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dimanche 21 avril 2024

DFHM : Ultramontain à uraniste en passant par Uranie — et Vaisseau à virer sa cuti en passant par Vice à la mode et Villette




UGOBER

Anagramme de bougre dans l’ouvrage de Beauchamp, 1722 ou 1728.

ULTRAMONTAIN, adj. et subs.

« Le commencement du mois de juin [1682] fut signalé par l’exil d’un grand nombre de personnes considérables accusée de débauches ultramontaines. Tous ces jeunes gens avaient poussé leurs débauches dans des excès horribles, et la Cour était devenue une petite Sodome. »
Louis François marquis de Sourches (1645-1716), Mémoires sur la fin du règne de Louis XIV.

« Au jeu d’amour, une gente donzelle
Voulut induire un cavalier romain ;
L’ultramontain, à son culte fidèle,
La refusait, et même avec dédain,
Quand pour lui plaire, elle tourna soudain
Ce qu’à Jupin, Ganimède réserve ;
Mais dans son goût,  malgré l’offre affermi,
Me fourrer là, dit-il, Dieu m’en préserve !
Je logerais trop près de l’ennemi. »
Jean-Baptiste Rousseau, Épigrammes, XXIII

« En réputation de préférer les plaisirs ultramontains, à ceux qu'il aurait pu prendre avec les Dames. »
Pierre de L'Estoile, Journal du règne de Henri III, 1587.
Édition Pierre Gosse, La Haye, 1744 (tome 2).


« Ultramontain : pédéraste, appelé ainsi à cause des vices hors nature attribués aux habitants de l’autre côté des montagnes alpines, l’Italie. »
Hector France, Dictionnaire de la langue verte, 1907, réédition Nigel Gauvin, 1990.

UNISEXUALITÉ

« L’unisexualité, tel est le dernier mot de cette dégradation de l’amour. Or, comme il ne se peut rien concevoir par l’entendement qui ne tende à se réaliser par le fait, l’unisexualité a pour expression pratique, chez tous les peuples, la PÉDÉRASTIE. »
Pierre Joseph Proudhon, Amour et mariage (1858), XIX.

Proudhon entendait pédérastie au sens de sodomisation, comme la plupart des médecins-légistes de l’époque, dont Tardieu, qu’il venait de lire.

« Les hommes qui ont séduit, corrompu, souillé les âmes et les vies de leurs semblables plus jeunes sont d’habitude des pervertis. Ils n’ont pas toujours été unisexuels. Ils ont plus de prise. Ils sont plus vicieux. L’unisexuel qui s’essaye à la bissexualité devient aussi corrompu que l’homme sexuel normal qui s’essaye à l’unisexualité : ils ont tous les vices, ceux qui leur reviennent et les autres. »
Marc-André Raffalovich, Archives d’Anthropologie Criminelle, mars 1894.

« Les femmes d’aujourd’hui s’intéressent beaucoup à l’unisexualité masculine. »
A. Raffalovich, « Quelques observations sur l’inversion », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 50, 15 mars 1894.

A. Raffalovich publia en 1896 l’ouvrage Uranisme et Unisexualité, puis trois séries de longs articles dans les AAC : « Annales de l’unisexualité » en 1897, « Chronique de l’unisexualité » en 1907 et 1909.

« L’unisexualité se ressemble chez les femmes comme chez les hommes ; l’inversion est une. »
Dr H. Legludic, Attentats aux mœurs, 1896.

UNISEXUEL(LE), adj. et subs.

Unisexuel et unisexué ont d’abord été appliqués aux végétaux et animaux n’ayant qu’un seul sexe. Puis Charles Fourier a parlé d’affection unisexuelle, de couples unisexuels et d’orgies unisexuelles. ; il a aussi utilisé les expressions amour ambigu et amour unisexuel :

« En amour, il y a ultragamie entre deux femmes saphiennes. Ce lien sort des attributions de l’amour qui comprennent les unions bisexuelles. Dans ce cas, les deux ressorts de l’amour engrènent dans la passion d’amitié ou affection unisexuelle. »
Charles Fourier, Œuvres complètes, Anthropos, 1967, t. IV, p. 367.

« De toutes nos relations, il n’en est pas de plus fausse que celle de l’amour ; on y a introduit une dissimulation si générale que nous ne pouvons plus lire les modernes du bon vieux temps ni les ouvrages anciens qui traitent de l’amour franchement, comme ceux de Plutarque, Virgile et autres […] À cette époque on admettait l’ambigu, l’amour unisexuel. Si les grands hommes de la Grèce revivaient aujourd’hui, ils seraient tous brûlés vifs. Solon, Lycurge, Agésilas, Épaminondas, Sappho, Jules César et Sévère seraient tous conduits à l’échafaud pour pédérastie ou saphisme. Ces même anciens méprisaient le trafic et le mensonge qui sont aujourd’hui en honneur, la banqueroute et l’agiotage qui sont devenus des usages aussi innocents qu’autrefois l’amour ambigu. »
Charles Fourier, Œuvres complètes, tome XI, vol. 4, pp. 219-220.

Les audaces de l’utopiste ont été sévèrement jugées par Proudhon :

« Je sais même que Fourier, qu’on n’accuse pourtant pas d’avoir eu des goûts socratiques, a étendu fort au delà des barrières accoutumées les relations amoureuses, et que ses spéculations sur l’analogie l’avaient conduit à sanctifier jusqu’aux conjonctions unisexuelles. »
Pierre-Joseph Proudhon, Avertissement aux propriétaires, 1841.

« Aussi l’amour unisexuel est-il susceptible d’inspirer une jalousie effrenée. »
Proudhon, Carnet n° 7, 1849.

« On me racontait hier que l’abbé de Lamennais pratiquait le culte d’Anacréon pour les petits garçons ; que même le vieux Barbet l’économiste lui avait servi d’amante. Une amante mâle de 60 ans !... Ce goût n’est pas rare aujourd’hui parmi les gens de lettres, les artistes et les grands. – On cite entr’autres, [Jean-Louis-Eugène] Lherminier [professeur au Collège de France], Germain Sarrut, et une foule que j’oublie. Nos mœurs tournent à la pédérastie, terme ordinaire, fatal, du développement érotique dans une nation. Quand la femme, prise d'abord pour organe de luxure, est devenue, par le raffinement de la volupté, un objet d'art, de l'art luxurieux, l'érotisme ne s'en tient pas là, il va jusqu'à l'affection unisexuelle. C'est logique. Qu'est-ce en effet que la volupté ? L'art de la masturbation, soit solitaire, soit à deux, de même ou de différent sexe. C’est bien ainsi que toutes nos notabilités de la politique, de la philosophie, du clergé, etc. entendent l’amour. […] Changarnier, Lamoricière, ont rapporté d’Afrique le goût des amours masculines. On assure que tous nos officiers et soldats qui tombent aux mains des Arabes passent tous par l’étrivière socratique. Courby de Cognord n’y aurait pas échappé. C’est même là une des causes des atrocités commises par nos troupes, notamment par le colonel Pélissier aux grottes de [le nom manque] .»
P. J. Proudhon, Carnet n° 8, année 1850.

Dans un pamphlet, le Dr Agrippa employait les expressions plaisir unisexuel, pratiques unisexuelles et amour unisexuel :

« Dans l’amour unisexuel, il y a une brutalité que ne s’accommode pas des soupirs et du dévouement délicat de l’amour honnête. »
La Première flétrissure, 1873.

Ce vocabulaire se retrouve dans le roman de Paul Bonnetain :

« Une demi-heure après, le crime irrémédiable était accompli ; l’ignorantin avait fait un nouvel élève à qui les monstrueux mystères des pratiques unisexuelles seraient désormais familiers. À jamais, il était détraqué, le petit malheureux qui souriait maintenant, l’œil humide de plaisir. »
Charlot s’amuse, 1883.

« Laissez passer la légion des solitaires, des unisexuels, des benjamites [cf Juges, XX] et des tribades. […] La chronique scandaleuse prétend que jamais ne fut si répandu le goût unisexuel, qu’il se propage singulièrement de par le monde, et que le bataillon de Lesbos, formé de recruteuses et d’entremetteuses, va grossissant chaque jour. »
Frédéric Loliée, Les Immoraux – Études physiologiques, Livre 2, VI-VII, 1891.

Digression sur le mot tribade :
Dictionnaire français... de Pierre Richelet, 1680 et 1706.

« D’autres croient que la similarité est une passion comparable à celle suscitée par la dissimilarité sexuelle. Hommes, ils aiment un homme ; mais ils affirment que s’ils étaient femmes, ils aimeraient une femme. Ce sont les unisexuels par excellence. Ce sont aussi les supérieurs, les plus intéressants. […] C’est une erreur de croire que les unisexuels, les invertis, se reconnaissent entre eux. C’est une de leurs vantardises, et qui a été fort répétée. Mais un de leurs sujets de conversation est justement de se demander si tel ou tel partage leurs goûts, leurs habitudes ou leurs tendances. Les efféminés se reconnaissent naturellement, mais on les reconnaît aussi aisément sans être efféminé soi-même. Mais la prudence, l’amour-propre, l’orgueil, le respect de soi-même, une affection profonde, mille sentiments empêchent un unisexuel de se livrer ainsi s’il n’est pas un débauché, ou très efféminé […] Les femmes d’aujourd’hui s’intéressent beaucoup à l’unisexualité masculine. On en parle beaucoup à présent ; les femmes sont très renseignées à ce sujet ; non seulement les femmes unisexuelles (qui sont toutes complices des hommes unisexuels à tous les degrés, du platonisme à l’abjection) mais aussi les femmes honnêtes. Les femmes n’ont pas peu contribué au sans-gêne de l’unisexualité masculine mondaine. Arrivées à un certain âge, les femmes qui ne s’attirent plus l’hommage des vrais hommes, s’entourent d’hommes unisexuels qui leur font la cour pour la galerie. »
André Raffalovich, « Quelques observations sur l’inversion », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 50, 15 mars 1894.

« Lorsqu’ils font semblant d’ignorer l’amour unisexuel ou de s’en indigner, les "gens honnêtes" mentent à dire d’expert. Cela fourmille au grand jour, sous le regard complaisant des sergots [agents de police] et de la foule. Maquillés, impudiques et frôleurs, vont et viennent les cynèdes en troupeau. Qui les désire n’a qu’un signe à faire pour en être obéi. »
Laurent Tailhade, La Touffe de sauge, édition de La Plume, 1901.

« Il y a un rapport constant entre la conduite et les principes des unisexuels et la conduite et les principes des hétéro-sexuels. Le relâchement des uns est le relâchement des autres. Sexuellement tous les hommes sont solidaires. »
André Raffalovich, « Les groupes uranistes à Paris et à Berlin », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 132, 15 décembre 1904.

« Quant au vice unisexuel masculin, quelques écrivains ont tenté de l’expliquer, sinon de l’excuser, chez les Grecs par la beauté même des hommes de l’Attique. »
B. de Villeneuve [Raoul Vèze], Le Baiser en Grèce, 1908.


« Puisque la législation barbare et injuste de certains États condamne avec sévérité les unisexuels, M. [Stuart] Merrill ne pense-t-il pas qu’il est du dernier intérêt de montrer qu’il a pu y avoir des hommes de génie parmi les  unisexuels ? Le prestige de ces hommes ne peut-il aider à défaire la barbarie et l’injustice des législations citées par M. Merrill ? Par quelle rage singulière MM. Les Humanitaires, chaque fois qu’un grand homme est donné comme unisexuel, s’efforcent-ils de dénier aux autres unisexuels le droit de le considérer comme un des leurs ? Si nous avions l’avantage de donner dans l’unisexualité, M. Merrill ou moi, la question ne nous serait pas indifférente. »
Guillaume Apollinaire, « Revue de la quinzaine », Mercure de France, tome 106, 16 décembre 1913.


Pris dans le livre de John Addington Symonds A Problem in Modern Ethics, 1891.


URANIE, VÉNUS URANIE, VÉNUS URANIENNE

Vénus Uranie est le nom francisé de l’Aphrodite Ourania, amour intellectuel (ou céleste) et pédérastique, en opposition à l’Aphrodite Pandémos, amour vulgaire (ou terrestre), bisexuel ou hétérosexuel ; cette distinction apparaît dans les Symposia [Banquets ou Beuveries] de Platon (180d-181) et deXénophon (viii, 9-10).

« Qui doute qu’il n’y ait deux Vénus ? L’une ancienne, fille du ciel, et qui n’a point de mère : nous la nommons Vénus Uranie ; l’autre plus moderne, fille de Jupiter et de Dioné [compagne de Zeus, forme locale de la Terre-Mère] : nous l’appelons Vénus populaire. Il s’ensuit que de deux Amours, qui sont les ministres de ces deux Vénus, il faut nommer l’un céleste, et l’autre populaire. ».
Jean Racine, traduction du Banquet de Platon, dans Œuvres complètes, tome II, Paris : Gallimard, 1952, collecton " Bibliothèque de la Pléiade "..

L’abbé François-Marie Coger, dans son Dictionnaire anti-philosophique pour servir de commentaire et de correctif au Dictionnaire philosophique (Avignon : Veuve Girard et François Seguin, 1767), écrivait : « Les Anciens ont connu deux sortes d'amour, le premier fils de Vénus Uranie, c’est-à-dire céleste ; le second engendré par Vénus terrestre... 



Aussi Chateaubriand, dans Génie du christianisme : « Ce qu’il y avait de plus sublime et de plus doux dans la fable [antique] possédait la virginité ; on la donnait à Vénus-Uranie et à Minerve, déesses du génie et de la sagesse ; l’Amitié était une adolescente. » Première partie « Dogmes et doctrines », livre I « Mystères et sacrements », chapitre ix, « Sur le sacrement d’ordre ».À leur suite, le Complément du Dictionnaire de l’Académie française (1842) définissait ainsi Uranie : « Nom de Vénus comme déesse de l’amour pur. »

« {…] ces Orientaux dont parle Julius Firmicus [Lib. De Errore prof. Relig] lesquels consacraient, les uns à la déesse de Phrygie, les autres à Vénus Uranie, des prêtres qui s’habillaient en femmes, qui affectaient d’avoir un visage efféminé, qui se fardaient. »
Joseph-François Lafitau (1681-1740), Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers temps, tome 1, 1724.

« L’amour des hommes, dit-il, est en lui-même un sentiment pur, noble, divin. C’est l’amour des âmes. C’est un présent de Vénus Uranie. »
Dupin, La Prusse galante ou Voyage d’un jeune homme à Berlin, 12e journée, 1800.

« Carthage où l’on adore Vénus-Uranie [d’après Salvien, Du gouvernement de Dieu, VII]. »
Alfred de Vigny, Journal d’un poète, 16 juin 1837.

« Apollonius. La connais-tu la Vénus uranienne, qui brille sous son arc d' étoiles ? T' a-t-on dit les mystères de l' Aphrodite prévoyante ? As-tu jamais palpé la poitrine sèche de la Vénus barbue, ou médité les colères d' Astarté furieuse ? N' aie souci, j' arracherai leurs voiles, je briserai leurs armures ; avec moi tu marcheras d' un pied robuste sur la crête de leurs temples, et nous atteindrons ensemble jusqu' à la mystérieuse et l' inaltérable, jusqu' à celle des maîtres, des héros et des purs, la Vénus apostrophienne, qui détourne les passions et tue la chair. »
Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1849.

« Socrate veut prouver (dit-il dans le Banquet de Xénophon) que l’amour de l’âme l’emporte de beaucoup sur l’amour du corps. Néanmoins, en établissant la différence entre la Vénus Uranie et la Vénus Pandème, il admet comme un usage établi qu’un garçon ait commerce avec un homme. »
Audé [O.-J. Delepierre], Dissertation sur les idées morales des Grecs et sur le danger de lire Platon, 1879.

« M. André Gide est pédéraste. Ce n'est pas le diffamer que de le dire, il s'en fait gloire. Il a écrit un petit livre (Corydon) pour s'en flatter et défendre l'uranie, et un gros bouquin (Si le grain ne meurt...) pour s'en confesser.
Je ne le lui reproche pas. Je m'en moque éperdument. Chacun prend son plaisir où il le trouve. Il me semble seulement aussi puéril d'avouer et de proclamer le goût qu'on a pour les jeunes gens qu'il me parait déplacé d'ouïr les confidences d'un érotomane déclarant n'aimer que les dames à gros derrière ou les jeunes filles aux seins inexistants.
Ce n'est pas du non-conformisme. C'est de l'exhibitionnisme... Une triste manie, sans plus.
Cependant, voici un article du réquisitoire d'André Gide contre l'U.R.S.S. (note au bas de la page 63) qu'il vient de publier et par lequel il accède pour la première fois, à soixante et un ans, aux gros tirages : " Que penser, au point de vue marxiste (sic) de celle (la loi) plus ancienne contre les homosexuels qui, les assimilant à des contre-révolutionnaires (car le non-conformisme est poursuivi jusque dans les questions sexuelles) les condamne à la déportation pour cinq ans, avec renouvellement de peine s'ils ne se trouvent pas amendés par l'exil ? "
On a le droit et peut-être le devoir de penser que ces dispositions sont bien rigoureuses. Mais on ne peut pas sous-estimer le poids dont elles ont pesé, au trébuchet de M. Gide, et la mesure dans laquelle elles ont aidé à sa déception.
Passons. Au sens propre du mot, M. André Gide est un pauvre bougre. »
" Un pauvre bougre : André Gide " Le Merle blanc siffle et persifle le samedi, N° 140, 5 décembre 1936, page 1.

URANIEN, adj. et subs., URNIEN, adj.

« Apollonius. La connais-tu la Vénus uranienne, qui brille sous son arc d' étoiles ? T' a-t-on dit les mystères de l' Aphrodite prévoyante ? As-tu jamais palpé la poitrine sèche de la Vénus barbue, ou médité les colères d' Astarté furieuse ? N' aie souci, j' arracherai leurs voiles, je briserai leurs armures ; avec moi tu marcheras d' un pied robuste sur la crête de leurs temples, et nous atteindrons ensemble jusqu' à la mystérieuse et l' inaltérable, jusqu' à celle des maîtres, des héros et des purs, la Vénus apostrophienne, qui détourne les passions et tue la chair. »
Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1849.

« C’est toute une révolution sociale que M. Marx [Heinrich Marx] propose. Il veut que la loi, après avoir créé le genre Urnien, garantisse à l’Urning un état social équivalent à celui de la jeune fille et de la femme […] il fonde une société pour la défense des intérêts Urniens. »
François Carlier, La Prostitution antiphysique, 1887.

Edward Carpenter, " L'amour homogénique et sa place dans une société libre ",
La société nouvelle, 1896



« L’auteur [Magnus Hirschfeld] connaît les milieux spéciaux d’uraniens qu’il décrit et consacre de nombreux passages aux réunions d’homosexuels, notamment au Club Lohengren, à la Société des monistes et à la société des Platoniques qui ont un caractère plus littéraire et aux cabarets fréquentés spécialement par des uraniens. […] Le conseiller, Dr Necke, évalue à plus de vingt le nombre des tavernes uraniennes à Berlin. […] C’est par certains propriétaires de locaux fréquentés par les uraniens, mais pas exclusivement par eux, que sont organisés, surtout durant le semestre d’hiver, ces grands bals d’uraniens qui tant par leur cachet spécial que par leur extension, constituent une spécialité de Berlin. »
« Les Homosexuels de Berlin – Le troisième sexe, par le Dr Magnus Hirschfeld », Revue de Droit pénal et de criminologie, 1908

Dans Corydon, IV, André Gide évoque les « périodes uraniennes » de l’histoire : « nullement des périodes de décadence »

Pierre Lièvre a parlé du « caractère uranien » de L’Immoraliste, et proclamé que lui était étrangère une « œuvre à tendance uranienne »
« André Gide », Le Divan, n° 131, juillet-août 1927.


URANISME

De l’allemand Uranismus, néologisme dû au magistrat K. H. Ulrichs, par référence à l’Aphrodite Ourania de Platon (Banquet, 180-181). Ulrichs fut suivi par Heinrich Marx, auteur en 1875 d’une brochure intitulée Urningsliebe [L’Amour de l’uraniste]. Les termes de cette famille sont associés à une réévaluation positive de l’homosexualité.

Marc Raffalovich a entendu par uranisme l’inversion sexuelle congénitale masculine (Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 55, 15  janvier 1895) ; il publia en 1896 l’ouvrage Uranisme et unisexualité.

"Le mot Adelphisme serait plus juste et moins médical d'aspect qu'Uranisme, malgré son exacte étymologie sidérale."
Alfred Jarry, Les Jours et les nuits, II, 1, 1897.

« Pour pouvoir juger l’uranisme il faut l’examiner – tout comme l’hétérosexualité – neutralement ; le considérer comme une expression de la sexualité. On oublie et on a toujours oublié que pour juger de la situation sociale de l’uraniste, une morale sexuelle préfixée doit fatalement induire en erreur.
La période d’indifférence sexuelle, aussi bien que le fait qu’un individu qui a toujours été hétérosexuel acquiert parfois, sous l’influence du milieu, des penchants homosexuels qui disparaissent aussitôt que les circonstances sont favorables à la manifestation hétérosexuelle, prouvent que l’uranisme n’est pas une anomalie. »
Dr A. Alétrino, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901.

Selon le principal contradicteur d’Alétrino, J. Crocq,

« L’uranisme n’existe pas sans désir charnel, mais il se complique fréquemment d’amour cérébral ; l’amour cérébral est même très souvent le point de départ de l’uranisme. Mais l’uranisme ne naît que le jour où le désir sexuel paraît. »
Dr J. Crocq, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. Article reproduit dans le Journal de Neurologie, 1901, pp. 591-596, et dans le Bulletin de la Société de Médecine d’Anvers, août 1901, pp. 116-122.

Pour un autre participant, M. Ferri,

« L’uranisme est encore un symptôme de la crise sociale qui marque toujours la transition d’une époque à une autre et qui maintenant se manifeste par exemple dans la répulsion psychologique que plusieurs gens ont pour le mariage, lequel du reste pour certaines classes sociales ne peut s’effectuer pour des raisons économiques que longtemps après la puberté. L’uranisme n’est qu’un autre reflet de cette crise morale et sociale que nous traversons et dont il faut aider la société à sortir. »

Ce à quoi M. Steinmetz avait répondu en anthropologue :

À notre époque on parle beaucoup d’uranisme, de suite M. Ferri fait la généralisation : aux époques de crise l’uranisme fait des progrès. C’est une induction un peu rapide ! Certainement le savant italien n’avait pas présente à l’esprit la statistique ethnographique assez riche de M. R. Burton dans les notes de sa belle traduction des Mille et une Nuits [The Book of the Thousand Nights, 1886], que je pourrais enrichir beaucoup moi-même. L’uranisme se trouve chez des peuples primitifs d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, chez les anciens Perses et chez les Afgans modernes. Rien n’indique que ces peuples se trouvent dans des crises sociales. »

Remy de Gourmont fit un grand usage de ce terme dans son article de 1907 :


Léon Bocquet, appréciation sur Georges Eekhoud :
« Georges Eekhoud est le poète épique de la paysannerie pail­larde et de la gouaperie des faubourgs, des plèbes attirées de corps et d'âme vers la terre et la boue. Il est le défenseur et l'admirateur des réfractaires et des révoltés. Son anarchisme éro­tique n'est point d'ailleurs complaisance délibérée aux perversités, ni dévergondage d'esprit calculé, mais bien plutôt un sensualisme impérieux et instinctif, analogue à celui des hétérodoxes et éroto­manes dont il a conté l'histoire dans ce livre admirable d'érudition folkloriste : Les Libertins d' Anvers. L'uranisme, sous sa plume, devient art et mysticisme. Il lui sera beaucoup pardonné parce qu'une large sincérité dicte ses audaces.  »
La Société nouvelle —  Revue internationale — Sociologie, arts, sciences, lettres, 19e année, janvier 1914.

Plusieurs textes avaient mis en œuvre une argumentation dont on retrouve une bonne part dans les quatre dialogues de Corydon. Dans ces dialogues, uranisme et uraniste sont fréquents ; la traduction américaine de Hugh Gibb les avait rendus par homosexual et homosexuality, modernisant ainsi considérablement le texte de Gide.

« Remarquez je vous prie que Schopenhauer et Platon ont compris qu'ils devaient, dans leurs théories, tenir compte de l'uranisme ; ils ne pouvaient faire autrement. Platon lui fait, même, la part si belle que je comprends que vous en soyez alarmé. » (Corydon, Deuxième dialogue, II)

« Je reconnais avec vous que, après tout, la question de l'uranisme n'a pas, en elle-même, une grande importance ; mais je crois qu'après lecture de mes Mémoires vous reconnaîtrez que, pour moi, elle put en avoir une capitale, et que, du même coup, vous vous expliquerez mieux ce besoin de justification qui vous gêne dans mes écrits. Car ce n'est pas le fait d'être uraniste qui importe, mais bien d'avoir établi sa vie, d'abord, comme si on ne l'était pas. C'est là ce qui contraint à la dissimulation, à la ruse, et... à l'art. » (André Gide, lettre à André Rouveyre, 22 novembre 1924).

« Il ne se faisait pas sur la pédérastie une idée bien précise, avait besoin d’explications. L’entretien fut atrocement pénible. Ce n'est pas seulement à l'uranisme que Charlie [Du Bos] ne comprenait rien ; c'est à la vie. »
André Gide, Ainsi soit-il, 1951.

Le Manuel alphabétique de psychiatrie contenait dans sa 5e édition (PUF, 1975) un article intitulé « INVERSION SEXUELLE (URANISME, SAPHISME » ; par « uranisme classique », le Dr Bardenat semblait entendre l’homosexualité masculine associée à l’efféminement. Pour d’autres médecins, uranisme désigne plutôt l’homosexualité masculine en général :

« Quant à l’homosexualité, qu’elle soit lesbianisme ou uranisme, source possible de liens affectifs respectables, elle n’obéit pas cependant aux règles biologiques les plus élémentaires. »
M. Nicoli & B. Cviklinski, « La sexologie traverse aujourd’hui une crise conceptuelle », Quotidien du médecin, 7 novembre 1978.

Le Grand Robert de 1985 définissait uranisme par « homosexualité masculine ; les éléments de congénitalité, d’hermaphrodisme somato-psychique selon Ulrichs et de revendication militante néo-platonicienne sont oubliés, dans une progression assez fréquente du sens particulier au sens général.

« Signalons que le terme d' "uranisme" désigne l'homosexualité masculine et que Gide semble l'utiliser comme synonyme d' "homosexualité masculine", alors qu'il est généralement employé pour des hommes refusant tout comportement et toute occupation virils et se conduisant comme des femmes. » (Alain Goulet, Les Corydon d'André Gide, Paris : Orizons, 2014, II, 2., page 100).


URANISTE

De l’allemand Urning, néologisme dû au magistrat K. H. Ulrichs, par référence à l’Aphrodite Ourania de Platon (Banquet, 180-181). Ulrichs fut suivi par Heinrich Marx, auteur en 1875 d’une brochure intitulée UrningsliebeL’Amour de l’uraniste. La transposition en français se fit avec la traduction de Moll :

« Il est probable qu’une modification des dispositions pénales aurait pour effet d’améliorer la situation sociale des uranistes. »
Les perversions de l’instinct génital, 1893.

« L’éducation de l’uraniste est un devoir ; ce sera bientôt une nécessité. Si nous nous appliquons à découvrir l’uraniste enfant et à le perfectionner et à l’améliorer, si nous lui facilitons la continence, la chasteté, le sérieux, les devoirs, nous nous trouverons en face d’une classe nouvelle, apte au célibat, au travail, à la religion – puisque la réalisation de leurs désirs n’est pas de ce monde. »
Raffalovich, « L’uranisme (inversion sexuelle congénitale) », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 55, 15  janvier 1895.

Pour le Dr Saint-Paul, uraniste était synonyme d’inverti congénital, conformément à la théorie du troisième sexe d’Ulrichs. Le mot a rapidement diffusé hors des milieux médicaux :

« M. Oscar Wilde est maintenant torturé pour avoir été un uraniste, un hellénique, un homosexuel, comme vous voudrez. »
Alfred Douglas, « Une introduction à mes poèmes, avec quelques considérations sur l’affaire Oscar Wilde », Revue Blanche, 15 juin 1896.

" Ce n'est pas le fait d'être uraniste qui importe, mais bien d'avoir établi sa vie, d'abord, comme si on ne l'était pas. C'est là ce qui contraint à la dissimulation, à la ruse, et... à l'art. " (André Gide, lettre à André Rouveyre, 22 novembre 1924).

Dans les milieux médicaux, le sens s’est dilué :

« Uraniste. Syn. Homosexuel. Nom sous lequel on désigne, en médecine légale, les individus qui présentent une inversion de l’instinct sexuel, bien que leurs organes génitaux soient normalement conformés. »
Garnier & Delamare, Dictionnaire des termes techniques de médecine, 1900.

Le mot a occupé une large place dans la grande polémique de 1901, lors du Congrès international d’anthropologie criminelle :

« Malgré les autres noms qu’on a essayé de faire adopter, celui de « Urning », gracieusement transformé par les Français en « Uraniste », s’est maintenu, et sert encore à désigner une classe déterminée d’hommes chez lesquels existe cette particularité que le sexe propre a plus d’attraction sur eux que le sexe opposé. En classant les hommes d’après leur manifestation sexuelle, les Uranistes forment une classe distincte. Il ne faut donc pas les confondre avec les sadistes, les masochistes, les nécrophiles, les fétichistes, les flagellants et les efféminés, qui tous sont des personnes présentant des anomalies sexuelles. […] En parlant ici d’Uranistes, j’ai avant tout en vue les hommes qui, comme hommes, se sentent attirés vers d’autres hommes, sans me demander si ces derniers se sentent plus, autant, ou un peu moins virils qu’eux. Par conséquent j’écarte tous les efféminés, aussi bien les efféminés proprement dits que que ceux qui le sont devenus par perversion, par l’influence de l’exemple ou par dépravation. »
Dr A. Alétrino, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. André Gide lui aussi écartera les efféminés.

« Il y a entre l’attraction homosexuelle de l’homme normal et l’attraction homosexuelle de l’uraniste la différence qu’il y a entre la communion d’idées, l’amitié, l’affection même et le désir, la différence qu’il y a entre l’amour fraternel et l’amour conjugal. »
Dr J. Crocq, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu des travaux de la 5e session, Congrès international d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901. Article reproduit dans le Journal de Neurologie, 1901, pp. 591-596, et dans le Bulletin de la Société de Médecine d’Anvers, août 1901, pages 116-122.

« Pour un médecin, un … uraniste est un malade. Pour un poète aussi délicat que le créateur de Michel, c’est un … convalescent. »
Rachilde, « L’Immoraliste, par André Gide », Mercure de France, n° 151, juillet 1902.

Dans les années 1904-1905, l’écrivain Raffalovich décrivit les « groupes uranistes à Paris et à Berlin », et même un « syndicat des uranistes ».

Archives d'anthropologie criminelle, 15 décembre 1904.



« L'uraniste est une variété normale de l'homo sapiens»
A. Alétrino, "Uranisme et dégénérescence", Archives d’Anthropologie Criminelle, 1908.


Dans Corydon, écrit entre 1909 et 1918, uranisme et uraniste sont employés fréquemment ; mais on ne les trouve pas chez Proust.

« Je ne prétends pas que tous les uranistes le soient [bien portants et virils] ; l'homosexualité, tout de même que l'hétérosexualité, a ses dégénérés, ses viciés et ses malades [...] mon livre traitera de l'uranisme bien portant ou, comme vous disiez tout à l'heure : de la pédérastie normale. » (Corydon, Premier dialogue, III)

« Calmez-vous ! calmez-vous ! votre uraniste est un grand inventeur. » (Corydon, Deuxième dialogue, I)

Robert de Saint Jean : « Dans ses romans [ceux de François Mauriac] aucun personnage important n'est uraniste ; à peine quelques silhouettes à peine esquissées çà et là. »
Passé pas mort, III " En revenant de la revue ", Paris : Grasset, 1983.

USAGE DES GARÇONS

« Un jeune abbé dissolu qui, pour s’égayer, avait parlé dans sa diatribe des filles de joie de Babylone, de l’usage des garçons, de l’inceste, et de la bestialité. »
Voltaire, La Défense de mon oncle [1767], Avertissement.

* * * * *

VAGIN MASCULIN
Alfred Delvau, Dictionnaire érotique moderne..., 1864.
Plaute, L'Imposteur, acte IV, scène 7 : " BALLION à HARPAX : La nuit, quand le militaire était de service, allais-tu avec lui ? son épée entrait-elle bien dans ton fourreau ? "

VAISSEAU

« La pédérastie est dans les habitudes des forçats. Au bagne, on appelle vaisseau le pédéraste et frégate son complice. »
Revue pénitenciaire et des institutions préventives, octobre-décembre 1846, page 493.

VARIANTE, VARIATION

Naecke, 1904, 1909 ; Sigmund Freud, vers 1924.

VAUTRIN

D’après le nom du personnage des romans d’Honoré de Balzac.

« Bichon : Petit jeune homme qui joue le rôle de Téhodore Calvi auprès de n’importe quels Vautrins. »
Alfred Delvau, 1866.

VÉNUS

« L’une et l’autre Vénus »
Lettre de Guez de Balzac sur Nicolas Vauquelin des Yveteaux (1567-1649) qui pratiquait « L’une et l’autre Vénus »
Sonnet de François Ogier à propos de Vauquelin des Yveteaux : « Un sérail qui comprend l’une et l’autre Vénus [...] des valets, mais infâmes. » (Réponse au sonnet XIII).

VÉNUS URANIE cf URANIE

VEUVES

« Allée des Veuves : guinguettes inféodées à la secte dominatrice des sodomites.
Veuve était, dans la langue imagée des sodomites, le synonyme de patient, avec le sens du mot latin patiens. »
Paul Lacroix (1808-1884), cité par Pisanus Fraxi [Henry Spencer Ashbee], Centuria librorum absconditorum, London, privately printed, 1879.

« Allée des Veuves, s ; f. : Avenue qui se trouve dans les Champs-Elysées. Ancien lieu de rendez-vous [parisien] de Messieurs et Mesdames les pédérastes. Aujourd’hui, ils et elles se rencontrent partout. »
J. Ch.x, Le Petit Citateur, 1881..

VICE À LA MODE

« L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. »
Molière, Dom Juan, V, 2, Dom Juan à Sganarelle.

De Madame, princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV : « Quand on a raconté à Mme Cornuel la vie dévergondée des dames du faubourg (car on les appellent ainsi pace qu’elles habitent toutes au faubourg St Germain), elle a dit : "Mon Dieu, ne les blâmez pas, vous verrez que c’est une mission qu’on aura envoyée là, pour ramener les jeunes hommes du vice à la mode". Cette dame a maintenant 87 ans. »
Lettre à Sophie de Hanovre, 1er février 1693.

« Ce vice, qui s’appelait autrefois le beau vice, parce qu’il n’était affecté qu’aux grands seigneurs, aux gens d’esprit ou aux Adonis, est devenu si à la mode qu’il n’est pas aujourd’hui d’ordre de l’État depuis les ducs jusqu’aux laquais et au peuple qui n’en soit infecté. Le commissaire Foucault, mort depuis peu, était chargé de cette partie et montrait à ses amis un gros livre où étaient inscrits tous les noms de pédérastes notés à la police ; il prétendait qu’il y en avait à Paris presque autant que de filles, c’est-à-dire environ 40 000. »
Mémoires secrets …, 13 octobre 1783.

VICE DE NON-CONFORMITÉ

« […] un certain vice de non-conformité dont on l’accusait [Cambacérès]. Vice qui, du reste, est fort ancien en France. »
Aubriet, Vie de Cambacérès, 1824.

VICE GREC

« Pendant deux siècles [VIIe-VIe] nous avons vu les deux institutions qui forment le corps humain, l'orchestrique et la gymnastique, naître, se développer, se propager autour de leurs points de départ, se répandre dans tout le monde grec, fournir l'instrument de la guerre, la décoration du culte, l'ère de la chronologie, offrir la perfection corporelle comme principal but à la vie humaine, et pousser jusqu'au vice (1) l'admiration de la forme accomplie.
(1) Le vice grec, inconnu au temps d'Homère, commence, selon toutes les vraisemblances, avec l'institution des gymnases. Cf Becker, Chariclès (Excursus).
Hippolyte Taine, Philosophie de l'art en Grèce, Paris : Germer Baillière, 1869, III " Les institutions ", ii " La gymnastique ".  »

VICE ITALIEN

« À l’exemple de la plupart des jeunes Français, il [le comte de Guiche] avait compromis sa santé par la pratique du vice italien et particulièrement au service des plaisirs de Monsieur. Mais il m’a été assuré, d’autre part, que le duc de Nevers [neveu de Mazarin] avait été le premier à corrompre Monsieur [frère de Louis XIV], lequel était un prince d’une grande beauté. Aussi la reine-mère avait-elle éloigné Monsieur du duc de Nevers, que l’on accusait d’avoir importé en France la mode du vice italien
Primi Visconti, Mémoires sur la Cour de Louis XIV, 1908 [1673].

VICE PHILANDRIQUE

« mon éloignement extrême pour le vice philandrique [régnant dans l’école janséniste de Bicêtre]. »
Restif de la Bretonne, Monsieur Nicolas, seconde époque.

VICE SOCRATIQUE

" Les Anglais pratiquent, en grand, le vice socratique. "
Carrefour, 16 juin 1965.

VILLETTE

À cause de l’homosexualité supposée du marquis Charles Michel de Villette.(1736-1793).

« Mad. Durut : si j'étais un aussi joli garçon que vous, je ne me contenterais pas de tourner la tête aux femmes, je voudrais m'amuser encore à me faire lancer par tous les Villettes du Royaume. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 1ère partie, quatrième fragment, Lampsaque : 1793.
« […] jour de solennité le Jeudi, en l'honneur de Jupiter, le Villette de l’Olympe, comme tout le monde le sait. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 2e partie, premier fragment "L'Œil du maître", Lampsaque : 1793.

VIRER SA CUTI

Changer d’opinions en général, et spécialement « devenir homosexuel » (Grand Robert 1985), ou hétérosexuel.

Anciennement, on disait : changer de religion ou changer de côté. Noter la connotation homosexuelle de côté, repérée pendant la Révolution française ; connotation qui implique l'opposition droite/gauche.

VIRIL

En 1909, Guy Debrouze se proposait d’étudier

« les types infiniment variés de l’homosexuel, depuis l’ordinaire à caractères féminins prédominants, jusqu’au type supra-viril en qui s’essaye une formule supérieure du sexe . Entre ces deux extrêmes, qu’elle le veuille ou non, est comprise toute l’humanité. »
« Le préjugé contre les mœurs », Akadémos, n° 7, 15 juillet 1909.

" [...] le vieux Monsieur n'est pas du tout l'amant de Mme Swann, mais un pédéraste. C'est un caractère que je crois assez neuf, le pédéraste viril, épris de virilité, détestant les jeunes gens efféminés [...]."
Marcel Proust, Lettre à Gaston Gallimard, novembre 1912, Lettres à la NRF, Gallimard, 1932 (Cahiers Marcel Proust, n° 6).

VOILE ET VAPEUR

« Voile et vapeur : navigation entre les deux sexes. »
Delpal, Paris bleu tendre, 1972.

VOYAGE EN TERRE JAUNE

France-Inter, 29 avril 1999.


Lettre T

CHRONOLEXICOGRAPHIE

vendredi 23 février 2024

L'AMOUR GREC CHEZ PLUTARQUE, LUCIEN DE SAMOSATE, MAXIME DE TYR, ATHÉNÉE, DIOGÈNE LAËRCE et Pseudo-LUCIEN


Une page des Vies parallèles Rome,1470,
collection de l'Université de Leeds.


Michel Foucault : « Il y a deux âges d’or de la problématisation de l’homosexualité comme monosexualité, c’est-à-dire des rapports entre hommes et hommes, et hommes et garçons. Le premier, c’est celui de la période grecque, hellénistique qui se termine en gros au cours de l’Empire romain. Les derniers grands témoignages en sont : le dialogue de Plutarque, les dissertations de Maxime de Tyr et le dialogue de Lucien. [...] Dans les sociétés européennes la problématisation a été beaucoup plus institutionnelle que verbale : un ensemble de mesures, des poursuites, des condamnations, ont été prises à l'égard de ceux que l'on n'appelait pas encore homosexuels mais sodomites depuis le XVII• siècle. »
« Entretien avec Jean-Pierre Joecker, M. Overd et Alain Sanzio », 
Masques, n° 13, printemps 1982.


PLUTARQUE (vers 48 / vers 120) biographe et moraliste grec
LUCIEN DE SAMOSATE (vers 125/vers 192), écrivain satirique grec,
MAXIME DE TYR (vers 125 / vers 185), sophiste grec
ATHÉNÉE DE NAUCRATIS (IIe/IIIe siècles), rhéteur grec
DIOGÈNE LAËRCE (début IIIe siècle), écrivain grec
Pseudo-LUCIEN (IIIe-IVe siècles), satiriste grec


PLUTARQUE (vers 48 / vers 120) biographe et moraliste grec,
Robert Flacelière, ancien directeur de l'École normale supérieure (Ulm) : " Pour les Grecs, Éros préside en premier lieu à l'attachement passionné d'un homme pour un garçon, et Aphrodite aux relations sexuelles d'un homme avec une femme. " (L'Amour en Grèce, Paris : Hachette, 1960, chapitre II).
Vies parallèles, Collection Budé ; Loeb Classical Library ; Paris : Gallimard 2001, 2021, collection Quarto ( traduction Anne-Marie Ozanam) ; Perseus ; site Remacle :

Agésilas [-444/-360, roi de Sparte] :
II, 1 : lorsqu'il était parmi les garçons élevés ensemble, Lysandre fut son éraste [cf Lysandre, 22] ;
XI, 2 : vive passion pour Mégabatès, fils de Spithridatès, encore pais ;
6-7 : il était tourmenté par son éros pour ce garçon dont il avait refusé un baiser ; [cité par André Gide dans Corydon, IV] ;
XIII, 3-4 : Agésilas aida le fils de Pharnabaze en matière d'érotique ; celui-ci s'était épris d'un jeune athlète [cf Xénophon, Helléniques] ;
6 : lors d'une retraite mouvementée, il abandonna son éromène qui était malade ; ceci selon Hiéronymos de Rhodes ;
XX, 9 : sachant que le roi Agésipolis était comme lui porté à l'érotique, il amenait la conversation sur les beaux garçons en âge d'aimer [relevé par André Gide] ; l'éros lacédémonien n'a rien de honteux et est très décent , comme je l'ai écrit dans ma vie de Lycurgue [cité par Lafitau] ;
XXV, 1 : Cléonymos, fils fort beau du Lacédémonien Sphodrias,  était aimé d'Archidamos, fils d'Agésilas ;
XXVI, 1 : Agésilas fut l'objet de violentes critiques pour avoir, à cause du désir mal placé d'un adolescent, fait obstacle semblait-il, à un jugement équitable et rendu la cité complice de violations du droit à l'égard des Grecs.
5 : Agésilas, qui connaissait l'amour d'Archidamos, n'y avait pas mis un terme car dès l'enfance, Cléonymos promettait de devenir plus valeureux que quiconque ;
XXVIII, 8 : mort du beau Cléonymos ;
XXXIV, 9 : âge en fleur du plus grand charme, quand le pais devient andros [relevé par André Gide].

Alexandre [-356/-323, roi de Macédoine],
IX, 2 : à Chéronée [en août -338] il se jeta le premier sur le bataillon sacré [ἱερῷ λόχῳ] des Thébains [cf Pélopidas] ;
XXII, 1 : Théodoros de Tarente avait deux très beaux garçons à vendre ; Philoxénos demande à Alexandre s'il veut les acheter ; Alexandre en fut indigné : " De quelle turpitude Philoxénos a-t-il entendu parler à mon sujet pour me faire une proposition aussi insultante ?
2 : Il injuria Philoxénos, " au diable Théodoros et sa marchandise ".
3 :  Jeune homme qui lui écrivit qu’il voulait acheter Crobylus, de Corinthe, jeune garçon d’une beauté merveilleuse, et le lui amener.
XXVIII, 5 : petits poissons envoyés à Héphaestion.
XXXIX, 8 : Héphaestion lisant avec lui une lettre secrète, Alexandre ôta son anneau et en mit le sceau sur la bouche d'Héphaestion.
XLVII, 10 : Il chérissait Héphaestion et proclamait que  Héphaestion l'aimait [Ἡφαιστίωνα φιλαλέξανδρον εἶναι].
XLIX, 3 : Dimnos amoureux [ἐρωτικῶς] de Nicomacos.
LXVII, 8 : donne un baiser à son éromène Bagoas [δὲ ἐρώμενον Βαγώαν] qui venait de remporter le prix d'un concours de chœurs.
LXXII, 3 : douleur d'Alexandre à la mort d'Héphaestion.
4 : le sacrifice funèbre d'Héphaestion.

Aristide [-530/-468, homme d'État athénien], II, 3-' : inimitié d'origine érotique ; rival de Thémistocle pour l'amour du beau Stésiléos de Céos ; leur passion ne connut pas de limite ;

Cicéron [-106/+43, homme d'État romain et orateur], VII, 7 : Verres avait un fils tout jeune, et qui passait pour prostituer honteusement sa jeunesse. Cicéron, traité d’efféminé [μαλακίανpar Verrès : « Ce sont, répondit-il, des reproches qu’il faut faire à ses enfants les portes fermées. »

Cimon [vers -510/-450, homme d'État et stratège athénien] I, 2 : Le beau Damon ;
3-5 : un Romain en tombe amoureux mais ne parvient pas à le séduire ; Damon tue le Romain qui l'importunait ; puis Damon et ses hommes tuent le Romain, puis les magistrats et fuient la ville de Chéronée.
XVI, 5 : les éphèbes et les jeune gens [νεανίσκων] ;

Cléomène [Cléomène III, vers -257/-219, roi de Sparte], XXIV [III], 2 : Xénarès avait été l'éraste du roi Cléomène, liaison que les Lacédémoniens appellent inspiration [ἐμπνεῖσθαι] ;
LVI [XXXV], 3 : amener des éromènes ;
LVIII [XXXVII], 14 : Panteus avait été l'éromène du roi Ptolémée.

Démétrios [Démétrios Ier, -337/-283, roi de Macédoine], I, 7 Démétrios et Antoine s'adonnèrent l'un et l'autre à l'amour [ἐρωτικοί], à la boisson, à la guerre ;
XIX, 5 : éromène vu par le roi Antigone le Borgne sortant de chez son fils Démétrios ;
XXIV, 1 : Démétrios souilla l'Acropole en infligeant des outrages à des garçons de naissance libre ;
3-5 : mort du beau Damoclès ;
6 : Cléaïnétos s'était prêté au désir de Démétrios ;

Démosthène [-384/-322, orateur et homme d'État athénien], IV, 5-6 : surnom humiliant de Batalos ; Batalos était, selon certains, un joueur d'aulos efféminé ;

Lycurgue [vers -820, législateur mythique], XV, 1 : jeunes gens attirés par les jeunes filles non par la contrainte de la géométrie, mais par celle de l'érotique [cf Platon, République, V, 458d] ;
XVII, 1 : érastes [amants] de bonne renommée pour les jeunes à partir de 12-13 ans ;
XVIII, 8 : les érastes partageaient la bonne ou la mauvaise réputation des garçons [ἐκοινώνουν δὲ οἱ ἐρασταὶ τοῖς παισὶ τῆς δόξης ἐπ᾽ ἀμφότερα ; cf Élien ; cité par Gide dans Corydon, IV] ; ils tâchaient de rendre leur ami vertueux (1) ; Éros [l'amour homosexuel (2)] était tellement en honneur chez eux que même les femmes les plus honnêtes s'éprenaient des jeunes filles [τῶν παρθένων ἐρᾶν τὰς καλὰς καὶ ἀγαθὰς γυναῖκας];
XXV, 1 : les érastes faisaient des achats nécessaires pour ceux qui avaient moins de trente ans.
1. Montesquieu : " Les préceptes de Lycurgue et de Socrate sur l'amour pour les garçons, nous font voir le penchant déterminé des Grecs pour ce vice, puisque les législateurs songèrent à faire usage de ce penchant, en le réglant à peu près comme Mme de Lambert et les moraux d'aujourd'hui ont pensé à faire usage de l'amour pour les femmes et de celui des femmes pour les hommes, en purifiant cet amour et en le réglant. Quand un législateur emploie un mobile, il faut qu'il le juge très fort. " (Mes pensées, VIII, xxiii).

Lysandre [vers -454/-395, homme d'État et général spartiate], I, 2 : Cheveux longs et beauté masculine ;
XXII, 3 : Lysandre qui avait été l'éraste d'Agésilas [frère du roi Agis ; cf Agésilas, II, 1] poussa ce dernier à revendiquer la royauté.

Marcellus [vers -270/-208, consul et chef militaire], II, 5 : propositions insistantes [ἐρῶν λόγους προσήνεγκε] de Scantinius Capitolinus au fils de Marcellus, adolescent d'une grande beauté ;
8 : Scantinius C. condamné à une amende par le Sénat [cf Valère Maxime, VI, i, 7].

Marius [-157/-86, général et homme politique romain], XIV, 4-6 : Caius Lusius, neveu de Marius, ne savait pas résister à l'attrait des beaux garçons [μειρακίων καλῶν] ; il était amoureux de Trébonius ; Trébonius tue Caius Lusius tue Trébonius [cf pseudo-Quintilien].

Numa [vers -753/-672, roi de Rome], IV, 7-8 : On peut raisonnablement croire qu'un dieu ait de l'amitié pour un homme et que sur cette amitié se greffe le sentiment qu'on appelle éros ; Phorbas, Hyacinthe et Admète ont été aimés d'Apollon, comme le fut aussi Hippolyte de Sicyone ; ils racontent aussi que Pan fut éraste de Pindare ;

Pélopidas [vers -410/-364, général thébain] :
XVI, 2 : Pélopidas avait pris avec lui le bataillon sacré ;
XVIII, 1 : La bande sacrée fut d'abord formée par Gorgidas, composée de 300 hommes d'élite.
2 : Selon certains ce bataillon sacré [ἱερὸν λόχον] était composé d'érastes et d'éromènes [ἐραστὴν παρ᾽ ἐρώμενον ; cité par Sade, et par Gide dans Corydon, IV] ; mot plaisant de Pamménès [général thébain, ami d'Épaminondas ; cf Homère, Illiade, II, 362-363] : " Le Nestor d'Homère aurait plutôt dû placer un éraste à côté de son éromène " [Anne-Marie Ozanam souligne le caractère institutionnel de de type de relations] ;
3 : un bataillon qui tire sa cohésion d'une amitié fondée sur l'amour est impossible à rompre et à briser : les uns par tendresse pour leurs éromènes, et les autres par crainte d'être indignes de leurs érastes, tiennent bon face au danger, pour se défendre mutuellement ;
5 : Iolaüs éromène d'Héraclès [cité par Gide dans Corydon, IV] ; Aristote écrit que de son temps encore les éromènes et leurs érastes allaient se faire des serments sur le tombeau de Iolaüs ;
6 : Platon appelle l'éraste "ami divin" [cf Banquet, 178e-179a et Phèdre, 255b] ;
7 : Philippe, apprenant que c'était le bataillon des érastes et des éromènes, s'écria : " Maudits soient ceux qui soupçonnent des hommes d'avoir pu faire ou subir quoi que ce soit d'honteux ".
XIX, 1 : Ce n'est pas la passion de Laïos [Laios aurait été épris de Chrysippe, jeune fils de Pelops ; cf Apollodore, III. 5, 5, 10).qui fut à l'origine des liaisons des érastes [ἐραστὰς συνηθείαςchez les Thébains ; les législateurs favorisèrent l'amour [ἔρωτα] afin de tempérer le caractère des jeunes [cf Montesquieu, De l'Esprit des lois, IV, 8 ; cf Freud sur la masturbation]
XXVIII, 5 : le tyran Alexandre de Phalères avait eu pour paidika le plus jeune de ses beaux-frères [relevé par Gide].

Périclès [vers -495/-429, stratège et homme d'État athénien],VIII, 8 : Sophocle faisant l'éloge d'un beau garçon [παῖδα καλὸν], il déclara : " Un stratège, Sophocle, doit veiller non seulement à la pureté de ses mains, mais aussi à celle de ses yeux ". [Cité par Montaigne, I, xxx (xxix)].

Pompée [-106/-48, général et homme d'État romain], XLVIII, 12 : Accusations du démagogue [Publius] Clodius portées contre Pompée : " Qui est un autocrate déluré ? Qui est le mec qui recherche un mec ? Qui se gratte la tête avec un seul doigt ? [‘τίς ἐστιν αὐτοκράτωρ ἀκόλαστος ; τίς ἀνὴρ ἄνδρα ζητεῖ; τίς ἑνὶ δακτύλῳ κνᾶται τὴν κεφαλήν‘] ;

Solon [-VIIe/-Ve siècles, homme d'État et législateur athénien],
I, 4 : sa liaison érotique avec le beau Pisistrate [cf Élien] ;
I, 5 : souvenir reconnaissant de leur amour [τὴν ἐρωτικὴν μνήμην καὶ χάριν.]
I, 6 : faible en face des beaux garçons [cité par Voltaire] : pédérastie interdite aux esclaves par sa loi [cf Banquet des sept sages et Dialogue sur l'amour dans les Moralia] ;
I, 7 : Pisistrate devint aussi l'éraste de Charmos et qu'il offrit à l’Académie une statue d’Éros [cf Athénée XIII et Pausianas I] ;
II, 3 : plaisir avec un garçon ou une femme [παιδός τ᾽ ἠδὲ γυναικός];
XXI, 3 : il plaçait l'amitié (philia) au dessus des liens de parenté.

Sylla [-138/-78, général et homme politique romain], II, 7 : toute sa vie épris du comédien Métrobios qu'il ne cessa pas d'aimer ;
XXXVI, 2 : Métrobios jouait en travesti des rôles de femmes ; bien qu'ayant dépassé la jeunesse, il ne cessa pas d'être aimé par Sylla qui ne s'en cachait pas.

Thémistocle [vers -524 / vers -459, homme d'État et stratège athénien], III, 2 : Aristion [de Céos] raconte sa rivalité amoureuse avec Aristide au sujet d'un jeune et beau garçon, Stésilaos de Céos.
XVIII, 3 : Un des beaux jeunes gens d'Athènes, Antiphanès, l'avait jadis traité avec dédain ; plus tard, à cause de sa gloire, il lui fit la cour : " Jeune homme, lui lança Thémistocle, c'est un peu tard sans doute, mais nous sommes enfin tous les deux devenus raisonnables ".

Moralia, Collection Budé, Perseus, Loeb Classical Library ; site Remacle :

Banquet des sept sages, 152d : Solon a rédigé une loi athénienne : les esclaves n'auront pas accès à éros [cf Solon dans les Vies].

Comment distinguer le flatteur de l'ami, [7] C'est ainsi qu'agirent toujours les flatteurs adroits et les ambitieux, à la tête desquels on peut mettre Alcibiade. A Athènes, railleur, badin et léger, brillant par le faste et la dépense ; à Lacédémone, se rasant avec soin, vêtu d'un simple manteau et se baignant dans l'eau froide ; en Thrace, toujours à table ou dans les camps ; à la cour de Tissapherne, livré à la mollesse, au luxe et aux voluptés; par cette facilité à se plier à tout, à se conformer à toutes sortes de mœurs, il gagnait le cœur de tous les peuples.
[12] Les érastes, suivant Platon, vantent toujours leurs éromènes.
[32] 71c : il ne faut pas critiquer un éraste devant son éromène.

Comment tirer profit de ses ennemis, 89e : soupçons d'efféminement [malakia] portés sur Lacydès [successeur d'Arcésilas à l'Académie], à cause de sa démarche et de sa coiffure ; sur Pompée, à cause de son habitude de se gratter la tête d'un seul doigt [cf Pompée, XLVIII].

De la curiosité, 2 : Aristippe curieux de ce que Socrate disait aux jeunes pour se les attacher à ce point. ;
10 : on voit à Rome des gens qui ne font nul cas des tableaux, des statues, ni même, par Zeus, de la beauté des jeunes garçons.

Dialogue sur l'amour [Erotikos:
750b : Protogène : je suis hostile non à Éros mais à la luxure ; 750c : l’Éros véritable n’a rien à voir avec les femmes [cité par Montesquieu, De l'Esprit des lois, VII, ix ; et par Revue socialiste, 1885, page 1082]; 750d : Éros qui s'attache à une âme jeune et bien douée aboutit à la vertu par le chemin de l'amitié [origine de l'expression "le sentier de la vertu"] ;
751a : Protogène : il n'y a qu'un Éros authentique, celui des paidika ; 751b : Solon avait interdit aux esclaves d'aimer les enfants mâles ; Daphné ; le critère du mec érotique ; 751c : vers de Solon : « il aime les gars dans leur jeunesse en fleur, désirant la douceur des lèvres et les cuisses » [traduction Félix Buffière] et d'Eschyle ; 751de : libertinage et efféminement [thelutéti] sont contraires à la nature ; cite Platon [Phèdre, 250e] ; 751f : les désirs pour les garçons et pour les femmes relèvent d'une chose unique ; Éros ; comme un bâtard de vieillard, l'amour des paidika chasse celui qui est légitime [cité par Schopenhauer] ; il s'est introduit dans les gymnases à la faveur de la nudité [cité par Van Limburg] ;
754d : l'éraste dirige le jeune homme ;
760d : la pièce de Sophocle Niobé [cf plus loin Athénée] ;
760f : l'éromène de Cléomaque assiste à la bataille ; 761a : la pédérastie était davantage en faveur chez les Chalcidiens (habitants de la région d'Eubée en Grèce) après la mort de Cléomaque ; 
761b : nouvel ordre des soldats : l'éraste à côté de l'éromène ; Éros est le seul stratège invincible ; 761c : l'éraste et l'éromène sont intrépides ; 761d : divers héros ayant été adonnés à l'érotique ; Iolaös fut aimé d'Hercule [cité par Edward Carpenter]; 761e :  Apollon fut l'éraste d'Admétus ;
767a : Euripide ambidextre devant la beauté [cité par Charles Fourier] ;
768ae : l'union du mâle avec le mâle [arren arrenas homilian] ;  est l'œuvre d'Hybris ;
768ef : vengeances d'hommes dont on avait abusé ;
769b : ni la paidomanie ni la gynécomanie ne méritent le nom d'éros ; 
770bc : Bion le Sophiste disait que les premiers poils des beaux garçons tuent l'amour pour eux [cité par MontaigneEssais, III, v, 896].

De l'éducation, 11d : faut-il éviter ce sujet ? ; 11e : faut-il permettre aux érastes de passer leur temps avec les garçons ? ; hommes qui ont admis les amours masculines et qui ont ainsi fait progresser les jeunes gens vers la culture, le gouvernement des hommes ou la vertu morale [idée reprise par Nietzsche] ; 11f : témoignage d'Euripide en leur faveur : " un autre éros " ; n'admettre que ceux qui sont amoureux des âmes ; 11f-12a : les amours à la thébaine ou à la manière de l'Élide [région de Grèce à l'ouest de la péninsule du Péloponnèse] sont à fuir, ainsi que ce qu'on appelle les rapts à la crétoise ; mais les amours à l'athénienne ou à la lacédémonienne sont à imiter [cité par Paul Gide (père d'André)].

Dits notables des Lacédémoniens, 222b : jeune qui rougit lorsqu'il est rencontré avec son éraste [cf Ion]; 231b : homme efféminé [malakoi] par nature.

De l'étude des poètes, 34a [cf Euripide].

De la malignité d'Hérodote, 13 : les Perses ont pratiqué la castration des jeunes gens avant de connaître les Grecs [cité par Forberg].

Des notions communes contre les Stoïciens, 28 : chasse aux jeunes gens imparfaits.

Instructions pour ceux qui manient affaires d'état,

Propos de table [Symposiaques],
I, 2, 618d : juste critique de Pamménès : Homère aurait dû ranger l'éraste à côté de l'éromène dans le bataillon [cf Illiade, II] ; 619a : placer ensemble les buveurs ; ensemble aussi les érotiques, non seulement ceux qui aiment les paidika, mais aussi ceux qui aiment les femmes et les jeunes filles ;
I, 5, 622e : les hommes trouvent le plus grand plaisir en voyant leurs éromènes ; l'amant se persuade que son aimé est beau et bon [kalos kai agathos] ;
II, 1, 633f : les hommes aiment être taquinés sur leur amour en présence de leurs éromènes ;
IV, 5, 671b : certains pensent qu'Adonis était le paidika de Dionysos ; Phanoclès, homme érotique.
VII, 8, 3 : dans la nouvelle comédie, chez Ménandre, « il n'y a pas d'amour des garçons et la séduction des vierges y tourne, très convenablement, au mariage. »

Que les animaux usent de raison, 990d : il ne s'est point trouvé que les mâles se soient jamais joints avec les mâles [Cf. Platon, Lois, 836 c; mais voir Pline, Histoire naturelle,. x. 166 ; Élien, De Natura Animal. xv. 11; Varia Hist. i. 15; al.] ; mais cela arrive aux plus brillants et aux meilleurs des hommes ; 990e : si un coq monte sur un autre coq, on le brûle tout vif [cité par Montaigne, II, xii, 472 (496), et par Buffon].

Questions romaines, 40 : sports à l'origine de l'amour infâme [cité par Montesquieu et par A. Becker] ; 101 (287f-288a) : les enfants libres auraient porté un badge [bulla] parce que les Romains aimaient les jeunes esclaves, comme le prouvent leurs comédies, mais s'abstenaient des garçons de naissance libre.

Sur la fortune ou la vertu d'Alexandre, I, 
[1,12] Mettons en parallèle des actes accomplis par ceux qui sont reconnus pour philosophes. Socrate s'abstint d'Alcibiade qui était son camarade de lit ; Alexandre, au contraire, un jour que Philoxène, chef des troupes du littoral, lui avait écrit qu'il se trouvait en Ionie un jeune garçon charmant et beau comme nul autre, et lui avait demandé s'il fallait le lui faire venir, Alexandre, dis-je, répondit sévèrement : «O le plus corrompu des hommes, de quelle abominable action me sais-tu donc coupable, toi qui veux me séduire par l'offre de semblables voluptés ? » Traduction Ricard revue, Paris : Lefèvre, 1844.


pseudo-PLUTARQUE (Ier/IIe siècles),
Histoires d'amour, Loeb Classical Library :
II, 772ef : mort d'Actéon qui était aimé par Archias ;
III : Aristodème et le garçon.


LUCIEN DE SAMOSATE (vers 125/vers 192), écrivain satirique grec,
Le Bibliomane ignorant, LCL :
23 : Le cinède Hémithéon de Sybarite ; démarche, façon de regarder, cou fin ; il serait plus facile de cacher cinq éléphants sous son bras, qu'un seul cinède.
Dialogue des courtisanes, LCL VII :
X, 4 : Aristenet est pédéraste ; influence des discours érotiques des philosophes sur Clinias ; une courtisane veut écrire sur le mur du Céramique [nécropole d'Athènes] " Aristenet corrompt Clinias " [cité par Chateaubriand].

Dialogue des dieux, LCL VII, Perseus :
3 (23) : Apollon et Dionysos [Bacchus] : Éros, Hermaphrodite et Priape sont trois frères très différents [ἀδελφοὺς εἶναι Ἔρωτα καὶ Ἑρμαφρόδιτον καὶ Πρίαπον ἀνομοιοτάτους ὄντας] ; Priape voulut enfiler Dionysos.
8 (5) : Zeus et Héra : Héra : depuis que tu as amené ce garçon [meiriakon ; il s'agit de Ganymède] ici, Zeus, tu me négliges ; tu réclames à boire même quand tu n'as pas soif ; Zeus : si je le laissais t'embrasser seulement une fois, tu ne me reprocherais plus de préférer son baiser au nectar ; Héra : des pédérastes parlent comme cela [Παιδεραστῶν οὗτοι λόγοι]; tu n'as qu'a l'épouser ! ;
10 (4) : Zeus et Ganymède : Zeus : je veux qu'on dorme ensemble ; Ganymède : je dors et je te laisse embrasser ;
16 (14) : Hermès
et Apollon : Apollon pleure son éromène Hyacinthe.

Histoire véritable, LCL, GcP, FC :
I : Lunaires vivant sans femmes ; II : Socrate semblait amoureux d'Hyacinthos ; il jurait qu'il restait chaste dans ses relations avec les jeunes, mais tous le pensaient coupable de parjure [cité par W. A. Becker] ; île où les jeunes garçons se prêtent à qui veut ; ne pas manger de lupin et ne pas faire l'amour avec un garçon de plus de dix-huit ans.
Le Maître de rhétorique, LCL : 23 ; 24.
Mort de Pérégrinus, LCL V : 19 ; 43 : avoir un Alcibiade.
Philosophes à vendre, LCL II ; Pauvert, 1965 :
15 : Socrate : « je suis pédéraste et sage en érotique ; je ne suis pas éraste du corps, mais de l'âme » ; l'acheteur, qui cherche un pédagogue pour son fils : « je ne peux croire qu'un pédéraste ne s'intéresse qu'à l'âme ; 17 : Socrate : « les baisers des beaux garçons seront la récompense des gens vertueux [cf Platon] ».
Pseudologiste, LCL V ; traduction Perrot d'Ablancourt :
17 : un cinède actif et passif [ἴδοι κίναιδον καὶ ἀπόρρητα ποιοῦντα καὶ πάσχοντα] ; 20 : jeune venu de Tarse ; homme surpris à genoux, avec un complice devant lui ; 21 : mauvaise réputation ; 27 : en Palestine, on t'appelait la Ronce ; 28 : un homme qui a besoin d'un homme [ἄνδρα καὶ αὐτὸν ἀνδρὸς δεόμενον.] ; 31 : ne souille pas ta barbe.
Timon, LCL II :
22 : un paidika au menton rasé de près.
Toxaris [L'amitié], LCL V :
24-26 :


MAXIME DE TYR (vers 125 / vers 185), sophiste grec,

Dissertations, Bibliotheca Teubneriana, traduction (parfois revue) de Jean Isaac Combes-Dounous, 1802 :

XXIV, " Qu'est-ce que l'érotique de Socrate ? ",
i : Jeune Corinthien amoureux d'Actéon ; " Périandre, tyran d'Ambracie faisait ses plaisirs d'un jeune Ambracien. Ce commerce n'avait rien que d'illégitime. C'était plutôt une passion honteuse que de l'amour. Aveuglé par son pouvoir, Périandre prenait ses ébats au milieu de l'ivresse, sans précaution, avec son Ganymède. "
ii : L'autre espèce d'éros ; " Épaminondas affranchit Thèbes de la domination de Lacédémone avec une phalange d'amants. Un grand nombre de jeunes Thébains étaient amoureux chacun d'un beau garçon. Epaminondas fit prendre les armes aux uns et aux autres. Il en forma un bataillon sacré. Ces jeunes gens, pleins d'intrépidité et de courage, combattirent avec beaucoup d'adresse, et ne se laissèrent point mettre en déroute. Ni Nestor, le premier des Capitaines dans les champs Troyens, ni les Héraclides dans le Péloponnèse, ni les Péloponnésiens dans les campagnes de l'Attique, n'eurent une pareille phalange. Chacun des amants était obligé de bien payer de sa personne ; soit par amour-propre, parce qu'il combattait sous les yeux de ce qu'il aimait ; soit par nécessité, parce qu'il combattait pour ce qu'il avait de plus cher. De leur côté, les garçons voulaient se montrer les émules de leurs amants "
iv : " Osons demander à Socrate quelque compte de sa conduite. Qu'il nous apprenne ce qu'il disait de lui-même dans ses discours. Qu'entendait-il, lorsqu'il disait en parlant de lui, « qu'il était le serviteur de l'amour ; qu'il était la règle blanche pour les beaux garçons, qu'il était habile dans son art : qu'Aspasie de Milet, et Diotime de Mantinée, en tenaient école ; qu'il avait pour disciples, Alcibiade, le plus pimpant des Athéniens ; Critobule, l'Athénien le plus à la fleur de l'âge ; Agathon, le plus abandonné à la mollesse ; Phædre, à la divine tête ; Lysis, le Ganymède, et Charmide, le beau garçon ? [...] il veut qu'il soit permis au citoyen qui fait l'action la plus louable, d'aimer, parmi les beaux, garçons celui qui lui plaît le plus. O l’admirable récompense ! "
v : " Rien ne se ressemble moins que Socrate éperdu d'amour, et Socrate modèle de tempérance ; que Socrate brûlant à l'aspect des beaux garçons, et Socrate gourmandant le libertinage. Est-ce bien Socrate, l'antagoniste de Lysias sur le chapitre de l'amour, qui touche de son épaule l'épaule de Critobule, qui revient de la chasse du bel Alcibiade, que la seule présence de Charmide met hors de lui ? Sont-ce là des choses qui conviennent aux mœurs d'un philosophe ?  "
vi : " Socrate ne fut attaqué, sous le rapport de l'amour, ni par ces adroits accusateurs, ni par Aristophane même, le plus acharné de ses ennemis, qui fit entrer dans les pièces de théâtre dirigées contre lui, tout qui pouvait prêter à la malignité comique. Il lui reprocha sa pauvreté ; il le traita de mauvais bavard, de sophiste; il l'attaqua sur tout, hors sur l'obscénité de ses amours. Il n'y a donc pas apparence que les calomniateurs, ni les auteurs comiques, eussent contre Socrate la moindre prise, de ce côté-là. "
vii : " Nous pouvons d'abord répondre à ses modernes accusateurs, qui ne sont pas moins fougueux que les anciens, que ce genre d'amour n'est pas l'invention de Socrate, mais qu'il est beaucoup plus ancien et nous produirons pour témoin Socrate lui-même, le louant, l'admirant, et désavouant d'en être l'auteur. Car, Phèdre de Myrrhine lui ayant montré le discours de Lysias, fils de Céphale, sur cette matière, Socrate lui dit, qu'il ne voyait pas une grande merveille à être plein comme une outre des ouvrages d'autrui, tels que ceux de la belle Sapho, (car il se plaît à l'appeler ainsi, à cause de la beauté de ses vers, quoiqu'elle fût petite et brune), ou d'Anacréon qu'il nommait le sage. Le panégyrique de l’amour qu'il prononça, dans le Banquet, il l'attribue à une femme de Mantinée. Mais, que l'auteur de cet ouvrage fût une femme de Mantinée, ou de Lesbos, reste qu'il n'appartenait point à Socrate, et qu'il n'en avait point les prémices.  "
viii : " On avait aussi entre deux hommes, entre Patrocle et Achille, un amour que les travaux et le temps consolident, et qui dure jusques à la mort. Ils sont jeunes, et ont des mœurs l'un et l'autre. L'un donne des leçons ; l'autre les reçoit. L'un a du chagrin ; l'autre le console. L'un chante ; l'autre écoute. C'est aussi un trait caractéristique d'amour, de demander, d'un côté, la permission de combattre, et de pleurer, dans la crainte de ne pas l'obtenir; tandis que, de l'autre, on se laisse fléchir ; on pare le suppliant de ses propres armes; on tremble du retard de son retour; on veut mourir, en apprenant, sa mort ; et on abjure ses ressentiments. L'amour se retrouve jusque dans les rêves, dans les songes, dans les larmes d'Achille, et dans la dernière offrande qu'il fait au tombeau de Patrocle, dans sa chevelure. Tels sont les tableaux de l'amour qui nous sont présentés dans les ouvrages d'Homère. "
ix : " Les ouvrages de Sappho (s'il est permis de comparer les modernes aux anciens) ne renferment-ils pas tous les principes de Socrate sur le sujet de l'amour ? Socrate et Sappho me paraissent avoir dit la même chose, l'un de l'amour des hommes, et l'autre de l'amour des femmes. Ils annoncent qu'ils ont de nombreuses amours, et que la beauté est toujours sûre de les enflammer. Ce qu'Alcibiade, Charmide, et Phædre, sont pour Socrate, Gyrinne, Athis et Anactorie, le sont pour Sappho. "

XXV,
i : " Socrate [...] vit que tout fourmillait d'impurs débauchés, et de Ganymèdes (02) pris dans les pièges. Il eut pitié des uns et des autres. Il ne pouvait point opposer à ce genre de libertinage une loi. Car il n'était ni Lycurgue, ni Solon, ni Clisthène, ni aucun de ceux qui, revêtus d'une délégation publique, avoient de l'empire sur l'esprit des Grecs. "
ii : " Chez les autres, l'amour n'était que l'appétit du désir qui se perd en vagabond dans les jouissances, qui a sa source dans les agréments corporels, qui attire et séduit les yeux, et par eux s'insinue dans l'âme. Car les yeux sont le chemin de la beauté (08). Chez Socrate, l'amour ne le cédait point en intensité à celui des autres : il était différent sous le rapport du désir, plus modéré sous le rapport de la jouissance, plus ingénieux sous le l'apport de la vertu. Il avait son principe dans la beauté de l'âme qui se dessine sur le corps. "
iii : " En se passionnant pour un beau jeune homme, Socrate et Clisthène ont des vues toutes différentes. L'aiguillon de Socrate est son amour pour la vertu ; celui de Clisthène est son goût pour le plaisir. "
iv : " Lors donc que vous entendrez dire d'un philosophe, qu'il aime, et d'un débauché, qu'il aime aussi, ne donnez pas le même nom au sentiment de l'un et de l'autre. L'un cède à l'impulsion du plaisir, l'autre est entraîné par les charmes de la beauté. "
v : " Un Spartiate [Agésilas], qui n'avait point été nourri au Lycée, qui n'avait point fréquenté l'Académie, qui n'avait point été instruit dans les principes de la philosophie, ayant rencontré un jeune-homme [Mégabate], Barbare à la vérité, mais extrêmement beau, et déjà dans la fleur de l'âge, en devint amoureux. Eh ! comment s'en serait-il défendu? Mais son amour n'alla point au-delà de ses yeux. "

XXVI,
i : " DES Grecs firent prisonnier un Thrace, nommé Smerdis. C'était un Ganymède pour un Roi. Il s'enorgueillissait d'attirer tous les regards. On en fit cadeau à un tyran d'Ionie, à Polycrate de Samos, qui l'accueillit avec satisfaction. Polycrate devint amoureux de Smerdis, qui inspira, en même temps, au poète de Téos, à Anacréon, une affection décidée. Smerdis reçut de Polycrate, de l'argent, de l'or, et tout ce qu'il était dans l'ordre qu'un beau Ganymède reçût d'un tyran qui l'aimait. Il reçut d'Anacréon des hymnes, des louanges en vers, et tous les hommages de cette nature, qu'un poète décerne à l'objet qu'il aime. Or, si l'on compare l'amour à l'amour, celui du tyran à celui du poète, quel est celui des deux qui paraîtra le plus auguste, le plus céleste, le plus digne d'être consacré à Vénus, d'être regardé comme l'œuvre d'un Dieu? Je pense, moi, que c'est celui dont les Muses et les Grâces forment le cortège, plutôt que celui qui cède à la nécessité, et à la crainte. Celui-ci est d'un esclave, d'un misérable mercenaire ; celui-là est d'un homme libre, d'un Grec. "
ii : " Éros est peu familier aux Barbares. "
iv : " Éros uni au logos ne laisse pas d'être une passion. Mais, si vous ôtez le logos, vous dérangez toute la symétrie; vous n'en faites plus qu'une maladie. "
v : " Éros est une faim de la psyché. "
viii : " Il est honteux à un adolescent, en Crète, de n'avoir point d'amoureux. Mais il est également honteux à un Crétois de toucher à ses aimés. O l'admirable loi ! dans laquelle on a si heureusement allié l'amour et la tempérance! "

XXXVII,
v : " Anacréon rendit moins cruelle pour les Citoyens de Samos la tyrannie de Polycrate, en faisant aimer à ce tyran le beau Smerdis, la chevelure de Cléobule., la flûte de Batylle, et les chants ioniens. "


ATHÉNÉE DE NAUCRATIS (IIe/IIIe siècles), rhéteur grec,

Les Sages attablés [Le Banquet des Sophistes], Bibliotheca Teubneriana (édition de Georg Kaibel), Loeb Classical Library (traduction de Charles Burton Gulick), Perseus ; Remacle (texte et traduction) :

« In addition to its main focuses, the text offers an unusually clear portrait of homosexuality in late Hellenism. Books XII-XIII holds a wealth of information for studies of homosexuality in Roman Greece. It is subject to a broader discussion that includes Alcibiades, Charmides, Autolycus, Pausanias and Sophocles. Furthermore, numerous books and now lost plays on the subject are mentioned, including the dramatists Diphilus, Cratinus, Aeschylus, and Sophocles and the philosopher Heraclides of Pontus. »
en.wikipedia.org

I, 15bc : Damoxène enthousiasmé pour un garçon de 16 ou 17 ans ; 20ef : après la bataille navale de Salamine [en l’an -480] Sophocle dansa nu et huilé [cité par André Gide] ; 25c : Eubule : point de femmes dans leur camp ; ils sont revenus de la guerre de Troie avec le cul plus large que les portes de la ville [belle hyperbole ...].
III, 103bc : pièce de Baton le comique [IIIe siècle] intitulée Précepteur qui trompe la jeunesse d'un adolescent ;
IV, 161c : " ces Sages [...] savent se procurer mutuellement quelques délices. Est-ce que tu ignores que Mélanippides, Phaon, Phyromaque et Phanos sont complaisants ? " (traduction Lefebvre de Villebrune, Paris : Lamy, 1789, via remacle). L'interprétation homosexuelle n'est pas évidente dans la traduction " These men live in luxury compared to others. Don't you know that Melanippides is a disciple, and Phaon, Phyromachus, and Phanus, who dine every four days on one half- p235 pint of barley-meal?' " Loeb Classical Library, 1928).
V, 187e-188a : Alcibiade intoxiqué par l'amour du garçon [pais] Charmide ; Callias et son paidika Autolycus ; cite  Xénophon,  Symposium ; 216ef : Pausanias [athénien] éraste d'Agathon ; affirme dans le Symposium de Xénophon qu'une armée composée de paidika et d'érastes serait très vaillante ; 217a : Pausanias livre sa pensée sur l'érotique.
VI, 260b : licence impure de Philippe de Macédoine, d'après Théopompe de Chios, Histoires, XXVI.
VII, 310b : Théognis ne désavoue pas sa pédérastie.
VIII, 339ac : railleries d'Antiphanes et révélations d'Eschine [cf Contre Timarque, 41] contre l'athénien Misgole, enflammé par la vue de jeunes.
IX, 389c : Aristote sur les perdrix mâles [Histoire des animaux].
X, 423e : Les Pédérastes, œuvre de Diphile [pièce perdue du poète comique du -IVe siècle] ; 427d : le cottabe [bassin pour le vin] servait à honorer les éromènes ; Pindare dit honorer ainsi Agathon ; 445e : Alcée [de Mytilène] auteur de la pièce Ganymède ; 451b-c : Selon Diphile de Sinope dans sa Thésée, la chose la plus forte du monde : le pénis [τὰν δὲ τρίταν ἀποφῆναι πέος ἰσχυρότατον πάντων, διδάσκειν δ᾽ ὅτι καὶ τὸν χαλκέα στένοντα πυγίζουσι τούτῳ] ; " pour preuve c'est qu'avec cela, on paedique le forgeron qui gémit sous le poids du travail. " (traduction Lefebvre de Villebrune, 1789).
XI, 505f : Platon : Zénon [d'Élée] fut le paidika de Parménide [cf Parménide, 127] ;
XII, xiv, 517f-518a : " Quand ils se paient des gourgandines ou toute autre personne, voici ce qu'ils [les Étrusques] font : d'abord, ayant cessé de boire, ils se décident à rejoindre leur couche ; aussitôt, à la lueur des flambeaux, les esclaves leur amènent des putes ou de charmants gitons, quelquefois aussi leurs épouses ; une fois qu'ils ont bien joui, les esclaves font alors venir des hommes particulièrement robustes, qui les enculent. Bref ils ont  des rapports sexuels très fréquents, et se livrent parfois à leurs ébats à la vue de tous. 
Ils prennent leur pied surtout avec les femmes, mais il en est qui se délectent de frais adolescents. Il est vrai que, dans leur pays, ces derniers sont très beaux, la raison en étant qu'ils se vautrent dans le luxe très tôt et qu'ils s'épilent le corps. En fait, tous les Barbares des contrées occidentales s'arrachent les poils en utilisant de la poix ou en se les rasant ; et chez les Étrusques, on trouve des échoppes d'artisans qui correspondent à nos barbiers. Quand nos jolis garçons pénètrent dans ces locaux, ils s'offrent alors sans réserves, indifférents au regard des voyeurs ou des simples passants. Cette coutume est typique également des Grecs habitant l'Italie, parce qu'ils la tiennent des Samnites et des Messapiens. " [Traduction personnelle de Philippe Remacle; traduction revue et corrigée par Philippe Renault].
522de : orgie des Tarentins en plein jour ; 523c : les Massaliotes sont devenus efféminés ; faiblesse [malakia] de caractère, efféminement par le luxe ; proverbe : " Voguez vers Massalia. " [cf Plaute] ; 540e : Polycrate tyran de Samos, passionné par les liaisons masculines [arrenon homilias] ; 542d : Douris [de Samos, auteur d'Hellenica, -IVe siècle], Histoires, XVI : Démétrius passait en secret ses nuits avec de jeunes gens [cité par W. Becker]. 



LIVRE XIII
561f : légion sacrée des Thébains, composée d'érastes et d'éromènes ; 563ef : reluqueurs de gamins, en bons disciples de Zénon [de Citium] qui ne s'adressait pas aux femmes, mais aux paidika, selon Antigone de Caryste dans sa Vie de Zénon ; vous dites que les éromènes doivent être gardés jusqu'à 28 ans ; 564a : même dans les temps anciens on aimait les garçons, on appelait les éromènes "paidika" ;
564b : Aristote a dit que les érastes ne regardent que les yeux de leurs éromènes [fragment ne figurant pas dans les œuvres conservées] ;
564f : les éromènes des Stoïciens ont des mentons rasés ; 565e : vous appelez cinèdes ceux qui se parfument ;
565f : éromènes aux mentons et culs rasés ;
592f : Démosthène tomba amoureux d'un nommé Aristarque ;
601a : le poète Stésichore [vers -600] était immodérément adonné à l'érotique ; chansons appelées paidika ; les pratiques d'érotique étaient tellement actives, et personne ne considérait ces érotiques [ou érotistes ?] comme vulgaires, qu'un grand poète comme Eschyle, et aussi Sophocle, introduisirent le thème d'éros dans leurs tragédies — le premier celui d'Achille et Patrocle [Myrmidons], le second celui des garçons dans Niobé, pièce que certains appellent Paidérastria ;
601c : Pindare était érotique sans mesure ;
601d-f : Théoxène de Ténédos était l'éromène de Pindare ; beaucoup préfèrent l'amour des paidika aux liaisons féminines ; les Crétois et les Chalcidiens d'Eubée ont une passion pour les paidika ; Échémène dit dans son Histoire de Crète que c'est Minos qui enleva Ganymède ; 601f : Minos était l'éraste de Thésée [cité par Chateaubriand] et lui donna sa fille Phèdre en mariage, selon Zénis ou Zéneus de Chios ;
602a-b : Jérôme de Rhodes [-290/-230] : ces amours de garçons [paidon érotas] se répandirent ; les érastes ne voulaient pas passer pour lâches aux yeux de leurs paidika ; légion sacrée organisée à Thèbes par Épaminondas [cité par Chateaubriand] ; Harmodios et Aristogiton ; éros de Chariton et Mélanippe [cité par Edward Carpenter] ; Mélanippe était le paidika d'après Héraclite le Pontique dans Péri Érotikon ;
602d : mort de Cratinos et de son éraste Aristodémos ; les tyrans essayèrent d'abolir entièrement les amours des paidika [cité par J. Potter] ;
602f : la pédérastie passa de Crète en Grèce, selon Timée [vers -356/-260] ; d'autres déclarent que Laïos fut l'initiateur de ces amours [érotos ; cité par Forberg ; et par Chateaubriand : " Des savants, dans Athénée, examinent doctement quand l'amour pour les jeunes garçons commença. Les uns le font remonter à Jupiter, et les autres à Minos, qui devint amoureux de Thésée ; les autres à Laïus, qui enleva Chrysippe, fils de Pélops, son hôte. Hiéronyme, le péripatéticien loue cet amour et fait l'éloge de la légion de Thèbes ; Agnon l'académicien rapporte que chez les Spartiates il était licite à la jeunesse des deux sexes de se prostituer légalement avant le mariage. " (Études historiques, Cinquième discours, troisième partie "Mœurs des païens")] ; il devint amoureux de Chrysippe, fils de Pélops [cité par W. Becker] ;
603a : Praxilla de Sycyon [poétesse lyrique grecque ] dit que Chrysippe fut enlevé par Zeus [ou par Œdipe ?] ; bien que les Celtes aient de belles femmes, ils préfèrent les paidika [cité par Henri Estienne] ; ils dorment sur des peaux d'animaux avec deux éromènes ; le roi Alexandre était follement philopaide et épris de l'eunuque Bagoas ;
603d : [cf Ibycos] ;
603e : Sophocle était philomeire [cité par Forberg et par André Gide, Corydon, IV], et Euripide philogyne [Φιλομεῖραξ δὲ ἦν ὁ Σοφοκλῆς, ὡς Εὐριπίδης φιλογύνης.] ;
603f [cf Ion de Chios] ;
604c [cf Ion de Chios] ;
604de : Hiéronyme de Rhodes : anecdote du manteau de Sophocle ;
605a : Onomarque [stratège phocéen] était philopaide ;
609d : Charmos a été l'éraste d'Hippias.


XIV, 620ef : le récitant des poèmes de Sotades de Maronée est appelé cinédologue ; 638b : Amêtor d'Éleutherne fut le premier à jouer à la harpe des chansons érotiques ; 639a : poèmes érotiques pas différents de ceux de Sappho et d’Anacréon, d’après Cléarque.
XV, 670b : éros est un lien de certaines personnes portant des couronnes ; 670d : on mettait des couronnes aux portes des éromènes ; l'éromène est l'image d'éros ; 677d : Callixène de Rhodes, dans ses Livres d'Alexandrie, mentionne Hadrien et Antinoüs ; 692f : invocation d'Harmodios selon les Villageois d'Antiphane ; 695c : j’aimerais devenir une lyre portée par de beaux garçons ; 697de : chanson composée par Séleucus : je serai pédophile ; j'aimerais cela plutôt que de me marier, un garçon [pais] peut m'assister à la guerre ; 699c : paidomanie du tyran Agathoclès.


DIOGÈNE LAËRCE (début IIIe siècle), écrivain grec,


Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, ou Vies et doctrines des philosophes illustres, Collection Budé (incomplet), Loeb Classical Library, Classiques modernes ; Flammarion, collection GF ; Pochothèque (Le Livre de poche) : texte grec en ligne sur Perseus.

Montaigne cite plusieurs passages ; voir mon Index amoureux et philosophique. Nietzsche s'introduisit à la philosophie via Diogène Laërce. Voir l'entrée " Diogène Laërce " sur ma page Dictionnaire Nietzsche.

I (Prologue, les sept Sages, autres sages)

II (Les Socratiques ; en Pochothèque, traduction par Michel Narcy et Marie-Odile Goulet-Cazé),
19 : Socrate devint le paidika [παιδικὰ, garçon aimé] d'Archélaos, selon Aristoxène de Tarente [cf Porphyre, Histoire de la philosophie, 12 ; et Souda, articles paidika et Socrates] ;
23 : Ion de chios raconte que dans sa jeunesse Socrate visita Samos en compagnie d’Archélaos ;
31 : Socrate a méprisé la beauté d'Alcibiade [cf Platon, Symposium] ;
49 : Xénophon était l'éraste de Clinias, selon Aristippe ;
50 : Xénophon accusa Ménon de Pharsale d'être plus jeune que son paidika [cité par Wilhelm A. Becker] ;
76 : Aristippe hostile aux cinèdes ;
99 : le sage peut avoir des éromènes [aimés] ; le garçon et le jeune homme sont utiles pour faire l'amour, selon Théodore ;
105 : Phédon fut forcé de se prostituer [cf Aulu-Gelle, Nuits attiques, II, xviii, 3] ;

III (Platon ; en Pochothèque, traduction par Luc Brisson),
29 : Platon était épris [ἐρασθῆναι] d'un jeune homme [μειρακίου] nommé Aster ;
30 : fou d'amour [ἔρωτι] pour Dion ;
31 : épris [ἐρασθεὶςd'Alexis et de Phèdre [qui avait vingt ans de plus que Platon] ;
32 : il embrasse Agathon et lui transmet son âme ;
81 : selon lui, l'érotique pourrait être une quatrième sorte de philia [après l'affection familiale, l'amitié qui naît de la fréquentation, et celle qu'impose les devoirs d'hospitalité ; cf Aristote]. 

IV (Académiciens ; en Pochothèque, traduction par Tiziano Dorandi),
7 : Xénocrate de Chalcédoine dédaigna les avances de la courtisane Phryné ;
17 : Polémon accusé par sa femme d'avoir eu des rapports avec des jeunes gens ;
19 : Comme le dit [Aristophane] raffinements de débauchés [καταπυγοσύνη] ; Aristippe dit que Polémon fut épris de lui [Sur la sensualité des Anciens, IV] ;
21 : Cratès fut l'élève et l'éromène de Polémon ;
22 : Arcésilas de Pitane fut l'éromène de Crantor [Cité par Pierre Bayle] ;
24 : Arcésilas épris de Crantor ;
29 : Crantor amoureux d'Arcésilas :
30 : ils vécurent ensemble ;
34 : Hémon de Chios disait que le sage ne saurait tomber amoureux ;
40 : Il était amoureux des jeunes gens (philomeire) et ardent aux plaisirs [φιλομειράκιός τε ἦν καὶ καταφερής; Arcésilas fut appelé cinédologue par les élèves de Chios le stoïque ;
41 : Arcésilas particulièrement épris de Démétrios et de Cléochare ; de Cléochare étaient également épris Démocharès et Pythoclès ;
47 : on reproche à Bion de Borysthène [vers -325/vers -255] de n'avoir pas fait la conquête d'un certain jeune homme ;
49 : Bion disait de Socrate que s'il désirait Alcibiade et s'en abstenait, il était stupide, tandis que s'il ne le désirait pas, sa conduite n'avait pas de quoi surprendre.
Bion reprochait à Alcibiade d'avoir détourné les maris de leurs femmes, puis plus tard les femmes de leurs maris [cf Suétone sur ce que Curion disait de César ; cité par Jean-Luc Hennig] ;
53 : Bion avait coutume d'adopter des jeunes pour satisfaire son désir et pour être protégé par leur affection ;
54 : coucha avec son élève Bition.

En février 1727, l’avocat parisien Mathieu Marais évoquait un groupe d’amis, dont Damien Mitton et le chevalier de Méré, en commentant : « c'était comme une académie ».

V (Aristote et ses premiers successeurs ; en Pochothèque, traduction par Michel Narcy),
3 : Aristote aurait eu Hermias comme paidika ;
20 : à la question " Qu'est-ce qu'un ami ? " il répondait : " une seule âme en deux corps " ; demander pourquoi on recherche les beaux est une question d'aveugle [cf Stobée, Pièces choisies ou Éclogues, LXV, xiv] ;
31 : il considérait l'érotique comme une source d'amitié ; il disait qu'éros, ce n'est pas seulement coucher, mais aussi philosopher ;
39 : Théophraste aima Nicomaque, selon Aristippe ;
93 : Pancalos, le bien-aimé [ἐρώμενος] de Denys le Transfuge ;

VI (Antisthène et les Cyniques ; en Pochothèque, traduction par Marie-Odile Goulet-Cazé),
46 : Diogène de Sinope hostile aux garçons fardés ;
47 : Panneau " à vendre " sur la maison d'un débauché ; jeune homme [μειράκιον] qui se plaignait d'être importuné ;
58 : transformer les érastes [amants] du corps en érastes de la beauté de l'âme ;
80 : Diogène de Sinope aurait écrit une Érotique et un Ganymède ;
91 : Cratès frappa le derrière de Ménédème en demandant : " Asclépiade est là ? ". 

VII (Les Stoïciens ; en Pochothèque, traduction par Richard Goulet),
8 ; Réponse de Zénon de Citium à Antigone [de Caryste] : " Celui qui a le désir de la philosophie et repousse le plaisir, si largement célébré, qui effémine les âmes de certains jeunes gens, est manifestement enclin à la noblesse non seulement par nature mais aussi par choix délibéré. "
13 : Il recourait rarement aux services de jeunes esclaves ; une fois ou deux peut-être à ceux d'une jeune servante, afin de ne pas passer pour misogyne. [Cf Athénée, XIII, 563e].
17 : Zénon fut amoureux de Chrémonidès ;
18 : les philopaides perdent leur raison à force de passer leur temps avec les garçons ;
21 : À un bel homme qui disait qu'à son avis le sage ne devait pas éprouver de passion amoureuse, il dit : " Alors, rien ne sera plus misérable que votre condition, vous les beaux. "
113 : éros, désir qui ne vient pas aux sages [ou qui ne vise pas au bon motif] ;
130 : " L'amour est un effort pour se faire un ami à cause de la beauté qui se manifeste. " [Εἶναι δὲ τὸν ἔρωτα ἐπιβολὴν φιλοποιίας διὰ κάλλος ἐμφαινόμενον ; Cf Cicéron, Tusculanes, IV, xxxiv, 72]
166 : On dit qu'alors qu'il était enfant, Hérillos de Carthage [vers -260] trouva de nombreux érastes

VIII (Pythagore et pythagorisants ; en Pochothèque, traduction par Jean-François Balaudé et Luc Brisson) :
10 : on était païs [garçon] jusqu'à 20 ans selon Pythagore ;
60 : Pausanias [un médecin] était l'éromène d'Empédocle ;
71 : Pausianas aurait fait ériger un monument funéraire en l'honneur de son ami [φίλου] Empédocle ;
86 : certains disent qu'Eudoxe de Cnide était le paidika de Théomédon. 

IX (Héraclite, Xénophane, Éléates, Pyrrhon ; en Pochothèque, traduction par Jacques Brunschwig),
25 : Zénon d'Élée fut l'élève et le paidika de Parménide [cf Platon, Parménide, 127] ;
111 : Timon [de Phlionte] a écrit des poèmes cinédiques ;
113 : [Timon] avait la raillerie facile. 

X (Épicure ; en Pochothèque, traduction par Jean-François Balaudé) :
Lettre à Pythoclès : 5 ton retour charmant et divin ; 6 : Épictète l'appelle cinédologue [Entretiens, III, xxiv, 38] ;
Lettre à Ménécée : 132 : la jouissance des garçons et des femmes [ἀπολαύσεις παίδων καὶ γυναικῶν] n'engendre pas la vie de plaisir [τὸν ἡδὶν γεννᾷ βίον].


Pseudo-LUCIEN (??), IIIe-IVe siècle, satiriste grec,

Dans Lucien de Samosate, Œuvres, 1583, traduction Filbert Bretin.


Les Amours sur le site Remacle (traduction Eugène Talbot, 1912). Les Deux Éros (Amores), Traduction du grec par Roger Peyrefitte (Les Amours de Lucien de Samosate 1954 ; réédité dans La Muse garçonnière 1973). Loeb Classical Library, Lucian volume VIII, 1967. Texte grec :

4 : Théomneste : discussion comparative sur les philopaides et ceux qui aiment les femmes ;
5 : Lycinus annonce le récit d'une discussion entre deux mecs [andros] sur les deux sortes d'amour [récit du dialogue : 19-52] ; l'un prenait un plaisir excessif avec les paidika [garçons aimés], tandis que l'autre, ignorant de l'éros des mâles, était attiré par les femmes ;
9 : Kallicratide aimait les palestres seulement à cause de son éros pour les paidika ; sa misogynie lui faisait souvent maudire Prométhée ;
11 : Kallicratide aurait préféré voir l'Éros de Thespie [cité grecque de Béotie] plutôt que l'Aphrodite de Cnide [deux statues] (cité par James Davidson) ;
19 : Chariclès [jusqu'en 28] : Aphrodite, par ta grâce permet que les hommes restent masculins ;
20 : La luxure transgressa les lois de la nature. Un seul sexe entra dans un seul lit. Deux infâmes amants osèrent se regarder sans rougir de leurs actes et de leurs complaisances, et semant, comme on dit, parmi des pierres stériles, ils échangèrent contre un léger plaisir une éternelle honte [αὑτοὺς δ᾽ ἐν ἀλλήλοις ὁρῶντες οὔθ᾽ ἃ δρῶσιν οὔθ᾽ ἃ πάσχουσιν ᾐδοῦντο, κατὰ πετρῶν δέ, φασίν, ἀγόνων σπείροντες ὀλίγης ἡδονῆς ἀντικατηλλάξαντο μεγάλην ἀδοξίαν.].
22 : chez les animaux, les lois de la nature sont préservées ;
23 : argument des disciples de Socrate [cité par André-Jean Festugière] ;
24 : ce ne sont pas des philosophes, ceux qui appellent la beauté du corps, vertu de l'âme ;
25 : les services rendus par une femme sont supérieurs à ceux d'un paidika ;
27 : le garçon outragé n'a pas de plaisir [cité par Chateaubriand] ;
28 : si on accepte l'union [homilia] entre mâles, que les femmes aussi puissent s'aimer entre elles ;
30 : Kallicratide [jusqu'en 49] : Aphrodite, soit bienveillante, car nous aussi nous honorons ton fils, Éros ; 31 : l'éros des mâles est la seule activité qui combine plaisir et vertu ; nous sommes des étrangers isolés dans une terre étrangère [cité par John Boswell] ; cependant nous ne nous laisserons pas envahir par la peur et nous ne trahirons pas la vérité ; 33 : le mariage est un remède contre la nécessité, mais l'éros des mâles découle d'un esprit philosophique ; 35 : l'amour des femmes est nécessaire, mais celui des mâles est une invention supérieure, bien que plus récent ; 36 : l'amour le plus stable est celui des mâles ; 39 : laideur des femmes au réveil [cité par Chateaubriand] ; 44 : opposer aux maux associés aux femmes la vie masculine d'un garçon ; 45 : éducation philosophique et exercices du corps ; 46 : qui ne serait pas éraste [amant] d'un tel garçon ? ; 47 : l'amour était le médiateur de l'affection entre Oreste et Pylade [cf Pindare ; cité par Chateaubriand] ; Pylade se montra être plutôt l'éraste que l'éromène [aimé] ; 48 : avec le temps, il devient difficile de savoir qui est l'éraste de qui ; 49 : on devrait aimer les jeunes comme Alcibiade a été aimé par Socrate ;
51 : Théomneste : la pédérastie ne devrait être permise qu'aux sages ;
53 : Théomneste admire la solennité des discours suscités par cette pédérastie ; éros se fait une échelle de plaisir : vue, contact, baisers, caresses,
54 : Socrate était autant adonné à l'érotique que n'importe qui ; le plaisir était au service de l'amitié entre Achille et Patrocle ; cite Eschyle [fragment 136].


Voir aussi : Platon, Xénophon et Aristote

Martial et Juvénal

Augustin, et alii