Extrait de mon Dictionnaire français de l'homosexualité masculine.
ÉCHAPPÉ DE SODOME
La
dénotation homosexuelle de l’expression est évidente.
« rivales
des échappés de Sodome »
Le Vol le plus haut, 1784.
ÉCUYER
Alfred Delvau :
EFFÉMINÉ,
adj. et subs.
Du latin effeminatus ; voir Ces petits Grecs … Selon
Furetière, « se dit d’un homme mol, voluptueux, qui est devenu semblable à
la femme. Montaigne l’employa à propos d’Héliogabale, « le plus effeminé homme du monde, Heliogabalus », Essais, II, xiii, 607), mais aussi, plus surprenant, d’un père de famille que son fils appelait « lâche, efféminé,
faiseur d’enfants » (II, viii, 390). L’ambiguïté du terme
est en effet de désigner aussi bien celui qui fréquente trop les femmes que le
partenaire supposé passif d’une relation masculine. La connotation homosexuelle
est récente.
Agrippa d'Aubigné : « Le geste efféminé, l'œil d'un Sardanapale »
Les Tragiques (1616), II " Princes".
Adamantius, médecin juif de langue grecque converti au christianisme, La Physionomie, ou des indices que la nature a mis au corps humain..., Paris : Toussaint du Bray, 1635 (fin IVe siècle).
" La mollesse du corps pour le plus souvent est propre à un homme tout à fait efféminé " chapitre XVI.
" L'avoir aigue [la voix], molle, et fort distincte, est être mol et efféminé. " chapitre XXX.
De la façon d'un homme efféminé chapitre XL : " Un homme efféminé a le regard et humide et effronté : ses yeux vont et viennent de tous côtés ".
Divinations par les marques qui sont naturellement en divers endroits du corps humain : " l'avoir au fondement, c'est être efféminé ".
« De
combien de mots masculins
A-t-on
fait des mots féminins
[...]
Sans
que l'abbé de Boisrobert
Ce
premier chansonnier de France,
Favori
de son éminence,
Cet
admirable patelin,
Aimant
le genre masculin,
S'opposât
de tout son courage
À
cet efféminé langage. »
Gilles
Ménage, Requête des dictionnaires, 1649.
« Ce
sont là des discours de pédérastes, il faudrait que j’eusse bien perdu l’esprit
pour approcher ma bouche de celle d’un petit efféminé. »
Lucien,
Dialogue de Junon et de Jupiter, traduction Perrot d’Ablancourt, 1654.
Dans
la traduction de l’ouvrage de J. B. Porta sur la physionomie humaine, figurent
un article intitulé L’efféminé ; dans l’article Le Timide,
on lit cette paraphrase de Lactance (L’Ouvrage du dieu créateur)
:
« Si
dans le coït la semence de l’homme venant du côté droit tombe dans le côté gauche
de la matrice de la femme, il naîtra un enfant mâle, mais il sera efféminé,
vu que cette partie est destinée à la génération des femelles. »
La
Physionomie humaine, 1655.
« On
y voyait des hommes qui n’avaient point honte d’y prendre l’habillement des
femmes, et de s’assujettir à toutes les occupations propres du sexe, d’où
s’ensuivait une corruption qui ne peut s’exprimer. On a prétendu que cet usage
venait de je ne sais quel principe de religion ; mais cette religion avait
comme bien d’autres pris sa naissance dans la dépravation du cœur, ou si
l’usage dont nous parlons avait commencé par l’esprit, il a fini par la
chair ; ces efféminés ne se marient point, et s’abandonnent aux
plus infâmes passions ; aussi sont-ils souverainement méprisés. »
F.-X.
de Charlevoix (1682-1761, jésuite), Journal de voyage dans l’Amérique
septentrionale, tome 6, juillet 1721 [édition 1744, pages 4-5].
« {…]
ces Orientaux dont parle Julius Firmicus lesquels consacraient, les uns à la
déesse de Phrygie, les autres à Vénus Uranie, des prêtres qui s’habillaient en
femmes, qui affectaient d’avoir un visage efféminé, qui se
fardaient. »
Joseph François Lafitau, Mœurs des sauvages américains comparées aux mœurs des premiers
temps, tome 1, 1724.
Au
XVIIIe siècle, comme sous Henri III (voir l’entrée MIGNON),
l’effémination a été associée à la richesse : « le superflu rend les
hommes mous et efféminés » lit-on dans Le Législateur moderne
(1739) attribué au marquis d’Argens.
« Les
véritables crêtes annoncent souvent la vérole et l’infamie des Efféminés.
[…] Il arrive quelque chose de semblable aux Efféminés, lorsque, par
leurs abominations, ils contractent à l’anus des ulcères malins. ».
J.
Astruc, Traité des maladies vénériennes, 1740.
En 1800, dans son Histoire naturelle du genre
humain, J. J. Virey (1775-1846) évoquait encore les « riches efféminés »,
mais il commençait à envisager une autre cause, la chaleur du climat ;
dans De la femme sous les rapports physiologique, moral et littéraire (1825),
il a creusé la question :
« Jamais une femme masculine ne sera bien
chérie d'un homme ; il croirait pécher avec elle comme avec son semblable, et
il éprouve presque le même genre de répugnance. [...] L’homme trop efféminé a paru de tout temps exposé à un vice qui
semble montrer pour lui le besoin de reprendre dans son sexe l’élément créateur
qui lui manque. Ces retours des individus sur leur propre sexe, tout
abominables et outrageux qu’ils soient pour la nature, se remarquent
fréquemment sous les climats chauds […] La femme virile s’accommoderait mieux
d’un efféminé avec lequel elle prendrait en quelque sorte le rôle
masculin, que d’un homme dont la complexion trop mâle heurterait, pour ainsi
parler, la sienne. »
Julien Joseph Virey, De la femme
sous les rapports physiologique, moral et littéraire (Bruxelles : Aug. Wahlen, 1825, 1826), chapitre III, 3, " Considération sur les
causes de l’amour entre chaque sexe ".
Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle,
efféminement et passivité ont parfois été attribués aux homosexuels des milieux
populaires. Par la suite, plus que le lien éventuel entre position sociale et
orientation sexuelle, c’est la distinction des types homosexuels qui intéressera
les auteurs.
« Il [Chouard] a presque dis-huit ans et en
paraît quatorze à peine. C’est presque un enfant, imberbe, d’une paleur mate,
visage efféminé ; ses cheveux blonds cendrés sont divisés par une raie
médiane ; il est vêtu d’un petit paletot gris à collet de velours, et sur
le plastron de sa chemise s’étalent les bouts flottants d’une cravate bleue,
signe distinctif ordinaire des éphèbes de barrière [faubourg]. »
« Affaire de Germiny », " Entrée des prévenus ", La Tribune - Journal républicain socialiste, n° 20, 25 décembre 1876.
« Il est pénible pour les patriotes d’acquérir la
preuve que les hommes sur lesquels ils comptent pour défendre la Patrie ne sont
que des efféminés ayant l’œil constamment braqué sur une autre trouée
que celles des Vosges. »
« L’armée pédéraste », La Révolte,
5-11 décembre 1891.
« Les invertis ne se contentent pas du tout de la
vieille explication [cabalistique] de l’âme féminine dans un corps masculin.
Certains sont plus masculins que les hommes habituels, et se sentent portés
vers leur propre sexe en raison de la ressemblance. Ils disent qu’ils méprisent
trop les femmes pour être efféminés. […] On pourrait admettre (et
ce serait une règle assez générale) que plus un unisexuel a de valeur morale,
moins il est efféminé. »
Raffalovich, « Quelques observations sur
l’inversion », Archives d’Anthropologie Criminelle, n° 50, 15 mars
1894.
« Le livre [d’Albrecht Moll] est très bien fait,
– mais il me semble qu’il ne différencie pas assez ces deux classes : les efféminés
et les "autres" : il les mélange incessamment et rien n’est plus
différent, plus contraire – car l’un est l’opposé de l’autre – car pour
cette psychophysiologie, ce qui n’attire pas repousse, et l’une de ces deux
classes fait horreur à l’autre. »
André Gide, lettre à Eugène Rouart, 14 septembre 1894,
citée par David H. Walker dans Le Ramier, Paris : Gallimard, 2002,
page 64.
« Les
rapports qui existent entre la véracité, le mensonge et la vie sexuelle sont
étroits. Les efféminés sont menteurs à tous les degrés, depuis la
perfidie minutieuse jusqu'à l'inconscience, jusqu'à une incontinence de
faussetés. Ils observent mal et reproduisent mal ce qu'ils ont observé.[…] Si
vous voulez un admirable portrait de l’inverti efféminé tel qu’on le
rencontre dans les milieux mondains et artistiques où il a le loisir de se
développer à son aise, lisez la description d’Adolphe par Benjamin
Constant. »
Marc-André
Raffalovich, Uranisme et unisexualité : étude sur différentes manifestations de l'instinct sexuel, Lyon :
A. Storck ; Paris : Masson, 1896.
Ce point de vue, réaffirmé dans des articles ultérieurs,
et notamment à l’occasion de la scission de l’organisation allemande W.H.K. en
1907 (« l’inverti intéressant n’est pas efféminé, au contraire »)
rencontra l’assentiment du Dr Alétrino :
« En
parlant ici d’Uranistes, j’ai avant tout en vue les hommes qui, comme hommes,
se sentent attirés vers d’autres hommes, sans me demander si ces derniers se
sentent plus, autant, ou un peu moins virils qu’eux. Par conséquent j’écarte
tous les efféminés, aussi bien les efféminés proprement dits que
que ceux qui le sont devenus par perversion, par l’influence de l’exemple ou
par dépravation. […] La notion erronée que l’uraniste doit être assimilé au
pédéraste, à l’efféminé et au dégénéré, ou qu’il est identique à
ceux-ci, s’est maintenue jusqu’à ce que Marc André Raffalovich ait mis de
l’ordre dans cette confusion par la publication de ses études sur l’uranisme. »
Dr
A. Alétrino, « La situation sociale de l’uraniste », Compte-rendu
des travaux de la 5e session, Congrès international
d’Anthopologie criminelle, Amsterdam, septembre 1901.
" Depuis des mois l'efféminé Chargnieu épie
la tristesse de Caradec. Il devine sa langueur et ses fringales. Il rôde,
calin, autour de l'isolé. Mais celui-ci semble se méfier. Son instinct droit
repousse les gestes caresseurs. "
Georges Lecomte, Les Cartons verts, Mardi
gras, Paris, Charpentier, 1901.
Dans Corydon, Gide utilisa inverti
dans le sens d’efféminé ; chez lui, l’opposition inverti/homosexuel
correspond donc à l’opposition efféminé/inverti chez Raffalovich.
« Vous frayez (sans méchanceté, j'en suis sûr) le chemin à tous les méchants, en me traitant de " féminin ". De féminin à efféminé, il n'y a qu'un pas. Ceux qui m'ont servi de témoins en duel vous diront si j'ai la mollesse des efféminés. »
Marcel Proust, lettre à Paul Souday, novembre 1920.
Le mot apparaît dans des annonces de rencontre pour
exprimer les restrictions de l’annonceur :
« Efféminés, aventuriers,
abstenez-vous. »
« Poilu bienvenu, efféminé
s’abstenir. »
« Folles, vulgaires, barbus, efféminés et
gros s’abstenir. »
« J’aime en fait tous styles sauf efféminés,
flemmards, grognons, buveurs d’eau, qui peuvent s’abstenir. »
« Folles, SM, efféminés, barbus,
s’abstenir. »
« S’abstenir : efféminé et maniéré,
pas sérieux, jeune à lunettes. »
Gai Pied Hebdo
et Samouraï Magazine, 1983-1988.
" Heures
au London, affreuse nouvelle boîte pleine de moustachus latins efféminés,
de la tendance qu'il était convenu jadis d'appeler ginette ".
Renaud Camus, Journal 1995,
2000.
« Les
signes de piété comme la barbe pour les hommes, le voile pour les femmes, sont
nécessaires dans un souci de ne pas confondre les sexes. Les hommes efféminés
et les femmes d'aspect viril sont voués à la géhenne par l'islam. »
Cheikh Youcef [imam dans la
banlieue d’Alger], cité par l’Agence France Presse (AFP), 22 décembre 2003.
EFFÉMINATION, EFFÉMINEMENT,
« Le cas d'une vieille femme maniérée comme était M. de Charlus, qui, à force de ne voir dans son imagination qu'un beau jeune homme, croit devenir lui-même beau jeune homme et trahit de plus en plus d'efféminement dans ses risibles affectations de virilité, ce cas rentre dans une loi qui s'applique bien au delà des seuls Charlus... ». Marcel Proust, La Prisonnière, 1922.
« Cette théorie du " troisième sexe " ne saurait aucunement expliquer ce que l’on a coutume d’appeler " l’amour grec " : la pédérastie – qui ne comporte efféminement aucun, de part ni d’autre. »
André Gide, Corydon, collection Folio, 2001
[1924], page 8, note à la préface de novembre 1922.
Julien GREEN : « Il [le compositeur André David] m'a parlé d'une façon très intéressante de sa vie intime et déploré que le sujet qui nous intéresse soit si mal compris de presque tous. Par exemple ce fait si curieux que passivité ne veut pas nécessairement dire effémination, que l'effémination était justement dans l'autre camp ; que les hommes dits hommes à femmes devenaient de bien des façons pareils à des femmes. Sur tous ces points d'accord avec lui. Que de fois n'ai-je pas constaté dans toute l'Europe centrale et septentrionale que les passifs se recrutaient parmi les débardeurs, les athlètes, les marins, enfin les " costaux ". »
Toute ma vie Journal intégral ** 1940-1945, 7 octobre 1945, Paris : Bouquins éditions, 2021.
ÉGLISE
INVISIBLE
« Massignon était un fanatique et un obsédé, mais quelle classe!
Sous le verre qui coiffait son bureau, de minces ossements : des reliques
d'adolescents africains qui, après le passage d'un missionnaire plus
qu'étourdi, avaient été brûlés vifs pour s'être refusés à un roitelet noir.
Il allait prier sur place avec eux, pour eux, à telle date. Il faisait de même
pour de nombreux membres de l'Église invisible, n'importe où dans
le monde. Aux frais de qui ? J'ai toujours pensé qu'il faisait partie du
contre-espionnage, comme on dit hypocritement en français. »
Pierre Leiris, Pour mémoire, José Corti, 2002.
EMBASICÈTE
Alfred Delvau :
ÉMIGRÉ DE GOMORRHE
Lucien Rigaud :
ÉMILE
« Nom donné aux pédérastes que précédemment l’on
appelait Tantes (V. ce mot). Les Émiles étaient en société, à
Paris, en 1864. Leurs statuts ont été imprimés. La police, avertie de ces
réunions, y fit une descente et fit fermer un établissement de marchand de vins
de la Barrière de l’École, où ils se réunissaient. De hauts fonctionnaires
furent compromis. Une chanson fut faite à cette occasion. Les patients
s’habillaient en femme pour recevoir leur Émile. » (Alfred Delvau, Dictionnaire
érotique, 2e édition, 1866).
« La
Société des Émiles », in Alfred Glatigny, La Sultane Rozréa,
1871.
Émile fut signalé par Lorédan Larchey, et par Aristide
Bruant à l'entrée " pédéraste " de son Dictionnaire français-argot (Paris : Flammarion, 1905).
EMMANCHER, EMMANCHÉ
Au sens propre ou au sens
figuré.
Signalé par Aristide Bruant à l'entrée " pédéraste " de son Dictionnaire français-argot.
« Dans tous les cas, on
se fait emmancher. »
EMPALEUR, EMPALEUR DE GOMORRHE
« Que ces empaleurs de Gomorrhe
Ces bougres que mon cœur abhorre
Ces infâmes pêcheurs d’étrons
Ces soldats lâches et poltrons,
Qui dénués de toute audace
N’osent assaillir qu’une place,
Qui sans tour et sans parapet
Ne se défend qu’à coup de pets. »
Saint-Amant, Le Palais de la volupté, 1629.
« lâches empaleurs
et chaussonneurs de culs »
Claude Le Petit, " Le bordel des muses " (1662), Œuvres
libertines, éditées en 1909 par Frédéric Lachèvre.
EMPAPAOUTABLE,
EMPAPAOUTAGE , EMPAPAOUTER
Henri Bauche enregistra empapaouter en 1920 (Le
Langage populaire, Paris : Payot).
« Vive l'immense lamentation ! Elle attendrit
tous les bons cœurs, elle fait tomber avec l'or toutes les murailles qui se
présentent. Il rend tous ces cons goymes encore plus friables, nouilles,
malléables, empapaoutables […] »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre,
1937.
François Caradec donnait empapaouter =
sodomiser.
« Mais pas question de s’empapaouter,
hein ? Ni toi ni moi. On va pas se mettre à les singer [les hétéros].
Allons, viens, tout ce que tu veux sauf ça, d’accord ? »
Dominique Fernandez, L’Étoile rose,
Paris : Grasset, 1978.
EMPÉTARDER, EMPÉTAUDAGE
« EMPÉTAUDAGE : sodomie. »
Évariste Nouguier, 1899-1900.
EMPÉTARDER dans Bruant, 1905.
EMPROSEUR
De prose, cul ; terme argotique relevé au
XIXe siècle par Vidocq
et à la suite par Francisque Michel, Alfred Delvau, Jules Choux, Lorédan Larchey, Rigaud, Charles Virmaître et
Bruant.
« Emproseur. Lesbien, dans l’argot des voleurs. »
Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte,
2e édition, 1883.
Cf rivancher en prose.
EN ÊTRE
Dans Les Origines de la langue française
(1650), Gille Ménage commençait ainsi son fameux article sur bougre :
« Bougre :
je suis de l’avis […] ». Tallemant des Réaux rapporta la plaisanterie
faite à ce sujet :
« Ah !
lui dit Bautru, vous en êtes donc aussi, et vous l’imprimez !
tenez : il y a, bien moulé : Bougre je suis. »
Historiettes, « M. de Bautru ».
Ce serait donc Guillaume Bautru (1588-1669),
réputé pour avoir aimé les hommes, qui aurait forgé ou fait connaître cette
expression, révélatrice d’une certaine notion d’identité homosexuelle. Au début
du XVIIIe siècle, l’expression était connue des policiers parisiens
et de ceux qu’ils épiaient :
« Si
tous n’en étaient pas, il s’en trouverait peut-être un. »
Rapport
de police, septembre 1724, propos d'un dragueur optimiste.
« Dubois,
grand-maître des eaux et forêts : en est.
L’Éveillé :
passe pour en être.
Cadet :
en est aussi. »
Le
grand mémoire, 1725-1726.
« Entendant
un des garçons du cabaret parler de la fouterie des hommes, il avait cru qu’il en
était. »
Rapport
de police, juin 1726. Encore un optimiste....
« En
être à tout rompre » se rencontre parfois dans ces archives (années
1724 et 1736) ; voir Les Assemblées de la manchette.
L’expression
s’est retrouvée dans les Confessions de Jean-Jacques Rousseau :
« Cette
aventure me mit pour l’avenir à couvert des entreprises des Chevaliers de la
manchette, et la vue des gens qui passaient pour en être, me rappelant
l’air et les gestes de mon effroyable Maure, m’a toujours inspiré tant
d’horreur, que j’avais peine à la cacher. »
1ère
partie, livre II.
Au
XIXe siècle, l’expression est entrée dans les dictionnaires d’argot.
« Être
(en) – Aimer la pédérastie. »
François Vidocq,
Les Voleurs, Physiologie de leurs mœurs et de leur langage, tome 1, page 132, Paris : chez l'auteur, 1837.
Pour
Francisque Michel, en être, c’est « être des amateurs » ;
pour Alfred Delvau, dans son Dictionnaire de la langue verte,
« Faire partie de la corporation des non-conformistes. » Entrée aussi
dans la presse à l’occasion d’un écho sur la mort du général Nicolas
Changarnier :
« Les
journaux réactionnaires continuent à tresser des couronnes au défunt général
Bergamotte [ainsi surnommé à cause de son goût pour les parfums].
Aucun
n’a rappelé ce mot de Lamoricière sur son ancien compagnon d’armes :
"En
Afrique nous en étions tous ; mais lui il en est resté à
Paris."
Honni
soit qui mal y pense ! »
Le
Ralliement, 23 février 1877 [repris
deux jours plus tard par La Lanterne].
« Comme
Bautru, et dans le même sens, on dit encore : Il en est. Sur
ce terrain honteux, les synonymes pullulent ; ils prouvent la
persistance d'un vice qui semble éprouver, dans les deux sexes, le besoin de se
cacher à chaque instant derrière un nom nouveau. Nous rappellerons ici pour
mémoire et sans les expliquer ailleurs, les mots : pédé, bique
et bouc, coquine, pédéro, tante, tapette, corvette,
frégate, jésus, persilleuse, honteuse, rivette,
gosselin, emproseur, émile. »
Lorédan
Larchey (1831-1902), Dictionnaire, 1881.
« Voyons,
Costi, il en est, ça saute aux yeux. »
« À peine arrivés, les sodomistes quitteraient la
ville pour ne pas avoir l’air d’en être. »
Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, I.
« La question n'est pas, comme pour Hamlet,
d'être ou de ne pas être [William Shakespeare, Hamlet, III, 1],
mais d'en être ou de ne pas en être. »
Id. ibid.,
II, ii.
« Quand il avait découvert qu’il " en
était ", il avait cru par là apprendre que son goût, comme dit
Saint-Simon, n’était pas celui des femmes.’
Marcel Proust, La Prisonnière.
L’ouvrage de Jean Cocteau, La Difficulté d’être,
avait inspiré à André Du Dognon un article titré « La difficulté d’en
être. » (Arcadie, n° 1, janvier 1954).
L’expression s’est maintenue longtemps dans le milieu
homosexuel, indiquant le sentiment d’appartenir à une communauté ; ce que
manifestait, a contrario, la réponse de Marcel Jouhandeau à André Baudry,
lors de la création de la revue Arcadie :
« Aujourd’hui, les goûts qui sont devenus les
miens, mais que je domine, sont tombés dans une telle promiscuité, une si
odieuse vulgarité les entoure, une si dégradante ignominie les suit trop
souvent que je ne suis plus du tout fier d’en être, presque j’en ai
honte. »
NRF, mars
1954.
« Savez-vous ce qu'on dit de Zizi? On dit qu'il en
est.
Ce jeune homme poli et si gentil. On dit qu'il en
est.
Il est pourtant de bonne famille, avec de bonnes
fréquentations,
Toujours des garçons, jamais de fille, alors pourquoi
que les gens font ?
Ta ta ta, ta la ta ta, prout prout!
Ta ta ta, ta la ta ta, prout prout!
Ta ta ta, ta la ta ta, prout prout!
Ta ta ta, ta la ta ta, prout prout!
Ce garçon si drôle en travesti. On dit qu'il en est.
Ce fervent de la bicyclette. On dit qu'il en est. »
Fernandel, chanson « On dit qu’il en est »,
1968.
« EN ÊTRE, ÊTRE COMME ÇA :
expressions par lesquelles nous désignons ceux ou celles qui sont susceptibles
d’aimer une personne de leur sexe. »
FHAR [Front homosexuel d'action révolutionnaire], Rapport
contre la normalité, Paris : 1971.
« Si ma tante en avait on l’appellerait mon
oncle, et si mon oncle en était on l’appellerait ma tante. »
Pierre
Dac, Les Pensées, Paris : Éditions de Saint-Germain des Prés, 1972.
Souvent cité de manière incomplète.
ENCLIN AUX
FEMMES
« Naturellement enclin aux femmes, sale en
propos, mais bon homme et qui avait de la vertu ».
Tallemant des Réaux, Historiettes, « Du
Moustier ».
ENCORYDONNER
« (…] quelques blocs de siècles – Périclès,
Élisabeth, Henri III, où force grands et petits seigneurs, paraît-il, s’encorydonnaient
à lèvres que veux-tu. »
Léon Bazalgette, « À propos du
"Corydon" d’André Gide », Europe, n° 20, 15 août 1924.
ENCROUPÉ
« Serge, s’écriait-il d’une voix entrecoupée,
sens-tu bien l’instrument qui, non satisfait de t’avoir engendré, a également
assumé la tâche de faire de toi un jeune homme parfait ? Souviens-toi,
Sodome est un symbole civilisateur. L’homosexualité eût rendu les hommes
semblables à des dieux et tous les malheurs découlèrent de ce désir que les
sexes différents prétendent avoir l’un de l’autre. Il n’y a qu’un moyen
aujourd’hui de sauver la malheureuse et sainte Russie, c’est que philopèdes,
les hommes professent définitivement l’amour socratique pour les encroupés,
tandis que les femmes iront au rocher de Leucade prendre des leçons de
saphisme. »
Guillaume Apollinaire, Les onze mille verges,
1907, chapitre 5.
ENCULADE,
ENCULAGE
« Si notre santé nous le permet, nous ne
manquerons pas d'assister à vos enculages virils. »
Bordel apostolique institué par Pie VI, pape, en faveur du clergé de France, Paris : de l'imprimerie de l'abbé Grosier, ci-devant soit-disant jésuite, 1790. BnF cote Enfer 602.
« Regarde comme ils sont heureux tes
"Français de race" d'avoir si bien reçu les Romains... d'avoir si
bien tâté leur trique... si bien rampé sous les fourches... si bien orienté
leurs miches... si bien avachi leurs endosses. Ils s'en congratulent encore à
18 siècles de distance !.. Toute la Sorbonne en jubile !... Ils en font tout
leur bachot de cette merveilleuse enculade ! Ils reluisent rien qu'au
souvenir !... d'avoir si bien pris leur pied... avec les centurions bourrus...
d'avoir si bien pompé César... d'avoir avec le dur carcan, si étrangleur, si
féroce, rampé jusqu'à Rome, entravés pire que les mulets, croulants sous les
chaînes... sous les chariots d'armes... de s'être bien fait glavioter par la
populace romaine... Ils s'esclaffent encore tout transis, tout émus de cette
rétrospection... Ah! qu'on s'est parfaitement fait mettre!... Ah! la grosse !
énorme civilisation !... On a le cul crevé pour toujours... Ah ! mon popotas
!... fiotas ! fiotum !... Ils s'en caressent encore l'oigne... de
reconnaissance... éperdue... Ah! les tendres miches !... Dum tu déclamas !...
Roma !... Rosa ! Rosa !... Tu pederum !... Rosa ! Rosa ! mon Cicéron ! »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles
pour un massacre, 1937.
ENCULÉ, subs.
Le participe passé enculé est devenu, comme
substantif, une injure grave dans l’argot contemporain :
« Vos insultes là-dessus en disent plus qu’un
long discours. Celle notamment dont les chauffeurs de taxis gratifient
immanquablement, et presque toujours à tort, qui les gêne. Trois syllabes qui
nous clouent au pilori en nous accusant de supporter ce que, me dit-on, il vous
arrive de faire subir à vos femmes. »
Pierre Démeron, Lettre ouverte aux hétérosexuels,
1969.
« Il fait pas bon être pédé
Quand t’es entouré d’enculés. »
Renaud/Séchan, Petit pédé, 2002.
« Tu es Juif et homo ? Un enculé au bout
coupé ? »
Message produit par PBA sur une liste de discussion
d’Attac en septembre 2005.
ENCULER/ACCULER
Enculer est
d’apparition légèrement ultérieure à sodomiser (1651).
« En vertu de tels édits,
Un honnête homme qui accule
Son page, sa chèvre ou sa mule
Ira droit en paradis. »
Epigramme sur la bulle de Sourdis, 1600.
[François d'Escoubleau (1570-1628), marquis de
Sourdis, archevêque de Bordeaux (1591) et cardinal (le 3 mars 1598 ou 1599)]
« Imitons Henri [prince de Condé] ce bonhomme
Il nous donne des leçons ;
Car il n’encule ni n’enconne,
Si ce n’est la main des garçons
Et s’écrie en branlant la pique
Culs et cons je vous fais la nique. »
Recueil Maurepas, année 1666, BnF, mss fr 12639, tome 24, page 35.
« Il [Louis-Joseph de Vendôme] était sodomite.
Mais il eût été à souhaiter qu’au lieu de bougre, l’auteur eût pu mettre bardache,
car le grand plaisir de ce duc était de se faire enculer, et il se
servait pour cela de valets et de paysans, faute de plus gentils
ouvriers. On dit même que les paysans des environs de sa belle maison
d’Anet se tenaient avec soin sur son chemin lorsqu’il allait à la chasse, parce
qu’il les écartait souvent dans les bois pour se faire foutre et leur donnait à
chacun une pistole pour le prix de leur travail»
Recueil Maurepas, année 1695, BnF, mss fr 12623, tome
8, p. 229. Commentaire du dernier vers d’une épigramme, « C’est le
meilleur bougre du monde. »
« On ne voit que f[outre] couler !
Le beau Narcisse, pâle et blême,
Brûlant de se foutre lui-même,
Alexis Piron, Ode à Priape, vers 1710, dans Recueil de pièces choisies..., 1735, pages 17-22, sous le simple titre ODE.. Le
marquis de Sade écrira (dans Juliette) une forte parodie de cette Ode.
Selon l'écrivain Honoré Bonhomme, Piron, né en 1689, avait 20 ans
lorsqu’il composa cette ode.
« Au clair de la lune, dans un bosquet de
Versailles, il plaisait à ces jeunes seigneurs qui sont presque tous
nouvellement mariés de s’enculer assez publiquement. Le marquis de
Rambure [quelques mots rayés] par toute la bande, et l’on dit qu’il en voulait
à M. l’abbé de Clermont qui est de l’âge du Roi [Louis XV, alors âgé de 12
ans]. Il est à la Bastille et les autres sont exilés, l’un d’un côté, l’autre
d’un autre. Tout cela, hors le duc de Retz, n’a guère plus de 20 ans. »
E. J. F. Barbier, Journal historique et anecdotique,
août 1722, BnF, mss fr. 10285, folio 229 verso.
Le verbe se rencontre ensuite dans des poésies libres
écrites vers 1730 et attribuées à Ferrand ou à Jean-Baptiste Rousseau :
« Lorsque les deux anges blondins
Aux sodomites apparurent,
Deux des plus nobles citadins
En rut après eux accoururent.
Les anges eurent beau voler,
Les bougres pour les enculer
À leurs dos si fort se lièrent,
Qu’emportés là-haut tout brandis,
En déchargeant ils s’écrièrent :
« Prenez garde à lui, c’est un serpent qui se
glisse : il monte chez vous, veillez des yeux votre femme, ressserez vos
filles, éloignez vos garçons ; bougre, bardache, fouteur, il est entré,
vous êtes sorti, tâtez-vous le front, visitez votre femme, vos filles, vos
fils, tout est foutu, tout est enculé ! »
[Gervaise
de Latouche], Histoire de Dom B[ougre] portier des Chartreux,
1741, réédité en 1976.
Et
dans le même texte :
« Il
avait des yeux qui nous enculaient de cent pas, et dont le regard
farouche ne s’attendrissait qu’à la vue d’un joli garçon, alors le bougre
entrait en rut, il hénissait, sa passion pour le cas antiphysique était si bien
établie qu’il était redoutable aux Savoyards mêmes. »
Cet
auteur connaissait aussi le verbe parallèle enconner :
« Je
me mis en devoir d’enconner ma charmante, et mon bougre de m’enculer. »
Ce
verbe se retrouve sous la plume du marquis de Sade et dans les écrits
satiriques de la période révolutionnaire.
« Vous
tremblez de voir détruire votre société, d’être forcé à renoncer au doux
plaisir d’enculer. Eh bien, Messieurs, prenez des moyens pour écarter un
malheur dont la seule idée vous fait frémir. »
Anonyme,
Délibération du conseil général des gougres et des bardaches, 1790.
« Je
pourrais citer l’exemple de Socrate qui enculait Alcibiade au vu et au
su de tout le monde, et cependant les femmes grecques étaient assez belles pour
inspirer des désirs aux hommes, et les faire bander. »
Anonyme, Les
Petits bougres au Manège, 1790.
Au
XIXe siècle, enculer est signalé par les dictionnaires d’argot ;
on le rencontre aussi dans la correspondance de Gustave Flaubert, dans des vers attribués à Théophile
Gautier :
Flaubert : « Que
dis-tu de ceci : des brigands grecs ont un jour une riotte [querelle] avec la
gendarmerie. Ils s’emparent de l’officier et de trois gendarmes, les enculent
à outrance et les renvoient ensuite sans leur avoir fait autre chose. Quelle
ironie de l’ordre ! »
Lettre
à Louis Bouilhet, 10 février 1851.
Gautier : « Que
les chiens sont heureux !
Dans
leur humeur badine,
Ils
se sucent la pine,
Ils
s’enculent entre eux !
Que
les chiens sont heureux ! »
Cité
par Alfred Delvau, Dictionnaire érotique, 2e édition, qui
attribue ces vers au Parnasse satyrique.
Alfred Delvau : « ENCULER. Introduire
son membre dans le cul d’une femme, lorsqu’on est sodomite, – ou d’un homme,
lorsqu’on est pédéraste. » (Dictionnaire érotique moderne..., 1864 et 2e édition, 1874).
Jules Choux : « Allez
vous faire foutre ! Expression injurieuse qui ne peut convenir à aucun
homme, fût-il dans le cas de se faire enculer.
On le fait, c’est peut-être bon ; mais on n’aime pas à s’entendre dire
qu’on le fait. » (Le Petit citateur,
1881)
« Par
une porte entrouverte qui laissait voir dans le cabinet de travail du général,
Mony aperçut son chef debout et en train d’enculer un petit garçon
charmant. »
Apollinaire,
Les Onze mille verges, chapitre 5, 1907.
À
la fin du XIXe siècle, l’argot connaissait une profusion de
synonymes signalés par Aristide Bruant à l'entrée " pédéraste " : « Avoir des rapports avec un pédéraste. L'empétarder, l'encaldosser, l'enfifrer, l'entaler, etc. Toutes ces expressions sont de la plus basse obscénité. » (Dictionnaire français-argot, Paris : Flammarion, 1905).
Le
verbe figure évidemment dans la langue du romancier Louis-Ferdinand Céline,
avec un assez grand nombre de variantes, dont engider.
« Triste sire. Allez vous faire enculer et
n'en faites pas un fonds de commerce. Je vous méprise trop pour employer une
formule de politesse. »
Lettre du sénateur RDSE François Abadie (1930-2001) à
Sébastien Chenu, 19 juillet 2000.
ENCULERIE
Supercherie, chose méprisable, selon Wiktionnaire.
« Mais quelle enculerie ce genre de
liens »
Fabien Gregh-Partenay, sur facebook, 31
décembre 2009.
ENCULEUR
« L’archevêque de Narbonne encule son enculeur. »
Anonyme, Bordel apostolique, 1790.
Un pamphlet contre-révolutionnaire, Les Petits
bougres au Manège [1790], portait comme sous-titre : « Réponse de
M. ***, Grand-maître des enculeurs, et de ses adhérents, à la requête
des fouteuses, des maquerelles et des branleuses, demanderesses. »
« Du fils de dieu la voix horrible,
Tâche
en vain de parler au cœur :
Un cul paraît, passe-t-il outre * ?
Non, je vois bander mon jean-foutre,
Et Dieu n’est plus qu’un enculeur.
[…]
D’enculeurs l’histoire fourmille,
On en rencontre à tout moment. »
* Celui de Jean-Baptiste, bardache aimé du fils de
Marie. »
Marquis de Sade, Histoire de Juliette [1801], 4ème
partie [parodie de l’Ode à Priape de Piron], in Œuvres,
Paris : Gallimard, 1998, édition Michel Delon.
Le Dictionnaire érotique moderne (1864) d’Alfred Delvau donne
« ENCULEUR. Sodomite ou pédéraste, selon que sa pine s’adresse à un cul féminin ou à un cul masculin, ce qui, en somme, est toujours la même chose – et la même merde. »
puis explicite, purement et simplement, à l'entrée sodomite, la différence avec pédéraste :
« Le premier ne copule qu’avec les hommes, et le
second avec l’un et l’autre sexe ; le pédéraste peut, d’enculeur,
devenir enculé, tandis que le sodomite reste purement et simplement un enculeur. »
ENCULISME
« Il
n'y a pas plus d'égoïsme en France qu'il n'y a d'individualisme. Il y a en
France comme partout dans le monde esclavage et esclavage (et de l'enculisme
à la rigueur, de plus en plus d'enculisme). On ne peut appeler méchant
celui qui n'a pas les moyens d'être bon. On ne peut appeler égoïste celui qui
n'a pas les moyens d'être généreux. »
Jean-Pierre
Voyer, L’anti-bloc-notes de Louis-Henri Brulard, août 1996.
ENDAUFFER
Argot pour « sodomiser » ; apparu au
XIXe siècle, on l’entend encore parfois de nos jours.
ENDROIT
De même que pour « devant/derrière », on a
parfois eu recours à l’opposition endroit/envers
pour signifier l’opposition entre deux goûts.
On
observera que ces Jeudis sont à nous ce que sont les Indiens aux Européens.
Ceux-ci font le diable noir, parce qu'ils sont blancs ; ceux-là le font blanc,
parce qu'ils sont noirs. C'est ainsi que l'apostat vicomte appelle revers ce qui
pour nous est l'endroit, et réciproquement. »
Andréa
de Nerciat, Les Aphrodites, 5e partie, " Passe pour ceux-ci ".
« AMOUR SOCRATIQUE. La pédérastie, que Socrate pratiquait si volontiers à l’endroit – je veux dire à l’envers d’Alcibiade. » Alfred Delvau, Dictionnaire érotique, 2e édition.
« Favorable
au préservatif pour lutter contre l'épidémie du sida, l'abbé Pierre [Henri
Grouès] était ainsi très ouvert sur le mariage et l'adoption par les couples
homosexuels. Longtemps, son secrétaire fut d'ailleurs Jacques Perotti, curé et
militant homosexuel qui fonda l'association des cathos gays David et Jonathan.
L'abbé Pierre n'était pas de ceux qui pensent qu'on ne doit aimer qu'à l'endroit.
Sur sa tombe, il souhaitait qu'on inscrive juste : "II a essayé
d'aimer". »
Isabelle
Monnin, « Les confessions scandaleuses », Le Nouvel Observateur,
25 janvier 2007.
ENFANT
D'HONNEUR
« Si tu veux me servir deux jours d’enfant
d’honneur.
Et sais-tu quel est cet usage ?
Il te le faut expliquer mieux.
Tu connais l’Echanson du Monarque des Dieux ?
Anselme.
Ganimède ?
Le More.
Celui-là même.
Prend que je sois Jupin le Monarque suprême,
Et que tu sois le Jouvenceau :
Tu n’es pas tout-à-fait si jeune ni si beau.
Anselme.
Ah Seigneur, vous raillez, c’est chose par trop sûre :
Regardez la vieillesse, et la magistrature.
Le More.
Moi railler ? point du tout.
Anselme.
Seigneur.
Le More.
Ne veux-tu point ?
Anselme.
Seigneur… Anselme ayant examiné ce point
Consent à la fin au mystère.
Maudit amour des dons, que ne fais-tu pas faire !
En Page incontinent son habit est changé :
Toque au lieu de chapeau, haut-de-chausse troussé.
La barbe seulement demeure au personnage.
L’enfant d’honneur Anselme, avec cet
équipage,
Suit le More partout. »
La Fontaine, Contes, III (1671), xiii, « Le petit
chien ».
« Bardache : jeune garçon dont les
gens de mœurs levantines abusent. On disait enfant d’honneur. »
Hector France, Dictionnaire de la langue verte, 1907,
réédition Nigel Gauvin, 1990.
Jean Genet :
« Enfant d’honneur si beau couronné de lilas !
Penche-toi sur mon lit, laisse ma queue qui monte
Frapper ta joue dorée. Écoute, il te raconte,
Ton amant l’assassin sa geste en mille éclats. »
Le Condamné à mort, 1942.
ENFANT
DE SODOME
"Que
faisait Créquy dans Rome
De
défendu par la loi ?
Il
est enfant de Sodome
Et
Romain de bonne foi.
Un
réformé de Genève
N'eût
pas reçu plus d'affronts.
Quoi,
dans Rome comme en [place de] Grève,
Veut-on
fronder les chaussons ?"
BnF, mss 673 (Tallemant des
Réaux), folio 109 recto ; il s'agit de Charles, duc de Créquy, mort en 1687.
Pamphlet anonyme titré : Les Enfants de Sodome
à l’Assemblée Nationale ou Députation de l’Ordre de la Manchette, en 1790
[BnF Enf 638]. Réédité en 2005 par Patrick Cardon.
« Mais pourquoi n’êtes-vous donc pas classé dans
l’Almanach des enfants de Sodome ? »
Compère Mathieu, Suite des Pantins des Boulevards,
1791.
ENFIFRÉ
Non-conformiste,
selon Delvau (Dictionnaire de la langue verte, supplément, 1883).
ENFOIRÉ,
ENFOIRER
François Caradec donne enfoiré = homosexuel, et enfoirer
= sodomiser.
ENFIGNEUR
Charles Virmaitre, Dictionnaire..., 1894 :
ENGANYMÈDER
Daterait du XVIe siècle d’après M/ de
L’Aulnaye qui le définissait : « faire la sodomie » (Erotica
verba, in Rabelais, Œuvres, 1820 ; mais ce verbe ne se trouve
pas chez Rabelais)
« J’en connais d’assez peu sages
pour enganyméder leurs pages. »
Scarron, Poésies diverses, 1654.
« Enganyméder : Abuser honteusement
d’un jeune garçon. Ce terme est de style burlesque. »
P. Richelet, Dictionnaire français, 1679-1680.
Dans ses notes sur Martial, Beau prenait soin de
signaler ce verbe.
ENTRÉE DES ARTISTES
« ENTRÉE
DES ARTISTES. Le cul, par allusion à la porte par laquelle entrent les acteurs
et qui est ordinairement derrière la façade du théâtre et à l’opposite de celle
par laquelle entre le public. » (Alfred Delvau, Dictionnaire érotique, 2e
édition 1866).
« Les
artistes entrent au théâtre par la porte de derrière. Quand un professionnel
[un habitué] a des goûts antiphysiques il pénètre chez son Jésus par l’entrée
des artistes (Argot du peuple) »
Charles
Virmaître, Supplément, 1896.
ENVERS
« Pourceau le plus cher d’Épicure,
Qui, contre les lois de nature,
Tournez vos pages à l’envers,
Et qui, pris aux chaînes des vices
Vous plongez dedans leurs délices,
J’ai des limbes entendu vos vers. »
Sieur de Sigognes, Ode, in Cabinet satyrique
ou Recueil parfait des vers piquants et gaillards de ce temps, 1618.
« AMOUR SOCRATIQUE. La pédérastie, que Socrate pratiquait si volontiers à l’endroit – je veux dire à l’envers d’Alcibiade. » Alfred Delvau, Dictionnaire érotique, 2e édition.
« Le monde de la pédérastie constitue au milieu
de la société un monde à part, — ajoutons et à l’envers, — fermé,
inaccessible au profane, qui a son histoire, son organisation, sa langue, son
personnel, sa hiérarchie, son recrutement, son enseignement, ses traditions,
ses modes, sa tenue, ses procédés, sa criminalité, sa solidarité et sa
psychologie ; par où il est démontré que ce monde-là ne se refuse
rien. »
J. Chevalier, " De l’inversion sexuelle aux points
de vue clinique, anthropologique et médico-légal ", Archives
d’Anthropologie Criminelle, n° 31, 15 janvier 1891.
ÉPÉES DU CHEVET
« À la Cour [d'Henri IV], on ne parle que de
duels, puteries et maquerelages ; le jeu et le blasphème y sont en crédit ; la
sodomie - qui est l'abomination des abominations - y règne tellement qu'il y a
presse à mettre la main aux braguettes ; les instruments desquelles ils
appellent entre eux, par un vilain jargon, les épées du chevet. [...]
Dieu nous a donné un prince tout dissemblable à Néron, c'est-à-dire bon, juste,
vertueux et craignant Dieu, et lequel naturellement abhorre cette
abomination. »
Pierre de l'Estoile, Mémoires-Journaux, tome
IX, page 187, décembre 1608.
ÉPINE cf DÉLIT D'ÉPINE
ÉPINE cf DÉLIT D'ÉPINE
ÉPHÈBE, ÉPHÉBIQUE
Le T.L.F. reconnaît à ce terme « une nuance d’ironie ou une idée
d’homosexualité » ; on peut suivre cette dernière depuis le milieu du
XIXe siècle :
« Un
petit bonhomme gras et douteux, éphébique et féminin, avec sa tête
d’Alsacienne, les cheveux blonds, en baguettes, tombant droit de la raie du
milieu de sa tête, en redingote allemande de séminariste, dans l’ouverture de
laquelle se flétrit un peu de lilas blanc, – tapette étrange et
inquiétante. »
Edmond et Jules Goncourt, Journal. Mémoires de la
vie littéraire de 1851 à 1896, Paris : Fasquelle/Flammarion, 1956, 4 mai
1865.
« On remplit le presbytère et l'église de jeunes et beaux garçons, ayant au moins quinze ans, n'en ayant pas plus de dix-huit, — enfants frais et roses, à la tournure molle, aux regards malins, aux voix féminines, aux lèvres épaisses et bien rouges, élèves ardents et disciples fidèles qui apprennent tout ce qu'on leur enseigne et n'oublient rien de ce qu'ils ont appris ; troupeau voué à la corruption par des calculs infâmes, d'où sortiront à vingt ans les jeunes prêtres à qui vous confierez vos femmes, les ignorantins à qui vous confierez vos enfants, ô pères de famille. Certes, la religion catholique est en progrès sur le
paganisme. Celui-ci avait ses confréries de vierges ; – les catholiques y
ont ajouté les maîtrises de jeunes éphèbes. »
Louis Baudier, L’Arlequin démocratique, Paris : Mme Veuve Millière, 1873,
« Sur les genoux de l’Église », V.
« Il [Chouard] est vêtu d’un petit paletot gris à
collet de velours, et sur le plastron de sa chemise s’étalent les bouts
flottants d’une cravate bleue, signe distinctif ordinaire des éphèbes de
barrière [de faubourg]. »
« Affaire de Germiny », La Tribune,
25 décembre 1876.
En avril 1877, une gazette judiciaire rendit ainsi
compte d’une affaire d’outrage aux bonnes mœurs à Paris :
« On sait quelle était autrefois, sous le rapport
des mœurs, la triste réputation de l’allée des Veuves [avenue Montaigne], aux
Champs-Élysées. Depuis quelque temps, cette fâcheuse notoriété semblait
transportée au passage Jouffroy [9e arrondissement], et la chronique
s’alimentait des scènes scandaleuses qu’on disait s’y passer tous les soirs.
On voyait, en
effet, circuler là des sortes d’éphèbes, au visage efféminé, aux airs
alanguis, adressant aux hommes des regards provocateurs, et, quand ils
croyaient pouvoir le faire, joignant aux propos obscènes des gestes plus
obscènes encore. »
À une enquête sur la crise de l’amour, Paul Verlaine
répondit :
« Les philosophes grecs aimaient les belles
formes. Leur cœur s’attachait de préférence aux nobles lignes que les beaux éphèbes
déployaient dans les exercices du gymnase […] quelques esprits délicats de nos
jours, heurtés par le côté bassement matériel de l’amour, par le prosaïsme des
rapports journaliers, frappés de l’incomplet des formes féminines, du manque
d’esthétique de leur amitié toujours peu sûre, ont jugé que la passion
ordinaire ne pouvait jamais atteindre à ce haut point de désintéressement où se
joue l’amitié entre hommes. L’amitié-passion, voilà le remède que vous
cherchez. »
La Vie parisienne, 26 septembre 1891.
On a su par Jules Renard que :
« L ‘éphèbe Marsolleau va d’ami en
ami. »
Journal,
23 décembre 1891.
« Des éphèbes de dix-sept ou dix-huit ans
minaudent et font les 'folles' ».
Henry-Marx, Ryls, un amour hors-la-loi, Paris : Ollendorff, 1924.
« Par pédéraste, on entend généralement
l’homme qui recherche les éphèbes pour leur beauté. Ainsi la pédérastie
relève-t-elle de l’esthétique, pas du tout de la clinique. Le pédéraste n’a
rien d’anormal a priori. »
Marcel Jouhandeau, Corydon résumé et augmenté,
1951.
«
Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent
énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont
sinistres et on pourrait juger qu'un tel spectacle, abominable d'un point de
vue moral, est aussi d'une vulgarité repoussante. Mais il me plaît au-delà du raisonnable.
»
Frédéric Mitterrand, La
Mauvaise Vie, Robert Laffont, 2005.
Parmi les dérivés, on rencontre éphébophile
dans une traduction de Magnus Hirschfeld, éphébophilie dans des
publications médicales, éphébérastie dû à Willy, éphébisme chez
Jean Lorrain.
ÉQUIVOQUE,
ÉQUIVOQUER
« Et Socrate, l’honneur de la profane Grèce,
Qu’était-il en effet, de près examiné,
Qu’un mortel, par lui-même au seul mal entraîné ;
Et malgré la vertu dont il faisait parade,
Très équivoque ami du jeune
Alcibiade. »
Boileau, Satires, XII [1706].
Pierre Daniel Huet (sur l'humaniste italien Ange Politien) : « Je ne dis rien de ses mœurs, et de sa religion. Il a eu sur cela une réputation fort équivoque, et ce défaut qui est capital, a obscurci toutes ses autres vertus ; d'autant plus que son caractère de Prêtre, et son emploi de Chanoine, requéraient une vie réglée, et des mœurs exemplaires. »
Huetiana, ou pensées diverses de M. Huet, VII, publié par l'abbé Pierre-Joseph d'Olivet (1682-1768).Paris : J. Estienne, 1722.
« L’Univers sait que l’équivoque marquis
de Villette est le président perpétuel du formidable district des citoyens
rétroactifs, partant zélé partisan de la Constitution où tout est sens devant
derrière. »
Andréa de Nerciat, Les Aphrodites, 1793, 1ère
partie, « À bon chat : bon rat ».
« […]
chansons d’amour arabes qui rappellent aux commerçants l’équivoque
classique de l’églogue de Corydon. » (Virgile, Églogues, II).
Gérard
de Nerval, Voyage en Orient, " Les femmes du Caire ".
« La
conversation tourne, se retourne et va à M. de Custine. On équivoque.
L’allusion joue. La pédérastie flotte sous la plaisanterie. »
Edmond
et Jules Goncourt, Journal. Mémoires de la vie littéraire de 1851 à 1896,
Paris : Fasquelle/Flammarion, 1956, 31 décembre 1862.
Eugène Gilbert, appréciations sur Georges Eekhoud,
« Il déconcerte, et parfois même il blesse, par ses crudités de style et d'images, par son intransigeance têtue et quelquefois tendancieuse, par ses jugements préconçus et trop généralisés, et, enfin, par le choix équivoque de certains sujets dont le bon goût littéraire même est atteint. »
La Société nouvelle — Revue internationale — Sociologie, arts, sciences, lettres, 19e année, décembre 1913 (numéro spécial consacré à Georges Eekhoud).
La Société nouvelle — Revue internationale — Sociologie, arts, sciences, lettres, 19e année, décembre 1913 (numéro spécial consacré à Georges Eekhoud).
ÉROS
Robert Flacelière, ancien directeur de l'École normale supérieure : " Pour les Grecs, Éros préside en premier lieu à l'attachement passionné d'un homme pour un garçon, et Aphrodite aux relations sexuelles d'un homme avec une femme. " (L'Amour en Grèce, Paris : Hachette, 1960, chapitre II).
Paru en 1970 :
CE QU’EN DIT L’ÉDITEUR :
Depuis des siècles de civilisation chrétienne, l’homosexualité relève du “péché muet” on ne brûlait pas seulement les condamnés, mais les pièces du procès. Aujourd’hui encore elle est tenue pour perversion, maladie ou “bizarrerie” par les “normaux”. Mais comment se fait-il que cette perversion ait été pratiquée dans tout le monde antique et même parfois honorée, érigée en règle de morale ? La biologie, l’histoire, la psychanalyse ont tenté des explications diverses. Chacune est intéressante ; aucune ne satisfait. Au prix d’un long travail qui passe de l’enquête journalistique à la documentation de l’érudit, Françoise d’Eaubonne propose une réponse originale.
Selon le pape Benoît XVI : « L'Ancien Testament grec utilise deux fois seulement le mot eros, tandis que le Nouveau Testament ne l'utilise jamais : des trois mots grecs relatifs à l’amour – eros, philia (amour d’amitié) et agapè – les écrits néotestamentaires privilégient le dernier, qui dans la langue grecque était plutôt marginal. En ce qui concerne l'amour d'amitié (philia), il est repris et approfondi dans l’Évangile de Jean pour exprimer le rapport entre Jésus et ses disciples. La mise de côté du mot eros, ainsi que la nouvelle vision de l’amour qui s’exprime à travers le mot agapè, dénotent sans aucun doute quelque chose d’essentiel dans la nouveauté du christianisme concernant précisément la compréhension de l’amour. Dans la critique du christianisme, qui s’est développée avec une radicalité grandissante à partir de la philosophie des Lumières, cette nouveauté a été considérée d’une manière absolument négative. Selon Friedrich Nietzsche, le christianisme aurait donné du venin à boire à l’eros qui, si en vérité il n’en est pas mort, en serait venu à dégénérer en vice [Jenseits von Gut und Böse, IV, § 168 ( Par delà le bien et le mal)]. » Deus caritas est, § 3, 25 décembre 2005.
ÉROTISME
D'EN FACE
Raymond
de Becker, L'Érotisme d'en face, Pauvert, 1964. Bibliothèque
Internationale d'Erotologie, n° 12.
ÉTRANGE
"Je
n'ai eu pour régent que des écoliers écossais, et vous des docteurs jésuites
[...] Vous m'avisez du mal que donnent les garces : priez Dieu que les
chirurgiens ne découvrent jamais la cause qui vous fit éviter celui-là pour
vous en donner un pire. On dit que vous êtes un étrange mâle : je
l'entends au rebours, et je ne m'étonne pas si vous êtes si médisant contre les
dames."
Lettre
de Théophile de Viau à Guez de Balzac, 1626, in F. Lachèvre, Le Procès de
Théophile de Viau, Bibliothèque des Curieux, 1909.
ÊTRE DE LA CONFRÉRIE, DE LA
CORPORATION, DE LA PROCESSION, DU BÂTIMENT
Alfred Delvau :
Dictionnaire érotique moderne..., 1864.
« Être
de la procession. Être du métier. On dit aussi En être. »
Alfred
Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 2e édition, 1883.
Être du bâtiment : dans
le film français Pédale douce (Gabriel Aghion, 1996).
Au
XVIIIe siècle : être de la clique, ou du commerce infâme ;
au XIXe : être de la corporation, de la Garde Nationale,
Pour Charles Virmaitre, " GARDE NATIONALE (En être) : Femme pour femmes (Argot des filles). " (1894).
Être de la
procession ; au XXe : être de la pédale, de la jaquette flottante, de
la corporation, en être une.
ÊTRE POUR HOMMES, ÊTRE POUR
LES HOMMES
Expression
donnée par Alfred Delvau comme signifiant « être pédéraste » (Dictionnaire érotique moderne, 1864). Henri
Bauche l’a signalée en 1920, l’expliquant par « aimer les hommes
(sodomie) ».
« Dans
ce café bondé d’imbéciles, nous deux,
Seuls,
nous representions le soi-disant hideux
Vice
d’être "pour hommes" et sans qu’ils s’en doutassent
Nous
encaguions ces cons avec leur air bonasse,
Leurs
normales amours et leur morale en toc. »
Paul
Verlaine, Hombres, XII [1891].
« [Gertrude] :
Si monsieur Lucien était pour les hommes, est-ce qu’il courtiserait
cette gentille demoiselle qui vient de me donner encore un louis à propos
de rien ?’
Binet-Valmer,
Lucien, III, ii, Paris : P. Ollendorff, 1910.
ÉVÊQUE
DE CLOGHER
Cette
expression tire son origine d’un fait divers londonien, le 19 juillet
1822 ; Percy Jocely, évêque de clogher, fut surpris en compagnie d’un
soldat dans la back room d’un pub, dans Haymarket ; arrêté puis
relâché, il se serait réfugié à Ostende, puis en France et enfin
en Écosse où il aurait fini ses jours le 2 décembre 1843.
Stendhal mentionna un récit de voyage en Angleterre écrit par le marquis de Custine,
ajoutant :
« On dit l’auteur a
member of the clergy of the R[ight] R[everend] bishop of Klogher. »
Lettre
à Sutton Sharpe, 10 janvier 1830.
Dans
des notes manuscrites pour Lucien Lewen, Stendhal indiquait :
« Milord
Link est un évêque de Clogher, mais ne pas le dire. »
« Lord
Link = évêque de Clogher. Mais cela ne peut pas se dire. ».
« –
Modèle : marquis Courtenay de Draveil. »
Chapitre
31.
Il
est encore question de l’amour de l’évêque de Clogher dans le chapitre XXXI de La Vie de Henri Brûlard :
« Benoît,
bon enfant qui se croyait sincèrement un Platon parce que le médecin Clapier
lui avait enseigné l’ amour (de l’évêque de Clogher). »
Cette
expression eut un correspondant en anglais avec the crime of Clogherism (William Benbow, The Crimes of the clergy, 1823).
Étudiant
l’homosexualité « intérieure et virtuelle » de Stendhal, Philippe
Berthier donna comme titre à son article : « Portrait de Stendhal
en évêque de Clogher » (Stendhal Club, 15 janvier 1983).
EXCÈS CONTRAIRE
« Les Lacédémoniens
[Spartiates] furent de tous les Grecs ceux qui se livrèrent le moins à l’amour
contre nature ; ils donnèrent peut-être même dans l’excès contraire,
car Aristote leur reproche d’avoir laissé prendre trop d’empire à leurs
femmes. »
Étienne. Clavier, Histoire des premiers temps de la Grèce,
1809.
EXERCER,
EXERCICE, EXERCICE À LA BULGARE, EXERCICE BULGARE
Le
sens homosexuel d’exercer remonte au latin de Sénèque le Jeune : marem exerceo, j’exerce sur un mâle, dit Hostius Quadra
dans les Questions naturelles (I, xvi, 7)
« Ils
[les jésuites] seront charmés d’avoir un capitaine qui fasse l’ exercice à
la bulgare […] Quel plaisir auront Los Padres quand ils sauront qu’il
leur vient un capitaine qui sait l’exercice bulgare . »
Voltaire,
Candide, ou l’Optimisme, XIV.
« J’ai
vu tout récemment un grand notaire en lunettes, qui est é….. et jésuite,
faisant faire l’exercice à un petit bonhomme en casquette. »
Fournier-Verneuil,
Paris, Tableau moral et philosophique, 1826.
« [Alphonse]
Daudet remémore le cynisme de la parole de Rimbaud, jetée tout haut en plein
café et disant de Verlaine : "Qu’il se satisfasse sur moi, très
bien ! Mais ne veut-il pas que j’exerce sur lui ? Non, non, il
est vraiment trop sale et a la peau trop dégoûtante !" »
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