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dimanche 11 juin 2023

LA BIBLE ET L'HOMOSEXUALITÉ MASCULINE suivi de CATÉCHISME




La thèse du christianisme tolérant à l’égard de l'homosexualité, soutenue par John Boswell (1947-1994), et reprise par le Français Jean-Claude Guillebaud, ne résiste pas à l'examen d'un nombre suffisant de textes. Voir Gai Saber Monograph n° l, 1981 (2nd ed. 1985); Ramsay MACMULLEN, 1982 ; Pierre J. PAYER, 1984 ; David F. WRIGHT, 1984 ; Maurice LEVER, Les Bûchers de Sodome, Paris : Fayard, 1985; James A. BRUNDAG, 1987 ; E. CANTARELLA, 1988; J. RICHARDS, 1991 ; John LAURITSEN, A Freethinker's Primer of Male Love, Provincetown : Pagan Press, 1998. Ce qui peut avoir induit quelques auteurs en erreur, c'est que l'intolérance chrétienne connut des fluctuations (le contraire, une parfaite stabilité, aurait été étonnant), passant en matière de répression de quelques années de pénitence à la peine de mort (appliquée du début du XIVe à la fin du XVIIIe siècle sur le territoire de la France continentale actuelle), ou inversement.
La condamnation judéo-chrétienne de ce que l'on désigne aujourd'hui sous le nom d'homosexualité est un élément utile pour mettre en évidence la stabilité anthropologique de ces relations masculines, ainsi que la distance existant entre cette condamnation et le point de vue de la civilisation gréco-latine qui, elle, appréciait la jeunesse, la beauté, l’intelligence, le plaisir et l’amour ; la reconnaissance de la chose, et aussi le sentiment d'en être, ne sont pas nés avec les mots homophilegay ou queer, pas davantage avec le mot Homosexualität, pas plus avec celui de sodomie, contrairement à ce qu'avancent les sociologues dits "constructivistes".

On connaît les condamnations vétéro-testamentaires et pauliniennes, mais les injonctions d'hétérosexualité passent trop souvent inaperçues ; or l’arche de Noé (Genèse VI, 19) n’admettait que des couples hétérosexuels. Il y a au moins deux injonctions d’hétérosexualité dans le Nouveau Testament : Évangile selon Matthieu, XIX, 4-6 : « mâle et femelle faits par Dieu ; l'homme s'attachera à sa femme ; ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. » C'est repris dans Évangile selon Marc, X, 7-9. Ma remarque de l’existence de ces injonctions, faite à Mgr Jacques Gaillot lors d’un débat à l’ENS-Ulm, l’avait laissé sans voix.
L'écrivain Julien Green s'était interrogé sur le " silence du Christ " :
« Il n'y a pas un mot dans les Évangiles sur le problème homosexuel si furieusement malmené par saint Paul. Comment se fait-il que, dans un temps et dans un lieu où l'homosexualité était sinon florissante (je pense au lieu) du moins très connue, le Christ n'ait pas dit un mot sur ce point ? Le père Couturier a ouvert de grands yeux. " Moi, qui ait toujours pensé à Jérusalem comme à une ville bénie ! " Etc. " Mais, lui ai-je dit, il faut que l'homosexualité ait joué un certain rôle dans la vie juive pour que les lois qui la punissaient aient été si nombreuses et si détaillées. Et puis, les Grecs étaient passés par là, avaient essayé d'helléniser Jérusalem où ils avaient construit des gymnases et des piscines. Que dire aussi des prostitués des temples, les kedeschim dont parle Renan ? —— Cependant, dit le père Couturier, croyez-vous que si l'homosexualité avait été si importante à Jérusalem saint Jean eût écrit comme il l'a fait de l'amour qu'il portait au Christ, et que le Christ lui portait ? " Je lui ait dit que ces pages si saintes n'avaient cependant pas laissé d'être interprétées d'une façon odieuse, notamment par Christopher Marlowe. Mais qu'est-ce que cela prouve ? Saint Jean écrivait pour les gentils. Ne savait-il pas avec quels sourires on lirait son évangile, ce passage de son évangile, à Rome ? On peut supposer que le Christ a parlé de l'homosexualité et que ces passages ont été supprimés, mais pourquoi ? Parce qu'ils montraient trop d'indulgence alors que l'attitude du monde juif à cet égard est toujours sévère. Mais il ne faut pas oublier les fulminations de saint Paul (Romains, I, 27) qui est chronologiquement plus proche du Christ, dans ces écrits, que les évangiles. Saint Paul a-t-il traduit la pensée du Christ sur ce point ? Mais alors, encore une fois, pourquoi ce silence des Évangiles ? »
Toute ma vie Journal intégral *** 1946-1950, 16 août 1948, Paris : Bouquins éditions, 2021.

Dans l'Ancien Testament hébraïque il n'existe aucun exemple d'acte homosexuel pardonné ensuite, contrairement au meurtre et à l'inceste. Pour trouver une mythologie faisant une place à l’homosexualité, ce sont les Grecs qu’il faut lire. 


A / VULGATE (390/405), Bible traduite en latin par Jérôme

B / Congrégation pour la doctrine de la foi, catéchisme et constitutions pastorales 


A / VULGATE (390/405), Bible traduite en latin par Jérôme



John Martin, The Destruction of Sodom and Gomorrah, 1852. Laing Art Gallery, Newcastle upon Tyne.


Pentateuque (Torah)

Genèse,
I, 28 : multipliez-vous ;
II, 24 : l'homme s'attachera à sa femme ;
VI, 12 : toute chair avait corrompue sa voie ; 18-19 : autant de mâles que de femelles dans l'Arche [de Noë] ;
VII, 2-3 : le mâle avec sa femelle ; 9 : deux par deux, mâle et femelle ; 16 : un mâle et une femelle de toute chair ;
XIII, 13 : les Sodomites sont très mauvais et devant le seigneur [cité par Albert le Grand ; difficile de croire qu’il ne s’agit que d’un rejet de l’étranger …] ;
XVIII, 20-21 : la clameur contre Sodome et Gomorrhe est bien grande et leur péché est grave péché ; 21 : descendre et voir s'ils ont agi suivant la clameur ;
XIX, 1 : les deux anges ; 5 : amène-les-nous pour que nous les connaissions [traduction de Chouraqui citée par Payeur : " Fais-les sortir vers nous : pénétrons-les "] ; 8 : j’ai deux filles qui sont encore vierges, je vais vous les amener ; 9 : ils répondirent : « Ôte-toi de là ! » ; 11 : hommes frappés de cécité.

Exode, XX, 17 : tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur [servus], ni sa servante [ancilla].

Lévitique, XVIII, 22 : tu ne commettras pas le coït [coitu femineo] avec un mâle car c'est une abomination ; [Selon Xavier Lacroix et Martin Hoegger, l’homosexualité serait à considérer comme un retour au tohu-bohu, un brouillage des différences ; elle brouillerait la différence sexuelle, comme l’inceste brouille la différence des générations ; en Lévitique XVIII, l’interdit de l’inceste est mentionné à côté de celui de l’homosexualité ; cf Martin Hoegger, " Comment interpréter les Ecritures sur la question de l’homosexualité ? ", janvier 2018].
24-30 : abominations faites par les gens du pays qui furent avant vous ; pratiques abominables qui étaient faites avant vous ;
XX, 13 : qui couchent avec un mâle pour le coït ; nefas ; morte moriantur ; 23 : pratiques de la nation que je chasse.

Deutéronome, XXIII, 18-19 : pas de prostitué sacré [mercedem prostibuli ; kadesh en hébreu].

Juges, XIX, 22-24 : le lévite d'Éphraïm ; pour que nous le connaissions ; ce crime [scelus].

I Samuel, XVIII, 4 : Jonathan se dépouille de son habit.
XX, 17 : Jonathan avait de l'affection (1) pour [diligeret] David.
II Samuel, I, 28 : David et Jonathan ; aimable(1) au dessus de l'amour des femmes.
1. Cette relation a parfois été interprétée comme homosexuelle.

I Rois, XIV, 24 : prostitués sacrés, efféminés [cité par Jordan] ; abominations ; XV, 12 : expulsion des prostitués sacrés ; XXII, 47 : prostitués sacrés balayés du pays.
II Rois, XXIII, 7 : démolition des maisons des prostitués sacrés.

Psaumes CXLI (CXL), 4 : Non declines cor meum in verbum malitiae
ad machinandas machinationes in impietate
cum hominibus operantibus iniquitatem;
et non comedam ex deliciis eorum. [Cité par Julien Green].

Lamentations, IV, 6  : faute de Jérusalem plus grande que le péché de Sodome  ; V, 13 : des adolescents ont été abusés de manière impudique [cité par Pierre Damien ; la Bible de Jérusalem traduit : "des adolescents ont porté la meule"].

II Maccabées, IV, 9-17 : passer au mode de vie des Grecs ; fondation d'un gymnase ; vogue de l'hellénisme [cité par Henri-Irénée Marrou].

Isaïe, I, 9 : comme Sodome et Gomorrhe ; 10  : si Yavhé ne nous avait laissé quelques survivants, nous serions comme Sodome  ; III, 9 : leur péché proclamé quasi Sodoma par Jérusalem et Juda, ils ne le cachent pas.

Ezéchiel, XVI : 46-47 : les crimes de Sodome ; 48 : Vivo ego, dicit Dominus Deus, non fecit Sodoma soror tua, ipsa et filiae eius, sicut fecisti tu et filiae tuae ; 49 : fautes de Sodome ; orgueil, inhospitalité  ; 50  : ils ont commis des abominations en ma présence. [49 Ecce haec fuit iniquitas Sodomae, sororis tuae: superbia, saturitas panis et securum otium erat ei et filiabus eius, et manum egeni et pauperis non sustentabant ; 50 et elevatae sunt et fecerunt abominationes coram me, et abstuli eas, sicut vidisti.]

Osée, IV, 10  : Ils mangeront et ne seront pas rassasiés, forniqueront et ne se reproduiront pas, car ils ont renoncé à tenir compte du Seigneur.

Joël, III, 3 : les nations ont troqué des garçons [pueri] contre des prostituées [cité par Hincmar de Reims].
Ecclésiastique, XXXVI, 25 : là où il n'y a pas de femme, l'homme errant gémit.

Écrits intertestamentaires (Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade) :

Jubilés (-IIe siècle ; texte hébreu original perdu, traduit de l’éthiopien) : XIII, 17 : les gens de Sodome étaient de grands pécheurs ; XVI, 5-6 : impureté et destruction de Sodome ; XX, 5-7 : impureté de Sodome, corruption mutuelle par la fornication.

Testament des douze patriarches (1er siècle)
Gallimard, Collection « Bibliothèque de la Pléiade », Écrits intertestamentaires traduits du grec :
Levi XVII, 11 : prêtres pédérastes dans la septième semaine [cité par Voltaire] ;
Nephtali III, 4 : Sodome a changé son ordre naturel ;
Benjamin IX, 1 : vous vous adonnerez à la luxure, comme les habitants de Sodome ; vous périrez, à
l'exception de quelques-uns, et vous reviendrez à vos passions pour les femmes.

Évangiles

Matthieu, XIX, 4-6 : mâle et femelle faits par Dieu.
Marc, X, 7-9 : L'homme s'attachera à sa femme ; ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas.
Luc, VII, 2 : Le centurion qui tenait beaucoup à son esclave malade (interprétation homosexuelle par Krzysztof Charamsa)
Luc, XVII, 29 : Le jour où Loth est sorti de Sodome, une pluie de feu et de soufre est tombée du ciel et les a fait tous périr.
Jean, XIII, 23 : Un des disciples, celui que Jésus aimait, à table contre le sein de Jésus. [Interprétation homosexuelle fortement controversée].


PAUL (Ier siècle), premier théologien chrétien, auteur d’expression grecque,
Vulgate ; traduction XXe siècle (Bible de Jérusalem) :
Aux Romains, I, 24-27 : vérité de Dieu changée en mensonge, livrés par Dieu à des passions sordides, leurs femelles ont changé l'usage naturel ; turpitudes mâles avec mâles [cité par les Constitutions apostoliques ; Vulgate : masculi in masculos turpitudinem operantes. Commentaire de Martin Hoegger : " Assez étonnamment, l’Apôtre ne s’appuie pas explicitement sur les passages de la Torah (Lév 18) pour justifier sa position, mais il se réfère au Créateur et à son œuvre. Les actes homosexuels sont qualifiés de « contre-nature », c’est-à-dire opposés à la volonté du Créateur manifestée dans la différence sexuelle. La référence au récit de la Création fonde le caractère universel du jugement énoncé. Selon l’Apôtre, il vaut pour tous les hommes de tous les temps. "] ;
32 : Dieu juge digne de mort quiconque fait ces choses [d'après Lévitique, XX, 13].
Ière aux Corinthiens, VI, 9-10 : ni efféminés [molles] ni ceux qui couchent avec des mâles [arsénokoites ; masculorum concubitores ; cf Ière à Timothée] n'hériteront du règne de Dieu [cité par Tertullien et dans l'encyclique Persona humana, 1976. Martin Hoegger : " Arsenokoitês signifie littéralement « couchant » (koitê : couche) avec un homme (arsên : mâle). Il est formé par l’association de deux mots présents en Lév 18,22 et 20.13. Le texte de Lév 18,22 dans la traduction grecque de la « Septante » dit en effet : « Avec un homme (arsenos) tu ne coucheras pas (koimêthêsê) pas comme on couche avec (koiten) avec une femme. C’est une abomination ». Lev 20.13 est plus explicite encore.
Ce terme renvoie donc à des relations à caractère homosexuel. La traduction de la Vulgate : masculorum concubitores (hommes couchant avec des mâles) exprime bien le fait que le terme ne prêtait pas à ambiguïté au 4e siècle. "] ;
XI, 11 : Dans le seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme.
IIe aux Corinthiens, XII, 21 : beaucoup de pécheurs ne se sont pas convertis de leurs pratiques d'impureté, de prostitution et de débauche [cité par Jean Chrysostome].
Aux Galates, V, 19, 21 : ceux qui pratiquent fornication, immondices, luxure, n'hériteront pas du règne de Dieu.
Aux Éphésiens, IV, 18-19 : ignorance de Dieu et pratique immonde ; V, 5 : aucun impur n'héritera du règne de Dieu ; 11 : les oeuvres infructueuses des ténèbres ; 12 : ce qu'ils font en cachette est honteux à dire [cité par Tertullien] ; 31 : l'homme s'attachera à sa femme.
Aux Colossiens, III, 5 : faites mourir l'impureté.
1ère aux Thessaloniciens, IV, 7 : Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté.

pseudo-PAUL (Ier siècle)
Ière à Timothée, I, 9-10 : la Loi est là pour ceux qui couchent avec les mâles [arsénokoites ; masculorum concubitores ; cf I Corinthiens ; cité dans Persona Humana, 1976].

À Tite, I, 15  : Tout est pur pour les purs [parfois cité par les homos chrétiens pour justifier leurs relations homosexuelles].

IIe de Pierre, II, 6-7 : conduite débauchée des criminels des villes de Sodome et Gomorrhe.

Jude, 7 : Sodome et Gomorrhe qui se prostituèrent subissent la peine d'un feu éternel.

Apocalypse de Jean, XXII, 15 : dehors les chiens, les drogueurs, les impudiques, les meurtriers.


B / Congrégation pour la doctrine de la foi, catéchisme de 1992 et constitutions pastorales 

Martine Gross, (CNRS), Centre d’Études Interdisciplinaires des Faits Religieux, Gross@ehess.fr, 
" ÊTRE CHRÉTIEN ET HOMOSEXUEL EN FRANCE", SOCIÉTÉS CONTEMPORAINES (Presses de Sciences Po), 2008/3, N° 71, Introduction :

"  Le magistère catholique et un certain nombre d’églises protestantes condamnent sans ambiguïté l’homosexualité. L’Église catholique qualifie l’homosexualité de conduite désordonnée et de mauvaise du point de vue moral [« Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle » (Persona Humana, 1975 [§ 8]), « La pastorale à l’égard des personnes homosexuelles » (lettre adressée aux évêques par la Congrégation pour la doctrine de la foi, 1986), et « Le catéchisme de l’Église catholique » paru en 1992 (2357/58)]. La doctrine catholique produite par les Pères et Docteurs de l’Église est précisée dans le catéchisme. On peut lire dans le dernier en date promulgué par le Vatican en 1992 « S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves, la Tradition a toujours déclaré que “ Les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés ”. Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas ». La famille constituée par le mariage est, selon l’Église catholique, une institution naturelle, fondée par Dieu [Paul VI, Gaudium et Spes (1965)]. "
Voir dans ce Catéchisme les §§ 2357 à 2359, sous le titre " Chasteté et homosexualité ".



AUTEURS CHRÉTIENS TARDIFS (Bernardin de Sienne, Bonaventure, Catherine de Sienne, Jacques de Vitry, Jacques de Voragine et Pierre le Chantre).

dimanche 26 mars 2023

AUTEURS DITS LICENCIEUX GRECS ET LATINS : CATULLE ET ALII




(MES NOTES DE LECTURE)


THÉOGNIS DE MÉGARE (-VIe siècle), poète grec d'esprit aristocratique,

Poèmes élégiaques, Bibliotheca Teubneriana, CUF (collection Budé), Loeb Classical Library :
I, 237-254 : célébration d'un ami à venir.


Pseudo-THÉOGNIS (-IVe siècle), poète grec,

Poèmes élégiaques, Bibliotheca Teubneriana, CUF (Budé), Loeb Classical Library :
II : vante l'amour des garçons ; Zeus et Ganymède ; la gratitude est la vertu du jeune amant ; en une femme, aucun compagnon ne peut croire.


THÉOCRITE [Θεόκριτος] (Syracuse ? vers -312/vers -250), poète grec,

Épigrammes, Collection Budé, Loeb Classical Library :
XVII : Sur une statue d'Anacréon : il faisait ses délices des jeunes gens.

Idylles, Collection Budé, Loeb Classical Library :
I : chant de Thyrsis à la mémoire de Daphnis [évoqué par Proust].
II : Les Magiciennes, 150 : soupire-t-il pour une femme ou pour un homme ?
IV : Dialogue de Battus et Corydon [Κορύδων ; nom repris par Virgile]
V : Chevrier et berger : je te pénétrais et tu geignais.
VII : Thalysies, 102 : Aratos épris d'un jeune garçon.
VIII : Chanteurs bucoliques [Ménalque, nom repris par Gide, et le beau Milon].
XII : Le bien-aimé : jeunes garçons autour du tombeau de Dioclès le philopaide à Mégare ; concours de baisers ; invocation de Ganymède [cité par Chateaubriand].
XIII : Hylas : Héraclès épris d'un garçon, le gracieux Hylas.

Papyrus Oxyrhynchus 694, Princeton
University Library, Idylle XIII

XXIII : L'Éraste, 48 : l'ami cruel ; 63 : vengeance d'Éros.
XXIX : Le paidika, 33-34 : quand tu auras une barbe, nous serons l'un pour l'autre des amis achilléens.
XXX : Le paidika, 25 : il est vain d'espérer qu'on vaincra Éros.


CALLIMAQUE DE CYRÈNE [Καλλίμαχος ὁ Κυρηναῖος], (Cyrène (Lybie actuelle) vers -310/Alexandrie ( Égypte actuelle) vers -240), poète et érudit grec,

Hymnes, épigrammes, fragments choisis, Collection Budé, Loeb Classical Library :
fr. 68 : un jeune remarqué par les amoureux ; 195 : mœurs des pédagogues.
Hymne à Apollon, 49 : son amour pour le jeune Admétos [cité par Félix Buffière].

Épigrammes [Anthologie palatine, XII] :
43 : éromène public ; tout ce qui est au peuple me dégoûte ; 118 : poussé par éros et par le vin ; 139 : amour pour Ménexène ; 150 : la maladie du philopaide [maladie d’amour] ; 230 : le beau brun Théocrite ; par le blond Ganymède, Zeus uranien, toi aussi tu as été éraste.


ANTHOLOGIE PALATINE (-IIIe/+IIe siècles)

Une page de l'Anthologie Palatine (Codex Palatinus 23),

10e siècle, Bibliothèque de l'Université de Heidelberg

Collection Budé, Loeb Classical Library :

V, Épigrammes érotiques de divers auteurs : 6 ; 8 ; 14 ; 19 : je ne suis plus paidomane ; 49 : philopaides et gynécomaniaques ; 54 ; 65 ; 78 [cité par Diogène Laërce] ; 116 ; 117 ; 122 ; 142 ; 145 : d'Asclépiade : couronnes suspendues à la porte d'un aimé ; 277 ; 278 [cf Agathias] ; 297 ; 302.

VII : 24 ; 25 ; 27 ; 29-31 ; 35 ; 99 ; 100 ; 346 ; 667-670 ; 714.

IX : 38 : par nature efféminé [malakos] ; 77 : Hêra irritée par la beauté de Ganymède. Troie a enfanté ce mâle, qui enflamme Zeus comme une torche ; 184 [cité par W. A. Percy] ; 241 : vous vouliez vous cacher car vous n'êtes pas les amants qui persuadent mais ceux qui violentent.

X : 20 ; 68 : Agathias : chez les animaux, la femelle s'accouple avec le mâle. Des hommes corrompus s'unissent entre eux.

XI : 19 ; 21 ; 22 ; 24 ; 36 ; 51 ; 52 ; 216 : de Lucilius : Kratippos le philopaide a tourné ses goûts dans une direction inverse ; 217 : un mariage n'invalide pas les soupçons ; 221 ; 224 ; 225 ; 261 : une passion contre nature l'écarte de ceux de son âge ; 272 : ils ne sont ni hommes ni femmes ; hommes pour les femmes, femmes pour les hommes [formule appliquée à César] ; 326, 339 : gestes d'embroché ; 362.

XII [quasiment en entier ; cf CALLIMAQUE, MÉLÉAGRE et STRATON] : 50 : d'Asclépiade : l'amer Éros a aiguisé ses flèches ; 75 : d'Asclépiade : si tu avais des ailes, un arc et des flèches, ce n'est pas Éros mais toi qu'on nommerait le fils de Cypris ; 105 : d'Asclépiade : Éros dans la maison de Damis ; 123 : baiser à Ménécharme après le match de boxe ; 155 [cité par Félix Buffière] ; 162 : d'Asclépiade : Philocrate et Antigène ; 163 : d’Asclépiade : Éros a découvert quelles sont les beautés à mélanger : non l’émeraude et l’or, mais Cléandre et Eubiotos ; 228 : ne pas aimer un garçon trop jeune [de moins de douze ans].

XIII : 20 : Opis pris de désir pour le beau Bryson.


MÉLÉAGRE (vers -140/-70), philosophe cynique grec d'origine syrienne,

Anthologie Palatine, Collection Budé, Loeb Classical Library :

V Épigrammes érotiques de divers auteurs : 208 : je ne suis pas paidomane ; une main lave l'autre [cf Quitard].

XI, 223 : Faborinos nique avec sa propre bouche.

XII, Muse garçonnière de Straton, 41 : je ne considère plus Théron comme beau, ni Apollodore jadis rayonnant et qui n'est aujourd'hui qu'un flambeau éteint ; 47 : Éros est un enfant qui joue aux dés ; 86 : Cypris nous enflamme pour les femmes, mais Éros régit le désir pour les mâles ; pour qui vais-je incliner ? Je suis sûr que Cypris dirait : "le fier marmot l'emporte" ; 106 : je n'ai d'yeux que pour Muiskos ; 109 : jeunes du même âge ; 125 : le doux rêve d'un garçon de dix-huit ans ; 126 : le chaud Éros a égratigné mon cœur ; quand je vois Diophante, je ne puis ni fuir ni resister ; 154 : Éros mélange la douceur et l'amertume ; 157 : Cypris est le capitaine, Éros tient le gouvernail ; le vent du désir me pousse sur une mer de garçons [image adaptée par A. Pope].


CATULLE (vers -82/ -52), poète latin mondain, précurseur des élégiaques,

Poésies [Carmina], collection Classiques de poche (bilingue), Belles Lettres, Paris 1996, 2023 ; Collection Budé ; Loeb Classical Library : texte latin sur Perseus.

10 : irrumator ; gaillards [ad lecticam hominis] de Bithynie achetés par Gaius ;
15 : préserve la pudeur de mon puer [Juventius], toi et ton pénis fatal aux bons et mauvais garçons ; qu'on te punisse comme on fait des adultères [cf Montaigne, III, v] ;
16 : je vous enculerai et vous niquerai la tête [pedicabo ego vos et irrumabo] ; Aurélius le passif [pathicus] et Furius le cinède [cité par Jeremy Bentham, par Stephen Coote dans The Penguin Book of Homosexual Verse, et par Anthony LR] ;
" Parce que mes petits vers sont licencieux, vous m’avez accusé de manquer de pudeur. Un poète pieux doit être chaste dans sa personne ; pour ses petits vers, ce n’est pas nécessaire ; ils n’ont de sel et de grâce qu’à la condition d’être licencieux et dévergondés et d’avoir de quoi exciter le prurit, je ne dis pas chez les enfants, mais chez les hommes poilus qui ne peuvent plus mouvoir leurs reins engourdis. Et vous, parce que vous avez vu dans mon livre des milliers de baisers, vous m’accusez de n’être pas un vrai mâle ? Je vous baiserai par la bouche et le cul. " C.U.F., Les Belles Lettres ed. et trad. Georges Lafaye, revue par Simone Viarre.
21 : Aurélius, tu veux enculer celui que j’aime [Juventius] ;
24 : beau [garçon] qui n’a ni esclave ni coffre fort ;
25 : Thallus le cinède [cf Montaigne, II, xii ; cité par Anthony LR] ;
" Thallus l'enculé, plus mou que le poil du lapin, que la moelle de l'oie, que le fin bout de l'oreille, que le membre flasque du vieillard, que la toile moisie de l'araignée, Thallus, plus rapace aussi que les tourbillons de la tempête, quand la lune te montre les gens du vestiaire qui bâillent, renvoie-moi mon manteau que tu m'as volé, mon mouchoir de Saetabis et mes broderies de Thynos, que tu étales à tous les yeux, imbécile, comme un legs de tes ancêtres. Décolle-moi tout cela de tes ongles et renvoie-le moi, sinon sur tes petites côtes velues et sur tes mains mollettes les coups de fouet brûlants laisseront leurs traces honteuses, et tu t'agiteras de manière insolite comme un frêle esquif surpris sur la mer immense par un vent furieux. " C.U.F., Les Belles Lettres ed. et trad. Georges Lafaye, revue par Simone Viarre.
29 : César appelé "cinède Romulus"et impudicus ;
48 : trois cent mille baisers sur les yeux de Juventius ;
56 : j'ai corrigé rigidement un moutard qui donnait la saccade à une fille [cité par Stephen Coote, op. cit.] ;
57 : les passifs [pathici] Mamurra et César, cinèdes rivalisent avec les filles ; l’accord est parfait entre ces cinèdes éhontés [cité par d'Hancarville et Forberg] ;
61 : male te a tuis
unguuentate glabris marite
abstinere : l’époux a de la peine à renoncer à ses glabres amis ;
80 : an vere fama susurrat
grandia te medii tenta vorare viri ?
: Gellius, tu engloutis la verge d’un mec bien monté [cité par Anthony LR] ;
" Qu’est-ce à dire, Gellius ? pourquoi tes lèvres roses deviennent-elles plus blanches que la neige hivernale quand tu sors de chez toi le matin et quand la huitième heure d’une longue journée te réveille après une sieste nonchalante ? Il y a une raison, à coup sûr ; est-il vrai, comme le chuchote la voix publique, que tu engloutis la verge énorme d’un gars bien monté. Oui, c’est bien cela ; c’est ce que proclament les flancs épuisés du pauvre petit Victor et tes lèvres souillées de sperme. "  C.U.F., Les Belles Lettres ed. et trad. Georges Lafaye, revue par Simone Viarre.
81 : Nemone in tanto potuit populo esse, Iuventi,
bellus homo quem tu diligere inciperes
praeterquam iste tuus moribunda ab sede Pisauri
hospes inaurata pallidior statua?
qui tibi nunc cordi est, quem tu praeponere nobis
audes et nescis quod facinus facias
.
Ne pouvais-tu trouver, Juventius, parmi
Tout ce peuple un beau gars pour ton premier ami,
Au lieu de prendre au fond d'un lieu mortel, Pisaure,
Cet étranger jauni comme un bronze qu'on dore?
C'est l'élu de ton cœur ! Tu l'oses aimer mieux
Que nous! Sais-tu combien ton crime est odieux ?
Juventius ;
99 : baiser dérobé à Juventius [cité par Stephen Coote] ;
100 : douce sodalité [association romaine] fraternelle ;
106 : beau garçon qui désire se vendre ;
112 : Nason le pathicus a des partenaires multiples.


TIBULLE (vers -50/vers -19), poète latin,

Élégies, CUF (Budé), Loeb Classical Library :
I, iv, 1-6 : demande de conseil à Priape sur la façon d'attraper un beau garçon ; 82-83 : Marathus me fait mourir d’amour ;
viii : le garçon Marathus ;
ix : Marathus a un autre amoureux qui le détourne par ses cadeaux.


PÉTRONE [Petronius Arbiter] (??/66), romancier latin influencé par Varron,

Première page de l'édition de 1709 du Satyricon


Le Satyricon, Collection Budé ; Classiques en Poche (Belles Lettres, texte établi, traduit et commenté par Olivier Sers) ; Loeb Classical Library ; Perseus en ligne ; collection Folio classique :


Encolpe et Ascylte (1-26) :
8 : Ascylte se voit proposer le prix du stupre par un respectable père de famille ;
9 : Ascylte vient d'essayer de violer Giton ;
10 : Ascylte résolu à trouver le lendemain un lit et un autre frater ; Encolpe veut reprendre ses anciens arrangements avec Giton ;
11 : Encolpe couche avec Giton ; Ascylte : " Tu fais de la cohabitation ?" ;
21 : cinède qui s'empala sur nous en tortillant des fesses ;
23 : cinède particulièrement dépourvu d'esprit ; voluptueux cinèdes [spatalocinaedi ; cité par Alfred Delvau à l'entrée Ganymède] ; il besogna longuement mon membre sans résultat ;
24 : le cinède change de monture et enfourche mon copain ; cité par Alfred Delvau :
Dictionnaire érotique moderne, 1864.

26 : l'inverti [embasicoetas] ouvrait le cortège.

Dîner de Trimalcion (27-78) :
27 : Trimalcion s'essuie les doigts aux cheveux de son esclave [puer : cité par Baudelaire] ;
43 : il était porté sur les petits garçons [puellarius erat] ;
64 : Trimalcion se tourna vers ses délices, qu'il appelait Crésus ;
67 : une femme se plaignait des délices de son mari ;
70 : mignons [pueri] à frisettes ;
74 : Trimalcion embrasse longuement un esclave [puer] pas mal fichu ;
75 : Trimalcion fut pendant 14 ans les délices de son maître ; il n'y a pas de honte si c’est le maître qui commande.

Eumolpe (79-84)
79 : Eumolpe emmène son cher Giton dans son lit ; Ascylte : "partageons aussi le garçon [puer] " ;
80-81 : Giton choisit Ascylte pour frater ; jalousie d'Encolpe ;
83 : les étreintes de légende (Jupiter et Ganymède, Hercule et Hylas, Apollon et Hyacinthe) sont pures de rivalité ;

L'Éphèbe de Pergame (85-87) :
85 : L’hôte de Pergame [Bergama, Turquie actuelle] avait un fils ravissant ; plan de séduction établi par Eumolpe ; indignation feinte au sujet de l'usage des beaux [usus formosorum] ; le premier vœu d'Eumolpe, embrasser ;
86 : Le deuxième vœu, caresser ; le troisième vœu, coitum.
87 : " Dormez, ou je vais le dire à mon père. " " Pourquoi on ne le fait plus ? "
" Dors, ou je vais le dire à ton père ! " [épisodes évoqués par La Mettrie] ;

Eumolpe (88-141)
92 : avec Eumolpe et Giton ; félicitations pour le Ganymède ; cohue d'admirateurs applaudissant un jeune homme nu qui avait perdu ses vêtements ; Oh le vaillant garçon :
Commentaire d'Alfred Delvau :
Dictionnaire érotique moderne, 1864.

Il vaut mieux polir un engin qu'un génie [inguina quam ingenia fricare ; cité par Delvau]
97 : Ascylte recherche Giton ;
100 : il est fâcheux que le garçon [puer] plaise à notre hôte [Eumolpe] ;
119 : la nature se cherche et ne se trouve pas ; chacun aime les mignons [scorta], les allures efféminées et molles, les cheveux flottants ; 127 : Polyaenos a déjà un frater ;
128 : Je fis coucher Giton auprès de moi ; animus quod perdidit optat, Atque in praeterita se totus imagine versat.; esprit obsédé par le souvenir de sa vision [cité par Montaigne, III, v, 841] ; à la manière de Socrate ;
Giton à Encolpe : affection digne de la foi socratique [“ Itaque hoc nomine tibi gratias ago, quod me Socratica fide diligis. Non tam intactus Alcibiades in praeceptoris sui lecto iacuit ” ... ; cf Platon, Symposium ; cité par La Mothe Le Vayer.] ;
132 : Encolpe et le jeune Endymion ; leurs mains inventent tous les genres d'amour ;
140 : Eumolpe tellement chaste qu’il eût pu considérer Encolpe comme un puer [ironie] ; Encolpe se fait manier des deux mains par Eumolpe [cité par Forberg].


STRATON [Στράτων] DE SARDES (IIe siècle), épigrammatiste grec,

La Muse garçonnière, Loeb Classical Library (Greek Anthology, vol. IV) ; traduction 1911 dans le Livre d'amour des Anciens), ; traduction 1973 (Roger Peyrefitte, Flammarion) :



XI, 19 : aime maintenant, Damocrate, car tu ne seras pas toujours avec des garçons ; 225 [cf XII, 210].
XII, 1 : j'aime les garçons et je m'unis à eux ; 4 : la seizième année est celle des dieux ; 188 : si tu considères mon baiser comme une injure, rends-le moi ; 194 : Si Zeus enlevait encore des mortels, un aigle aurait emporté mon Agrippa ; 198 : j'aime la jeunesse et ne préfère pas un garçon à un autre ; chacun a son charme ; 210 : trois sont au lit, deux actifs et deux passifs ; 242 : le lézard qui était comme un pouce rose est maintenant d'un pied de long ; 245 : nous qui sommes logiques avons un avantage sur les animaux dépourvus de raison, nous enculons ; ceux qui sont sous l'emprise des femmes sont comme des bêtes ; 258 : j'écris pour tel ou tel philopaide.


APULÉE DE MADAURE (vers 125/vers 175), écrivain latin d'origine nord-africaine et de culture grecque,
Apologie, BT, CUF :
X : Virgile se désigne lui-même sous le nom de Corydon, et le puer sous celui d'Alexis ; vers de Platon sur Aster, Alexis, Phèdre et Dion ; XI : en pareille matière, c'est taire et dissimuler qui est signe de dépravation ; l'aveu sans réticence est simple badinage ;
XII : Les deux Vénus, populaire et céleste [cf Platon, Banquet] ;
LXXIV : In puerita, Hérennius Rufinus se prêtait avec complaisance aux innombrables désirs de ceux qui l'avaient émasculé ; LXXV : comme autrefois de ses propres talents, c'est du corps de sa femme qu'il fait trafic aujourd'hui ; LXXVIII : le plus efféminé de tous les êtres.
Florides, BT, CUF :
II, 15 : Bathylle aimé de Polycrate.
Métamorphoses ou Âne d'or : BT, CUF, LCL, GcP [Romans grecs et latins]:
III, 20 : corollaire garçonnier offert par Photis {sodomisation d'une femme] ;
VI, 15 : aigle au service de Jupiter pour enlever Ganymède ;
VIII, 24 : un vieux cinède chauve ; 26 : description d'un chœur de cinèdes aux cris discordants ; leur jeune concubin commun ; 28 : sang impur de ces efféminés ; 29 : libido illicite avec le jeune paysan, couché sur le dos et entouré de tous côtés [scène analogue décrite dans L'Ile des Hermaphrodites, 1605] ;
X, 30 : beau garçon attirant tous les regards.


AULU-GELLE (vers 130/vers 180), érudit latin,

Nuits attiques, Collection Budé, Loeb Classical Library :
I, ix, 9 : un jeune veut étudier le Banquet de Platon pour l'orgie d'Alcibiade.
II, xviii, 3 : Phédon enfant fut contraint de se prostituer par son maître, un entremetteur.
VI, xii, 2 : tuniques à manches longues admises seulement pour les femmes ; 4 : reproche à un délicat de porter des tuniques qui couvrent ses mains ; 5 : Scipion le jeune : "Quand un homme se parfume tous les jours et fait sa toilette devant un miroir, quand on lui rase les sourcils, quand il se promène la barbe épilée et les cuisses épilées par-dessous, quand dans les banquets, comme un petit adolescent avec son amateur, il se place plus bas que lui en tunique à manches longues, quand il est non seulement porté sur le vin [vinosus], mais aussi sur les hommes [virosus], peut-on douter qu'il n'ait fait ce que font les cinèdes ?" [cité par Macrobe] ; 6 : Virgile aussi accuse les tuniques d'être efféminées, infamantes ; "et leurs tuniques ont des manches, leurs bonnets des rubans", dit-il [Énéide, IX, 614-620 ; peut-être à l'origine de l'expression de la manchette ].
XV, xii, 2 : Gaius Graccus : dans cette province, il n’y avait pas de très beaux esclaves ; 3 ; 12 ; 20 : Euripide haïssait presque toutes les femmes [cité par William Poole].
XVIII, iii : accusation d'impudicité contre Timarque [cf Eschine]
XIX, ix : vers délicieux d'Anacréon ; Éros et Bathylle.


BAUDRI DE BOURGUEIL (1046/1130), moine bénédictin,

Œuvres poétiques, Paris : Champion, 1926.
38 : tu seras un autre Orphée ; 42 ; 161 ; je n'écris pas moins pour les garçons que pour les filles ; 177 : le garçon est inconstant ; 231 : l'amour garçonnier ne m'a jamais égaré ; 250 : si tu veux être mon puer, parle plus clairement [cité par John Boswell ; traduction Tachet, 1985 : "si vous voulez être mon fils"]



ANTHOLOGIE DE PLANUDE (fin XIIIe siècle),

[Anthologie Palatine, livre XVI], Collection Budé, Loeb Classical Library :
XVI, 49 : Apollonide : beauté de Ganymède admirée dans les temps anciens ; aujourd'hui on chante la beauté de Léon, fils de Cerkaphos ; 167 : Antipater de Sidonios : sur la statue d'Éros par Praxitèle à Thespie ; 237 : Tymnes : je priapise avec tous.



jeudi 9 mars 2023

L'AMOUR GREC CHEZ AUGUSTIN, BASILE DE CÉSARÉE, CLÉMENT D'ALEXANDRIE, EUSÈBE DE CÉSARÉE, JEAN CHRYSOSTOME, JUSTIN, LACTANCE, PHILON ET TERTULLIEN, ET DANS LES PREMIERS CONCILES



Auteurs chrétiens de l'Antiquité par ordre chronologique : PHILON D'ALEXANDRIE, JUSTIN, CLÉMENT D'ALEXANDRIE, TERTULLIEN, FIRMICUS MATERNUS, LACTANCE, EUSÈBE DE CÉSARÉE, 2 CONCILES, BASILE DE CÉSARÉE, AMBROISE DE MILAN, JEAN CHRYSOSTOME, AUGUSTIN

Mes notes de lecture :

PHILON D'ALEXANDRIE ou PHILON LE JUIF (vers -13/54),
philosophe et exégète juif d'expression grecque, influent sur les premiers auteurs chrétiens,

Abraham, LCL. Paris : Cerf 1966, introduction, traduction et notes de Jean Gorez (Traduction particulièrement soignée, claire, précise, fidèle jusqu'à l'extrême selon Mireille Hadas-Lebel dans la Revue des Études Grecques) :
133 : Le pays de Sodome était plein des iniquités que provoquent gloutonneries et débauche ; 134 : la raison de la démesure dans la débauche fut l'abondance de leurs ressources, fruits de toutes sortes ;
135 : incapables d'en supporter la satiété, ils rejettent la loi de la nature [...] des hommes s'unissent à des êtres mâles sans que ceux qui étaient actifs eussent honte d'être du même sexe que ceux qui étaient passifs. Quand ils voulaient faire des enfants, il se révéla qu'ils répandaient une semence stérile ; mais cette révélation ne leur servait de rien, vaincus qu'ils étaient par un désir plus fort ;
136 : puis, habituant peu à peu ceux qui étaient nés hommes à subir le rôle de femmes, ils leur donnèrent une féminité morbide ; mal invincible : non seulement ils efféminaient leurs corps à force de mollesse et de sensualité, mais ils leur faisaient des âmes dégénérées ; et travaillaient à la ruine du genre humain. Si Grecs et Barbares avaient approuvé de telles unions, les cités seraient devenues des déserts, comme vidées par une maladie pestilentielle ;
137 : Dieu fit croître d'une façon particulière le nombre des unions entre hommes et femmes en vue de la procréation d'enfants ; il fit s'éteindre les unions qui étaient hors des lois de l'espèce et anormales, et ceux qui s'y portaient avec passion, il leur appliqua des châtiments hors du commun et inusités ; 138-140 : pluie de feu.

Des Lois spéciales : LCL, Paris : Cerf 1970 (introduction, traduction et notes par André Mosès) :
III, 37 : La pédérastie, dont le nom même était réprouvé autrefois et dont se vantent aujourd'hui non seulement ses partisans actifs, mais également leurs partenaires passifs ; ils ne rougissent pas de transformer par un comportement artificiel la nature mâle en nature femelle ; 38 : obéir à la loi qui ordonne de tuer l'androgyne ;
39 : que le pédéraste sache qu'il encourt la même peine [que les passifs, i. e. la mort], puisqu'il poursuit le plaisir contre nature, puisque, pour la part qui lui incombe, il s'efforce de rendre les villes désertes et vides d'habitants en détruisant ses germes générateurs, puisqu'en outre il ne dédaigne pas de devenir maître et docteur des maux majeurs, la dévirilisation [anandrias] et la mollesse [malakia] ; 40 : responsabilité de l'organisation sociale des honneurs et des fêtes de Déméter.

De la vie contemplative, Paris : Cerf 1963 (introduction et notes de François Daumas, traduction de Pierre Miquel) ; Remacle (traduction Delaunay/Didier, 1874) :
50-52 : description des mignons et des banquets ;
59-63 : diatribe contre les pédérastes.
Traduction Delaunay : " Il y a encore d'autres esclaves : sur leurs joues fleurit à peine le premier duvet ; ils faisaient tout à l'heure les délices des pédérastes ; car on les a dressés avec le dernier soin à cet important office. [...] Si on les compare aux banquets des nôtres qui ont embrassé la vie contemplative, ils paraîtront ridicules. Ils ont chacun leurs plaisirs. Celui de Xénophon en offre de plus conformes à la nature humaine : il y est question de joueuses de flûte, de danseuses, de jongleurs, de bouffons qui sont fiers de leurs farces et de leurs quolibets ; il s'y agit de tout ce qui peut exciter la gaieté. Celui de Platon roule presque tout entier sur l'amour, non pas celui qui inspire aux hommes pour les femmes et à celles-ci pour les hommes des transports passionnés, qui n'ont toutefois rien de contraire à la loi de nature, mais sur cet amour dont les hommes brûlent pour d'autres hommes, qui ne diffèrent d'eux que par l'âge. S'il s'y rencontre quelque passage d'un ton plus élevé, où l'on parle de l'amour vrai et de la volupté céleste, c'est pure élégance; car la plus grande partie du livre est consacrée à célébrer la passion, impure et si répandue, qui détruit la virilité et cette vigueur aussi utile dans la paix que dans la guerre, qui engendre dans les âmes un mal énervant, qui transforme en androgynes[46] des hommes qu'il faudrait, par toutes sortes de soins, affermir et fortifier, qui déshonore le jeune âge, en lui donnant le rôle et le tempérament propres au sexe, objet de nos désirs, qui cause enfin aux pédérastes eux-mêmes les plus grands dommages, en ruinant leur corps, leur âme, leurs biens. "

Homélies sur la Genèse, LCL, Cerf 1984 :
IV, 31 ; 38.


JUSTIN (Naplouse, vers 100/Rome, 165), martyr chrétien et apologiste de langue grecque,


Saint Justin dans André Thevet, Les Vrais
Pourtraits et Vies Hommes Illustres, 1584


Apologie des Chrétiens, Migne éditeur, Patrologia Graeca, volume 6. Traduction française : Apologie pour les chrétiens, Paris : Études augustiniennes, 1987.

I, 25 : il serait honteux de parler de l'amour masculin [érotas arsénon] de Dionysos et d'Apollon ; jamais Jésus ne se serait excité à abuser de Ganymède ; 27 : les mâles exposés deviennent ensuite prostitués ; 29 : nous nous marions pour avoir des enfants ou bien, refusant de nous marier, nous passons notre vie entière dans la continence ; cet Antinoüs que la crainte fit adorer comme un dieu quoiqu'on sut bien qui il était ; II, 12 : imiter Zeus et les autres dieux en se livrant sans retenue à des débauches masculines [androbatein].

Dialogue avec Tryphon le Juif, PG 6 ; traduction française Paris : A. Picard et fils,1909 :

95, 1 : les autres nations seront maudites ; elles corrompent les garçons [paidophthorounta].


CLÉMENT D'ALEXANDRIE (vers 150/vers 215), écrivain grec païen converti au christianisme,
Icône de Clément d'Alexandrie

Le Pédagogue, collection Sources chrétiennes (éditions du Cerf):

II,
vi, 52, 3 : on peut avec raison appeler langage obscène le fait de discourir sur les actes vicieux : s'entretenir par exemple de l'adultère, de la pédérastie et de choses pareilles [Τούτοις δὲ ἀναλόγως αἰσχρολογία εἰκότως ἂν καλοῖτο ἡ περὶ τῶν τῆς κακίας ἔργων λογοποιία· οἷον τὸ περὶ μοιχείας διαλέγεσθαι ἢ παιδεραστίας καὶ τὰ παραπλήσια].
x, 83, 5 : du lièvre on dit que chaque année il acquiert un anus de plus, et qu'il a autant d'orifices qu'il a vécu d'années : ainsi l'interdiction de manger du lièvre signifierait qu'on doit éviter la pédérastie ; 87, 3 : Il faut écarter les relations entre mâles [arrenomixias] et les pseudo-unions des androgynes [cité par Michel Foucault]: on doit suivre la nature elle-même lorsqu'elle interdit ces excès par la disposition qu'elle a donnée aux organes, elle qui a donné la virilité à l'homme non pour recevoir la semence, mais pour l'émettre." ; 88-91 : nous abstenir des rapports mutuels [allelobasias ; Sources chrétiennes a traduit : homosexualité] et de la corruption des garçons [paidophthorias] ; cite Lévitique, XVIII, 22.

III,
iii-iv : rechercher les mœurs contre nature en plein gymnase ; permis par la sagesse des lois ; bandes de cinèdes.
viii, 43-44 : péché avec les paidika imputé aux Sodomites.
xi, 60 : beaucoup de débauchés portent gravé le portrait de leur aimé ou de leur maîtresse ; 81 : cite Paul, I Corinthiens, vi..
xii, 89 : tu ne seras pas corrupteur d'enfants.

Exhortations aux Grecs [Le Protreptique], Loeb Classical Library ; coll. Sources chrétiennes :

II, 28 33, 5 : vos dieux n'épargnèrent même pas les garçons ; ils furent les amants l'un d'Hylas [Hercule], l'autre de Hyacinthe [Apollon], un autre de Pélops [Poséïdon], un autre de Chrysippe [l'humain Laïos], un autre de Ganymède [Jupiter ; cité par Arnobe et par Firmicus] ; voilà les dieux que vos femmes doivent honorer ! ; 30 34 : Bacchus et Polymnos [cité par Voltaire].
III, 38 44, 2 : Charmos, s'étant emparé d'un adolescent, éleva un autel dans l'Académie, en actions de grâces pour l'accomplissement de son désir ; et l'on nomma éros la violence impudique de ce mal, divinisant ainsi les désirs licencieux.
IV, 43 49, 1-3 : sur Antinoüs.
V, 85 108, 5 : ajoute [comme Didaché et l'Epître de Barnabé] "tu ne corrompras pas les garçons" aux commandements.


TERTULLIEN (vers 155/vers 230), polémiste latin, chrétien puis hérétique montaniste,

Apologétique, CUF (Budé) :
XI, 12 : corrupteurs de jeunes gens ; XIII, 9 : page des écoles dans le conseil des dieux [Antinoüs] ; XL, 7 : pluie de feu sur Sodome ; XLVI, 10 : sur la chasteté : Socrate condamné comme corrupteur de jeunes gens.

Aux nations, Migne éditeur, Patrologia Latina 1, colonne. 582 ; traduction XIXe siècle :
I, 16 : sans le savoir, un Romain se sert de son fils comme d'un petit esclave grec.

Le Mariage unique, collection Sources chrétiennes :
XII, 3 : évêque d'Uthina [Afrique] qui ne craignait pas la loi Scantinia [cité par P. Guénois].
XVII, 1 : Jean, eunuque [spado] du Christ.
101

La Pudeur, Migne éd., Patrologia Latina, 2, colonnes 987, 1010-11 :
IV : Quant aux autres emportements des passions, qui attentent au corps, au sexe et aux lois de la nature, nous les bannissons non seulement du regard, mais même du seuil de l'Église, parce que ce ne sont pas des péchés, mais des monstruosités.
XVI : molles et masculorum concubitores [Paul, 1 Corinthiens].
XVII : [cite Èphésiens, V].

Des Spectacles, collection Sources chrétiennes :
XXII : gymnastes et combattants adulés par des femmes (ou même des hommes), leur prostituent leur corps ; quelle perversité !


FIRMICUS MATERNUS (début IVe siècle), polémiste chrétien originaire de Syracuse,

L'Erreur des religions profanes, Bibliotheca Teubneriana ; Collection Budé ; traduction anglaise 1970 :
IV, 2 : prostitutions masculines des prêtres dans les temples assyriens [cité par Lafitau et par Helvétius] ;
VI, 7 : ce cinède se prostituait dans les temples des Grecs ;
XII, 2 : étreindre des garçons ; liste de couples célèbres : Ganymède et Jupiter, Hercule et Hylas, Apollon et Hyacinthe, Chrysippe et Pélops [sic, pour Laïos] ; aujourd'hui sévèrement puni par les lois romaines [loi de 342 ; cf CODE] ; 4 : exigences d'un corps efféminé ; 8 : Junon délaissée pour l'amour de Catamitus [Ganymède] ; XV, 2 : Pélops a fait les délices de son amant [Poséidon].
Mathesis, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé (incomplet), traduction anglaise 1975 :
III, 6, 4 : explication astrologique des efféminés, des cinèdes, et de ceux qui jouent les deux rôles ; 6 : explication astrologique de ceux qui n'ont pas d'épouse et qui s'impliquent toujours dans des amours de garçons [cité par C. A. Williams] ; 9 : ceux qui se réjouissent par le coït des garçons ; 14 ; 15 ; 20 : amateurs de garçons ; 22 ; 23 : amateurs de garçons ; 28.
VI, 30, 16 : sous le signe de Vénus : hommes se comportant en femmes.


LACTANCE (vers 260/vers 325), rhéteur d'origine africaine converti au christianisme,

Institutions divines, Migne éd., Patrologia Latina 6 ; collection Sources chrétiennes :

I " Sur la fausse religion ", x, 12 : Jupiter enleva un fils de roi [Ganymède, fils de Tros], déshonora son propre sexe ; véritable adultère : celui qui se fait contre la nature ; xi, 19 ; 22 ; 29 : image de Catamite [Ganymède], effigie de l'aigle dans le temple de Jupiter : souvenir d'une débauche criminelle et sacrilège ; xx : à Rome, méchanceté des impudiques qui ont prostitué, pour le plaisir des jeunes hommes, leurs propres enfants [liberos] ; tous les sexes et toutes les parties du corps étaient atteintes de désirs effrénés.
V " Sur la justice ", 9, 16 : crimes des impies : hommes prostituant leurs corps [cité par John Boswell] ; 17 : passifs comme les femmes.
VI " Sur le vrai culte ", 20 : compagnons de lit placés juste après les parricides et les incestueux ; efféminés ; 23 : que les mâles se mélangent avec des mâles est digne d'admiration chez les Romains ; coït infâme [nefandos] contre la nature.

L'Ouvrage du Dieu créateur, coll. Sources chrétiennes :
XII, 12-13 : explication de la naissance des invertis [hommes et femmes] par une anomalie latérale à la conception [cf Hippocrate, V, 48 : "le fœtus mâle est plutôt à droite, le fœtus femelle à gauche" ; cf Parménide et Célius Aurélien].


EUSÈBE DE CÉSARÉE [de Palestine] (vers 260/339), propagandiste chrétien grec d'origine palestinienne, premier historien de l'Église,

Chronique : LI, 17 : attribue à Tantale l'enlèvement de Ganymède [cite Phanoclès].

Démonstration évangelique, Migne, éd., Patrologia Graeca 22, colonne 275 :
IV, x, 162 : interdiction des noces abominables, femme avec femme, mâle avec mâle ; Lévitique, XVIII.

Préparation évangelique, Migne éd., Patrologia Graeca 21 ; collection Sources chrétiennes :
II, 6, 8 : Antinoüs, éromène consacré par l'empereur, comme Zeus fit Ganymède ; Histoire de Philopator de Ptolémée de Mégapolis ; 9 : les hommes célèbrent les nuits sacrées d'Antinoüs, dont la honte n'échappait pas à l'éraste qui avait partagé ses veilles.
VI, 10, 25 : depuis l'Euphrate jusqu'à l'Océan, celui qu'on accuse de rapports masculins [arsenokoites] se venge jusqu'à donner la mort ; en Grèce, même les sages qui ont des éromènes n'encourent aucun blâme [extrait de Bardesane] ; 27 : en Gaule, les jeunes gens servent de femmes en toute licence, sans voir là un sujet de blâme, vu la loi ; or il est impossible que tous les Gaulois qui subissent ces outrages impies aient eu en partage, à leur naissance, l'étoile du matin quand elle se couche avec Hermès [extrait de Bardesane ; passage évoqué par Sade qui l'attribue à César...]
XIII, 16, 8 : cite Platon, Phèdre : l'homme qui a été un loyal ami du savoir ou qui a aimé les jeunes garçons d'un amour philosophique ; 20, 1-6 : Platon, Phèdre ; 7 : ainsi parle Platon, mais non pas Moïse, qui prescrit exactement le contraire quand il proclame de toute sa voix la peine qui doit punir la pédérastie ; Lévitique, XVIII et XX ; 8 : ce grand sage pardonnait au pédéraste (car même dans les Lois il n'a pas cru devoir décréter contre eux la peine de mort).
XIV, 6, 5 : Numénius ; Arcésilas continua à se dire académicien par dévotion envers son amant Crantor [cité par Pierre Pellegrin]

PREMIERS CONCILES 

Concile d'Elvire, 305-306, J.D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, Florence, ci-dessous abrégé en M, II, 17 ; Patrologia Latina 84 :

canon 71 : ceux qui couchent avec des garçons [stupratores puerorum] ne peuvent recevoir la communion.

Concile d'Ancyre (Ankara actuelle), 314, M II, cc. 525-526 ; Patrologia Latina, volumes 67 et 84 :
canons 15 et 16 : visent la bestialité, l'homosexualité masculine et l'inceste, d'après Baluze.
Traduction latine (controversée) : ceux qui pèchent avec des quadrupèdes ou des mâles : pénitence dure et stricte de 15 ans pour les moins de 20 ans ; pénitence perpétuelle pour les mariés de plus de 50 ans.

17. De ceux qui ont pourri ou pourrissent encore dans la fornication avec des bêtes ou avec des mâles.
The Syriac Version in R. B. Rackham, “The Text of the Canons of Ancyra
 in Studia Biblica et Ecclesiastica: Essays Chiefly in Biblical and Patristic Criticism
by Members of the University of Oxford, vol. 3, Oxford: The Clarendon Press, 1891.


BASILE DE CÉSARÉE [de Cappadoce] (vers 330/vers 379), rhéteur et évêque, Père des moines d'Orient, Docteur de l'Église,


Basil of Caesarea. Menologion of Basil II. f.288



Discours aux jeunes gens sur la manière de tirer profit des lettres helléniques, Collection Budé :
IV : amours de Zeus ; choses que même en parlant des bêtes on ne conterait pas sans rougir.

Lettres, Collection Budé :
CLXXXVIII "À Amphiloque sur les canons", 7 : ceux qui se livrent à la corruption masculine [arrenophtoroi] sont dignes de condamnation ; recevoir [dans l'Église] ceux qui ont fait pénitence pendant 30 ans pour l'impureté qu'ils avaient commise dans l'ignorance.
CCXVII, 62 : à celui qui s'unit à des hommes [arsénosynèn] on infligera le même temps de pénitence qu'à celui qui se rend coupable d'adultère [cité par Pierre Damien]

De renuntiatione saeculi, Migne éditeur, Patrologie Graeca, volume 31 :
6 : les efféminés et ceux qui se réjouissent dans les ténèbres offensent la vie pieuse.

Sermo asceticus, Patrologia Graeca, volume 31 :
(40) 5 : nocivité des amitiés particulières ; inexcusable même chez les jeunes.

AMBROISE DE MILAN (vers 335/397), évêque de Milan, un des quatre Pères de l'Église d'Occident, avec saint Augustin, saint Jérôme de Stridon et saint Grégoire le Grand.

De Abrahamo, Patrologia Latina 14 :
I, vi, 52 : il est moins grave de coïter suivant la nature que de commettre un délit contre la nature ; manquement à l'hospitalité à Sodome [cité par Hincmar de Reims, Gratien et Jean de Salisbury].
Lettres, Patrologia Latina 16 :
69 : rejet de la confusion des sexes.

JEAN CHRYSOSTOME (vers 349/407), élève de Libanios, docteur de l'Église,

Contre les détracteurs de la vie monastique, Patrologia Graeca 47 ; édition Gabalda, 1933 :
III, 88 : Abominable désordre, forme nouvelle de vice, amour nouveau et criminel qui règne maintenant partout, Le genre féminin risque désormais d'être superflu ; en pleine ville, des mâles exercent leurs turpitudes sur d'autres mâles comme si l'on était au fond du désert [cité et traduit par Festugière ; humour involontaire] ; 90 : les animaux ne s'attachent point à leur sexe, ils observent les lois de la nature ; des chrétiens s'unissent plus librement aux garçons qu'aux courtisanes ; les pères des enfants qu'on outrage de la sorte n'en disent rien.

" Épître, aux Romains ", Homélies, PG 60 :
IV, 1 : quand Dieu a abandonné quelqu'un, l'ordre de toute chose est renversé ; 2 : le peuple sage d'Athènes et Solon y voyaient une conduite honorable ; pires que les meurtres car cela détruit l'âme; à ne pas nommer.

" Épître à Tite ", PG 62 :
III, Homélie, v : cite Paul.

À Théodore, Traité, Sources chrétiennes :
4, 5 : fidèle et ami de Dieu devenu efféminé [malakos], homosexuel [arsénokoitès] ; garder confiance dans l'efficacité de la pénitence [cf Bernardin de Sienne].


AUGUSTIN D'HIPPONE (Thagaste, 354/ Hippone 430), théologien chrétien et Père de l'Église d'Occident, originaire de Numidie (Afrique du nord), inspirateur du jansénisme,


Augustin dans sa cellule,
fresque, Sandro Boticelli, 1480

Cité de Dieu, Desclée de Brouwer ; Loeb Classical Library ; Patrologia Latina, volume 40,

IV, xxv : on dit que Jupiter fut le ravisseur et l'amateur impudique d'un beau garçon [Ganymède].

VI, vii : ce qu'ils perpètrent dans l'ombre, ces coupés et ces invertis [molles], c'est leur affaire ! ; x : on a castré certains pour les plaisirs libidineux des rois [cité par Montaigne].

VII, xxvi : invertis [molles] consacrés à la Grande Mère [Cybèle] ; Jupiter n'a déshonoré le ciel que par l'affaire de Ganymède.

XIV, xviii : actes infâmes qui cherchent les ténèbres pour échapper à la justice humaine.

XVI, xxx : à Sodome, le stupre entre mâles était devenu aussi commun que d'autres actions autorisées par la loi [cité par Mark. D. Jordan].

XVIII, xiii : l'enlèvement pour le stupre de Ganymède est un crime du roi Tantale [père de Pélops] que la fable attribue à Jupiter [d'après Varron ; cf Eusèbe, Chronique].

Confessions, Collection Budé ; Desclée de Brouwer ; Folio classique ; Gallimard, collection "Bibliothèque de la Pléiade" ; Flammarion, collection GF ; Loeb Classical Library :

II, 1 : amours changeantes et ténébreuses.
III, 1 : chaudière des amours honteuses.
III, 8 : les débauches [flagitia] contre nature doivent être punies, comme le furent les Sodomites, même si tous les peuples les commettaient [cité par Gratien, Vincent de Beauvais et Thomas d'Aquin].

Contre le mensonge, Desclée de Brouwer :
IX, 20 : horreur éprouvée pour le crime machiné par les Sodomites ;
XVII, 34 : à Sodome, il y avait des mâles brûlant d'assouvir leur infâme désir sur d'autres mâles.

Doctrine chrétienne, Desclée de Brouwer :
III, x, 16 : flagitium : acte commis pour corrompre l'âme et son corps, par une cupidité indomptée [cf Concile de Paris]

Les Noces et la concupiscence, Desclée de Brouwer :
II, 19-20 : cite Paul, Romains ; commerce infâme d'homme à homme où l'on délaisse l'usage naturel.

Questions sur le Genèse : Desclée de Brouwer, Patrologia Latina, volume 40, colonne 559 : XLI, XLII.


Voir aussi mes pages : Platon, Xénophon et Aristote


 GRÉGOIRE LE GRAND ET ALII (Textes chrétiens du Moyen Âge)

TABLE DES AUTEURS ANCIENS