auteurs pour tenter de justifier ses tristes écrits de 1975 et ses propos provocateurs à Apostrophes en 1982.

Vidéos :
Cohn-Bendit à Apostrophes (Antenne 2) en avril 1982 suivie de sur France 3 en février 2001.

1. D. C.-B. a la nationalité française depuis 2015, et il semblait il y a peu passer pour le sauveur de l'écologie française.

§ Jacques Gaillot, ancien évêque d´Évreux (décédé en avril 2023),

destitué par le Vatican en 1995 pour son progressisme, reconnut, le 8 décembre 2000, qu´il était au courant du passé du père Denis Vadeboncœur, prêtre québécois mis en examen et écroué, le 1er décembre, pour viols sur mineurs de moins de 15 ans et de plus de 15 ans par personne ayant autorité. Le père Vadeboncœur fut condamné en novembre 1985 à 20 mois de prison au Québec pour abus sexuels. En 1988, il fut accueilli dans le diocèse d´Évreux et nommé, par Mgr Gaillot, curé de la paroisse de Lieurey (Eure). Un homme de 25 ans [en 2000] porta plainte pour viols – faits qui se seraient produits pendant cette période, avant et après 1990.

Dans un entretien (Paris-Normandie, 6 décembre 2000), l´ancien évêque d´Évreux affirmait pourtant ignorer « tout de la gravité des faits » qui valurent condamnation au père Vadeboncœur : « Je ne l´aurais pas accepté dans le diocèse si j´avais su qu´il avait été condamné pour pédophilie. » Gaillot précisait même qu´il avait reçu des supérieurs du prêtre au Québec « une lettre d'accompagnement favorable ».

Ces dénégations suscitèrent une polémique au Canada. La congrégation des religieux de Saint-Vincent-de-Paul, à laquelle appartenait ce prêtre, décida de rendre public, le 7 décembre 2000, l´échange de courriers, en 1987 et 1988, avec l´évêché d´Évreux.

Dans une lettre du 13 octobre 1987, l´abbé Jean-Jacques Latour, secrétaire de Mgr Gaillot, demandait des « renseignements complémentaires » sur le père Vadeboncœur. Le provincial canadien des religieux de Saint-Vincent-de-Paul lui envoya un long courrier du 29 octobre 1987 détaillant les agissements et la condamnation du prêtre québécois :
« Au tout début du mois de février 1985, le père Vadeboncœur a été arrêté à la suite d´une enquête policière. Il était alors accusé d´actes de grossière indécence et d´agression sexuelle à l´égard de quelques adolescents, âgés de 12 à 17 ans, et d´un acte de sodomie avec un de ceux-ci. » Le père Pierre Lévesque, signataire de la lettre, estimait qu´il n´est pas « déraisonnable d´entretenir certains doutes sur [la] capacité [du père Vadeboncœur] de ne pas récidiver ».

Par courrier du 24 février 1988, le secrétaire de Jacques Gaillot accusait réception et expliquait, à propos du père Vadeboncœur : « Nous espérons comme vous que ce changement de climat permettra un nouveau départ, au service de l´Évangile. »
Revenant sur ses précédentes déclarations, Mgr Jacques Gaillot reconnaissait, vendredi 8 décembre [2000], dans un communiqué, qu´il avait été informé du passé du prêtre québécois : « Avant de décider de l´accueil de Denis Vadeboncœur à Évreux, j´ai reçu quelques informations fragmentaires et incomplètes sur la courte détention qu´il avait subie au Québec. (…) Ce n´est que plus tard que j´ai reçu des informations plus détaillées. Néanmoins, face à sa volonté de réinsertion et en l´absence de toute critique de ses paroissiens, je n´ai pas estimé devoir revenir sur cette décision d´accueil. »

Xavier Ternisien, " Mgr Gaillot connaissait le passé pédophile d'un prêtre québécois avant son arrivée dans son diocèse ", Le Monde, 10-11 décembre 2000.

Contrairement à ce qui est reproché à l´évêque de Bayeux, Mgr Pierre Pican, mis en examen pour non-dénonciation de crime et d´atteinte sexuelle sur mineur (*), Mgr Gaillot ne semblait en effet pas au courant des [nouveaux] agissements du père Vadeboncœur à Lieurey [Eure]. Pour autant, l'attitude des évêques français suscite l´étonnement au Québec : « Comment a-t-on pu le nommer en paroisse ? s´interroge Jacques Côté, responsable de la communication de l´archevêché de Québec. Nous avons adopté chez nous le principe de la tolérance zéro : tout prêtre soupçonné de pédophilie est aussitôt signalé à la justice. »


* Déclaration de Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux-Lisieux

Après avoir pris le temps de réfléchir, j'ai décidé de ne pas faire appel de la décision du tribunal correctionnel de Caen, en date du 4 septembre 2001, qui m'a condamné à trois mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs.
Ce procès extrêmement complexe dépassait ma propre personne. Essayant de prendre de la distance par rapport à ce que j'éprouve, je constate qu'ont été réaffirmés des principes de première importance touchant le respect des personnes, à travers l'option de conscience et le secret professionnel des ministres du culte.
Le jugement comporte pourtant, il faut le regretter, une restriction du champ du secret professionnel qui ne laisse pas d'inquiéter. Une telle remise en cause -même partielle- de la jurisprudence admise et constamment réaffirmée jusqu'ici demanderait que je fasse appel.
Je ne saurais pourtant oublier l'épreuve subie par les victimes de l'abbé Bissey. Même si certains ne l'ont pas perçu, j'ai constamment été habité par l'ampleur de leur drame, et les souffrances qui se sont exprimées lors des procès m'ont marqué en profondeur. Aussi ai-je voulu manifester ma volonté d'apaisement à l'égard des parties civiles et ne pas raviver les blessures, au cours d'un nouveau procès qui se déroulerait devant la cour d'appel de Caen. J'ai aussi beaucoup pensé à mon diocèse, à l'Eglise, à toutes celles et ceux qui, de bien des manières, ont été affectés par cette situation.
C'est pourquoi, dans l'espoir de contribuer au retour de la paix dans les consciences et dans les esprits, j'ai décidé de ne pas faire appel.
A Bayeux, le 7 septembre 2001
+ Pierre PICAN
Évêque de Bayeux et Lisieux

* * * * *
" En 2003, la Conférence des évêques de France publie une brochure, largement diffusée, intitulée Lutter contre la pédophilie. L’injonction est claire  : «  Lorsque quelqu’un a connaissance d’un crime (…), qu’il soit prêtre, éducateur laïque ou membre de la famille de la victime, la dénonciation s’impose.  » Le code pénal [article 434-3] punit d’ailleurs de trois ans de prison la non-dénonciation de tels faits. "" Pédophilie : il y a loin du pardon à la justice ", LE MONDE | 28.03.2016

§ : L'affaire Barbarin

" Relativement épargnée, ces dernières années, par le scandale de la pédophilie, l’Église catholique en France est à la veille d’une grande tempête. En cause, l’un des plus puissants et médiatiques évêques de l’Hexagone, le cardinal-archevêque de Lyon, Philippe Barbarin.
« Dans les prochains jours, des plaintes vont être déposées contre lui pour non-dénonciation de faits de pédophilie », indique à Libération, François Devaux, le président de l’association La Parole libérée. Fondée en décembre dernier, elle regroupe les personnes qui auraient été victimes du père Bernard Preynat, un prêtre du diocèse de Lyon, mis en examen le 27 janvier pour « agressions sexuelles sur mineurs de moins de quinze ans par personne ayant autorité ». " (Libération, 12 février 2016).

Le parquet de Lyon a ordonné une enquête préliminaire pour "non-dénonciation de crime" et "mise en danger de la vie d'autrui" en marge de l'affaire d'un prêtre, mis en examen pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts entre 1986 et 1991, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
L'enquête a été ouverte à la suite d'un signalement de victimes du religieux, mettant en cause plusieurs responsables du diocèse de Lyon, parmi lesquels le cardinal Philippe Barbarin qu'ils accusent de ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements passés de ce prêtre.
04/03/2016 18:39:01 - Lyon (AFP) - © 2016 AFP


" Le cardinal Barbarin, nommé archevêque de Lyon en 2002 affirma, globalement, ne pas avoir « couvert » d'actes pédophiles: « Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie. »

Il rappela ensuite que la décision de remettre ce prêtre en service en 1991, après une suspension de six mois (suivant une dénonciation interne des parents d'enfants victimes), avait été prise par son «prédécesseur, le cardinal Decourtray», précisant que «jamais on n'aurait pris une telle décision aujourd'hui.»

Il indiqua, une fois au courant des faits, avoir demandé à ce prêtre une déposition «écrite» qu'il avait alors «transmise» à Rome, où on lui a conseillé d'écarter ce prêtre, même non visé à l'époque par des plaintes, ce qu'il a alors fait.

Il a reconnu avoir «confiance» en la parole de ce prêtre qui lui a garanti « n'avoir jamais recommencé » après 1991. Justifiant ainsi le fait qu'il l'avait maintenu en fonction malgré ce passé. " (http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/03/15/01016-20160315ARTFIG00211-le-cardinal-barbarin-nie-avoir-couvert-des-faits-de-pedophilie.php)

Barbarin, 18 novembre 2016 :
" Je demande pardon devant Dieu et devant tout notre diocèse, de n’avoir pas pris les devants pour enquêter comme il aurait fallu dès qu’un premier témoignage m’était parvenu, pardon de ne pas avoir sanctionné immédiatement un prêtre pour ses actes anciens, très graves et clairement indignes de son ministère, pardon de mes erreurs de gouvernance qui ont occasionné un tel scandale. "
" En ce vendredi 18 novembre 2016, en la Primatiale Saint-Jean, le cardinal Barbarin a célébré une Messe de réparation à l’intention des victimes de pédophilie de la part des membres du clergé. Voici le texte intégral qu’il a prononcé au seuil de cette célébration. "
« En réparation de la profanation du corps vivant du Christ »

Mgr Lalanne hésite à qualifier la pédophilie de « péché »

Interrogé, mardi [5 avril 2016] sur RCF, Mgr Stanislas Lalanne a soutenu que la pédophilie était « un mal » mais pas forcément « de l’ordre du péché », entraînant la condamnation du collectif de victimes La Parole libérée et l’incompréhension à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église.

Qu’a dit Mgr Lalanne ?

« La pédophilie est un mal. Est-ce que c’est de l’ordre du péché ? Ça, je ne saurai pas dire, c’est différent pour chaque personne. Mais c’est un mal et la première chose à faire, c’est de protéger les victimes ou les éventuelles victimes ». Ces mots, prononcés mardi 5 avril par Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, sur les ondes de RCF, ont soulevé très vite une polémique. D’autant que plusieurs auditeurs étaient revenus en direct sur ces propos pour les contester.

Dès le lendemain, la Parole libérée, le collectif qui rassemble les victimes du P. Preynat -ce prêtre de la banlieue lyonnaise auquel il est reproché d’avoir abusé une soixantaine de scouts dans les années 1980 – a fait part dans un communiqué de sa « très vive émotion ».

« Après le fameux’Grâce à Dieu ! Les faits sont prescrits !’ de Mgr Philippe Barbarin, les propos de Mgr Lalanne résonnent à nouveau de manière violente et dégradante pour les victimes d’actes de pédophilie », estime l’association, accusant l’Église de « maladresses et d’amateurisme » dans sa communication, empêchant de percevoir en elle « la référence morale (qu’elle) se doit d’incarner ». Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes, catholiques ou non, se sont émus et interrogés.
Les propos de Mgr Lalanne sont-ils justes sur un plan théologique ?

D’un point de vue théologique, les affirmations de Mgr Lalanne peuvent s’expliquer. « On considère qu’il y a péché lorsqu’il y a un acte moral responsable », souligne le P. Laurent Lemoine, dominicain et théologien moraliste, auteur de plusieurs documents sur la pédophilie. « Or, parmi les personnes coupables de faits de pédophilie, beaucoup sont de grands pervers ».

Pourtant, il semble aujourd’hui impossible, au vu du traumatisme collectif et de l’ampleur des dégâts causés, de s’en tenir à ces distinctions théologiques. « La pédophilie est un délit, et c’est même un crime. Or, quels crimes ne sont-ils pas des péchés  ? La question est complexe », avance le P. Lemoine, pour qui la réflexion du clergé sur la pédophilie doit absolument intégrer l’aspect civil de tels actes.

Aussi, des propos tels que ceux de l’évêque de Pontoise, s’ils ne sont pas absolument faux d’un point de vue formel, « ne sont plus audibles », assure le P. Lemoine, d’autant que la société a l’impression que la parole de l’Église est beaucoup plus claire en termes de bien et de mal sur d’autres sujets moraux.

Que répond Mgr Lalanne  ?

« Les faits de pédophilie sont une faute objective mais le péché est d’un autre ordre », se défend pour La Croix Mgr Lalanne, qui redit cependant « leur extrême gravité et la nécessité de sanctions ». « Pour les prêtres pédophiles, le chemin doit permettre de reconnaître le mal commis, de passer du déni à la reconnaissance de son acte comme un péché », convient-il.

Jean-Paul II lui-même, lorsque le scandale de la pédophilie avait explosé aux États-Unis au début des années 2000, avait qualifié les abus sexuels de « péché détestable aux yeux de Dieu ». Quelques années plus tard, Benoît XVI avait parlé de « péché grave », preuve qu’il est possible de qualifier clairement ces actes.

Pour le P. Lemoine, ce débat montre le flou qui plane encore sur la question. « Le Catéchisme de l’Église catholique se penche sur l’homosexualité mais ne dit rien de la pédophilie, pointe le dominicain, il serait peut-être temps de se mettre à la page ».
Marie Malzac

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Loiret : affaire de prêtres pédophiles signalée
Par Lefigaro.fr avec AFP
Publié le 18/04/2016


L'évêque d'Orléans, Mgr Jacques Blaquart, a retiré ses derniers ministères à un prêtre de la ville, mis en examen en 2012 pour des faits de nature pédophile après un signalement de l'Église, a-t-il révélé aujourd'hui lors d'une conférence de presse. Les faits remonteraient à 1993 et se seraient produits à l'occasion d'un camp du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) où officiait ce prêtre en tant qu'aumônier, dans le sud-ouest de la France, a précisé l'évêque, qui a agi après avoir été contacté par une victime en 2011.

"J'ai aussitôt saisi le procureur. L'enquête est en cours et aurait mis en évidence huit ou neuf cas d'attouchements sur mineurs, sur des victimes âgées d'une douzaine d'années", a ajouté Mgr Blaquart. Le procès de ce prêtre, aussi aumônier auprès des Scouts d'Europe, pourrait avoir lieu l'an prochain. Selon l'évêque, il a reconnu les faits.

Les prédécesseurs de Mgr Blaquart avaient eu connaissance de ses agissements et avaient pris "des mesures conservatoires" contre le prêtre, aujourd'hui âgé de 65 ans, pour éviter qu'il soit seul en contact avec des jeunes, mais ils n'avaient pas porté plainte, a-t-il ajouté. L'évêque a récemment supprimé les derniers ministères de ce prêtre. "J'aurais dû le faire plus tôt", a-t-il ajouté. Bien avant les mesures annoncées la semaine dernière par la Conférence des évêques de France, le diocèse d'Orléans, à la demande de l'évêque, a été le premier à mettre en place une cellule d'écoute pour les victimes de prêtres pédophiles.

Quatre appels ont été reçus au cours de la première année de fonctionnement, mais depuis un mois, le rythme s'est accéléré, avec 12 appels depuis mars. Quatre contacts concernent des faits anciens commis dans le Loiret par des prêtres décédés. Les autres appels concernent d'autres diocèses et les contacts ont été aussitôt transmis aux évêques concernés.

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GOLIAS : " Rome vacille sur le scandale [du cardinal George] Pell " (Golias Hebdo n° 488, 6-12 juillet 2017)

Après avoir bénéficié d'un «classement sans suite» dans l'affaire Bernard Preynat, le cardinal Philippe Barbarin devait être jugé en avril 2018 pour non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs commises par un prêtre dans son diocèse de Lyon il y a 25 ans. En raison d'une difficulté de procédure, ce procès est reporté à janvier 2019.

Dans sa fonction précédente d'évêque, Mgr Ladaria, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, avait conseillé par écrit au cardinal Barbarin - qui l'avait consulté sur le cas Preynat - de « prendre des mesures disciplinaires adéquates tout en évitant le scandale public ». Cette lettre, saisie en perquisition, se retourne contre lui : Mgr Ladaria est aujourd'hui visé pour « complicité » pour n'avoir pas ordonné au cardinal Barbarin de saisir la justice civile.


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L'abbé Pierre de Castelet et l'ancien évêque d'Orléans, Mgr André Fort, comparaissent mardi 30 octobre 2018  devant le tribunal correctionnel. Le premier est accusé d'actes de pédophilie sur mineurs, l'autre de non-dénonciation.

Ce procès intervient à quelques jours de la Conférence des évêques de France (CEF) à Lourdes où sera justement abordée la douloureuse question des abus sexuels dans l'Église. L'abbé Pierre de Castelet, accusé d'actes de pédophilie sur mineurs, et l'ancien évêque d'Orléans, Mgr André Fort, poursuivi pour non-dénonciation, comparaissent ensemble ce mardi devant le tribunal correctionnel. Le renvoi d'un évêque devant la justice est exceptionnel. Lors d'un précédent procès en 2001, l'évêque de Bayeux, Mgr Pierre Pican, avait été condamné à 3 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'actes pédophiles.

Il est reproché à l'abbé Pierre de Castelet, 69 ans, des attouchements sur des mineurs de 15 ans lors d'un camp organisé pendant l'été 1993. Quinze ans plus tard, l'un des participants, Olivier Savignac, adressait une lettre à l'évêché, affirmant avoir été victime d'attouchements. Mgr André Fort, en charge du diocèse d'Orléans de 2002 à 2010, n'avait pas transmis la lettre à la justice et s'était contenté d'éloigner le prêtre de tout contact avec les jeunes. Ce n'est qu'après l'arrivée du nouvel évêque, Jacques Blaquart, que la justice sera saisie. Le père de Castelet a été mis en examen en 2012 pour agressions sexuelles et Mgr Fort en 2017 pour ne pas avoir dénoncé ces actes. (Le Figaro).

L'ancien évêque d'Orléans André Fort a été condamné le 22 novembre 2018 en correctionnelle à huit mois de prison avec sursis pour n'avoir pas dénoncé les faits de pédophilie du père Pierre de Castelet qui a lui écopé de trois ans de prison dont un avec sursis. (Le Figaro)




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