lundi 22 janvier 2024

INDEX NIETZSCHE (7/16) : LES JUIFS ET LE JUDAÏSME suivi de : Index Onfray




A /  Publications et Fragments posthumes jusqu'en 1881. 
B / Le nazisme et Nietzsche
C / Fragments posthumes 1882-1888, relevant de « La Volonté de puissance »
D / Michel Onfray (" Nietzschéen de gauche ")


Voir aussi les (trop ?) brèves (et un peu one sided) entrées " Antisémitisme " et " Judaïsme " dans le Dictionnaire Nietzsche, par Philippe Choulet.


A - Publications et Fragments posthumes jusqu'en 1881.

Fragments posthumes, 1874-1875,

U II 5a : début 1874 - printemps 1874 : 32[39] : Il [Richard Wagner] offensa les Juifs qui possèdent à présent en Allemagne la plus grande partie de l’argent et la presse. [Drittens beleidigte er die Juden, die jetzt in Deutschland das meiste Geld und die Presse besitzen.]

U II 8b, printemps-été 1875 : 5[166] : Sur la religion
IV Pas de religion de la vengeance et de la justice ! les Juifs, le peuple le plus mauvais. [IV Keine Religion der Rache und Gerechtigkeit! die Juden das schlechteste Volk.]

U II 5b, été 1876 : 17[20] : Que les Juifs soient le pire peuple de la Terre s'accorde bien au fait que c'est justement parmi les Juifs qu'est née la doctrine chrétienne de la peccabilité et abjection totale de l'Homme - et qu'ils l'ont ensuite rejetée. [Daß die Juden das schlechteste Volk der Erde sind, stimmt damit gut überein, daß gerade unter Juden die christliche Lehre von der gänzlichen Sündhaftigkeit und Verwerflichkeit des Menschen entstanden ist — und daß sie dieselbe von sich stießen. Cf Voltaire : « C’est à regret que je parle des Juifs: cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la Terre . Mais tout absurde et atroce qu’elle était, la secte des Saducéens fut paisible et honorée, quoiqu’elle ne crût point en l’immortalité de l’âme, pendant que les pharisiens la croyaient. » (Questions sur l’Encyclopédiearticle "Tolérance", section I].


Humain, trop humain I, 1878,

VIII " Coup d'œil sur l'État ", § 475. L'homme européen et la disparition des nations. : tout le problème des Juifs ne se présente qu'à l'intérieur des États nationaux, car c'est là que leur énergie et leur intelligence supérieures, ce capital d'esprit et de volonté longuement amassé de génération en génération, doivent en venir à un niveau de prépondérance qui provoque l'envie et la haine, de telle sorte que se répandent, dans presque toutes les nations actuelles — et d'autant plus qu'elles deviennent plus nationales — ces écrits grossiers qui entendent conduire les Juifs à l'abattoir, en bouc émissaire de toutes les difficultés dans les affaires publiques et intérieures. Dès lors qu'il ne s'agit plus du maintien des nations, mais de la production d'une race européenne mêlée et aussi forte que possible, le Juif en est un élément aussi utilisable et souhaitable que n'importe quel autre vestige national. Toute nation, tout être humain a des traits déplaisants, voire dangereux ; il est barbare d'exiger que le Juif fasse exception. Il se peut même que ces traits soient chez lui tout particulièrement dangereux et repoussants, et le jeune boursicotier juif est peut-être en somme la plus répugnante trouvaille du genre humain. Néanmoins, j'aimerais bien savoir jusqu'où, lors d'une explication générale, il ne faudra pas pousser l'indulgence envers un peuple qui, de tous, a eu l'histoire la plus douloureuse, non sans notre faute à tous [...] Ce furent les Juifs, libres penseurs, savants, médecins, qui, malgré la pire violence faite à leur personne, continuèrent à tenir l'étendard des Lumières et de l'indépendance d'esprit [...] grâce à eux, il n'y a pas eu de rupture dans l'anneau de culture qui nous relie maintenant aux Lumières de l'Antiquité gréco-romaine.


Aurore, 1881, 1887,

I, § 38. Les pulsions transformées par les jugements moraux. : Les Juifs ont ressenti la colère autrement que nous et l'ont déclarée sacrée : aussi l a sombre majesté humaine dont elle s'accompagnait s'est-elle vue placée chez eux à des hauteurs inconcevables pour un Européen : ils ont conçu leur Jéhovah furieux et sacré à l'image de leurs prophètes furieux et sacrés. Mesurés à leur échelle, les grands furieux parmi les Européens ne sont pour ainsi dire que des créatures de seconde main.

III, § 205. Du peuple d'Israël. : Parmi les spectacles auxquels nous convie le siècle prochain, il y a la décision sur le destin des Juifs européens [...] On a voulu les rendre méprisables en les traitant avec mépris pendant deux millénaires, en leur interdisant l'accès à tous les honneurs, à tout ce qu'il y a d'honorable, et en les repoussant au contraire d'autant plus bas dans les métiers les plus sordides - à dire vrai, ces procédés ne les ont pas rendus plus propres. Mais méprisables ? [...] Ils sont si assurés de leur souplesse intellectuelle et de leur astuce qu'ils n'ont jamais besoin, même dans la situation la plus difficile, de gagner leur pain par leur force physique, comme grossiers manœuvres, portefaix, esclaves agricoles. On voit encore à leurs manières que l'on n'a jamais mis de sentiments chevaleresques et aristocratiques dans leur âme, ni de belles armes à leur ceinture : une certaine importunité alterne avec une obséquiosité souvent tendre et presque toujours pénible. [...] Ils savent que l'Europe, comme un fruit bien mûr, devrait leur tomber dans les mains, qu'ils n'auront qu'à tendre.

IV, § 377 : Notre imagination se donne libre cours là où résident nos manques. Le principe fantaisiste " aimez vos ennemis ! " a dû être inventé par des Juifs les meilleurs haïsseurs qui furent jamais, et la plus belle glorification de la chasteté par des gens qui avaient passé leur jeunesse en d’abominables débauches.


Fragments posthumes, 1880-1881,

N V 1, début 1880 : ] : 1[73] : L'Europe a adopté la moralité juive et la tient pour meilleure, plus haute, mieux adaptée aux mœurs polies et aux connaissances de notre époque que les morales arabe, grecque, indoue, chinoise. [Europa hat die jüdische Moralität angenommen und hält diese für bessere, höhere, der gegenwärtigen Gesittung und Erkenntniß angemessenere als die arabische, griechische, indische, chinesische.]

M II 1, printemps 1880 : 3[56] : la manière des Juifs ; cela les rend importuns ; pour cela fort haïs . [109. Es ist die Art der Juden, ihre Chancen im Verhältniß zu Personen auszunützen, indem sie dicht an die Grenze derselben treten und es merken lassen, daß sie sich an der Grenze wissen. Dies macht sie zudringlich; wir alle wollen ja unnahbar sein und unbegrenzt erscheinen; die Juden wirken diesem phantastischen Unfaßbar-sein-wollen bei Einzelnen und bei Nationen entgegen und werden dafür sehr gehaßt.]
3[104] : Ce que les Romains détestaient chez les Juifs, ce n’était pas la race mais un type de superstition qui leur était suspect [169. Was die Römer an den Juden haßten, das war nicht die Rasse, sondern eine von ihnen beargwöhnte Art des Aberglaubens und namentlich die Energie dieses Glaubens.] [...] Crédat Judaeus Apella" (Horace) . [Horace, Satires, I, v, 100-101 : Apella le juif peut le croire, pas moi].

Mp XV 1a, été 1880 : 5[21] : L'homme peut supporter le mépris le plus épouvantable (comme les Juifs) pourvu qu'il éprouve par quelque biais un sentiment de (ainsi pour eux, l'argent). [Der Mensch kann die fürchterlichste Verachtung aushalten (wie die Juden), aber er muß das Gefühl der M<acht> irgendworin haben (so diese das Geld)]


N V 4, automne 1880 : 6[71] : réveil des bassesses de la persécution antijuive - voyez l'entraînement général à la haine.
6[214] : La lutte contre les Juifs a toujours été la marque d'une nature basse, envieuse et lâche ; mentalité passablement populacière. [Junge Mensc]hen, deren Leistungen ihrem Ehrgeize nicht gemäß sind, suchen sich einen Gegenstand zum Zerreißen aus Rache, meistens Personen, Stände, Rassen, welche nicht gut Wiedervergeltung üben können: die besseren Naturen machen direkten Krieg; auch die Sucht zu Duellen ist hierher gehörig. Das Bessere ist, wer einen Gegner wählt, der nicht unter seiner Kraft und der achtenswerth und stark ist. So ist der Kampf gegen die Juden immer ein Zeichen der schlechteren, neidischeren und feigeren Natur gewesen: und wer jetzt daran Theil nimmt, muß ein gutes Stück pöbelhafter Gesinnung in sich tragen.]


N V 5, hiver 1880-1881 : [6] : Tous pensent que les sentiments moraux actuels sont les sentiments moraux par excellence. Mais ce sont les sentiments juifs.

N V 7, automne 1881 : 12[116] : Chez les misojuifs (tel W[agner]) m’a frappé davantage l’affinité avec l’élément juif que la dissemblance — c’est une énorme jalousie. Les Allemands se partageraient à présent en Juifs et misojuifs. [An den eigentlichen Misojuden (wie W<agner>) ist mir eher die Verwandtschaft mit dem Jüdischen als die Unähnlichkeit aufgefallen — es ist eine ungeheure Eifersucht. Die Deutschen zerfielen jetzt in Juden und Misojuden, d.h. — — —]

M III 4a, automne 1881 : 15[66] : Dans l’ensemble la moralité de l’Europe est juive — une profonde étrangeté nous sépare encore maintenant des Grecs. [Jüdisch ist im Ganzen die Moralität Europas — eine tiefe Fremdheit trennt uns immer noch von den Griechen.]


Le Gai savoir, (1882),

III, § 136 : Le peuple élu : Les Juifs qui se sentent le peuple élu parmi les peuples, notamment parce qu'ils représentent le génie moral parmi les peuples (grâce à la capacité qu'ils ont eu de mépriser l'être humain plus profondément que ne le fit jamais aucun peuple) - les Juifs éprouvent, au contact de leur saint et divin monarque, une jouissance semblable à celle de la noblesse française au contact de Louis XIV.

III, § 140 : Trop juif.  Si Dieu voulait devenir un objet de l’amour, il aurait dû se départir d’abord du rôle de juge et de la justice : — un juge et même un juge clément n’est pas objet de l’amour. Le fondateur du christianisme n’avait pas de sens assez subtil pour cela, — en tant que Juif.


V, § 348 : S'il est une chose à laquelle un Juif soit le moins habitué, c'est qu'on le croie - il n'est que de considérer sous ce rapport les savants juifs - eux tous misent extraordinairement sur la logique [...] ils savent qu'ils vaincront par la logique, même là ou la répugnance raciale et sociale fait qu'on ne les croit pas volontiers. De fait, rien n'est plus démocratique que la logique : elle ne connaît pas de considération de personne et tient aussi les nez crochus pour des nez droits. [...] Partout où les Juifs sont parvenus à l'influence, ils ont enseigné à distinguer avec plus de subtilité, à conclure avec plus de rigueur, à écrire plus clairement et plus nettement : leur rôle fut toujours d'amener un peuple "à la raison".

V, § 357 : tous les Juifs deviennent douceâtres quand ils moralisent.

V, § 361 Du problème du comédien. : Les Juifs, ce peuple de l'art de l'adaptation par excellence. [...] Le Juif en tant que littérateur-né, en tant que dominateur de fait de la presse européenne exerce sa puissance en vertu de ses capacités de comédien : car le littérateur est essentiellement comédien.
 


Par-delà Bien et Mal, 1886,

V, " Contribution à l'histoire naturelle de la morale ", § 195 : Les Juifs - peuple "né pour l'esclavage", comme dit Tacite (1) et avec lui toute l'Antiquité, peuple "élu parmi les nations", comme ils le disent et le croient eux-mêmes [...] leurs prophètes ont fondu en une seule notion celles de "riche", "sans Dieu", "méchant", "violent", "sensuel" et pour la première fois ont donné un sens infamant au mot "monde" [...] importance du peuple juif : avec lui commence dans la morale la révolte des esclaves.

1. Tacite [vers 55  /  vers 118], Histoire, V, 5 : les pratiques des Juifs sont ineptes et misérables ; haine hostile à l’égard de tous les autres. V, 8 : les Juifs étaient le peuple le plus méprisé par les Assyriens, les Mèdes et les Perses ; le roi Antioche [Antiochus IV, vers -215/-163] s’efforça de détruire la superstition nationale et d’introduire la civilisation  grecque.
Montesquieu : " Il n'y avait pas de peuple si vil dans l'esprit des Romains que les Juifs. Tous les ouvrages sont pleins de l'ignominie dont ils les couvraient. C'est, cependant, un homme de cette nation_là qu'on leur proposa à adorer ; ce sont des Juifs qui l'annoncent, et des Juifs qui se donnent pour témoins. " (Mes Pensées, X, ii).



Par-delà Bien et Mal, 1886,

VIII " Peuples et patries ", § 250 : Ce que l'Europe doit aux Juifs ? Beaucoup de choses, bonnes et mauvaises [...] le grand style dans la morale, l'horreur et la majesté des exigences infinies, des significations infinies, tout le romantisme sublime des problèmes moraux.

Nous qui assistons en artistes et en philosophes à ce spectacle [le ciel de la civilisation européenne, son ciel vespéral], nous en sommes — reconnaissants aux Juifs.


VIII, § 251 : Je n'ai pas encore rencontré un seul Allemand favorable aux Juifs ; si radicalement que les esprits prudents et les têtes politiques condamnent l'antisémitisme proprement dit, cette prudence et cette politique ne répudient pas cette sorte de sentiment, mais seulement sa dangereuse démesure […] Pas un Juif de plus ! […] tel est le vœu instinctif d’une nation dont le type ethnique est encore faible et indécis et qui craint qu’une race plus forte ne vienne l’effacer ou l’éteindre. Or les Juifs constituent sans aucun doute la race la plus forte, la plus résistante et la plus pure qui existe actuellement en Europe [...] Un penseur qui prend à cœur l'avenir de l'Europe devra tenir compte dans ses plans aussi bien de Juifs que des Russes, qui désormais sont probablement les deux facteurs les plus certains des grands jeu et combat des forces. [...]

« Pour le moment, ce qu'ils veulent et souhaitent, et même avec une certaine insistance, c'est d'être absorbés par l'Europe, ils brûlent de se fixer enfin quelque part, d'y être acceptés et considérés, de mettre un terme à leur nomadisme de "Juifs errants" — ; on ferait bien de prendre conscience et de tenir compte d'une telle aspiration (où s'exprime peut-être déjà une certaine atténuation des instincts judaïques) ; c'est pourquoi il serait peut-être utile et juste d'expulser du pays les braillards antisémites. Bien accueillir avec précaution, en opérant un choix, un peu comme procède la noblesse anglaise. [...] ce qui me tient à cœur, le "problème européen" tel que je l'entends, la sélection d'une caste nouvelle dominatrice de l' Europe. —  » [Einstweilen wollen und wünschen sie vielmehr, sogar mit einiger Zudringlichkeit, in Europa, von Europa ein- und aufgesaugt zu werden, sie dürsten darnach, endlich irgendwo fest, erlaubt, geachtet zu sein und dem Nomadenleben, dem „ewigen Juden“ ein Ziel zu setzen — ; und man sollte diesen Zug und Drang (der vielleicht selbst schon eine Milderung der jüdischen Instinkte ausdrückt) wohl beachten und ihm entgegenkommen: wozu es vielleicht nützlich und billig wäre, die antisemitischen Schreihälse des Landes zu verweisen. Mit aller Vorsicht entgegenkommen, mit Auswahl; ungefähr so wie der englische Adel es thut. [...] denn ich rühre bereits an meinen Ernst, an das „europäische Problem“, wie ich es verstehe, an die Züchtung einer neuen über Europa regierenden Kaste. —]

Lettre à sa sœur Elisabeth du 7 février 1886, Nietzsche s'y présente comme « un incorrigible Européen et anti-antisémite [den unverbesserlichen Europäer und Anti-Antisemiten] ».


Lettre à Theodor Fritsch, 23 mars 1887 :
Die Juden sind mir, objektiv geredet, interessanter als die Deutschen ".


Généalogie de la morale, 1887, [Zur Genealogie der Moral]
I "« Bon et méchant », « Bon et mauvais »
§ 7 : Tout ce qui a été entrepris sur Terre contre les « nobles », les « puissants », les « maîtres », les « détenteurs du pouvoir » n’est rien en comparaison de ce que les Juifs ont fait contre eux : les Juifs, ce peuple sacerdotal qui ne put en définitive avoir raison de ses ennemis et de ses vainqueurs que par une radicale invalidation de leurs valeurs, donc par un acte d'une vengeance la plus spirituelle.

Ce sont les Juifs qui, avec une effrayante logique, osèrent retourner l’équation des valeurs aristocratiques.

Avec les Juifs avait commencé la révolte des esclaves dans la morale

I, § 9 : tout s’enjuive ou se christianise ou s’encanaille à vue d’œil (qu’importe les mots).

I, § 16 : Le symbole de cette lutte [entre les deux valeurs opposées « Bon et méchant », « Bon et mauvais »], écrit d'une écriture qui est restée lisible tout le long de l'histoire de l'humanité, c'est « Rome contre la Judée, la Judée contre Rome » : — jusqu'à nos jours, il n'y a pas eu d'événement plus grandiose que cette lutte, ce point d'interrogation, cette opposition à mort. Rome sentait dans le Juif quelque chose comme la contre-nature elle-même, en quelque sorte le monstre qui lui était diamétralement opposé ; à Rome on considérait le Juif comme " convaincu de haine contre tout le genre humain " [cf Tacite, Annales, XV, 44) : à bon droit, dans la mesure où on a le droit de lier le salut et l'avenir du genre humain à la suprématie absolue des valeurs aristocratiques, des valeurs romaines. Quels étaient en retour les sentiments des Juifs vis-à-vis de Rome ? On le devine à mille signes ; mais il suffit de se remettre en mémoire l'Apocalypse de saint Jean, c'est-à-dire le témoignage écrit de la plus sauvage explosion que l'esprit vindicatif ait sur la conscience. [...] Les Romains étaient les forts et les nobles, au point qu'il n'y eu jamais, qu'on a même jamais pu rêver plus fort et plus noble au monde jusqu'ici ; tout vestige qui nous vient d'eux, toute inscription ravit, pourvu que l'on devine ce que c'est qui est écrit là. Les Juifs étaient au contraire ce peuple sacerdotal du ressentiment par excellence, doué d’un génie sans pareil pour la morale populaire : il suffit de comparer avec les Juifs des peuples aux dons analogues, par exemple les Chinois ou les Allemands, pour discerner ce qui est de premier et ce qui est de cinquième ordre. Qui a provisoirement vaincu, Rome ou la Judée ? Il n'y a pas l'ombre d'un doute : considérez seulement devant qui l'on se prosterne aujourd'hui, à Rome même, comme devant la quintessence de toutes les valeurs suprêmes — et pas seulement à Rome, mais presque sur la moitié de la Terre, partout où l'homme est devenu docile ou veut devenir docile — [Die Juden umgekehrt waren jenes priesterliche Volk des Ressentiment par excellence, dem eine volksthümlich-moralische Genialität sonder Gleichen innewohnte: man vergleiche nur die verwandt-begabten Völker, etwa die Chinesen oder die Deutschen, mit den Juden, um nachzufühlen, was ersten und was fünften Ranges ist. Wer von ihnen einstweilen gesiegt hat, Rom oder Judäa? Aber es ist ja gar kein Zweifel: man erwäge doch, vor wem man sich heute in Rom selber als vor dem Inbegriff aller höchsten Werthe beugt — und nicht nur in Rom, sondern fast auf der halben Erde, überall wo nur der Mensch zahm geworden ist oder zahm werden will, — vor drei Juden, wie man weiss, und Einer Jüdin (vor Jesus von Nazareth, dem Fischer Petrus, dem Teppichwirker Paulus und der Mutter des anfangs genannten Jesus, genannt Maria). Dies ist sehr merkwürdig: Rom ist ohne allen Zweifel unterlegen.]

La Judée triomphe une fois de plus de l'idéal classique avec la Révolution française : la dernière noblesse politique de l'Europe, celle du XVIIe et du XVIIIe siècle français, s'écroule sous la poussée des instincts populaires du ressentiment. [In einem sogar entscheidenderen und tieferen Sinne als damals kam Judäa noch einmal mit der französischen Revolution zum Siege über das klassische Ideal: die letzte politische Vornehmheit, die es in Europa gab, die des siebzehnten und achtzehnten französischen Jahrhunderts brach unter den volksthümlichen Ressentiments-Instinkten zusammen].

II " La " faute ", la " mauvaise conscience " "
§ 11 : " C'est aujourd'hui chez les anarchistes et les antisémites que cette plante [le ressentiment] fleurit le mieux, ainsi qu'elle a toujours fleuri d'ailleurs, dans l'ombre, comme la violette, mais son odeur est différente. "

III " Que signifient les idéaux ascétiques ? "
§ 14 : " Dühring, le plus grand braillard de la morale qui existe aujourd'hui, même parmi ses pareils, les antisémites). Ce sont tous des hommes du ressentiment, ces hommes physiologiquement disgraciés et tarés "

Le Crépuscule des Idoles, 1889 [1888]

Le problème de Socrate, § 6 : La dialectique [...] ne peut être qu'une défense de fortune aux mains de ceux qui n'ont pas d'autres armes. A moins d'avoir à conquérir son droit de haute lutte, on n'y a pas recours. C'est pour cela que les Juifs furent dialecticiens.



L'Antéchrist, 1894,

§ 24 : Les Juifs sont le peuple le plus étonnant de l'Histoire mondiale parce que, placés devant la question de l'être et du non-être, en pleine et inquiétante conscience, ils ont choisi l'être à tout prix : ce prix fut la falsification radicale de toute nature, de tout naturel, de toute réalité, tant dans le monde intérieur que dans le monde extérieur.

Les Juifs sont le peuple le plus fatal de l'humanité : à travers les séquelles de leur influence, ils ont rendu l'homme si faux qu'aujourd'hui, un chrétien peut éprouver des sentiments antijuifs sans comprendre qu'il n'est que l'ultime conséquence du judaïsme.

Le peuple juif est un peuple d’une force vitale prodigieusement résistante, qui, placé dans des conditions impossibles, volontairement et par une profonde habileté à survivre, prend le parti des instincts de décadence – non parce qu’il est dominé par ces instincts, mais parce qu’il a deviné en eux une puissance grâce à laquelle on peut s’imposer contre "le monde".

Pour l’espèce d’hommes qui, dans le judaïsme et le christianisme, vise au pouvoir [Macht], et qui est l’espèce sacerdotale, la décadence n’est qu’un moyen.

§ 25 : L'histoire d'Israël est inestimable en tant qu'histoire de la dénaturation des valeurs naturelles.

§ 26 : L'idée de Dieu faussée ; l'idée morale faussée - le clergé juif ne s'en tint pas là [...] avec un mépris sans bornes pour toute tradition, pour toute réalité historique, ils ont réinterprété dans un sens religieux tout leur propre passé national, c'est-à-dire qu'ils en on fait une stupide mécanique de salut.

§ 44 : Dans le christianisme, conçu comme l'art de mentir pieusement, c'est tout le judaïsme, toute une préparation rigoureuse, toute une pratique juive plusieurs fois séculaire, qui atteint à l'ultime maîtrise. Le chrétien, cette ultima ratio du mensonge, c'est encore une fois le Juif, encore trois fois le Juif.

Des petits super-Juifs ont retourné les valeurs en fonction d’eux-mêmes.

§ 46 : Comme fréquentations [zum Umgang], nous choisirions les " Premiers chrétiens " tout aussi peu que des juifs polonais : sans même qu'il soit besoin de leur faire le moindre reproche ... Ni les uns ni les autres ne sentent bons. [...] Ai-je encore à dire que dans tout le Nouveau Testament apparaît une unique Figure digne d'être honorée? C'est Pilate, le procurateur romain. Prendre au sérieux une querelle de Juifs - il ne s'y résoudra pas. Un Juif de plus ou de moins - quelle importance ?

§ 47 : Nommer "Dieu" sa propre volonté, thora, voilà qui est typiquement juif.


Nietzsche contre Wagner Dossier d'un psychologue

Comment je me suis affranchi de Wagner, § 1 : « Depuis que Wagner était en Allemagne, il s’abaissait peu à peu à tout ce que je méprise – et même à l’antisémitisme. »


B / Le nazisme et Nietzsche

Pour des hommes de la génération de Me Maurice Brun, avocat honoraire, ancien député (1973-1978) et adhérent fidèle du Cercle Condorcet de Montluçon, le nom de Nietzsche est associé au nazisme. Ce serait plus justifié avec Fichte, antisémite et nationaliste, - et Hegel, précurseur de Marx pour un aspect de son œuvre.

Le livre La Volonté de puissance fut concocté par sa sœur Élisabeth (publication :1901-1906-1911).

Nietzsche était hostile aux nationalistes allemands et aux antisémites (se disait choqué par les " écrits qui entendent mener les Juifs à l'abattoir ").

Pour la science, pour l'instruction. Hitler au contraire : " L'instruction scientifique viendra en dernier lieu. "

Pas anti-homosexuel. Ses passages sur ce sujet.

Parle de guerre - mais c'est une guerre de l'esprit.

Anti-religieux, donc anti-judaïsme, notamment sur les questions morales.

Rêve d'eugénisme : élimination ou extinction des " ratés ".

Le nom de Nietzsche n'apparaît pas dans Mein Kampf. Celui de Schopenhauer deux fois ; il y a un buste de Schopenhauer dans la bibliothèque du Berghof (résidence secondaire d'Hitler dans les Alpes bavaroises).
« L'œuvre de Nietzsche est brutalement interrompue par la démence au début de 1889. Sa sœur Elisabeth se fit gardienne autoritaire de l'œuvre et de la mémoire. Elle fit publier un certain nombre de notes posthumes. Les critiques lui reprochent moins peut-être des falsifications (les seules qui soient manifestes concernent les lettres) que des déformations : elle a cautionné l'image d'un Nietzsche antisémite et précurseur du nazisme — l'anti-Nietzsche par excellence. » (Gilles Deleuze, Michel Foucault, " Introduction générale ", in Le Gai Savoir, Paris : Gallimard, 1967).

Je tombe sur ces lignes ahurissantes de Roger Laporte (1925-2001) : " [...] dans la mesure où tout penseur est responsable de ce qu'il écrit et publie, il [Nietzsche] ne peut être tenu pour quitte d'une complicité involontaire avec le nazisme, complicité, à tout prendre, peut-être plus grave que celle de Heidegger. " (dans Les Philosophes 2 De Hume à Sartre, Paris: Hachette, 1985 ; collection Le Livre de poche - biblio essais 4236).

Timothy W. RybackHitler's Private Library [La bibliothèque privée d'Hitler],  2008 : chapitre 4, " Le philosophe égaré ". (photo Herman Seidl).
J'y trouve :
Hitler à la cinéaste Leni Riefenstahl : " Je ne peux pas tirer grand chose de Nietzsche. C'est un artiste plus qu'un philosophe, il n'a pas la compréhension limpide de Schopenhauer. Naturellement, j'apprécie le génie de Nietzsche. Il écrit sans doute le plus beau langage que la littérature puisse offrir aujourd'hui, mais ce n'est pas mon guide. " (Memoiren 1902-1945, 1990).


 

Enfin, la valorisation des " esprits libres " s'accorde mal avec les totalitarismes.

Pierre-André Taguieff : « La position anti-antisémite de Nietzsche est tout le contraire d’un héritage intellectuel et moral. Elle a suscité une double rupture dont le philosophe a payé le prix : avec les milieux wagnériens et avec son milieu familial, en particulier avec sa sœur Elisabeth. Cette prise de position publique contre l’antisémitisme a été le produit d’une réflexion exigeante sur la « question juive », telle qu’elle était posée en son temps, ainsi que d’un travail sur soi témoignant d’un rare courage et d’une probité intellectuelle peu commune. L’évolution de Nietzsche vaut pour preuve que nul n’est voué à ressasser les préjugés de son enfance, ni à rester fidèle à des convictions devenues intolérables. C’est à cela qu’on reconnaît les libres esprits. »
Nietzsche contre l’antisémitisme (2019).


C / Fragments posthumes 1882-1888 relevant de
« La Volonté de puissance »
(les éditions et traductions sous ce titre sont
incomplètes et de très mauvaise qualité)


« L'œuvre de Nietzsche est brutalement interrompue par la démence au début de 1889. Sa sœur Elisabeth se fit gardienne autoritaire de l'œuvre et de la mémoire. Elle fit publier un certain nombre de notes posthumes. Les critiques lui reprochent moins peut-être des falsifications (les seules qui soient manifestes concernent les lettres) que des déformations : elle a cautionné l'image d'un Nietzsche antisémite et précurseur du nazisme — l'anti-Nietzsche par excellence. » (Gilles Deleuze, Michel Foucault, Introduction générale, in Le Gai Savoir, Paris : Gallimard, 1967).

Voir dans le Dictionnaire Nietzsche l'entrée " Nazisme ", cc. 633b-639b, par Fabrice de Salies.

N. B. Le nom de Friedrich Nietzsche ne paraît pas dans les deux tomes du Mein Kampf d'Adolf Hitler. Celui d’Arthur Schopenhauer deux fois (Volume I, chapitres x et xi).


1882
N V 9a, juillet-août 1882 : [23] : sur le fait que la race sémite appartienne à la race indo-européenne, je suis d'accord avec G.I. Ascoli et E. Renan.


M III 4b, printemps-été 1883 : [12] : les juifs, pervertis par leur captivité en Égypte.


W I 1, printemps 1884 : 25[218] : Valeur de l'antisémitisme [Néologisme allemand forgé en 1879 par le journaliste socialiste Wilhem Marr], pour pousser les Juifs à se donner de plus hauts buts et à trouver trop bas d'être absorbés dans des États nationaux.

25[221] : Lorsque le Christianisme sera détruit, alors seulement on sera plus équitable envers les Juifs.

25[234] : En Europe les Juifs sont la race la plus ancienne et la plus pure. C'est pourquoi la beauté de la Juive est la plus haute.

25[282] : Imitation – comme talent du Juif.

25[441] : servilité chez les Juifs d’aujourd’hui, aussi chez les ALLEMANDS.

25[462] : L'Européen comme une super-race. De même le Juif : c'est finalement une espèce dominatrice, bien que très différente des simples anciennes races dominantes qui n'avaient pas modifié leur environnement.

W I 2, été-automne 1884 : [335] : " Compénétration des deux races, allemande et slave - nous avons besoin aussi des hommes d'argent les plus habiles, les Juifs, absolument, pour avoir domination sur la Terre. " [Ein In-einander-wachsen der deutschen und der slavischen Rasse, — auch bedürfen wir der geschicktesten Geldmenschen, der Juden, unbedingt, um die Herrschaft auf der Erde zu haben.]

Z II 5b, automne 1884 : [2] : tous les Chrétiens se livrent à des trafics de Juifs.


N VII 1, avril-juin 1885 : [90] la désensualisation dérivee des juifs

[111] : Les Allemands devraient élever une caste dominante : j'admets que les Juifs possèdent des capacités qui sont indispensables comme ingrédients chez une race qui doit faire une politique mondiale. Le sens de l'argent exige d'être appris, hérité et mille fois hérité : à présent encore les Juifs en bénéficient au même titre que les Américains.

W I 3a, mai-juillet 1885 : [76] : " Aristocratie de l'esprit " est un mot de passe pour les Juifs.

W I 4, juin-juillet 1885 : [42] : Si l'on ne tenait compte que de leur intelligence, de leur zèle et de leur habileté, les Juifs prussiens seraient déjà en possession des plus hautes situations dans l'État, particulièrement dans le domaine administratif : bref, ils auraient "le pouvoir" entre les mains (comme ils l'ont déjà - au dire de divers témoignages - "dans la poche"). Ce qui les en exclut, c'est leur incapacité à être les représentants du pouvoir. [...] les Juifs n’ont jamais été une race de chevaliers. […] Cet étiolement du Juif tient à un climat inapproprié et au voisinage de Slaves, de Hongrois et d'Allemands laids et soumis : parmi des Portugais et des Arabes, la race supérieure des Juifs est préservée.
[43] : Les dangers de l'âme juive sont : 1) elle cherche volontiers à s'implanter partout en parasite 2 ) elle sait "s'adapter" [...] l'habitude de dépenser beaucoup d'intelligence et d'entêtement pour de très petits profits a marqué son caractère d'une trace profonde : au point que même les grands commerçants les plus estimables sur le marché de la finance juive ne peuvent s'empêcher, lorsque les circonstances le permettent, de tendre la main, de sang-froid, pour de mesquins et petits profits supplémentaires qu'un financier prussien ne réaliserait qu'en rougissant de honte.
[45] : C. Problème d'une fusion de l'aristocratie européenne ou plus encore de la noblesse prussienne avec des Juives.
[47] : Les dangers de l'âme juive : parasitisme et théâtralité.

Le Juif ne « représente » pas.

W I 5, août-septembre 1885 : [13] : impératif qui commande l'instinct allemand et qui ordonne : "plus de nouveaux Juifs ! Et que la porte de l'Est soit soit tenue fermée!" [...] laideur effrayante et méprisable de Juifs nouvellement émigrés de Pologne, de Russie, de Hongrie et de Galicie.

N VII 3, été 1886 - automne 1887 : 5[5] : le type d’homme qui, dans l’Europe actuelle, reçoit bien avant les autres l’intellectualité en don héréditaire.

W II 1, automne 1887 : [50] : Rien de moins innocent que le Nouveau Testament. On sait sur quel sol il a crû. […] Ce peuple-là manipule la pia fraus [pieux mensonge] à la perfection.

Dès que des Juifs se produisent en tant que l’innocence même, il y a grave danger : l’on doit toujours tenir en réserve son petit fond de raison, de méfiance, de malice quand on lit le Nouveau Testament.

[53] : les Juifs ont frôlé le génie dans la sphère de l'art avec H. Heine et avec Offenbach

[88] : Pilate, l’unique personnage honnête, son dédain pour ce bavardage judaïque sur la « vérité », comme si semblable peuple avait le droit de prendre part à la discussion quand il s’agit de vérité.

[109] : NB. Donner aux Juifs le courage de qualités nouvelles, alors qu'ils sont passés dans de nouvelles conditions d'existence.


W II 2, automne 1887 : [62] : cacher son envie à l'égard de l'intelligence mercantile des Juifs sous des formules de moralité, voilà qui est antisémite, vulgaire, lourdement canaille.

[72] : astuce juive des premiers chrétiens

[199] : l' "instinct d'élu" juif : ils revendiquent sans autre forme de procès toutes les vertus pour eux-mêmes, et comptent pour leur contraire le reste du monde : signe profond de la vulgarité d'âme.

[200] : Morale du désintéressement [...] le Juif s'y trahit en ce sens qu'en fin de compte elle est représentée comme profitable ...

toujours le saint égoïsme juif à l’arrière-plan du sacrifice et de l’abnégation de soi.

[201] : Platon contaminé de bigoterie juive.


W II 3, novembre 1887 - mars 1888 : 11[384] : le christianisme est infiltré pa la judaïne [Die erste Entartung des Christenthums ist der Einschlag des Judain, — eine Rückbildung in überwundene Formen…]


W II 5, printemps 1888 : [182] : Esprit : le propre des races tardives (Juifs, Français, Chinois). Les antisémites ne pardonnent pas aux Juifs le fait que les Juifs ont de l'"esprit" - et de l'argent : l'antisémitisme, une appellation pour les "mal partagés".

L’instinct du grand financier va contre tout extrême – et c’est pourquoi les Juifs sont pour l’instant la puissance la plus conservatrice.

S’ils ont besoin et envie d’exercer un pouvoir par et sur le parti révolutionnaire également, ce n’est qu’une conséquence de ce qui précède.

Ils savent devenir puissants partout où il y a puissance.

[223] : Les Juifs font la tentative de s'imposer après avoir perdu deux castes, celle des guerriers et celle des agriculteurs.

Mp XVII 5, juillet-août 1888 : [3] : Les tchandala ont pris le dessus : à commencer par les Juifs. Les Juifs sont, dans une Europe incertaine, la race la plus forte ; car, par la durée de leur évolution, ils sont supérieurs au reste. Leur organisation suppose un devenir plus riche, une carrière plus périlleuse, un nombre plus élevé de degrés gravis, que n'en peuvent revendiquer tous les autres peuples. Mais c'est presque la formule de la supériorité. — Une race, comme tout autre formation organique, ne peut que croître, ou bien périr ; l'état stationnaire n'existe pas. Une race qui n'a pas dépéri est une race qui n'a cessé de croître. [...] — Les Juifs sont intelligents au sens le plus absolu : rencontrer un Juif peut être une bénédiction. Par ailleurs, on n'est pas impunément intelligent : par cela même on a facilement les autres contre soi. Mais l'avantage reste quand même aux intelligents. — Leur intelligence empêche les Juifs d'être absurdes à notre manière : par exemple nationalistes. [...] Ils sont même maintenant un antidote contre cette dernière maladie de la raison européenne. — Les Juifs seuls ont dans l'Europe moderne touché à la forme suprême de l'intellectualité : c'est la bouffonnerie géniale. Avec Offenbach, avec Heinrich Heine, la culture européenne devient culture au carré ; il n'est point encore à la portée des autres races d'avoir de l'esprit à ce point. Cela touche à Aristophane, à Pétrone, à Hafiz. — C'est sans doute Paris qui représente aujourd'hui la culture la plus ancienne et la plus tardive de l'Europe ; l'esprit de Paris est sa quintessence.

N VII 4, automne 1888 : 21[6] : Ah, quelle bénédiction est un Juif parmi du bétail allemand !... C'est ce qu'ont sous-estimé messieurs les antisémites. Qu'est-ce qui distingue au fond un Juif d'un antisémite? Le Juif sait qu'il ment quand il ment : l'antisémite ne sait pas qu'il ment toujours —

21[7] Les antisémites ont un but qui est manifeste jusqu'à l'indécence : — l'argent juif. [...]
Définition de l'antisémite : envie, ressentiment, rage, impuissante comme leitmotiv de l'instinct, la prétention de l'élu : la plus parfaite manière moralisante de se mentir à soi-même — celle qui n'a à la bouche que la vertu et tous les grands mots. Et ce trait typique : ils ne remarquent même pas à qui ils ressemblent à s'y méprendre ? Un antisémite est un Juif envieux — c'est-à-dire le plus stupide de tous...

W II 9c, octobre-novembre 1888 : [1] : 3 : entre 1876 et 1886, j'ai dû à des Juifs ou à des Juives presque tous mes moments agréables dans les hasards des rencontres. Les Allemands sous-estiment quel bienfait représente la rencontre d'un Juif, - on n'a plus de raison d'avoir honte, on peut même être intelligent.
6 : Même en faveur des antisémites, envers qui, comme on sait, je suis aussi mal disposé que possible, je saurais faire valoir bien des traits positifs, d'après une expérience non négligeable : cela n'empêche pas, cela détermine plutôt, que je mène une guerre impitoyable à l'antisémitisme - il est une des aberrations les plus maladives de l'autocontemplation hébétée et bien peu justifiée du Reich allemand ...



D - MICHEL ONFRAY SUR LES JUIFS



Traité d'athéologie - Physique de la métaphysique, Paris : Grasset, 2005. Réédité dans la collection Le Livre de Poche, n° 30637, en octobre 2006.

« (II) Monothéismes, i, 3 La kyrielle des interdits. […] Les Évangiles n'interdisent ni le vin ni le porc, ni aucun aliments, pas plus qu'ils n'obligent à porter des vêtements particuliers. L'appartenance à la communauté chrétienne suppose l'adhésion au message évangélique, pas aux détails de prescription maniaque. […] Juifs et musulmans obligent à penser Dieu dans chaque seconde de la vie quotidienne. »

(IV) Théocratie, I, 3 : "Le mythe du peuple élu fonde l'essence et l'existence d'une Nation désormais dotée d'un destin."

I, 4.: "L'État d'Israël s'appuie sur la Torah pour justifier la colonisation de la Palestine [...] Les juifs sont le peuple élu (Deut. VII, 6), choisi par Dieu, contre tous les autres, malgré tous les autres [...] Yahvé justifie le massacre de tout ce qui vit, hommes et bêtes, femmes et enfants, les vieillards, les ânes, les bœufs, le menu bétail dit le texte, tout doit être passé au fil de l'épée (Jos. VI, 21 [Et interfecerunt omnia, quae erant in ea, a viro usque ad mulierem, ab infante usque ad senem; boves quoque et oves et asinos in ore gladii percusserunt.]). La conquête du pays de Canaan, la prise de Jéricho se paient du prix de toute vie. La ville est incendiée. L'or et l'argent échappent à la vindicte et sont consacrés à Yahvé, pour sa grandeur, ses largesse et sa complicité dans ce qu'il convient bien de nommer le premier génocide : l'extermination d'un peuple. [...] Yahvé parle à son peuple élu et n'a aucune considération pour les autres. La Torah invente l'inégalité éthique, ontologique et métaphysique des races.".

II, 2 : "L'invention juive de la guerre sainte. [...] Peu importe ces Cananéens, Dieu a décidé de leur extermination : « je les exterminerai » dit-il (Ex. XXIII, 23 [Praecedet enim te angelus meus et introducet te ad Amorraeum et Hetthaeum et Pherezaeum Chananaeumque et Hevaeum et Iebusaeum, quos ego conteram.]) [...] Aux Palestiniens, il promet la destruction totale - la guerre sainte selon l'expression terrifiante et hypermoderne [1] du livre de Josué (VI, 21)."
1. Expression qui n'est pas dans le texte...

II, 10 : Amour du prochain, suite ... [...] Le Lévitique, par exemple, prend soin de préciser qu'un Juif évitera d'utiliser l'un des siens comme esclave (XXV, 39-55). Un contrat de louage, oui, qui se termine au bout de six années et permet au juif domestique de recouvrer sa liberté. En revanche, un non-juif peut demeurer dans l'état serf jusqu'à sa mort." 


 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Onfray ne parle aucunement des juifs en tant que tels, c'est-à-dire en tant que personnes ou peuple comme le fait Nietzsche. Il ne parle que de ce qu'il lit et interprète dans la Bible.