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mercredi 15 février 2023

L'AMOUR GREC DANS LES TEXTES LATINS DE MARTIAL, DE JUVÉNAL ET D'AUSONE ; suivi de NOTE SUR LES " MARIAGES " MASCULINS




MARTIAL (vers 40/102), écrivain satiriste latin,

Sources : Épigrammes, Bibliotheca Teubneriana (BT), Collection Budé (Belles Lettres), Loeb Classical Library (LCL) :
Et aussi : Thierry Martin, MARTIAL Épigrammes érotiques et pédérastiques, QuestionDeGenre /GKC, 2000.

Sur les spectacles : VI : César servi par Vénus.

Épigrammes, I, xxiv : celui qui était une mariée la veille ;
xli, 13 : un vieux cinède railleur ;
xcvi, 10-13 : un efféminé [molllis] qui regarde les mentules des hommes bien montés [drauci].
II, xxviii : qu'es-tu, Sextilius ? tu n'encules pas les garçons [nec pedico ; six catégories d'impureté, d'après Laurent Ramirez, 1607 : cinaedum esse, paediconem, fututorem, irrumatorem, fellatorem, cunnilingum] ;

xliii, 13 : ma main me sert de ganymède [et non de femme ; cf Arnaud de Vernioles, Affaire de Pamiers ; cité par Forberg] ;
xlvii, 3 : le mari n'est pas un enculeur [pedico ; commenté par John Boswell] ;
li : ton pauvre ventre assiste au banquet de ton cul [Infelix venter spectat convivia culi] ; le ventre a faim, le cul dévore [cf XI, lxxvii ; cité par Forberg] ;
lxii, 1-4 :  Cui praestas, culum quod, Labiene, pilas ? pour qui t'épiles-tu le cul ? [cf Montaigne, I, xlix, 297 pour le premier vers ];
lxxxiv : Poeantius était efféminé [mollis] et facile ;
lxxxvi, 2 : je ne lis pas à l'envers le cinède Sotade [cité par Jean-Luc Hennig] ;
lxxxix, 6 : tu suces [fellas], c'est le vice de qui ?
III, lxxi, 1-2 : le garçon a mal à la bite, et toi? Nevolus, au cul ; je ne suis pas devin, mais ... ;
lxxiii, 4-5 : je voulais te croire efféminé [mollis] mais la rumeur nie que tu soies cinède ;
xcv, 13 : tu te fais enculer [pedicaris], Nevolus.
IV, xlii : le garçon [puer] que je demanderais ;
xliii : je ne t'ai pas appelé cinède, mais cunnilingue [cunnilingum] ;
lv : chanter les palestres de la libidineuse Lacédémone [cité par Montesquieu].
V, lv : le dieu brûle d'amour pour un garçon [puer ; Ganymède].
VI, xxxiii : maintenant le pédicateur Sabellus fout [en con] ;
xxxvii, 5 : il n'a pas de cul, c'est quand même un cinède [cité par Forberg] ;
xxxix; 12 : un visage pâle et un front de cinède ;
l, 3 : courtise les cinèdes ;
lvi, 1 : ; Quod tibi crura rigent saetis et pectora villis , l'entrejambe hérissé de poils et la poitrine velue [cf Montaigne, II, xvii, 641] ; 6 : fais en sorte, Charidemus, que l'on croit que tu te fais enculer.
VII, x, 1-2 : Éros se fait enculer [l'abbé de Marolles traduisait : " Éros trouve bon qu'on lui fasse d'étranges choses "], Linus suce ; Olus, que t'importe ce que l'un ou l'autre fait de sa peau [Pedicatur Eros, fellat Linus: Ole, quid ad te de cute quid faciant ille uel ille sua ?cf Montaigne, III, ix, 990] ;
lviii, 1 : Galla a déjà épousé six ou sept cinèdes ; 9 : la troupe des gens austères a aussi ses cinèdes [cf Montaigne, III, v, 845] ;
lxii,1 : Amillus perce des grands mecs en laissant les portes ouvertes ; 6 : Illud saepe facit quod sine teste facit, on fait souvent ce qu'on fait sans témoin [cf Montaigne, III, v, 867].
IX, viii, 5 : des corps immatures subissaient des outrages abominables [Domitien remit en usage la loi Scantinia] ; 9-10 : avant tu aimais des garçons et des hommes, jeunes ou vieux ; maintenant, César, ce sont des enfants qui t'aiment ; xvi : beauté d'Éarinos, échanson de Domitien ;
xxvii, 10-14 : Chrestus, libéré de son pédagogue, rencontre un homme bien monté [draucus] et l'emmène pour le sucer ;
xlvii : le dogme de quelle secte est-ce donc de se faire percer ? [cité par Forberg] ;
lxiii, 1 : Phebus, tous les cinèdes t'invitent à dîner.
X, xl : on me disait que ma Polla voyait un cinède ; mais ce n'en est pas un.
XI, xx, 5-6 : Fulviam ego ut futuam? Quid, si me Manius oret
Paedicem, faciam? Non puto, si sapiam. faudra-t-il que j'encule Manius ? [cf Montaigne, II, xii, 474 (499)] ;
xxii, 2 : tu couches avec un ganymède nu ; 6-8 : tes doigts accélèrent la venue de la virilité et de la barbe [Levibus in pueris plus haec quam mentula peccat et faciunt digiti praecipitantque virum : inde tragus celeresque pili mirandaque matri barba cf Montaigne, III, xiii, 1087] ; 9-10 : la nature a divisé le mâle : un côté pour les filles, un pour les hommes [cité par Forberg] ;
xliii, 1-2 : mon épouse qui m'a surpris dans un puer  me dit qu'elle aussi a un cul [réplique : de 3 à 12] ; 3-6 : c'est ce que Junon disait à Jupiter, et il n'en dormait pas moins avec Ganymède déjà grand [cité par Pierre Bayle] ; Hercule posa son arc et inclina Hylas, bien que Mégara [femme d'Hercule] eût des fesses ; 7-8 [Apollon avec Hyacinthe] ; 9-10 : Achille préférait un ami à la peau douce [levis amicus ; Homère, Iliade ; cité par A.-J. Beau] plutôt que Briséis ; 11-12 : évite donc de donner des noms masculins à tes trucs et dis-toi bien, ma femme, que tu as deux cons [épigramme imitée par Saint-Pavin] ;
xlv, 8 : celui qui pédique, ou qui fout [des femmes] n’est pas si timide ;
xlvi : " Sive puer arrisit, sive puella tibi. "cité par Richard Burton
lviii, 11 : At tibi nil faciam, sed lota mentula lana. je ne te ferai rien; mais ma mentule t'ordonnera de la lécher. [cf Montaigne, I, xlix, 298]
lxxvii : Vacerra s'enferme dans tous les cabinets, non pour chier, mais pour se faire inviter à dîner ; lxxviii : un mari à qui le con est étranger ;
lxxxvii : tu étais pedico et ne connaissait aucune femme ;
lxxxviii : Charisianus ne pouvait pédiquer car il avait le ventre relâché ;
civ, 20 : Junon fut un ganymède pour Jupiter.
XII, xvi, 2 : Labienus a acheté trois cinèdes ;
xlii : le barbu Callistrate épouse [nupsit] Afer comme une vierge épouserait un mari ; Rome, n'en as-tu pas assez ? Attends-tu aussi un accouchement ? [cité par John Boswell].
xcvii, 6-9 : le mari Bassus épuisé après s'être escrimé sur de jeunes blondins [cf Montaigne, III, v, 855]

" Bientôt la rentrée 2 : la réédition du best-seller de Thierry Fouet 
Sa traduction des Épigrammes de Martial " (Patrick Cardon, 27/8/16)

Voir le très fouillé article de Michel Magnien, " Légèreté, plaisir et désinvolture : Montaigne à l'école de Martial ? ", Montaigne Studies, XVII (2005) * Number 1-2, pages 97-118. Je remercie cet auteur de m'avoir signalé son article, ce qui m'a permis de corriger et compléter cette page en plusieurs endroits.


JUVÉNAL (vers 55/vers 140), auteur satirique latin,

Sources : Satires, collection Classiques de Poche (Belles Lettres), traduction Olivier Sers ; traduction française Paul Ducos/Perrin, 1887 ; Collection Budé des Universités de France Belles Lettres) ; Loeb Classical Library ; Perseus

Satires,

I, 46-47 : spoliateur forçant son pupille à se prostituer.
II Les hypocrites :
10 : l'égout le plus remarqué parmi les cinèdes socratiques [Castigas turpia, quum sis Inter Socraticos notissima fossa cinædos. ; Sers traduit tantouzerie socratiquecité par Forberg] ;
12-13 : rire du médecin quand il coupe les hémorroïdes [cité par Victor Trinquier, médecin-légiste] ;
20-21 : ceux qui parlent de vertu en remuant les fesses [de virtute locuti Clunem agitant. ; cité par Montesquieu] ;
43-47 : Laronia : réveiller les lois, évoquer avant tout la loi Scantinia ; les hommes en font plus que nous ; leur nombre les protège ; grande concorde entre les efféminés [molles ; cité par Jean de Salisbury] ;
50 : Hipso se soumet aux jeunes et pâlit de l'un et de l'autre excès [cité par R. James] ;
99 : le miroir du passif [pathicus] Othon ;
129 : un mec [vir] se donne à un autre mec ;
134-136 : un ami se marie [nubit] avec son fiancé dans l’intimité. Qu’il nous soit donné de vivre un peu, ces choses se feront au grand jour, publiées à l’état-civil [Liceat modo vivere, fient, Fient ista palam, cupient et in acta referri.];
164-168 : l’Arménien Zalacès, le plus ramolli [mollior] des éphèbes ; mœurs arméniennes.

IV, 106 : Rubrius, plus effronté qu'un cinède se mettant à écrire des satires [Sers traduit : " Plus insolent qu'une tantouze écrivant des satires "].
VI, 34-37 : pourquoi ne pas faire dormir un pusio [dérivé de puer] avec toi ? Avec un garçon, point de querelles nocturnes [Nonne putas melius, quod tecum pusio dormit ? Pusio, qui noctu non litigat, exigit a te Nulla jacens illic munuscula, nec queritur quod Et lateri parcas, nec, quantum jussit, anheles. ; cité par d'Hancarville] ; 345,2-3 ignobles personnages aux allures de cinèdes [invenies omnis turpes similesque cinaedis]., 345,23 : il prend une voix efféminée [suspectus tibi sit quanto vox mollior] ;
345,24 : il promène ses mains dans des fesses.

VII, 69 : si Virgile n'avait pas eu son petit esclave [nam si Vergilio puer et tolerabile desset hospitium]; 133 ; faire emplettes de garçons [pueros] ; 239-240 : jeux deshonnêtes [turpia] ; libertés réciproques.
VIII, 114-115 : nations [Corinthiens, Rhodiens] où les jeunes s’épilent à la résine et où les hommes ont les jambes lisses.
IX Les débauchés :
26 : À Névolus] : sans compter les hommes mariés que tu  fait s'incliner ;
32-34 : [Névolus] : il y a un destin même pour les organes qu'on cache ; si on n'a pas le Ciel avec soi, une longue mesure ne sert à rien [cité par Montaigne, III, v, 853]
35-37 : proposition de Virron qui te voit nu ; le cinède , comme le fer, appelle le mâle [αὐτὸς γὰρ ἐφέλκεται ἄνδρα κίναιδος. ; cf Homère, Odyssée, XVI, 294 (le fer attire l'homme) et XIX, 13 (le fer attire l'homme, γὰρ ἐφέλκεται ἄνδρα σίδηρος) ] ; 
38 : avarice phénoménale d’un efféminé [mollis] ;
42-43 : à la rencontre du repas de la veille [cf les expressions françaises pêcher la fiente à la ligne et courir la lance contre la lie de pain ;
130-134 : jamais un ami ne te manquera pour être ton patient [pathicus] ; ils y viendront toujours, de toutes parts, comme à leur rendez-vous, en voiture, en bateau, tous ceux qui se grattent la tête d'un doigt [un des signes distinctifs . cité par Richard Burton, Terminal Essay].


X, 53 : narguer avec le doigt du milieu [cité par Pierre-Marie Quitard] ; 196-197 : aspects différents des jeunes gens ; un tel est plus beau que tel autre ; 224 : les élèves que le maître Hamillus fait se baisser [cité par Henri I. Marrou] ; 295-298 : des parents qui ont un fils bien fait sont toujours malheureux et inquiets ; il est si rare que beauté et pudeur aillent ensemble ; 304-305 : perversité prodigue du corrupteur qui tente les parents eux-mêmes.
XIII, 41-43 : riches servis à table par des jeunes aussi beaux que Ganymède.
 

AUSONE (vers 310/vers 385), grammairien latin, rhéteur et poète,

Épigrammes, LCL ; traductions françaises 1843 et 1934-1935 :

50 : Rufus le rhéteur à un mariage : " puissiez-vous avoir des fils appartenant aux genres masculin, féminin et neutre. "
69 : moi-même j'étais garçon tout à l'heure, et me voilà fille [Ecce ego sum factus femina de puero ;cité par Richard Burton].
70 : à Pythagore sur le pédéraste [pullipremo] Marcus [cité par Virey]. que sera Marcus, qui vient d'exhaler son dernier soupir, s'il reprend encore le souffle et la vie ? — Quel était ce Marcus ? — Un matou friand de garçons, et qui corrompit toute la jeune espèce mâle. Fossoyeur d'une Vénus à l'envers, il bêchait par derrière : c'était l'embrocheur grippe-fesse[lxxii] du poète Lucilius. — Il ne sera ni taureau, ni mulet, ni chameau, ni bouc, ni bélier : il sera fouille-merde.
92 : mâle à demi [semivir] qui craint [la loi] Scantinia [cité par P. Guénois].
93 : vice bi-masculin [bimarem nisus ; cf Cicéron] ; femme par le dos, homme sur le devant [d'après Perse ; cité par Forberg].
119 : trois dans un lit, deux agents et deux patients [cf Straton ; cité par d'Hancarville et par Richard Burton] ;
131 : Contre un homme qui se polissait l’engin.
De ton anus échaudé tu arraches les herbes, et tu uses avec la ponce les aspérités de tes Clazomènes[cxxix]. Pourquoi ? je l'ignore ; à moins que ton tempérament n'aspire à une double épreuve, et que tu ne sois femelle par derrière et mâle par devant.

NOTE SUR LES "MARIAGES" MASCULINS

Des mariages masculins sont évoqués par dérision dans la littérature latine. Voir Cicéron, Philippiques ; Suétone, Néron ; Tacite, Annales, XV ; Dion Cassius, XLII, LXIII, LXXIX ; Martial et Juvénal ; Orose, VII ; Xiphilin.
« Tibère invente les sellarii et les spintriæ [cf Tacite] ; Néron épouse publiquement l'affranchi Pythagore [cf Tacite], et Héliogabale célèbre ses noces avec Hiéroclès [cf Dion]. » François-René de Chateaubriand (1768-1848), Génie du christianisme [1802], IV, vi, 13.

La loi romaine de 342 interdisait les " noces d'hommes " ; mais s'agissait-il auparavant de mariages en bonne forme juridique, ou de parodies ?
À la fin du Moyen-Âge : affrairamentum entre paysans dans le Midi ; usage ancien auquel le XVe siècle donne une nouvelle jeunesse. En 1446, Jean Rey, que sa femme a quitté, a un grand ami, Colrat ; " Il l'aime, il en est aimé. Échec conjugal, amitié masculine passionnée (non dépourvue d'ambigüité, dans ce cas et dans quelques autres) " note l'historien de Montaillou ; cf Emmanuel Le Roy Ladurie, Les Paysans du Languedoc, 1ère partie, chapitre 1, pages 39-40 de l'édition en collection Champs
(Flammarion).
Lopez de Gomara, Histoire générale des Indes Occidentales, II,xi ou III,xviii ; cf Montaigne, Essais, I,xxiii, 112 (bordels publics de mâles, voire et des mariages) et
ensuite les Dialogues de La Mothe Le Vayer (cité dans les appendices du DFHM).
Plusieurs Portugais et Espagnols à Rome, à l'église, en été 1578 ; Antonio Tiepolo, il 2 agosto 1578 : " Sono stati presi undeci fera Portughesi e Spagnuoli, i quali adunatisi in une chiesa, ch'e vicina san Giovanni Laterano, facevano alcune lor cerimonie, e con horrenda sceleraggine bruttando il sacrosante nome di matrimonio, se maritavano l'un con l'altro, congiongendosi insieme, come morito con moglio. Vintisette si trovano, et piu, insieme il piu delle volte, ma questa volta non ne hanno potuto coglier piu che questi undeci, i quali anderamo al fuoco, e come meritano ." Cf F. Mutinelli, Storia arcana e aneddotica d'Italia, Vol. I, " Roma e Milano ", Parte seconda, vii, Venise : P. Naratovich, 1856 ; Montaigne, Journal de voyage en Italie.
Thiers, Traité des superstitions qui regardent les sacrements : un riche Portugais et son domestique, avant 1704, avec dispense du Pape [??]. Fuite après qu'ils aient été découverts.
« Tibère invente les sellarii et les spintriæ [cf Tacite] ; Néron épouse publiquement l'affranchi Pythagore [cf Tacite], et Héliogabale célèbre ses noces avec Hiéroclès [cf Dion]. » François-René de Chateaubriand (1768-1848), Génie du christianisme [1802], IV, vi, 13.
« Le premier qui ait introduit le mot " Urning " dans la langue fut [Karl Heinrich] Ulrichs, qui, en 1864, se posa, sous le pseudonyme de Numa Numantius, en défenseur du bon droit des hommes qui se sentent plus fortement attirés vers l'homme que vers la femme. Dans son zèle à défendre cette cause, qui était un peu la sienne (car lui-même avait une nature uraniste) il alla jusqu'à désirer le sanctionnement légal et ecclésiastique du mariage et du commerce sexuel entre hommes ! » Dr A. Alétrino, " La Situation sociale de l'Uraniste ", AAC, 1901.
Vers le 20 avril 1866 : le Journal des frères Edmond et Jules de Goncourt rapporte « Un joli mot entendu : " On se marie beaucoup, cette année ... surtout les hommes ! " »
Heinrich Marx, Urnings Liebe, 1875 : demande l'institution du mariage légal de l'uraniste avec l'homme de son choix ; affirme que ce genre de mariage existe déjà en Albanie.
Années 1980, France : le pasteur baptiste Joseph Doucé (assassiné en juillet 1990) avait célébré plusieurs "bénédictions d'amitié" ; M. Dorwling-Caster, magistrat, a parlé de "mariages", ce qui dépassait la pensée et l'action du défunt pasteur.
Dernier ouvrage de John Boswell (1947-1994) : Same-Sex Unions in Premodern Europe, 1994 (Les Unions du même sexe dans l'Europe antique et médiévale, Paris : Fayard, 1996).


Voir aussi : Platon, Xénophon et Aristote
Plutarque et Athénée
AUTEURS LICENCIEUX GRECS ET LATINS

lundi 12 septembre 2022

L'AMOUR DES GARÇONS DANS LES TEXTES DE PLATON, DE XÉNOPHON, D'ARISTOTE ET DE SEXTUS EMPIRICUS



Retour : Ces petits Grecs...



Platon et Aristote
Raphaël, École d'Athènes, détail, 1510.


  Il n'y a pratiquement rien sur l'amour des garçons chez les Présocratiques, mis à part un fragment de Parménide, une remarque de Jamblique sur les Pythagoriciens, et peut-être deux fragments de Démocrite.

Sur le fragment de Parménide, je reproduis ici une communication personnelle de Patrick Négrier, que je remercie.
« Parménide au fragment XII attribue au daimôn le mélange (coït sexuel) d'un mâle avec une femelle puis à l'opposé du mâle "avec UN (et non pas une !) plus féminin que lui" : Αἱ γὰρ στεινότεραι πλῆντο πυρὸς ἀκρήτοιο, αἱ δ' ἐπὶ ταῖς νυκτός, μετὰ δὲ φλογὸς ἵεται αἶσα· ἐν δὲ μέσῳ τούτων δαίμων ἣ πάντα κυϐερνᾷ· πάντα γὰρ στυγεροῖο τόκου καὶ μίξιος ἄρχει πέμπουσ' ἄρσενι θῆλυ μιγῆν τό τ' ἐναντίον αὖτις ἄρσεν θηλυτέρῳ. »
Voici la remarque de Jamblique sur les Pythagoriciens récents :
" Ils estimaient qu'il faut supprimer les accouplements contre nature et déréglés pour ne conserver, parmi les relations normales et tempérées, que celles ui visent à une procréation sage et légitime "(Vie pythagorique, § 210, in Jean-Paul Dumont, 1933-1993, Les Présocratiques, Paris : Gallimard, 1988, collection " Bibliothèque de la Pléiade ", D VIII, page 605).

Sur Pythagore, je reproduis cette note de Patrick Négrier dans  Gurdjieff et la voix des maîtres, Hyères : La Pierre philosophale, 2020 :

Les fragments de Démocrite :

Fragments, in Jean-Paul Dumont et aliiLes Présocratiques, Paris : Gallimard, 1988, collection " Bibliothèque de la Pléiade " : B LXXIII : " Éros est légitime quand il poursuit sans démesure les belles choses. " (Stobée, Florilège, III, v, 23). Tout dépend du sens accordé à Éros.

B CXXVII : " La masturbation procure une jouissance comparable à l'amour. " (HérodienProsodie générale, cité par Eusthate de ThessaloniqueCommentaire sur l'Odyssée, XIV, 428, page 1766). Ouverture possible vers la masturbation à deux.


On peut donc parler,  à cet égard aussi, d'une rupture platonicienne.

Ma présente page web est un extrait revu et très augmenté de Ces petits Grecs ont un faible pour les gymnases (1988), travail publié en auto-édition dès 1986 sous le titre Tableau synoptique de références à l'amour masculin : auteurs grecs et latins ; les passages référencés ci-dessous sont soit donnés en traduction, soit le plus souvent résumés.

* * * * *

PLATON D'ATHÈNES (-428 / -348), philosophe, élève de Cratyle et de Socrate,

Sources : Bibliotheca Teubneriana ; Collection Budé (Belles Lettres) ; Loeb Classical Library ; Oxford Classical Texts ; Gallimard, collection " Bibliothèque de la Pléiade " ; Flammarion, collection GF.
Site Perseus Collection, Greek and Roman Materials (textes grecs et traductions anglaises) :


Alcibiade I, Perseus,
104e : Amour [ἔρωτος] de Socrate pour Alcibiade ;
123d : Alcibiade a presque vingt ans ;
131cd : amour du corps, amour de l'âme.

Alcibiade II, 141d : Archelaos, tyran de Macédoine, assassiné par son aimé.

Banquet ou Symposium, traduction de Jean Racine. Introduction, traduction et notes de Luc Brisson, Flammarion, collection GF, 1998. Composé un peu avant -375 :

Apollodore : 173b : Aristodème était l'amant le plus fervent de Socrate.

Phèdre : 178c : " Je suis incapable de nommer un bien qui surpasse celui d'avoir dès sa jeunesse un amant de valeur, et pour un amant, d'avoir un aimé de valeur  " [idée reprise par Gide dans Corydon, IV] ;
178e : " S'il pouvait y avoir moyen de constituer une cité ou de former une armée avec des amants et leurs paidika [garçon aimé ; selon Luc Brisson, " il semble que c'est sur ce modèle que fut constitué le « bataillon sacré » de Thèbes peu après 378], il ne pourrait y avoir pour eux de meilleure organisation, que le rejet de tout ce qui est laid, et l'émulation dans la recherche de l'honneur " ; 

Drawing courtesy Markley Boyer / Hellenic Ministry of Culture and Sports, Directorate of the Management of the National Archive of Monuments, Department of the Historical Archive of Antiquities and Restorations


180a : Eschyle [Contre Timarque, 142-143] raconte des bêtises, quand il prétend qu'Achille était l'amant de Patrocle ; Achille [...] était le plus jeune, comme le dit Homère [Illiade XI, 786-787] ;

Pausanias : 180d :  L'une [des Aphrodites] c'est la fille d'Ouranos, [d'où l'allemand Urning et le français Vénus Uranie et uranisme] celle que naturellement nous appelons la "Céleste" ;
181c : " L'autre Éros, lui, se rattache à l'Aphrodite céleste. Celle-ci, premier point, participe non pas de la femelle, mais seulement du mâle, ce qui fait qu'elle s'adresse aux garçons " ;
181de : [distinction enfant/adolescent [cf Charmide], critique de l'amour des garçons trop jeunes, une loi interdisant d'aimer les garçons trop jeunes serait nécessaire] ;
182a : " Il est naturel que la règle [nomos] de conduite en ce qui concerne éros soit facile à saisir dans certaines cités " ;
182b : " En Élide et chez les Béotiens, de même  qu'à Sparte, et là où il n'y a pas de sophistes, la règle est simple : il est bien de céder aux avances d'un éraste [cité par David Hume], et personne, jeune ou vieux, ne dirait que c'est honteux " ; " en bien d'autres endroits qui tous sont sous la domination des Barbares, la règle veut que ce soit honteux " ; " chez les Barbares l'exercice du pouvoir tyrannique conduit à faire de cela en tout cas quelque chose de honteux, tout comme l'est la passion pour le savoir. " cité par Edward Carpenter ;
182c : Éros est favorable à la philosophie ;
182d : ni bien ni mal de façon absolue [même idée chez Démosthène] ;

Aristophane (poète de l'ancienne comédie) : 189d : " Premièrement, il y avait trois catégories d'êtres humains et non pas deux comme maintenant, à savoir le mâle et la femelle ";
189e : " Il y avait l'androgyne [cité par Rabelais, Gargantua, VIII ; pour Sigmund Freud aussi, seul l’androgyne subsistait …], un genre distinct qui, pour le nom comme pour la forme, faisait la synthèse des deux autres, le mâle et la femelle. Aujourd'hui cette catégorie n'existe plus, et il n'"en reste qu'un nom tenu pour infamant " ;
190b : " Le [double] mâle était un rejeton du Soleil [cf la carte 19 du tarot de Marseille], la femelle un rejeton de la Terre, et le genre qui participait de l'un et de l'autre un rejeton de la Lune " ;
191c : " le but de Zeus [...] si un homme tombait sur un homme, les deux trouveraient de toute façon la satiété dans leur rapport, ils se calmeraient, ils se tourneraient vers l'action et ils se préoccuperaient d'autre chose dans l'existence ":
191e : " ceux enfin qui sont une coupure de mâle recherchent aussi l'amour des mâles. Tout le temps qu'ils restent de jeunes garçons, comme ce sont des petites tranches de mâle, ils recherchent l'amour des mâles et prennent plaisir à coucher avec des mâles et à s'unir à eux. " ;
192a : " Parmi les garçons et les adolescents ceux-là sont les meilleurs, car ce sont eux qui, par nature, sont au plus haut point des mâles. Certaines personnes bien sûr disent que ce sont des impudiques [ἀναισχύντους], mais elles ont tort. "
192b : " Les pédérastes ne s'intéressent guère par nature au mariage et à la procréation [παιδεραστοῦσι καὶ πρὸς γάμους καὶ παιδοποιίας οὐ προσέχουσι τὸν νοῦν φύσει] ; de manière générale, un homme de ce genre cherche à trouver un jeune garçon pour amant [παιδεραστής τε καὶ φιλεραστὴς]. "

Socrate : Diotime, 206d-e : amour ce de qui est beau et recherche de l'immortalité ;
209c : l'homme amoureux entreprend d'être éducateur ;
211b : " s'élever par une pratique correcte de la pédérastie [ὀρθῶς παιδεραστεῖν] " ;

Alcibiade : 216d : Socrate tourne toujours autour des beaux garçons ;
219cd : n'a pas réussi à séduire Socrate.


Charmide, 153c : Charmide fait son entrée [cité par Michel Foucault] ;
154ad : distinction enfant/adolescent [cf Banquet], les amoureux de Charmide ; même les petits l’admiraient ;
155cd : force du désir [cité par Wilhelm Adolf Becker, " Die Knabenliebe ", Charikles, Bilder altgriechischer Sitte, 1840].

Euthydème, 271b : Clinias est presque de l'âge de Théobule [cité par Michel Foucault] ;
273a : Clinias a de nombreux amoureux, dont Ctésippe ;
300c : Ctésippe s'anime en présence de son paidika.

Gorgias, traduction Monique Canto-Sperber, 1987, collection GF ; Perseus,
481d : Socrate se dit amoureux d'Alcibiade ; Calliclès aime  Démos, le fils de Pyrilampe ;
481e-482a ; Socrate à Calliclès : " tu es incapable de t'opposer aux volontés et aux déclarations de ton bien-aimé "
494e : Socrate à Calliclès : " la vie des êtres obscènes [des cinèdes, κιναίδων βίος], n'est-elle pas une vie terrible, laide, misérable ? " ;
513b : gagner l'amitié [philia] du fils de Pyrilampe.


LoisTraduction Luc Brisson et Jean-François Pradeau, Flammarion, 2006, collection GF ; texte grec sur le site Perseus :
I, L'Athénien :
636bc : " Ces pratiques [les exercices du gymnase] qui remontent loin dans le passé passent pour avoir également perverti les plaisirs sexuels dont la nature avait réglé l'usage non seulement pour les humains mais aussi pour les bêtes [...] lorsque le sexe masculin et le sexe féminin s'accouplent en vue d'avoir un enfant, le plaisir qui en résulte semble leur être accordé conformément à la nature, tandis que, semble-t-il, l'accouplement d'hommes avec des hommes ou de femmes avec des femmes est contre nature [para physin] ; et c'est sans doute l'incapacité à résister au plaisir qui a donné aux premiers l'audace de s'y livrer. Or, nous tous, ce sont bien les Crétois que nous accusons d'avoir inventé l'histoire de Ganymède.  [cf Homère, Illiade, XX, 231-235 ; Xénophon, Symposium, VIII, 30 ; Ovide, Métamorphoses, X, 155] ;
636d : " Disons au revoir à ce mythe " ;

VIII, L'Athénien :
836c : " Si, disposé à suivre la nature, on redonnait force de loi à ce qui se faisait avant Laïos en proclamant qu'il n'est pas correct d'avoir des relations sexuelles avec de jeunes garçons comme s'il s'agissait de femmes ; chez les bêtes on ne voit pas le mâle s'accoupler à un autre mâle [contredit par Aristote, Histoire des animaux] " ;
836e : " chez celui qui cherche à imiter la femme, tout le monde réprouvera, n'est-ce pas, l'image ressemblante qu'il en devient " ;    
837a : Éros est une sorte de philia poussée à l'extrême ;
837b-838d : amour du corps et amour de l'âme ; s'abstenir d'avoir des rapports avec des mâles et se conformer à la nature [cité par Clément d'Alexandrie] ; investir cette règle d'un caractère religieux [cité par Montaigne, I, xxiii, 117] ;
838e-839a : " imposer cette loi qui demande que l'on se conforme à la nature dans les rapports destinés à la procréation des enfants, en s'abstenant, d'une part, d'avoir ce genre de rapports avec des mâles, et de ne pas plus porter délibérément à la race humaine un coup mortel que l'on ne va jeter la semence parmi les pierres et les cailloux, où elle ne prendra jamais racine de façon à reproduire se propre nature " ;
840a : le sophiste Iccos de Tarente " ne toucha jamais, à ce qu'on dit, ni une femme ni non plus un garçon tout le temps qu'il était dans le feu de l'entraînement " ;
841d : " Ou bien personne, de bonne naissance et libre, n'osera [...] répandre avec des mâles une semence infertile en un acte contre nature [para physin] ; ou bien les rapports avec les mâles seront totalement interdits [τὸ μὲν τῶν ἀρρένων πάμπαν ἀφελοίμεθ᾽ἄν] " ;
841e-842a : " il faut établir cette loi relative à la sexualité et à toutes les relations amoureuses, licites ou illicites, que suscitent entre nous les désirs de cette sorte " ;

IX, 874c : L'Athénien : droit de tuer l'auteur d'une violence [disposition reprise par Paul le juriste (cf Digeste) et souhaitée par P.-J. Proudhon].


Lysis, 204b-206c : Hippothalès amoureux de Lysis [cité par J.-J. Matignon] ;
207c : entre amis, tout est commun ;
211e : Socrate plein d'ardeur amoureuse ; une espèce d'amoureux de camaraderie.

Ménon, 70bc : ton camarade Aristippe, ton amoureux ;
76b : Ménon est beau et a encore des érastes.

Parménide, 127 : Zénon aurait été le paidika de Parménide [cité par Athénée et par Diogène Laërce].

Phédon, Perseus ; traduction par Monique Dixsaut, collection GF ; Perseus
64d ; " Est-ce que cela te paraît être le propre d'un homme qui est philosophe que de prendre au sérieux [...]  les plaisirs charnels [ἀφροδισίων] " ;
73d : " ce qu'éprouvent les amants à la vue d'une lyre, d'un manteau, ou de n'importe quel objet utilisé habituellement par celui qu'ils aiment ; dès qu'ils perçoivent la lyre, aussitôt ils forment dans leur pensée l'idée du garçon à qui la lyre appartient [οὐκοῦν οἶσθα ὅτι οἱ ἐρασταί, ὅταν ἴδωσιν λύραν ἢ ἱμάτιον ἢ ἄλλο τι οἷς τὰ παιδικὰ αὐτῶν εἴωθε χρῆσθαι, πάσχουσι τοῦτο: ἔγνωσάν τε τὴν λύραν καὶ ἐν τῇ διανοίᾳ ἔλαβον τὸ εἶδος τοῦ παιδὸς οὗ ἦν ἡ λύρα] ".

Phèdre, texte grec sur Perseus, traduction de Luc Brisson en collection GF (Flammarion),
227c : " Lysias a composé un écrit qui porte sur la séduction d'un beau garçon, mais pas par un amoureux. Voilà bien où réside son ingéniosité: il soutient en effet qu'il vaut mieux accorder ses faveurs à celui qui n'aime pas plutôt qu'à celui qui aime.";
231a-232 : ceux qui sont amoureux se repentent, une fois leur désir apaisé ;
237b : conseil de céder au désir de celui qui n'est pas amoureux ;
238d : Socrate : Revenons au discours qui s'adresse au garçon ;
239a : un amant ne supporte pas volontiers, chez le garçon qu'il aime, supériorité ou égalité ;
239b : la divine philosophie, dont l'amant détourne forcément le garçon qu'il aime, de peur d'en être dédaigné ;
239cd [cité par Michel Foucault] ;
240c : d'être du même âge porte aux mêmes plaisirs ;
244a : accorder ses faveurs à celui qui n'aime pas ;
249a : l'homme qui a aimé les jeunes gens pour les faire aspirer au savoir ;
251a : poursuivre un plaisir contre nature [cité par Plutarque] ;
255b : l'amant est pour l'éromène un ami divin [cité par Plutarque] ;
255b : le contact physique que favorise les gymnases ;
255c : le flot jaillissant que Zeus appela " désir " [ ἵμερον] quand il aimait Ganymède ;
278e : Phèdre : le bel Isocrate ;
279b : Socrate : " mon paidika Isocrate ".

Philèbe, 45e : 

Protagoras, I, 309ab : âge et beauté d'Alcibiade ; le charme de la jeunesse est le plus grand lorsque la barbe commence à apparaître [cf Homère, Iliade, XXIV, 347].
IV, 315e : jeune adolescent, Agathon, paidika de Pausanias.

République, traduction Georges Leroux 2002, collection GF,
II, 368a : il n'avait pas tort, l'éraste de Glaucon ;
III, 402d : l'homme formé à la musique sera épris d'hommes réunissant beauté morale de l'âme [τε τῇ ψυχῇ καλὰ ἤθη] et belle apparence ; il ne sera pas amoureux d'un homme dépourvu de cette consonance de qualités ;
III, 402e : Socrate à Glaucon : Tu as ou tu as eu de jeunes aimés [παιδικὰ] de ce genre et je t'approuve ;
III, 403b : il e faut pas laisser le plaisir fou avoir part aux aux rapports de l'éraste et des jeunes aimés [παιδικοῖς] qui s'aiment d'un amour correct [ὀρθῶς ἐρῶσί τε καὶ ἐρωμένοις;; tu établiras comme loi que l'amant embrasse le jeune aimé ; qu'on ce qui concerne le reste, on ne puisse présumer que quelque chose de plus important se soit passé [cité par Virey ; cf Banquet, 206bc] ;
V, 452cd : nudité au gymnase pratiquée d'abord en Crète, puis à Sparte [cité par Montesquieu] ;
V, 468bc : faire couronner par ses jeunes compagnons d'armes celui qui se sera distingué ; interdiction de refuser un baiser à un amoureux pendant les campagnes militaires [cité par Plutarque et par Montaigne, III, v, 896] ;
V, 474de : Cela ne convient guère à un homme érotique [ἀνδρὶ δ᾽ ἐρωτικῷ] d'oublier que tous les garçons qui sont dans l'éclat de leur jeunesse émeuvent l'homme érotique qui est attiré par eux ; idéalisation du physique de l'aimé ;
V, 475a : Glaucon : Si tu souhaites me prendre comme exemple pour parler des érotiques [τῶν ἐρωτικῶν] et de leurs agissements, j'y consens ;
VI, 485b : discussions antérieures sur les êtres érotiques [cf V, 474] ;
VI, 485c : celui qui, par sa nature, est plein de dispositions amoureuses chérit tout ce qui s’apparente aux garçons qui sont l'objet de ses amours ;
VIII, 548b :    [Lacédémone] dépenses extravagantes pour leurs femmes et la foule de ceux qu'ils choisiront ; prodigues des richesses des autres, qu'ils convoitent ;
IX, 571bd : en rêve, la partie bestiale de l'âme est capable de s'unir à qui que ce soit, être humain [ἀνθρώπων], dieu ou bête ;
IX, 574c : le vain amour de l'homme tyrannique pour un garçon en bel âge.

Sophiste, 222e : les cadeaux, la technique érotique [ἐρωτικῆς τέχνης]


XÉNOPHON D'ATHÈNES (vers -430 / -355), historien et essayiste,

Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, Oxford Classical Texts ; Flammarion, collection GF ; Remacle :

Agésilas, V : le roi de Sparte Agésilas était épris de Mégabate.

Anabase : II, vi, 28 : Ménon imberbe, son paidika barbu [cité par MontaigneIII, v, 895] ;
IV, i, 14 : garçons passés en fraude ;
IV, vi, 3 : Épisthénès s'amouracha d'un enfant ;
VII, iv, 7-10 : Épisthénès était pédéraste [relevé par Michel Foucault].

Banquet cf Symposium

De la chasse : XII, 20 : lorsqu'un homme est vu par celui qu'il l'aime, il ne fait rien de mal.

Cyropédie : I, 4 : un Mède se fait embrasser deux fois par le beau Cyrus ; II, 2 : coutume des Grecs, mener avec soi un beau jeune homme ;  VII, 5 : ceux qui ont femmes ou paidika sont peu sûrs.

Économique : XII, 13-14 : rien de plus attrayant que le soin des paidika.

Helléniques : IV,i, 39-40 ; viii, 39 ; V, iii, 20 : paidika d'Agésilas et d'Agésipolis ; iv, 25 : Archidamos épris de Cléonymos ; VI, iv, 37.

Hiéron : I, 29 : " Dans les amours masculines [παιδικοῖς ἀφροδισίοις], le tyran a aussi beaucoup moins de jouissances que dans les plaisirs qu'on goûte avec les femmes ; I, 31 : Simonide souriant : « Qui es-tu donc, Hiéron ? répliqua-t-il. Tu prétends qu'un tyran est insensible à l'amour des paidika [παιδικοῖς ἀφροδισίοις: et d'où vient donc que tu aimes Daïloque (04), surnommé le très beau ? ; I, 33 : J'aime Daïloque sans doute pour certaines faveurs que la nature contraint l'homme à exiger de ceux qui sont beaux ; mais ce que je souhaite obtenir de lui, je désirerais vivement qu'il me l'accordât d'amitié et de lui-même : car de le lui ravir de force je ne m'en sens pas plus le désir que de me faire mal à moi-même. "
VII, 5-6 : Les complaisances d'amants insensibles n'ont point de charme pour les tyrans ;
XI, 11 : Le tyran aura à souffrir les sollicitations des beaux jeunes gens [
καλοὺς οὐ πειρᾶν : cité par Montaigne, I, xlii, 264 ; le Hiéron, sans référence précise, est cité dans Revue socialiste, 1885, page 1082.]

Mémorables : I, ii, 29-30 : Critias était épris d'Euthydème et tentait de jouir de lui ; I, iii, 8-15 : Socrate et la puissance d'un baiser à un beau garçon [cité par Montaigne, III, v, 881] ; I, vi, 13 : différence entre le prostitué et le sage ;  II, i [cf Prodicos de Céos] ;
II,vi, 22 : Socrate : tout charmés qu'ils sont par l'amour des beaux garçons, les hommes savent se maîtriser ; II,vi, 28 : Socrate : je m'entends à aimer ; II,vi, 33 : Critobule : apprends-moi à donner la chasse aux amis.

République des Lacédémoniens :  : II, 12 : Il me semble devoir aussi parler de l'amour des  paidika, car cela aussi touche à l'éducation [Λεκτέον δέ μοι δοκεῖ εἶναι καὶ περὶ τῶν παιδικῶν ἐρώτων· ἔστι γάρ τι καὶ τοῦτο πρὸς παιδείαν. ; cité par Henri I. Marrou] ;
https://www.perseus.tufts.edu/

chez les Béotiens, les hommes et les garçons [pais] forment des couples qui vivent ensemble ; chez les Éléens, on achète par des présents les faveurs des garçons à la fleur de l'âge ;
II, 13-14 : Lycurge fit qu'à Lacédémone les érastes n'étaient pas moins retenus dans leurs amours pour les paidika que les pères à l'égard de leurs fils ; dans beaucoup d'États, des lois ne s'opposent point à ce désir pour des garçons [cité par William A. Percy].

Symposium [Banquet] :
I, 2 : Callias épris d'Autolycus [cité par La Mothe Le Vayer] ; 4 : il donne un banquet en l'honneur d'Autolycus et de son père ; 9 : beauté d'Autolycus ;
II, 3 : Socrate : " aucun homme ne se parfume pour un autre homme " ; 15 : beauté d'un jeune danseur ;
IV, 12 : Critobule : " j'ai plaisir à contempler Clinias " ; 15 : Critobule : " influence de la beauté sur ceux qui sont portés à l'éros " ; 27-28 : Socrate au contact de la peau de Critobule [cité par Montaigne, III, v, 892] ;
VIII, 1 : 
Ἔρως ; 2 : Socrate : " Charmide a eu beaucoup d'érastes ; Critobule sent déjà de l'amour pour d'autres " ; 10 : Socrate : " Callias paraît inspiré par l'Éros uranien " [cf Platon, Banquet] ; 15 : Socrate : " les jouissances physiques amènent le dégoût et on se lasse des paidika " ; 20 : Socrate : " celui qui fait violence ne montre que sa perversité, mais celui qui persuade corrompt l'âme " ; 21 : Socrate : " un garçon en commerce avec un homme ne partage pas comme la femme les jouissances de l'amour " ; 30 : Socrate : " c'est pour son âme que Zeus a transporté Ganymède dans l'Olympe " ; 31 : Socrate : " les meilleurs d'entre les demi-dieux ne sont point célébrés pour avoir partagé le même lit, mais parce que l'admiration qu'ils avaient l'un pour l'autre leur a fait accomplir des exploits " ; 32-34 : Socrate : " Pausanias éraste du poète Agathon ; soutient que l'armée la plus valeureuse serait une armée d'érastes et de paidika " [bande sacrée ? ; cf Platon, Symposium ; cité par Athénée, XIII] ; 36 : Socrate : " je pense que même l'homme qui jouit de la beauté de son éromène donnerait plutôt sa confiance à celui dont l'âme mérite l'amour " ; 37 : Socrate : " Callias doit être reconnaissant aux dieux de lui avoir inspiré de l'amour pour Autolycos " [cité par Edward Carpenter].


ARISTOTE DE STAGIRE (-384/-322), logicien et philosophe grec,

Constitution d'Athènes, Collection Budé, Loeb Classical Library :
XVII, 1-2 : Pisistrate a-t-il été aimé par Solon ? ;
XVIII, 1 : Hipparque de caractère enjoué, porté à l'érotique [cité par Héraclide] ; 2 : Thettalos [jeune demi-frère d'Hipparque] épris d'Harmodios et déçu dans son amour ; il traita Harmodios d'efféminé [malakon] ; 2-5 : meurtre d'Hipparque, Harmodios et Aristogiton ;
LVIII, 1-2 : commémoration d’Harmodios et Aristogiton.

Éthique à Eudème, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, Oxford Classical Texts :
III, 1229a : une des sortes de courage, celui donné par éros ;
VII, 1236a : trois sortes d'amitié ; 1238b : dans l'érotique, la proportion n'est pas la même pour l'un et l'autre relativement au désir. Eunice a dit : " Un éromène, non un amant [éron], tiendra de tels propos. "

Éthique à Nicomaque, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, Oxford Classical Texts ; Flammarion, collection GF, traduction Richard Bodéüs :
III, 1118b : l'adolescent et l'homme à la fleur de l'âge désirent coucher, comme dit Homère [Illiade, XXIV, 129-130].
VII, 1148b : origine des amours masculines [aphrodision tois arresin] : par nature dans certains cas, par habitude dans d'autres qui sont l'objet de violences dès l'enfance [πρὸς δὲ τούτοις ἡ τῶν ἀφροδισίων τοῖς ἄρρεσιν: τοῖς μὲν γὰρ φύσει τοῖς δ᾽ ἐξ ἔθους συμβαίνουσιν, οἷον τοῖς ὑβριζομένοις ἐκ παίδων. ; cité par Montaigne, Essais, I, xxiii] ; hors des [1149a] limites du vice [cité par Thomas d'Aquin] ; 7 : dans des cas de ce genre, il arrive que l'on éprouve seulement ces désirs, sans se laisser vaincre par eux.
VIII [L'amitié], 1156a : il y a trois sortes d'amitiés [τρία δὴ τὰ τῆς φιλίας εἴδη ; selon l'intérêt, le plaisir, la vertu ; cité par Voltaire] ; 1156b : les jeunes sont enclins à l'érotique ; l'érotique est portée par la passion et motivée par le plaisir [καὶ ἐρωτικοὶ δ᾽ οἱ νέοι: κατὰ πάθος γὰρ καὶ δι᾽ ἡδονὴν τὸ πολὺ τῆς ἐρωτικῆς]
1157a : l'éraste et l'éromène ne tirent pas leur plaisir de la même source ;
1158a : l'amour parfait a une apparence d'excès [ὑπερβολῇ].
IX, 1164a : les différends dans l'amitié amoureuse [ἐρωτικῇ, érotique].

Histoire des animaux, Collection Budé, Loeb Classical Library :
VII, 1, 581b : les jeunes gens deviennent de plus en plus débauchés si l'on ne surveille pas leurs relations avec l'autre sexe ou avec les deux ;
IX, 8, 614a : chez les perdrix, le mâle vaincu ne se laisse cocher que par son vainqueur ; aussi chez les cailles et parfois chez les coqs ; dans les temples où ces derniers sont donnés en offrande et gardés sans femelles, tous couvrent le nouvel arrivant [cité par Athénée].

Politique, ou Les Politiques, Bibliotheca Teubneriana, Collection Budé, Loeb Classical Library, Oxford Classical Texts ; GF (traduction nouvelle par Pierre Pellegrin) ; texte grec sur Perseus

II, iv, 2, 1262a : absurde, après avoir établi la communauté des enfants, de n'interdire aux amants que le coït et de ne pas interdire éros [ἐρᾶνéros est à lui seul le comble de l'impudeur ; 3, 1262a : étrange aussi de n'interdire l'union charnelle [synousia] pour le seul motif qu'il en résulte une volupté trop forte et d'estimer sans importance que ce soit entre père et fils ; 6, 1262b : Aristophane dans son discours sur l'érotique [Symposium de Platon, 192e] : les amants, à cause de la violence de leur amour, aspirent à confondre leurs existences et à ne faire de deux êtres qu'un seul ; 10, 1262b : amours [ἔρωτας] encore plus inévitables avec les transferts d'enfants.
II, v, 19, 1264a : exercices du gymnase interdits aux esclaves chez les Crétois ; ix 7-8, 1269b : amour des mâles [arrenas synousian] en honneur chez les Celtes [cité par La Mothe Le Vayer] ; les peuples guerriers sont adonnés soit à l'amour masculin [arrenon homilian] soit à l'amour des femmes ;
II, ix, 7-8, 1269b : peuples Celtes et quelques autres où les relations homosexuelles entre hommes ont de toute évidence toujours été à l'honneur [cité par Richard Burton] ; les gens de guerre semblent bien portés soit sur l'amour des hommes [ἀρρένων ὁμιλίαν] soit sur celui des femmes. [cité par La Mothe Le Vayer].
II, x, 9, 1272a : rapports des hommes [ἄρρενας ποιήσας [25] ὁμιλίαν] entre eux légalisés par la loi crétoise pour limiter le nombre d'enfants [cité par La Mothe Le Vayer, par Naigeon et par K. O. Müller] ; est-ce mauvais ou non, cela sera examiné à une autre occasion ;
II, xii, 8-9, 1274a : le législateur thébain Philolaüs était l'éraste de Dioclès [cité par La Mothe Le Vayer].

V, iv, 1303b : constitution bouleversée à la suite d'une querelle de deux jeunes gens [δύο νεανίσκων] pour une rivalité érotique ; l'un étant loin, l'autre séduisit son aimé [ἐρώμενον]
V, x, 1311ab : Harmodios insulté ; Périandre tyran d'Ambracie avait demandé à son paidika s'il n'était pas gros de ses œuvres [cf Plutarque] ; le roi Amyntas le petit s'était vanté d'avoir outragé la jeunesse de Derdas ; 1311ab : révolte de Crataios contre Archélaos : il avait mal supporté leurs rapports intimes ; 1311b : Archéalos avait défloré Hellanocrate de Larissa et ne tenait pas la promesse qu'il lui avait faite ;
V, xi, 1314b : le tyran doit paraître ne se livrer à aucun excès sur aucun de ses sujets, jeune garçon ou jeune fille ; 1315a : le tyran doit se garder d’avoir des relations sexuelles avec des adolescents ; quand à ses relations érotiques avec des adolescents, par amour et non par licence.

VII, xii, 1331ab : que des magistrats déterminés passent leur temps avec les jeunes gens, et les adultes avec d'autres magistrats, car être sous le regard des magistrats, c'est ce qui produit la véritable pudeur.

Voir aussi : Aristotle : Homosexuality in The Politics.

Premiers analytiques, Loeb Classical Library, Oxford Classical Texts, Vrin 1966 :
II, xxii, 68ab : l'amant préfère que l'aimé soit disposé à lui céder sans le faire, plutôt qu’il ne lui cède sans en avoir envie ; éros vise la philia plutôt que l'union charnelle [définition de l'amour citée par le psychanalyste français Jacques Lacan].

ZÉNON DE CITIUM (vers -335/vers -264), philosophe stoïcien d'expression grecque,
cf Athénée, Diogène Laërce et Sextus Empiricus (ci-dessous).

pseudo-ARISTOTE 1 (-Ier /Ier siècles)
Du Monde,
V, 396b : le mâle se rapproche de la femelle, ce que ne font pas les êtres de même sexe.

SEXTUS EMPIRICUS (IIe/IIIe siècles), philosophe sceptique grec,

Contre les moralistes [Adversus Mathematicos, XI], BT, LCL ; trad. 1948 : 190 : Zénon de Citium : paidika ou non-paidka, mâle ou femelle, ne pas choisir, ni se conduire différemment envers eux ; " tu as enfilé ton éromène ? tu lui as demandé et il n'a pas voulu ? ".
Contre les savants [Adversus Mathematicos, IX-X], BT, LCL ; trad. 1948 : I, 187 : " Éros est une passion psychique " [cf Dr A. Moll, " Pour comprendre la pulsion homosexuelle, il faut considérer la pulsion sexuelle [...] comme une fonction psychique. " La Sensation sexuelle contraire, VIII, 1891 ; idée présente chez Freud].
Esquisses Pyrrhoniennes, BT, LCL ; trad. 1948 ; PE :
I, xiv, 152 : nous opposons l'éthos au nomos quand nous disons que l'amour masculin [arrénomixia chresthai] est dans les mœurs des Perses, et interdit par la loi chez les Romains [cité par Voltaire ; interdiction du stupre avec un homme libre, selon C. A. Williams] ; 159 : nous opposons le nomos au mythique : les poètes nous montrent les dieux se livrant à l'adultère et à l'amour masculin, alors qu'une loi les interdit chez nous.
III, xxiv, 199 : amour masculin [arrénomixias] honteux ou plutôt illicite [paranomon] chez nous ; on dit que cela n'est pas honteux chez les Germains, mais dans les mœurs admises [cité par La Mothe Le Vayer] ; cela ne passait point autrefois pour honteux chez les Thébains ; on dit que Mériones le Crétois était ainsi appelé par allusion aux mœurs crétoises ; quelques uns mentionnent l'ardente philia d'Achille pour Patrocle [cf Homère et Xénophon] ; comment s'en étonner quand les Cyniques, de même que les disciples de Zénon [de Citium] , Cléanthe et Chrysippe, déclarent que cette pratique n'a pas d'importance [cité par Naigeon] ; xxv, 245 : précepte de Zénon [de Citium] : ne pas choisir avec qui on couche, paidika ou non-paidika, mâle ou femelle.

pseudo-ARISTOTE 2 (Ve/VIe siècles)
Problèmes, Collection Budé, Loeb Classical Library :
IV, 26 : [esquisse d'une théorie de l'inversion sexuelle ; explication anatomo-pathologique du plaisir anal ; cité par M. Le Maistre en 1490 ; traduit par Georges Hérelle en 1899].
X, 52 : même tels hommes nous semblent beaux quand nous ne regardons qu'à notre union avec eux.

* * * * *

La lecture des CCLV et quelques auteurs et textes que j'ai recensés dans Ces petits Grecs ... permet de constater que l'Antiquité n'opposait pas simplement l'actif au passif – opposition qui n'a d'ailleurs pas disparu aujourd'hui ; chez Platon, Martial et Ptolémée notamment, on relève des distinctions suivant l'âge de l'aimé (enfant, adolescent, adulte). La notion d'homosexualité masculine – ou amour et désirs masculins pour le même sexe – était acquise, et il existait de nombreux termes ou expressions pour l'exprimer, et l'opposer à l'amour des femmes (hétérosexualité masculine) ; de nombreux auteurs parlent d’amour, ce qui est bien plus élégant que l’expression actuelle de " pratiques sexuelles ", soit dit en passant :

En grec :
                                                                                                                                                            
amours masculines (Agathias)
ce caractère (Aristophane)
éros, érotique, amour des mâles, amour masculin/amour des femmes (Aristote)
union masculine, amours de garçons/liaisons féminines, sorte d'amour, philomeire/philogyne, gynécomanie/paidomanie (Athénée)
philopaide (Callimaque)
union avec la femme/union avec un homme (Constitutions apostoliques)
commerce des mâles (Diodore de Sicile)
érotique, cinédologue, philopaide (Diogène Laërce)
autre éros ; ambidextre (Euripide)
union naturelle/union de mâle à mâle (Josèphe Flavius)
amour masculin (Justin)
amour des femmes/amour des mâles, hétérochrotas (pseudo-Lucien)
gynécomanie, Cypris/Éros, désir pour les mâles (Méléagre)
pandémos/ourania (Platon)
éros, genre d'amour, amour légitime/amour des garçons, gynécomanie/paidomanie, porté à l’érotique (Plutarque)
ceux qui aiment les paidika/ceux qui aiment les femmes et les jeunes filles (Plutarque)
passion pour les femmes/union masculine (Ptolémée)
amour masculin (Sextus Empiricus)
philopaide (Straton de Sardes)
philopaide (Théocrite)
pédéraste, porté à l'éros (Xénophon d'Athènes)

En latin :

amour pour les mâles (Achille Tatius)
virosus, porté sur les mecs (Aullu-Gelle)
fils appartenant aux genres féminin et neutre ; vice bi-masculin (Ausone)
deux formes d'amour (Célius Aurélien)
amour d'amitié [amor amiticiae] (Cicéron)
paidérastie (Lucilius)
vice sodomitique ( rapports sexuels avec le sexe non complémentaire [non debitum], par exemple homme avec homme ou femme avec femme) (Thomas d’Aquin)

La distinction suivant le sexe de l'objet aimé était non seulement faite par les Anciens, mais encore discutée dans des dialogues. Le dialogue est le genre à la fois rationaliste et démocratique par excellence.

Prodicos de Céos (-Ve siècle) : dialogue entre Vertu et Dépravation ; recours à des artifices en faisant jouer aux hommes le rôle des femmes ; jeunes garçons dont l'amour te donnera la plus grande joie (cf Xénophon d'Athènes).
Platon, Symposium.
Xénophon, Symposium.
Plutarque, Sur l'Amour.
pseudo-Lucien : Chariclès contre Kallicratidas ; l'amour masculin relève d'un esprit philosophique.

Les Anciens discutaient aussi de l'homosexualité des animaux, discussion reprise par André Gide dans Corydon, entre autres.
 

Voir également : Plutarque et Athénée

Auteurs licencieux grecs et latins

Martial et Juvénal 

Les animaux aussi ?