Fragments
posthumes, 1870-1872,
U I 3-3a, septembre 1870 -
janvier 1871 : 5[106] : Qu’est-ce que l’éducation ? [Was ist Erziehung ?]
UI 5a, hiver 1870-1871 - automne 1872 : 8[57] : l’éducation de tous
n’est qu’un préstade du communisme. [Die allgemeine Bildung ist nur ein Vorstadium des Communismus: Die Bildung wird auf diesem Wege so abgeschwächt, daß sie gar keine Privilegien mehr verleihen kann. Am wenigsten ist sie ein Mittel gegen den Communismus. Die allgemeinste Bildung d.h. die Barbarei ist eben die Voraussetzung des Communismus. Passage d'interprétation difficile.]
8[62] : impossibilité de la philosophie à l’Université.
D'où aussi impossibilité d’une vraie formation classique. [Die deutsche Wissenschaft und die deutsche Bildung.
Die Unmöglichkeit der Philosophie auf Universitäten.
Darum auch wieder Unmöglichkeit einer wahren klassischen Bildung.]
8[65] : [Das ist etwas Neues. Der Staat als Führer der Bildung. Bei ihm wirken Elemente, die der wahren Bildung entgegengesetzt sind: er rechnet auf die Breite, er richtet sich die vielen jungen Lehrer ab. Lächerliche Stellung der klassischen Bildung: der Staat hat ein Interesse an dem „fachmäßigen“ Lakoniker: wie er in Betreff der Philosophie entweder nur die fachmäßig philologische oder die panegyrische Staatsphilosophie fördert. [...] Eine Menge Lehrer sind nöthig. Es sind Methoden ersonnen, wie sie mit dem Alterthum verkehren können.
Die Lehrer dürften gar nicht mit dem Alterthum verkehren. Aeschylus!
Die Sprachwissenschaft.]
U I 4a, 1871 : 9[70] : Égalité
de l’enseignement pour tous jusqu’à 15 ans.
Car la prédestination au lycée
par les parents, etc. est une injustice. [Gleichheit des Unterrichts für Alle bis zum 15ten Jahre.
Denn die Prädestination zum Gymnasium durch Eltern usw. ist ein Unrecht.]
5) Le concept épouvantable de maître d’école et
d’instituteur
Le métier de
professeur proprement dit, l’état de professeur est à briser. Donner l’enseignement est
un devoir de l’homme d’âge. [Der schreckliche Begriff des Volkslehrers und Elementarlehrers. Der eigentliche Lehrerberuf, der Lehrerstand ist zu brechen. Unterrichtgeben ist eine Pflicht der älteren Männer.]
L’enseignement classique n’est de toute façon fécond
que pour un petit nombre. [Der klassische Unterricht ist überhaupt nur für eine kleinere Zahl fruchtbar.]
P I 16b,
printemps 1871 - début 1872 : 14 [11] : " Le principe pédagogique
correct ne peut être que celui de mettre la plus grande masse dans le juste rapport avec l’aristocratie spirituelle ; c’est là proprement la
tâche de la culture (selon les trois possibilités hésiodiques) ; " [Celui
qui pense par lui-même - celui qui se rend au bon avis - l'esprit faux]. [Das richtige Erziehungsprincip kann nur sein, die größere Masse in das rechte Verhältniß zu der geistigen Aristokratiezu bringen: das ist die eigentliche Bildungsaufgabe (nach den drei Hesiodischen Möglichkeiten)]
Considérations inactuelles, I, David Strauss, 1873 :
§ 1: « Nous autres Allemands, dit un jour Goethe à Eckermann, nous sommes d'hier ; il est vrai que depuis un siècle, nous nous sommes solidement cultivés, mais il se peut bien qu'il se passe encore deux siècles avant que nos compatriotes se pénètrent d'assez d'esprit et de culture supérieure pour que l'on puisse dire d'eux qu'il y a très longtemps qu'ils ont été des barbares. »
[„Wir Deutsche sind von gestern, sagte Goethe einmal zu Eckermann, wir haben zwar seit einem Jahrhundert ganz tüchtig kultivirt, allein es können noch ein paar Jahrhunderte hingehen, ehe bei unseren Landsleuten so viel Geist und höhere Kultur eindringe und allgemein werde, dass man von ihnen wird sagen können, es sei lange her, dass sie Barbaren gewesen.“]
Louis Dumur, " Nietzsche et la « culture »,
Mercure de France, 1er février 1908.
Sur
l’avenir de nos établissements d’ enseignement, 1874 [Conférences],
Préface : L’avenir de nos moyens et méthodes d’éducation est lié à l’avenir de la culture [Bildung]
nos méthodes modernes : méthodes anti-naturelles de formation [Bildung].
I [16 janvier 1872] : ridicule disproportion
entre le nombre des hommes vraiment cultivés et l’énorme appareil de la culture
[Bildung]
Deux courants dominent nos
établissements d’enseignement :
- pulsion vers l’extension,
à l’élargissement maximal de la culture [Bildung]
- pulsion vers la réduction,
à l’affaiblissement de la culture elle-même
La
culture, pour diverses raisons, doit être étendue aux milieux les plus vastes –
voilà ce qu’exige une tendance. L’autre invite au contraire la culture à
abdiquer ses ambitions les plus hautes, les plus nobles, les plus sublimes, et
à se mettre avec modestie au service de n’importe quelle autre forme de vie,
l’État par exemple.
La culture [Bildung]
la plus universelle, c’est justement la barbarie.
II [6 février 1872] :
Le gymnasium
enseigne non pour la culture [Bildung] mais seulement pour
l’érudition ; il prend depuis peu l’allure de ne plus enseigner pour
l’érudition, mais pour le journalisme.
C’est l’autonomie véritable qui ne peut
s’exprimer qu’en maladresses, c’est l’individu pris exactement qui est
réprimandé par le maître et rejeté au profit d’une moyenne décente.
La médiocrité uniformisée reçoit des
louanges dispensées à contre-cœur : car c’est elle justement qui
d’habitude ennuie fort le maître, et pour de bonnes raisons.
Une éducation correcte devrait réprimer
la prétention ridicule à l’autonomie du jugement ;
le laisser-faire universel de ce qu’on
appelle la « libre personnalité » ne peut être rien d’autre que le
signe distinctif de la barbarie.
On
vous pervertit méthodiquement à bredouiller par vous-mêmes, lorsqu’on devrait
vous apprendre à parler, à esthétiser par vous-mêmes, lorsqu’on devrait vous
mener à la ferveur devant l’œuvre d’art, à philosopher par vous-mêmes,
lorsqu’on devrait vous forcer à écouter les grands penseurs.
III [27 février 1872] :
Il existe maintenant presque partout un nombre si excessif d’établissements d’enseignement d’un
haut niveau qu'on y utilise toujours beaucoup plus de maîtres que la nature d'un peuple, même richement doué, ne peut en produire ; il arrive donc dans ces établissements un excès de gens qui
n’ont pas la vocation, mais qui peu à peu, par leur nombre écrasant et avec l’instinct du similis simili gaudet [inspiré de asinus asinum fricat ?]
déterminent l’esprit de ces établissements. [Es existirt jetzt fast überall eine so übertrieben große Anzahl von höheren Bildungsanstalten, daß fortwährend unendlich viel mehr Lehrer für dieselben gebraucht werden, als die Natur eines Volkes, auch bei reicher Anlage, zu erzeugen vermöchte; und so kommt ein Übermaß von Unberufnen in diese Anstalten, die aber allmählich, durch ihre überwiegende Kopfzahl und mit dem Instinkt des „similis simili gaudet“, den Geist jener Anstalten bestimmen.]
L’immense majorité des maîtres se retrouve assurée de son bon droit
parce que ses dons sont dans un certain rapport harmonique au bas vol et à la
médiocrité de leurs élèves. C'est de cette majorité que viennent les cris qui appellent à fonder toujours de nouveaux lycées et de nouveaux établissements de haut niveau [...] ces hérauts bruyants du besoin de culture se transforment soudain, dès qu'on les regarde de près, en adversaires zélés, voire fanatiques, de la vraie culture, c'est-à-dire de celle qui s'attache à la nature aristocratique de l'esprit : car ils pensent au fond que leur but est d'émanciper les masses des grands individus, au fond ils aspirent à bouleverser d'ordre sacré dans le royaume de l'intellect, la vocation de la masse à servir, son obéissance soumise, son instict de fidélité sous le sceptre du génie. [die ungeheure Mehrzahl der Lehrer fühlt sich wiederum, diesen Anstalten gegenüber, im Recht, weil ihre Begabungen zu dem niedrigen Fluge und der Dürftigkeit ihrer Schüler in einem gewissen harmonischen Verhältnisse stehen. Von dieser Mehrzahl aus erschallt der Ruf nach immer neuen Gründungen von Gymnasien und höheren Lehranstalten [...] jene lauten Herolde des Bildungsbedürfnisses verwandeln sich plötzlich, bei einer ernsten Besichtigung aus der Nähe, in eifrige, ja fanatische Gegner der wahren Bildung d.h. derjenigen, welche an der aristokratischen Natur des Geistes festhält : denn im Grunde meinen sie, als ihr Ziel, die Emancipation der Massen von der Herrschaft der großen Einzelnen, im Grunde streben sie darnach, die heiligste Ordnung im Reiche des Intellektes umzustürzen, die Dienstbarkeit der Masse, ihren unterwürfigen Gehorsam, ihren Instinkt der Treue unter dem Scepter des Genius.]
Donc, ce n’est pas la culture [Bildung] de la masse qui peut être
notre but, mais la culture d'individus choisis, armés pou accomplir de grandes œuvres qui resteront. [Also, nicht Bildung der Masse kann unser Ziel sein: sondern Bildung der einzelnen ausgelesenen, für große und bleibende Werke ausgerüsteten Menschen].
l’exigence de l’excès de maîtres de culture vient d’une sphère ennemie
de la culture ; les conséquences de cet excès ne profitent qu’à
l’inculture
On craint la nature
aristocratique de la vraie culture [Bildung]
Fragments posthumes 1872-1873,
P I
20b, été 1872 - début 1873 : 19 [39] : « Si l’humanité reportait sur l’éducation et les écoles ce qu’elle a mis jusqu’ici sur la construction des églises [et des stades], si elle redirigeait l'intelligence, de la théologie [et du sport] vers l’éducation. » [Wenn die Menschheit, was sie bis jetzt auf den Bau von Kirchen, auf Erziehung und Schulen verwendet, wenn sie den Intellekt, den sie auf Theologie, jetzt auf Erziehung richtet.]
U II 1, printemps-automne 1873 :
[66] : Nous n’avons pas de culture [Kultur], nous avons seulement
une civilisation avec quelques modes culturelles, plus encore une barbarie.
U II 2, été-automne 1873 : [220] : La culture [Bildung]
devient de jour en jour plus faible, parce que la hâte devient plus grande.
U II 3, automne 1873 - hiver
1873-1874 : 30 [6] : Les natures faibles ne doivent pas du tout être
prises en compte dans le programme d’éducation ; elles n’auront jamais une
grande importance, ni en bien ni en mal.
Schopenhauer éducateur (1874),
§ 2 : " Je me demandais ce qu'il dirait des deux maximes d'éducation qui sont en vogue de notre temps. L'une exige que l'éducateur ait tôt fait de reconnaître le point fort de ses élèves et dirige alors toutes les énergies, toutes les sèves et tout l'éclat du soleil sur celui-ci afin d'amener à maturité et à fécondité cette unique vertu. L'autre maxime veut au contraire que l'éducateur tire parti de toutes les forces existantes, les cultive et fasse règner entre elles un rapport harmonieux. Mais faudrait-il pour autant contraindre à la musique celui qui a une inclination avérée pour l'orfèvrerie ? " [ich überlegte mir, was er zu den beiden Maximen der Erziehung sagen würde, welche in unserer Zeit im Schwange gehen. Die eine fordert, der Erzieher solle die eigenthümliche Stärke seiner Zöglinge bald erkennen und dann alle Kräfte und Säfte und allen Sonnenschein gerade dorthin leiten, um jener einen Tugend zu einer rechten Reife und Fruchtbarkeit zu verhelfen. Die andre Maxime will hingegen, dass der Erzieher alle vorhandenen Kräfte heranziehe, pflege und unter einander in ein harmonisches Verhältniss bringe. Aber sollte man den, welcher eine entschiedene Neigung zur Goldschmiedekunst hat, deshalb gewaltsam zur Musik nöthigen?]
" De quoi ne se contente-t-on
pas, même dans nos cercles les plus distingués et les plus instruits, en fait de précepteurs ! De quel ramassis de têtes biscornues et d'institutions vieilliotes ne se satisfait-on pas souvent sous le nom de lycées ! Quel établissement supérieur, quelle université nous satisfont, nous tous, quels dirigeants, quelles institutions, comparés à la difficulté de la tâche d'éduquer un homme en homme !" [Was genügt da nicht alles, selbst bei unsern vornehmsten und best unterrichteten Leuten, unter dem Namen der Hauslehrer, welches Sammelsurium von verschrobenen Köpfen und veralteten Einrichtungen wird häufig als Gymnasium bezeichnet und gut befunden, was genügt uns Allen als höchste Bildungsanstalt, als Universität, welche Führer, welche Institutionen, verglichen mit der Schwierigkeit der Aufgabe, einen Menschen zum Menschen zu erziehen !]
§ 6 : éducation rapide,
juste assez approfondie, pour gagner vite beaucoup d’argent.
L’éducation n’a en vue que le
profit.
Fragments posthumes 1874-1877,
U II 5a, début 1874 - printemps
1874 : 32 [73] Éducation du philosophe
U II 8b,printemps-été 1875 : 5[20] : un jour viendra où il n’y aura plus aucune
pensée donnée comme éducation [Es wird irgendwann einmal gar keinen Gedanken geben als
Erziehung.]
[25] :
Éduquer les éducateurs ! Mais les premiers doivent s’éduquer eux-mêmes ! Et
c’est pour eux que j’écris.
[64] :
L’éducation est d’abord l’apprentissage du nécessaire, puis du changement
et du variable.
Quelle est la puissance de
l’homme sur les choses ? C’est la question de toute éducation.
U II 8b,
printemps-été 1875 : 5[87] : « L’œuvre de toute éducation est de
transformer des activités conscientes en d’autres plus ou moins
inconscientes ; et l’histoire de l’humanité est en ce sens son éducation. »
[Opposer à Karl Marx, « l’histoire n’est que l’histoire de la lutte des
classes »].
[Es ist
das Werk aller Erziehung, bewußte Thätigkeiten in mehr oder weniger unbewußte
umzubilden: und die Geschichte der Menschheit ist in diesem Sinne ihre
Erziehung. Der Philologe nun übt eine Menge Thätigkeiten so unbewußt: das
will ich einmal untersuchen, wie seine Kraft, d.h. sein instinktives Handeln,
das Resultat von ehemals bewußten Thätigkeiten ist, die er allmählich als
solche kaum mehr fühlt: aber jenes Bewußtsein bestand in Vorurtheilen. Seine
jetzige Kraft beruht auf jenen Vorurtheilen, z.B. die Schätzung der ratio wie
bei Bentley, Hermann. Die Vorurtheile sind, wie Lichtenberg sagt, die
Kunsttriebe des Menschen.]
U II 5b, été 1876 : 17[65] : dispensé à l’heure et
toutes les matières pêle-mêle. [d'où ces jolis mots d'élèves français fin XXe siècle : " symétrie participiale ", " nombres chargés positivement ".]
17[67] : Les
États sincèrement démocratiques doivent à tout prix fournir à tous
l’instruction la plus élevée.
M I 1, septembre
1876 : [2] : toutes les écoles publiques sont appropriées aux natures
médiocres
U II 5c, octobre-décembre 1876 : [82] : les professeurs abêtissent tout, les auteurs etc.
[105] :
Un bon éducateur peut en arriver à se trouver dans le cas d’offenser gravement
son élève simplement pour étouffer en germe une sottise qu’il va dire.
Mp XIV 1b, fin 1876 - été
1877 : [43] : précarité de toutes les formes d’enseignement
[44] : « L’instruction en
classe n’est guère qu’un pis-aller pour le cas où l’individu ne peut pas être
formé par un professeur particulier. » [Klassenerziehung eben nur ein
Nothbehelf ist, wenn der einzelne Mensch durchaus nicht von einem einzelnen
Lehrer erzogen werden kann]
[94] : L’humanité n’a
pas encore dépassé l’éducation par le hasard
N II 2, printemps-été1877 : 22[46] : l’école doit enseigner la plus grande liberté en
matière de religion, la pensée la plus sobre dans sa rigueur. [Die Schule soll die grösste Freiheit im Rel
lehren, das nüchternste strenge Denken. Die Unklarheit und die gewohnten Neigungen werden sehr weite Grenzen ziehen.]
Humain, trop humain. Un livre pour les esprits libres
(1878),
IV " De l'âme des artistes et écrivains ",§ 200 Écrire et enseigner veut prudence. : Le professeur pense toujours au bien de ses disciples [Wer Lehrer ist, ist meistens unfähig, etwas Eigenes noch für sein eigenes Wohl zu treiben, er denkt immer an das Wohl seiner Schüler und jede Erkenntniss erfreut ihn nur, so weit er sie lehren kann.]
§ 203 : L’exercice de
style latin était le plus précieux. [Die blose Darstellung bei gegebenem Inhalte war die Aufgabe des lateinischen Stils, für welchen die alten Lehrer eine längst verloren gegangene Feinheit des Gehörs besassen.]
V " Caractères de haute et basse civilisation ", § 228 Le caractère fort et bon.: les
éducateurs voudraient transformer l’individu en copie.
§ 242 : Éducation
miraculeuse.
L’intérêt
pour l’éducation deviendra une grande force quand on abandonnera la croyance en
un Dieu et en sa providence.
§ 259 : Une éducation
virile. Éducation virile en Grèce.
V " Caractères de haute et basse civilisation ", § 265 : La raison à l’école. L'école n'a pas de tâche plus importante que d'enseigner la rigueur de la pensée, la prudence du jugement, la logique du raisonnement. Aussi doit-elle faire abstraction de tout ce qui ne saurait servir à ces opérations, par exemple de la religion. [Die Schule hat keine wichtigere Aufgabe, als strenges Denken, vorsichtiges Urtheilen, consequentes Schliessen zu lehren: desshalb hat sie von allen Dingen abzusehen, die nicht für diese Operationen tauglich sind, zum Beispiel von der Religion.]
C’est la raison à l’école qui a fait de
l’Europe l’Europe : au Moyen-Âge elle était sur le chemin de redevenir une
province et une annexe de l’Asie, – et donc de perdre le sens de la science
dont elle était redevable aux Grecs. [— Die Vernunft in der Schule hat Europa zu Europa gemacht: im Mittelalter war es auf dem Wege, wieder zu einem Stück und Anhängsel Asiens zu werden, — also den wissenschaftlichen Sinn, welchen es den Griechen verdankte, einzubüssen.]
V, §
266 Que l'on sous-estime les résultats de l'enseignement du lycée. : la valeur que l’on méconnaît ordinairement : les professeurs
parlent la langue abstraite de la grande culture [Cultur].
VI " L'homme en société ", § 372 Ironie.: Ironie comme
moyen pédagogique [Ironie. — Die Ironie ist nur als pädagogisches Mittel am Platze, von seiten eines Lehrers im Verkehr mit Schülern irgend welcher Art: ihr Zweck ist Demüthigung, Beschämung, aber von jener heilsamen Art, welche gute Vorsätze erwachen lässt und Dem, welcher uns so behandelte, Verehrung, Dankbarkeit als einem Arzte entgegenbringen heisst.]
VII " Femme et enfant ", § 395 Enseigner et commander : " Il faut que l'éducation enseigne le commandement aux enfants de familles modestes aussi bien que l'obéissance à d'autres enfants. "
§ 409 : la formation des
lycées fait des adolescents des copies de leurs professeurs
VIII, § 467 :
enseignement médiocre dans les grands États.
§ 479 : la richesse
permet de payer les meilleurs précepteurs.
Fragments
posthumes, 1878,
N II 4, été 1878 :
mentir sur ce que l’on sait en feignant de l’ignorer, dans l’intérêt d’autrui.
Opinions
et sentences mêlées, 1879,
§
181 : Éducation contorsion. Précarité de toutes les formes
d’enseignement.
§ 268 : le récalcitrant fait
plaisir.
§
320 : école comme moyen de maintenir le peuple sous la dépendance des
gouvernements des grands États
l’enseignement individuel on
ne peut plus mal vu.
Le Voyageur et son ombre, 1879,
§ 70 : l’éducateur le
plus maladroit : le fanatique de la morale.
§ 180 : Les professeurs au siècle des livres. — Du fait que l’instruction que
l’on se donne seul ou en association fraternelle se généralise, on doit presque
pouvoir se passer du professeur sous sa forme aujourd’hui habituelle. Des amis
férus de savoir, qui veulent s’assimiler ensemble une connaissance, trouvent à
notre siècle de livres une voie plus courte et plus naturelle que ne le sont
« école » et « professeur ». [Die Lehrer im Zeitalter der Bücher. — Dadurch dass die Selbst-Erziehung und Verbrüderungs-Erziehung allgemeiner wird, muss der Lehrer in seiner jetzt gewöhnlichen Form fast entbehrlich werden. Lernbegierige Freunde, die sich zusammen ein Wissen aneignen wollen, finden in unserer Zeit der Bücher einen kürzeren und natürlicheren Weg, als „Schule“ und „Lehrer“ sind.]
§ 266 : Les impatients.
L'homme en cours de formation est justement celui qui n'admet pas le devenir : il est trop impatient pour cela. L’adolescent ne veut pas attendre
que son tableau des êtres et des choses se remplisse après un long temps
d’études, de souffrances et de privations ; il en accepte donc en toute
bonne foi un autre, qui existe déjà, achevé, et qu'on lui offfre, comme s'il devait lui fournir par anticipation les lignes et les couleurs de son tableau à lui ; il se jette dans les bras d’un philosophe, d’un poète, et le voilà obligé de travailler un certain temps à la corvée et de se renier lui-même. Il y apprend beaucoup ; mais un jeune homme en oublie souvent ce qu'il vaut surtout d'apprendre et de connaître, soi-même ; il restera sa vie durant un disciple.
§ 267 : Il n’y a pas d’éducateur
En tant que penseur, on ne devrait parler que de
l’auto-éducation
§ 282 « Le
professeur, mal nécessaire » : « Le moins possible de personnes entre
les esprits productifs et les esprits affamés et réceptifs ! Car les
intermédiaires adultèrent presque automatiquement la nourriture qu’ils
transmettent ; et puis, en récompense de leurs bons offices, ils réclament pour eux-mêmes trop de choses, ainsi retirées aux esprits productifs, oriinaux, à savoir intérêt, admiration, temps, arent et le reste. – Donc, on regardera quoi qu’il en soit le professeur comme un mal
nécessaire, à l’instar du commerçant, comme un mal qu’il faut rendre le plus petit possible. – […] on peut voir une raison capitale de notre
misère intellectuelle dans la quantité excessive des professeurs : elle
est cause que l’on apprend si peu et si mal. »
Fragments posthumes, 1879-1880,
N IV 2, juin-juillet 1879 : [19] : il faut, en répandant les moyens de s’instruire seul, élever le professeur au plus haut degré de qualification, le supprimer dans ses formes médiocres. Remplacer l’école par des associations d’amis férus de savoir.
N V I, début 1880 :
[8] : l’éducation courante est brutale
[26] :
Le christianisme étant déraciné, notre jeunesse grandit sans éducation
N
V 3, été 1880 : [302] : les philosophes satisfont l’orgueil des
jeunes gens, comme les poètes – ils les détournent de la science.
N
V 4, automne 1880 : le moins d’État possible ! Je n’ai pas besoin de
l’État, je me serais donné sans cette contrainte traditionnelle une meilleure
éducation
Aurore (1881),
I, § 13 : Pour
l’éducation nouvelle du genre humain.
III,
§ 194 : le siècle dernier est supérieur au nôtre en ceci qu’il compta tant
d’hommes éduqués isolément
§ 195 : la prétendue
éducation classique
IV, § 297 : estimer
celui qui pense différemment
§ 397 : amélioration de
la procréation
V, § 443 : « Le défaut le plus répandu de notre type de
formation et d’éducation : personne n'apprend, personne n'aspire, personne
n'enseigne... à supporter la solitude. » ;
V, § 447 : Meister und Schüler. — Zur Humanität eines
Meisters gehört, seine Schüler vor sich zu warnen.
§ 455 : une seconde
nature
§ 540 : il faut pouvoir
apprendre
Fragments posthumes, 1881-1882,
M III 1, printemps-automne 1881 : [41] :
maximes de l’éducation du penseur indépendant
[105] :
l’éducation, c’est apprendre à rebaptiser ou à sentir différemment.
[145] :
La nouvelle éducation ; il faut que les premiers éducateurs s’éduquent
eux-mêmes !
[297] :
le fait d’Apprendre est originairement plus amer que le travail,
et donc détesté
N
V 7, automne 1881 : [10] : le nouveau problème : savoir si une
partie des hommes ne devrait pas être éduquée aux dépens de l’autre en vue
d’une race supérieure. Sélection ...
M
III 6a, déc. 1881 - janv. 1882 : avoir une postérité : c’est la
meilleure éducation ; parents éduqués par les enfants.
Gai
Savoir (1882),
I, § 21 : si
l’éducation réussit, alors chaque vertu de l’individu constituera une utilité
collective et un désavantage personnel
Fragments posthumes, 1882-1885,
N
V 9a. N VI 1a, juillet-août 1882 : Plus abstraite la vérité qu’on veut
enseigner et plus ce sont d’abord les sens qu’il faut y attirer.
ZI
1, automne 1882 : [1], 150 : Qui est professeur dans l’âme ne prend
au sérieux les choses qu’eu égard à ses élèves – jusqu’à lui-même.
Z
I 4, été 1883 : [1] : ne s’instruit que celui qui agit.
W
I 1, printemps 1884 : remplacer le professeur
Le
spectacle des masses et de ceux qui enseignent aux masses rend sombre.
Z
II 8, hiver 1884-1885 : pédagogue dans l’âme : ne prend toute chose
au sérieux que par rapport à son élève.
N
VII 1, avril-juin 1885 : [68] : à toutes les époques les conditions
pour l’éducation d’un esprit puissant, astucieux, inexorable, étaient plus
favorables qu’aujourd’hui.
W
I 6a : juin-juillet 1885 : [7] : un éducateur ne dit jamais ce qu’il
pense lui-même ; se situe par-delà bien et mal.
Par-delà bien et mal, 1886,
IV " Maximes et interludes ", § 128 : incliner les sens en faveur
d’une vérité abstraite
V " Contribution à l'histoire naturelle de la morale ",
§ 194 : aucun parent ne se conteste le droit de soumettre l’enfant à ses
idées et à ses principes
VI " Nous les savants ", § 203 : une
grandiose entreprise d’éducation et de sélection
IX " Qu'est-ce qui est aristocratique ", § 264 : " Il suffit de connaître quelques traits du caractère des parents pour avoir le droit d'en déduire celui de l'enfant. "
Fragments posthumes, 1887-1888,
W II 1, automne 1887 :
éducation en tant que dressage
Éducation :
essentiellement le moyen de ruiner l’exception en faveur de la règle.
W
II 2, automne 1887 : Culture [Kultur] signifie en effet apprendre à
calculer, apprendre à penser causalement, apprendre à prévenir, apprendre à
croire à la nécessité.
W II 5, printemps 1888 :
impuissante, inconsistante jusqu’ici
W II 6a, printemps
1888 : instruction obligatoire : épuise les réserves d’une race
W II 7a : printemps-été
1888 : instruction : au profit des médiocres
W
II 9c, octobre-novembre 1888 : je fais partie de ces éducateurs
involontaires qui n’ont pas besoin de principes pédagogiques
Crépuscule
des Idoles, 1889,
[8] Ce qui
manque aux Allemands,
§ 3 : des natures plus pleines, plus riches, plus profondes,
ne trouvent plus d’éducation, ni d’éducateurs à leur mesure. Ce dont
notre culture souffre le plus, c’est d’une pléthore de tâcherons
arrogants, d’humanités fragmentées.
§ 5 : « L'enseignement supérieur allemand, dans son ensemble, a perdu ce qui est l'essentiel : un but, et également le moyen de parvenir à ce but. Que l’éducation, que la culture générale soit
une fin en soi – et non « le Reich » – et qu’à cette fin
un éducateur soit nécessaire (et pas le professeur de lycée ou
l’érudit universitaire), voilà ce qu’on a oublié … Ce qui manque, ce sont des éducateurs eux-mêmes éduqués, des esprits supérieurs et distingués, qui fassent leurs preuves en toute circonstances, par leurs parole et leur silence, qui soient de vraies cultures vivantes, muries et délectables – et non pas les rustres savants que le Lycée et l'Université offrent à la jeunesse comme " nourrices supérieures ".
[...]
" Éducation supérieure " et multitude innombrable, voilà bien une contradiction de principe. Toute éducation supérieure
n’est destinée qu’aux exceptions.
[...]
Le fait que l'éducation supérieur ne soit plus un privilège – le démocratisme de la culture
"générale" devenue "commune" et vulgaire...
[...]
Plus
personne, dans l’Allemagne d’aujourd’hui, n’est libre de donner à ses enfants
une culture raffinée : toutes nos " écoles supérieures " sont,
sans exception, réglées sur la plus douteuse médiocrité, dans leur corps enseignant, leurs programmes, leur idéal pédagogique.
[…]
Nos lycées surpeuplés, nos professeurs de lycée accablés et abêtis, sont un vrai scandale ; pour défendre cet état de choses, ainsi que l'ont fait récemment les professeurs de Heidelberg, on peut avoir des motifs [Ursachen]... on ne saurait avoir de raisons [Gründe]. »
§
6 : Il faut apprendre à voir, il faut apprendre à penser, il faut apprendre à parler
et à écrire ;
[...] pouvoir suspendre sa décision.
[9] Divagations
d’un "inactuel", § 40 : si l’on veut des esclaves, il faut être
fou pour leur donner une éducation de maîtres.