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jeudi 21 juillet 2022

PAS DE LAÏCITÉ AU MAGHREB


Dans ces cinq pays (Algérie, Égypte, Maroc, Mauritanie, Tunisie), l'islam est la religion de l'État.

Les mots ou expressions mis en gras le sont par moi.

CONSTITUTION DE L'ALGÉRIE de 1996

CONSTITUTION DE L'ÉGYPTE de 2014

CONSTITUTION DU MAROC, 1er juillet 2011

CONSTITUTION DE LA MAURITANIE, 30 juillet 1991

CONSTITUTION DE LA TUNISIE de 2014





Préambule
:
[alinéa 3] Placée au cœur des grands moments qu’a connus la Méditerranée au cours de son histoire, l’Algérie a su trouver dans ses fils, depuis le royaume numide et l’épopée de l’Islam jusqu’aux guerres coloniales, les hérauts de la liberté, de l’unité et du progrès en même temps que les bâtisseurs d’Etats démocratiques et prospères dans les périodes de grandeur et de paix.
[4] Le 1er Novembre 1954 aura été un des sommets de son destin. Aboutissement d’une longue résistance aux agressions menées contre sa culture, ses valeurs et les composantes fondamentales de son identité que sont l’Islam, l’Arabité et l’Amazighité, le 1er Novembre aura solidement ancré les luttes présentes dans le passé glorieux de la Nation.
[12] " L’Algérie, terre d’Islam, partie intégrante du Grand Magreb, pays arabe, méditerranéen et africain, "

" Art. 2 - L’Islam est la religion de l’État. "
" Art. 9 - Les institutions s’interdisent :
[...]
- les pratiques contraires à la morale islamique [...] "
" Art. 171 - Il est institué auprès du Président de la République, un Haut Conseil Islamique chargé notamment :
- d’encourager et de promouvoir l’ijtihad [réflexion par laquelle les oulémas ou muftis et les savants musulmans interprètent les textes fondateurs de l'islam et en déduisent le droit musulman]
- d’émettre son avis au regard des prescriptions religieuses sur ce qui lui est soumis;
- de présenter un rapport périodique d’activité au Président de la République.
Art. 172 - Le Haut Conseil Islamique est composé de quinze (15) membres, dont un Président, désignés par le Président de la République, parmi les hautes compétences nationales dans les différentes sciences. "
" Art. 178 - Toute révision constitutionnelle ne peut porter atteinte :
[...]
3- à l’Islam, en tant que religion de l’État; [...] "

Dans une étude sur le cléricalisme, Paul Lallot écrit :
- le 20 mars 2006, le parlement d’Algérie a adopté une loi prévoyant des peines de prison pour toute tentative de « convertir un musulman à une autre religion ».
      - le 5 mai 2021, le président du Haut Conseil Islamique (1) déclare qu’un Algérien ne peut être que musulman, qualifiant les non-musulmans de « résidus » qu’il convient d’ « éradiquer ».
      - en Kakylie, les personnes qui s’affranchissent de la pratique religieuse pendant le ramadan peuvent être condamnées à des amendes ou à de la prison ferme.
      - le ministre des cultes [Mohammed Aïssa] a récemment demandé aux imams de lutter contre l’athéisme et l’homosexualité, tous deux considérés comme des « fléaux sociaux ».
      Ces faits, parmi beaucoup d’autres, dans un pays où 98 à 99% des habitants se déclarent musulmans, traduisent une emprise très forte de la religion sur l’État et en retour une promotion de la religion par l’État. L’interpénétration est si forte qu’on ne peut distinguer une zone « laïque » d’une zone « cléricale ». Ces deux mots n’ont pas de sens en islam.
    (1) Le Haut Conseil Islamique [...] donne des avis à la lumière des prescriptions religieuses.

Article recommandé : « Liberté de conscience, athéisme et laïcité en Algérie », de Nedjib Sidi MoussaScience Po - Centre de recherches internationales, février 2018. 



ÉGYPTE : voir en bas de page



CONSTITUTION DU MAROC, 1er juillet 2011

Préambule
[alinéa 2] État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s'est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.
[3] La prééminence accordée à la religion musulmane dans ce référentiel national va de pair avec l'attachement du peuple marocain aux valeurs d'ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde.
[5]
[...] - Approfondir le sens d'appartenance à la Oumma arabo-islamique, [...]

Article 1er
[3] La nation s'appuie dans sa vie collective sur des constantes fédératrices, en l'occurrence la religion musulmane modérée, l'unité nationale aux affluents multiples, la monarchie constitutionnelle et le choix démocratique.

Article 3.
L'Islam est la religion de l'État, qui garantit à tous le libre exercice des cultes.

Article 7
[4] Ils [les partis politiques] ne peuvent avoir pour but de porter atteinte à la religion musulmane, au régime monarchique, aux principes constitutionnels, aux fondements démocratiques ou à l'unité nationale et l'intégrité territoriale du Royaume.

Article 41
[1] Le Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l'Islam. Il est le Garant du libre exercice des cultes.
[2] Il préside le Conseil supérieur des Oulémas, chargé de l'étude des questions qu'il lui soumet.
[3] Le Conseil est la seule instance habilitée à prononcer les consultations religieuses (Fatwas) officiellement agréées, sur les questions dont il est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et desseins tolérants de l'Islam.
[5] Le Roi exerce par dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à l'institution d'Imarat Al Mouminine qui Lui sont conférées de manière exclusive par le présent article.

Article 64
Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi ou recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion d'une opinion ou d'un vote émis par lui dans l'exercice de ses fonctions, hormis le cas où l'opinion exprimée met en cause la forme monarchique de l'État, la religion musulmane ou constitue une atteinte au respect dû au Roi.

Article 175.

Aucune révision ne peut porter sur les dispositions relatives à la religion musulmane, sur la forme monarchique de l'État, sur le choix démocratique de la nation ou sur les acquis en matière de libertés et de droits fondamentaux inscrits dans la présente Constitution.




PRÉAMBULE

Confiant dans la toute puissance d'ALLAH, le peuple mauritanien proclame sa volonté de garantir l'intégrité de son Territoire, son indépendance et son unité nationale et d'assumer sa libre évolution politique, économique et sociale. 
Fort de ses valeurs spirituelles et du rayonnement de sa civilisation, il proclame en outre, solennellement, son attachement à l'Islam et aux principes de la démocratie tels qu'ils ont été définis par la déclaration Universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948 et par la charte Africaine des droits de l'homme et des peuples du 28 Juin 1981 ainsi que dans les autres conventions internationales aux quelles la Mauritanie a souscrit.

Considérant que la liberté, l'égalité et la dignité de l'homme ne peuvent être assurées que dans une société qui consacre la primauté du droit, soucieux de créer les conditions durables d'une évolution sociale harmonieuse, respectueuse des préceptes de l'islam, seule source de droit et ouverte aux exigences du monde moderne, le peuple mauritanien proclame, en particulier, la garantie intangible des droits et principes suivants :

le droit à l'égalité
les libertés et droits fondamentaux de la personne humaine ;
le droit de propriété ;
les libertés politiques et les libertés syndicales ;
les droits économiques et sociaux ;
les droits attachés à la famille, cellule de base de la société islamique.
Conscient de la nécessité de resserrer les liens avec les peuples frères, le peuple mauritanien, peuple musulman, arabe et africain, proclame qu'il œuvrera à la réalisation de l'unité du Grand Maghreb, de la nation arabe et de l'Afrique et la consolidation de la paix dans le monde.

Article Premier : La Mauritanie est une république Islamique, indivisible, démocratique et sociale. [...]

ART. 5 : l'Islam est la religion du peuple et de l'État.

ART. 23: Le Président de la République est le chef de l'État . Il est de religion musulmane.

ART 29 : Le président de la République nouvellement élu entre en fonction à l'expiration du mandat de son prédécesseur.

« avant d'entrer en fonction le Président de la République prête serment en ces termes:

« " je jure par Allah l'Unique de bien et fidèlement remplir mes fonctions dans le respect de la constitution et des lois, de veiller à l'intérêt du peuple mauritanien, de sauvegarder l'indépendance et la souveraineté du pays, l'unité de la patrie et l'intégrité du territoire national.

je jure par Allah l'Unique de ne point prendre ni soutenir , directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relative à la durée du mandat présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28 de la présente constitution".»

Le serment est prêté devant le conseil constitutionnel, en présence du bureau du Sénat, du Président de la Cour Suprême et du président du Haut Conseil islamique.»

ART. 94 : Il est institué auprès du Président de la République un Haut Conseil Islamique composée de cinq (5) membres.

Le Président et les autres membres du Haut Conseil Islamique sont désignés par le Président de la République.

Le Haut Conseil Islamique se réunit à la demande du Président de la République. [...]



CONSTITUTION DE LA TUNISIE de 2014

Au chapitre 5 du projet de nouvelle Constitution, le président tunisien Kaïs Saïed a introduit la mention « au sein d'un système démocratique » dans la phrase affirmant que la Tunisie « fait partie de la communauté islamique » et que « l'État doit travailler pour atteindre les objectifs de l'islam ».
(AFP/Figaro, 9 juillet 2022)

Dans l'attente de la traduction officielle de la Constitution de Tunisie de 2014, traduction annoncée sur le site du Conseil constitutionnel, voici des extraits d'une traduction non officielle trouvée sur le www. Mettre l'islam dans sa Constitution, ce n'est pas le fait d'une démocratie.

Les mots ou expressions mis en gras le sont par moi.


" Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux

PRÉAMBULE

Nous, représentants du peuple tunisien, membres de l’Assemblée nationale constituante ;
[...]
Exprimant l'attachement de notre peuple aux enseignements de l’Islam et à ses finalités caractérisées par l’ouverture et la modération, des nobles valeurs humaines et des hauts principes des droits de l’Homme universels, Inspirés par notre héritage culturel accumulé tout le long de notre histoire, par notre mouvement réformiste éclairé fondé sur les éléments de notre identité arabo-musulmane et sur les acquis universels de la civilisation humaine, et par attachement aux acquis nationaux que notre peuple a pu réaliser ;
[...]
Sur la base de la place qu'occupe l’être humain en tant qu'être digne ; Afin de consolider notre appartenance culturelle et civilisationnelle à la nation arabe et musulmane ; de l’unité nationale fondée sur la citoyenneté, la fraternité, la solidarité et la justice sociale ; En vue de soutenir l’Union maghrébine, qui constitue une étape vers l’union arabe et vers la complémentarité entre les peuples musulmans et les peuples africains et la coopération avec les peuples du monde ;
[...]
 Article 1
La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime.
Il n'est pas permis d'amender cet article.

Article 6
L’État est gardien de la religion. Il garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes ; il est le garant de la neutralité des mosquées et lieux de culte par rapport à toute instrumentalisation partisane.
L’État s’engage à diffuser les valeurs de modération et de tolérance, à protéger les sacrés et à interdire d’y porter atteinte, comme il s’engage à interdire les campagnes d’accusation d’apostasie et l’incitation à la haine et à la violence. Il s’engage également à s’y opposer.

Article 39
[...]
 L'État veille aussi à enraciner l'identité arabo-musulmane et l’appartenance nationale dans les jeunes générations et à ancrer, à soutenir et à généraliser l’utilisation de la langue arabe, ainsi que l’ouverture sur les langues étrangères et les civilisations humaines et à diffuser la culture des droits de l’Homme.

Article 74
La candidature à la présidence de la République est un droit pour toute électrice et pour tout électeur jouissant de la nationalité tunisienne par la naissance, et étant de confession musulmane.
[...]

Article 149
[...]
Dieu est le garant de la réussite.
 


CONSTITUTION DE L'ÉGYPTE de 2014 :

Au nom d'Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Voici Notre Constitution.
[...]
L’Égypte est le berceau de la foi et bannière de la gloire des religions révélées. Sur son sol grandit le prophète Moïse, celui à qui Allah a parlé et à qui s’est manifesté la lumière divine ; celui qui reçut le message au Mont Sinaï.

Sur son sol, les Égyptiens ont hébergé la Vierge Marie et son nouveau-né, puis donné des milliers de martyrs en défendant l’Église du Christ, paix soit sur lui.

Et lorsque le sceau des Messagers, notre Maître Mohammed (paix et bénédictions soient sur lui), fut envoyé à toute l'humanité, pour parfaire les vertus morales, notre cœur et notre esprit s’ouvrirent à la lumière de l’Islam. Nous étions les meilleurs soldats de la terre dans la lutte pour la cause d’Allah. Nous répandîmes dans l’univers le message de la Vérité et les sciences de la religion.

C’est l’Égypte. Une patrie dans laquelle nous vivons et qui vit en nous.
[...]
Nous écrivons maintenant une Constitution qui confirme que les principes de la charia islamique sont la source principale de la législation et que la référence pour leur interprétation réside dans l’ensemble des décisions de la Cour constitutionnelle suprême à ce propos.

Titre premier. L'État.
Article premier.
La République arabe d'Égypte est un État, souverain, un et indivisible, dont aucune partie ne peut être cédée. Son régime est républicain et démocratique, fondé sur la citoyenneté et sur la primauté du droit.
Le peuple égyptien fait partie de la nation arabe, oeuvre pour son intégrité et son unité. L’Égypte fait partie du monde islamique, appartient au continent africain, est fière de son prolongement asiatique. Elle contribue à l’édification de la civilisation humaine.

Article 2.

L'islam est la religion de l'État. L'arabe est sa langue officielle. Les principes de la charia islamique sont la source principale de la législation.

Article 3.

Les principes de la religion des Égyptiens chrétiens ou juifs sont la source principale des législations qui régissent leur statut personnel, leurs affaires religieuses et le choix de leurs dirigeants spirituels.

[...]

Titre II. Principes fondamentaux de la société.
Chapitre premier. Les principes sociaux.

Article 7.

L'Azhar est une institution islamique scientifique et indépendante. Il s'attribue exclusivement l'exercice de l'ensemble de ses affaires. Il est la référence principale des sciences théologiques et des affaires islamiques. Il assume la responsabilité de la prédication et la propagation des sciences de la religion et de la langue arabe en Égypte et dans le monde. [...]


jeudi 7 avril 2022

DES CHRÉTIENS FACE À L'ISLAM




Arrivée des croisés à Constantinople : Louis VII le Jeune et Conrad, empereur d'Allemagne, entrent dans
la ville, suivis d'un important cortège de seigneurs et de chevaliers. 
Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours, vers 1455-1460
Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 6465, fol. 202


PIERRE LE VÉNÉRABLE, THOMAS d'AQUIN, BOSSUET, JURIEU, CHATEAUBRIAND, CHARLES DE FOUCAULD, PAUL VI, JEAN PAUL II, FRANÇOIS, RÉMI BRAGUE


1150 environ : Pierre le Vénérable (vers 1093 - 1156), abbé de Cluny :

« Qu’on donne à l’erreur mahométane le nom honteux d’hérésie ou celui, infâme, de paganisme, il faut agir contre elle, c’est-à-dire écrire. Mais les Latins et surtout les modernes, l’antique culture périssant, suivant le mot des Juifs qui admiraient jadis les apôtres polyglottes, ne savent pas d’autre langue que celle de leur pays natal. Aussi n’ont-ils pu ni reconnaître l’énormité de cette erreur ni lui barrer la route. Aussi mon cœur s’est enflammé et un feu m’a brûlé dans ma méditation. Je me suis indigné de voir les Latins ignorer la cause d’une telle perdition et leur ignorance leur ôter le pouvoir d’y résister ; car personne ne répondait, car personne ne savait. Je suis donc allé trouver des spécialistes de la langue arabe qui a permis à ce poison mortel d’infester plus de la moitié du globe. Je les ai persuadés à force de prières et d’argent de traduire d’arabe en latin l’histoire et la doctrine de ce malheureux et sa loi même qu’on appelle Coran. Et pour que la fidélité de la traduction soit entière et qu’aucune erreur ne vienne fausser la plénitude de notre compréhension, aux traducteurs chrétiens j’en ai adjoint un Sarrasin. Voici les noms des chrétiens : Robert de ChesterHerman le DalmatePierre de Tolède ; le Sarrasin s’appelait Mohammed. Cette équipe après avoir fouillé à fond les bibliothèques de ce peuple barbare en a tiré un gros livre qu’ils ont publié pour les lecteurs latins. Ce travail a été fait l’année où je suis allé en Espagne et où j’ai eu une entrevue avec le seigneur Alphonse, empereur victorieux des Espagnes, c’est-à-dire en l’année du Seigneur 1141. » (cité par Jacques le Goff, Les Intellectuels au Moyen Âge, " Le temps qui court ", Paris : Le Seuil, 1957 ; merci à Jean-Baptiste de Morizur).


1265 : THOMAS d'AQUIN (1224 ou 25 / 1274), Somme contre les Gentils.

Livre I, chapitre 2 : " Réfuter toutes les erreurs est difficile, pour deux raisons. La première, c'est que les affirmations sacrilèges de chacun de ceux qui sont tombés dans l'erreur ne nous sont pas tellement connues que nous puissions en tirer des arguments pour les confondre. C'était pourtant ainsi que faisaient les anciens docteurs pour détruire les erreurs des païens, dont ils pouvaient connaître les positions, soit parce qu'eux-mêmes avaient été païens, soit, du moins, parce qu'ils vivaient au milieu des païens et qu'ils étaient renseignés sur leurs doctrines. - La seconde raison, c'est que certains d'entre eux, comme les Mahométans et les païens, ne s'accordent pas avec nous pour reconnaître l'autorité de l'Écriture, grâce à laquelle on pourrait les convaincre, alors qu'à l'encontre des Juifs, nous pouvons disputer sur le terrain de l'Ancien Testament, et qu'à l'encontre des Hérétiques, nous pouvons disputer sur le terrain du Nouveau Testament Mahométans et Païens n'admettent ni l'un ni l'autre. Force est alors de recourir à la raison naturelle à laquelle tous sont obligés de donner leur adhésion. Mais la raison naturelle est faillible dans les choses de Dieu. "

Livre I, chapitre 6 : " Dieu, même de nos jours, ne cesse de confirmer notre foi par les miracles de ses saints. Les fondateurs de sectes ont procédé de manière inverse. C'est le cas évidemment de Mahomet qui a séduit les peuples par des promesses de voluptés charnelles au désir desquelles pousse la concupiscence de la chair. Lâchant la bride à la volupté, il a donné des commandements conformes à ses promesses, auxquels les hommes charnels peuvent obéir facilement. En fait de vérités, il n'en a avancé que de faciles à saisir par n'importe quel esprit médiocrement ouvert. Par contre, il a entremêlé les vérités de son enseignement de beaucoup de fables et de doctrines des plus fausses. Il n'a pas apporté de preuves surnaturelles, les seules à témoigner comme il convient en faveur de l'inspiration divine, quand une œuvre visible qui ne peut être que l'œuvre de Dieu prouve que le docteur de vérité est invisiblement inspiré. Il a prétendu au contraire qu'il était envoyé dans la puissance des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. D'ailleurs, ceux qui dès le début crurent en lui ne furent point des sages instruits des sciences divines et humaines, mais des hommes sauvages, habitants des déserts, complètement ignorants de toute science de Dieu, dont le grand nombre l'aida, par la violence des armes, à imposer sa loi à d'autres peuples. "


1665 : Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) :

Par Hyacinthe Rigaud, 1698.

« Cet objet lugubre d'un chrétien captif dans les prisons des mahométans, me jette dans une profonde considération des grands et épouvantables progrès de cette religion monstrueuse. O Dieu, que le genre humain est crédule aux imposture de Satan! O que l'esprit de séduction et d'erreur a d'ascendant sur notre raison! Que nous portons en nous-mêmes, au fond de nos cœurs, une étrange opposition à la vérité, dans nos aveuglements, dans nos ignorances, dans nos préoccupations opiniâtres. Voyez comme l'ennemi du genre humain n'a rien oublié pour nous perdre, et pour nous faire embrasser des erreurs damnables. Avant la venue du Sauveur, il se faisait adorer par toute la Terre sous les noms de ces fameuses idoles devant lesquelles tremblaient tous les peuples; il travaillait de toute sa force à étouffer le nom du vrai Dieu. Jésus-Christ et ses martyrs l'ont fait retentir si haut depuis le levant jusqu'au couchant, qu'il n'y a plus moyen de l'éteindre ni de l'obscurcir. Les peuples qui ne le connaissaient pas, y sont attirés en foule par la croix de Jésus-Christ; et voici que cet ancien imposteur, qui dès l'origine du monde est en possession de tromper les hommes, ne pouvant plus abolir le saint nom de Dieu, frémissant contre Jésus-Christ qui l'a fait connaître à tout l'univers, tourne toute sa furie contre lui et contre son Évangile : et trouvant encore le nom de Jésus trop bien établi dans le monde par tant de martyrs et tant de miracles, il lui déclare la guerre en faisant semblant de le révérer, et il inspire à Mahomet, en l'appelant un prophète, de faire passer sa doctrine pour une imposture; et cette religion monstrueuse, qui se dément elle-même, a pour toute raison son ignorance, pour toute persuasion sa violence et sa tyrannie, pour tout miracle ses armes, armes redoutables et victorieuses, qui font trembler tout le monde, et rétablissent par force l'empire de Satan dans tout l'univers.  »
Panégyrique de saint Pierre Nolasque.


1683 JURIEU (1637-1713)

Pierre Jurieu, par Étienne Desrochers

" Il n'y a point du tout de comparaison entre la cruauté des Sarrasins contre les chrétiens, et celle du papisme contre les vrais fidèles. En peu d'années de guerre contre les Vaudois, ou même dans les seuls massacres de la Saint-Barthélémi, on a répandu plus de sang pour cause de religion, que les Sarrasins n'en ont répandu dans toutes leurs persécutions contre les chrétiens. Il est bon qu'on soit désabusé de ce préjugé, que le mahométisme est une secte cruelle, qui s'est établie en donnant le choix de la mort ou de l'abjuration du christianisme ; cela n'est point, et la conduite des Sarrasins a été une débonnaireté évangélique, en comparaison de celle du papisme, qui a surpassé la cruauté des cannibales. Ce n'est donc pas la cruauté des mahométans qui a perdu le christianisme de l'orient et du midi, c'est leur avarice. Ils faisaient acheter bien cher aux chrétiens la liberté de conscience, ils imposaient sur eux de gros tributs. " (Pierre Jurieu, Apologie [...] pour la Réformation, 1683).


1797 : François-René de CHATEAUBRIAND (1768-1848) :

« Peut-on supposer que quelque imposteur, quelque nouveau Mahomet, sorti d’Orient, s’avance la flamme et le fer à la main, et vienne forcer les Chrétiens à fléchir le genou devant son idole ? La poudre à canon nous a mis à l’abri de ce malheur*. »
* Non pas si les gouvernements chrétiens ont la folie de discipliner les sectateurs du Coran. Ce serait un crime de lèse-civilisation que notre postérité, enchaînée peut-être, reprocherait avec des larmes de sang à quelques misérables hommes d’État de notre siècle. Ces prétendus politiques auraient appelé au secours de leurs petits systèmes les soldats fanatiques de Mahomet, et leur auraient donné les moyens de vaincre en permettant qu’on leur enseignât l’art militaire. Or, la discipline militaire n’est pas la civilisation ; avec des renégats chrétiens pour officiers, les brutes du Coran peuvent apprendre à vaincre dans les règles les soldats chrétiens.
Le monde mahométan barbare a été au moment de subjuguer le monde chrétien barbare ; sans la vaillance de Charles Martel nous porterions aujourd’hui le turban : le monde mahométan discipliné pourrait mettre dans le même péril le monde chrétien discipliné. (nouvelle édition 1826). » Cf SAINT-FOIX (1698-1776) : « Abdérame, lieutenant du calife de Damas, après avoir conquis l'Espagne, franchit les Pyrénées, s'avança jusqu'à Tours à la tête de quatre cent mille Sarrasins. Charles-Martel, par son activité, sa prudence et sa valeur, remporta la victoire la plus complète sur cette formidable armée, le 22 juillet 732 ; à peine, disent la plupart des historiens, en échappa-t-il vingt-cinq mille. Si ce vaillant homme n'avait pas arrêté cet impétueux torrent, on verrait peut-être aujourd'hui autant de turbans en France qu'en Asie ; quelle obligation ne lui avons-nous donc point ! » Essais historiques sur Paris et sur les Français, 1754-1757.
Essai sur les révolutions, 1797, IIe partie, chapitre LV " Quelle sera la religion qui remplacera le christianisme ".

1811 : « L’esprit du mahométisme est la persécution et la conquête : l’Évangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix […] Où en serions-nous si nos pères n’eussent repoussé la force par la force ? Que l’on contemple la Grèce et l’on apprendra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans. Ceux qui s’applaudissent tant aujourd’hui du progrès des Lumières auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d’Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes et de mépriser souverainement les lettres et les arts ? Les croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes au centre même de l’Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. »
Itinéraire de Paris à Jérusalem.

1821 : Joseph de MAISTRE :
Les Soirées de Saint-Pétersbourg, dixième entretien.


1828 François-René de CHATEAUBRIAND (1768-1848) « Considérée sous le double rapport des intérêts généraux de la société et de nos intérêts particuliers, la guerre de la Russie contre la Porte [l'empire turc] ne doit nous donner aucun ombrage. En principe de grande civilisation, l'espèce humaine ne peut que gagner à la destruction de l'empire ottoman : mieux vaut mille fois pour les peuples la domination de la Croix à Constantinople que celle du Croissant. Tous les éléments de la morale et de la société politique sont au fond du christianisme, tous les germes de la destruction sociale sont dans la religion de Mahomet. On dit que le sultan actuel a fait des pas vers la civilisation : est-ce parce qu'il a essayé, à l'aide de quelques renégats français, de quelques officiers anglais et autrichiens, de soumettre ses hordes fanatiques à des exercices réguliers ? Et depuis quand l'apprentissage machinal des armes est-il la civilisation ? C'est une faute énorme, c'est presqu'un crime d'avoir initié les Turcs dans la science de notre tactique : il faut baptiser les soldats qu'on discipline, à moins qu'on ne veuille élever à dessein des destructeurs de la société.  »
Lettre à M. le comte de La Ferronnays, Rome, 30 novembre 1828, Mémoire, seconde partie.


1916 : Charles de FOUCAULD :

« Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du « Medhi », il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve; " l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération ", disent-ils. » Lettre du Père Charles de Foucauld adressée le 29 juillet 1916 à René Bazin (1853-1932), de l'Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917.


1964 Pape PAUL VI : " Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. " (Lumen Gentium, 16, Concile Vatican II, 1964).


1965 DÉCLARATION SUR LES RELATIONS DE L'ÉGLISE AVEC LES RELIGIONS NON CHRÉTIENNES, "NOSTRA AETATE", 28 octobre 1965 :

« 3. La religion musulmane

L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre [Saint Grégoire VII, Épître III, 21 ad Anzir (El-Nâsir), regem Mauritaniae, éd. E. Caspar in mgh, Ep. sel. II, 1920, I, p. 288, 11-15 ; Migne éd.,  Patrologia Latina 148, colonne 451 A], qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. »


1979 Pape Jean-Paul II

" Musulmans et Chrétiens, nous sommes dépositaires d’inestimables trésors spirituels, parmi lesquels nous reconnaissons des éléments qui nous sont communs, même vécus selon nos propres traditions : l’adoration du Dieu miséricordieux, la référence au patriarche Abraham, la prière, l’aumône, le jeûne… éléments qui, vécus d’une manière sincère, peuvent transformer la vie et donner une base sûre à la dignité et à la fraternité des hommes. Reconnaître et développer cette communauté spirituelle – à travers le dialogue interreligieux – nous aide aussi à promouvoir et à défendre dans la société les valeurs morales, la paix et la liberté (cf. Jean-Paul II, Discours à la communauté catholique d’Ankara, 29 novembre 1979). "
2014-11-29 Radio Vatican

1987 Jacques ELLUL
Ce que je crois, Paris : Grasset, 1987


1999 : Pape Jean-Paul II :
" 1. En approfondissant le thème du dialogue interreligieux, nous réfléchissons aujourd'hui sur le dialogue avec les musulmans, qui « adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux » (Lumen Gentium, n. 16; cf. CEC; n. 841). L'Église les considère avec estime, convaincue que leur foi en Dieu transcendant concourt à la construction d'une nouvelle famille humaine, fondée sur les plus hautes aspirations du cœur de l'homme.
Les musulmans eux-aussi, comme les juifs et les chrétiens, considèrent la figure d'Abraham comme un modèle de soumission inconditionnée aux décrets de Dieu (Nostra Aetate, n. 3). A l'exemple d'Abraham, les fidèles s'efforcent de reconnaître dans leur vie la place qui revient à Dieu, origine, maître, guide et fin ultime de tous les êtres (Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, Message aux musulmans pour la fin du Ramadan, 1417/1497). Cette disponibilité et ouverture humaine à la volonté de Dieu se traduit par une attitude de prière, qui exprime la situation existentielle de chaque personne devant le Créateur. 
Dans le sillage de la soumission d'Abraham à la volonté divine se trouve sa descendante, la Vierge Marie, Mère de Jésus qui, en particulier dans la piété populaire, est également invoquée avec dévotion par les musulmans. " (Audience générale, 5 mai 1999, " Le dialogue avec l'Islam " ).


2013 : Pape François : " Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la même manière que nous espérons et nous demandons être accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique. Je prie et implore humblement ces pays pour qu’ils donnent la liberté aux chrétiens de célébrer leur culte et de vivre leur foi, prenant en compte la liberté dont les croyants de l’Islam jouissent dans les pays occidentaux ! Face aux épisodes de fondamentalisme violent qui nous inquiètent, l’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence. " (Evangelii Gaudium, § 253)


2016 Rémi BRAGUE

Rémi Brague, Le Figaro, 20 juillet 2016


Pour répondre à l'objection : " Dans la Bible aussi il y a de la violence ".

Dans quelques Psaumes (LVIII ; CVIII, 14 ; CIX ; etc.), l'auteur (le roi David) en appelle à Dieu pour qu'il punisse ses ennemis. Mais dans le Coran, c'est Dieu qui est supposé enjoindre directement aux musulmans d'être violents envers les mécréants. C'est complètement différent !

Quelques autres exemples de violence divine dans l'Ancien Testament :

NOMBRES XV, 35 Le Seigneur dit à Moïse : Cet homme [qui ramassait du bois le jour du sabbat] sera puni de mort, toute l'assemblée le lapidera hors du camp.
36 Toute l'assemblée le fit sortir du camp et le lapida, et il mourut, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. [35 Dixitque Dominus ad Moysen: “ Morte moriatur homo iste ; obruat eum lapidibus omnis turba extra castra ”. 
36 Cumque eduxissent eum foras, obruerunt lapidibus ; et mortuus est, sicut praeceperat Dominus.]
XVIII, 7 Toi [Aaron, grand prêtre], et tes fils avec toi, vous observerez les fonctions de votre sacerdoce pour tout ce qui concerne l'autel et pour ce qui est en dedans du voile: ce sera votre service. Je vous accorde en don l'exercice du sacerdoce. L'étranger qui approchera sera mis à mort. [7 Tu autem et filii tui custodite sacerdotium vestrum et omnia, quae ad cultum altaris pertinent et intra velum sunt, administrabitis. Ministerium do vobis sacerdotium in donum; si quis externus accesserit, occidetur.]

JOSUÉ VI-VIII : Massacres de Jéricho et d'Haï. Mais on ne trouve pas ce qu'avait cru y lire Michel Onfray : " la 'guerre sainte' selon l'expression terrifiante et hypermoderne du livre de Josué (VI,21)" (Traité d'athéologie, 4e partie, II, § 2 " L'invention juive de la guerre sainte ").
XI, 20 Car c'était l'intention du Seigneur qu'ils s'obstinassent à faire la guerre contre Israël, afin qu'Israël les dévouât par interdit, sans qu'il y eût pour eux de miséricorde, et qu'il les détruisît, comme le Seigneur l'avait ordonné à Moïse. [20 Domini enim sententia fuerat, ut indurarentur corda eorum, et pugnarent contra Israel et caderent et non mererentur ullam clementiam ac perirent, sicut praeceperat Dominus Moysi.]

I SAMUEL XV, 3 : " Va maintenant, et frappe Amalek, et vous détruirez entièrement tout ce qui est à lui, et tu ne l’épargneras pas, mais tu feras mourir les hommes et les femmes, les enfants et ceux qui tètent, les bœufs et les moutons, les chameaux et les ânes. " [3 Nunc igitur vade et demolire Amalec et percute anathemate universa eius; non parcas ei, sed interfice a viro usque ad mulierem et parvulum atque lactantem, bovem et ovem, camelum et asinum.]

II CHRONIQUES, XV, 13 Et quiconque ne chercherait pas le Seigneur, le Dieu d'Israël, devait être mis à mort, petit ou grand, homme ou femme[13 si quis autem non quaesierit Dominum, Deum Israel, moriatur a minimo usque ad maximum, a viro usque ad mulierem.].

ÉZÉCHIEL, XXXIII, 13-16 (traduction Le Maistre de Saci) : 
13 Si après que j’aurai dit au juste qu’il vivra très-certainement, il met sa confiance dans sa propre justice, et commet l’iniquité ; toutes ses œuvres justes seront mises en oubli, et il mourra lui-même dans l’iniquité qu’il aura commise.
14 Si après que j’aurai dit à l’impie, Vous mourrez très-certainement ; il fait pénitence de son péché, et il agit selon la droiture et la justice ;
15 si cet impie rend le gage qu’on lui avait confié ; s’il restitue le bien qu’il avait ravi ; s’il marche dans la voie des commandements de la vie ; et s’il ne fait rien d’injuste, il vivra très-assurément, et ne mourra point.
16 Tous les péchés qu’il avait commis ne lui seront point imputés ; il a fait ce qui était droit et juste, et ainsi il vivra très-certainement.


Ces derniers passages semblent les seuls comparables aux dizaines de versets du Coran envisageant violence extrême envers les mécréants.

Quant aux Évangiles et aux Épîtres des chrétiens, s'ils contiennent quelques passages "énergiques" (le glaive, égorgez), difficile d'y trouver une incitation quelconque à la violence de masse :
« Je ne suis pas venu apporter la paix sur la Terre, mais le glaive. » (Matthieu, X, 34).
« Fais entrer les gens de force [compelle intrare], afin que ma maison se remplisse. » (Luc, XIV, 23).
« Quant à mes ennemis , ceux qui n'ont pas voulu que je règne sur eux , amenez les ici , et égorgez-les tous devant moi ! [adducite huc et interficite ante me!» (Luc, XIX, 27)
Soulignons aussi l'énorme mauvaise foi de nombreuses personnes de gauche ou bobos écolos qui ressassent qu'il ne faut pas stigmatiser, ou que " Coran et Ancien testament " c'est pareil, tout en ignorant ce texte du Coran, et pire, en refusant de le lire ! (même des profs de philosophie sont capables de ça !)



lundi 19 octobre 2020

VIOLENCE, FEU ET ANATHÈMES DANS LE CORAN



Et : 


Caricature danoise N° 7 (sur 12)


Consulat américain à Benghazi, 12 septembre 2012

« Nous avons préparé pour les coupables un feu dont les flammes les envelopperont. S’ils crient au secours, nous les secourrons avec une eau comme du bronze en fusion pour leur brûler la face. »
Sourate XVIII (la caverne), verset 29. [On pourrait appeler cela le verset du 11/9]

Karl Marx (1818-1883), New-York Herald Tribune, 15 avril 1854 :
"Declaration of War. – On the History of the Eastern Question, London, Tuesday, March 28, 1854" :
« Le Coran et la législation musulmane qui en résulte réduisent la géographie et l’ethnographie des différents peuples à la simple et pratique distinction de deux nations et de deux territoires ; ceux des Fidèles et des Infidèles. L’Infidèle est "harby", c’est-à-dire ennemi. L’islam proscrit la nation des Infidèles, établissant un état d’hostilité permanente entre le musulman et l’incroyant. Dans ce sens, les navires pirates des États Berbères furent la flotte sainte de l'Islam. Comment, donc, l'existence de chrétiens sujets de la Porte [l'empire turc] peut-elle être conciliée avec le Coran ? »

* * * * *

A / Traductions de Malek Chebel, Jean Grosjean, Denise Masson, Édouard Montet, Albert Félix Ignace et Biberstein Kasimirski.
B / Au nom d’Allâh le Miséricordieux plein de miséricorde.

Voir aussi Extraits du Coran sur le site de l’Union des Athées.

* * * * *

A / Traductions de Malek Chebel, Jean Grosjean, Denise Masson, Édouard Montet et Albert Félix Ignace de Biberstein Kasimirski.

N.B. Ces références sont faites d’après :

1 : l’édition en collection Points Sagesses, au Seuil, en 1998 (réimpression de juin 2001) ; traduction de Jean Grosjean pour les Éditions Philippe Lebaud, 1979. Réédité en 2004.

2 : l’édition en collection PBP, chez Payot, en 2001 ; traduction d’Édouard Montet en 1958.

3 : l’édition en collection Folio classique chez Gallimard, en 2001 : traduction de Denise Masson en 1967.

4 : l'édition Fayard, en 2009 : traduction de Malek Chebel en 2009.

5 : L'édition Seuil en 2010 :  traduction d'Albert Félix Ignace de Biberstein Kasimirski (première publication en 1840).

J'entends dire trop souvent que le Coran serait systématiquement mal traduit en français, voire intraduisible. Cet argument est difficilement recevable car il relève de l'immense mauvaise foi des croyants musulmans, comme si leur culture était supérieure à la culture occidentale, et leur langue ineffable !! ... J'ai pris grand soin de consulter plusieurs traductions, et j'ai signalé les variantes quand elles étaient significatives.

Au demeurant, j'aimerais bien que l'on me propose, le cas échéant, de meilleures traductions pour les passages concernés, si elles sont contestées.


B / Au nom d’Allâh le Miséricordieux plein de miséricorde.
(répété au début de chacune des 114 sourates)

« Cette combustion (ou le feu) d’hommes et de pierres prête pour les incroyants (ou les incrédules, les infidèles). »
Sourate II (la vache, ou la génisse, Médine), verset 22 ou 24 (suivant les éditions).

« Les incrédules, qui traiteront nos signes de mensonge, seront les hôtes (ou les compagnons) du Feu (de l'Enfer). »
II, 37 ou 39.

« Allâh maudisse les incroyants. »
II, 83 ou 89.

« Aux incroyants la honte du tourment (ou un supplice ignominieux). »
II, 84 ou 90.

« Aux incroyants l’affreux tourment (un châtiment douloureux). »
II, 98 ou 104.

« Je précipiterai l’incrédule dans le châtiment du feu . Quelle affreuse fin (pour lui) ! »
II, 120 ou 126.

« Ne dites pas que ceux qui sont tués sur le sentier d’Allâh sont morts. Non. Ils vivent et vous ne vous en doutez pas. »
II, 149 ou 154.

« Ceux qui troquent le chemin et le pardon contre l’erreur et le tourment, comment vont-ils endurer le feu ? »
II, 170 ou 175.

« Allâh n’aime pas l’incroyant (ou le pécheur incroyant) et le pécheur impie. »
II, 276 ou 277.


« Les incroyants, je les tourmenterai terriblement (ou je le punirai d’un châtiment cruel) en cette vie et dans l’autre et ils seront sans recours (sans défenseurs). »
III (la famille d’Amram, Médine), 49 ou 56.

« Quiconque cherche une autre religion que l’Islam ne sera pas accepté, et dans la vie dernière il sera parmi les perdants. »
III, 79 ou 85.

« Qu’Allâh éprouve ceux qui croient et détruise (ou fasse disparaître) les incroyants. »
III, 135 ou 141.

« Nous valoriseront ceux qui croient et jetterons l’effroi dans le cœur des incroyants. »
III, 144 ou 151.

« Ceux qui ont été tués sur le sentier d’Allâh, ne les crois pas morts. Ils vivent près de leur Seigneur, ils ne manquent de rien (ils seront gratifiés). »
III, 163 ou 169.

« Les incroyants vont et viennent dans le pays, mais ne t’y  trompe pas, piètre est leur joie, et leur refuge sera la géhenne (ou leur demeure sera l’Enfer). »
III, 196 ou 196-197.


« Nous tenons prête pour les incroyants la honte du tourment (ou une peine ignominieuse). »
IV (les femmes, La Mecque), 37 ou 41.

« Ceux qui ne croient pas à nos versets (ou à nos signes), nous les pousseront au feu. Chaque fois que leur peau sera brûlée (bien cuite), nous leur donnerons une autre peau pour qu’ils goûtent le tourment (de façon à leur faire sentir le dur châtiment). »
IV, 56 ou 59.

« Ceux qui troquent cette vie contre l’autre, qu’ils combattent au sentier d’Allâh. Et ceux qui combattent au sentier d’Allâh, s’ils sont tués ou s’ils sont vainqueurs, nous leur donnerons un salaire sans borne (une récompense immense). »
IV, 74 ou 76.

« Ne prenez pas d’amis (ou de patrons) chez eux [les hypocrites] avant qu’ils émigrent dans le sentier d’Allâh. S’ils tournent le dos, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviez. Ne prenez parmi eux ni protecteur ni aide. »
IV, 89 ou 91.

« S’ils ne se tiennent pas à l’écart, s’ils ne se rendent pas à vous et ne déposent pas les armes, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviez. Nous vous donnons tout pouvoir sur eux. »
IV, 91 ou 93.

« Un croyant ne doit pas tuer un croyant, sauf par erreur (méprise). »
IV, 92 ou 94.

« Allâh tient prêt pour les incroyants la honte du tourment (ou un supplice ignominieux). »
IV, 102 ou 103.

« Nous tenons prête pour les incroyants la honte du tourment (ou un supplice ignominieux). »
IV, 150 ou 151.


« Les incroyants qui nient nos versets (ont traité nos signes de mensonges) seront les hôtes de la fournaise (ou les compagnons de l’Enfer). »
V (la table servie, Médine), 10 ou 13.

« Les incroyants qui nient nos signes (ont traité nos signes de mensonges) seront les hôtes de la fournaise (ou les compagnons de l’Enfer). »
V, 86 ou 88.


« Oui, les incroyants (les infidèles) auront le tourment (le châtiment) du feu. »
VIII (le butin), 14.

« Vous ne les avez (aurez) pas tués, c’est Allâh qui les a tués. Quand tu lançais, ce n'est pas toi qui le lançais, c'était Dieu, pour éprouve le fidèles par une belle épreuve. »
VIII, 17.

« Les pires bêtes (la pire engeance), aux yeux d’Allâh, sont les incroyants qui s’entêtent à ne pas croire. »
VIII, 55.


 Vous n'échapperez pas à Allah, car Allah humilie les incroyants. »
IX (la repentance), 2.


« Annonce aux incroyants l’affreux tourment. Les incroyants avec qui vous avez fait un pacte et qui ne vous ont pas fait tort et n’ont aidé personne contre vous, eh bien respectez ce pacte jusqu’à son terme car Allâh aime les fidèles. Une fois passés les mois sacrés, tuez les incroyants où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez les, dressez leur des embuscades. S’ils se repentent, font la prière, acquittent l’aumône, laissez-leur le champ libre, car Allâh pardonne, il a pitié. »
IX, 3-5.

« Combattez-les (massacrez-les), Allah les torture (punira) par vos mains et leur fera honte (les couvrira d’ignominie). »
IX, 14

« Croyants, quand on vous dit : au combat dans le sentier d’Allâh ! pourquoi rester cloués au sol ? Aimez-vous mieux cette vie que l’autre ? »
IX, 38.

« Celui qui s'oppose à Allah et à Son prophète recevra en rétribution le feu de la géhenne. »
IX, 63


« Allâh a promis aux hypocrites, hommes et femmes, et aux incroyants (infidèles) le feu de la géhenne. »
IX, 68.

« L’affreux tourment frappera ces incroyants. »
IX, 90.

« Allâh achète aux croyants leur âme et leurs biens pour qu’ils aient le jardin. Ils combattent dans le sentier d’Allâh. Ils tuent ou sont tués. »
IX, 111.

« Croyants, combattez les incroyants qui sont dans vos parages et qu’ils vous trouvent durs. »
IX, 123.

« Pour les incrédules, boisson brûlante (ou le breuvage de l’eau bouillante) et châtiment douloureux, parce qu’ils n’ont pas cru. »
X (Jonas), 4.

« Ceux qui ne croient pas aux versets d’Allâh, il ne les guide pas, ils auront l’affreux tourment (un châtiment douloureux). »
XVI (les abeilles), 104.

« Nous avons préparé pour les coupables un feu dont les flammes les envelopperont. S’ils crient au secours, nous les secourrons avec une eau comme du bronze en fusion (du métal fondu) pour leur brûler la face. »
XVIII (la caverne), 29. [On pourrait appeler cela le verset du 11/9]

« Les incroyants arguent de l’erreur pour rejeter la vérité. Ils se moquent de nos signes et de nos avertissements. »
XVIII, 56.

« Nous avons préparé la géhenne comme lieu commun à tous les infidèles. »
XVIII, 102.

« Ah ! si les incroyants connaissaient le moment où ils ne pourront soustraire au feu leur face ni leur dos, car ils seront sans recours. »
XXI (les prophètes), 39.

« On taillera des vêtements de feu pour les incroyants, on leur versera de l’huile bouillante sur la tête. »
XXII (le pèlerinage), 19.

« Ceux qui s’efforcent d’abolir nos signes (ou nos versets) : voilà ceux qui seront les hôtes de la fournaise. »
XXII, 50 ou 51.

« Les croyants continueront d’en douter jusqu’à la venue de l’heure soudaine, quand leur viendra le tourment d’un jour dévastateur (le jour de l'extermination les atteindra). »
XXII, 55.

« Ils nient l’heure, mais nous avons préparé un brasier pour ceux qui nient l’heure. Quand le brasier les apercevra, ils l’entendront mugir et siffler. »
XXV (le critère), 11-12. On pourrait dire : verset du 11/9.

« N’écoute pas les incroyants, combats-les rudement avec ce Coran. »
XXV, 52.

« Le jardin sera rapproché des fidèles et la fournaise se montrera aux égarés. »
XXVI (les poètes), 90-91.

« Les incroyants qui nient nos signes et la rencontre de l’autre vie seront dans le tourment. »
XXX (les Romains), 16.

« Allâh maudit les incroyants, il leur a préparé un brasier. »
XXXIII (les ligues), 64.

« L’incroyance des incroyants ne fait qu’accroître l’horreur qu’Allâh avait d’eux. »
XXXV (le créateur), 39.

« Malheur aux incroyants, à cause du feu. »
XXXVIII (çâd), 27

« Ils auront un nuage de feu sur eux et sous eux. »
XXXIX (les groupes), 16.

« Les incroyants auront le grand tourment. »
XLII (la délibération), 26.

« Les incroyants profitent, ils mangent comme des bestiaux, mais ils auront le feu pour logis. »
XLVII (Mahomet), 12.

« Nous avons préparé un brasier pour les incroyants. »
XLVIII (la victoire), 13.

« On vous lancera du feu et du bronze en fusion et vous serez sans recours. »
LV (le Miséricordieux), 35. On pourrait dire : verset du 11/9.

« Ceux qui ont nié nos versets seront les hôtes de la fournaise. »
LVII (le fer), 19.

« Aux incroyants l’affreux tourment. »
LVIII (la plaidoirie), 4.

« Les incroyants qui ont nié nos versets seront pour toujours les hôtes du feu. Mauvais avenir. »
LXIV (la duperie réciproque), 10.

« Noé dit : Seigneur, ne laisse pas d’incroyants circuler sur Terre, car si tu les laisses, ils égareront tes esclaves et n’engendreront que des pervers sans foi. »
LXXI (Noé), 26-27.

« Pour les incroyants, nous avons préparé chaînes, carcans et brasier. »
LXXVI (l’homme), 4.

« Les incroyants, qu’ils aient le livre ou qu’ils ajoutent des dieux, iront dans le feu de la géhenne et y seront pour toujours. Ce sont les pires des humains. »
XCVIII (la preuve), 6.

« Dis : vous les incroyants, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. Non, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. A vous votre religion, à moi la mienne. »
CIX (les incroyants), 1-6.


N.B. Ces références sont faites d’après :

1 : l’édition en collection Points Sagesses, au Seuil, en 1998 (réimpression de juin 2001) ; traduction de Jean Grosjean pour les Éditions Philippe Lebaud, 1979. Réédité en 2004.
2 : l’édition en collection PBP, chez Payot, en 2001 ; traduction d’Édouard Montet en 1958.
3 : l’édition en collection Folio classique chez Gallimard, en 2001 : traduction de Denise Masson en 1967.
4 : l'édition Fayard, en 2009 : traduction de Malek Chebel en 2009.
5 : L'édition Seuil en 2010 :  traduction d'Albert Félix Ignace de Biberstein Kasimirski (première publication en 1840).