MANCHETTE
La connotation homosexuelle dont l’origine n’est pas connue avec
certitude n’a été pratiquement rencontrée qu’au XVIIIe siècle. Le polémiste protestant Agrippa d'Aubigné nous fournit une piste :
Tragiques, II " Princes ".
Dictionnaire français de Pierre Richelet, 1680 et 1706 :
Il se
peut aussi que manchette soit dérivé de manche dans le sens que lui
donne Mirabeau : « Les Sodomistes pensaient apparemment comme un
grand seigneur moderne. Un valet de chambre de confiance lui fit observer que
du côté qu’il préférait, ses maîtresses étaient conformées comme des ganymèdes,
qu’on ne pouvait trouver au poids de l’or ; qu’il pouvait … des femmes.
" Des femmes ", s’écria le maître, " eh ! c’est comme si tu me
servais un gigot sans manche " »
H. G. Mirabeau, Erotika Biblion, 1783.
On rencontre cette connotation dans les rapports de la police
parisienne à partir de 1726 ; j'en ai fait une publication séparée :
« Il m’a conté la manière dont il avait été
arrêté aux Tuileries pour le fait de la manchette, et qu’on en arrêtait
aussi à la Demie-Lune et sous les arcades de la place Royale. » (6 janvier
1726)
« Lui ayant dit que j’avais été portier aux
Jacobins pendant trois ans, il m’a dit : puisque c’est comme ça, je ne
puis pas me fier à vous parce qu’on m’a dit qu’il y avait un jeune homme qui
avait été portier aux Jacobins qui faisait arrêter ceux qui étaient de la manchette. »
(2 juillet 1727)
« Ils ont tous deux été trois ou quatre fois cet
été dernier au Lion d’Argent à la Courtille, où il y avait beaucoup de monde de
la manchette, que toute la conversation ne roulait que sur cela, la
plupart des hommes qui s’y trouvaient se traitaient de « Madame » et
prenait toutes les manières des femmes en faisant comme elles des
révérences ; c’est ce qui les a détournés d’y aller. » (16 janvier
1748)
« Il a été rapporté au magistrat que le 29
octobre [1747] Caron s’est trouvé dans une assemblée de gens de la manchette
au nombre de vingt qui s’est tenue chez un marchand de vin à l’enseigne du Fer
à Cheval à la Courtille, et que tous ont eu affaire les uns avec les autres
soit dans ce cabaret soit après en être sortis. » (23 janvier 1748)
Archives
de la Bastille, 10256, 257, 259.
Vers sur Deschauffour faits
en 1726 :
« L’ordre de la
manchette en lui perd son vrai père,
Aux gitons de Paris il tenait
ordinaire.
Tout le monde le pleure, et
l’église et l’épée. »
De B… [Bois]-Jourdain, Mélanges
historiques, satiriques et anecdotiques [...] contenant des détails ignorés ou peu connus sur les événements et les personnes marquantes de la fin du règne de Louis XIV, des premières années de celui de Louis XV, et de la Régence, Paris : Chèvre et Chanson, 1807, tome 2, page 337.
« Leurs
discours ressemblent à leurs mœurs, ils ont un langage à part ; plein
d’affèterie, ils s’appellent entre eux Frères, Gitons et Ganymèdes. Ces noms
bizarres sont leurs noms d’amitié. Ils ont parmi eux un Ordre de Chevalerie
dont on ignore l’origine et les prérogatives ; ils tiennent tous à si
grand honneur de le porter, qu’il n’y a que les misérables qui ne l’aient pas,
on l’appelle Ordre de La Manchette. »
Godard de Beauchamps,
Histoire du prince Apprius [Priapus], 1728. (les anagrammes ont été
éclaircis)
Dans
les Journal et Mémoires du marquis René-Louis d’Argenson, ami de
Voltaire, il est question, à la date du 29 mai 1740, d’un certain de Vilaines,
« célèbre dans l’ordre de la Manchette », « jouant un
grand rôle dans le parti de la Manchette » (tome 3, page 87 de
l’édition Vve Jules Renouard, 1859).
Marquis d'Argenson, 29 mai 1740 :
" Ce personnage [Vilaines] est par sa nature porté à l'intrigue, utile à ses amis, et le fond de cette vue est un goût naturel de se mêler d'intrigues de cour. Il est célèbre dans l'ordre de la Manchette. Ce désordre de jeunesse porte à l'amitié et conduit au cœur tendre pour ses amis, quoique le désordre y cesse avec les violentes arsées (sic) qui font le b[ougre]. Celui-ci se trouve grand ami du cardinal de Tencin, que les jésuites lui ont donné pour ami, et il le sert avec jugement, selon le temps.
Ledit Tencin, après avoir tiré si grand parti qu'il a fait du cardinal de Fleury, a considéré d'où venait le vent et où il allait; il a trouvé qu'il allait précisément au sieur Bachelier, et a pénétré que le fond de ce crédit venait des conseils de M. Chauvelin, et qu'il ne pouvait conduire autre part.
[...]
Pour cet effet, il [le cardinal de Tencin] se sert de gens tous désavouables, et tel est de Vilaines jouant un grand rôle dans le parti de la Manchette, ayant vu Courcillon, Deschauffours et même Chausson1. Il est le maître de quelques jeunes gens, secrets sectateurs de cette non conformité, il est bien reçu aux Jésuites, et commande à quantité d'évêques; il va dicter et recevoir des dictées de politique chez la de Tencin, sœur du cardinal, il a de l'esprit, ce qui paraît par une grande facilité à parler de toutes sortes de choses, depuis la politique jusqu'aux marionnettes. Il est homme du monde, il y a toujours été reçu sur cette universalité, et comme homme de bonne compagnie. Ainsi il joint à ses amis de parti quantité de vieux amis, de tous partis indifférents. Il a servi, il a des procès, il est garçon commode, enfin il est dévot, car tous ces pauvres b[ougres]. meurent le c[ul] dans un bénitier. "
1. " Deschauffours avait été brûlé pour crime de sodomie, le 24 mai 1726. Chausson, que d'Argenson appelle Sauchon, avait eu le même sort vers 1674. Si l'on veut juger des progrès que cette hideuse démoralisation avait faits jusque dans les rangs de la jeune noblesse, il faut lire les révélations que renferme à ce sujet le procès-verbal d'un interrogatoire écrit de la main du lieutenant de police d'Argenson : Mss de la Bibliothèque du Louvre. "
Journal et mémoires du marquis d'Argenson, tome 3 / publiés pour la première fois d'après les manuscrits autographes de la Bibliothèque du Louvre, pour la Société de l'histoire de France, par E. J. B. Rathery. Auteur : Argenson, René-Louis de Voyer (1694-1757 ; marquis d'). 1859-1867. Contributeur : Rathery, Edmé-Jacques-Benoît (1807-1875). Société de l'histoire de France. Éditeur scientifique.
« Il y a grande brouillerie dans le ménage du jeune électeur [de Bavière, Maximilien III Joseph] et de l'électrice saxonne : ce prince avant son mariage était de la manchette; il s'est remis au goût régulier, et a pris une maîtresse. » (d'Argenson, Journal et mémoires, tome 5, 6 juillet 1748, page 235.
Jean-Jacques Rousseau utilisa l’expression chevalier
de la manchette dans ses Confessions :
« Cette
aventure me mit pour l’avenir à couvert des entreprises des Chevaliers de la manchette,
et la vue des gens qui passaient pour en être, me rappelant l’air et les gestes
de mon effroyable Maure, m’a toujours inspiré tant d’horreur, que j’avais peine
à la cacher. »
1ère
partie, livre II.
Une
des expressions du marquis d’Argenson fut reprise dans l’un des écrits anonymes
de la période révolutionnaire, et d’abord dans son titre, Les Enfants de
Sodome à l’Assemblée Nationale, ou Députation de l’Ordre de la Manchette :
« Que
peut aujourd’hui l’abbé Viennet [député à la Convention, père d’un écrivain
célèbre] pour l’Ordre de la Manchette ? Rien sans doute ; mais
l’ordre lui doit beaucoup de prosélytes : c’est lui qui, par le moyen de
son théâtre bourgeois, a perverti Dumay, commis au Domaine ; Cotte, commis
d’architecte ; Mandron le jeune, tapissier ; Michu, de la comédie
italienne, lui doit son avancement dans l’Ordre. »
Littré
donne ces définitions : « Un marquis de la manchette, un homme
qui tend la main, un mendiant. Les chevaliers de la manchette, les
pédérastes. »
L’explication
du sens homosexuel pourrait alors être dans le geste de la main vers le sexe du
partenaire. Mais R. H. Van Gulik apporte une autre piste en signalant qu’en
Chine ancienne l’expression « manche coupée » était devenue une
désignation littéraire de l’amour masculin après que l’empereur Ai-ti ait coupé
la manche de son vêtement pour éviter de réveiller son favori endormi à ses
côtés.
On
rencontre encore parfois le mot, par exemple dans le polar historique d’Alice
Yvernat :
« Il
n’avait pas l’impression d’être comme ceux de la manchette. Lui, il
aimait vraiment. Et qu’y a-t-il de commun entre un amour véritable et la
débauche à laquelle certains se livraient ? »
MANIÉRÉ
« Le général Bigeard avait exprimé une
volonté : que ses cendres fussent, à sa mort, répandues au-dessus de Diên Biên
Phu. Le Vietnam, dont les autorités ont toujours été aussi humaines que les
gars du 25e RIC étaient maniérés, a refusé. »
François Miclo, " Général, nous voilà !
Bigeard aux Invalides ", Causeur.fr,
28 novembre 2011.
MANUÉLISER
« [En septembre 1743] M. de Villars porta la main
dans la culotte de lui déclarant [Jean-Baptiste Mars], qu’il manuélisa
en lui faisant des reproches de ce qu’il n’avait pas l’érection, de ce qu’il
n’agissait pas réciproquement avec la même liberté avec lui duc de Villars qui,
pendant qu’il touchait d’une main lui déclarant, se manuélisait de
l’autre, et parvint seul à l’éjaculation. »
Archives de la Bastille 1, 11536.
MARCHER
Donner dans les relations masculines.
« Axiome : tout Saint-Malo marche. » (Dans la Correspondance Gide/Ghéon).
Julien Green : « [Robert] Levesque nous dit qu'à Rome tout le monde " marche ", que les hommes font l'amour cinq ou six fois par jour, qu'un garçon comprend dès le premier coup d'œil et consent toujours. »
Journal intégral 1919-1940, 13 avril 1935, Paris : Robert Laffont, 2019.
« Il a été groom au Lido pendant quelque temps et me dit que Cartonnet est connu pour faire de l'œil aux gigolos qu'il préfère de beaucoup aux femmes, et qu'il aime surtout se faire baiser. Ce même Cartonnet " marcherait pour de l'argent ". » Journal... 2 octobre 1936.
MARI
« Mari : très facilement employé dans le
milieu gay pour désigner son copain du moment. »
www.tasante.com 2002.
La loi Taubira " mariage pour tous " de 2013 a bouleversé la situation...
MASCULIN
« De
combien de mots masculins
A-t-on
fait des mots féminins
[...]
Sans
que l'abbé de Boisrobert
Ce
premier chansonnier de France,
Favori
de son éminence,
Cet
admirable patelin,
Aimant
le genre masculin,
S'opposât
de tout son courage
À
cet efféminé langage. »
Gilles
Ménage, Le Parnasse alarmé ou Requête des dictionnaires, 1649, page 8.
À la mort de l’archevêque
d’Albi Séroni, on fit circuler ces vers irrespectueux :
« Pleurez,
pleurez jeunes garçons
Un
prélat si fort débonnaire
Qui
retranchait de vos leçons
Deux
des genres de la Grammaire :
De
même qu’en pays latin,
Il
n’usait que du masculin. »
Recueil
Maurepas, BnF, mss fr. 12640, année 1685, tome 25, p. 399.
De même après l’expulsion des Jésuites :
« Vous ne savez pas le latin :
Ne criez pas au sacrilège
Si on ferme votre collège
Car vous mettez au masculin
Ce qu’on ne met qu’au féminin. »
Chansonnier Clairambault-Maurepas, année 1762.
MAUVAIS GENRE
Caricature d'Abel Faivre, Le Rire, septembre 1907.
MÉNAGE, MÉNAGE MASCULIN
« Quel
beau ménage ils faisaient à la turquesque. Aussi les petits enfants
criaient tout haut que Quelus et Maugiron étaient bardaches […] peu après
faisant un nouveau ménage. »
La
Vie et faits notables de Henri de Valois,
1589.
« À peine arrivée dans la rue, toute la société
[les amis lettrés de Sautelet] s’est mise à parler du ménage masculin de
Fiévée et Th. Leclerq. On a beaucoup jasé sur ce sujet. »
Delécluze, Journal, 12 avril
1826.
MÉTIER
Métier eut une connotation homosexuelle à partir du XIIe siècle chez des
auteurs comme Gautier de Coincy et dans des œuvres anonymes telles que l’Eneas,
le Lai de Lanval et l’histoire de Gille de Chyn.
« Il transfigure cette abomination brutale des
Sodomites que l’Écriture condamne si aigrement, et la fait évanouir à ce que
bougrerie ne soit pas estimée péché. Ce que je crois il ne fait pas sans cause.
Car je pense bien qu’il a pratiqué le métier suivant le privilège de son
ordre. »
Jean Calvin, Épître contre un cordelier détenu à
Rouen, Recueil des opuscules, 1566, page 719.
« Ci-dessous gît un pauvre prêtre,
Plaintif que Bougoin son maître
Lui fit faire plus d’un métier.
L’esprit revient et lui reproche
Qu’il virait en été la broche,
Et l’hiver il était portier.
Agrippa d’Aubigné, Les Aventures du baron de
Fæneste, III, 16.
Virer la broche et portier sont des métaphores fugaces auxquelles je n'ai pas
cru devoir consacrer une notice.
« Cet honnête homme fut mis par force au métier. »
Agrippa D’Aubigné, Confession catholique du sieur
de Sancy, I, 7.
Il y a cinq ou six mois qu’on a mis à la Bastille un
nommé Deschauffours qui était un particulier dans Paris, grand bougre de son métier,
bel homme et bien fait. Cet homme connaissait beaucoup de monde dans le grand
et dans le médiocre, car en général ce n’est pas l’amusement petit-bourgeois. »
Barbier, Journal, mai
1726, BnF, mss fr. 10286, f° 9.
Résurgence inattendue en 1914 :
Francis Carco : « La franchise du môme sidérait la Caille. Le « métier » lui plaisait vraiment, il avait ça dans le sang, et c'était plus comme les Titine et les Bambou qui se forçaient aux pires boulots... Lui aussi, la Caille, il s'y était forcé !... Mais ce qui l'asseyait, c'était chez le frangin de Bambou c'te facilité pour des mœurs contre nature qui, à lui, pour la même raison qu'elles le remuaient, le débectaient horriblement... »
Jésus-la-Caille, Paris : Mercure de France, 1914, deuxième partie, VIII.
METTRE
« Vous
ne savez pas le latin :
Ne
criez pas au sacrilège
Si
l’on ferme votre collège
Car
vous mettez au masculin
Ce
qu’on ne met qu’au féminin. »
Chansonnier
Clairambaut-Maurepas, année 1762.
« Tous les conquérants, ils doivent, c'est bien naturel, mettre les conquis! c'est la loi des plus vives Espèces !… »
Céline, Bagatelles pour un massacre, 1937.
« Regarde comme ils sont heureux tes
"Français de race" d'avoir si bien reçu les Romains... d'avoir si
bien tâté leur trique... si bien rampé sous les fourches... si bien orienté
leurs miches... si bien avachi leurs endosses. Ils s'en congratulent encore à
18 siècles de distance!.. Toute la Sorbonne en jubile!... Ils en font tout leur
bachot de cette merveilleuse enculade! Ils reluisent rien qu'au souvenir!...
d'avoir si bien pris leur pied... avec les centurions bourrus... d'avoir si
bien pompé César... d'avoir avec le dur carcan, si étrangleur, si féroce, rampé
jusqu'à Rome, entravés pire que les mulets, croulants sous les chaînes... sous
les chariots d'armes... de s'être bien fait glavioter par la populace
romaine... Ils s'esclaffent encore tout transis, tout émus de cette
rétrospection... Ah! qu'on s'est parfaitement fait mettre!... Ah! la
grosse! énorme civilisation!... On a le cul crevé pour toujours... Ah! mon
popotas!... fiotas! fiotum!... Ils s'en caressent encore l'oigne... de
reconnaissance... éperdue... Ah! les tendres miches!... Dum tu déclamas!...
Roma!... Rosa! Rosa!... Tu pederum!... Rosa! Rosa! mon Cicéron! »
Céline, Bagatelles pour un massacre, 1937.
Blague racontée dans les années 1950 : " Jean Marais vient voir Cocteau à son domicile. Un domestique le reçoit et demande : - C'est pour le maître ? - Non, juste pour le voir. "
La formule insultante " allez vous faire mettre ", " va te faire mettre " n'est pas encore tombée en désuétude.
MFL
Sigle d’un
groupe de la fin des années 1970, transposé du MLF, et signifiant Mouvance
folle lesbienne ; un groupe d’hommes, contrairement à ce que l’on pourrait
croire.
MFLGBT
Sigle assez ridicule correspondant à : Marche des
fiertés lesbienne, gay, bi et transgenre
M. G.
Abbréviation de mœurs grecques ou
de mauvais genre dans la correspondance de Marcel Proust.
« l’air m. g. « (29
février 1904) ; « M. est bien m. g. » (février 1905).
MIGNARD, MIGNARDER
« Un gros prieur son petit fils baisait
Et mignardait au matin en sa couche. »
Clément Marot, Épigramme 168, vers 1530
« Il [Zola] s’étend sur les
salauderies qui ont lieu dans les collèges de province et qui ont un coin de
brutalité que ne présentent pas les branlades mignardes des collèges
parisiens. »
Edmond de Goncourt, Journal, 18
avril 1883.
MIGNON
D’origine incertaine, peut-être de minet,
chat, ou de l’espagnol niño, garçon. L’adjectif chez Rabelais (Gargantua,
chapitre 54) et Du Bellay est dénué de nuance péjorative, mais sans
doute aussi de toute connotation homosexuelle.
L’emploi comme substantif fut noté par Pierre de
L’Estoile en juillet 1576 :
« Mignons. Le nom de Mignons
commença, en ce temps, à trotter par la bouche du peuple, auquel ils
étaient fort odieux, tant pour leurs façons de faire qui étaient badines et
hautaines, que pour leurs fards et accoutrements efféminés et impudiques, mais
surtout pour les dons immenses et libéralités que leur faisait le Roi, que le
peuple avait opinion être la cause de leur ruine, encore que la vérité fut que
telles libéralités, ne pouvant subsister en leur épargne un seul moment,
étaient aussitôt transmises au peuple qu’est l’eau par un conduit. » (origine probable de la théorie du ruissellement).
Ces favoris d’Henri III furent aussi
appelés « ganymèdes effrontés », « compagnons de
mignétise », et par un ligueur « beaux petits fouille-merde ».
On faisait des reproches au Roi :
« Il s’allie avec ses mignons
Ainsi que font les hannetons. »
(De L’Estoile, décembre 1581)
Dans des sonnets dits « peu chrétiens »,
Ronsard formula les mêmes accusations :
« Le Roi, comme l’on dit, accole, baise et lèche,
De ses poupins mignons le teint frais, nuit et
jour ;
Eux, pour avoir argent lui prêtent, tour à tour,
Leurs fessiers rebondis, et endurent la brêche.
[…]
Avec vos mignons consommez le loisir
Qui est dû, selon droit, à la chose publique.
[…]
Les culs plus que les cons sont maintenant
ouverts ;
Les mignons de la Cour y mettent leurs
lancettes. »
(BnF, mss fr. NA 6888, pp.
136-137)
Chez Montaigne, mignon signifie le plus souvent ami ou favori, mais la connotation d’homosexualité existe dans cette paraphrase de Diogène Laërce :
« Archelaus le physicien, duquel
Socrate fut le disciple et le mignon selon Aristoxenus. »
(
Essais, II, xii, page 556 de l’édition Villey/PUF/Quadrige ;
DL, Vie..., II, 19 ; mignon correspond ici au grec
παιδικά, garçon aimé).
Le terme se trouve dans les traductions d’ouvrages grecs, par exemple celles de Diogène Laërce et de la Bibliothèque d’Apollodore.
Agrippa d’Aubigné ne laissa aucun doute sur les mœurs
des Mignons qu’il disait « putains de la Cour » :
Tragiques, 1616, II " Princes.
Furetière définissait plus délicatement :
« Favori, en matière d’amitié, ou
d’amour. Du temps de Henri III, les favoris s’appelaient mignons ;
et ce terme emportait quelque chose qui n’est pas fort honnête. »
Michelet crut pouvoir innocenter ce petit monde :
« Puisque ce mot de mignons
est arrivé sous ma plume, je dois dire pourtant que je ne crois ni certain ni
vraisemblable le sens que tous les partis, acharnés contre Henri III,
s’accordèrent à lui donner. »
(Histoire de la France au XVIe
siècle. La ligue et Henri IV, chapitre 5.
Vers
sur le musicien Lully, composés en 1681 ou 1685 :
« La vieille Cortain se fâche
Que Brunet soit mon mignon ;
Elle est une vieille vache,
Il est un joli bardache ;
Elle a le con lâche et profond,
Il a le cul petit et rond. »
BnF, mss fr. 12688, page 284 (recueil Clairambault,
tome 3)
De Pierre Bayle (1647-1706) : " Antinous, mignon de l'empereur Hadrien " dans l'article " Antinous " du Dictionnaire historique et critique. Autre emploi à l'article " Arcésilas ".
Dictionnaire français de Pierre Richelet, 1706 (rien en 1680) :
Fénelon évoqua en 1712 les « infâmes mignons »
d’Henri III dans ses Dialogues des morts (§§ 67-68).
« La duchesse de La Ferté a dit qu’on remarquait dans l’histoire que la galanterie des rois roulait, l’un après l’autre, sur les hommes et sur les femmes, qu’Henri II et Charles IX aimaient les femmes, et Henri III les mignons ; Henri IV aimait les femmes. Louis XIII les hommes, Louis XIV les femmes et qu’à présent le tour des mignons était revenu. »
Mathieu Marais,
Journal et Mémoires, août 1722.
« Le propre jour que le maréchal de Villeroy est venu à Versailles, on a découvert que le jeune duc de La Trémouille, premier gentilhomme du Roi, lui servait plus que de gentilhomme, et avait fait de son maître son Ganymède. Ce secret amour est bientôt devenu public, et l’on a envoyé le duc à l’Académie avec son gouverneur pour apprendre à régler ses mœurs. Le Roi a dit que c’était bien fait. Voilà donc le tour des mignons et l’usage de la Cour de Henri III. »
Id., ibid., 27 juin 1724.
" Les dames ont fait les diables ; elles l[le prince de Ligne]'ont fait suivre et surprendre dans un vilain cabaret à Paris, avec quatre ou cinq de ses mignons. "
Lettre de Mathieu Marais au président Louis Bouhier, 24 juillet 1730.
René-Louis d'Argenson :
Journal et Mémoires, volume VIII, année 1754, page 210.
« Il [un Monsignor romain] voulut m’apprendre les catégories d’Aristote et fut sur le point de me mettre dans la catégorie de ses mignons : je l’échappai belle. »
Voltaire, Histoire des
Voyages de Scarmentado.
« On
parle de l’affaire Coin, du théâtre où paraissaient des femmes qu’on insultait,
qu’on débinait et que remplaçaient des hommes nus ; de David, chef
de bureau au Ministère de la Guerre, qui fournissait les mignons de la
Garde en si grand nombre que le gouvernement a cru à une conspiration militaire
et que c’est pour cela que la police est intervenue. »
Edmond et Jules de Goncourt, Journal. Mémoires de la vie littéraire de 1851 à 1896, Paris : Fasquelle/Flammarion, 1956, 10 octobre 1864.
« Lapin : enfant ou
adolescent vicieux qui remplit dans les collèges le rôle des mignons de
Henri III, ou celui d'Alcibiade près de Socrate. »
Hector France, Dictionnaire
de la langue verte, 1907, réédition Nigel Gauvin, 1990.
L'écrivain Yvan Audouard distinguait trois sortes d'homosexuels au café de Flore :
" Les " grands mignons " qui [s'étaient] fait un nom en littérature, et [que le patron] estim[ait] ; les " petits mignons " qui [étaient] bien élevés, qui n'affich[ai]ent pas leurs sentiments, et qu'il absol[vait] ; enfin les " vilains mignons " qui [faisaient] profession de l'être et auxquels il continu[ait] de botter périodiquement les fesses ".
" Yvan Audouard vous présente le troisième sexe comme si vous en étiez " , France Dimanche, nº 120, 19 décembre 1948, page 7. [Cité dans Geoffroy Huard, Au-delà de la libération gay - Le monde homosexuel à Paris de l’après-guerre au Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire.]
" On voit très bien que Monsieur Philippot s'empare des leviers de commande, place ses hommes, ses mignons, partout, et il fait un pression constante évidemment sur Marine Le Pen et le pauvre bureau politique ; elle ne doit pas laisser des apparatchiks s'emparer de l'appareil ; c'est Philippot ou Le Pen, un des deux, il faut que les choses soient claires (...) On n'a pas forcément raison parce qu'on est un jeune con. ". (Jean-Marie Le Pen, 11 mai 2015)
« Interrogé sur le caractère "homophobe" de certains de ses propos sur les "mignons" de Florian Philippot, il a expliqué qu'il ne " condamnait pas les homosexuels à titre individuel mais quand ils chassent en meute oui ". C'est-à-dire selon lui " quand de conserve ils manœuvrent d'une certaine manière et se conduisent comme des hétérophobes et des gens qui détestent ceux qui ne sont pas comme eux ".
" M. Philippot et ses amis recrutent plutôt dans leur milieu socio-culturel, si j'ose dire, et ont sur leurs amis une influence d'un type différent de celui qui gouverne généralement les relations entre les hommes ordinaires ", a-t-il dit. " Quand les gens se servent de leur particularité, je la dénonce ", a-t-il ajouté. » (lepoint.fr, 13 mai 2015).
On a donc là un des termes de l'Ancien Régime monarchique ayant le mieux survécus à la modernité.
MIGNON DE COUCHETTE
Sens
hétérosexuel au XVIIe siècle seulement :
« Le voilà, le beau-fils, le mignon de
couchette,
Le malheureux tison de ta flamme secrète »
Molière, Sganarelle, acte unique, scène VI.
De Pierre Bayle (1647-1706), l'expression mignon de couchette dans l'article " Jules III " de son Dictionnaire historique et critique.
« Le Créateur nous a fait l’un pour l’autre.
Qui voudra donc aller contre la loi
Du tout-puissant ? Ce ne sera pas moi.
Que l’on m’amène un
mignon de couchette Beau, fait au tour (*), un Adonis enfin ;
D’autre côté, telle quelle soubrette :
Je plante là mon ange masculin,
Et je m’en vais cajoler ma grisette. »
Jean-Baptiste Rousseau,
Contes et épigrammes, 1724, « La fourmi ».
« Et Jocko son barbier, marquis de la pincette
Et Monsieur de Maki son
mignon de couchette. »
Germain Nouveau,
Le Maron travesti.
MIGNONISME
« Les
Crétois ont été les premiers à ériger le mignonisme en système. »
Combes-Dounous,
annotations des Dissertations de l’orateur grec Maxime de Tyr, 1802.
MIGNONNEMENT
Selon
Agrippa d’Aubigné, « marcher mignonnement » faisait partie des
lois de la Cour royale (Tragiques, 1616, II " Princes ").
MINET
Terme d'affection ou de mépris ;
possède une connotation homosexuelle que
l'Académie n'a pas notée.
" Fig. Jeune homme, jeune
fille, à l'existence facile et oisive, aux ^préoccupations frivoles. "
Dictionnaire de l'Académie française, 9e édition.
« J'ai pas peur des
petits minets
Qui mangent leur ronron au Drugstore
Ils travaill'nt tout comme les castors
Ni avec leurs mains, ni avec leurs pieds. »
Jacques Dutronc, Les playboys, 1966.
«
Dans chaque club, les garçons se tiennent sur la scène très éclairée par petits
groupes de quatre ou six ; ils portent la tenue distincte de l'établissement et
de sa spécialité, minimale et sexy : maillot 1900 à bretelles ou cycliste pour
les athlètes, boxers shorts, strings pour les minets ou pseudo-voyous,
les follassons ont droit à des mini-jupes. »
Frédéric
Mitterrand, La Mauvaise Vie, Paris : Robert Laffont, 2005.
MISER
Aphérèse
de sodomiser.
« C’est
le destin des Français de se faire miser dans le cours des âges. »
Louis-Ferdinand Céline,
Bagatelles pour un massacre.
« Ils connaissaient les tantes et les pédés par
ce qu’en disait Théo, par ce qu’ils en disaient eux-mêmes, s’interpelant en
riant, avec ces phrases : "Il en est, de la pédale qui
craque !… Tu les prends en long, en large ou en travers ? Va te
faire miser, eh ! Va voir chez tonton, tu gagneras mieux ta
croûte !…" Mais ces expressions, vite lancées, ne leur représentaient
rien de précis. »
Jean Genet, Querelle de Brest, 1947.
MODE
« L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. »
Molière, Dom Juan, V, 2, Dom Juan à Sganarelle.
De Madame, princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV : « Quand on a raconté à Mme Cornuel la vie dévergondée des dames du faubourg (car on les appellent ainsi pace qu’elles habitent toutes au faubourg St Germain), elle a dit : "Mon Dieu, ne les blâmez pas, vous verrez que c’est une mission qu’on aura envoyée là, pour ramener les jeunes hommes du vice à la mode". Cette dame a maintenant 87 ans. »
Lettre à Sophie de Hanovre, 1er février 1693.
« Ce vice, qui s’appelait autrefois le beau vice, parce qu’il n’était affecté qu’aux grands seigneurs, aux gens d’esprit ou aux Adonis, est devenu si à la mode qu’il n’est pas aujourd’hui d’ordre de l’État depuis les ducs jusqu’aux laquais et au peuple qui n’en soit infecté. Le commissaire Foucault, mort depuis peu, était chargé de cette partie et montrait à ses amis un gros livre où étaient inscrits tous les noms de pédérastes notés à la police ; il prétendait qu’il y en avait à Paris presque autant que de filles, c’est-à-dire environ 40 000. »
Mémoires secrets …, 13 octobre 1783.
MŒURS
Dans cette disposition et les suivantes (articles 187-2, 416, 416-1 du CP, art. 2-6 du CPP), mœurs a une connotation homosexuelle
Loi Badinter/Delebarre 85-772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d'ordre social.
Voir Appendices de 1985
MOLLESSEDu grec malakia et du latin mollitia. La mollesse est décrite et souvent stigmatisée par de nombreux auteurs anciens : Alcuin d'York, Augustin, Célius Aurélien, Cyprien de Carthage, Démosthène, Horace, Juvénal, Pétrone, Philon d'Alexandrie, Salvien, Sénèque le Jeune, Sénèque le Père, Tacite, Tite-Live, et Vincent de Beauvais (au sens de masturbation) ; sans parler de tous ceux qui citèrent la 1ère Épître aux Corinthiens de l'apôtre Paul.
Jean Benedicti, La Somme des péchés..., 1587, 1601. Pour cet auteur, la sodomie n’est le fait que de l’actif, les bardaches, patients, ne commettant que le péché de mollesse.
Dictionnaire français de Pierre Richelet, 1680 et 1706 :
Pierre Saint-Amand : " Dans un passage de son essai sur le théâtre, Mercier reviendra sur l’affectation du personnage [le petit-maître]. Il mentionnera « le ton apprêté de leur mollesse […] ». C’est ici le terme homophobe qui désigne le plus directement l’effémination du fat, l’adoption des postures du sexe opposé (68).
68. La mollesse est associée depuis l’Antiquité à l’homosexualité passive. Voir Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes, Paris, Odile Jacob, 1995, p. 61. Les molles, dans les écrits de l’Antiquité recherchent des satisfactions sexuelles anormales ; ils représentent l’absence de toute puissance virile. Voir David M. Halperin, One Hundred Years of Homosexuality, New York, Routledge, 1990, p. 22-24. Halperin a raffiné son analyse de la mollitia dans un autre livre. Il s’agirait pour lui d’un des modèles du pré-homosexuel. Il étudie cette catégorie intéressante de l’inversion de l’identité sexuelle (masculine). Voir How to Do the History of Homosexuality, Chicago, University of Chicago Press, 2002, p. 121-130. Sur la notion de mollesse, pour le contexte français, je renvoie à l’étude de Christophe Martin, « La fontaine de Salmacis. Hantise de la mollesse et construction de la masculinité chez Rousseau », dans Masculinités en révolution, de Rousseau à Balzac, dir. Daniele Maira et Jean-Marie-Roulin, Saint-Étienne, PUSE, 2013, p. 31-48. "
Suite libertine. Vies du XVIIIe siècle, chapitre « Le Théâtre des Beaux », Paris : Classiques Garnier, 2021.
MÔME
Vidocq
mettait pour ce mot : « adolescent, joli garçon. » Ce terme d’argot prit ensuite le sens de
« petit garçon livré à la pédérastie »
Anonyme [Pierre Joigneaux ?], L’Intérieur des prisons, 1846.
« On
m’a même proposé des mômes, ô mon ami. Mais j’ai refusé. »
Gustave Flaubert,
lettre à Camille Rogier, 11 mars 1851.
« Enfants,
on les appelle mômes ou gosselins, adolescents ce sont des cousines,
plus âgés, ce sont des tantes. »
Larchey,
« Dictionnaire des excentricités du langage », Revue anecdotique
des excentricités contemporaines, n°5, septembre 1859.
Charles Perrier releva dans l’argot de la prison centrale de Nîmes les mots girond et
môme, avec le sens de prostitué ; en vieillissant, le môme devenait
une tante ou une copaille (Les Criminels, tome 2, 1905).
« S’ils
aiment tant la femme, pourquoi, et surtout dans ce monde ouvrier où c’est mal
vu, où ils se cachent par amour-propre, ont-ils besoin de ce qu’ils appellent
un môme ?
Marcel Proust,
À la recherche du temps perdu, « La Prisonnière »
Selon un observateur, dans un
pénitencier guyanais,
« Les
homosexuels du type actif s’appellent les hommes, ceux du type passif
les mômes […] Pour un forçat, l’épithète de môme est la plus
grosse injure après celle de bourricot. »
Dr
L. Rousseau, Un Médecin au bagne, chapitre VII, 1930.
MONOSEXIE, MONOSEXUALITÉ, MONOSEXUÉ, MONOSEXUEL
Le
concept d’une sexualité ne s’exerçant qu’à l’intérieur de l’ensemble des êtres
d’un seul sexe fut représenté à l’aide des préfixes mono et uni.
L’utopiste Charles Fourier avait imaginé, avant 1837, le néologisme monosexie :
« On
voit dès à présent que les femmes dans leur état de liberté de perfectibilité
comme celles de Paris, ont beaucoup de penchant au saphisme. Les journaux de
Paris se sont plaints quelquefois que ce goût se généralisait parmi les jeunes
personnes de la capitale ; ce sexe est plus que l’autre enclin à la monosexie. »
" Le saphisme en harmonie ", Le
Nouveau monde amoureux, tome VII.
Monosexie
est donc, avec homoïousien et unisexualité, un précurseur de la série des termes allemands en homo- ; « monosexual » est un des termes utilisés par Kertbeny dans la lettre
de 1868. On peut regretter que ce terme monosexie, moins lourd que
d’autres (mais aussi moins clair), n’ait eu aucun succès. Quelques auteurs ont
suggéré l’emploi de monosexuel et monosexualité ; on en
trouvait encore des traces dans l’ouvrage de Paul Reboux, Sens interdits,
1951.
Michel Foucault : « Il y a deux âges d’or de la problématisation de l’homosexualité comme
monosexualité, c’est-à-dire des rapports entre hommes et hommes, et hommes et garçons. Le premier, c’est celui de la période grecque, hellénistique qui se termine en gros au cours de l’Empire romain. Les derniers grands témoignages en sont :
le dialogue de Plutarque, les dissertations de Maxime de Tyr et le dialogue de Lucien. »
«
Entretien avec Jean Pierre Joecker, M. Overd et Alain Sanzio », Masques, n° 13, printemps 1982.
" Le terme « homoparentalité » est assez ambigu : les relations homosexuelles qu’entretiennent les personnes avec qui vit l’enfant ne concernent que les adultes ; elles ne concernent en rien l’enfant et moins encore les liens juridiques qui unissent les adultes à ce dernier. On devrait donc sans doute davantage parler de « parentalité monosexuée », reposant sur l’indifférence sexuée, plutôt que de parentalité homosexuelle qui se fonderait sur la sexualité partagée par le couple alors qu’il s’agit bien de la question de la parentalité exercée par deux personnes de même sexe. Pour autant, le terme « homoparentalité » est aujourd’hui entré dans le débat public et parfaitement compris de tous. " Ibid., IV, A, 1.
" Si l’ouverture de l’adoption aux couples de personnes de même sexe permettra l’établissement, dans les deux cas qui viennent d’être mentionnés [adoption d'un enfant par le conjoint et adoption conjointe], d’une double filiation monosexuée, le régime de l’adoption simple comme de l’adoption plénière n’emporte pas de mensonge sur les origines de celui-ci. " Ibid, IV, C.
D’autres enfin témoignent d’une opposition à l’établissement – notamment dans le cadre de l’adoption – d’un double lien de filiation monosexuée, en ce qu’il contredirait l’altérité sexuelle au fondement du modèle reproductif naturel. Ibid, Annexe N° 3.
MOUCHARD
« On m’a traité de mouchard.
Mouchard veut dire : homme qui ne pense pas comme nous.
Synonyme au XVIIIe
siècle : pédéraste. »
Charles Baudelaire, Pauvre
Belgique.
Nous
n’avons pu vérifier l’affirmation relative au XVIIIe siècle ;
mais au début du règne de Louis XV on appelait mouches les provocateurs
qui approchaient les gens de la manchette pour lier conversation, puis les
faire arrêter.
Jules Choux donnait en 1881, dans Le Petit citateur - Notes érotiques et pornographiques
« en être : être mouchard
ou pédéraste ; quelquefois tous les deux ; ce qui s’appelle joindre
l’utile à l’agréable. » Ouvrage réédité par la BnF.