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jeudi 30 mars 2023

DFHM : Faire en bi à frère en passant par fiotte, folle, franc du collier, frère et frégate


FAIRE EN BI

Expression entendue dans un club échangiste en Allier, vers 2010.

FAIRE EN FRONT

« Canillac jure dit-on
De ne jamais faire en front,
Ce n’est qu’une médisance ;
Après quinze ans d’abstinence ,
Le malheureux s’est jeté
Dans le plus grand trou de France,
C’est la pure vérité. »
Note : Il était grand sodomite ; et devait la plus grande partie de sa fortune à Philippe duc d’Orléans. Il venait d’épouser le 5 février 1697 Élisabeth Ferrand.
Recueil Maurepas, mss fr BnF 12624, tome 9, page 212, année 1697.

FAIRE LA FEMME

Expression du langage parlé, mais que l’on trouve dans le roman de André Tabet Rue de la marine (1938).

FAIRE LES HOMMES, FAIRE DANS LES HOMMES

Expression en usage dans les clubs échangistes, au moins en Auvergne, années 2000.

FAIRE LES VACHES

Se livrer à la masturbation mutuelle, dans l’argot homosexuel contemporain (argot des routiers notamment)

FAISANT

« Être faisants […] ailleurs c’est Copins […] idiotisme bien difficile à traduire […] Nous nous habituâmes, comme deux amants, à penser ensemble, à nous communiquer nos rêveries […] le naturel aimable et bon empreint dans ses sentiments, dans ses paroles, dans ses actions et ses moindres gestes, enfin dans la conjugalité qui nous liait l’un à l’autre, et que nous exprimions en nous disant Faisants. »
Honoré de Balzac, Louis Lambert, 1832.

FAUSSE MONNAIE

Expression à rapprocher d’arracheur de palissades.

« Les crieurs [...] nommaient grossièrement ce que devait cacher la pudeur, et qui excitait la curiosité de l'innocence. On va punir des gens qui ont fait de la fausse monnaie répondit la princesse de Condé à ses enfants. »

Mémoires du duc de Richelieu (1696-1788), tome 5, chapitre 4, à propos de l'exécution de Deschauffours en 1726.


« Le convive. ­ C¹est que le Grand Frédéric a la réputation de ne prendre pour le servir que de très jolis pages.
Fleury. ­ Eh bien ?
Le convive. ­ Eh bien ! vous avez lu l¹églogue de Virgile ? Celle qu¹on n¹explique pas au collège ? !
Fleury. ­ Virgile ! je ne comprends pas.
Le convive. ­ Tant pis ! Monsieur de Villette, le grand Frédéric et Virgile diantre !
Mme Benoît. ­ Ils ont battu et battent de la fausse monnaie. »

Mémoires de Fleury de la Comédie française publiés par J. B. P. Lafitte, 1ère série 1757-1789, page127.

FAUTE D’ORTHOGRAPHE

« Que la pédérastie ait été en vogue en Amérique, avant l’arrivée des Espagnols, cela ne me surprendrait pas : cette faute d’orthographe de la nature humaine est connue de toutes les nations, même plus de celles que nous appelons policées, que des Sauvages ; mais Mr de P[auw] aurait dû faire attention à une chose ; c’est qu’il n’y a guère que les tempéraments chauds, lubriques, et même vigoureux, qui soient dans ce cas ; heureusement pour la propagation de l’espèce, je ne crois pas que cette confrérie soit fort nombreuse dans l’un et l’autre hémisphère. »
La Douceur, De l’Amérique et des Américains, 1772, chapitre VII « Continuation du précédent et polissonneries philosophiques. »

En anglais, on a parlé de grammatical mistake (The Morning Herald, 27 novembre 1784 ; cité par Jean-Claude Lebensztejn, L'Art de la tache : introduction à la « Nouvelle méthode » d’Alexander Cozens, Montélimar : Éd. du Limon, 1990, page 349).

FAUX AMOUR

« Le faux Amour se pavane à toute heure. »
Voltaire, Anti-Giton, 1714.

FELLATEUR

« Je ne touche point ici aux masturbateurs, irrumateurs, fellateurs, encore que cela soit spécifique et journalier à ceux de delà les monts, et à ceux de par deçà qui ont étudié autour d'eux, abomination qui semble bourgeonner par la France à leur imitation. »
Antoine Fusi, jésuite puis pasteur, Le Franc-Archer de la vraie Église, contre les abus et énormités de la fausse, 1619.

« Je suis gêné de plus en plus par " mon fils, j’ai fait ma nuit " et par le jeune fellateur de nos amis. »
Gustave Flaubert, lettre à Guy de Maupassant, fin février 1880.

FIERTÉS

La "Marche des fiertés" revendique le droit à la famille pour les homosexuels.

Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé, samedi 25 juin [2005], à Paris pour la "Marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans" (LGBT) avec comme principale revendication une loi pour le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.
http://www.lemonde.fr   25 juin 2005.

FIGETTE

« FIGETTE : pédéraste passif qui amène des clients au Cercle. »
Nouguier, 1899-1900.

FILLE

« Le Complaisant, la Tapette, la Fille, car ce n’est que de cette manière qu’ils s’appellent entre eux – ces singularités vivantes – naissent généralement en tout semblables à des créatures féminines. »
Confession d’Arthur W. [1874], dans Henri Legludic, Attentats aux mœurs, 1896.

FILLE À PÉDÉ

Dans le milieu homo, on désigne parfois ainsi une femme appréciant la compagnie des homos.

FIOTTE, FIOTTERIE

« Fiotte : terme très méprisant désignant un pédéraste passif. »
Evariste Nougier, Dictionnaire d’argot, N. Gauvin, 1987 [1899-1900].

« Il savait bien que le Corse ne pouvait pas piffer les deux fiottes, et d'ailleurs lui, tout comme le Corse, il voulait avoir la peau de Bambou, de la Caille et de toutes les lopailles, mais n'en jactait jamais. [...] Il n'avait plus son air bêcheur de petite lope affranchie qu'on pouvait embarquer à la Palme ou chez Bousse. »
Francis Carco (1886-1958), Jésus-la-Caille, Paris : Mercure de France, 1914, 1ère partie, I.
« C'était des collègues à lui, trois petites fiottes, Olga, Titine et Gueule d'Amour. »
Francis Carco, Jésus-la-Caille, 1ère partie, II.

« Regarde comme ils sont heureux tes "Français de race" d'avoir si bien reçu les Romains... d'avoir si bien tâté leur trique... si bien rampé sous les fourches... si bien orienté leurs miches... si bien avachi leurs endosses. Ils s'en congratulent encore à 18 siècles de distance !.. Toute la Sorbonne en jubile !... Ils en font tout leur bachot de cette merveilleuse enculade ! Ils reluisent rien qu'au souvenir !... d'avoir si bien pris leur pied... avec les centurions bourrus... d'avoir si bien pompé César... d'avoir avec le dur carcan, si étrangleur, si féroce, rampé jusqu'à Rome, entravés pire que les mulets, croulants sous les chaînes... sous les chariots d'armes... de s'être bien fait glavioter par la populace romaine... Ils s'esclaffent encore tout transis, tout émus de cette rétrospection... Ah! qu'on s'est parfaitement fait mettre!... Ah! la grosse ! énorme civilisation !... On a le cul crevé pour toujours... Ah ! mon popotas !... fiotas ! fiotum !... Ils s'en caressent encore l'oigne... de reconnaissance... éperdue... Ah! les tendres miches !... Dum tu déclamas !... Roma !... Rosa ! Rosa !... Tu pederum !... Rosa ! Rosa ! mon Cicéron ! »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre, 1937.

« Les petites fiottes d’ajourd’hui ? Elles sont tellement viriles qu’il en faut trois pour obtenir une paire de couilles ! »
Thierry Martin, Garçon, une banane ! Brèves de comptoir gay, H et O, 2001.

« rue Sainte-Croix de la fiotterie »
Internet, 2004. (pour « de la Bretonnerie », dans le Marais).

« Observatoire (IP:xxx.x26.58.94)
" Christian Vanneste est ridicule... "
C’est à ces électeurs d’en décider.
On verra ce qu’ils pensent de son combat, lors des prochaines législatives.
Et s’il fait un carton dès le premier tour, ce sera un message très fort envoyé à toute la fiotterie française. »
AgoraVox, 26 juillet 2006.

Terme encore trouvé sur http://www.agoravox.fr en 2008.

FISTER

Pratiquer un fist-fucking.

« Est-ce que fister c'est tromper ? »
Pierre Driout, courrier électronique, 19 novembre 2002. Allusion à la question posée par Thierry Ardisson à Michel Rocard : « Est-ce que sucer c’est tromper ? »

FLÉAU SOCIAL

« La recrudescence [des maladies vénériennes] est due au développement considérable de l’homosexualité dans tous les pays, ce qui donnerait raison à un membre de cette assemblée [Paul Mirguet] qui a fait adopter un amendement lors de la discussion [en juillet 1960] de la loi sur la lutte contre les fléaux sociaux. Comment lutter contre cette recrudescence ? En s’attaquant, comme le Parlement nous a invité à le faire, à l’homosexualité. C’est ce que les premiers décrets d’application [sic, pour ordonnance] ont fait en particulier en aggravant les peines prévues par l’article 330 du Code pénal [outrage public à la pudeur ; ordonnance de novembre 1960], et, également, en veillant à une application stricte des dispositions légales relatives à la prophylaxie antivénérienne. »
Bernard Chenot, Assemblée Nationale, séance du 21 juillet 1961.

Titre d’un périodique publié de 1972 à 1974 à Paris par le groupe 5 du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire)

FOLLASSE, FOLLASSON

Dérivé péjoratif de folle :

« Follasse : homosexuel aux manières efféminées »

« Dans chaque club, les garçons se tiennent sur la scène très éclairée par petits groupes de quatre ou six ; ils portent la tenue distincte de l'établissement et de sa spécialité, minimale et sexy : maillot 1900 à bretelles ou cycliste pour les athlètes, boxers shorts, strings pour les minets ou pseudo-voyous, les follassons ont droit à des mini-jupes. »
Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie, Robert Laffont, 2005.

FOLLE

D’abord un surnom en usage sous le Second Empire, selon le Dr Ambroise Tardieu :

« Comme point de comparaison avec les prostituées, je citerai quelques uns des surnoms par lesquels étaient désignés les principaux individus rangés parmi les tantes et les leveurs : Pistolet, la Grille, le Patelot, Macaire, le Gendarme, Coco, l’Auvergnat, Pisse-Vinaigre, Tuyau-de-Poêle, la Marseillaise, la Nantaise, la Pépée, la Bouchère, la Léontine, la Folle, la Fille à la mode, la Fille à la perruque, la Reine d’Angleterre. » (1857)

Une remarque du policier Carlier éclaire le succès de ce terme :

« Nous avons assisté, au temps de notre jeunesse, à un bal de folles à la Salpétrière ; plus tard, lorsque nous avons eu à intervenir dans des bals de pédérastes [ancêtres méconnus de la Gay Pride], le souvenir de la Salpétrière nous est toujours revenu à la pensée. »

Le mot n’est pas dans le Dictionnaire de Bruant, qui donnait pourtant une soixantaine d’équivalents argotiques de pédéraste ; le sens actuel apparaît dans … les années folles :

"Des éphèbes de dix-sept ou dix-huit ans minaudent et font les 'folles' ".
Henri Marx, Ryls, un amour hors-la-loi, Paris : Ollendorf, 1924.

« La fête des Fous de nos ancêtres, le bal des Folles de nos jours ! »
Charles-Étienne, Le Bal des folles, roman, Paris : Curio, 1930.

En 1935, l’écrivain Maurice Sachs disait voir en folle le terme de prédilection des barmen montmartrois :

« Le collégien dit un pédé, quand le médecin dit un homosexuel, la femme : un anormal, le journaliste : un inverti, l’homme fort : une sale tante, le barman montmartrois : une folle, etc. »
Alias, chapitre III.

La "folle" est au pédéraste ce que le juif âpre et cynique est à "l’israélite" : une revendication de sa caricature. Et le pédéraste convenable fréquente aussi peu la "folle" que le juif bourgeois le "pollak" ».
Roger Stéphane [R. Worms], Parce que c’était lui, Paris : La Table ronde, 1953.

« Il faut qu’il y en ait, et il y en a, des juifs adipeux au nez crochu ou des folles tordues qui ressemblent à Daniel Ivernel dans L’Escalier [adaptation de Staircase], pour que les racistes, antisémites ou antihomosexuels, puissent nourrir leur phobie. »
Pierre Démeron, Lettre ouverte aux hétérosexuels, Paris : Albin Michel, 1969.

« Le rire du sergent
La folle du régiment
La préférée du Capitaine des Dragons. »
Michel Sardou, "Le rire du sergent", 1971.

"Affolée de bazar : folle à bijoux et colifichets jouant la reine du shopping."
Jean-Louis Delpal, Paris bleu tendre, 1972.

« Qui oserait, en France, déclarer à propos de la Gay Pride : 'Une parade de folles déchaînées n'a pas grand chose à voir avec les vrais homos' ? Cette phrase a été prononcée par le réalisateur Franco Zeffirelli, qu'on ne saurait accuser d'homophobie. »
Marianne, n° 168, 10-16 juillet 2000.

Le rejet des folles s’observe dans certaines annonces de rencontre :

« Folles, vulgaires, barbus, efféminés et gros s’abstenir. »
« Folles, SM, efféminés, barbus, s’abstenir. »
Années 1983-1984.

La fin du XXe siècle a vu des expressions telles que grande folle, folle démente, folle perdue, folle tordue, folle chiraquienne.

« Il faut qu’il y en ait, et il y en a, des juifs adipeux au nez crochu ou des folles tordues qui ressemblent à Daniel Ivernel dans L’Escalier, pour que les racistes, antisémites ou antihomosexuels, puissent nourrir leur phobie. »
Pierre Démeron, Lettre ouverte aux hétérosexuels, Paris : Albin Michel, 1969.

« "Quelques-uns adoptent des conduites affectives douteuses, formulent des critiques mettant en cause des réalités essentielles de la vie sacerdotale et contestent les vérités enseignées par l'Eglise." [Tony Anatrella]. C'est peut-être par là qu'il aurait fallu commencer, et terminer : si vous avez quelques « folles » perdues qui prennent le séminaire pour un baisodrome ou une tribune, ou des pervers qui veulent entrer dans l'Église sans en partager la foi, virez-les et n'en faites pas un fromage. »
Jean-Paul Mulot, " À propos de l’homosexualité des prêtres ", Le Figaro, 2 décembre 2005.

FOLLITUDE

Vous en avez assez de la "culture gay" qui lave plus blanc. Vous voulez du trans, du pédé, du gouine, du trash, de la follitude, de l'underground, de l'expérimental, de l'étrange, de la réflexion sur les genres, du silicone et des poils avec de la poésie et de l'humour autour ? »
Annonce du Festival 2003 de films gays et lesbiens de Paris,

FONDEMENT

" sur des fondements inébranlables " :

« Les oscaristes, [...] une secte qui ne manquera pas de fondement. »
Charles Formentin, Le Jour, 2 mai 1895.

FOUTERIE À VISAGE RETOURNÉ

« C’est à ce maître si connu [de Villette], si zélé pour les sectateurs de Gomorrhe, que je dois mes notions sur la fouterie à visage retourné , c’est un de mes passe-temps délicieux. »
Compère Mathieu, Suite des Pantins des Boulevards, 1791.

FOUTERIE DES HOMMES

« Entendant un des garçons du cabaret parler de la fouterie des hommes, il avait cru qu’il en était. »
Rapport de la police parisienne, juin 1726. Cf Les Assemblées de la manchette.

FOUTERIE EN CUL

L’expression imagée se trouve dans le pamphlet anonyme Les Petits bougres au Manège (1790) : « Voici le fait [de la destruction de Sodome], tel qu’il est consigné dans les fastes de la fouterie en cul. »

FOUTERIE NATURELLE

Antonyme abstrait du précédent.

" Il ne serait point question de fouterie naturelle. On n'y occuperait ses forces et son temps qu'à soulager les ardeurs de la bougrerie, de la pédérastie et de la bardacherie. "
Anonyme, Bordel apostolique institué par Pie VI pape en faveur du clergé de France, 1790.

FOUTERIE ORDINAIRE

« Tant que nos besoins pécuniaires ou notre goût pour la fouterie ordinaire nous ont fait une nécessité de nous servir de couilles et de pines, nous avons porté une partie des désagréments sans nombre, des incommodités inséparables du métier de putains. »
Anonyme, La Liberté, ou Mlle Raucour, 1791.

FOUTRE À LA MODERNE

Recueil de pièces choisies..., 1735, page 68.

FOUTRE À L’ENVERS

« Dieu le père encule Marie,
Le Saint-Esprit fout Zacharie,
Ils ne foutent tous qu’à l’envers ;
Et c’est sur un trône de fesses,
Qu’avec ses superbes promesses,
Dieu se moque de l’univers. »
Marquis de Sade, Histoire de Juliette [1801], 4ème partie [parodie de l’Ode à Priape de Piron], in Œuvres, Paris : Gallimard, 1998, édition Michel Delon.

FOUTRE EN CROUPE, FOUTRE EN CUL

« Je m'en rapporte au Novus Homo [Sanchez] qui fait mention de ces grands personnages qui savent foutre en croupe, pêcher la fiente à la ligne, courir la lance contre la lie de pain, et ce en dépit des sages-femmes, et du baptême. »
Antoine Fusi, 1650-1628), jésuite puis pasteur, Le Franc-Archer de la vraie Eglise, II, viii, 1619.

« Mon Dieu, je me repends d'avoir si mal vécu,
Et si votre courroux à ce coup ne me tue,
Je fais vœu désormais de ne foutre qu'en cul. »
Théophile de Viau (1590-1626), Philis, tout est foutu ..., Recueil Conrart, XVIII, 226.

« Cette Maison est impudique :
Les pages s’y branlent la pique,
Les gardes foutent les exempts.
Pour achever la bougrinière,
On dit que très assurément,
Guitaut fout en cul la Rallière. »
Baron de Blot, Parnasse satirique.

« Il m’a dit qu’il avait foutu en cul au milieu de la rue des Saints-Pères un jeune homme qu’il avait entretenu longtemps, nommé Picard. »
Rapport de la police parisienne, 1727.

Recueil de pièces choisies..., 1735, page 202.

« Marmontel
Ce folliculaire ignorant [Fréron],
Cet infâme petit vaurien,
À qui maître Guyot [Desfontaines] mourant
Légua deux emplois pour tout bien,
Un à Sodome, un au Parnasse,
Bougre et méchant très avéré,
Dans sa dernière paperasse
M’a cruellement déchiré.
Collé
Je le lui rendrais bien à ta place.
Marmontel
Et pour cela que ferais tu ?
Collé
Pardieu, je le foutrai en cul. »
Diderot, Petit Dialogue entre Marmontel et Collé.

« Des sodomites :
Il y a trois espèces de gens qui foutent en cul. Il y a bien peu d’hommes à qui cela ne soit arrivé une fois dans sa vie, par curiosité, par ivresse, par ennui ou autrement, nous ne parlons que de ceux à qui cela arrive habituellement.
Ceux qui enculent des putains […]
Ceux qui enculent leur propre femme […]
La troisième espèce est de ceux qui enculent des mâles. »
Anonyme, Dom bougre aux États Généraux, 1789. (BnF, Enfer).

« Nous nous rendons respectivement et tour à tour le service de nous foutre en cul, de nous gamahucher [sucer]. »
Anonyme, Bordel apostolique …, 1790. (BnF, Enfer)

" Le fils de la Vierge foutait en cul saint Jean. "
Anonyme, Bordel apostolique ..., 1790.

Alfred Delvau, Dictionnaire érotique moderne..., 1864 :


FRANC DU COLLIER
" Il [Louis XIV] était, comme on dit ici, franc du collier [en français dans le texte]. Il n'a jamais eu la moindre pente au vice d'aimer les garçons. S'il avait suivi son inclination, il aurait fait punir sévèrement ce vice, mais Louvois, dont les amis s'y livraient pour la plupart, disait au Roi, pour les sauver, que cela valait mieux pour le service de Sa Majesté que s'ils étaient galants et aimaient les femmes ; car, lorsqu’il fallait aller à la guerre et entrer en campagne, on ne pouvait les détacher de leurs maîtresses ; qu’ils retournaient avant la fin de la campagne, et que, lorsqu’on en venait à la bataille, il ne se trouvait pas d’officiers ; il en citait beaucoup d’exemples : tandis qu’ayant d’autres inclinations, ils étaient bien aises de quitter les dames, et d’entrer avec leurs amants en campagne, et que dans ce cas ils n’étaient point aussi pressés de retourner chez eux. Par ce discours il avait engagé le roi à être indulgent ; ce qui n’avait pas déplu à son confesseur. En effet, si l’on avait voulu punir ce vice, il aurait fallu commencer par le collège des jésuites. "
Lettre de Madame, princesse Palatine, à Caroline de Galles, 7 août 1717.
FRÉGATE

« Frégate : jeune sodomiste ou putain de galère. »
Ansiaume, 1821.

« Frégate : Jeune pédéraste. Terme des bagnes. »
François Vidocq, Les Voleurs..., 1837.

« La pédérastie est dans les habitudes des forçats. Au bagne, on appelle vaisseau le pédéraste et frégate son complice. »
Revue pénitentiaire et des institutions préventives, octobre-décembre 1846, page 493.

« Frégate : émigré de Gomorrhe, – dans le jargon des voleurs. »
Lucien Rigaud, Dictionnaire d'argot moderne, 1881.

FRÈRE

Avec la connotation qui nous intéresse, se rencontre dans les traductions françaises de frater dans le Satyricon de Pétrone. Dans l’extrait qui suit, il y a certainement une allusion à cette œuvre :
« Leurs discours ressemblent à leurs mœurs, ils ont un langage à part ; plein d’affèterie, ils s’appellent entre eux Frères, Gitons et Ganimèdes. Ces noms bizarres sont leurs noms d’amitié. Ils ont parmi eux un Ordre de Chevalerie dont on ignore l’origine et les prérogatives. ». Godard de BeauchampsHistoire du prince Apprius, 1728.

 Recueil de pièces choisies..., 1735.

mardi 24 janvier 2023

DFHM : Manchette à mouchard en passant par masculin, mignon et monosexie


MANCHETTE

La connotation homosexuelle dont l’origine n’est pas connue avec certitude n’a été pratiquement rencontrée qu’au XVIIIe siècle. Le polémiste protestant Agrippa d'Aubigné nous fournit une piste :
Tragiques, II " Princes ".


Dictionnaire français de Pierre Richelet, 1680 et 1706 :

Il se peut aussi que manchette soit dérivé de manche dans le sens que lui donne Mirabeau : « Les Sodomistes pensaient apparemment comme un grand seigneur moderne. Un valet de chambre de confiance lui fit observer que du côté qu’il préférait, ses maîtresses étaient conformées comme des ganymèdes, qu’on ne pouvait trouver au poids de l’or ; qu’il pouvait … des femmes. " Des femmes ", s’écria le maître, " eh ! c’est comme si tu me servais un gigot sans manche " »
H. G. Mirabeau, Erotika Biblion, 1783.

On rencontre cette connotation dans les rapports de la police parisienne à partir de 1726 ; j'en ai fait une publication séparée :

« Il m’a conté la manière dont il avait été arrêté aux Tuileries pour le fait de la manchette, et qu’on en arrêtait aussi à la Demie-Lune et sous les arcades de la place Royale. » (6 janvier 1726)
« Lui ayant dit que j’avais été portier aux Jacobins pendant trois ans, il m’a dit : puisque c’est comme ça, je ne puis pas me fier à vous parce qu’on m’a dit qu’il y avait un jeune homme qui avait été portier aux Jacobins qui faisait arrêter ceux qui étaient de la manchette. » (2 juillet 1727)
« Ils ont tous deux été trois ou quatre fois cet été dernier au Lion d’Argent à la Courtille, où il y avait beaucoup de monde de la manchette, que toute la conversation ne roulait que sur cela, la plupart des hommes qui s’y trouvaient se traitaient de « Madame » et prenait toutes les manières des femmes en faisant comme elles des révérences ; c’est ce qui les a détournés d’y aller. » (16 janvier 1748)
« Il a été rapporté au magistrat que le 29 octobre [1747] Caron s’est trouvé dans une assemblée de gens de la manchette au nombre de vingt qui s’est tenue chez un marchand de vin à l’enseigne du Fer à Cheval à la Courtille, et que tous ont eu affaire les uns avec les autres soit dans ce cabaret soit après en être sortis. » (23 janvier 1748)
Archives de la Bastille, 10256, 257, 259.

Vers sur Deschauffour faits en 1726 :
« L’ordre de la manchette en lui perd son vrai père,
Aux gitons de Paris il tenait ordinaire.
Tout le monde le pleure, et l’église et l’épée. »
De B… [Bois]-Jourdain, Mélanges historiques, satiriques et anecdotiques [...] contenant des détails ignorés ou peu connus sur les événements et les personnes marquantes de la fin du règne de Louis XIV, des premières années de celui de Louis XV, et de la Régence, Paris : Chèvre et Chanson, 1807, tome 2, page 337.

« Leurs discours ressemblent à leurs mœurs, ils ont un langage à part ; plein d’affèterie, ils s’appellent entre eux Frères, Gitons et Ganymèdes. Ces noms bizarres sont leurs noms d’amitié. Ils ont parmi eux un Ordre de Chevalerie dont on ignore l’origine et les prérogatives ; ils tiennent tous à si grand honneur de le porter, qu’il n’y a que les misérables qui ne l’aient pas, on l’appelle Ordre de La Manchette. »
Godard de Beauchamps, Histoire du prince Apprius [Priapus], 1728. (les anagrammes ont été éclaircis)


Dans les Journal et Mémoires du marquis René-Louis d’Argenson, ami de Voltaire, il est question, à la date du 29 mai 1740, d’un certain de Vilaines, « célèbre dans l’ordre de la Manchette », « jouant un grand rôle dans le parti de la Manchette » (tome 3, page 87 de l’édition Vve Jules Renouard, 1859).

Marquis d'Argenson, 29 mai 1740 :

" Ce personnage [Vilaines] est par sa nature porté à l'intrigue, utile à ses amis, et le fond de cette vue est un goût naturel de se mêler d'intrigues de cour. Il est célèbre dans l'ordre de la Manchette. Ce désordre de jeunesse porte à l'amitié et conduit au cœur tendre pour ses amis, quoique le désordre y cesse avec les violentes arsées (sic) qui font le b[ougre]. Celui-ci se trouve grand ami du cardinal de Tencin, que les jésuites lui ont donné pour ami, et il le sert avec jugement, selon le temps.

Ledit Tencin, après avoir tiré si grand parti qu'il a fait du cardinal de Fleury, a considéré d'où venait le vent et où il allait; il a trouvé qu'il allait précisément au sieur Bachelier, et a pénétré que le fond de ce crédit venait des conseils de M. Chauvelin, et qu'il ne pouvait conduire autre part.
[...]
Pour cet effet, il [le cardinal de Tencin] se sert de gens tous désavouables, et tel est de Vilaines jouant un grand rôle dans le parti de la Manchette, ayant vu Courcillon, Deschauffours et même Chausson1. Il est le maître de quelques jeunes gens, secrets sectateurs de cette non conformité, il est bien reçu aux Jésuites, et commande à quantité d'évêques; il va dicter et recevoir des dictées de politique chez la de Tencin, sœur du cardinal, il a de l'esprit, ce qui paraît par une grande facilité à parler de toutes sortes de choses, depuis la politique jusqu'aux marionnettes. Il est homme du monde, il y a toujours été reçu sur cette universalité, et comme homme de bonne compagnie. Ainsi il joint à ses amis de parti quantité de vieux amis, de tous partis indifférents. Il a servi, il a des procès, il est garçon commode, enfin il est dévot, car tous ces pauvres b[ougres]. meurent le c[ul] dans un bénitier. "

1. " Deschauffours avait été brûlé pour crime de sodomie, le 24 mai 1726. Chausson, que d'Argenson appelle Sauchon, avait eu le même sort vers 1674. Si l'on veut juger des progrès que cette hideuse démoralisation avait faits jusque dans les rangs de la jeune noblesse, il faut lire les révélations que renferme à ce sujet le procès-verbal d'un interrogatoire écrit de la main du lieutenant de police d'Argenson : Mss de la Bibliothèque du Louvre. "

Journal et mémoires du marquis d'Argenson, tome 3 / publiés pour la première fois d'après les manuscrits autographes de la Bibliothèque du Louvre, pour la Société de l'histoire de France, par E. J. B. Rathery. Auteur : Argenson, René-Louis de Voyer (1694-1757 ; marquis d'). 1859-1867. Contributeur : Rathery, Edmé-Jacques-Benoît (1807-1875). Société de l'histoire de France. Éditeur scientifique.

« Il y a grande brouillerie dans le ménage du jeune électeur [de Bavière, Maximilien III Joseph] et de l'électrice saxonne : ce prince avant son mariage était de la manchette; il s'est remis au goût régulier, et a pris une maîtresse. » (d'Argenson, Journal et mémoires, tome 5, 6 juillet 1748, page 235.



Jean-Jacques Rousseau utilisa l’expression chevalier de la manchette dans ses Confessions :

« Cette aventure me mit pour l’avenir à couvert des entreprises des Chevaliers de la manchette, et la vue des gens qui passaient pour en être, me rappelant l’air et les gestes de mon effroyable Maure, m’a toujours inspiré tant d’horreur, que j’avais peine à la cacher. »
1ère partie, livre II.

Une des expressions du marquis d’Argenson fut reprise dans l’un des écrits anonymes de la période révolutionnaire, et d’abord dans son titre, Les Enfants de Sodome à l’Assemblée Nationale, ou Députation de l’Ordre de la Manchette :
« Que peut aujourd’hui l’abbé Viennet [député à la Convention, père d’un écrivain célèbre] pour l’Ordre de la Manchette ? Rien sans doute ; mais l’ordre lui doit beaucoup de prosélytes : c’est lui qui, par le moyen de son théâtre bourgeois, a perverti Dumay, commis au Domaine ; Cotte, commis d’architecte ; Mandron le jeune, tapissier ; Michu, de la comédie italienne, lui doit son avancement dans l’Ordre. »


Littré donne ces définitions : « Un marquis de la manchette, un homme qui tend la main, un mendiant. Les chevaliers de la manchette, les pédérastes. »

L’explication du sens homosexuel pourrait alors être dans le geste de la main vers le sexe du partenaire. Mais R. H. Van Gulik apporte une autre piste en signalant qu’en Chine ancienne l’expression « manche coupée » était devenue une désignation littéraire de l’amour masculin après que l’empereur Ai-ti ait coupé la manche de son vêtement pour éviter de réveiller son favori endormi à ses côtés.

On rencontre encore parfois le mot, par exemple dans le polar historique d’Alice Yvernat :
« Il n’avait pas l’impression d’être comme ceux de la manchette. Lui, il aimait vraiment. Et qu’y a-t-il de commun entre un amour véritable et la débauche à laquelle certains se livraient ? »
Les Billets indiscrets, chapitre 7, Paris : L’Embarcadère, 2005.

MANIÉRÉ

« Le général Bigeard avait exprimé une volonté : que ses cendres fussent, à sa mort, répandues au-dessus de Diên Biên Phu. Le Vietnam, dont les autorités ont toujours été aussi humaines que les gars du 25e RIC étaient maniérés, a refusé. »
François Miclo, " Général, nous voilà ! Bigeard aux Invalides ", Causeur.fr, 28 novembre 2011.

MANUÉLISER

« [En septembre 1743] M. de Villars porta la main dans la culotte de lui déclarant [Jean-Baptiste Mars], qu’il manuélisa en lui faisant des reproches de ce qu’il n’avait pas l’érection, de ce qu’il n’agissait pas réciproquement avec la même liberté avec lui duc de Villars qui, pendant qu’il touchait d’une main lui déclarant, se manuélisait de l’autre, et parvint seul à l’éjaculation. »
Archives de la Bastille 1, 11536.

MARCHER

Donner dans les relations masculines.

« Axiome : tout Saint-Malo marche. » (Dans la Correspondance Gide/Ghéon).

Julien Green : « [Robert] Levesque nous dit qu'à Rome tout le monde " marche ", que les hommes font l'amour cinq ou six fois par jour, qu'un garçon comprend dès le premier coup d'œil et consent toujours. »
Journal intégral 1919-1940, 13 avril 1935, Paris : Robert Laffont, 2019.

« Il a été groom au Lido pendant quelque temps et me dit que Cartonnet est connu pour faire de l'œil aux gigolos qu'il préfère de beaucoup aux femmes, et qu'il aime surtout se faire baiser. Ce même Cartonnet " marcherait pour de l'argent ". » Journal... 2 octobre 1936.

MARI

« Mari : très facilement employé dans le milieu gay pour désigner son copain du moment. »
www.tasante.com 2002.

La loi Taubira " mariage pour tous " de 2013 a bouleversé la situation...

MASCULIN

« De combien de mots masculins
A-t-on fait des mots féminins
[...]
Sans que l'abbé de Boisrobert
Ce premier chansonnier de France,
Favori de son éminence,
Cet admirable patelin,
Aimant le genre masculin,
S'opposât de tout son courage
À cet efféminé langage. »
Gilles Ménage, Le Parnasse alarmé ou Requête des dictionnaires, 1649, page 8.

À la mort de l’archevêque d’Albi Séroni, on fit circuler ces vers irrespectueux :

« Pleurez, pleurez jeunes garçons
Un prélat si fort débonnaire
Qui retranchait de vos leçons
Deux des genres de la Grammaire :
De même qu’en pays latin,
Il n’usait que du masculin. »
Recueil Maurepas, BnF, mss fr. 12640, année 1685, tome 25, p. 399.

De même après l’expulsion des Jésuites :

« Vous ne savez pas le latin :
Ne criez pas au sacrilège
Si on ferme votre collège
Car vous mettez au masculin
Ce qu’on ne met qu’au féminin. »
Chansonnier Clairambault-Maurepas, année 1762.

MALÉDICTION, MAUDIT cf RACE MAUDITE

MAUVAIS GENRE

Caricature d'Abel Faivre, Le Rire, septembre 1907.


MÉNAGE, MÉNAGE MASCULIN

« Quel beau ménage ils faisaient à la turquesque. Aussi les petits enfants criaient tout haut que Quelus et Maugiron étaient bardaches […] peu après faisant un nouveau ménage. »
La Vie et faits notables de Henri de Valois, 1589.

« À peine arrivée dans la rue, toute la société [les amis lettrés de Sautelet] s’est mise à parler du ménage masculin de Fiévée et Th. Leclerq. On a beaucoup jasé sur ce sujet. »
Delécluze, Journal, 12 avril 1826.

MÉTIER

Métier eut une connotation homosexuelle à partir du XIIe siècle chez des auteurs comme Gautier de Coincy et dans des œuvres anonymes telles que l’Eneas, le Lai de Lanval et l’histoire de Gille de Chyn.

« Il transfigure cette abomination brutale des Sodomites que l’Écriture condamne si aigrement, et la fait évanouir à ce que bougrerie ne soit pas estimée péché. Ce que je crois il ne fait pas sans cause. Car je pense bien qu’il a pratiqué le métier suivant le privilège de son ordre. »
Jean Calvin, Épître contre un cordelier détenu à Rouen, Recueil des opuscules, 1566, page 719.

« Ci-dessous gît un pauvre prêtre,
Plaintif que Bougoin son maître
Lui fit faire plus d’un métier.
L’esprit revient et lui reproche
Qu’il virait en été la broche,
Et l’hiver il était portier.
Agrippa d’Aubigné, Les Aventures du baron de Fæneste, III, 16.

Virer la broche et portier sont des métaphores fugaces auxquelles je n'ai pas cru devoir consacrer une notice.

« Cet honnête homme fut mis par force au métier. »
Agrippa D’Aubigné, Confession catholique du sieur de Sancy, I, 7.

Il y a cinq ou six mois qu’on a mis à la Bastille un nommé Deschauffours qui était un particulier dans Paris, grand bougre de son métier, bel homme et bien fait. Cet homme connaissait beaucoup de monde dans le grand et dans le médiocre, car en général ce n’est pas l’amusement petit-bourgeois. »
Barbier, Journal, mai 1726, BnF, mss fr. 10286, f° 9.

Résurgence inattendue en 1914 :

Francis Carco : « La franchise du môme sidérait la Caille. Le « métier » lui plaisait vraiment, il avait ça dans le sang, et c'était plus comme les Titine et les Bambou qui se forçaient aux pires boulots... Lui aussi, la Caille, il s'y était forcé !... Mais ce qui l'asseyait, c'était chez le frangin de Bambou c'te facilité pour des mœurs contre nature qui, à lui, pour la même raison qu'elles le remuaient, le débectaient horriblement... »
Jésus-la-Caille, Paris : Mercure de France, 1914, deuxième partie, VIII.

METTRE

« Vous ne savez pas le latin :
Ne criez pas au sacrilège
Si l’on ferme votre collège
Car vous mettez au masculin
Ce qu’on ne met qu’au féminin. »
Chansonnier Clairambaut-Maurepas, année 1762.

« Tous les conquérants, ils doivent, c'est bien naturel, mettre les conquis! c'est la loi des plus vives Espèces !… »
Céline, Bagatelles pour un massacre, 1937.

« Regarde comme ils sont heureux tes "Français de race" d'avoir si bien reçu les Romains... d'avoir si bien tâté leur trique... si bien rampé sous les fourches... si bien orienté leurs miches... si bien avachi leurs endosses. Ils s'en congratulent encore à 18 siècles de distance!.. Toute la Sorbonne en jubile!... Ils en font tout leur bachot de cette merveilleuse enculade! Ils reluisent rien qu'au souvenir!... d'avoir si bien pris leur pied... avec les centurions bourrus... d'avoir si bien pompé César... d'avoir avec le dur carcan, si étrangleur, si féroce, rampé jusqu'à Rome, entravés pire que les mulets, croulants sous les chaînes... sous les chariots d'armes... de s'être bien fait glavioter par la populace romaine... Ils s'esclaffent encore tout transis, tout émus de cette rétrospection... Ah! qu'on s'est parfaitement fait mettre!... Ah! la grosse! énorme civilisation!... On a le cul crevé pour toujours... Ah! mon popotas!... fiotas! fiotum!... Ils s'en caressent encore l'oigne... de reconnaissance... éperdue... Ah! les tendres miches!... Dum tu déclamas!... Roma!... Rosa! Rosa!... Tu pederum!... Rosa! Rosa! mon Cicéron! »
Céline, Bagatelles pour un massacre, 1937.

Blague racontée dans les années 1950 : " Jean Marais vient voir Cocteau à son domicile. Un domestique le reçoit et demande : - C'est pour le maître ? - Non, juste pour le voir. "

La formule insultante " allez vous faire mettre ", " va te faire mettre " n'est pas encore tombée en désuétude.

MFL

Sigle d’un groupe de la fin des années 1970, transposé du MLF, et signifiant Mouvance folle lesbienne ; un groupe d’hommes, contrairement à ce que l’on pourrait croire.

MFLGBT

Sigle assez ridicule correspondant à : Marche des fiertés lesbienne, gay, bi et transgenre

M. G.

Abbréviation de mœurs grecques ou de mauvais genre dans la correspondance de Marcel Proust.

« l’air m. g. «  (29 février 1904) ; « M. est bien m. g. » (février 1905).

MIGNARD, MIGNARDER

« Un gros prieur son petit fils baisait
Et mignardait au matin en sa couche. »
Clément Marot, Épigramme 168, vers 1530

« Il [Zola] s’étend sur les salauderies qui ont lieu dans les collèges de province et qui ont un coin de brutalité que ne présentent pas les branlades mignardes des collèges parisiens. »
Edmond de Goncourt, Journal, 18 avril 1883.

MIGNON

D’origine incertaine, peut-être de minet, chat, ou de l’espagnol niño, garçon. L’adjectif chez Rabelais (Gargantua, chapitre 54) et Du Bellay est dénué de nuance péjorative, mais sans doute aussi de toute connotation homosexuelle.

L’emploi comme substantif fut noté par Pierre de L’Estoile en juillet 1576 :

« Mignons. Le nom de Mignons commença, en ce temps, à trotter par la bouche du peuple, auquel ils étaient fort odieux, tant pour leurs façons de faire qui étaient badines et hautaines, que pour leurs fards et accoutrements efféminés et impudiques, mais surtout pour les dons immenses et libéralités que leur faisait le Roi, que le peuple avait opinion être la cause de leur ruine, encore que la vérité fut que telles libéralités, ne pouvant subsister en leur épargne un seul moment, étaient aussitôt transmises au peuple qu’est l’eau par un conduit. » (origine probable de la théorie du ruissellement).

Ces favoris d’Henri III furent aussi appelés « ganymèdes effrontés », « compagnons de mignétise », et par un ligueur « beaux petits fouille-merde ». On faisait des reproches au Roi :

« Il s’allie avec ses mignons
Ainsi que font les hannetons. »
(De L’Estoile, décembre 1581)

Dans des sonnets dits « peu chrétiens », Ronsard formula les mêmes accusations :

« Le Roi, comme l’on dit, accole, baise et lèche,
De ses poupins mignons le teint frais, nuit et jour ;
Eux, pour avoir argent lui prêtent, tour à tour,
Leurs fessiers rebondis, et endurent la brêche.
[…]
Avec vos mignons consommez le loisir
Qui est dû, selon droit, à la chose publique.
[…]
Les culs plus que les cons sont maintenant ouverts ;
Les mignons de la Cour y mettent leurs lancettes. »
(BnF, mss fr. NA 6888, pp. 136-137)

Chez Montaigne, mignon signifie le plus souvent ami ou favori, mais la connotation d’homosexualité existe dans cette paraphrase de Diogène Laërce :
 
« Archelaus le physicien, duquel Socrate fut le disciple et le mignon selon Aristoxenus. »
(Essais, II, xii, page 556 de l’édition Villey/PUF/Quadrige ; DL, Vie..., II, 19 ; mignon correspond ici au grec παιδικά, garçon aimé).
Le terme se trouve dans les traductions d’ouvrages grecs, par exemple celles de Diogène Laërce et de la Bibliothèque d’Apollodore.

Agrippa d’Aubigné ne laissa aucun doute sur les mœurs des Mignons qu’il disait « putains de la Cour » :
Tragiques, 1616, II " Princes.

Furetière définissait plus délicatement :
« Favori, en matière d’amitié, ou d’amour. Du temps de Henri III, les favoris s’appelaient mignons ; et ce terme emportait quelque chose qui n’est pas fort honnête. »

Michelet crut pouvoir innocenter ce petit monde :

« Puisque ce mot de mignons est arrivé sous ma plume, je dois dire pourtant que je ne crois ni certain ni vraisemblable le sens que tous les partis, acharnés contre Henri III, s’accordèrent à lui donner. »
(Histoire de la France au XVIe siècle. La ligue et Henri IV, chapitre 5.

Vers sur le musicien Lully, composés en 1681 ou 1685 :

« La vieille Cortain se fâche
Que Brunet soit mon mignon ;
Elle est une vieille vache,
Il est un joli bardache ;
Elle a le con lâche et profond,
Il a le cul petit et rond. »
BnF, mss fr. 12688, page 284 (recueil Clairambault, tome 3)

De Pierre Bayle (1647-1706) : " Antinous, mignon de l'empereur Hadrien " dans l'article " Antinous " du Dictionnaire historique et critique. Autre emploi à l'article " Arcésilas ".

Dictionnaire français de Pierre Richelet, 1706 (rien en 1680) :


Fénelon évoqua en 1712 les « infâmes mignons » d’Henri III dans ses Dialogues des morts (§§ 67-68).

« La duchesse de La Ferté a dit qu’on remarquait dans l’histoire que la galanterie des rois roulait, l’un après l’autre, sur les hommes et sur les femmes, qu’Henri II et Charles IX aimaient les femmes, et Henri III les mignons ; Henri IV aimait les femmes. Louis XIII les hommes, Louis XIV les femmes et qu’à présent le tour des mignons était revenu. »
Mathieu Marais, Journal et Mémoires, août 1722.

« Le propre jour que le maréchal de Villeroy est venu à Versailles, on a découvert que le jeune duc de La Trémouille, premier gentilhomme du Roi, lui servait plus que de gentilhomme, et avait fait de son maître son Ganymède. Ce secret amour est bientôt devenu public, et l’on a envoyé le duc à l’Académie avec son gouverneur pour apprendre à régler ses mœurs. Le Roi a dit que c’était bien fait. Voilà donc le tour des mignons et l’usage de la Cour de Henri III. »
Id., ibid., 27 juin 1724.

" Les dames ont fait les diables ; elles l[le prince de Ligne]'ont fait suivre et surprendre dans un vilain cabaret à Paris, avec quatre ou cinq de ses mignons. "
Lettre de Mathieu Marais au président Louis Bouhier, 24 juillet 1730.

René-Louis d'Argenson :
Journal et Mémoires, volume VIII, année 1754, page 210.

« Il [un Monsignor romain] voulut m’apprendre les catégories d’Aristote et fut sur le point de me mettre dans la catégorie de ses mignons : je l’échappai belle. »
Voltaire, Histoire des Voyages de Scarmentado.

« On parle de l’affaire Coin, du théâtre où paraissaient des femmes qu’on insultait, qu’on débinait et que remplaçaient des hommes nus ; de David, chef de bureau au Ministère de la Guerre, qui fournissait les mignons de la Garde en si grand nombre que le gouvernement a cru à une conspiration militaire et que c’est pour cela que la police est intervenue. »
Edmond et Jules de Goncourt, Journal. Mémoires de la vie littéraire de 1851 à 1896, Paris : Fasquelle/Flammarion, 1956, 10 octobre 1864.

« Lapin : enfant ou adolescent vicieux qui remplit dans les collèges le rôle des mignons de Henri III, ou celui d'Alcibiade près de Socrate. »
Hector France, Dictionnaire de la langue verte, 1907, réédition Nigel Gauvin, 1990.

L'écrivain Yvan Audouard distinguait trois sortes d'homosexuels au café de Flore :
" Les " grands mignons " qui [s'étaient] fait un nom en littérature, et [que le patron] estim[ait] ; les " petits mignons " qui [étaient] bien élevés, qui n'affich[ai]ent pas leurs sentiments, et qu'il absol[vait] ; enfin les " vilains mignons " qui [faisaient] profession de l'être et auxquels il continu[ait] de botter périodiquement les fesses ".
" Yvan Audouard vous présente le troisième sexe comme si vous en étiez " , France Dimanche, nº 120, 19 décembre 1948, page 7. [Cité dans Geoffroy Huard, Au-delà de la libération gay - Le monde homosexuel à Paris de l’après-guerre au Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire.]

" On voit très bien que Monsieur Philippot s'empare des leviers de commande, place ses hommes, ses mignons, partout, et il fait un pression constante évidemment sur Marine Le Pen et le pauvre bureau politique ; elle ne doit pas laisser des apparatchiks s'emparer de l'appareil ; c'est Philippot ou Le Pen, un des deux, il faut que les choses soient claires (...) On n'a pas forcément raison parce qu'on est un jeune con. ". (Jean-Marie Le Pen, 11 mai 2015)

« Interrogé sur le caractère "homophobe" de certains de ses propos sur les "mignons" de Florian Philippot, il a expliqué qu'il ne " condamnait pas les homosexuels à titre individuel mais quand ils chassent en meute oui ". C'est-à-dire selon lui " quand de conserve ils manœuvrent d'une certaine manière et se conduisent comme des hétérophobes et des gens qui détestent ceux qui ne sont pas comme eux ".
" M. Philippot et ses amis recrutent plutôt dans leur milieu socio-culturel, si j'ose dire, et ont sur leurs amis une influence d'un type différent de celui qui gouverne généralement les relations entre les hommes ordinaires ", a-t-il dit. " Quand les gens se servent de leur particularité, je la dénonce ", a-t-il ajouté.  » (lepoint.fr, 13 mai 2015).

On a donc là un des termes de l'Ancien Régime monarchique ayant le mieux survécus à la modernité.

MIGNON DE COUCHETTE

Sens hétérosexuel au XVIIe siècle seulement :

« Le voilà, le beau-fils, le mignon de couchette,
Le malheureux tison de ta flamme secrète »
Molière, Sganarelle, acte unique, scène VI.

De Pierre Bayle (1647-1706), l'expression mignon de couchette dans l'article " Jules III " de son Dictionnaire historique et critique.

« Le Créateur nous a fait l’un pour l’autre.
Qui voudra donc aller contre la loi
Du tout-puissant ? Ce ne sera pas moi.
Que l’on m’amène un mignon de couchette
Beau, fait au tour (*), un Adonis enfin ;
D’autre côté, telle quelle soubrette :
Je plante là mon ange masculin,
Et je m’en vais cajoler ma grisette. »
Jean-Baptiste Rousseau, Contes et épigrammes, 1724, « La fourmi ».
* : Je retrouve " fait au tour " dans le Journal intégral de Green, 18 avril 1932, page 412.

« Et Jocko son barbier, marquis de la pincette
Et Monsieur de Maki son mignon de couchette. »
Germain Nouveau, Le Maron travesti.

MIGNONISME

« Les Crétois ont été les premiers à ériger le mignonisme en système. »
Combes-Dounous, annotations des Dissertations de l’orateur grec Maxime de Tyr, 1802.

MIGNONNEMENT

Selon Agrippa d’Aubigné, « marcher mignonnement » faisait partie des lois de la Cour royale (Tragiques, 1616, II " Princes ").

MINET

Terme d'affection ou de mépris ; possède une  connotation homosexuelle que l'Académie n'a pas notée.

" Fig. Jeune homme, jeune fille, à l'existence facile et oisive, aux ^préoccupations frivoles. "
Dictionnaire de l'Académie française, 9e édition.

« J'ai pas peur des petits minets
Qui mangent leur ronron au Drugstore
Ils travaill'nt tout comme les castors
Ni avec leurs mains, ni avec leurs pieds. »
Jacques Dutronc, Les playboys, 1966.

« Dans chaque club, les garçons se tiennent sur la scène très éclairée par petits groupes de quatre ou six ; ils portent la tenue distincte de l'établissement et de sa spécialité, minimale et sexy : maillot 1900 à bretelles ou cycliste pour les athlètes, boxers shorts, strings pour les minets ou pseudo-voyous, les follassons ont droit à des mini-jupes. »
Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie, Paris : Robert Laffont, 2005.

MISER

Aphérèse de sodomiser.

« C’est le destin des Français de se faire miser dans le cours des âges. »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre.

« Ils connaissaient les tantes et les pédés par ce qu’en disait Théo, par ce qu’ils en disaient eux-mêmes, s’interpelant en riant, avec ces phrases : "Il en est, de la pédale qui craque !… Tu les prends en long, en large ou en travers ? Va te faire miser, eh ! Va voir chez tonton, tu gagneras mieux ta croûte !…" Mais ces expressions, vite lancées, ne leur représentaient rien de précis. »
Jean Genet, Querelle de Brest, 1947.

MODE

« L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. »
Molière, Dom Juan, V, 2, Dom Juan à Sganarelle.
De Madame, princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV : « Quand on a raconté à Mme Cornuel la vie dévergondée des dames du faubourg (car on les appellent ainsi pace qu’elles habitent toutes au faubourg St Germain), elle a dit : "Mon Dieu, ne les blâmez pas, vous verrez que c’est une mission qu’on aura envoyée là, pour ramener les jeunes hommes du vice à la mode". Cette dame a maintenant 87 ans. »
Lettre à Sophie de Hanovre, 1er février 1693.
« Ce vice, qui s’appelait autrefois le beau vice, parce qu’il n’était affecté qu’aux grands seigneurs, aux gens d’esprit ou aux Adonis, est devenu si à la mode qu’il n’est pas aujourd’hui d’ordre de l’État depuis les ducs jusqu’aux laquais et au peuple qui n’en soit infecté. Le commissaire Foucault, mort depuis peu, était chargé de cette partie et montrait à ses amis un gros livre où étaient inscrits tous les noms de pédérastes notés à la police ; il prétendait qu’il y en avait à Paris presque autant que de filles, c’est-à-dire environ 40 000. »
Mémoires secrets …, 13 octobre 1783.

MŒURS

Dans cette disposition et les suivantes (articles 187-2, 416, 416-1 du CP, art. 2-6 du CPP), mœurs a une connotation homosexuelle 
Loi Badinter/Delebarre 85-772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d'ordre social.

Voir Appendices de 1985

MOLLESSE

Du grec malakia et du latin mollitia. La mollesse est décrite et souvent stigmatisée par de nombreux auteurs anciens : Alcuin d'York, Augustin, Célius Aurélien, Cyprien de Carthage, Démosthène, Horace, Juvénal, Pétrone, Philon d'Alexandrie, Salvien, Sénèque le Jeune, Sénèque le Père, Tacite, Tite-Live, et Vincent de Beauvais (au sens de masturbation) ; sans parler de tous ceux qui citèrent la 1ère Épître aux Corinthiens de l'apôtre Paul.

Jean Benedicti, La Somme des péchés..., 1587, 1601. Pour cet auteur, la sodomie n’est le fait que de l’actif, les bardaches, patients, ne commettant que le péché de mollesse.



Dictionnaire français de Pierre Richelet, 1680 et 1706 :

Pierre Saint-Amand : " Dans un passage de son essai sur le théâtre, Mercier reviendra sur l’affectation du personnage [le petit-maître]. Il mentionnera « le ton apprêté de leur mollesse […] ». C’est ici le terme homophobe qui désigne le plus directement l’effémination du fat, l’adoption des postures du sexe opposé (68).
68. La mollesse est associée depuis l’Antiquité à l’homosexualité passive. Voir Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes, Paris, Odile Jacob, 1995, p. 61. Les molles, dans les écrits de l’Antiquité recherchent des satisfactions sexuelles anormales ; ils représentent l’absence de toute puissance virile. Voir David M. Halperin, One Hundred Years of Homosexuality, New York, Routledge, 1990, p. 22-24. Halperin a raffiné son analyse de la mollitia dans un autre livre. Il s’agirait pour lui d’un des modèles du pré-homosexuel. Il étudie cette catégorie intéressante de l’inversion de l’identité sexuelle (masculine). Voir How to Do the History of Homosexuality, Chicago, University of Chicago Press, 2002, p. 121-130. Sur la notion de mollesse, pour le contexte français, je renvoie à l’étude de Christophe Martin, « La fontaine de Salmacis. Hantise de la mollesse et construction de la masculinité chez Rousseau », dans Masculinités en révolution, de Rousseau à Balzac, dir. Daniele Maira et Jean-Marie-Roulin, Saint-Étienne, PUSE, 2013, p. 31-48. "
Suite libertine. Vies du XVIIIe siècle, chapitre « Le Théâtre des Beaux », Paris : Classiques Garnier, 2021.

MÔME

Vidocq mettait pour ce mot : « adolescent, joli garçon. » Ce terme d’argot prit ensuite le sens de

« petit garçon livré à la pédérastie »
Anonyme [Pierre Joigneaux ?], L’Intérieur des prisons, 1846.

« On m’a même proposé des mômes, ô mon ami. Mais j’ai refusé. »
Gustave Flaubert, lettre à Camille Rogier, 11 mars 1851.

« Enfants, on les appelle mômes ou gosselins, adolescents ce sont des cousines, plus âgés, ce sont des tantes. »
Larchey, « Dictionnaire des excentricités du langage », Revue anecdotique des excentricités contemporaines, n°5, septembre 1859.

Charles Perrier releva dans l’argot de la prison centrale de Nîmes les mots girond et môme, avec le sens de prostitué ; en vieillissant, le môme devenait une tante ou une copaille (Les Criminels, tome 2, 1905).

« S’ils aiment tant la femme, pourquoi, et surtout dans ce monde ouvrier où c’est mal vu, où ils se cachent par amour-propre, ont-ils besoin de ce qu’ils appellent un môme ?
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, « La Prisonnière »

Selon un observateur, dans un pénitencier guyanais,

« Les homosexuels du type actif s’appellent les hommes, ceux du type passif les mômes […] Pour un forçat, l’épithète de môme est la plus grosse injure après celle de bourricot. »
Dr L. Rousseau, Un Médecin au bagne, chapitre VII, 1930.

MONOSEXIE, MONOSEXUALITÉ, MONOSEXUÉMONOSEXUEL

Le concept d’une sexualité ne s’exerçant qu’à l’intérieur de l’ensemble des êtres d’un seul sexe fut représenté à l’aide des préfixes mono et uni. L’utopiste Charles Fourier avait imaginé, avant 1837, le néologisme monosexie :

« On voit dès à présent que les femmes dans leur état de liberté de perfectibilité comme celles de Paris, ont beaucoup de penchant au saphisme. Les journaux de Paris se sont plaints quelquefois que ce goût se généralisait parmi les jeunes personnes de la capitale ; ce sexe est plus que l’autre enclin à la monosexie. »
" Le saphisme en harmonie ", Le Nouveau monde amoureux, tome VII.

Monosexie est donc, avec homoïousien et unisexualité, un précurseur de la série des termes allemands en homo- ; « monosexual » est un des termes utilisés par Kertbeny dans la lettre de 1868. On peut regretter que ce terme monosexie, moins lourd que d’autres (mais aussi moins clair), n’ait eu aucun succès. Quelques auteurs ont suggéré l’emploi de monosexuel et monosexualité ; on en trouvait encore des traces dans l’ouvrage de Paul Reboux, Sens interdits, 1951.


Michel Foucault : « Il y a deux âges d’or de la problématisation de l’homosexualité comme monosexualité, c’est-à-dire des rapports entre hommes et hommes, et hommes et garçons. Le premier, c’est celui de la période grecque, hellénistique qui se termine en gros au cours de l’Empire romain. Les derniers grands témoignages en sont : le dialogue de Plutarque, les dissertations de Maxime de Tyr et le dialogue de Lucien. »
« Entretien avec Jean Pierre Joecker, M. Overd et Alain Sanzio », Masques, n° 13, printemps 1982.


" Nombreux sont ceux parmi les opposants au texte qui évoquent à son sujet une « révolution anthropologique » fondamentale et irréversible au travers de l’instauration possible pour les enfants d’un double lien de filiation monosexué. " Erwan Binet, RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LA LÉGISLATION ET DE L’ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE LA RÉPUBLIQUE SUR LE PROJET DE LOI (N° 344), ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, 17 janvier 2013, III, B.

" Le terme « homoparentalité » est assez ambigu : les relations homosexuelles qu’entretiennent les personnes avec qui vit l’enfant ne concernent que les adultes ; elles ne concernent en rien l’enfant et moins encore les liens juridiques qui unissent les adultes à ce dernier. On devrait donc sans doute davantage parler de « parentalité monosexuée », reposant sur l’indifférence sexuée, plutôt que de parentalité homosexuelle qui se fonderait sur la sexualité partagée par le couple alors qu’il s’agit bien de la question de la parentalité exercée par deux personnes de même sexe. Pour autant, le terme « homoparentalité » est aujourd’hui entré dans le débat public et parfaitement compris de tous. " Ibid., IV, A, 1.


" Si l’ouverture de l’adoption aux couples de personnes de même sexe permettra l’établissement, dans les deux cas qui viennent d’être mentionnés [adoption d'un enfant par le conjoint et adoption conjointe], d’une double filiation monosexuée, le régime de l’adoption simple comme de l’adoption plénière n’emporte pas de mensonge sur les origines de celui-ci. " Ibid, IV, C.

D’autres enfin témoignent d’une opposition à l’établissement – notamment dans le cadre de l’adoption – d’un double lien de filiation monosexuée, en ce qu’il contredirait l’altérité sexuelle au fondement du modèle reproductif naturel. Ibid, Annexe N° 3.

MOUCHARD

« On m’a traité de mouchard.
Mouchard veut dire : homme qui ne pense pas comme nous.
Synonyme au XVIIIe siècle : pédéraste. »
Charles Baudelaire, Pauvre Belgique.

Nous n’avons pu vérifier l’affirmation relative au XVIIIe siècle ; mais au début du règne de Louis XV on appelait mouches les provocateurs qui approchaient les gens de la manchette pour lier conversation, puis les faire arrêter.

Jules Choux donnait en 1881, dans Le Petit citateur - Notes érotiques et pornographiques

« en être : être mouchard ou pédéraste ; quelquefois tous les deux ; ce qui s’appelle joindre l’utile à l’agréable. » Ouvrage réédité par la BnF.