vendredi 15 janvier 2021

DES MINARETS À L'IDENTITÉ FRANÇAISE, DES BURKAS AUX APÉROS

Voir aussi Violence, feu et anathèmes dans le Coran




A /   La loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public, notamment au moyen d'une "burka", entra en vigueur le 11 avril 2011. L'islam ne vient qu'en quatrième position dans l'ordre des convictions en Suisse : Catholiques : 42 % Protestants : 35 % Incroyants : 11 % Musulmans : 4,3 %. En troisième position en France, loin derrière les catholiques et les incroyants ; mais cet islam fait hélas, en Suisse comme en France, plus de bruit que tous les athées et chrétiens réunis.

   Les mosquées, lieux de culte, et le libre exercice des cultes n'étaient pas en cause dans cette affaire des minarets. Si la liberté d'expression est, constitutionnellement, la " libre communication des idées et des opinions, même religieuses ", elle ne s'étend pas jusqu'aux permis de construire des bâtiments surplombant tous les édifices voisins, et évidemment destinés, dans un avenir plus ou moins proche, à faire retentir, à la voix ou au haut-parleur, des appels à la prière (c'est déjà le cas à Nanterre). Il fallait être bien naïf pour croire que ces minarets ne serviraient jamais (celui de Rheinfelden ).

Recep Tayyip Erdogan, actuel Premier ministre turc, déclarait en 1997 alors qu’il n'était encore que maire d’Istambul : « Les mosquées sont nos casernes, les minarets nos baïonnettes, les dômes nos casques et les croyants nos soldats. » Ce n'était pas propre à faire bien voir les minarets en Europe.

   On est naturellement amené (voilà la liberté d'expression) à prendre parti contre la plus archaïque et la plus agressive des religions, comme en d'autres temps on a pu appeler à combattre les partis totalitaires nazis et staliniens. Religion qui ne distingue pas le politique du religieux, qui envahit notre espace public et nos commerces par ses signes ostentatoires, sa sinistre burka et ses rayons halal, qui remet en  cause notre laïcité dans son pilier " séparation des Églises et de la République " (État, départements, communes, régions) ; qui affecte le fonctionnement de nos cantines, de nos hôpitaux, de nos abattoirs ; aussi celui de nos entreprises via les temps de prières, les aménagements pour le ramadan, comme celui de nos administrations et de nos piscines (exigence de séparation des sexes). Ajoutons-y le non-respect de la priorité du mariage civil sur le mariage religieux, l'impolitesse (refus de musulmanes de serrer la main des hommes) ; une religion qui recherche de plus en plus de visibilité pour alimenter son prosélytisme et son sectarisme, comme l'affaire Maxence Buttey/FN vient encore de le montrer. L'islam développe de façon évidente un communautarisme totalement contraire à l'esprit républicain, et les modérés sont surtout modérés dans leur double langage et dans leurs condamnations du terrorisme, de la charia et des violations de la liberté d'expression.

   Ces "nos" se réfèrent aux Français, au double sens de « Le territoire français est le patrimoine commun de la nation. » Code de l’urbanisme, article L. 110, loi 83-8 du 7 janvier 1983 et de : « Le concept juridique de "peuple français" a valeur constitutionnelle. » Conseil constitutionnel, décision 91-290 DC du 9 mai 1991. Ces biens publics (piscines, hôpitaux, etc.) seraient-ils aussi « leur » laïcité, « leurs » cantines, « leurs » administrations, « leurs » hôpitaux, « leurs » piscines ? Aux musulmans en tant que tels ? Certes non ! à ceux d'entre eux qui sont Français, et seulement en tant que Français, - oui.

   Religion archaïque encore parce qu'ayant conservé le sacrifice animal (le mouton), une mutilation sexuelle (circoncision), des interdits alimentaires forts : pas de porc, " animal impur ", que du "hallal" ; abattage rituel sans étourdissement préalable par un "sacrificateur agréé", tourné vers La Mecque ..., mois de ramadan  ; on peut évidemment en dire tout autant du judaïsme, le sacrifice animal et le ramadan en moins. À l'inverse, le christianisme, bien que plus ancien que l'islam de six siècles, a profondément évolué, et a su profiter très largement du contact avec la culture gréco-romaine ; il n'a pas la même forte emprise sur la vie quotidienne.

   La France n'a pas été seulement " dominée " par le christianisme ; il l'a aussi façonné, notamment en notre Descartes ; le christianisme a, pour l'athée que je suis, trois mérites :

1) c'est la seule religion à avoir ressenti le besoin de prouver l'existence de son "dieu" après l'avoir défini (voir ma note "Dieu, la foi")

2) le droit canon a eu une influence positive sur le développement du droit constitutionnel européen (adage Quod omnes tangit ...).

3) il a encouragé une instruction intellectuelle qui ne se réduit pas à l'étude des textes "sacrés", à la différence des sinistres écoles coraniques. La loi Debré n° 59-1557 du 31 décembre 1959 sur " les rapports entre l'État et les établissements d'enseignement privés " (Journal officiel du 2 janvier 1960) ne mentionne qu'incidemment la religion :

Article premier, alinéa 3 "Il [l'État] prend toutes dispositions utiles pour assurer aux élèves de l'enseignement public la liberté des cultes et de l'instruction religieuse." Aucun des trois piliers de la laïcité : liberté de conscience — liberté des cultes — séparation des cultes et de la République — ne fut remis en cause par cette " loi Debré ". Par ailleurs la longue expérience de l'Église catholique en matière d'enseignement de qualité, notamment les Frères des écoles chrétiennes (ou Lasalliens), les Jésuites et les Oratoriens, mérite quelque respect.

   Nous ne sommes pas seulement, en France, habitués au christianisme ; nous le sommes aussi à sa discrétion actuelle ; on peut circuler dans les rues sans distinguer au premier abord un catholique d'un protestant, ou un chrétien d'un athée. Par ses signes extérieurs, notamment voiles et burkas pour les femmes, djellabas pour les hommes, l'islam ramène à son sinistre Moyen-Âge une société passée par l'Humanisme et les Lumières.

   Eh oui, 35 prières par semaine, un mois de ramadan par an, c'est lourd ! Noël, fête païenne avant d'être chrétienne, fait désormais partie de notre culture occidentale. Les noms des jours de la semaine et les noms de mois ne sont pas chrétiens mais latins ; je déplore évidemment les années comptées à partir de la naissance de Jésus, je suggère, sans grand espoir d'être suivi, de compter à partir de la fondation de Rome, soit l'an - 753 (2023 serait alors 2777).

On m'objecta : " Nous trouvons naturelle la pudeur de la femme qui cache sa poitrine (là où d'autres sociétés la montrent nue) et nous trouvons louche la pudeur des femmes qui se couvrent les cheveux. "
Mais certaines zones corporelles ont une valeur érotique plus grande que d'autres. Par ailleurs on sait que hidjab (sorte de heaume textile) et burka cachent bien plus que les cheveux, font de la femme un OVNI, un objet voilé non (ou difficilement) identifiable, ce qui n'est pas "louche" mais fait, comme l'a montré Elisabeth Badinter, obstacle à la sociabilité la plus élémentaire ; de plus, la femme en burka voit sans être vue, dissymétrie qui porte atteinte à la liberté d'aller et venir dans des conditions normales. Quant à la pudeur occidentale, féminine comme masculine, elle a depuis quelque temps mis beaucoup d'eau bénite dans son vin de messe ...

   Respecter les autres, c'est certes accepter le pluralisme des convictions, mais c'est aussi ne pas envahir l'espace public par des constructions démesurées symboles de croyances particulières (mosquées cathédrales), ou des dispositifs qui cachent les vêtements et la personne sans être des vêtements ; considérer la burka comme un vêtement comme un autre est hélas une bêtise assez répandue.

   " Le minaret est un élément architectural des mosquées. Il s'agit généralement d'une tour élevée dépassant tous les autres bâtiments. Son but est de fournir un point élevé au muezzin pour les 5 appels à la prière par jour. " (fr.wikipédia.org). En pays laïc et évolué, une religion particulière n'a pas à lancer d'appels à la prière sur la voie publique, comme cela se fait à Rheinfelden par haut-parleur. L'image de la Suisse après la votation du 29 septembre 2009 est bien loin d'être désastreuse si j'en juge pas les premiers commentaires sur les sites des médias français. En ce qui me concerne, ce point d'arrêt mis à l'expansionnisme de l'islam me réjouit.

   Le sujet, c'est cet expansionnisme de l'islam qui envahit l'espace public par ses visibilité et audibilité croissantes ; cela ne concerne pas seulement la Suisse, cette offensive est mondiale.... Il est tragique que le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU soit en majorité islamiste et ait condamné, dans une résolution, le vote suisse (voir à la fin de cet article).

   J'avais réagi à la question, pas au parti suisse qui la posait. Je veux bien croire que l'U.D.C. a quelques défauts, mais la religion islamique beaucoup plus, alors ...

   L'appel à la prière est interdit, pour l'instant, mais une loi, cela se change, on nous a fait le coup en France avec le référendum obligatoire promis pour les nouvelles adhésions à l'U. E.. Ce référendum peut maintenant (depuis juillet 2008) être remplacé par un simple vote à la majorité des 3/5 de chaque assemblée parlementaire (article 88-5 modifié de la Constitution).

   À Rheinfeldern, l'engagement de ne pas sonoriser le minaret a été rompu dès début octobre 2009 ; peu importe que ce soit en Allemagne et non en Suisse, cela reste instructif sur le comportement des islamistes.. C'est pourquoi je me réjouis de ce coup d'arrêt porté à l'expansionnisme islamiste et déplore la résolution onusienne.

   La votation suisse présente effectivement des risques quant aux relations avec les pays islamiques ; mais l'histoire a montré que l'attitude munichoise n'était pas efficace. Il faut donc affronter ce danger en face, et le plus tôt sera le mieux....

   Dans Le Monde daté du 6-7 décembre 2009, on apprenait que le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, qui, de manière exceptionnelle, dirigeait la prière du vendredi [4 décembre] à Évry, " avait appelé les musulmans à ne pas choisir la "visibilité ostentatoire afin d'éviter toute stigmatisation".  En préambule, le responsable de la mosquée, M. Merroun s'était adressé à ses fidèles à propos du référendum suisse : "Je n'ai pas de crainte pour l'islam ; il avance doucement. [...] Nos concitoyens français ne peuvent pas lire le Coran. Pour eux l'islam, c'est nous."


À    l'occasion de la polémique sur l'apéro pinard-sauciflard du 18 juin 2010 à la Goutte d'Or (Paris XVIIIe), Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, déclara : " L'islam, avec 5 ou 6 millions de personnes, on sait bien qu'il prend une extension fantastique en France " (RMC, ""Grandes Gueules", 15/6/2010, vers 11 h 40 ; en podcast, vers le deuxième tiers de la partie 1). Quand c'était Claude Guéant qui disait cela, le M.R.A.P. portait plainte (avril 2011) !! En avril 2015, Boubakeur réclamait le doublement en deux ans du nombre de mosquées en France, soit le passage à 4 000 mosquées en 2017 !


   Lors d’une visite officielle en Italie, fin août 2010, feu le colonel Kadhafi affirmait que " l’islam devait devenir la religion de toute l’Europe" et également que " Mahomet était le dernier prophète ". Il ajouta : " Le premier pas pour l’islamisation de l’Europe sera l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ".
  Mgr Bishoy, secrétaire du Saint Synode de l’Église copte, en Égypte, a émis l’hypothèse que certains versets anti-chrétiens du Coran auraient pu être ajoutés après la mort de Mahomet, par l’un de ses successeurs. [...]. La suggestion de l’évêque suscita une polémique si vive que le Gouvernement s’en mêla, par la voix du vice-ministre des biens religieux qui déclara dans un communiqué : « La foi des musulmans constitue une ligne rouge qui, en aucun cas, ne peut être discutée par un non musulman. »"

   Confirmations, s'il en fallait, des visées expansionnistes de cette religion totalitaire, à laquelle nous ne pourrions rien comprendre, incapables que nous sommes de "lire le Coran" ... intraduisible sans doute ...

   J'ai vu une émission dans laquelle je notais trois choses : 1) Nora Berra ne dément pas être musulmane. 2) elle déclare : " nous sommes arrivés [en France] à ce que les religions cohabitent ". Mais la laïcité, ce n'est pas seulement la cohabitation des religions, c'est aussi la cohabitation des croyants et des incroyants (environ 30 à 35 % dans notre pays, deuxième conviction de France). 3) Nora Berra approuve la définition de la laïcité donnée récemment par Nicolas Sarkozy, soit : " le respect de toutes les croyances " ; de nouveau, l'oubli des incroyants. Je rappelle qu'au sens juridique strict, la laïcité, c'est : la liberté de conscience + la liberté des cultes + la séparation des cultes et de la République. La laïcité n'oblige personne à "respecter" les croyants et leurs croyances.


   Pourquoi faudrait-il accepter tchadors et burkas, les femmes qui refusent de serrer la main des hommes, les archaïques et cruels sacrifices d'animaux (abattage sans étourdissement préalable), la séparation des sexes dans les piscines, les exigences d'interdits alimentaires (porc impur) et de viande "halal" dans les cantines publiques, des tables différentes pour les mangeurs de cochon et les autres, les refus d'un médecin homme par des femmes musulmanes dans les hôpitaux publics, la construction de mosquées avec l'aide des collectivités locales, les appels à la prière du haut de minarets, les prières sur les lieux de travail dans les entreprises et pendant les heures de travail, les carrés musulmans orientés vers La Mecque dans les cimetières, les commerces qui cessent de vendre de l'alcool pendant le mois de ramadan, l'interdiction des chiens dans les autobus, tout ceci au pays de Voltaire et des Lumières ?

   Ajoutons-y la remise en cause de certains enseignements dans les collèges et lycées, alors que " La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. " (Bloc constitutionnel, Préambule de 1946, alinéa 13).

   Toutes ces pratiques sont contraires à notre conception de la culture et de la sociabilité, à la sécurité publique et au principe d'égalité entre hommes et femmes. Les immigrés d'origine maghrébine cristallisent une anxiété spécifique en raison de problèmes anthropologiques réels, liés à des différences de système de mœurs ou de statut de la femme.

   La question des minarets et des burkas rejoint celle de l'identité française dont les médias ont une conception bien laxiste ; à plusieurs reprises, Daniel Cohn-Bendit (qui demanda qu'on fasse revoter les Suisses !!) fut interrogé pour savoir s'il envisageait de se présenter aux présidentielles ou s'il accepterait d'être Premier Ministre, alors qu'il est de nationalité allemande.

   Dans le 3e arrondissement de Marseille, quartier Belle de Mai où j'ai un peu vécu, les femmes en burkas noires font peur aux enfants et aux personnes sensibles. Les commerçants de souche, quand il en reste, sont excédés par ce genre de clientèle qui refuse la rencontre et la sociabilité contrairement à nos usages occidentaux. Voir l'analyse d'Élisabeth Badinter.


Résolution du Comité des droits de l'homme, 25 mars 2010 :

§ 8. Strongly condemns in this regard the ban on the construction of minarets of mosques and other recent discriminatory measures, which are manifestations of Islamophobia that stand in sharp contradiction to international human rights obligations concerning freedoms of religion, belief, conscience and expression, and stresses that such discriminatory measures would fuel discrimination, extremism and misperception leading to polarization and fragmentation with dangerous unintended and unforeseen consequences;




B / Commentaire de :

Laïcité: halte au double jeu
Par HENRI PEÑA-RUIZ (Mediapart, 14 avril 2014)


[0] Maltraitée, adjectivée, caricaturée, la laïcité va si mal qu’elle en devient un thème de racolage électoral à finalité antilaïque. La faute à qui ? Un double coup de gueule s’impose. D’une part contre l’imposture véhiculée par le Front national, d’autre part contre la démission des politiques qui a rendu possible cette imposture. Expliquons-nous.

Peña-Ruiz annonce une distorsion et une instrumentalisation politique de la notion de laïcité à des fins anti-FN.

[1] Premier coup de gueule. Laïque, le Front national ? A d’autres ! Qui n’a cessé de vanter les fondements chrétiens de la civilisation occidentale et de revendiquer pour eux une reconnaissance publique évidemment discriminatoire, puisqu’elle fait silence sur les autres religions et l’humanisme athée ou agnostique? Le Front national, dans sa volonté d’opposer une civilisation à une autre et d’en vanter le particularisme exclusif. D’où l’insistance sur le thème des « racines chrétiennes » qui déracine et stigmatise tous ceux qui ne croient pas en Dieu ou croient en lui autrement. D’où une amnésie sélective et le silence sur les violences perpétrées dans l’occident chrétien, non par la religion, mais par ses clercs si zélés qu’ils ont cru pouvoir envoyer à la mort les hérétiques et« raturer le cerveau de l’humanité » (Victor Hugo dénonçant l’Inquisition).

Simple passé que tout cela ? Allons bon ! Les victimes ont changé, et les institutions cléricales ne manient plus le glaive de fer prêté par le pouvoir temporel qu'elles dominaient, comme le voulait la théorie des « deux glaives » chère à Bernard de Clairvaux, dit Saint Bernard. Reste que les femmes, les homosexuels, les athées, les francs-maçons, et bien d’autres sont encore trop souvent victimes de stigmatisation. L’avortement, la contraception, l’homosexualité, le mariage librement ouvert à tous, sont dans le collimateur du Front national, qui se range aux côtés des intégrismes pour rejeter les émancipations promues par le découplage de la loi commune et du pouvoir religieux.

[2] Ainsi Bruno Gollnisch défend l’idée d’un salaire maternel, sans doute afin que les femmes s’en tiennent à leur rôle traditionnel de femmes au foyer. Avec l'appui de la conférence des évêques allemands, il a fait échouer les propositions émancipatrices, notamment pour les femmes, de la députée portugaise Edite Estrella au parlement européen. Quant au droit élémentaire de donner la vie quand elle le décide, et non pas seulement en situation de détresse, la femme se le voit refuser par Bruno Gollnisch, qui prend à partie sur ce point la ministre des droits de la femme, Najat Vallaud-Belkacem. Drôle de laïcité que celle qui veut maintenir les préjugés patriarcaux sacralisés par les trois monothéismes!

De grâce, cessons d’accorder le label « laïques » à ceux qui n'invoquent la laïcité que pour critiquer les manifestations de l’islam et ne le font jamais pour celles du catholicisme intégriste (*), comme la Manif pour tous ! Madame Le Pen lance: « Nous n’accepterons aucune exigence religieuse dans les menus des écoles. » Soit. Alors pourquoi ne pas protester contre les menus sans viande du vendredi ? On imagine la réponse traditionnelle du Front national : « C’est notre culture, et nous sommes chez nous ! » Bref, le choc des civilisations. La référence au « chez nous » est inepte, car le “ nous ” est variété, et le « Français de souche » n’existe plus depuis belle lurette. C’est ainsi que s’insinue le geste d’exclusion, ou de discrimination. Accord troublant, sur ce point, avec le Cardinal Vingt-Trois qui écrit: « La place du christianisme dans la tradition française n’est pas la même que celle du bouddhisme ou de l’islam (…) La manière de traiter les religions doit tenir compte de leur apport historique et culturel. » La volonté de privilèges est ici explicite. Madame Le Pen ne dit pas autre chose. On ne peut approuver les ostensions religieuses catholiques sur la voie publique, tout en condamnant les prières musulmanes dans les rues. Dès lors qu'il y a trouble à l'ordre public, la laïcité implique de les interdire toutes les deux.

* Ces manifestations ne sont pas du même ordre ; il n'y a jamais d'empiètement régulier des voies publiques par les cultes chrétiens ou juif.

[3] On n’a jamais entendu le Front National s’indigner des privilèges concordataires en Alsace-Moselle, qui mettent à la charge des contribuables athées ou agnostiques les salaires des prêtres, des rabbins, et des pasteurs. Il reste également muet sur le versement de fonds publics à des écoles privées religieuses. Pourtant de tels privilèges bafouent la laïcité, qui implique l’égalité de traitement des divers croyants et des athées (*). A quand des écoles privées dont le caractère propre serait la promotion de l'humanisme athée ou maçonnique, financées par la puissance publique? Il n'est pas souhaitable de communautariser l'argent public. Mieux vaut supprimer les privilèges.

* La laïcité se définit par trois éléments : liberté de conscience + libre exercice des cultes + séparation des cultes et de la République ; le rappel du passé chrétien de l'Europe et de la France ne porte atteinte à aucun de ces éléments.

[4] Un second coup de gueule contre certains politiques plus soucieux de flatter les communautarismes que de promouvoir la laïcité et ses exigences. Le clientélisme électoral rend parfois pusillanime. Les convictions sombrent alors devant les ambitions, et ne sont plus attestées que par des hymnes incantatoires à la laïcité, accompagnées de pratiques anti-laïques. Ceux qui pratiquent ce double jeu se reconnaîtront. Ils ne font guère honneur à la politique. De quoi dégoûter les électeurs, s'ils jugent sur les actes et non sur les paroles. On encense la Loi du 9 Décembre 1905 qui interdit le financement public du culte, mais on s'arrange pour la bafouer ou la contourner à des fins électoralistes. Un exemple parmi d'autres: on ne peut se dire laïque en confondant à dessein le culturel et le cultuel pour financer le culte sur fonds publics, et bafouer ainsi le deuxième article de la loi de 1905.

Est-il pourtant si difficile à un maire de refuser d'aider les religions (*) avec l'argent public en expliquant à leurs fidèles que l'argent public doit aller au seul intérêt général? Une politique de logement social, un dispensaire de soins gratuit, un soutien scolaire gratuit, organisés par la commune, feront faire des économies à ces mêmes fidèles, voire les convaincront qu'ils n'ont rien à perdre avec la laïcité, puisque celle-ci leur permet de jouir des services publics universels, et ne laisse à leur charge que le financement de leur culte, affaire privée qui ne saurait peser sur les finances publiques.

* Est-il si difficile de dire qu'il ne s'agit que d'aider l'islam ?

Louer un terrain destiné à un lieu de culte pour un euro symbolique par an, c'est appauvrir la commune et par conséquent nuire au bien commun. L'argent ainsi perdu est autant de moins pour les services d'intérêt général. Quant aux cantines publiques, leur seul devoir est de servir des repas diététiques équilibrés, non de respecter les interdits religieux. D'ailleurs le choix entre deux plats principaux relevant d'une telle exigence peut y être généralisé.

[5] Ceux des politiques qui renoncent à faire respecter les lois laïques compromettent la vertu civique en faisant croire qu'il peut y avoir des droits sans devoirs. Aujourd'hui ils assistent effarés à un effet déplorable dont ils sont pourtant la cause. Ils aiment alors brouiller les cartes en affublant la laïcité d’adjectifs destinés à l’édulcorer : « ouverte », « plurielle », « inclusive », etc. Confusion. Parle-t-on de république « ouverte » ? De justice « ouverte », d'égalité « ouverte »? Non bien sûr. Ce recours aux qualificatifs est à l'évidence une tentative de disqualification de la laïcité. Et il aide les politiques opportunistes à travestir leur vénalité en réalisme. La laïcité en ressort affaiblie, et les faiseurs de mensonges renforcés. Ainsi s'ouvre un boulevard à la caricature de laïcité que pratique le FN.

La laïcité est une condition du vivre ensemble, donc une exigence. Il faut avoir le courage de l'affirmer, de la promouvoir par des actes, au lieu de se vendre en achetant les voix des électeurs, et d'en faire cadeau à l'extrême droite.

Henri Peña-Ruiz, dernier ouvrage paru : Dictionnaire amoureux de la laïcité, Paris : Plon, 2014.

jeudi 24 décembre 2020

INDEX NIETZSCHE (11/16) : LA SEXUALITÉ



Pour Nietzsche et l'amour grec, cliquez ici.


Fragments posthumes, 1872-1877,
P I 20b, été 1872 – début 1873 : [11] : " L’instant de connaissance sans discernement vaut l’instinct sexuel aveugle – signes de vulgarité ! "

U III 1, été 1875 : le plaisir sensuel inférieur est régi par la loi du changement. Cf Molière, Don Juan, acte I, scène 2 : " Tout le plaisir de l'amour est dans le changement. ")

N II 1, 1876 : l’illusion de l’instinct sexuel est périodiquement incurable

U II 5c, octobre-décembre 1876 : illusion de l’instinct sexuel : filet qui, déchiré, se ravaude toujours spontanément

Mp XIV 1b, fin 1876 - été 1877 : 23[34] : " Grâce à Éros, deux êtres ont mutuellement du plaisir : comme tout différemment on verrait sans lui ce monde d’envie, d’angoisse et de discorde ! " [Die Welt ohne Eros. — Man bedenke, dass, vermöge des Eros, zwei Menschen an einander gegenseitig Vergnügen haben: wie ganz anders würde diese Welt des Neides der Angst und der Zwietracht ohne diess aussehen!]


Humain, trop humain 1 (1878, 1886),
III, § 141 : les chrétiens ont engendré leurs enfants avec mauvaise conscience [cf François Mauriac]
IV, § 212 : la satisfaction du besoin entraîne une accalmie et une dépression momentanée de l’instinct
§ 214 : les hommes ont vu une divinité dans la pulsion aphrodisiaque.


Opinions et sentences mêlées, 1879, 1886,
§ 95 : les êtres d’une sexualité sublimée ont trouvé ce qu’il leur fallait dans le christianisme


Le Voyageur et son ombre, 1879, 1886,
§ 5 : mensonge qui parle de la procréation comme du but véritable de toute volupté.
§ 197 : " Fines pointes et fines dentelles— La médiocre fécondité, le célibat fréquent et, d'une manière générale, la froideur sexuelle des esprits les plus hauts et les plus cultivés, tout comme des classes dont ils font partie, sont chose essentielle dans l'économie de l'humanité ; la raison reconnaît et fait usage de ce qu'à un point extrême de l'évolution intellectuelle le danger d'une descendance nerveuse est très grand : de tels êtres sont les pointes fines de l'humanité, — ils ne doivent pas se prolonger en dentelles encore plus fines. " [Spitzen und Spitzchen. — Die geringere Fruchtbarkeit, die häufige Ehelosigkeit und überhaupt die geschlechtliche Kühle der höchsten und cultivirtesten Geister, sowie der zu ihnen gehörenden Classen, ist wesentlich in der Oekonomie der Menschheit; die Vernunft erkennt und macht Gebrauch davon, dass bei einem äussersten Puncte der geistigen Entwickelung die Gefahr einer nervösenNachkommenschaft sehr gross ist: solche Menschen sind Spitzen der Menschheit, — sie dürfen nicht weiter in Spitzchen auslaufen.]


Fragments posthumes, 1879-1880,
N IV 3, juillet-août 1879 : 42[16] : " Quand on se donne pleinement à un travail physique ou intellectuel, la pulsion sexuelle est très réduite. Une activité modérée est profitable sous un seul point de vue. " [Bei körperlicher oder geistiger Vollarbeit ist der Geschlechtstrieb gering. Eine mäßige Arbeitsamkeit in Einer Hinsicht förderlich.] [Cf H. C. Varey, Lehrbuch der Volkswirtschaft und Sozialwissenschaft]

N V 2, printemps 1880 : les hommes violemment sensuels n’atteignent la pleine possession de leur puissance intellectuelle que dans le reflux apaisé de leurs nerfs : cela donne à leur production son caractère mélancolique.

M II 1, printemps 1880 : La nature utilise le cerveau pour rendre une fonction plus facile au bas-ventre, et inversement.

N V 4, automne 1880 : [7] : souvent un instinct est mal compris, interprété de travers, par ex. l’instinct sexuel, la faim, l’amour de la gloire.
[53] : l’excitation sexuelle croissante entretient une tension qui se libère en un sentiment de puissance : vouloir dominer – marque des hommes les plus sensuels
[55] : Il faut séparer l’excitation aphrodisiaque des conséquences de sa satisfaction pour la propagation de l’espèce : l’expression "pulsion sexuelle" renferme un préjugé.
[57] : le plaisir ressenti à s’abandonner est peut-être féminin – et les deux sexes sont capables des deux sortes de sentiments, avec une prédilection particulière pour l’un d’eux.
[141] : l’instinct sexuel n’a aucun rapport nécessaire avec la procréation
[145] : le désir sexuel n’a rien à voir avec la propagation de l’espèce !
[155] : l’instinct sexuel fait avancer l’individuation à grands pas : important pour ma morale, car il est antisocial et nie l’égalité universelle et l’égale valeur d’homme à homme. C’est le type de la passion individuelle, c’en est le grand éducateur
[164] l’instinct sexuel écarte les hommes des autres hommes, c’est un égoïsme furieux [cf Freud]
[394] : l’amour de Dieu pour l’homme est une divagation de la pensée d’hommes menant une existence asexuée, une telle idée ne pouvait pas effleurer le monde antique.

N V 6, fin 1880 : [8] : le tourment du désir n’a rien en soi de si terrible quand on ne le tient pas pour quelque chose de mauvais.
[242] : Platon a décrit l’instinct de connaissance comme un instinct aphrodisiaque idéalisé.
[255] : une habitude très prolongée et très stricte finirait par fourvoyer l’instinct sexuel : car il est très loin de poursuivre une finalité inconsciente en faveur de la génération.

Aurore (1881, 1887),
I, § 76 : Shakespeare, accablés par le christianisme, dans ses sonnets [la majorité de ces sonnets (18 à 126) sont écrits à l'attention d'un jeune homme et expriment l'amour du poète pour lui.]. On ne rencontre pas si souvent des dispositions aussi bienveillantes dans la nature ! diabolisation d’Éros, menées secrètes de l'Église en matière érotique ; importance exagérée accordée à l’histoire d’amour.
II, § 109 : six méthodes pour combattre sa violence [cf les cinq moyens de Rabelais, Tiers Livre, XXXI : vin pris intempéramment - certaines drogues et plantes - labeur assidu - fervente étude - l'acte vénérien) :
Éviter les occasions, implanter la règle dans l’instinct, provoquer la satiété et le dégoût, établir une liaison avec une idée torturante, la dislocation des forces, l’affaiblissement et l’épuisement général.

Fragment posthume, 1881,
M III 1, printemps-automne 1881 : [127] : Curieuse activité de l’intellect ! sous l’impulsion sexuelle une personne en convoite une autre en tant que le moyen de se débarrasser de sa semence ou de féconder l’ovule de l’éventuelle partenaire. C’est précisément cela qu’ignore l’intellect : il se demande : pourquoi cette convoitise ?

Le Gai Savoir (1882, 1887),
I, § 14 : c’est l’amour des sexes qui se trahit le plus nettement comme impulsion à posséder un bien propre 
Cupidité et injustice sauvages de l’amour sexuel

Fragments posthumes, 1881-1885,
M III 1, printemps-automne 1881 : [124] : impulsion sexuelle susceptible d’une haute sublimation par l’intellect ; Platon entend que l’amour de la connaissance et de la philosophie serait une impulsion sexuelle sublimée [Banquet, 207-212 ; en fait, une impulsion homosexuelle sublimée]

M III 5, automne 1881 : [16] : les esprits supérieurs ne sont pas assez zélés dans les choses érotiques [cf Montaigne, " ce qu'on voit par expérience, que les plus grossiers et plus lourds sont plus fermes et plus désirables aux exécutions amoureuses, et que l'amour d'un muletier se rend souvent plus acceptable que celle d'un galant homme " Essais, II, xii,491]

M III 4a, automne 1881 : [46] : L’humanité se serait éteinte, si l’impulsion sexuelle n’avait un caractère aussi aveugle, imprudent, prompt, irréfléchi. En soi sa satisfaction n’est absolument pas liée à la propagation de l’espèce. Il est si indiciblement rare que le coït réponde à l’intention de la propagation !

Z I 1, automne 1882 : [1] : 275. Le niveau et la forme de la sexualité d’un être humain pénètrent son esprit jusqu’à son sommet.

Z I 2c, automne 1885 : [1] : croyance de Platon que même la philosophie serait une manière de sublime instinct sexuel et de reproduction.

Par-delà Bien et Mal (1886),

IV "Maximes et interludes", § 75 : " Dans un être humain, le degré et la nature de la sexualité se répercutent jusque dans les plus hautes régions de l’esprit. "
§ 85 : "Les mêmes passions ne manquent pas d'avoir un rythme différent chez l'homme et chez la femme : c'est pourquoi, entre eux, les malentendus n'ont pas de fin." 
§ 114 : "L'attente de l'amour charnel, l'espoir disproportionné qu'elle fait naître et la pudeur dont elle s'entoure, faussent d'avance tout l'optique des femmes."
§ 120 : "La sensualité croît souvent plus vite que l'amour, de sorte que sa racine reste faible et s'arrache facilement."
§ 131 : "Les sexes se trompent l'un sur l'autre, ce qui fait que chacun n'aime et ne respecte au fond que lui-même (ou son propre idéal, pour le dire plus courtoisement). L'homme souhaite une femme paisible ; mais la femme, comme le chat, est essentiellement le contraire, si soigneusement se fût-elle exercée à se donner l'apparence d'une paisible."
§ 141 : " C'est la partie de son corps qui est au dessous de la ceinture qui fait que l'homme [der Mensch] ne se prend pas si facilement pour un dieu. "
§ 144 : " Lorsqu'une femme montre du goût pour la science c'est ordinairement le signe que quelque chose cloche dans sa sexualité. La stérilité déjà prédispose à une certaine virilité du goût ; l'homme [der Mann] est en effet, révérence parler, "l'animal infécond". — "
§ 145 : " Si on compare en gros l'homme et la femme, on peut dire que la femme n'aurait pas le génie de la parure si elle ne se savait d'instinct réservée au second rôle. "
IV " Maximes et interludes ", § 153 : "Ce qui est fait par amour s'accomplit toujours par-delà bien et mal [Was aus Liebe getan wird, geschicht immer jenseits von Gut und Böse]."
Par-delà Bien et Mal (1886), IV " Maximes et interludes ", § 168 : " Le christianisme donna du poison à boire à Éros : il n'en mourut pas, mais dégénéra en vice. " [Das Christenthum gab dem Eros Gift zu trinken: — er starb zwar nicht daran, aber entartete, zum Laster.]

V " Contribution à l'histoire naturelle de la morale ", § 189 : " C’est justement au cours de l’ère chrétienne de l'Europe, et sous la pression des jugements de valeurs du christianisme, que la pulsion sexuelle s’est sublimée en amour, en amour-passion. "


La Généalogie de la morale (1887),
III, § 8 : les rapports sexuels sont nuisibles dans les états de grande tension et de grande préparation intellectuelles.


Fragments posthumes, 1887-1888,
Mp XVII 3c, été 1887 : [1] : l’aspiration à l’art et à la beauté est une aspiration indirecte aux extases de l’instinct sexuel qui les transmet au cerebrum

W II 1, automne 1887 : [102] : la pulsion sexuelle, l’ivresse, la cruauté appartiennent à la plus ancienne allégresse de la FËTE chez les hommes.

W II 2, automne 1887 : [53] : Plus naturelle est notre haute société, celle des riches, des oisifs ; on se pourchasse les uns les autres, l’amour sexuel y est une sorte de sport auquel le mariage fournit l’obstacle et l’excitant : on se divertit et on ne vit que pour le plaisir.

W II 3, novembre 1887 – mars 1888 : [35] La sexualité, l’envie de dominer, le plaisir de l’apparence et de l’imposture, la grande et joyeuse reconnaissance à l’égard de la vie et de ses situations typiques  – voilà qui est essentiel dans le culte païen et qui a pour soi la bonne conscience

W II 5, printemps 1888 : [106] : Prescriptions pour le jeune théologien
[117] : Beyle [Stendhal] et Flaubert ont recommandé la chasteté aux artistes, dans l’intérêt de leur art.
[157] : la débauche ne peut être reprochée qu’à celui qui n’y a pas droit ; et presque toutes les passions ont mauvaise réputation à cause de ceux qui ne sont pas assez forts pour les tourner à leur avantage

Fragments posthumes, octobre 1888 : [2] : C’est une seule et même énergie que l’on dépense dans la conception artistique et dans l’acte sexuel : il n’y a qu’une espèce d’énergie. Succomber en cela, se gaspiller en cela, c’est, pour un artiste, une trahison. [cité par André Gide]

W II 9c, octobre-novembre 1888 : [1] 9. : Il a fallu le christianisme pour faire de la sexualité une saleté.


L’Antéchrist (1888, 1895),
Loi …, article 4 : "Prêcher la chasteté est une incitation publique à la contre-nature.  Mépriser la vie sexuelle, la souiller par la notion d’ « impur », est le vrai péché contre l’esprit sain de la vie."

Le Crépuscule des Idoles (1889),
" Divagations d’un ‘inactuel’ ", § 22 : thèse de Platon : toute beauté excite à la procréation
" Ce que je dois aux Anciens ", § 4 : le symbole sexuel était pour les Grecs le symbole vénérable en soi, le vrai sens caché dans toute la piété de l’Antiquité.
" Il a fallu le christianisme, avec son ressentiment systématique contre la vie, pour faire de la sexualité quelque chose d'impur : il a couvert de boue l'origine, la condition première de notre vie... " [Erst das Christenthum, mit seinem Ressentiment gegen das Leben auf dem Grunde, hat aus der Geschlechtlichkeit etwas Unreines gemacht: es warf Koth auf den Anfang, auf die Voraussetzung unseres Lebens…]

Ecce Homo (1908),
" Pourquoi j'écris de si bons livres " § 5 : « — A-t-on su entendre ma définition de l'amour ? C'est la seule qui soit digne d'un philosophe. L'amour — dans ses moyens, la guerre ; dans son principe, la haine mortelle des sexes.   A-t-on entendu ma réponse à la question : comment guérir une femme, la "sauver" ? On lui fait un enfant. La femme a besoin d'enfants, l'homme n'est jamais qu'un moyen : ainsi parlait Zarathoustra. » [— Hat man Ohren für meine Definition der Liebe gehabt? es ist die einzige, die eines Philosophen würdig ist. Liebe — in ihren Mitteln der Krieg, in ihrem Grunde der Todhass der Geschlechter. — Hat man meine Antwort auf die Frage gehört, wie man ein Weib k u r i r t — „erlöst“? Man macht ihm ein Kind. Das Weib hat Kinder nöthig, der Mann ist immer nur Mittel: also sprach Zarathustra.]

" Pourquoi je suis un destin ", § 7 : On enseigne encore à ressentir la condition première de la vie, la sexualité, comme quelque chose d’impur.

lundi 19 octobre 2020

VIOLENCE, FEU ET ANATHÈMES DANS LE CORAN



Et : 


Caricature danoise N° 7 (sur 12)


Consulat américain à Benghazi, 12 septembre 2012

« Nous avons préparé pour les coupables un feu dont les flammes les envelopperont. S’ils crient au secours, nous les secourrons avec une eau comme du bronze en fusion pour leur brûler la face. »
Sourate XVIII (la caverne), verset 29. [On pourrait appeler cela le verset du 11/9]

Karl Marx (1818-1883), New-York Herald Tribune, 15 avril 1854 :
"Declaration of War. – On the History of the Eastern Question, London, Tuesday, March 28, 1854" :
« Le Coran et la législation musulmane qui en résulte réduisent la géographie et l’ethnographie des différents peuples à la simple et pratique distinction de deux nations et de deux territoires ; ceux des Fidèles et des Infidèles. L’Infidèle est "harby", c’est-à-dire ennemi. L’islam proscrit la nation des Infidèles, établissant un état d’hostilité permanente entre le musulman et l’incroyant. Dans ce sens, les navires pirates des États Berbères furent la flotte sainte de l'Islam. Comment, donc, l'existence de chrétiens sujets de la Porte [l'empire turc] peut-elle être conciliée avec le Coran ? »

* * * * *

A / Traductions de Malek Chebel, Jean Grosjean, Denise Masson, Édouard Montet, Albert Félix Ignace et Biberstein Kasimirski.
B / Au nom d’Allâh le Miséricordieux plein de miséricorde.

Voir aussi Extraits du Coran sur le site de l’Union des Athées.

* * * * *

A / Traductions de Malek Chebel, Jean Grosjean, Denise Masson, Édouard Montet et Albert Félix Ignace de Biberstein Kasimirski.

N.B. Ces références sont faites d’après :

1 : l’édition en collection Points Sagesses, au Seuil, en 1998 (réimpression de juin 2001) ; traduction de Jean Grosjean pour les Éditions Philippe Lebaud, 1979. Réédité en 2004.

2 : l’édition en collection PBP, chez Payot, en 2001 ; traduction d’Édouard Montet en 1958.

3 : l’édition en collection Folio classique chez Gallimard, en 2001 : traduction de Denise Masson en 1967.

4 : l'édition Fayard, en 2009 : traduction de Malek Chebel en 2009.

5 : L'édition Seuil en 2010 :  traduction d'Albert Félix Ignace de Biberstein Kasimirski (première publication en 1840).

J'entends dire trop souvent que le Coran serait systématiquement mal traduit en français, voire intraduisible. Cet argument est difficilement recevable car il relève de l'immense mauvaise foi des croyants musulmans, comme si leur culture était supérieure à la culture occidentale, et leur langue ineffable !! ... J'ai pris grand soin de consulter plusieurs traductions, et j'ai signalé les variantes quand elles étaient significatives.

Au demeurant, j'aimerais bien que l'on me propose, le cas échéant, de meilleures traductions pour les passages concernés, si elles sont contestées.


B / Au nom d’Allâh le Miséricordieux plein de miséricorde.
(répété au début de chacune des 114 sourates)

« Cette combustion (ou le feu) d’hommes et de pierres prête pour les incroyants (ou les incrédules, les infidèles). »
Sourate II (la vache, ou la génisse, Médine), verset 22 ou 24 (suivant les éditions).

« Les incrédules, qui traiteront nos signes de mensonge, seront les hôtes (ou les compagnons) du Feu (de l'Enfer). »
II, 37 ou 39.

« Allâh maudisse les incroyants. »
II, 83 ou 89.

« Aux incroyants la honte du tourment (ou un supplice ignominieux). »
II, 84 ou 90.

« Aux incroyants l’affreux tourment (un châtiment douloureux). »
II, 98 ou 104.

« Je précipiterai l’incrédule dans le châtiment du feu . Quelle affreuse fin (pour lui) ! »
II, 120 ou 126.

« Ne dites pas que ceux qui sont tués sur le sentier d’Allâh sont morts. Non. Ils vivent et vous ne vous en doutez pas. »
II, 149 ou 154.

« Ceux qui troquent le chemin et le pardon contre l’erreur et le tourment, comment vont-ils endurer le feu ? »
II, 170 ou 175.

« Allâh n’aime pas l’incroyant (ou le pécheur incroyant) et le pécheur impie. »
II, 276 ou 277.


« Les incroyants, je les tourmenterai terriblement (ou je le punirai d’un châtiment cruel) en cette vie et dans l’autre et ils seront sans recours (sans défenseurs). »
III (la famille d’Amram, Médine), 49 ou 56.

« Quiconque cherche une autre religion que l’Islam ne sera pas accepté, et dans la vie dernière il sera parmi les perdants. »
III, 79 ou 85.

« Qu’Allâh éprouve ceux qui croient et détruise (ou fasse disparaître) les incroyants. »
III, 135 ou 141.

« Nous valoriseront ceux qui croient et jetterons l’effroi dans le cœur des incroyants. »
III, 144 ou 151.

« Ceux qui ont été tués sur le sentier d’Allâh, ne les crois pas morts. Ils vivent près de leur Seigneur, ils ne manquent de rien (ils seront gratifiés). »
III, 163 ou 169.

« Les incroyants vont et viennent dans le pays, mais ne t’y  trompe pas, piètre est leur joie, et leur refuge sera la géhenne (ou leur demeure sera l’Enfer). »
III, 196 ou 196-197.


« Nous tenons prête pour les incroyants la honte du tourment (ou une peine ignominieuse). »
IV (les femmes, La Mecque), 37 ou 41.

« Ceux qui ne croient pas à nos versets (ou à nos signes), nous les pousseront au feu. Chaque fois que leur peau sera brûlée (bien cuite), nous leur donnerons une autre peau pour qu’ils goûtent le tourment (de façon à leur faire sentir le dur châtiment). »
IV, 56 ou 59.

« Ceux qui troquent cette vie contre l’autre, qu’ils combattent au sentier d’Allâh. Et ceux qui combattent au sentier d’Allâh, s’ils sont tués ou s’ils sont vainqueurs, nous leur donnerons un salaire sans borne (une récompense immense). »
IV, 74 ou 76.

« Ne prenez pas d’amis (ou de patrons) chez eux [les hypocrites] avant qu’ils émigrent dans le sentier d’Allâh. S’ils tournent le dos, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviez. Ne prenez parmi eux ni protecteur ni aide. »
IV, 89 ou 91.

« S’ils ne se tiennent pas à l’écart, s’ils ne se rendent pas à vous et ne déposent pas les armes, saisissez-les, tuez-les où que vous les trouviez. Nous vous donnons tout pouvoir sur eux. »
IV, 91 ou 93.

« Un croyant ne doit pas tuer un croyant, sauf par erreur (méprise). »
IV, 92 ou 94.

« Allâh tient prêt pour les incroyants la honte du tourment (ou un supplice ignominieux). »
IV, 102 ou 103.

« Nous tenons prête pour les incroyants la honte du tourment (ou un supplice ignominieux). »
IV, 150 ou 151.


« Les incroyants qui nient nos versets (ont traité nos signes de mensonges) seront les hôtes de la fournaise (ou les compagnons de l’Enfer). »
V (la table servie, Médine), 10 ou 13.

« Les incroyants qui nient nos signes (ont traité nos signes de mensonges) seront les hôtes de la fournaise (ou les compagnons de l’Enfer). »
V, 86 ou 88.


« Oui, les incroyants (les infidèles) auront le tourment (le châtiment) du feu. »
VIII (le butin), 14.

« Vous ne les avez (aurez) pas tués, c’est Allâh qui les a tués. Quand tu lançais, ce n'est pas toi qui le lançais, c'était Dieu, pour éprouve le fidèles par une belle épreuve. »
VIII, 17.

« Les pires bêtes (la pire engeance), aux yeux d’Allâh, sont les incroyants qui s’entêtent à ne pas croire. »
VIII, 55.


 Vous n'échapperez pas à Allah, car Allah humilie les incroyants. »
IX (la repentance), 2.


« Annonce aux incroyants l’affreux tourment. Les incroyants avec qui vous avez fait un pacte et qui ne vous ont pas fait tort et n’ont aidé personne contre vous, eh bien respectez ce pacte jusqu’à son terme car Allâh aime les fidèles. Une fois passés les mois sacrés, tuez les incroyants où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez les, dressez leur des embuscades. S’ils se repentent, font la prière, acquittent l’aumône, laissez-leur le champ libre, car Allâh pardonne, il a pitié. »
IX, 3-5.

« Combattez-les (massacrez-les), Allah les torture (punira) par vos mains et leur fera honte (les couvrira d’ignominie). »
IX, 14

« Croyants, quand on vous dit : au combat dans le sentier d’Allâh ! pourquoi rester cloués au sol ? Aimez-vous mieux cette vie que l’autre ? »
IX, 38.

« Celui qui s'oppose à Allah et à Son prophète recevra en rétribution le feu de la géhenne. »
IX, 63


« Allâh a promis aux hypocrites, hommes et femmes, et aux incroyants (infidèles) le feu de la géhenne. »
IX, 68.

« L’affreux tourment frappera ces incroyants. »
IX, 90.

« Allâh achète aux croyants leur âme et leurs biens pour qu’ils aient le jardin. Ils combattent dans le sentier d’Allâh. Ils tuent ou sont tués. »
IX, 111.

« Croyants, combattez les incroyants qui sont dans vos parages et qu’ils vous trouvent durs. »
IX, 123.

« Pour les incrédules, boisson brûlante (ou le breuvage de l’eau bouillante) et châtiment douloureux, parce qu’ils n’ont pas cru. »
X (Jonas), 4.

« Ceux qui ne croient pas aux versets d’Allâh, il ne les guide pas, ils auront l’affreux tourment (un châtiment douloureux). »
XVI (les abeilles), 104.

« Nous avons préparé pour les coupables un feu dont les flammes les envelopperont. S’ils crient au secours, nous les secourrons avec une eau comme du bronze en fusion (du métal fondu) pour leur brûler la face. »
XVIII (la caverne), 29. [On pourrait appeler cela le verset du 11/9]

« Les incroyants arguent de l’erreur pour rejeter la vérité. Ils se moquent de nos signes et de nos avertissements. »
XVIII, 56.

« Nous avons préparé la géhenne comme lieu commun à tous les infidèles. »
XVIII, 102.

« Ah ! si les incroyants connaissaient le moment où ils ne pourront soustraire au feu leur face ni leur dos, car ils seront sans recours. »
XXI (les prophètes), 39.

« On taillera des vêtements de feu pour les incroyants, on leur versera de l’huile bouillante sur la tête. »
XXII (le pèlerinage), 19.

« Ceux qui s’efforcent d’abolir nos signes (ou nos versets) : voilà ceux qui seront les hôtes de la fournaise. »
XXII, 50 ou 51.

« Les croyants continueront d’en douter jusqu’à la venue de l’heure soudaine, quand leur viendra le tourment d’un jour dévastateur (le jour de l'extermination les atteindra). »
XXII, 55.

« Ils nient l’heure, mais nous avons préparé un brasier pour ceux qui nient l’heure. Quand le brasier les apercevra, ils l’entendront mugir et siffler. »
XXV (le critère), 11-12. On pourrait dire : verset du 11/9.

« N’écoute pas les incroyants, combats-les rudement avec ce Coran. »
XXV, 52.

« Le jardin sera rapproché des fidèles et la fournaise se montrera aux égarés. »
XXVI (les poètes), 90-91.

« Les incroyants qui nient nos signes et la rencontre de l’autre vie seront dans le tourment. »
XXX (les Romains), 16.

« Allâh maudit les incroyants, il leur a préparé un brasier. »
XXXIII (les ligues), 64.

« L’incroyance des incroyants ne fait qu’accroître l’horreur qu’Allâh avait d’eux. »
XXXV (le créateur), 39.

« Malheur aux incroyants, à cause du feu. »
XXXVIII (çâd), 27

« Ils auront un nuage de feu sur eux et sous eux. »
XXXIX (les groupes), 16.

« Les incroyants auront le grand tourment. »
XLII (la délibération), 26.

« Les incroyants profitent, ils mangent comme des bestiaux, mais ils auront le feu pour logis. »
XLVII (Mahomet), 12.

« Nous avons préparé un brasier pour les incroyants. »
XLVIII (la victoire), 13.

« On vous lancera du feu et du bronze en fusion et vous serez sans recours. »
LV (le Miséricordieux), 35. On pourrait dire : verset du 11/9.

« Ceux qui ont nié nos versets seront les hôtes de la fournaise. »
LVII (le fer), 19.

« Aux incroyants l’affreux tourment. »
LVIII (la plaidoirie), 4.

« Les incroyants qui ont nié nos versets seront pour toujours les hôtes du feu. Mauvais avenir. »
LXIV (la duperie réciproque), 10.

« Noé dit : Seigneur, ne laisse pas d’incroyants circuler sur Terre, car si tu les laisses, ils égareront tes esclaves et n’engendreront que des pervers sans foi. »
LXXI (Noé), 26-27.

« Pour les incroyants, nous avons préparé chaînes, carcans et brasier. »
LXXVI (l’homme), 4.

« Les incroyants, qu’ils aient le livre ou qu’ils ajoutent des dieux, iront dans le feu de la géhenne et y seront pour toujours. Ce sont les pires des humains. »
XCVIII (la preuve), 6.

« Dis : vous les incroyants, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. Non, je n’adore pas ce que vous adorez et vous n’adorez pas ce que j’adore. A vous votre religion, à moi la mienne. »
CIX (les incroyants), 1-6.


N.B. Ces références sont faites d’après :

1 : l’édition en collection Points Sagesses, au Seuil, en 1998 (réimpression de juin 2001) ; traduction de Jean Grosjean pour les Éditions Philippe Lebaud, 1979. Réédité en 2004.
2 : l’édition en collection PBP, chez Payot, en 2001 ; traduction d’Édouard Montet en 1958.
3 : l’édition en collection Folio classique chez Gallimard, en 2001 : traduction de Denise Masson en 1967.
4 : l'édition Fayard, en 2009 : traduction de Malek Chebel en 2009.
5 : L'édition Seuil en 2010 :  traduction d'Albert Félix Ignace de Biberstein Kasimirski (première publication en 1840).




mercredi 17 juin 2020

DONO (Don Sauveur PAGANELLI)

Mon grand-oncle Don Sauveur Dominique Antoine Paganelli, Dono pour les intimes (déformation du corse Donu), né le 4 août 1888 (acte n° 17) à 4 heures du matin à Sainte-Lucie-de-Tallano, canton de ce nom, Corse (actuelle Corse-du-Sud), décédé le 19 juin 1979 (acte n° 390) à 12 heures 30 avenue Napoléon III, à Ajaccio (Corse-du-Sud).Il fut universitaire, haut fonctionnaire et essayiste.


A / Généalogie
B / Biographie
C / Ouvrages publiés
D / Bibliographie



A / Généalogie :

Ses parents :
 - Marc Marie Paganelli, né à Sartène (Corse-du-Sud) le 6 juillet 1866 (vue 81D/143), commis auxiliaire puis employé des Postes et Télégraphes, puis comptable et fondé de pouvoir, et

 - Marie Françoise Orsatti, née à Ghisoni (Haute-Corse) le 4 octobre 1862, sans profession.
Marc Marie Paganelli était fils d'Antoine Marc Paganelli, laboureur et journalier, et d'Angèle Marie Olivieri, ménagère.
 - Mariage AM Paganelli x AM Oliviéri le 12 février 1866 à Sartène.


Antoine Marc (Anton Marco) Paganelli (1) né à Foce (Corse-du-Sud, arrondissement de Sartène, canton de Sartenais-Valinco) le 15 octobre 1829 (vue 69D/183), laboureur-journalier, fils de
 - feu Michel Paganelli décédé à Foce le 26 mai 1858 et de - feue Angèle Marie, décédée à Foce le 2 juin 1858,
ET
Angèle Marie Olivieri, née à Zérubia, canton de Scopamèna, arrondissement de Sartène, le 8 mars 1827 (vue 76G/237), fille de
 - Louis Olivieri, né en 1790, décédé à Zérubia le 15 mars 1829 (vue 96G/237) et de - Marie Félicité née Tramoni, née à Molo hameau de Sartène en 1791, décédée à Zérubia le 4 septembre 1854 (vue 44/126).
en présence des nommés Olivieri Alphonse 55 ans [né en 1811] propriétaire, frère de l'épouse et Paganelli Charles 42 ans frère de l'époux.


1. Secondes noces le 21 novembre 1877 à Sartène (vues 93D-94/150):
Paganelli Paul Marie, 28 ans, né dans la commune de Foce le 4 janvier 1850 (vue 100G/117), laboureur, fils majeur
 - du nommé Paul Marie Paganelli dit Antoine Marc, né vers 1825, journalier domicilié à Sartène, et de
 - feue Anne Marie née Andréani, née vers 1825
ET
la demoiselle Andréani Blanche Marie, 24 ans, née dans le courant du mois de novembre 1854 à Saint Michel territoire de Sartène, bergère, fille de
 - Paul Noël Andréani et de
 - Marie Angéline Alfonsi.

en présence de Paganelli Michel 24 ans frère de l'époux, Andréani Pierre Marie, 35 ans, frère de l'épouse.

Marie Françoise Orsatti était la fille de Don Sauveur Orsatti (d'où le prénom de mon grand-oncle), né en 1822 à Sainte-Lucie-de-Tallano,
(fils légitime de Orsatti Jean Augustin et de Marie Françoise Quilichini),
maréchal des logis de gendarmerie à pied, décédé à Sainte-Lucie-de-Tallano le 8 septembre 1870 (vue 217D-218G/229), et d'Angèle Marie Filippi, propriétaire, demeurant à Sainte-Lucie-de-Tallano.

Mariage MM Paganelli x MF Orsatti le 18 avril 1887 à Sartène (Corse-du-Sud), acte N° 10.


Village natal du grand-oncle Dono,
Sainte-Lucie-de-Tallano (Corse-du-Sud)


B / Biographie :

Études au collège Rollin (devenu depuis lycée Jacques-Decour) de Paris et à la Faculté de lettres (Sorbonne) de Paris. 

1908 :


Mariage le 11 juillet 1919 à Paris IIIe arrondissement à trois heures du soir avec la sœur unique de ma grand-mère corse Marie Madeleine, Jacqueminette Baptistine Olivieri (née le 24 juin 1895 à Ajaccio, sans profession, décédée le 18 janvier 1984 à Ajaccio.), " Tantine " pour les intimes. Ils n'ont pas eu d'enfants.
Témoins du mariage :
Louis Ornano, 59 ans, chef de service dans une compagnie d'assurances, oncle de l'époux ;
Alphonse Olivieri, 29 ans, interne en médecine, cousin de l'épouse ;
Édouard Éon, 47 ans, carrossier, beau-frère de l'épouse ;
Paul Olivieri, 30 ans, inspecteur au Contentieux du Phénix espagnol, cousin de l'épouse.

Domicile parisien : rue d'Orsel, 18e, puis Bd du Temple, 3e. Agrégé de lettres classiques, il fut notamment professeur délégué au lycée Charlemagne à Paris en 1919 puis au lycée de Reims (Marne) jusqu'en 1922, inspecteur d'académie du Gard, et inspecteur général (lettres) de l'Enseignement secondaire.

Il fut aussi résistant (contact dès décembre 1942, action individuelle jusqu'en janvier 1944, entre alors au Front national), puis il fut le 56e préfet du Gard : d'abord désigné dans la clandestinité par le MLN et le Front national pour occuper ces fonctions, puis nommé par le général de Gaulle à la Libération, du 25 août 1944 jusqu'à sa démission le 1er février 1946 ; il participa assez activement à l'Épuration.

« Il fallait faire vite, aussi a-t-on improvisé, et les groupes de résistance, les F.F.I., la police, chacun pour son compte, ont arrêté ou libéré suivant leurs tendances et leurs vues strictement personnelles. » Rapport au ministre de l'Intérieur, début octobre 1944, cité dans Henri Amouroux, La Grande histoire des Français après l'Occupation, tome 9, pages 250-251.



Une rue de Nîmes porte son nom depuis juin 1994.
Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 08/11/1920 avec prise de rang le 16/06/1920 sur proposition du Ministère de la Guerre, en qualité de lieutenant hors cadres.
Officier par décret du 19/05/1924 avec prise de rang le 28/02/1947
Commandeur par décret du 02/03/1947, sur proposition du ministère de l'Éducation Nationale en qualité d'inspecteur général de l'enseignement du second degré.

Il fut président de l'Académie de Nîmes en 1945, 1654 et 1960 :
Bulletin des séances, Séance du 2 février 1945

Séance du 16 novembre 1945 :
Procédant à la réception de M. Dupont, M. le Préfet Paganelli s'exprime ainsi :
Monsieur, « Souffrez, dès l'abord, ce vocable protocolaire et froid, que le frère doit dire au frère et l'ami à son ami, dans une réception comme celle-ci et souffrez aussi que, sans attendre, je déclare, dès le début de cette trop modeste allocution, tout l'attachement que je vous ai, — discret, profond et de longue date. Vous rappelez-vous, en Alès, certaine matinée d'il y a. vingt ans, — guère moins, — où un jeune professeur de talent, d'une élégante distinction, à la ,parole simple, aisée, au regard clair et lumineux, à la ferveur contenue mais communicative, faisait gravir à de jeunes lycéens, dans un enthousiasme appollinien, aux flancs de l'Acropole, les hauteurs du Parthénon ? Par un privilège dont, jamais, plus que ce jour-là, je n «ai apprécié la faveur, j'étais à vos côtés, rajeuni, et de cette heure ensoleillée date notre connaissance. Nous nous sommes retrouvés plus voisins et plus familiers à Nimes ; j'y ai suivi des yeux et du cœur votre ascension universitaire et, avec tous ceux que le vrai, que le rare mérite enchante et satisfait pleinement, ainsi qu'une victoire de l'homme sur la fortune, je me suis félicité de vous voir monter, vous la modestie par excellence, à votre place, la première, dans une chaire de l'Enseignement Supérieur, tout comme je me félicite et comme nous nous honorons tous de vous accueillir au sein de notre Compagnie, à ce siège qu'occupait noblement Monsieur Jacques Sagnier. 1 Il était la distinction même et son érudition raffinée, qui sentait son siècle et sa race, nous le rendait précieux en même temps que cher ; que notre souvenir ému, ce soir, se tourne vers lui et salue ses mânes, telle une invisible présence. Dirai-je, Messieurs, pour recevoir son successeur, dans l'appareil et l'apparat d'un discours, ce que la science et l'histoire doivent à Monsieur Dupont ? Non, je ne saurais l'exprimer avec compétence et d'ailleurs vous le savez assez de vous-mêmes. Formé aux disciplines sévères, nuancées et, — quoiqu'en dise le trop sceptique Renan, — aux disciplines positives de la recherche, notre nouveau confrère nous a donné, il donne au Languedoc, comme tant d'autres de ses fils, sa part et une belle part. Plus encore que votre carrière, plus même, que votre œuvre d'historien, ce que séduit et retient en vous, mon cher ami, c'est le sentiment, — la certitude bienfaisante que l'on acquiert à votre contact, — que vous êtes non seulement un humaniste mais un homme, — de ces hommes qui nous manquent tant en cette époque de désarroi ; oui, la certitude le sentiment que, quelle que soit votre culture, en raison même de son élévation, vous faites passer l'humanité avant les humanités ; aussi bien ne devraient-elles pas être toujours inséparables et se fondre, harmonieuse et vivante synthèse, dans cette « humanitas », dont parle et que vante avec amour ce gréco-latin, avant la lettre, qui s'appelle Cicéron. Jadis, en des temps très anciens, on parlait des têtes bien pleines et des têtes bien faites ; il nous suffirait peut-être aujourd'hui qu'elles fussent bien droites et que la notion, la simple notion de bon sens ne fût point altérée ou perdue. Que de productions, que de manifestations, en France ou a l'Etranger, dans tous les ordres d'activité, — la technique exceptée, — qui donnent une piètre idée et de nos cerveaux et de nos cœurs ! Les traits d'une bêtise savante, perfectionnée, prétentieuse, aux essais absurdes et malsains pour notre hygiène générale, sont innombrables ; mais à quoi bon découvrir le mal, si ce n'est pas pour en guérir ? Mes chers confrères, je vous dois des excuses et encore plus de regrets ; en remerciant et en félicitant Monsieur le Colonel Blanchard de sa présidence, j'avoue que je l'ai plus d'une fois envié : sera-ce un titre suffisant pour mériter votre indulgence et me faire pardonner ces quelques réflexions non découragées mais irritées ? Vous me pardonnerez tout à fait, je l'espère, quand j'aurai ajouté que je reviens de Paris, que j'y ai vu le Louvre s'éveillant de sa longue léthargie et retrouvant, avec la foule des adorateurs, l'élite des connaisseurs : n'y a-t-il pas là, mon cher ami, Messieurs, un signe, entre tant d'autres, un signe et un témoignage de résurrection ? ».

Séance du 25 janvier 1946 :

« M. le Président sortant Paganelli s'étant excusé de ne pouvoir assister à la séance, M. le Colonel Blanchard, nouveau président, remercie ses confrères de l'avoir élevé à cette présidence. Mes chers collègues, « Dans une Académie telle que la nôtre, il est d'usage que chaque année les membres du bureau, entrant en fonctions, soient installés par le président du bureau sortant. Cette année-ci, à titre exceptionnel, il n'en sera pas de même. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un coup de force des nouveaux venus ou d'une entorse volontairement donnée .par eux à nos statuts. Non pas, rassurez-vous; la raison en est bien plus simple. Notre président sortant, M. Paganelli, qui a eu à faire face si longtemps à des obligations écrasantes, a été obligé de s'absenter aujourd'hui, comme il le fera après-demain, jour fixé pour notre séance publique. Nous le regrettons vivement ; car, nous perdons, à deux reprises, l'occasion d'entendre sa parole chaude et vibrante ; et particulièrement, dans la séance de ce jour, nous sommes privés du plaisir que nous aurions eu à lui adresser ici, dans l'intimité, nos respectueuses félicitations pour la sagesse et la fermeté avec laquelle il avait su administrer notre département dans des circonstances particulièrement difficiles.»

Séance du 22 janvier 1954 :
M. Dupont :
« Je rentre dans le rang en toute sérénité, avec le sentiment que ma succession est recueillie par une personne de qualité. Je n'ai pas à faire l'éloge de M. l'Inspecteur Paganelli qui est connu de nous tous et dont le renom dépasse largement les limites de cette salle et de cette cité. Sa vaste et sûre érudition ; ses connaissances extrêmement étendues, son humanisme courtois ; l'inlassable activité qu'il a déployée et qu'il déploie dans tous les domaines ; l'autorité souple et ferme dont il a su faire une heureuse application dans des circonstances parfois délicates ; son passé d'universitaire et de chef, sont le gage d'une présidence dont notre Compagnie, j'en suis convaincu, retirera le plus grand profit. C'est donc avec le plus grand plaisir que je le prie de vouloir bien occuper le fauteuil présidentiel. »

D. S. Paganelli :
M. Paganelli prend alors la parole. « Monsieur le Président, Mes chers confrères, L'honneur qui m'est fait, ce soir, pour toute une année, j'en apprécie, croyez-le bien, et la qualité et la portée. Et j'aurais voulu que ce bref remerciement ne vous parût pas trop indigne des suffrages que vous m'avez si libéralement apportés ; retenez du moins, je vous prie, la sincérité de mon intention comme la force de ma gratitude. Vous dirai-je, Messieurs, que cette installation me donne l'impression quant à moi d'une seconde investiture académique ; agréable rajeunissement, mais illusion coupable. A quelque chose retard est bon, cependant, puisque ce fauteuil, dans lequel je suis invité à m'asseoir, je le reçois, si je puis ainsi parler, je le reçois des mains d'un ami, le Président André Dupont, que j'eus, vous le savez, le privilège, avec la profonde satisfaction, d'accueillir dans cette enceinte, le 8 Juin 1945, en une heure d'éphémère présidence. Messieurs, dussé-je vous paraître immodeste, dès rencontres de cette nature, si je ne.. saurais les dire providentielles je ne puis les estimer fortuites : laissez-moi croire, Messieurs, que l'harmonie préétablie peut avoir d'humbles, mais non moins réconfortants effets. Depuis huit ans, vous avez pu juger combien lut heureuse la cooptation de cet homme de science et de talent, aussi généreux de cœur que d'esprit, qui honore sa petite patrie cigaloise, la grande métropole de Némausus et tout cet État de Languedoc, dont il est l'historien vivant, le fils aimant. Votre succession, cher ami, m'impose une double obligation, facile, douce, pour ce qui est de vous exprimer, et avec chaleur, en notre nom à tous, les félicitations, la reconnaissance que vous vaut, que vous vaudra, dans les annales de notre Compagnie, votre belle année de charge ; l'autre, dangereuse, qui est, précisément, de vous remplacer et dont la perspective ne laisse pas de me troubler...
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Mes chers confrères, vous tous que je vois couronnant cette table, centre et symbole de vos travaux ; anciens et nouveaux membres de l'Académie de Nîmes, je vous assure de mon dévouement et de mon assiduité ; permettez-moi de me tourner, en toute amitié, vers le Bureau que vous avez élu et de saluer nommément, votre Vice-Président, Monsieur Hubert-Rouger, heureusement rétabli ; votre Secrétaire perpétuel, Monsieur Emmanuel Lacombe, à l'expérience et à l'autorité de qui je ferai, sans cesse, appel ; je leur dis cordialement, je vous dis à tous : pour le renom de notre Compagnie, pour son labeur à venir, sinon « ad multos aunos » (encore que nous soyons immortels) ; du moins « ad multos » et félices-menses ; oui, de longs mois, et féconds et heureux ».

Séance du 23 avril 1954 :
Il est procédé à la réception de M. Barnouin. M. Paganelli l'accueille en ces termes : « Monsieur, L'Académie de Nimes s'est constamment honorée de compter, dans son sein, des magistrats ; à votre tour, vous venez vous insérer dans la haute lignée de la Justice ; et votre élection nous vaut le privilège de poursuivre une tradition avec la satisfaction d'accueillir une personnalité marquante. Retracerai-je votre carrière} ? Je ne le saurais, car votre concision et votre modestie m'ont mesurés les détails et les précisions. Je dirai seulement que vous êtes magistrat depuis 1913. On le demeure, vous le savez, toute sa vie, en vertu de cette ordination intime qui se trouve à la source ainsi qu à la base des grands Ordres. Si vos préférences furent toujours pour cette magistrature debout, dont la tâche, parfois rude dans sa noblesse, vous avait une fois pour toutes conquis, lorsque vous avez pris place au Tribunal et à la Cour, vous y avez apporté, également, et votre savoir de juriste et votre expérience d'homme. Dans des circonstances difficiles, en des heures douloureuses, vous avez témoigné d'une belle indépendance, d'un grand courage, au point d'en être victime. Qu'importe,' ! la conscience était satisfaite. Vous vous êtes souvenu, sans cesse, que l'impartialité, la sérénité, — sinon l'impassibilité —, doit être la qualité souveraine du Juge et du Jugement. La passion, d'où qu'elle souffle, est, comme la colère, une courte, mais terrible folie. Dès 1937, à l'Audience solennelle de Rentrée, vous avez prononcé un discours magistral sur l'Assassinat du Maréchal Brune : Le 2 Août 1815, en Avignon, dans une période de Terreur, — blanche ou rouge elle est toujours le Crime, — le Maréchal Brune avait été assassiné ; les magistrats avaient conclu au suicide ; quatre ans après, — après avoir réuni assez de preuves, — la Maréchale présentait au roi sa requête et le Procureur Général près la Cour royale de Nimes ordonnait des poursuites ; ce fut la Cour de Riom et le Procureur général Pagès qui « soulevant le voile d'iniquité » reconnurent que le Maréchal Brune, avait été assassiné. Vous avez vous-même écrit, Monsieur, en conclusion de votre étude, que « ce douloureux épisode comportait certainement des enseignements profitables ». Je n'en dirai pas plus. Je rappellerai seulement ce que M. le Procureur Général, en 1937, déclarait, après votre discours il citait les instructions de M. le Garde des Sceaux : « Il n'est pas sans intérêt qu'au cours d'une audience solennelle un magistrat, prenant la parole en présence des autorités civiles et militaires, du barreau, des auxiliaires de la Justice et de l'élite de la société locale, témoigne, par une dissertation érudite et élevée, de l'aptitude et du goût de la magistrature pour la science du droit et les choses de l'esprit». Et M. le Procureur général de conclure : « M. le conseiller Barnouin a répondu pleinement aux préoccupations de M. le Garde des Sceaux et prouvé que la science du droit savait s'allier chez lui au goût des choses de l'esprit. Son étude très fouillée d'un sujet particulièrement intéressant de notre histoire a fait revivre, de façon saisissante, un des épisodes les plus émouvants de cette terreur Blanche, qui a fait tant de victimes dans nos régions. Il l'a fait sobrement, avec le seul souci d'être à la fois impartial et juste ; il a pleinement réussi ». Je me permets d'ajouter : il a pleinement réussi dans le fond et dans la forme. Monsieur, en 1910, âgé de vingt-trois ans, vous faisiez vos premières armes sous la direction et l'autorité d'un Administrateur de grande classe, M. 'le Préfet Maitrot de Varenne ; pendant la Grande Guerre, durant 43 mois de front, vous avez combattu dans les rangs de cette Infanterie sublime et martyre, dont on n'exaltera jamais assez le sacrifice ; si vous êtes né en Algérie, et c'est une patrie adoptive dont vous pouvez vous montrer fier, vous n'en êtes pas moins de souche gardoise, tant et si bien que les traditions régionales voire régionalistes et l'histoire locale ont votre amour ; et nous espérons bien goûter prochainement ce que vous appelez votre essai sur .le village de Sauzet, votre village. Et, par là encore, vous rejoignez votre prédécesseur Henry Bauquier. Prenez donc place à ce fauteuil qu'il a illustre et soyez, mon cher confrère, le bienvenu parmi nous »

Séance du 21 janvier 1960 :
« Monsieur le Président, Mademoiselle, Messieurs, Sur le point de m'asseoir de nouveau à votre fauteuil présidentiel, j'éprouve, — comment ne pas l'avouer, dès l'abord — sinon des scrupules, du moins des regrets et une crainte. Je vous les dirai très simplement ; mais permettez que je commence par vous remercier de l'honneur, de la confiance et de l'amitié que votre désignation me manifeste. Je ne les mériterais guère, si votre indulgente et compréhensive bienveillance ne suppléaient aux mérites qui me manquent et ne surestimaient les qualités que vous pourriez me reconnaître. Aussi bien, pourquoi des doyens, — comme moi, par l'âge, ou bien par l'élection, — notre Compagnie s'énorgueillit et se réjouit d'en compter de nombreux dans son sein, pourquoi n':ont-ils pas pu prendre place, aujourd'hui, au centre de cette table qui, d'évidence, tout ovale qu'elle soit, n'en est pas moins ronde. C'est mon regret et ma crainte de ne pouvoir vous apporter ce dont leur absence vous privera à coup sûr. Mon cher Président et ami, nulle investiture ne pouvait m'être plus agréable que celle de ce soir; confiée à vos soins, vous m'en remettez, vous m'en transmettez la charge ainsi que le bénéfice. Vous succéder ? certes ; vous remplacer? assurément pas. Vous ne l'ignorez pas, Messieurs, chacun de nous colore son activité, voire son action, des nuances ou des reflets multiples de son tempérament propre ; et cette vision prismatique, sans devenir jamais un jeu, encore moins une illusion, n'est dépourvue ni de charme ni de profit ; elle constitue la singulière originalité de nos modestes sociétés, dites savantes, où la science, sans l'appareil ou l'apparat de ce qu'on nomme les spécialités, s'appelle, le plus souvent, réflexion, sagesse, personnalité. Avec notre sens de la mesure et de l'ironie, grâce à votre courtoisie d homme et d'humaniste, mon cher Président, vous avez tout au long de ces douze mois, conduit notre Compagnie comme elle doit l'être, activement, libéralement, dans une mutuelle et fraternelle intelligence de nos fins et moyens respectifs ; à fa haute et vivifiante atmosphère des « templa serena ». Soyez félicité. Chers confrères, souffrez, je vous prie, que, par ma voix, nous témoignions à notre Président nos sentiments unanimes d'affectueuse gratitude. Messieurs, les lettres de noblesse, exceptionnelles, de notre Académie, lui créent des devoirs hors série. Je sais de quelle conscience avertie vous y répandiez, et animés de quelle fierte ! La sévérité de vos choix, le sérieux de vos travaux, le prestige de votre renom, tout concourt à ce rayonnement qui demeure votre, ambition. Que, demain, nos portes s'ouvrent, encore, à d'autres mérites ; que, sans les rechercher, nous ne perdions aucune de ces occasions qui sont la moitié de l'influence ; mieux, de l'ascendant qu'il nous faut légitimement exercer ; que nos liaisons, que notre collaboration méthodique se fassent de plus en plus suivies et effectives, avec le monde de l'esprit, avec le monde de l'âme, ici et ailleurs. Une Académie, nous le pensons tous, ne saurait être un théâtre ; elle ne doit pas rester un cénacle. M. le Président, mes chers confrères, vous me pardonnerez, j espère, ces quelques réflexions ou souhaits, à peine des anticipations, puisque tout cela est déjà en train et qu'il nous suffirait, Messieurs, de lui imprimer une plus grande accélération. »

Séance du 18 novembre 1960 :
Il est ensuite procédé à l'installation de M. le Chanoine Homs.
M. le Président Paganelli l'accueille ainsi :
« Marseillais d'origine, Gardois d'adoption, Nîmois d'élection ;
Helléniste de culture; professeur par vocation, orateur car conviction ;
Combattant des deux guerres et capitaine d'artillerie ;
avant tout, au-dessus de tout, prêtre, prêtre au service des âmes et de votre saint-ministère ;
Tel vous voient, Monsieur le Chanoine — et vous admirent — ceux qui vous connaissent ;
tel vous estiment et vous louent ceux qui apprennent à vous con- naîtra... Oui, Marseille-Saint-Victor, Marseille-Notre-Dame-de-la-Garde, chères et douces images, hautes résonances de votre cœur d'enfant ou d'adolescent, demeureront toujours associées, dans la fidélité du souvenir, au grand nom universitaire d'Aix-en-Provence. C'est d'abord le Petit Séminaire de Beaucaire qui devait vous prendre, cultiver et épanouir votre jeune saison, « spes messis in semine » ; vous deviez, un jour, par votre professorat, lui rendre en science et en dilection, tout le bienfait que vous aviez reçu de ses )maîtres.
En 1920, vous quittiez Beaucaire pour Nîmes, — et la chaire de Philosophie de Saint-Stanislas : durant vingt années, la qualité de vos dons le disputera à la durée; de vos leçons.
N'aviez-vous pas, à Aix, suivi l'enseignement accepté l'empreinte d'un Blondel ? Et ne semble-t-il pas que ces lignes aient été écrites pour vous ? ...
« Notre vie est faite de problèmes qui se posent et s'imposent à nous du dedans et du dehors, — du dehors peut-être plus encore que du dedans —, et que, pour le salut de notre corps et de notre âme, il nous faut avoir effectivement résolus en temps utile. Le terre à terre de nos occupations quotidiennes; l'habituelle placidité de notre horizon ont beau nous voiler ce que l'existence a avant tout de dramatique, nous sentons ' bien qu'une activité faite de programmes, une volonté réduite à des décrets, un vouloir enfin, qui ne serait pas un agir, — tôt ou tard, nous conduiraient, matériellement ou moralement, à la catastrophe et à la mort ».
Mais la pensée du philosophe si attachante qu'elle fût, ne vous détournait pas de vos études grecques ; elles devaient vous valoir, aux examens de la Licence ès lettres, un succès éclatant, exceptionnel. C'est ii vous que M. Fougères, Directeur de l'Ecole française d'Athènes, fit offrir une Bourse de séjour ; insigne honneur qui fut décliné, bonne fortune intellectuelle qui fut refusée, parce que vous vouliez servir, de nouveau et sans délai, dans les cadres du clergé diocésain.
La Ville et l'importante paroisse de La Grand'Combe vous ont retenu cinq ans ; Saint-Baudile vous retiendrait encore si votre état de sante l'eût permis et s'il, n'avait tenu qu'à vos paroissiens, — à d'autres aussi... Vous aviez fait de Saint-Baudile la Paroisse de Nîmes, — dont le Bulletin rayonnait au-delà et où l'on venait vous entendre ; goûter votre parole claire, apprécier la netteté de vos idées, la rigueur de votre logique. Profonde harmonie d'un tempérament de chef, à la volonté éclairée et tenace, — qui ne parle pas pour parler, n'écrit pas pour écrire, mais va droit au but comme au devoir ; au réel quotidien comme à l'idéal immuable ! Directeur de l'œuvre liturgique « du Suffrage », — grande œuvre, catholique, s'il en fut, dont l'universalisme convient à votre esprit de synthèse et d'humanisme, en même temps que de divine Charité, — vous lui apportez, vous lui consacrez et votre Foi et votre Espérance. Promoteur de valeurs spirituelles, — qu'elles soient de l'ordre terrestre ou de l'ordre céleste, qu'elles s'appellent l'Église ou la Patrie, — sans cesse, loin de composer avec les complaisances ou les lâchetés, loin de capituler, vous maintenez le Drapeau ; vous prônez ces richesses morales de vérité et de beauté, dont l'historien Thucydide disait déjà qu'elles sont un lien durable, une acquisition pour l'éternité. Noble exemple, rare modèle d'élégance et de conscience, mon cher confrère, — notre Compagnie ne pouvait vous ignorer ni manquer de vous honorer ; recevez donc, je vous prie, notre investiture académique ». 

* * * * *

Je l'ai connu surtout lors de vacances d'été à Génolhac (Gard), avec ma mère. Il n'était pas catholique (à la différence de sa femme), je le soupçonne d'avoir été franc-maçon. Ma mère était la dernière de quatre enfants ; pour soulager ma grand-mère, Dono et sa femme Jeannette, qui n'avaient pas pu avoir d'enfant, ont élevé ma mère pendant plusieurs années. Le retour chez ses parents, vers l'âge de 4 ans, fut une rupture douloureuse pour ma mère ; par la suite, Dono l'aida à s'orienter dans ses études ; notamment, il lui enseigna le grec ancien pendant l'été 1936 précédant son entrée en hypokhâgne (Lettres supérieures au Lycée Fénelon, Paris, VIe). Influence intellectuelle dont j'ai bénéficié indirectement. Dono fut mon troisième grand-père...

Ma mère m'avait dit qu'il eut une liaison avec une demoiselle Soboul, tante de l'historien Albert Soboul. Il s'agit de Marie Victorine Rose Soboul, née en 1884, professeur à l'École normale d'institutrices du Gard depuis 1909 et directrice de cet établissement en 1926.


Un dossier de carrière est conservé aux Archives nationales, site de Paris, 60 rue des Francs-Bourgeois :

Professeur au lycée de Reims (Marne)
Fin du dossier : 1922
Cote
AJ/16/1336
Sorbon : Pers. scient. et adm. Académie de Paris (1870-1940) AJ/16

Préfet du Gard
Date du dossier
1945 ; 1956-1958
Démissionnaire le 1er févr. 1946
Cotes
F/1bI/822  et F/1bI/1103
Personnel de ministère de l’Intérieur (XIXe-XXe s.)

Inspecteur général de l'enseignement secondaire
Cote
F/17/25339
Enseignants et personnels scientifiques de l'Instruction publique XIXe-XXe siècles

D'autre part, un autre dossier (que je n'ai pas encore pu consulter) est conservé sous la cote CA 780 aux Archives départementales du Gard, 20 rue des Chassaintes, Nîmes.


C / Ouvrages publiés :

Un petit-fils de Renan, Ernest Psichari, Saint-Raphaël : Éditions des Tablettes, 1923.

Édition et traduction du poète latin Properce (vers -47/vers -15), Élégies, Paris : Belles Lettres, 1929 (rééditions en 1947, 1961, 1964, 1980, 1990, 1995).




En collaboration avec Georges Prévot, Textes anciens traduits en français, lectures suivies et dirigées pour la section moderne des classes de 6e, 5e, 4e, 3e des lycées et collèges et pour les cours complémentaires, Paris : Delagrave, 1950. 
Ernest Renan, Uzès : Ateliers Henri Péladan, 1966.
Jean Racine, Uzès : Ateliers Henri Péladan, 1966.
Laurent Spadale, 1914-1971, Uzès : H. Peladan, 1972. (Laurent Spadale fut sous-préfet de la Libération d'Alès).


D / Bibliographie :

René Bargeton (1917-2007), Dictionnaire biographique des préfets, Paris : Archives Nationales, 1994, sub nomine.

Patricia Boyer, « L'épuration et ses représentations en Languedoc et Roussillon (1944-1945) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 68, octobre-décembre 2000, pages 19, 24, 26.

J'ai créé sa Notice wikipedia ; un contributeur anonyme y a ajouté l'appartenance à l'Académie de Nîmes.