mercredi 24 août 2022

DFHM : Jaquette à jupiter via jésus, et Langage tapette à lopette via lapin, LGB, LGBT et licence


M

JACQUETTE, JACQUETTE FLOTTANTE

Albert Simonin : " Sauf un qui était de la jaquette, jamais aucun de ses tauliers avait résisté plus de huit jours à l'envie de la calcer [d'avoir des relations sexuelles avec elle]. "
Touchez pas au grisbi, Paris : Nouvelle revue française, 1953.

San-Antonio : " Henri III (...) était de la jaquette flottante. Et voilà que tu prétends qu'il aimait une princesse ! "
L'Histoire de France vue par San-Antonio, Paris : Fleuve Noir, 1964.

San-Antonio : " Combien d'hommes se sont fourvoyés dans la jaquette flottante uniquement parce qu'étant gamins, ils ont fait leurs premiers touchers sur des individus (...) de leur catégorie ? "
Le Standinge selon Bérurier, Paris : Fleuve noir, 1965.

Bouteville : " Et si je me sens profondément insulté à l’idée qu’un troupeau de chevaliers de la Jaquette vienne se sucer la luette devant Notre-Dame? Il faudra probablement que j’en essorille un pour que le président de la HALDE m’envoie ses témoins. Qui choisit les armes ? "
Action française, mars 2010.

JAZZ-TANGO

Synonyme de bisexuel. Milieu XXe siècle.

JÉSUS, PETIT JÉSUS

Dans le Vocabulaire argot-français de François-Vincent Raspail (1835), un jésus était défini comme « jeune homme fréquentant les personnes ».

« Les chanteurs ont à leur disposition de jeunes garçons doués d’une jolie physionomie, qui s’en vont tourner autour de tel financier, de tel noble personnage, et même de tel magistrat qui ne se rappelle de ses études classiques que les odes d’Anacréon à Bathylle, et les passages des Bucoliques de Virgile adressés à Alexis ; si le pantre mord à l’hameçon, le jésus le mène dans un lieu propice, et lorsque le délit est bien constaté, quelquefois même lorsqu’il a déjà reçu un commencement d’exécution, arrive un agent de police d’une taille et d’une corpulence respectables. »
François Vidocq, Les Voleur..., 1837.

« JÉSUS. Les voleurs donnent ce nom aux jeunes garçons que les Tantes, les Chanteurs, les Rouspans  (voir ces divers articles), prostituent à leur gré, et dressent en même temps au vol et à la débauche. »
Vidocq, Les Voleurs, 1837.

En 1856, Francisque Michel suivait : « enfant dressé au vol et à la débauche ». Alfred Delvau reprit cette définition, et il mit pour gosselin : " Jeune garçon qui sert d'Alcibiade à des Socrates de bas-étage ; variété de jésus » (Dictionnaire érotique moderne..., 1864).

Louis Canler :
Mémoires de Canler, 1862.


D’après le policier François Carlier (Les deux prostitutions, 1860-70, Paris : Dentu, 1887 ; la partie « Prostitution antiphysique », pages 275 à 373, a été rééditée sous ce titre par Le Sycomore en 1981, avec une préface de Dominique Fernandez),
« Les prostitués tout jeunes prennent le nom de petits jésus. Lorsqu’ils ont vieilli, qu’ils ont gagné de l’audace et de l’expérience, ils deviennent des jésus. » (chapitre I)
  « En règle générale, un petit jésus ou un jésus, lorsqu’il est en présence d’un amoureux qui paye, fait main basse sur tout ce qu’il peut attraper sans être vu : bijoux, argent, papiers de famille, tout lui est bon. » (chapitre IV)
  « En dehors des pourvoyeurs spéciaux, la pédérastie a besoin du concours de nombreux proxénètes. Les gens qui occupent un certain rang dans le monde, ceux qui ont la prétention bien singulière de se respecter, ne se mettent presque jamais personnellement en campagne . Ils chargent le plus ordinairement de ce soin  des jésus qui, tout en courant pour leur propre compte les lieux de rendez-vous, s’occupent en même temps des missions galantes et lucratives qu’on leur confie. Aussi tous les jésus jouent-ils, à l’occasion, le rôle de proxénètes, et nous avons déjà dit que tous les petits jésus entretenus ne refusaient jamais à leurs entreteneurs, qui voulaient satisfaire un caprice passager, leurs bons offices en pareille matière. » (chapitre V)
  Citons encore ce souvenir d’un autre policier parisien :

« Son petit Jésus, reconnu malade, est à l’infirmerie de la Santé. Tous deux ont tiré profit de l’imprudence commise par un père de famille qui a lié conversation avec le dit Jésus dans les latrines des Halles. »
Gustave Macé, Mes lundis en prison, Paris : G. Charpentier et Ce, 1889.

  Jésus a été donné comme argot pour pédéraste par le chansonnier et écrivain Aristide Bruant dans L'argot au 20e siècle : dictionnaire français-argot, Paris : Flammarion, 1905. Le Dr Charles Perrier décrivit les moyens utilisés par les prisonniers pour communiquer entre eux, dont certains liquides ne laissant guère de traces :
  « Ces derniers moyens sont surtout connus de cette catégorie d’individus, ironiquement appelés tantes ou petits jésus – tristes personnages dont les honteuses pratiques répugnent à la nature et à la raison. »
La Maison centrale de Nimes, 1896, chapitre VI " Le prisonnier intime ". " répugnent à la nature et à la raison " : cela rappelle le théologien Albert le Grand (Docteur universel), qui parlait de " péché maximum car contre la grâce, la raison et la nature ".
  Ce sens homosexuel inattendu de jésus, qui s’est perdu aux XXe et XXIe siècles, avait peut-être pour origine l’idée d’enfant aimable et joli depuis longtemps attachée à ce nom. À moins que les allusions de Denis Diderot et du marquis de Sade à un amour sensuel entre Jésus et l’apôtre Jean n’aient bénéficié d’une certaine popularité ; avant eux, le dramaturge anglais Christopher Marlowe et le roi Frédéric II de Prusse s’étaient permis de telles remarques. Pendant la Révolution française, on pouvait lire dans un pamphlet :

« Défunt Jésus, mort comme notre frère Paschal au lit d’honneur, disait à saint Jean : – Viens, mon fils ; viens, mon bienaimé, te reposer sur mon sein. Pourrait-on douter de la véritable essence de ces tendres expressions ? »
Anonyme, Les Enfants de Sodome à l’Assemblée Nationale, 1790. (BnF, Enfer)

Pierre Joseph Proudhon commenta ces accusations : « Qu’était cette prédilection tant remarquée du Christ pour le plus jeune de ses apôtres (Jean XIII, 23 ; XIX, 26, 27 ; XXI, 20) ? Je ne sais quel incrédule a pris occasion de ces passages pour jeter sur les mœurs de Jésus un odieux soupçon ; pour moi, j’y vois, comme dans l’épisode de Nisus et Euryale [Virgile, Énéide, livres V et IX], une imitation chrétienne de l’amour grec. » Amour et mariage, XXV.

L’expression « faire le saint Jean » fut relevée par Francisque Michel comme décrivant une révérence discrète (signalée par Vidocq) qui aurait été un signe de reconnaissance ; cet usage des noms de Jésus et Jean fonctionne comme une interprétation, au sens freudien du terme, de l’homosexualité latente du christianisme.

JEUDI

« Madame Durut : " Quoi, ce grand Jeudi, qu'on dit malade d'un satyriasis incurable ? "
[Note] Chez les Aphrodites on nomme jeudis ces messieurs qui, tout au moins partagés entre l’œillet et la boutonnière (c’est-à-dire, une fois pour toutes, le cû et le con) avaient pour jour de solennité le jeudi, en l’honneur de Jupiter, le Villette de l’Olympe, comme tout le monde sait. Les femmes qui avaient la complaisance de se prêter au goût de Messieurs les Jeudis étaient connues sous le nom de Jannettes (de Janus) à cause de leur double manière de faire des heureux. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 2e partie, " L'Œil du maître ", 1793.

« Le Vicomte [à Célestine] : "Il n'y a point de sexe. Il n'y a que des formes et de l'électricité. Que m'importe qu'au revers de cet enfant charmant il y ait une prolongation, et qu'au tien il y ait une lacune ! [...] Fi du grossier pédéraste qui ne recherche pas la féminine illusion !"
[Note]  On observera que ces Jeudis sont à nous ce que sont les Indiens aux Européens. Ceux-ci font le diable noir, parce qu'ils sont blancs ; ceux-là le font blanc, parce qu'ils sont noirs. C'est ainsi que l'apostat vicomte appelle revers ce qui pour nous est l'endroit, et réciproquement. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 5e partie, " Passe pour ceux-ci ".

JEU RENOUVELÉ DES GRECS

Alfred Delvau :
Dictionnaire érotique moderne..., 1864.


JOCKAI

« Il a fallu que je me contentasse du titre de son jockai, dont il [le marquis de Villette] s’amusait suivant l’occasion. Oui, sans doute, c’est à ce maître si connu, si zélé pour les sectateurs de Gomorrhe, que je dois mes notions sur la fouterie à visage retourné. »
Compère Mathieu, Suite des Pantins des Boulevards, 1791.

En russe, жокей a le sens d’homosexuel actif (Le Guévellou, 2002).

JUPITER

« Du Jupiter céleste un Ganymède on vante,
Le Jupiter toscan [le pape Jules III] en a plus de cinquante »
Joachim Du Bellay, Les Regrets [1558], sonnet 106.

« Le ganymède du pape Jean-Marie de Monte, dit Jules III, était de la taille de celui de Jupiter, et il avait ses traits de visage – selon la description des poètes –, ce que je dis pour l’avoir vu et contemplé à loisir, et même une fois qu’il était à table avec son Jupiter. »
Henri Estienne, Traité préparatif à l’Apologie pour Hérodote, 1566.

« Jupiter, le Villette de l’Olympe, comme tout le monde sait. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 2e partie, " L'Œil du maître ", 1793.

« ... tandis que le Vicomte, avec toute l'ardeur de son goût socratique, devient le Jupiter du plus désirable Ganimède »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, N° V, quatrième fragment, 1793.

LANGAGE TAPETTE

« Pour pas mal de jeunes clubbeurs de moins de 25 ans, être vieux signifie, en langage tapette, avoir plus de 40 ans. »
Night and day, Agenda de Têtu, juillet-août 2004.

LAPIN, LAPINAGE

« Dans l’argot du collège, on appelle lapins des libertins en herbe, pour lesquels Tissot [auteur d'un traité sur l'onanisme] eût pu écrire un nouveau Traité. »
Lorédan Larchey, Les Excentricités du langage français, Paris : Aux bureaux de la Revue anecdotique, 1861.

« LAPIN. Terme d’écolier pour désigner celui d’entre eux qui a strenua manus, d'après Celse, qui branle ses camarades, d'après tout le monde. » (Alfred Delvau, Dictionnaire érotique moderne..., 1864)

Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 1866.

« des tendresses et des embrassements qui sont comme un réveil échauffé de leurs souvenirs de lapins »
Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 19 février 1869.

« C’était un jeudi soir à l’étude : il se trouvait entre Mignon et Q…, un lapin, grâce aux soins de L… que ces intrigues réjouissaient. »
Dr J. Agrippa, La Première flétrissure, 1873.

« LAPIN. Enfant dépravé. Argot du collège. Vient du vieux mot lespin : prostitué. »
Lorédan Larchey, Dictionnaire historique d’argot, 1881.

Dr Thésée Pouillet : " Tout le monde connaît les termes de chasseur et de lapin qui désignent, dans les lycées, les masturbés et les masturbants, preuve flagrante que la pollution étrangère s’exerce journellement dans les maisons d’instruction. " Étude médico-psychologique sur l’onanisme chez l’homme. Précédée d’une introduction sur les autres abus génitaux, Paris : A. Delahaye et E. Lecrosnier, 1883.

" Il était, moyennant finances, le lapin des grands. "
Luiz, Les Fellatores, 1888.

" Un lapin, un pédéraste ".
Georges Delesalle, Dictionnaire Argot-Français et Français-Argot, Paris : Paul Ollendorff, 1896.

Lapin : enfant ou adolescent vicieux qui remplit dans les collèges le rôle des mignons de Henri III, ou celui d'Alcibiade près de Socrate. Corruption du vieux mot lespin, prostitué, giton. "
Hector France, Dictionnaire de la langue verte, 1907, réédition Nigel Gauvin, 1990

« Il y a des lapins qui servent à tout le monde »
Georges Hérelle, mss B16, Bibliothèque municipale de Troyes.

" Le mot le plus usité [en Chine] est "t'rou-tsé", qui veut dire "lapin", qualificatif parfaitement injurieux et humiliant pour la personne à qui il s'applique. "
J.-J. Matignon, " Deux mots sur la pédérastie en Chine ", Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 79, 15 janvier 1899.

« Déjà du lapinage. Vous allez trop vite en besogne. Pas réglementaire ce truc-là …, brailla quelqu'un sans visage. Seuls les grands ont droit aux lapins. »
René Étiemble, L'Enfant de chœur, Paris : Gallimard, 1937.

Robert Giraud cite Étiemble, puis paraphrase Delvau : « En argot des pensionnaires de collège, celui qui masturbe ses camarades. »
Faune et Flore argotiques, 1. Faune, 1993.

LESBIAN AND GAY PRIDE

« Présentation de la LGP Bordeaux
L'association Lesbian et Gay Pride a été créée en 1997 pour répondre à la volonté de pérenniser la Marche en région Aquitaine. »
« L'Interassociative lesbienne, gay, bi et trans ou Inter-LGBT, créée sous le nom de Lesbian et Gay Pride Île-de-France en 1999, est une fédération d'une soixantaine d'associations militant pour les droits des personnes lesbiennes, gays, et transsexuelles. Plus particulièrement, elle se donne pour but de lutter contre les discriminations fondées sur les mœurs, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. » (fr.wikipédia)

« Cette année [2002], la Lesbian et Gay Pride de Paris s'appellera Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans (LGBT). »
http://www.gay.com  avril 2002.

Parfois abrégé en LGP.

LESBIEN, LESBIN, LESPIN

Dans sa variante lesbin, ce mot a été appliqué à l’homosexualité masculine :

« Quant à ces lesbins misérables
Nous n’en découvrirons que trop ;
Ces maraux vont le grand galop
À l’hôpital des incurables ;
C’est du gibier à ladres verts,
On les voit marcher entr’ouverts. »
Saint-Amant, La Rome ridicule, LXXV, 1643.

« Tout Antioche a vu comment tu débauchas ce jeune garçon qui venait de Tarse […]. En Palestine on t’appelait la Ronce, à cause que ta barbe piquait tes beaux amoureux ; car tu te rasais alors. En Égypte on te nommait l’Esquinancie [angine], parce que tu faillis être suffoqué par un matelot, qui te l’enfonça jusqu’au gosier […]. Et que dis-tu quand on t’appelle lesbin ? N’entends-tu pas aussi ce mot, et crois-tu que ce soit pour te louer ? Ou si tu l’entends mieux, parce que la chose t’est plus familière. Tes vices sont connus maintenant jusqu’aux femmes. Car depuis peu, comme tu en faisais rechercher une à Cyzique : – Je ne veux point, dit-elle, d’un homme qui en besoin d’un autre. »
Lucien, Œuvres [Le Pseudologue, 20-28], 1654, traduction de Nicolas Perrot d’Ablancourt.

« LESBIN : Dit autant que bardache. Voyez Bardache. »

Philibert -Joseph Le Roux, Dictionnaire comique, satirique, critique, burlesque, libre et proverbial, 1718.

« LAPIN. Enfant dépravé. Argot du collège. Vient du vieux mot lespin : prostitué. »
Lorédan Larchey, Dictionnaire historique d’argot, 1881.

Lesbien lui-même a été appliqué aux hommes :

Alfred Delvau :
Dictionnaire érotique moderne..., 1864.


« Nombre d’hétérosexuels, soit par timidité, soit par demi-impuissance, se comportent en face de l’autre sexe comme des femmes et, dans une conjugaison en apparence "normale", jouent le rôle de véritables invertis. L’on serait tenté de les appeler des Lesbiens. Oserai-je dire que je les crois très nombreux .»
André Gide, Feuillets II, 1918.

Avant que Gomorrhe et ses dérivés ne s'appliquent à l'homosexualité masculine, l'adjectif gomorrhéen fut appliqué aux hommes (voir l'entrée bougeron)

Premières occurrences de lesbienne dans le sens usuel :
Brantôme : « À ce que j'ai ouï dire, il y a en plusieurs endroits et régions force telles dames et lesbiennes en France, en Italie et en Espagne, Turquie, Grèce et autres lieux. Et ou les femmes sont recluses, et n'ont leur entière liberté, cet exercice s'y continue fort [...] Que j'en ai vu de ces lesbiennes qui, pour toutes leurs fricarelles et entre-frottements, n'en laissent d'aller aux hommes. » (Les Dames galantes, premier discours).

Rapportant le contresens d'un auteur qui avait pris un mot latin pour un nom de femme, l'avocat Marais écrivait :
« Il dit que cette reine fit habitude avec une certaine Papacauda, avec laquelle elle se gouverna très peu honnêtement ; ainsi, sans beaucoup de façon il en fait une lesbienne, en changeant le sexe, et par cette métamorphose fait là une faute bien plus que grammaticale. »
Mathieu Marais, Correspondance, 27 mai 1725.

Selon l'acteur Mayeur de Saint Paul, le comédien Monvel aurait envoyé à la comédienne Raucourt une Épître à une jolie lesbienne dans laquelle il plaidait pour la liberté des plaisirs.

Comme l'a amplement montré Marie-Jo Bonnet, jusqu'au milieu du XIXe siècle il n'y eu que anandre, anandryne, lesbienne et tribade pour désigner la femme amoureuse d'une autre femme. Lesbianisme se trouve dans le Journal de l'historien Jules Michelet, à la date du 1er septembre 1844. Puis vinrent saphienne et saphiste, et enfin l'argot produisit chipette, goudou, gouine, magneuse, vrille, etc.

LGB

Sigle prônant la séparation avec la suite TQIA+.

« L'Alliance LGB milite pour « défendre le droit des lesbiennes, des bisexuels et des homosexuels à se définir comme attirés par le même sexe », et considère que ce droit est menacé par « des tentatives visant à engendrer une confusion entre sexe biologique et notion de genre ». Ils s'opposent également à l'inscription de l'identité de genre dans les programmes scolaires, à tout traitement pharmaceutique pour les enfants avec une dysphorie de genre et aux réformes visant à la reconnaissance du genre. »
fr.wilipedia.org, mai 2023.

LGBT, LGBT+, adj. et subs.

D'abord abréviation anglo-saxonne de Lesbian, Gay, Bi et Trans. Sigle transposé ensuite en français.

« Né le 30 avril 1997, le Centre LGBT de Nantes est issu du changement de nom et d’objet du C.H.A.I.L.A (Comité Homosexuel d’Action et d’Intervention de Loire Atlantique). » (http://www.clgbt-nantes.fr/-Presentation-)

« Promouvoir les cultures et les créations LGBT et queer auprès des homo et hétérosexuels.
Engager une réflexion sur la création LGBT en tant que telle comme dans ses rapports à la culture hétéronormative et dans ce qu'elle participe ou non à l'élaboration d'une culture identitaire. »
Queer factory, octobre 2001 ; http://queerfactory.free.fr

« Cette année [2002], la Lesbian and Gay Pride de Paris s'appellera Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans (LGBT). »
http://www.gay.com  avril 2002

« L'Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT) participe d'un mouvement qui, depuis 30 ans, inscrit dans la société la question de l'orientation et de l'identité sexuelles par le biais de manifestations publiques.
Son but est de lutter contre les discriminations fondées sur les mœurs, l'orientation ou l'identité sexuelle.
Elle organise la Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans, le Printemps des assoces et d'autres interventions publiques ; elle participe au dialogue politique et social ; elle soutient des projets inter-associatifs et favorise à la fois la visibilité des associations LGBT et l'émergence d'une stratégie collective au moyen de son Conseil. »

« En mai 2002, l’association [Lesbian & Gay Pride Île-de France] change de nom et se déclare à la préfecture de police de Paris avec une nouvelle raison sociale : Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT). La même année 2002, d’ailleurs, l’ancienne Gay Pride, devenue ensuite Marche de la Lesbian & Gay Pride, devient officiellement la Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans, introduisant ainsi l’acronyme LGBT comme nouveau discours de mobilisation et nouveau discours militant. » Massimo Prearo, " La naissance de la formule « LGBT » en France et en Italie : une analyse comparative des discours de mobilisation ", Cultures et Conflits, n° 97, printemps 2015.

« La nouveauté de l'année est le nom de cette marche désormais en français "pour qu'il y ait plus de lisibilité" et s'étendant aux bisexuels et transsexuels, explique à l'AFP le président de l'Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (LGBT), René Lalement, organisateur de la Marche. »
AFP, 27 juin 2002.

« Une cour d’appel fédérale de San Francisco a décidé mardi 8 avril qu’un établissement scolaire qui ne protège pas ses élèves LGBT contre le harcèlement physique ou moral pourrait être condamné pour violation du principe d’égalité. »
Têtu quotidien, 11 avril 2003.

« La FÉDÉRATION LGBT a pour objet de créer une solidarité entre associations, unir les forces militantes et partager les expériences. Elle regroupe des Centres Lesbiens, Gays, Bi et Trans (LGBT) et des associations locales ou nationales LGBT, qui agissent en France. L'association dirige la réalisation de son objet aussi bien à l'intention de ses membres qu'à l’intention des associations non membres, qu'elles soient LGBT ou non. [...] constituée le 13 juillet 2003, sous forme d'une association régie par la loi du 1er juillet 1901 [...] (http://federation-lgbt.org)

« Lusogay - comme son nom l'indique - est une association de gays (entendre LGBT : Lesbiennes Gays Bis et Trans) et de leurs ami(e)s, ayant un attrait particulier pour les pays lusophones et plus particulièrement pour le Brésil et le Portugal.
La vocation de Lusogay est essentiellement d'ordre culturel :
- échange avec les associations LGBT des pays lusophones ;
- information et diffusion de la culture lusophone à caractère LGBT ;
- lien avec les associations françaises LGBT qui, en raison de leurs activités, ont à faire avec le monde lusophone. »
http://lusogay.free.fr , Septembre 2003.

Les associations socialistes LGBT européennes, réunies vendredi 28 octobre à Paris, ont signé une déclaration commune à destination du président du Parti socialiste européen (PSE). «Suite à l'approbation, par plusieurs gouvernements européens, de lois visant à octroyer une pleine égalité des droits aux personnes LGBT, écrivent-elles, il devient intolérable que tous les citoyens des pays membres de l'UE n'aient pas des droits identiques. Il nous semble essentiel de rappeler que l'universalité des droits est un pilier central du socialisme.» Leur proposition «vise à créer une plate-forme LGBT au sein du PSE et contribuera ainsi à une meilleure connaissance des engagements politiques du PSE.» Elle a été co-signée par les représentants de 9 associations socialistes européennes (présentes en Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède), invités au siège du Parti socialiste français, à Paris, par Homosexualités et socialisme. La rencontre a été introduite par Jack Lang et conclue par Dominique Strauss-Kahn, secrétaire national du PS. Celui a confirmé son engagement en faveur du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe. «Si le choix des militants se porte sur moi, a-t-il déclaré, faisant référence à la candidature PS pour les élections présidentielles de 2007, je m'engage devant vous à me battre pour la mise en œuvre de l'égalité réelle des droits pour les personnes LGBT
http://www.tetu.com   31 octobre 2005

« L'association [FÉDÉRATION LGBT] a eu successivement pour titre « INTER CENTRES LGBT » puis « FÉDÉRATION DES CENTRES LGBT », l'association a pour titre depuis le 31 janvier 2009 « FÉDÉRATION LGBT », pour sous-titre « Fédération des Associations et des Centres Lesbiens, Gays, Bi et Trans en France. » (http://federation-lgbt.org)

« Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, souhaite une révision des manuels scolaires à propos de l'homosexualité. Dans une interview au magazine Têtu, elle explique qu' « aujourd'hui, ces manuels s'obstinent à passer sous silence l'orientation LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) de certains personnages historiques ou auteurs, même quand elle explique une grande partie de leur œuvre », a-t-elle indiqué, citant Arthur Rimbaud. » (lefigaro.fr, 23 octobre 2012)

« Condamner l’homosexualité c’est condamner les personnes LGBT ! L’Inter-LGBT porte plainte contre Christine Boutin
COMMUNIQUE DE PRESSE DU 11 AVRIL 2014 » (inter-lgbt.org)

« Orlando, en Floride, est la ville de Disney World. Imaginant un Disney World funèbre dans sa tête malade, un fanatique a tué quarante-neuf personnes dans une boîte de nuit LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). » Charles Dantzig, " Si on attaque les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, c’est que l’homophobie est devenue électorale ", Le Monde, 14 juin 2016.


David Thorstad (1941-2021) avait publié sur ce sigle cette étude critique, à laquelle je souscris largement :

LGBT: a Dissection


Le Premier ministre a présenté un décret modifiant le décret n° 2003-1164 du 8 décembre 2003 portant création du comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
Il s’agit d’étendre le domaine d’intervention du comité interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, ainsi que de son délégué interministériel (DILCRA), à la lutte contre la haine et les discriminations envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT).
La délégation interministérielle sera ainsi renommée DILCRAH : délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.
Cette extension résulte de l’engagement pris par le Président de la République devant les associations LGBT le 30 juin 2016, à la veille de la Marche des fiertés. "

" Dans un courrier que l'Agence France-Presse s'est procuré, le patron par intérim du parti, Philippe Grangeon, et celui du groupe de députés Gilles Le Gendre condamnent « avec la plus grande fermeté » un tweet de la députée de l'Oise, depuis supprimé. [...]
Dans ce message portant sur la procréation médicalement assistée, Agnès Thill dénonçait « un puissant lobby LGBT à l'Assemblée nationale », tout en arguant du fait que « l'Assemblée nationale n'est pas la France ». Ces propos « contreviennent aux valeurs » de La République en marche, estiment messieurs Grangeon et Le Gendre, en ajoutant que « les termes de lobby LGBT relèvent d'une sémantique homophobe ». « Tes propos n'expriment pas une conviction. Ils constituent une mise en cause insidieuse de certains de nos collègues », poursuivent les deux cadres du parti. " Une députée LREM épinglée après avoir évoqué « un lobby LGBT à l'Assemblée » (Le Point.fr, 9 novembre 2018)


Ministère de l'Intérieur, 16 mai 2022 : " Par rapport à 2020, le nombre de crimes et délits « anti-LGBT+ » enregistrés est en hausse de 28 %, et celui des contraventions de 16 % (respectivement, +12 % et +32 % par rapport à 2019, année précédant la crise sanitaire).
Le dépôt de plainte est une démarche très peu effectuée par les victimes : environ 20 % des victimes de menaces ou violences « anti-LGBT+ » et seulement 5 % des victimes d’injures « anti-LGBT+ » déclarent avoir porté plainte en moyenne sur la période 2012-2018, selon I'enquête Cadre de vie et sécurité. "

En mai 2022, je rencontre sur facebook le néologisme ultra-LGBTiste.


LGBTI, LGBTI+

Avec I pour intersexe ou intersexués.





LGBTIPHOBE

« En Pologne, un journaliste TV [Wojciech Szelag] s’excuse en direct pour les propos LGBTIphobes des médias polonais. »

LGBTIPHOBIE



LGBT-PHOBE

« Jacques Toubon : Défenseur des droits et LGBT-phobe ?
COMMUNIQUE DE PRESSE DU 13 JUIN 2014 » (inter-lgbt.org)

LGBTPHOBIE

" Le Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire reçu en audience au MEN vendredi 09 octobre 2009 • Communiqué de presse
Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire " (fsu.fr/Le-Collectif-education-contre-les.html)

" Collectif éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire
Lutte contre les discriminations lesbophobes, homophobes, biphobes, transphobes en milieu scolaire et universitaire 
Plateforme revendicative
17 mai 2012 " (http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/fichiers_joints/2_-_contribution_du_collectif_education_contre_les_lgbtphobies.pdf)

« Découvrez un bilan LGBTphobies de l’année 2013, réalisé par l’Inter-LGBT grâce au chiffres du rapport annuel d’SOS Homophobie et à ceux de l’enquête de l’agence européenne pour les droits fondamentaux, publiée en 2013. Rappelons que les chiffres contenus dans le rapport annuel ne se basent que sur les témoignages reçus par SOS Homophobie et sont donc bien en deçà du nombre réel de cas. Ils offrent néanmoins un excellent aperçu des violences et discriminations subies par les personnes lesbiennes, gaies bies et trans. » (inter-lgbt.org, mai 2014).


Publicité vue sur CNews en juin 2022.


LGBTQ, LGBTQ+LGBTQIA+ (sigles utilisés comme adjectifs invariables), LGBTQIAPHOBIE

“ Lesbian, Gay, Bisexual, Transgendered, Queer Resources and Programs ”

« Le Conservatoire des Archives et des Mémoires Homosexuelles de l'Académie Gay et Lesbienne assure depuis 2002, la conservation d'environ 20 000 documents GLBTQ pour contribuer à la préservation des patrimoines socioculturels LGBTQ. »
Lu en juillet 2003 sur http://www.archiveshomo.info

« Organisé dans le cadre de l'association EFiGiES (http://efigies.free.fr), l'atelier d'études LGBTQ, créé en septembre 2005, rassemble une cinquantaine de jeunes chercheuses et chercheurs de diverses disciplines (arts plastiques, études cinématographiques, géographie, histoire, langues étrangères, lettres modernes, psychologie, sciences de l'information et de la communication, sciences politiques, sociologie, staps) travaillant sur les sexualités minoritaires et/ou minorisées. Cet atelier se donne pour objectif de favoriser les échanges entre étudiant-e-s travaillant sur des sujets LGBTQ, notamment par le partage des savoirs et par la circulation des informations. L'atelier est ouvert aux étudiant-e-s de premier, second et troisième cycles, ainsi qu'aux post-doctorant-e-s, travaillant ou ayant travaillé sur ces problématiques. »

« Organisé dans le cadre de l'association EFiGiES (http://efigies.free.fr ), l'atelier d'études LGBTQ, créé en septembre 2005,  rassemble une cinquantaine de jeunes chercheuses et chercheurs de  diverses disciplines (arts plastiques, études cinématographiques,  géographie, histoire, langues étrangères, lettres modernes,  psychologie, sciences de l'information et de la communication,  sciences politiques, sociologie, staps) travaillant sur les sexualités minoritaires et/ou minorisées. Cet atelier se donne pour  objectif de favoriser les échanges entre étudiant-e-s travaillant sur  des sujets LGBTQ, notamment par le partage des savoirs et par la  circulation des informations. »
Liste de diffusion du séminaire gai, 24 septembre 2006.

RTL, 27 juin 2018 : " Homophobie : plus d’un LGBTQ sur deux a déjà été victime d’une agression "
  http://www.rtl.fr/girls/identites/homophobie-plus-d-un-lgbtq-sur-deux-a-deja-ete-victime-d-une-agression-7793887720

Mgr Jean-Pierre Cattenoz : " Je n’ai jamais rencontré de L, de G, de B, de T et, paraît-il, maintenant de Q ; je ne connais et ne vois que des personnes humaines avec toute la richesse de leur féminité et de leur masculinité inscrite dans leur chair et jusque dans leur être le plus profond. Je continue de m'émerveiller devant la complémentarité de l'homme et de la femme. Au nom de celle-ci, je m'émerveille encore, devant l'amour qui jaillit entre eux et débouche sur le don de la vie. Le mariage pour tous peut bien exister, ce ne sera jamais qu’une amitié, aussi belle soit-elle. » (Homélie, 15 juillet 2018, diffusée sur France Culture dans Le Jour du seigneur).
Ce Monseigneur est-il bien compétent sur ce sujet ??

" « Il y a une différence entre ne pas dénoncer un phénomène et l'encourager », répond le critique de cinéma Tarek al-Chennaoui dans un pays [L'Égypte] où l'homosexualité n'est pas expressément prohibée mais où la répression des personnes LGBTQ+ s'est accrue depuis l'élection du président Abdel-Fattah al-Sissi en 2014. " (AFP/Figaro, 25 janvier 2022).

Madame Karine Lebon, député GDR de la 2e circo de La Réunion, évoque " les actions que la France pourrait défendre en faveur des droits des LGBTQIA+ dans le cadre de sa présidence du Conseil de l’Union européenne. " (Assemblée nationale, séance du 25 janvier 2022).

« Comment faire confiance aux services de police quand leur ministre a défendu sans relâche l’inégalité en droit des personnes LGBTQIA+, estimant que le mariage pour tous était une " réforme de société néfaste " ?
Nous, signataires de cette tribune, refusons la participation de personnes haineuses LGBTQIAphobes au gouvernement et demandons le départ de ces trois Ministres porte-voix du mouvement de la haine et du rejet. »
PÉTITION Pour un gouvernement sans LGBTQIAphobies, TÊTU, 11 juillet 2022.
[« Une centaine d’élus [dont 47 députés] et de personnalités du monde associatif demandent le retrait de trois ministres au passé « Manif pour tous ». Dans leur ligne de mire ? Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Caroline Cayeux, ministre déléguée à la Cohésion du territoire et Christophe Béchu, ministre de l’Écologie et de la transition énergétique. » (Le Parisien, 12juilet 2022].

« Les personnes LGBTQ+ »
CNews, 19 novembre 2022.

Mme Sandrine Rousseau, député EELV - Nupes de la 9e circo de Paris :
« Ma question s'adresse désormais au ministre de l’intérieur Gérald Darmagnien [sic]. Monsieur le ministre Gérald Darmanin : 300 gendarmes, policiers et militaires français sont affectés à la sécurité de la Coupe du monde au Qatar. Ces personnels français, vous disai-je, vont-ils permettre aux personnes LGBTQIA+ de vivre sur place en sécurité ? Pourront-ils brandir un drapeau aux couleurs LGBT ? Pourront-ils et elles s’embrasser dans la rue sous la protection des forces de l’ordre françaises ? Pourront-ils demander l’intervention des forces de l’ordre en cas de discriminiation[sic] dans l’accès aux chambres d’hôtel ? Je rappelle que l’affirmation d’une sexualité LGBT est non seulement illégale au Qatar, mais peut conduire à de l’emprisonnement et la peine de mort pour les personnes de confusion ... de confession musulmane. Selon le Guardian, les autorités qatari ne se contenteraient pas d’arrêter et violenter les personnes LGBT, elles auraient mis en place un système sordide visant à les obliger à dénoncer d’autres personnes LGBT pour échapper aux tortures. La Fifa quant à elle a interdit explicitement le port du brassard One Love, ce qui annonce rien de bon quant au respect des droits des personnes. La LGBTphobie est un délit en France. Ma question est donc simple : la garantie des droits des personnes LGBT fait-elle partie des missions confiées aux forces de l’ordre françaises ? » (Ma transcription d'après la vidéo sur LCP).
Questions au Gouvernement, Assemblée nationale, 2e séance du 22 novembre 2022.

LICENCE, LICENCIEUX

Montaigne : « Et cette autre licence Grecque est justement abhorrée par nos mœurs. [Début de l'addition C] Laquelle pourtant, pour avoir, selon leur usage, une si nécessaire disparité d'âges et différence d'offices entre les amants, ne répondait non plus assez à la parfaite union et convenance qu'ici nous demandons ». Essais, I, xxviii.

«  Le général ..... disait en ..... au prince ....., qui venait peut-être, préservèrent l'Empire de cette licence de mœurs. Ce n'et que depuis dix ans que je me suis aperçu de leur dissolution. Je plante un homme, disait un philosophe cynique [Diogène de Sinope ? ; cf Montaigne, Essais, II, xii, 584 (620)]. Que plante-t-on publiquement dans le jardin du Palais-Royal et dans les rues ? À quoi servent ces Ligurinus, qui, sous l'habit de femme, et même l'habit d'homme, raccrochent dans le jardin et sous les croisées du Roi, avec des gestes si lascifs, que la plus effrontée courtisane en rougirait. J'en ai vu pousser le geste jusqu'à la nudité. J'ai vu le marquis M....... , chevalier de Saint-Louis, filleul d'un roi, bras dessus, bras dessous, avec ces vils gitons, même de simples soldats. »
Vincent Fournier-Verneuil, Paris, Tableau moral et philosophique, Paris : Chez les principaux libraires, 1826, chapitre " Le beau monde "..

Claude Mosset : « Un journal [Futur] qui défend et exalte l'homosexualité au nom de la liberté absolue de la personne humaine et de la liberté des pratiques sexuelles est un journal dont les fins sont contraires à la morale admise. Même s'il conserve un ton digne et s'il fait appel à des bases scientifiques, il présente, en raison des thèses mêmes qu'il défend, un danger pour la jeunesse. Le requérant [Jean Thibault] argue du fait que son journal ne peut être regardé comme licencieux parce qu'il conserve un caractère sérieux et une expression décente. Nous ne saurions admettre une interprétation aussi étroite du mot licencieux. Ce mot couvre non seulement ce qui est contraire à la décence, mais encore ce qui est déréglé. L'homosexualité, c'est de la licence. Faire l'apologie de ce vice, c'est se montrer licencieux. » Conclusions du commissaire du Gouvernement, Conseil d'État, arrêt du 5 décembre 1956.

J. M. Juret, " Jurisprudence, Cinéma et ordre moral ", Revue Administrative,
XIII, n° 73, janvier-février 1960, page 34.

Patrick Wachsmann, Liberté d'expression, LexisNexis, 2008.



LIGURINUS

« Lord D..... quitte l'Angleterre, fuit la potence, et vient à Paris tenir école de sodomie. [...] Pour finir le tableau, nous avons, sous la police des jésuites, des maisons publiques de Ligurinus [cf Horace, Odes, IV, i, 33 et x, 5], comme des maisons de filles. Tout cela paie patente et soutient la morale des enfants de la ruse. Faites donc des réquisitoires.
Je sais que les Thébains avaient le régiment des amants : beau régiment ! Quelques uns l'ont pris pour un régiment de non-conformistes ; ils se trompent : c'est prendre un accessoire honteux pour le principal honnête, l'amitié, qui chez les Grecs était prescrite par la loi et la religion. La pédérastie était malheureusement tolérée par les mœurs, comme à Paris : il ne faut pas imputer à la loi des abus indignes. L'amitié, qui est le mariage de l'âme, était dans la loi grecque, mais non la pédérastie. [...] Cicéron était l'ami d'Atticus, et Montaigne était l'ami de La Boëtie, sans pédérastie.

Passage repris de Voltaire, L'amour socratique.

[...] 
 Le général ..... disait en ..... au prince ....., qui venait peut-être, préservèrent l'Empire de cette licence de mœurs. Ce n'et que depuis dix ans que je me suis aperçu de leur dissolution. Je plante un homme, disait un philosophe cynique [Diogène de Sinope ? ; cf Montaigne, Essais, II, xii, 584 (620)]. Que plante-t-on publiquement dans le jardin du Palais-Royal et dans les rues ? À quoi servent ces Ligurinus, qui, sous l'habit de femme, et même l'habit d'homme, raccrochent dans le jardin et sous les croisées du Roi, avec des gestes si lascifs, que la plus effrontée courtisane en rougirait. J'en ai vu pousser le geste jusqu'à la nudité. J'ai vu le marquis M....... , chevalier de Saint-Louis, filleul d'un roi, bras dessus, bras dessous, avec ces vils gitons, même de simples soldats. »
Vincent Fournier-Verneuil, Paris, Tableau moral et philosophique, Paris : Chez les principaux libraires, 1826, chapitre " Le beau monde "..

LOBÉ

Pour le lexicographe de l'argot Hector France, équivalent de pédéraste.

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LOPAILLE, LOPE, LOPETTE

Aristide Bruant et Gallais signalèrent ces mots que plusieurs écrivains placèrent dans leurs romans et nouvelles.

« Lopettes dont les quais ont vu les jeux (*), parmi leurs dômes urinaires. »
Laurent Tailhade, Poèmes aristophanesques, 1904.
*. Il y a contrepèterie.

« Il savait bien que le Corse ne pouvait pas piffer les deux fiottes, et d'ailleurs lui, tout comme le Corse, il voulait avoir la peau de Bambou, de la Caille et de toutes les lopailles, mais n'en jactait jamais. [...] Il n'avait plus son air bêcheur de petite lope affranchie qu'on pouvait embarquer à la Palme ou chez Bousse. »
Francis Carco (1886-1958), Jésus-la-Caille, Paris : Mercure de France, 1914, 1ère partie, I.
« Chiqueur ! sale tante ! eh ! lope ! éclata-t-elle en se renversant de rage sur l’oreiller. »
Francis Carco , Jésus-la-Caille, 2e partie, IV.

« Les hétéros nous condamnent impitoyablement, nous sommes des lopes, des tantes, des tapettes …, on nous abaisse plus bas que le dernier des crapuleux …, eux sont jugés et condamnés, nous, nous sommes méprisés. »
Inversions, n° 4, mars 1925.

« une lope de la haute »
A. Tabet, Rue de la marine, 1938, chapitre LI.

« Il me prend pour une lope. »
Jean-Paul Sartre, L’Enfance d’un chef [pensée de Lucien à l’arrivée du garçon d’hôtel].

D’après J. Lacassagne (L’Argot du milieu, 1935), il s’agirait d’une aphérèse de salope. Comme tapette, lope n’a pas du tout été apprécié par les militants de l’inversion ; l’emploi qu’en fit Jean Genet apporte une nuance d’efféminement :

« Lui c’est pas un homme, c’est une lope. Une lopette ! T’entends, roger, une lopette ! Une tapette, si t’aimes mieux. Nous on est deux potes, deux frangins, nous on fait ce qu’on veut. On a le droit, on est beaux-frères. C’est en famille qu’on est. Et lui, c’est une lopette ! »
Jean Genet, Querelle de Brest, 1947.

Belle brochette de dénominations enfilée par Raymond Queneau :

« Qu’est-ce que c’est au juste qu’une tante ? lui demanda familièrement Zazie en vieille copine. Une pédale ? une lope ? un pédé ? un hormosessuel ? Y a des nuances ? »
Zazie dans le métro, 1959, chapitre XII.

Et enfin, sur leparisien.fr du 17 février 2012 :

« 15 heures. Debré : « On avait tous (...) considéré qu'Hollande était une lopette.» La comparaison risque de ne pas passer inaperçue. Invité ce matin des « Grandes Gueules », le député (UMP) de Paris a comparé le candidat socialiste à « une  lopette ». Interrogé sur l'entrée en campagne du chef de l'Ètat, l'élu explique : « J'avais craint à un moment donné que la séquence ait lieu le 6 ou le 7 mars et que ça c'était beaucoup trop tard. Pourquoi ça a été fait plus tôt ? Parce qu'on avait tous (...) considéré qu'Hollande était une lopette, en disant c'était rien du tout, que c'était un ectoplasme, il va s'effondrer, et bien pas du tout ... » Cette formule est dénoncée par le collectif d'associations Total Respect - Tjenbé Rèd : « La fédération Total Respect s’indigne de ces propos, qui suivent de peu les nouvelles provocations homophobes de Christian Vanneste (autre député UMP), explique-t-il dans un communiqué. Elle proposera dans les meilleurs délais à son conseil fédéral de porter plainte en justice contre M. Debré. »
16h30. Bernard Debré : « Arrêtons avec la censure des mots. » Comparé par une fédération d'associations à Christian Vanneste, le député UMP accusé d'homophobie cette semaine, le député parisien se défend. « Ne me comparez pas à ce type, s'exclame-t-il. Une lopette, cela n'a rien à voir avec un homosexuel. On est complètement givrés maintenant. Arrêtons la censure des mots et surtout de leur donner un mauvais sens. »
http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/en-direct-apres-sarkozy-fillon-accuse-hollande-de-mensonge-17-02-2012-1865005.php

samedi 30 juillet 2022

NOTES SUR LE MARXISME (1/2)




I – Effets secondaires néfastes sur la probité intellectuelle
II - Prémonitions et mises en garde (avant Frédéric Nietzsche)
III - Engagements, égarements ; matériaux d'un sottisier politique
IV - Reculs critiques et autocritiques
V - Et après ?
VI – Définitions positives du marxisme



I – Effets secondaires malfaisants sur la probité intellectuelle la plus élémentaire :


GIDE : « Ce qui m’effraie, c’est que cette religion communiste comporte, elle aussi, un dogme, une orthodoxie, des textes auxquels on se réfère, une abdication de la critique … C’est trop. » André Gide (1869-1951), Journal, 13 août 1933.

Carte postale de la série " Les écrivains du monde pour la défense de l'URSS "
éditée en 1933 en l'honneur d'André Gide. (Merci à Philippe Brin)

SARTRE : « Pendant des années l’intellectuel marxiste crut qu’il servait son parti, en violant l’expérience, en négligeant les détails gênants, en simplifiant grossièrement les données et surtout en conceptualisant l’événement avant de l’avoir étudié. »
Jean-Paul Sartre (né en 1905 à Paris XVIe - mort le 15 avril 1980 à Paris XIVe), Questions de méthode, 1, " Marxisme et existentialisme ", 1957. [À rapprocher de l’inestimable avertissement kantien :
« des pensées sans contenu sont vides ; des intuitions sans concepts sont aveugles. [Gedanken ohne Inhalt sind leer, Anschauungen ohne Begriffe sind blind.] », Critique de la raison pure, I Théorie transcendantale des éléments, 2e partie " Logique transcendantale ", introduction, I " De la logique en général ", traduction Delamarre/Marty, Paris : Gallimard 1980, Collection " Bibliothèque de la Pléiade "].
BESANÇON : « Le système est bouclé sur lui-même puisque tout essai de réfutation révèle [à lire avec des guillemets] l’influence de la bourgeoisie, par conséquent la lutte des classes telle que le marxisme lui-même l’a définie. »
Alain Besançon (né en 1932 à Paris VIe, décédé à Paris le 9 juillet 1923), Les Origines intellectuelles du léninisme, Paris : Calmann-Lévy, 1977, XII.

FOUCAULT : « Pendant longtemps, la philosophie, la réflexion théorique ou la "spéculation" ont eu à l’histoire un rapport distant et peut-être un peu hautain. On allait demander à la lecture d’ouvrages historiques, souvent de très bonne qualité, un matériau considéré comme "brut" et donc comme "exact" ; et il suffisait alors de le réfléchir, ou d’y réfléchir, pour lui donner un sens et une vérité qu’il ne possédait pas par lui-même. Le libre usage du travail des autres était un genre admis. Et si bien admis que nul ne songeait à cacher qu’il élaborait du travail déjà fait ; il le citait sans honte.

Les choses ont changé, me semble-t-il. Peut-être à cause de ce qui s’est passé du côté du marxisme, du communisme, de l’Union soviétique. Il ne paraissait plus suffisant de faire confiance à ceux qui savaient et de penser de haut ce que d’autres avaient été voir là-bas. Le même changement qui rendait impossible de recevoir ce qui venait d’ailleurs a suscité l’envie de ne plus recevoir tout fait, des mains des historiens, ce sur quoi on devait réfléchir. Il fallait aller chercher soi-même, pour le définir et l’élaborer, un objet historique nouveau. C’était le seul moyen pour donner à la réflexion sur nous-mêmes, sur notre société, sur notre pensée, notre savoir, nos comportements, un contenu réel. C’était inversement une manière de n’être pas, sans le savoir, prisonnier des postulats implicites de l’histoire. C’était une manière de donner à la réflexion des objets historiques au profil nouveau.

On voyait se dessiner entre philosophie et histoire un type de relations qui n’étaient ni la constitution d’une philosophie de l’histoire ni le déchiffrement d’un sens caché de l’histoire. Ce n’était plus une réflexion sur l’histoire, c’était une réflexion dans l’histoire. Une manière de faire faire à la pensée l’épreuve du travail historique ; une manière aussi de mettre le travail historique à l’épreuve d’une transformation des cadres conceptuels et théoriques. Il ne s’agit pas de sacraliser ou d’héroïser ce genre de travail. Il corresponde à une certaine situation. C’est un genre difficile qui comporte beaucoup de dangers, comme tout travail qui fait jouer deux types d’activités différents. On est trop historien pour les uns et, pour les autres, trop positiviste. Mais, de toute façon, c’est un travail qu’il faut faire soi-même. Il faut aller au fond de la mine ; ça demande du temps ; ça coûte de la peine. Et quelquefois on échoue. Il y a en tout cas une chose certaine : c’est qu’on ne peut pas dans ce genre d’entreprise réfléchir sur le travail des autres et faire croire qu’on l’a effectué de ses propres mains ; ni non plus faire croire qu’on renouvelle la façon de penser quand on l’habille simplement de quelques généralités supplémentaires. Je connais mal le livre [de Jacques Attali] dont vous me parlez. Mais j'ai vu passer depuis bien des années des histoires de ceci ou de cela - et vous savez, on voit tout de suite la différence entre ceux qui ont écrit entre deux avions et ceux qui ont été se salir les mains. Je voudrais être clair. Nul n'est forcé d'écrire des livres, ni de passer des années à les élaborer, ni de se réclamer de ce genre de travail. Il n'y a aucune raison d'obliger à mettre des notes, à faire des bibliographies, à poser des références. Aucune raison de ne pas choisir la libre réflexion sur le travail des autres. Il suffit de bien marquer, et clairement, quel rapport on établit entre son travail et le travail des autres. Le genre de travail que j'évoquais, c'est avant tout une expérience - une expérience pour penser l'histoire de ce que nous sommes. Une expérience beaucoup plus qu'un système. Pas de recette, guère de méthode générale. Mais des règles techniques : de documentation, de recherche, de vérification. Une éthique aussi, car je crois qu'en ce domaine, entre technique et éthique, il n'y a pas beaucoup de différences. D'autant moins peut-être que les procédures sont moins codifiées. Et le principal de cette éthique, c'est avant tout de respecter ces règles techniques et de faire connaître celles qu’on a utilisées. »
Michel Foucault (1926-1984), « À propos des faiseurs », Libération, 21 janvier 1983, entretien avec Didier Éribon.



BOUVERESSE : « Pour n’avoir pas vu le goulag là où il crevait les yeux de tout le monde, un certain nombre d’intellectuels se croient obligés depuis quelque temps de le détecter partout où il n’est pas, en particulier dans l’exercice normal du droit de critique, qui devrait constituer justement, en matière intellectuelle, la plus fondamentale des libertés. »
Jacques Flavien Bouveresse (né dans le Doubs en 1940 - décédé le 9 mai 2021 à Paris XIIe), Le Philosophe chez les autophages, II, Paris : Minuit, 1984.



« Si l’on regarde ce qu’a produit la période durant laquelle on a pensé que la philosophie était de la " lutte de classes dans la théorie " [allusion à Louis Althusser], ou quelque chose de ce genre, il n’y a pas de quoi être fier: cela a produit essentiellement de la pseudo-science, de la mauvaise philosophie, et de la politique imaginaire. »
Jacques Bouveresse, « Entretien avec Christian Delacampagne », Le Monde, 25-26 juin 1995.


* * * * *

Cette malhonnêteté intellectuelle des marxistes, des staliniens, ce manque de probité, a muté en une police de la parole exercée par la correction (au double sens de rectification et de punition) politique sur les propos dits réactionnaires, antisémites et racistes d'abord, puis dit révisionnistes, puis dit homophobes, puis dits islamophobes, xénophobes ou nationalistes.


II - Prémonitions et mises en garde (avant Frédéric Nietzsche) :

CICÉRON  : « [La République] tombée aux mains d’hommes moins désireux de modifier l’État que de le détruire. »
Cicéron, Des devoirs, II, 1.

SÉNÈQUE : « Nous ne vivons pas sous un roi, que chacun dispose de lui-même.[…] Qui suit un autre, il ne suit rien. Il ne trouve rien, voire il ne cherche rien. »
Sénèque le Jeune, Lettres à Lucilius [Ad Lucilium epistulae morales], XXXIII, 4, 10 [pour les deux dernières phrases, c'est la traduction de Montaigne].

MONTAIGNE : « Le changement donne seul forme à l’injustice et à la tyrannie. […] amender les défauts particuliers par une confusion universelle et guérir la maladie par la mort […] Toutes grandes mutations ébranlent l'État, et le désordonnent. » MontaigneEssaisIII, ix, page 958 de l'édition Villey/PUF/Quadrige.

MONTESQUIEUDe l'Esprit des lois



PORTALIS : « Nous appelons esprit révolutionnaire, le désir exalté de sacrifier violemment tous les droits à un but politique, et de ne plus admettre d’autre considération que celle d’un mystérieux et variable intérêt d’État. » Jean-Étienne-Marie Portalis, 1746-1807, emprisonné sous la Terreur, Discours préliminaire sur le projet de Code civil.
Voilà une bonne définition du totalitarisme ; le KGB soviétique, que le quotidien Le Monde appelait Comité d'État pour la Sécurité, était en réalité un Comité pour la Sécurité de l'État [Комитет государственной безопасности].

HUGO :
« Communisme. Une égalité d’aigles et de moineaux, de colibris et de chauves-souris, qui consisterait à mettre toutes les envergures dans la même cage et toutes les prunelles dans le même crépuscule, je n’en veux pas […] Communisme. Rêve de quelques uns et cauchemar de tous. »
Victor Hugo, Dossier " Idées ça et là ", VI, publié par Henri Guillemin (1903-1992) en 1951 dans Pierres.
MILL :
« Forcer des populations non préparées à subir le communisme, même si le pouvoir donné par une révolution politique permet une telle tentative, se terminerait par une déconvenue […] L’idée même de conduire toute l’industrie d’un pays en la dirigeant à partir d’un centre unique est évidemment si chimérique, que personne ne s’aventure à proposer une manière de la mettre en œuvre. […] Si l’on peut faire confiance aux apparences, le principe qui anime trop de révolutionnaires est la haine. » John Stuart Mill  (1806-1873), Essays on Economics and Society, Chapters on Socialism, 1879, « The difficulties of Socialism ».

MARX : « Toutes les révolutions ont perfectionné cette machine [le pouvoir gouvernemental] au lieu de la briser. »
Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1852, VII.
Depuis : « Jusqu’à présent, il n’est pas une révolution qui, en fin de compte, n’ait abouti à un renforcement de la mécanique administrative. » (LénineL'État et la révolution, 1917, II).
Et : « Il n’y a pas de " jusqu’à présent " qui tienne : la petite phrase reste vraie et ce que Lénine écrivait en 1917, il pourrait le récrire encore. », André GideJournal, Feuillets II, Été 1937.

III - Engagements, égarements ; matériaux pour un sottisier politique

HENRI BARBUSSE (1873-1935) : « J'estime que cette perversion d'un instinct naturel, comme bien d'autres perversions, est un indice de la profonde décadence sociale et morale d'une certaine partie de la société actuelle. À toutes les époques les signes de décadence se sont manifestés par des raffinements et des anomalies dans la sensation, dans l’impression et dans le sentiment. La complaisance avec laquelle certains écrivains mettent leur talent délicat au service de questions de cette espèce, alors que le vieux monde est en proie à des crises économiques et sociales formidables, et s’achemine inéluctablement vers le gouffre ou vers la révolution, ne fait pas honneur à cette phalange décadente d’intellectuels. Elle ne peut que renforcer le mépris que la saine et jeune puissance populaire éprouve pour ces représentants de doctrines maladives et artificielles, et tout cela hâtera, je l'espère, l'heure de la colère, et de la renaissance. »
Réponse au questionnaire sur la préoccupation homosexuelle en littérature, Les Marges, n° 141, 15 mars 1926. [En 1930, dans son ouvrage Russie, Barbusse traitait Proust, Cocteau et Gide de « littérateurs de fin d’Empire ».]

ARAGON : " Il s'agit de préparer le procès monstre
d'un monde monstrueux
Aiguisez demain sur la pierre
Préparez les conseils d'ouvriers et soldats
Constituez le tribunal révolutionnaire
J'appelle la Terreur du fond de mes poumons

Je chante le Guépéou (*) qui se forme
en France à l'heure qu'il est
Je chante le Guépéou nécessaire de France

Je chante les Guépéous de nulle part et de partout
Je demande un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
Demandez un Guépéou pour préparer la fin d'un monde
pour défendre ceux qui sont trahis
pour défendre ceux qui sont toujours trahis
Demandez un Guépéou vous qu'on plie et vous qu'on tue
Demandez un Guépéou
Il vous faut un Guépéou

Vive le Guépéou véritable image de la grandeur matérialiste
Vive le Guépéou contre Dieu Chiappe et la Marseillaise
Vive le Guépéou contre le pape et les poux
Vive le Guépéou contre la résignation des banques
Vive le Guépéou contre les manœuvres de l'Est
Vive le Guépéou contre la famille
Vive le Guépéou contre les lois scélérates
Vive le Guépéou contre le socialisme des assassins du type
Caballero Boncour Mac Donald Zoergibel
Vive le Guépéou contre tous les ennemis du prolétariat. "
Louis Aragon (né à Paris XVIe en 1897 - décédé le 24 décembre 1982 à Paris VIIe), " Prélude au temps des cerises " dans Persécuté-Persécuteur, Paris : Denoël, 1931.
* Guépéou (ou GPU, ГПУ en alphabet cyrillique) était le sigle de Gossoudarstvénnoïe polititcheskoié oupravlénié (en russe : Государственное политическое управление, ; en français : Direction Politique de l’État).


Cité dans



MAXIME GORKI (1868-1936) :
« Dans le pays que le prolétariat dirige virilement et avec succès, l'homosexualité [гомосексуализм] qui déprave la jeunesse est considéré comme un crime social et puni comme tel, tandis que dans le pays "cultivé" des grands philosophes, des grands savants et des grands musiciens, il se manifeste librement et impunément. On a déjà composé un slogan sarcastique : "Exterminez les homosexuels – le fascisme disparaîtra. »
La Culture et le peuple, " Humanisme prolétarien ", 1934. [Œuvres complètes, tome XXVII, page 238 ; texte publié par ailleurs en article dans la presse soviétique (Izvestia-Известия,  Pravda-Правда) de l’époque ; traduit par Cl. C.]

La Culture et le peuple, " Du vieil homme et de l'homme nouveau " (1932),
Paris : Éditions sociales internationales, 1938, page 221.

Maurice Thorez, L'Humanité, 3 septembre 1936, page 2.


SARTRE : « La morale de [André] Gide est un des mythes qui marquent le passage de la grande propriété bourgeoise – possession concrète de la maison, des champs, de la terre, luxe intime – à la propriété abstraite du capitalisme. »
Jean-Paul Sartre, Les Carnets de la drôle de guerre, 1983, V, mardi 20 décembre 1939.


EDGAR MORIN (NAHOUM) (1947) : « Il y a des génies qui devancent l'histoire. Ils restent des décades ignorés, méconnus. Et puis l'histoire les rattrape. Et puis l'histoire les dépasse. Et pourtant l'heure où ils sont dépassés, l'heure où ils perdent leurs vertus est l'heure même de la gloire officielle, de la grande canonisation littéraire.
André Gide a reçu le Prix Nobel. Couronnement pleinement justifié s'il s'était agi d'honorer ce style admirable, se purifiant sans cesse, de l'auteur des « Nourritures terrestres », de la « Porte étroite », de la « Symphonie pastorale », des « Caves du Vatican », des « Faux Monnayeurs », ou l'immense influence libératrice sur la jeunesse que fut celle de Gide de 1923 à 1936.
Mais que reste-t-il de ce Gide-là ? Qu'est aujourd'hui le Gide couronné et le Gide officiel ?
Ma foi l'anticommunisme de Gide, depuis le retour de l'U.R.S.S. ne lui a pas subitement ôté son talent. Gide écrit toujours aussi admirablement. Mais depuis dix ans, l'anticommunisme a souillé le caractère universel du « message » gidien. Depuis 1936, il y a un Gide figé, amer, frivole. Un Gide qui, en 1947, n'a plus derrière lui ce qu'il a eu pendant vingt ans : la jeunesse. Un Gide qui ne sait plus enseigner la ferveur, mais la peur, mais un refus, un rejet.
Il est toujours triste de ne pouvoir admirer pleinement, comme on le désire. Il est toujours triste de dénoncer l'imposture de celui qui a su dénoncer tant d'impostures. Il est triste de voir s'être desséché ce qui fut l'une des belles consciences du siècle. Mais quoi ! La canonisation a commencé. Les voilà qui s'agitent avec leurs couronnes, ceux qui ont mis vingt ans à découvrir les « Nourritures », ceux qui ont hurlé après Corydon, ceux qui ont crié au scandale après le « Voyage au Congo ». La bourgeoisie commence à embaumer et maquiller – comme s'il était déjà mort – celui qui laisse dire et ne proteste plus – celui qui avait écrit pourtant en 1935 :
« Chaque homme porte en soi de quoi lutter contre soi-même et le combat restera toujours actuel, entre la pesanteur de la matière inerte et l'élan de l'esprit, entre l'invitation à la paresse et l'exigence de la ferveur. » [Discours prononcé par André Gide sur la Place Rouge le 20 juin 1936, pour les funérailles de Gorki ]
Il n'y a plus de combat depuis douze ans. Gide ne cherche plus. Il est d'accord avec ce qui est. Adapté. Et en échange : adopté.

*

Comment donc situer Gide ? Le moment des Prix Nobel est le moment de l'éclipse de son influence réelle. Cette éclipse durera-t-elle ? L'œuvre de Gide se débrouillera avec la postérité. Cela ne nous regarde pas. Ce qui nous regarde, c'est d'expliquer pourquoi Gide n'est plus le maître des ferveurs et des révoltes de la jeunesse.
Mais tout d'abord, il faut rappeler pourquoi et comment il eut une grande influence libératrice. Il faut se souvenir de la querelles des « peupliers », du refus de la mythologie barrésienne : « La Terre et les morts ». Il faut se souvenir du « Familles, je vous hais » à l'époque où la pesante hypocrisie des familles bourgeoises étouffait les jeunes gens. Il faut se souvenir de la révolte contre l'oppression colonialiste : « Voyage au Congo », « Retour du Tchad », épanouissement de cette révolte, l'adhésion au communisme... « Les Nouvelles nourritures » où il était dit : « C'est dans l'abnégation que chaque affirmation s'achève. Tout ce que tu résignes en toi prendra vie. Tout ce qui cherche à s'affirmer se nie ; tout ce qui se renonce s'affirme. La possession parfaite ne se prouve que par le don. Tout ce que tu ne sais pas donner te possède... [Morin coupe ici deux phrases des Nourritures terrestres : « Sans sacrifice il n'est pas de résurrection. Rien ne s'épanouit que par offrande. » Note de Fabrice Picandet]. Ce que tu prétends protéger en toi s'atrophie. » On ne dit pas cela dans les académies, même en Suède. C'est à nous de le dire.
Et aujourd'hui, 25 ans après, jour du Prix Nobel, Gide déclare à l'Associated Press, en faisant allusion au communisme, et pour s'opposer : « Je suis farouchement individualiste. » Mais a-t-il oublié que cet individualisme est celui-là même qui « cherchant à s'affirmer se nie » et que disant cela, il n'est plus un grand individu ? Et le voilà desséché, recroquevillé et bien attablé devant de petits problèmes : faisant des gloses sur tel vers d'Iphigénie, ou agitant des considérations distinguées sur tel point de grammaire, ou bien frémissant de peur devant le monde, lui qui auparavant frissonnait d'inquiétude. Oui, « Ce que tu prétends protéger en toi s'atrophie. » C'est ce Gide que porte universellement au Panthéon la cohorte des atrophiés.

*

À l'époque où elle exerça son heureuse influence, l'œuvre de Gide n'était pas, comme aiment le dire les conformistes, une œuvre de décadence. Au contraire, c'était un « appel direct » pour le « retour aux joies naturelles ». C'était une réaction contre l'univers artificiel du symbolisme qui s'était lui-même nommé décadence.
Bien sûr, il est faux, et [mot illisible], de vouloir chercher en Gide une pensée organisatrice et créatrice. Gide fut un révolutionnaire de la sensibilité. Mais il ne fut nullement révolutionnaire de l'intelligence. Les vues générales de Gide, dans son « Journal », appuyées de métaphores botaniques, sont d'une grande pauvreté. Gide devait obscurément sentir cette faiblesse. Il fut heureux de s'opposer à l'intellectualisme, et de dire un jour, à propos de Dostoïevski : « Ce qui s'oppose à l'amour, ce n'est point tant la haine que la rumination du cerveau. » D'où la promotion des valeurs de pure sensibilité : « ferveur, inquiétude ». D'où une philosophie « gidienne » qui si on voulait la réduire à quelques concepts serait une banalité ridicule.
D'où aussi les multiples métamorphoses de Gide, ses perpétuelles adhésions à des doctrines et des fois contradictoires ; d'où son impuissance à comprendre rationnellement ce qu'était l'U.R.S.S., d'où peut-être l'abdication finale actuelle dans les jeux frivoles de la linguistique, dans les discours vides où seule sa magnifique voix grave éveille encore quelque résonance, tandis que les pharisiens désormais applaudissent; d'où aussi le fait que l'œuvre de Gide est une œuvre essentiellement poétique « parlant de l'âme à l'âme » mais en rien une œuvre qui enseigne à penser.
D'autre part de le message Gidien a épuisé son [mot illisible] parce que depuis cette guerre les problèmes de la jeunesse, les problèmes de l'homme qui cherche une vérité ont fondamentalement changé. Le message Gidien était une « recherche de la vraie vie », problème essentiel des intellectuels de l'entre-deux guerres, qui se sentant isolés du peuple, isolés des conditions dramatiques de la vie humaine, étaient avides, eux qui tournaient dans leur univers [un mot illisible] et paisible, d'intensité, d'aventure.
Gide proposa le premier l'aventure des instincts, des passions, le mépris des conventions et des traditions. Il a dit le premier : « vivez sans remords de vivre ».
Ce fut un point de départ nécessaire.... Beaucoup se perdirent, mais beaucoup trouvèrent une issue.
Aujourd'hui, après cette guerre mondiale, le problème des hommes de littérature n'est plus de vivre. La vie nous a emporté dans ses remous énormes ; guerre, [un mot illisible], la plus prodigieuse des aventures. Nous [deux mots illisibles] par notre expérience [un mot illisible]. Le problème de la littérature est désormais : la conscience. Prendre conscience du vécu, du réel. Là Gide n'est plus d'aucun secours. Grand écrivain mais nullement penseur, nullement maître de conscience. Au contraire : esprit faux – et qui le reconnaît d'ailleurs.
Aujourd'hui l'œuvre de Gide n'a plus d'efficacité, de prolongements sinon purement esthétiques.
Gide n'a pu, depuis quinze ans, se transformer une fois de plus, ouvrir un chemin nouveau. Au contraire, il a fait marche arrière. Il rentre dans le sein des familles bourgeoises. « Après [Arthur] Kœstler, tu liras les Retouches au retour d'U.R.S.S. mon petit chéri. » — « Oui, maman. » Dommage pour l'humanité. Dommage pour Gide. Sa vieillesse n'est pas l'épanouissement goethéen. C'est quelque chose qui se dessèche. Emportez ces cendres, [un mot illisible]. »
Edgar Morin [Edgar Nahoum], « " Familles, je vous haïssais" » ANDRÉ GIDE et le PRIX NOBEL », Action Hebdomadaire de l'indépendance français, n°164, 19-25 novembre 1947. Fac-simile sur Gidiana.

* * * * *

ARAGON/MONOD : « Aux yeux de [Trofim Denissovitch] Lyssenko [1898-1976], des mitchouriniens, des kolkhosiens et sovkhosiens de l’U.R.S.S., du Parti bolchevik, de son Comité central, et de Staline, la victoire de Lyssenko est effectivement, comme le reconnaît avec stupeur le Dr Jacques Monod (1), une victoire de la science, une victoire scientifique, le refus le plus éclatant de politiser les chromosomes. » Louis Aragon, « De la libre discussion des idées », Europe, octobre 1948.

1. « Ce qu'il s'agit de comprendre, c'est comment Lyssenko a pu acquérir assez d'influence et de pouvoir pour subjuguer ses collègues, conquérir l'appui de la radio et de la presse, l'approbation du comité central et de Staline en personne, au point qu'aujourd'hui la " Vérité " dérisoire de Lyssenko est la vérité officielle, garantie par l'État, que tout ce qui s'en écarte est " irrévocablement banni " de la science soviétique (" Pravda ", cité d'après " Soviet news " [publication de l'ambassade soviétique à Londres] du 27 août [1948] et que les opposants qui contre lui défendaient la science, le progrès, les vrais intérêts de leur patrie sont honteusement chassés, cloués au pilori comme " esclaves de la science bourgeoise " et pratiquement accusés de trahison.
Tout cela est insensé, démesuré, invraisemblable. C'est vrai pourtant. Que s'est-il passé ? » — Jacques Monod, Combat, 15 septembre 1948.

ANONYME« Le véritable marxiste, enfin, ne se juge marxiste qu'à partir du moment où il lui semble pouvoir mériter l'épithète enthousiasmante de " stalinien ". » " Présentation ", La Nouvelle Critique - Revue du marxisme militant, n° 1, décembre 1948, page 11.


La Nouvelle Critique Revue du marxisme militant.
" La revue est créée en 1948 par le Parti communiste français.
N° 1, décembre 1948

Jean Kanapa (né en 1921 dans le Val-d'Oise - décédé le 5  septembre 1978 à Saint-Cloud, Hauts-de-Seine, agrégé de philosophie en 1943, classé 4e sur 15) en a été le rédacteur en chef jusqu'en 1959, puis Jacques Arnault lui succède. Dirigée à partir de 1967 par le journaliste Francis Cohen, elle cesse de paraître en février 1980.
Créée pour diffuser dans les milieux intellectuels ce que le Parti communiste français présente comme les analyses marxistes liées à son combat politique, ce qu'affiche son sous-titre « revue du marxisme militant », elle se distingue de ce point de vue de La Pensée, autre revue du PCF.
À partir du début des années 1960 elle devient un des lieux des débats qui s'ouvrent parmi les intellectuels communistes. Cette ouverture - qui va croissant dans les années 1970 - et des problèmes financiers conduisent à la disparition de la revue en 1980. " (avec PANDOR.u-bourgogne.fr)
Organisme responsable de l'accès intellectuel : Maison des Sciences de l'Homme de Dijon. (USR UB-CNRS 3516).

DESANTI : « La science prolétarienne est aujourd'hui la véritable science [...] Les nouveaux et modernes Galilée s'appellent Marx, Engels, Lénine et Staline. »
Jean [-Toussaint] Desanti, né en 1914 à Ajaccio (Corse-du-Sud) - décédé le 20 janvier 2002 à Paris Xe, ENS-Ulm (1935), agrégé de philosophie (1942, classé 2e sur 8), dans l’ouvrage collectif Science bourgeoise et science prolétarienne, Paris : LNC, 1950.

Conclusion de l'article " Descartes et les petits bourgeois ",
n° 17 de juin 1950 de La Nouvelle Critique.
Voir plus loin Gorki (1929) et Althusser (1976).

" La supériorité soviétique, c'est la supériorité de ce qui naît sur ce qui meurt, du nouveau sur l'ancien, de la suppression totale de l'exploitation de l'homme par l'homme, de la science marxiste-léniniste-stalinienne. C'est la supériorité du Parti qui, sur des bases scientifiques, guide le prolétariat opprimé, aliéné, vers la transformation révolutionnaire de la société, puis vers l'édification de la société sans classes où l'homme est un dieu pour l'homme. "
Jean Kanapa, 1921-1978, agrégé de philosophie, directeur de La Nouvelle Critique Revue du marxisme militant.
Conclusion de " L'ART ET SA MORALE ou Supériorité du cinéma soviétique ", dans le n° 27 de juin 1951 de la NC.
On voit à quel point un agrégé de philosophie pouvait se laisser abuser sur la notion de science.


SARTRE : « Le citoyen soviétique possède, à mon avis, une entière liberté de critique.»
Jean-Paul Sartre, Libération, 15 juillet 1954.

" Le marxisme [...] philosophie indépassable de notre temps. "
Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, Paris : Gallimard, 1960.

Raymond Aron : " En 1977, ce qui me frappait et domina la première partie du Plaidoyer [Aron, Plaidoyer pour l'Europe décadente, 1977], c'était le dialogue entre les dissidents soviétiques et la gauche plus ou moins marxiste de l'Occident. Le marxisme demeure la philosophie indépassable de notre époque, répète Sartre lors même qu'il rompt avec le parti communiste. À celui qu'il appelle avec ironie le maître à penser de 1' Occident, Alexandre Soljenitsyne répond : « Le marxisme est tombé si bas qu'il est devenu simplement un objet de mépris ; pas une personne sérieuse dans notre pays, pas même les élèves dans les écoles, ne peut parler du marxisme sans sourire. » (Mémoires, IV, 6, Paris : R. Laffont, 2010).

« Un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n’en sortirai plus jamais. »
Jean-Paul Sartre, Les Temps Modernes, octobre-novembre 1961 (repris en 1964 dans Situations IV). [L'existentialisme n'était pas un humanisme …]


SOLLERS (né en 1936) : " Dès la parution en 1971 du livre Les Habits neufs du président Mao, Simon Leys est critiqué par les membres de la revue Tel Quel, dont Philippe Sollers est un des principaux animateurs. Simon Leys qualifiait ces contradicteurs de « maoïstes mondains ». Ce n'est que vingt-sept ans plus tard que Philippe Sollers reconnaîtra la justesse des analyses de Simon Leys :
« Il n’y a, me semble-t-il, dans l’œuvre monumentale de Simon Leys rassemblée aujourd’hui sous le titre Essais sur la Chine, qu’une erreur, d’ailleurs secondaire et cocasse, celle qui met sur le même plan, à deux ou trois reprises, l’auteur de ces lignes et des personnages aussi considérables que Nixon, Kissinger ou Alain Peyrefitte. Je rougis de cette promotion injustifiée due à mon « maoïsme » de jeunesse [Sollers avait quand même 35 ans en 1971], sur lequel je me suis expliqué cent fois en vain (mais il faudrait refaire chaque année son autocritique, on le sait). Trente ans [sic] ont passé, et la question reste fondamentale. Disons-le donc simplement : Leys avait raison, il continue d’avoir raison, c’est un analyste et un écrivain de premier ordre, ses livres et articles sont une montagne de vérités précises, on va d’ailleurs le louer pour mieux s’en débarrasser, ce qui n’est pas mon cas, curieux paradoxe. » (Philippe Sollers, Le Monde, 3 avril 1998). " (avec fr.wikipedia.org)

CHÂTELET : « Il faut s’y résoudre : pour "dépassé" qu’il soit dans la tête de ceux qui ne l’entendent point, le marxisme demeure la référence décisive dont se réclament deux des plus puissants États, aujourd’hui [U.R.S.S., Chine populaire] ; il inspire les luttes de nombreuses couches sociales – ouvrières, agricoles, intellectuelles – des pays industrialisés. »
François Châtelet [beau-frère de Lionel Jospin, né à Paris XVIe en 1925, décédé à Garches (Hauts-de-Seine) le 26 décembre 1985], Introduction au Manifeste du Parti communiste, Paris : LGF, 1973.


LOUIS ALTHUSSER, né en 1918 à Birmandreis (Algérie) - décédé le 22 octobre 1990 à La Verrière (Yvelines), ENS-Ulm (1939) ; agrégé de philosophie (1948), classé 2e sur 15) : « Ceux qui ont pu s'imaginer que je fus converti au communisme par Hélène [Rytmann] doivent savoir que ce fut par [Pierre] Courrèges.  » L’Avenir dure longtemps suivi de Les faits, X, Paris : Stock,  1992. Réédité par Flammarion en collection Champs-essais en 2013.

« Comme tout "intellectuel", un professeur de philosophie est un petit bourgeois. Quand il ouvre la bouche, c’est l’idéologie petite-bourgeoise qui parle: ses ressources et ses ruses sont infinies. »
Positions (1964-1975), Paris : Éditions sociales, 1976, " La philosophie comme arme de la révolution ", 2.

Ce que l'écrivain soviétique Maxime Gorki écrivait en 1929 :
La Culture et le peuple, Paris : Éditions sociales internationales, 1938.


Louis Althusser

« Lénine disait à très juste titre que sans théorie révolutionnaire il n’est pas d’action révolutionnaire possible ; ce mot n’a nullement vieilli. Il suffit [sic et lol] de trouver les formes qui peuvent aujourd’hui lui donner sens et vie, en évitant tous les travers que nous ne connaissons que trop. Tâche longue et ardue, mais à la limite nullement impossible, à condition de l'entreprendre dès maintenant avec patience et rigueur et sans jamais se payer de mots, en exigeant toujours (Kant, Marx) de " penser par soi-même (1)" sans laisser soit les textes sacrés, soit les pères fondateurs, soit les dirigeants des organisations, soit la spontanéité des masses elles-mêmes penser à notre place.»
L’Avenir dure longtemps suivi de Les faits, « Matériaux », II " Fragments de L'Avenir dure longtemps ", 3 "Situation politique : analyse concrète ?", Livre de poche, 1994. Réédité en collection Champs-essais en 2013.
1. Exigence bien antérieure à Marx et Kant ; voir mon article "L'esprit faux ..."

Louis Althusser



AUROUX : « Le marxisme se présente comme unité (de la théorie et de la pratique), comme totalité (reprenant dans l’unité de la praxis la diversité des déterminations humaines et mondaines), et comme universalité (historique et concrète). C’est donc le totalitarisme qui rend le marxisme adéquat à incarner l’essence historique du projet philosophique. »


Sylvain Auroux, Barbarie et philosophie, IV, Paris, PUF, 1990.


MICHEL ONFRAY : « Les Lumières qui suivent Kant sont connues : Feuerbach, Nietzsche, Marx (1), Freud, entre autres. » Traité d'athéologie. Physique de la métaphysique, Paris : Grasset, 2005 ; Introduction, § 5 " L'immense clarté athéologique ".

« Tout ce qui définit habituellement le fascisme [...] la guerre expansionniste vécue comme preuve de la santé de la nation ; la haine des Lumières — raison, marxisme (1), science, matérialisme, livres ; le régime de terreur policière. » (Traité d'athéologie ..., Paris : Grasset, 2005 ; 4e partie "Théocratie", III " Pour une laïcité post-chrétienne ", § 8).

1. Ranger l'idéologie marxiste — idéologie des totalitarismes soviétique et maoïste — parmi les Lumières, c'est inattendu de la part d'un philosophe contemporain. Mais depuis on en a vu d'autres de sa part. Cependant pour Yvon Quiniou, le Onfray libertaire serait " hostile d'une manière obsessionnelle au marxisme (de Marx) ".


IV - Reculs critiques et autocritiques :

MERLEAU-PONTY : « Si le marxisme, après avoir pris le pouvoir en Russie et s’être fait accepter par la moitié du peuple français, semble aujourd’hui incapable d’expliquer dans son détail l’histoire que nous vivons, si les facteurs essentiels de l’histoire qu’il avait dégagés sont aujourd’hui mêlés dans le tissu des événements à des facteurs nationaux ou psychologiques qu’il considérait comme secondaires, et recouverts par eux, n’est-ce pas la preuve que rien n’est essentiel en histoire, que tout compte également, qu’aucune mise en perspective n’a de privilège, et n’est-ce pas au scepticisme que nous sommes conduits ? La politique ne doit-elle pas renoncer à se fonder sur une philosophie de l’histoire, et, prenant le monde comme il est, quels que soient nos vœux, nos jugements ou nos rêves, définir ses fins et ses moyens d’après ce que les faits autorisent ? Mais on ne se passe pas de mise en perspective, nous sommes, que nous le voulions ou non, condamnés aux vœux, aux jugements de valeur, et même à la philosophie de l’histoire. »
Maurice Merleau-Ponty, « Pour la vérité », Les Temps Modernes, n° 4, janvier 1946. [Une version modifiée de ce texte (« par un tiers du peuple français », « les facteurs de l’histoire ») fut proposée comme sujet-commentaire au bac A dans l'académie de Paris en 1991].

La négation du goulag par les communistes n'entraîna pas de répression judiciaire ; le P. C. F. (un des promoteurs, avec Laurent Fabius, de la loi Gayssot de juillet 1990) tenta même, sans succès, de disqualifier les dénonciateurs de ce goulag ; les députés communistes Virgile Barel et Jacques Duclos traitèrent David Rousset de journaliste hitlérien, de policier, de roussin (Assemblée nationale, 1ère séance du 26 décembre 1949, JO N° 120, page 7250).
Affaires Kravchenko : Victor Kravchenko porta plainte contre Les Lettres françaises pour diffamation, et gagna ce procès le 4 avril 1949. Дело Кравченко.
Affaire David Rousset : plainte de David Rousset contre Les Lettres françaises, procès gagné en 1951. Me Joe Nordmann (né en 1910 dans le Haut-Rhin - décédé le 12 novembre 2005 à Neuvéglise-sur-Truyère (Cantal)), négateur de l'existence du Goulag au procès Kravchenko, s'excusa, un demi-siècle plus tard, de son aveuglement sectaire dans Aux Vents de l'histoire (Avocat et communiste), Arles : Actes-Sud, 1996.
FOUCAULT : « Il est faux de dire " avec certain post-hégélien célèbre " [Karl Marx], que l’existence concrète de l’homme c’est le travail. Car la vie et le temps de l’homme ne sont pas par nature travail, ils sont : plaisir, discontinuité, fête, repos, besoins, hasards, appétits, violences, déprédations, etc… »
Michel Foucault (1926-1984), Le Pouvoir et la norme, 1973.

JACQUES BOUVERESSE : « La philosophie peut prendre et même réussir jusqu’à un certain point à faire prendre ce que le véritable esprit critique considèrerait comme l’expression la plus typique du dogmatisme et du conformisme idéologique du moment pour la forme la plus impitoyable et la plus sophistiquée de la critique. »
Le Philosophe chez les autophages, 1, Paris : Minuit, 1984.

POIROT-DELPECH : « Aux yeux du marxiste [Bertolt] Brecht, le ventre fécond figure principalement, sinon exclusivement, le capitalisme. Jusqu’à sa mort à Berlin-Est, l’été 1956, qui est celui des chars russes à Budapest, il n’écrira rien qui laisse entendre que le communisme peut produire, aussi, la barbarie. En réduisant le nazisme à un phénomène de gangstérisme minable et en éludant les processus instinctifs qui ont conduit une grande majorité d’Allemands à y adhérer, l’auteur a pris le risque de sembler négliger la responsabilité des peuples et de couvrir un autre gang, le stalinien (vingt millions de morts, hors guerre, selon les dernières estimations). »
Bertrand Poirot-Delpech, « Petites phrases », Le Monde, 15 décembre 1993.

COURTOIS : « Transposant la science de l’homme, avec ses lois propres, à l’étude des sociétés, [Karl] Marx a appliqué à la sphère politique ce qui relevait du domaine biologique [évolutionnisme de Darwin], amorçant toutes les dérives du siècle suivant. En affirmant qu’il existait des lois gérant l’évolution de la société, Marx a conclu à la nécessité de suivre ces lois. C’est le vers d’Aragon: "Les yeux bleus de la Révolution/brillent d’une cruauté nécessaire." ["Front rouge", Littérature de la révolution mondiale, janvier 1932]. Ces gens-là ont tué au nom d’une nécessité historique à laquelle nul ne pouvait prétendre échapper. »
Stéphane Courtois, « Crimes communistes : le malaise français », Politique internationale, n° 80, été 1998.


V - Et après ?

KRIEGEL : « Tout se passe en vérité comme si le déclin et la défaite du marxisme qui avait eu, lui, la prétention d’imposer la classe, la lutte des classes, la mission émancipatrice de la classe ouvrière comme mode unique de la structuration et de la stratification sociale, comme "moteur de l’histoire", n’avait donné sa chance, à gauche, qu’à un autre manichéisme élisant l’ethnie – expression pudique, équivalent respectable du concept de race – comme principe organisateur de la société en général et de la société de l’avenir en particulier. Encore la classe jouit-elle d’attributs qui sont ceux d’une société relativement moderne. Tandis que la race, hors des sociétés les plus archaïques, n’est plus qu’un concept tout à la fois scientifiquement récusé et socialement redoutable.»
Annie Kriegel, « Une vision panraciale », Le Figaro, 2 avril 1985.

TORT : « Être marxiste aujourd'hui, c'est donner un contenu universel à la logique égalitaire en l'étendant sans restriction au terrain de la citoyenneté. Etre marxiste aujourd'hui, c'est comprendre que l'égalité ne triomphera que dans l'élément du mixte, et non dans le sein délabré des vieilles finasseries identitaires. Toute revendication d'identité, analysée dans le présent contexte historique et politique, dissimulant de plus en plus malaisément ce qu'elle recouvre d'implication suprématistes résiduelles ou résurgentes. Qu'on veuille bien considérer ces réflexions que je vais développer à ce propos comme un essai pour remplacer par une problématique réelle les lieux communs ordinaires du discours politicien. »
Patrick Tort, Être marxiste aujourd'hui, Paris: Aubier, 1986.


VI – Définitions (positives) du marxisme :

Une méthode d’appropriation et de synthèse des résultats de la science (Friedrich Engels)
La science prenant conscience d’elle-même (Paul Labérenne)
Une logique historique (Claude Lefort)
L’idéologie conquérante de la classe qui porte en elle l’avenir de toute l’humanité (Laurent Casanova, 1950)
La science fondamentale du prolétariat (Jean-Toussaint Desanti)
Pour l’essentiel cette idée que l’histoire a un sens (Maurice Merleau-Ponty)
Une méthode d’explication et d’action (Roland Barthes, 1955)
Le système de coordonnées qui permet seul de situer et de définir une pensée en quelque domaine que ce soit, de l’économie politique à la physique, de l’histoire à la morale (Roger Garaudy)
La seule méthode qui rende compte de l’ensemble du mouvement historique dans un cadre logique (Jean-Paul Sartre).













jeudi 21 juillet 2022

PAS DE LAÏCITÉ AU MAGHREB


Dans ces cinq pays (Algérie, Égypte, Maroc, Mauritanie, Tunisie), l'islam est la religion de l'État.

Les mots ou expressions mis en gras le sont par moi.

CONSTITUTION DE L'ALGÉRIE de 1996

CONSTITUTION DE L'ÉGYPTE de 2014

CONSTITUTION DU MAROC, 1er juillet 2011

CONSTITUTION DE LA MAURITANIE, 30 juillet 1991

CONSTITUTION DE LA TUNISIE de 2014





Préambule
:
[alinéa 3] Placée au cœur des grands moments qu’a connus la Méditerranée au cours de son histoire, l’Algérie a su trouver dans ses fils, depuis le royaume numide et l’épopée de l’Islam jusqu’aux guerres coloniales, les hérauts de la liberté, de l’unité et du progrès en même temps que les bâtisseurs d’Etats démocratiques et prospères dans les périodes de grandeur et de paix.
[4] Le 1er Novembre 1954 aura été un des sommets de son destin. Aboutissement d’une longue résistance aux agressions menées contre sa culture, ses valeurs et les composantes fondamentales de son identité que sont l’Islam, l’Arabité et l’Amazighité, le 1er Novembre aura solidement ancré les luttes présentes dans le passé glorieux de la Nation.
[12] " L’Algérie, terre d’Islam, partie intégrante du Grand Magreb, pays arabe, méditerranéen et africain, "

" Art. 2 - L’Islam est la religion de l’État. "
" Art. 9 - Les institutions s’interdisent :
[...]
- les pratiques contraires à la morale islamique [...] "
" Art. 171 - Il est institué auprès du Président de la République, un Haut Conseil Islamique chargé notamment :
- d’encourager et de promouvoir l’ijtihad [réflexion par laquelle les oulémas ou muftis et les savants musulmans interprètent les textes fondateurs de l'islam et en déduisent le droit musulman]
- d’émettre son avis au regard des prescriptions religieuses sur ce qui lui est soumis;
- de présenter un rapport périodique d’activité au Président de la République.
Art. 172 - Le Haut Conseil Islamique est composé de quinze (15) membres, dont un Président, désignés par le Président de la République, parmi les hautes compétences nationales dans les différentes sciences. "
" Art. 178 - Toute révision constitutionnelle ne peut porter atteinte :
[...]
3- à l’Islam, en tant que religion de l’État; [...] "

Dans une étude sur le cléricalisme, Paul Lallot écrit :
- le 20 mars 2006, le parlement d’Algérie a adopté une loi prévoyant des peines de prison pour toute tentative de « convertir un musulman à une autre religion ».
      - le 5 mai 2021, le président du Haut Conseil Islamique (1) déclare qu’un Algérien ne peut être que musulman, qualifiant les non-musulmans de « résidus » qu’il convient d’ « éradiquer ».
      - en Kakylie, les personnes qui s’affranchissent de la pratique religieuse pendant le ramadan peuvent être condamnées à des amendes ou à de la prison ferme.
      - le ministre des cultes [Mohammed Aïssa] a récemment demandé aux imams de lutter contre l’athéisme et l’homosexualité, tous deux considérés comme des « fléaux sociaux ».
      Ces faits, parmi beaucoup d’autres, dans un pays où 98 à 99% des habitants se déclarent musulmans, traduisent une emprise très forte de la religion sur l’État et en retour une promotion de la religion par l’État. L’interpénétration est si forte qu’on ne peut distinguer une zone « laïque » d’une zone « cléricale ». Ces deux mots n’ont pas de sens en islam.
    (1) Le Haut Conseil Islamique [...] donne des avis à la lumière des prescriptions religieuses.

Article recommandé : « Liberté de conscience, athéisme et laïcité en Algérie », de Nedjib Sidi MoussaScience Po - Centre de recherches internationales, février 2018. 



ÉGYPTE : voir en bas de page



CONSTITUTION DU MAROC, 1er juillet 2011

Préambule
[alinéa 2] État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s'est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.
[3] La prééminence accordée à la religion musulmane dans ce référentiel national va de pair avec l'attachement du peuple marocain aux valeurs d'ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde.
[5]
[...] - Approfondir le sens d'appartenance à la Oumma arabo-islamique, [...]

Article 1er
[3] La nation s'appuie dans sa vie collective sur des constantes fédératrices, en l'occurrence la religion musulmane modérée, l'unité nationale aux affluents multiples, la monarchie constitutionnelle et le choix démocratique.

Article 3.
L'Islam est la religion de l'État, qui garantit à tous le libre exercice des cultes.

Article 7
[4] Ils [les partis politiques] ne peuvent avoir pour but de porter atteinte à la religion musulmane, au régime monarchique, aux principes constitutionnels, aux fondements démocratiques ou à l'unité nationale et l'intégrité territoriale du Royaume.

Article 41
[1] Le Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l'Islam. Il est le Garant du libre exercice des cultes.
[2] Il préside le Conseil supérieur des Oulémas, chargé de l'étude des questions qu'il lui soumet.
[3] Le Conseil est la seule instance habilitée à prononcer les consultations religieuses (Fatwas) officiellement agréées, sur les questions dont il est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et desseins tolérants de l'Islam.
[5] Le Roi exerce par dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à l'institution d'Imarat Al Mouminine qui Lui sont conférées de manière exclusive par le présent article.

Article 64
Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi ou recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion d'une opinion ou d'un vote émis par lui dans l'exercice de ses fonctions, hormis le cas où l'opinion exprimée met en cause la forme monarchique de l'État, la religion musulmane ou constitue une atteinte au respect dû au Roi.

Article 175.

Aucune révision ne peut porter sur les dispositions relatives à la religion musulmane, sur la forme monarchique de l'État, sur le choix démocratique de la nation ou sur les acquis en matière de libertés et de droits fondamentaux inscrits dans la présente Constitution.




PRÉAMBULE

Confiant dans la toute puissance d'ALLAH, le peuple mauritanien proclame sa volonté de garantir l'intégrité de son Territoire, son indépendance et son unité nationale et d'assumer sa libre évolution politique, économique et sociale. 
Fort de ses valeurs spirituelles et du rayonnement de sa civilisation, il proclame en outre, solennellement, son attachement à l'Islam et aux principes de la démocratie tels qu'ils ont été définis par la déclaration Universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948 et par la charte Africaine des droits de l'homme et des peuples du 28 Juin 1981 ainsi que dans les autres conventions internationales aux quelles la Mauritanie a souscrit.

Considérant que la liberté, l'égalité et la dignité de l'homme ne peuvent être assurées que dans une société qui consacre la primauté du droit, soucieux de créer les conditions durables d'une évolution sociale harmonieuse, respectueuse des préceptes de l'islam, seule source de droit et ouverte aux exigences du monde moderne, le peuple mauritanien proclame, en particulier, la garantie intangible des droits et principes suivants :

le droit à l'égalité
les libertés et droits fondamentaux de la personne humaine ;
le droit de propriété ;
les libertés politiques et les libertés syndicales ;
les droits économiques et sociaux ;
les droits attachés à la famille, cellule de base de la société islamique.
Conscient de la nécessité de resserrer les liens avec les peuples frères, le peuple mauritanien, peuple musulman, arabe et africain, proclame qu'il œuvrera à la réalisation de l'unité du Grand Maghreb, de la nation arabe et de l'Afrique et la consolidation de la paix dans le monde.

Article Premier : La Mauritanie est une république Islamique, indivisible, démocratique et sociale. [...]

ART. 5 : l'Islam est la religion du peuple et de l'État.

ART. 23: Le Président de la République est le chef de l'État . Il est de religion musulmane.

ART 29 : Le président de la République nouvellement élu entre en fonction à l'expiration du mandat de son prédécesseur.

« avant d'entrer en fonction le Président de la République prête serment en ces termes:

« " je jure par Allah l'Unique de bien et fidèlement remplir mes fonctions dans le respect de la constitution et des lois, de veiller à l'intérêt du peuple mauritanien, de sauvegarder l'indépendance et la souveraineté du pays, l'unité de la patrie et l'intégrité du territoire national.

je jure par Allah l'Unique de ne point prendre ni soutenir , directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relative à la durée du mandat présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28 de la présente constitution".»

Le serment est prêté devant le conseil constitutionnel, en présence du bureau du Sénat, du Président de la Cour Suprême et du président du Haut Conseil islamique.»

ART. 94 : Il est institué auprès du Président de la République un Haut Conseil Islamique composée de cinq (5) membres.

Le Président et les autres membres du Haut Conseil Islamique sont désignés par le Président de la République.

Le Haut Conseil Islamique se réunit à la demande du Président de la République. [...]



CONSTITUTION DE LA TUNISIE de 2014

Au chapitre 5 du projet de nouvelle Constitution, le président tunisien Kaïs Saïed a introduit la mention « au sein d'un système démocratique » dans la phrase affirmant que la Tunisie « fait partie de la communauté islamique » et que « l'État doit travailler pour atteindre les objectifs de l'islam ».
(AFP/Figaro, 9 juillet 2022)

Dans l'attente de la traduction officielle de la Constitution de Tunisie de 2014, traduction annoncée sur le site du Conseil constitutionnel, voici des extraits d'une traduction non officielle trouvée sur le www. Mettre l'islam dans sa Constitution, ce n'est pas le fait d'une démocratie.

Les mots ou expressions mis en gras le sont par moi.


" Au Nom de Dieu Clément et Miséricordieux

PRÉAMBULE

Nous, représentants du peuple tunisien, membres de l’Assemblée nationale constituante ;
[...]
Exprimant l'attachement de notre peuple aux enseignements de l’Islam et à ses finalités caractérisées par l’ouverture et la modération, des nobles valeurs humaines et des hauts principes des droits de l’Homme universels, Inspirés par notre héritage culturel accumulé tout le long de notre histoire, par notre mouvement réformiste éclairé fondé sur les éléments de notre identité arabo-musulmane et sur les acquis universels de la civilisation humaine, et par attachement aux acquis nationaux que notre peuple a pu réaliser ;
[...]
Sur la base de la place qu'occupe l’être humain en tant qu'être digne ; Afin de consolider notre appartenance culturelle et civilisationnelle à la nation arabe et musulmane ; de l’unité nationale fondée sur la citoyenneté, la fraternité, la solidarité et la justice sociale ; En vue de soutenir l’Union maghrébine, qui constitue une étape vers l’union arabe et vers la complémentarité entre les peuples musulmans et les peuples africains et la coopération avec les peuples du monde ;
[...]
 Article 1
La Tunisie est un État libre, indépendant et souverain, l'Islam est sa religion, l'arabe sa langue et la République son régime.
Il n'est pas permis d'amender cet article.

Article 6
L’État est gardien de la religion. Il garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes ; il est le garant de la neutralité des mosquées et lieux de culte par rapport à toute instrumentalisation partisane.
L’État s’engage à diffuser les valeurs de modération et de tolérance, à protéger les sacrés et à interdire d’y porter atteinte, comme il s’engage à interdire les campagnes d’accusation d’apostasie et l’incitation à la haine et à la violence. Il s’engage également à s’y opposer.

Article 39
[...]
 L'État veille aussi à enraciner l'identité arabo-musulmane et l’appartenance nationale dans les jeunes générations et à ancrer, à soutenir et à généraliser l’utilisation de la langue arabe, ainsi que l’ouverture sur les langues étrangères et les civilisations humaines et à diffuser la culture des droits de l’Homme.

Article 74
La candidature à la présidence de la République est un droit pour toute électrice et pour tout électeur jouissant de la nationalité tunisienne par la naissance, et étant de confession musulmane.
[...]

Article 149
[...]
Dieu est le garant de la réussite.
 


CONSTITUTION DE L'ÉGYPTE de 2014 :

Au nom d'Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Voici Notre Constitution.
[...]
L’Égypte est le berceau de la foi et bannière de la gloire des religions révélées. Sur son sol grandit le prophète Moïse, celui à qui Allah a parlé et à qui s’est manifesté la lumière divine ; celui qui reçut le message au Mont Sinaï.

Sur son sol, les Égyptiens ont hébergé la Vierge Marie et son nouveau-né, puis donné des milliers de martyrs en défendant l’Église du Christ, paix soit sur lui.

Et lorsque le sceau des Messagers, notre Maître Mohammed (paix et bénédictions soient sur lui), fut envoyé à toute l'humanité, pour parfaire les vertus morales, notre cœur et notre esprit s’ouvrirent à la lumière de l’Islam. Nous étions les meilleurs soldats de la terre dans la lutte pour la cause d’Allah. Nous répandîmes dans l’univers le message de la Vérité et les sciences de la religion.

C’est l’Égypte. Une patrie dans laquelle nous vivons et qui vit en nous.
[...]
Nous écrivons maintenant une Constitution qui confirme que les principes de la charia islamique sont la source principale de la législation et que la référence pour leur interprétation réside dans l’ensemble des décisions de la Cour constitutionnelle suprême à ce propos.

Titre premier. L'État.
Article premier.
La République arabe d'Égypte est un État, souverain, un et indivisible, dont aucune partie ne peut être cédée. Son régime est républicain et démocratique, fondé sur la citoyenneté et sur la primauté du droit.
Le peuple égyptien fait partie de la nation arabe, oeuvre pour son intégrité et son unité. L’Égypte fait partie du monde islamique, appartient au continent africain, est fière de son prolongement asiatique. Elle contribue à l’édification de la civilisation humaine.

Article 2.

L'islam est la religion de l'État. L'arabe est sa langue officielle. Les principes de la charia islamique sont la source principale de la législation.

Article 3.

Les principes de la religion des Égyptiens chrétiens ou juifs sont la source principale des législations qui régissent leur statut personnel, leurs affaires religieuses et le choix de leurs dirigeants spirituels.

[...]

Titre II. Principes fondamentaux de la société.
Chapitre premier. Les principes sociaux.

Article 7.

L'Azhar est une institution islamique scientifique et indépendante. Il s'attribue exclusivement l'exercice de l'ensemble de ses affaires. Il est la référence principale des sciences théologiques et des affaires islamiques. Il assume la responsabilité de la prédication et la propagation des sciences de la religion et de la langue arabe en Égypte et dans le monde. [...]