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Les « mensonges conventionnels de la civilisation » furent analysés par Max Nordau (1849-1923) dans un ouvrage paru en 1883. C'est un vaste univers (religion, mœurs, journalisme, politique, etc.), différent toutefois de celui de la rumeur (du latin rumor, bruit qui court) ; la comparaison du traitement du terme par le Grand Robert et l'Oxford English Dictionary montre que les Anglo-Saxons sont plus sensibles au côté suspect de la rumour. Rumeur est aujourd'hui une des connotations de buzz :
Les « mensonges conventionnels de la civilisation » furent analysés par Max Nordau (1849-1923) dans un ouvrage paru en 1883. C'est un vaste univers (religion, mœurs, journalisme, politique, etc.), différent toutefois de celui de la rumeur (du latin rumor, bruit qui court) ; la comparaison du traitement du terme par le Grand Robert et l'Oxford English Dictionary montre que les Anglo-Saxons sont plus sensibles au côté suspect de la rumour. Rumeur est aujourd'hui une des connotations de buzz :
• "1 a low, continuous humming or murmuring sound. 2 the sound of a buzzer or telephone. 3 an atmosphere of excitement and activity. 4 informal a thrill. 5 informal a rumour." (Compact English Oxford Dictionary).
Il y a rumeurs fortes et rumeurs faibles. Rumeurs faibles, par exemple, les bruits courant sur telle ou telle personnalité. Également les fausses citations, fausses quant au texte, ou détournées quant à l'identité de l'auteur ; les manuels et dictionnaires de philosophie destinés aux élèves de Terminales n'en sont pas exempts ; la philosophie est pourtant le lieu où devrait se pratiquer et s'enseigner l'esprit critique. Par sa probité, André Gide demeure bien le " contemporain capital " que disait André Rouveyre (Les Nouvelles Littéraires, 1924) ; " un des meilleurs critiques de ce temps " selon Louis Le Sidaner, 1898-1985, dans La Nouvelle Revue Critique, avril 1937 (revue dont il fut directeur de publication).
« L'on t'a dit, tu t'es laissé dire, qu'il s'agissait d'abord de croire. Il s'agit d'abord de douter (Journal, 14 décembre 1934).Rumeurs fortes, les rumeurs de guerre, ou d'après-guerre, qui déchaînent les passions politiques. Avec méfiance, Gide rapporta celle selon laquelle les Allemands auraient coupé les mains d'enfants français au début de la guerre de 1914-1918.
Dans une lettre à Robert F., le philosophe Jean Beaufret remarquait, à propos de la question des « chambres à gaz nazies » :
« les introuvables " enfants aux mains coupées " dont parle [André] Gide dans son Journal, sont dépassés. »(Annales d'Histoire Révisionniste, n° 3, automne-hiver 1987, pages 204-205.
Ceci cité par Sylvain Auroux et Yvonne Weil, Dictionnaire des auteurs et des thèmes de la philosophie, Paris : Hachette-Education, 1991, article " Heidegger ", page 177.
Pour suivre cette affaire, que Marcel Proust évoqua brièvement dans Le Temps retrouvé, le mieux est de laisser la parole aux textes : le Journal de Gide, qui est sceptique, l'article de Jean Richepin qui court avec la rumeur, et la correspondance de Romain Rolland qui résiste à la rumeur, comme Gide :
- André Gide : « Mme [Misia] Edwards [pianiste] affirmait que nombre de ces petits avaient les mains tranchées, qu'elle les avait vus. D'autres avaient les yeux crevés et d'autres des blessures abominables.
La chose n'a jamais pu être vérifiée. » (Journal, 26 août 1914).
Éditions Paris Color.Carte postale illustrée signée F. Poulbot.
Merci à www.caricaturesetcaricature.com (2) et à Fabrice Picandet.
- Jean Richepin : « Qui de nous aurait l'abominable courage [...] d'emmener en captivité quatre mille adolescents de quinze à dix-sept ans, comme ils viennent de le faire dans le Cambrésis, renouvelant ainsi les plus inhumaines pratiques de l'esclavage, et de couper le poing droit à ces combattants futurs, comme ils l'ont fait ailleurs, et enfin de renvoyer des prisonniers mutilés, comme ils l'ont fait récemment en Russie, où l'on a vu revenir des Cosaques les yeux crevés, sans nez et sans langue. » (Le Petit Journal, 13 octobre 1914 ; article repris dans Proses de guerre (août 1914-juillet 1915), Paris : Flammarion, 1915)
- Romain Rolland, lettre à André Gide, 26 octobre 1914 : « Comment est-il possible qu'on laisse un Richepin écrire, dans Le Petit Journal, que les Allemands ont coupé la main droite à 4 000 jeunes garçons de 15 à 17 ans, et autres sottises scélérates ! Est-ce que de telles paroles ne risquent pas d'amener, de notre part, des cruautés réelles ? Depuis le commencement de la guerre, chaque trait de barbarie a été amplifié cent fois ; et naturellement il en a fait naître d'autres. C'est une suite de représailles. Jusqu'où n'iront-elles pas ? » (Romain Rolland, Journal des années de guerre 1914-1919, Paris : Albin Michel, 1952, page 93).
« J’ai vu hier, à Verdun, une pauvre femme venant d’un village envahi de la Meuse et qui portait dans ses bras deux jeunes enfants. Les deux pauvres petits avaient chacun le poignet droit coupé. Quelles brutes ». Témoignage d’un soldat rapporté par L’Est Républicain (novembre 1914 ; cf http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/04/13/les-enfants-aux-mains-coupees).
- André Gide : « Un Américain est venu ces jours derniers au Foyer franco-belge nous aviser qu'il mettrait à la disposition de notre œuvre une somme importante si nous parvenions à le mettre en rapport direct avec un enfant mutilé par les Allemands.
Richepin, dans un article indigné, parlait de quatre mille enfants auxquels on aurait coupé la main droite. [...] Mme [Misia] Edwards cependant, à la fin du mois d'août (vérifier la date) m'avait parlé de l'arrivée, rue Vaneau [Paris, VIIe arrondissement], d'une procession d'enfants, tous garçons du même village, tous pareillement amputés.
Avant-hier je vais la trouver, lui disant de quelle importance serait pour nous une preuve certaine de ces monstruosités. Elle me dit alors qu'elle n'a pas vu ces enfants elle-même, qu'elle sait d'ailleurs qu'ils venaient du Cirque de Paris où on les avait préalablement envoyés. Elle m'invite à revenir déjeuner avec elle le lendemain (hier), me promettant, en attendant mieux, des photographies de ces mutilations.
Hier elle n'avait pu se procurer les photos [...] Cocteau est venu après déjeuner sans les photos, qu'il m'a promises pour demain soir ; en attendant, il m'a mené à la maison de santé de la rue de la Chaise [VIIe arrondissement] où nous pourrions parler à une dame de la Croix-Rouge qui avait soigné ces enfants. La dame de la Croix-Rouge n'était pas arrivée et, attendu au Foyer [franco-belge], j'ai dû quitter Cocteau avant d'avoir réussi à rien savoir de plus.
D'autre part, [Henri] Ghéon me dit que deux jeunes amputés, l'un de quinze, l'autre de dix-sept ans, sont soignés en ce moment à Orsay. Il doit m'apporter des informations complémentaires. » (Journal, 15 novembre 1914).
« Aucune de ces informations n'a pu être prouvée. » : Journal, mention non datée en marge des lignes qui précèdent sur le cahier manuscrit.
« Il [Ghéon] revient encore sur les mains coupées des petits enfants, alors qu'en vain nous avons cherché de toutes parts à remonter jusqu'à un fait prouvé, alors que toutes les enquêtes que nous avons menées au Foyer en vue d'obtenir l'énorme prime promise par l'Amérique à qui apporterait confirmation de ces atrocités n'ont abouti qu'à des démentis. » (Journal, 27 décembre 1915).
Arthur Ponsonby (1871-1946) publia Falsehood in Wartime, 1928 ; une traduction de l'introduction fut publiée dans les Annales d'Histoire Révisionniste, n° 2, été 1987, pages 124-144 ; on trouvera dans cet ouvrage une des premières analyses de la désinformation, et l'évocation de cette rumeur qui se répandit dans plusieurs pays d'Europe.
Arthur Augustus William Harry Ponsonby, 1st Baron Ponsonby of Shulbrede
(16 February 1871 – 23 March 1946) was a British politician, writer, and social activist.
D'après Louis-Lucien Klotz (1868-1930), la censure française évita in extremis à la fausse nouvelle de faire la « une » du Figaro : dans De la guerre à la paix, Paris : Payot, 1924, pages 33-34, on apprend en effet que deux savants, dont l'un membre de l'Institut, affirmaient dans l'article censuré avoir vu une centaine d'enfants aux mains coupées, sans dire où, ni quand ; la Censure voulut les rencontrer, mais ils s'esquivèrent.
La disposition sceptique fondamentale de Gide, " moi, philosophe et écrivain " (2) est bien illustrée par cette confidence :
« Quoi que ce soit qu'on me raconte, je pense toujours, irrésistiblement, que cela ne s'est pas passé comme ça. » (Journal, 10 octobre 1942).Jean de La Bruyère (1645-1696) écrivait déjà : « Le contraire des bruits qui courent des affaires ou des personnes, est souvent la vérité. » (Caractères, Jugements § 39.)
Je ne serais pas étonné que Gide ait eu en tête cette pensée de Montaigne :
« Ajouter de son invention, autant qu’il voit être nécessaire en son conte, pour suppléer à la résistance. » (Essais, III, xi),
Cette exigence de vérification méthodique, pointilleuse, cette probité, à l'œuvre dans l'affaire des « mains coupées », on la retrouve vingt ans plus tard appliquée à l'URSS pendant le voyage de 1936. Dans ses notes (Retour de l'U.R.S.S.), Gide se disait irrité de ce que les renseignements qu'il obtenait « ne parviennent à la précision que dans l'erreur ».
1. Sur cette question et son iconographie, on peut voir John HORN, " Les mains coupées : atrocités allemandes et opinion française en 1914 ", in Jean-Jacques Becker, Jay Winter, Gerd Krumeich, Annette Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, dir., Guerre et cultures 1914-1918 , Paris : Armand Colin, 1994.
2. Lettre à Mahmoud Hesâbi : « Je confesse qu’après des années de réflexions sur ma théorie [l'unification des nations du monde] , vous, jeune homme iranien, êtes parvenu à changer ma pensée à moi, philosophe et écrivain français. Vous avez raison…Il faut que vous restiez Iraniens et nous restions Français et que chacun s’efforce d’atteindre ses propres désirs en vue de réaliser les ambitions de sa nation. »
1. Sur cette question et son iconographie, on peut voir John HORN, " Les mains coupées : atrocités allemandes et opinion française en 1914 ", in Jean-Jacques Becker, Jay Winter, Gerd Krumeich, Annette Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, dir., Guerre et cultures 1914-1918 , Paris : Armand Colin, 1994.
2. Lettre à Mahmoud Hesâbi : « Je confesse qu’après des années de réflexions sur ma théorie [l'unification des nations du monde] , vous, jeune homme iranien, êtes parvenu à changer ma pensée à moi, philosophe et écrivain français. Vous avez raison…Il faut que vous restiez Iraniens et nous restions Français et que chacun s’efforce d’atteindre ses propres désirs en vue de réaliser les ambitions de sa nation. »
Cabu (13 janvier 1938 - 7 janvier 2015), dessin de 2013.
9 commentaires:
Bonjour, et merci pour cet article riche et instructif.
Toutefois, il me semble que la petite section réservée aux "lecteurs philosophes que cela pourra intéresser" — et qui n'a pas de rapport direct avec le reste — comporte quelques erreurs et approximations. Dans l'ordre :
1. "en voici quelques exemples relevés dans les ouvrages Armand Colin, Nathan, Hachette (erreurs qui furent corrigées dans les éditions ultérieures)"
Armand Colin, Nathan et Hachette ne sont pas des ouvrages, mais des éditeurs. J'imagine que vous faites ici référence aux manuels de philosophie de Terminale publiés par ces maisons d'édition, mais alors il serait plus rigoureux d'attribuer ces "erreurs", s'il y en a bien, aux auteurs des manuels plutôt qu'aux éditeurs.
2. "Homo homini lupus, l’homme est un loup pour l’homme : cette formule de l’écrivain latin Plaute, citée par Montaigne, est attribuée à Hobbes". Elle est aussi citée par Hobbes dans l'épître dédicatoire du De Cive, et Hobbes partage indiscutablement cette idée, qu'il ne prétend pas inventer mais qu'il fait sienne.
3. "Tabula rasa, expression latine, est attribuée au philosophe grec Aristote. On prétend que Locke l’a employée, alors que l’original anglais porte simplement : a white paper, une feuille blanche". Le pointillisme me semble ici reposer sur une confusion : la "tabula rasa" ne désigne pas une table (sur laquelle on mange...) mais une tablette (de cire, à l'origine, sur laquelle on écrivait dans l'Antiquité, avant le papier). La tablette était vierge, "rase", au sens où rien n'était écrit sur elle — et à l'époque moderne elle est donc devenue assez naturellement "une feuille blanche" (chez Hobbes — De la Nature humaine, X, 8 — aussi bien que chez Locke). Par ailleurs, Aristote utilise bien l'expression dans De l'Âme (en grec, bien sûr, mais le concept est identique) : "une tablette où rien n'est écrit". Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Tabula_rasa_(philosophie)
8. "une idée ancienne, explicitée par Gassendi, Leibniz (” il n’est pas plus vrai ni plus certain que je pense, qu’il n’est vrai et certain que je pense telle ou telle chose “, Remarques sur la partie générale des principes de Descartes) et Schopenhauer, « Toute conscience est conscience d’un objet », est considérée comme originale chez Brentano, voire saluée comme une découverte de Husserl (ce que fit Jean-Paul Sartre)". Soit, mais vous réglez un peu vite à mon sens la question de l'origine du concept d'intentionalité : il s'agit ici de débats techniques, de spécialistes, qui demandent une grande précision conceptuelle et non une critique en quatre lignes. Juste une piste : êtes-vous certain que le concept de "conscience" développé par Brentano ou Husserl est exactement identique à celui que l'on peut trouver chez Leibniz ? Moi pas.
9. "Sartre encore cite « Si Dieu n’existait pas, tout serait permis » comme étant de Dostoïevsky ; la phrase de Dostoïevsky, dans la troisième partie des Possédés, est bien différente, et se résumerait plutôt en « Si Dieu n’existe pas, je suis entièrement libre »". C'est un peu fort : Sartre ne faisait pas référence ici aux Possédés, mais aux Frères Karamazov (4ème partie, Livre XI, chapitre 4) ! Or certes, la formule citée par Sartre n'existe pas exactement dans le discours de Dimitri Karamozov, mais elle est une contraction de ce discours ("Que faire, si Dieu n'existe pas ? [...] Alors, tout est permis ?"), et elle en est un assez bon résumé...
Il me semble donc difficile de présenter toutes ces "erreurs" comme des "exemples" où ferait défaut "cette exigence de vérification méthodique, pointilleuse, cette probité", alors que les critiques faites dans cette section sont au mieux discutables, et parfois carrément fausses !?
De Robin aussi :
4. "des phrases des Évangiles ou d’Augustin sont attribuées à Pascal" : le reproche est ici trop vague pour pouvoir être vérifié, mais dans la mesure où Pascal cite fréquemment ces textes (ou s'en inspire très directement) il n'est pas très étonnant que des phrases des Évangiles ou d'Augustin se retrouvent (identiques ou presque) chez lui !
CC. Ce n'était qu'une petite note ; si les vérifications en général vous intéressent, je vous signale ce site :
http://dernieregerbe.hautetfort.com/archive/2014/08/06/halte-aux-citations-mal-attribuees-synthese-de-mes-recherche-5423880.html
5. "des phrases de Cicéron ou de Sénèque sont attribuées à Montaigne, des formules de Montaigne l’étant à Pascal ou à Descartes". Là encore, c'est un peu vague, mais Pascal et surtout Montaigne citent énormément, souvent pour reprendre à leur compte ce que dit un autre auteur. Dès lors, attribuer à Montaigne une pensée déjà formulée par Cicéron n'est pas nécessairement une erreur...
Pour Montaigne, je donne quelques précisions sur ma page
http://laconnaissanceouverteetsesennemis.blogspot.fr/2012/10/index-amoureux-de-michel-eyquem-de.html
6. "la pensée d’Helvétius, « Rien de grand ne se fait sans passion », également présente chez Diderot, est attribuée à Hegel". Cet exemple-là est un peu fort : Helvétius développe bien des idées voisines dans De l'esprit (Discours III, chapitre 6 et sq), mais la formule elle-même ne semble pas de lui, ni de Diderot, mais de Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, §81) ! Hegel en fait une thèse forte de la Raison dans l'Histoire (où la formule est soulignée), mais aussi dans la Phénoménologie de l'esprit.
CC. D'accord ; on peut trouver la préfiguration de la formule d'Helvétius chez Montaigne : " Il est connu que la plupart des belles actions de l'âme procèdent et ont besoin de cette impulsion des passions " Essais, II, xii).
7. "la remarque du caractère arbitraire du signe linguistique est assignée à Saussure, alors qu’on la trouve déjà chez Antiphon, Platon, Montaigne, Locke et Malebranche". Certes, mais là encore, ce n'est pas parce que Saussure a emprunté un chemin déjà en partie tracé par d'autres qu'il n'a rien dit d'intéressant ni de nouveau à ce sujet, ni qu'il n'a pas défendu cette thèse.
CC. D'accord, et merci encore pour ces remarques.
À Robin, §§ 8 et 9 :
" êtes-vous certain que le concept de "conscience" développé par Brentano ou Husserl est exactement identique à celui que l'on peut trouver chez Leibniz ? Moi pas. "
Je n'ai jamais dit cela. Ni chez Schopenhauer et Nietzsche (sans parler de Sartre)
Sartre a une fâcheuse tendance à mettre entre guillemets ce qui n'est qu'un résumé, parfois déformé comme ici.
Montaigne : " Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même " (Essais, II, xvii)
Descartes : " Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l’ordre du monde… "
Sartre : " À partir du moment où les possibilités que je considère ne sont pas rigoureusement engagées par mon action, je dois m'en désintéresser, parce qu'aucun Dieu, aucun dessein ne peut adapter le monde et ses possibles à ma volonté. Au fond, quand Descartes disait : " Se vaincre plutôt soi-même que le monde " il voulait dire la même chose : agir sans espoir. " (L'Existentialisme est un humanisme).
Sartre, verbeux, incapable de citer correctement le " Discours de la méthode " !
« Mais, me dira-t-on, que gagnerez-vous à détromper les hommes sur ces bagatelles ? Je ne gagnerai rien, sans doute ; mais il faut s’accoutumer à chercher le vrai dans les plus petites choses : sans cela on est bien trompé dans les grandes. »
Voltaire, Des mensonges imprimés [1749], XXXVI.
Merci, Robin, pour les remarques §§ 1 à 3 ; j'ai corrigé ces négligences de style.
Merci pour vos réponses et vos corrections. Votre remarque sur Sartre est très juste, en effet. En allant voir la référence que vous indiquiez sur dernieregerbe.hautetfort.org, je tenais d'une part à vous remercier pour ce gros travail, mais d'autre part à émettre une réserve sur la méthode : il me paraît dans bien des cas difficile de chercher à attribuer une formule (et plus encore une pensée) à son "premier auteur". Dans ces quatre cas, notamment :
- lorsqu'un auteur en cite un autre sans s'en apercevoir (éventuellement en le déformant un peu), par réminiscence inconsciente
- lorsqu'un auteur A cite de mémoire un auteur B, attribuant à tort à B une formule dont lui-même (A) est l'inventeur
- lorsqu'un auteur en cite délibérément (et exactement) un autre, mais en donnant à sa formule un sens nouveau. cf. Hegel qui reprend le mot de Térence ("Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger") en lui donnant une portée nouvelle dans les Leçons d'Esthétique
- lorsqu'un auteur réinvente une formule de lui-même, sans avoir connaissance de sa formulation antérieure (et comment faire la différence entre une citation inconsciente et une réinvention ?)
Dans chacun de ces cas, il ne me semble pas faux d'attribuer à l'auteur le plus récent une forme de paternité de la formule — sans quoi il deviendrait difficile d'attribuer de façon sûre une formule à qui que ce soit. La question devrait surtout être, à mon sens : telle personne a-t-elle dit ou écrit cela ? Et qu'est-ce que cela signifie dans ce contexte précis ?
C'est le vieux débat entre l'esprit et la lettre... Mais je pense qu'avant de lire entre les lignes, il convient de lire les lignes.
NB. Ce n'est pas moi l'auteur du site " Dernière gerbe " et de son " gros travail ".
" la petite section réservée aux "lecteurs philosophes que cela pourra intéresser" — et qui n'a pas de rapport direct avec le reste — " (Robin)
Vous avez raison ; aussi je l'ai déplacée dans cet article qui discute la question des citations :
http://laconnaissanceouverteetsesennemis.blogspot.fr/2011/08/xlviii-la-philosophie-noyee-dans-le.html
« Marc Bloch, Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles de la guerre [compte-rendu]
Éric Thiers
Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle (Cahiers Georges Sorel), Année 2000, pages 221-223. »
https://www.persee.fr/doc/mcm_1146-1225_2000_num_18_1_1234?
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